- Mh ? Ouais ! Nan mais j'vais l'avoir hein, commente Sam en réponse à sa camarade.

Le sortilège s'estompe cependant, et la voilà obligée de le relancer. Non loin, Alison poursuit l'entrainement de l'apparition animale, et ne tarde pas à faire cracher un second scorpion à sa baguette. Celui-ci ne reste pas plus longtemps que le premier - fort heureusement. Manquerait plus qu'elles se retrouvent avec une armée venimeuse sur les bras. Sans doute la Serpentard ne s'arrêtera t-elle pas avant d'être parfaitement satisfaite de sa création, et de sa durée dans le temps.

- Plasticinum !

Le modelage en était presque à son terme, mais Sam ne parvient pas à finaliser l'objet qu'elle cherche à faire depuis le départ, ou à retrouver cette forme de sabot qu'elle veut absolument recréer. Au bout de plusieurs longues minutes, elle souffle par le nez et délaisse la barre de fer, abaissant sa baguette.

- Ok bon j'give up le pied-de-biche, elle annonce en se tournant vers Alison. J'crois que j'vais tenter d'autres objets plus simples. 

L'air de rien, la magie a ses limites, et des outils peuvent toujours servir dans n'importe quelle circonstance. Pis elle s'y connait un peu à force d'avoir trainé dans la menuiserie à l'atelier avec Alec.

Minute après minute, Alison imagine l'utilité d'envoyer une créature magique au-devant plutôt que de s'exposer elle-même face à un potentiel danger. Elle pense que les arènes du tournoi seront truffées de pièges qu'il faudra déjouer efficacement, et qu'un tel sortilège pourrait s'avérer bien plus efficace qu'on ne le pense. Mais d'abord, l'animal doit pouvoir marcher correctement, se mouvoir avec l'intention voulue par la cadette, et survivre au-delà de quelques secondes. 

Elle jette un œil au nouvel échec de Sam, incapable de jauger objectivement l'erreur, puisqu'elle ne connaît pas l'objet que cette dernière tente de reproduire. Une batte ? suggère-t-elle alors, inspirée directement par le poste de la joueuse de quidditch au sein de l'équipe des Poufsouffle. Elle saurait certainement en faire un bon usage. Une batte, tu la lances, et tu l'accélères avec un charme de mobilité, développe la rouquine en pensant à la formule qui permet de tripler la vitesse d'un objet en mouvement. 

Elle se reconcentre sur sa propre visualisation, décidée à obtenir un scorpion vigoureux. 

— Bon, allez. L'encouragement sert à oublier la fatigue. Le bras tendu, l'Écossaise pince ses lèvres en une moue sérieuse. Elle voit l'animal qu'elle veut créer. Elle veut qu'il soit vigoureux. L'extrémité de Lilly Doll dessine la forme associée à la formule. Scorpius sortia !

Au milieu de l'estrade, une troisième carapace apparaît, se déroulant jusqu'à former la queue munie d'un aiguillon d'un petit scorpion noir. À l'avant, deux pattes lui poussent, équipées de pinces. Cette fois, il avance puis il fait claquer ses pinces dans l'air, avant de disparaître aussitôt. La Serpentard penche sa tête de côté. Ça commence à m'plaire !

Une batte. Une batte, ce n'est pas une mauvaise idée, mais Sam n'avait pas en tête des objets aussi simples. Après tout, n'importe quel monceau de bois suffisamment imposant et solide pourrait faire l'affaire, s'il s'avérait qu'elle a besoin d'une batte. La prise de vitesse magique est, cependant, notée dans un coin de son esprit.

- Ouais alors j'pense plutôt à des outils, une batte j'suis à peu près sûre j'peux la remplacer par n'importe quoi d'assez lourd tu vois ? Mais c'est pas con l'charme de célérité. Mobilité ? J'confonds tout l'temps. J'testerais ça à l'occaz.

Peut-être pas dans une pièce fermée comme celle-ci, au risque de devenir carrément dangereuse. Tandis qu'Alison continue de s'essayer à faire paraitre le scorpion le plus parfait qui soit, Sam brandie Babsi pour s'attenter une énième fois au sortilège de modelage :

- Plasticinum !

Sa précédente création, informe, est de nouveau manipulée : cette fois pas à dessein d'en faire un pied-de-biche pourvu d'un quelconque sabot, mais plutôt de l'outil le plus basique qui soit. Une masse. On est pas loin de l'usage d'une batte, à ceci près que l'embout de métal viendra en faire une arme brute, quelque chose capable d'abattre un mur si le besoin s'en fait sentir. Sam aurait bien tenté un marteau, mais avec autant de matière, impossible de faire quelque chose d'aussi petit : la masse en est l'outil le plus approchant. Plutôt assez réussie, elle offre un sourire satisfait à la batteuse, qui l'empoigne pour en tester l'équilibre.

Dommage, Sam connaît parfaitement l'équilibre d'une batte, elle y gagnerait à ne pas se contenter d'une planche, pense la rouquine, sans faire l'effort de répondre à haute voix. Elle jette un œil aux fenêtres plongées dans le noir, l'esprit lourd d'avoir travaillé toute la journée, puis assiste à la naissance d'une masse en approuvant d'un hochement de tête. Bah voilà, commente-t-elle, avant de faire quelques pas au centre de l'estrade. D'ici, elle regarde la blonde munie de son arme. Finalement, ça a l'air aussi équilibré qu'une batte entre ses doigts. T'es badass avec ça, sourit-elle en coin, sincère. Elle-même aurait moins confiance en sa propre dégaine. Elle baille encore. 

— J'commence à être vraiment fatiguée, un dernier et j'y vais, annonce soudain la sixième année préoccupée par sa routine du soir et ses heures de sommeil. Loin d'elle l'habitude de simplement de se jeter dans son lit, au contraire ; il lui faudra encore au minimum une heure et demi pour se préparer à rejoindre le doux Morphée. 

Dans un dernier espoir de réaliser ce qui semble presque impossible, elle imagine un scorpion sortir vivement de la baguette et courir en direction des mannequins. Elle dessine le geste, appliquée, et récite la formule. Scorpius sortia. 

À l'extrémité de Lilly Lovedoll, une ultime carapace apparaît, se déroulant jusqu'à former la queue munie d'un aiguillon d'un petit scorpion noir. À l'avant, deux pattes lui poussent, équipées de pinces. Cette fois, il avance droit vers les mannequins immobiles, puis il fait claquer ses pinces dans l'air et disparaît. La Serpentard sourit. Allez, j'm'arrête sur ça !

Tête relevée vers sa camarade, Sam lui adresse un sourire amusé avant de se délester de la masse en la déposant contre une table. Elle-même s'installe sur l'une des autres, les jambes en balancement dans l'air tandis qu'elle observe l'ultime tentative d'Alison de créer le scorpion parfait. Si on lui demande, chacune des créations de la Serpentard aura été un réel succès, mais il parait évident que ce n'est pas le résultat exact qu'elle attend : sinon, elle serait déjà passé à autre chose.

La dernière bestiole est tout aussi réussie que les autres, et Sam approuve d'un hochement de tête répété, et suit du regard sa camarade, en train de rassembler ses affaires. Au-delà du fait qu'Alison est présente depuis plus longtemps qu'elle - elle se trouvait déjà dans la pièce lorsque Sam est arrivée -, elle ne s'est pas octroyée la moindre pause, pas même pour manger. Si Sam se sent plutôt fatiguée par toutes les démonstrations de magie réalisée depuis plus de deux heures, elle n'imagine pas ce qu'il en est pour la Serpentard.

- C'était cool. On d'vrait remettre ça, elle énonce avec un sourire. Moi j'reste encore un peu. À plus !

Elle tend un poing en guise de proposition de check, force d'habitude, et laisse partir Alison dans les couloirs. Son regard avise les parchemins impeccables recopiés sur ceux de sa camarade, et elle en saisit un entre ses doigts pour le relire avec attention. Puis un second. Et un autre encore. Le calme aide Sam à rester concentrée, là où la présence de n'importe qui l'aurait distraite en quelques secondes. Finalement, elle se décide à se redresser pour un ultime sortilège avant de plier les gaules pour rejoindre ses amis :

- Gemino !

Baguette pointée sur la chaise qu'elle vient de replacer contre l'une des tables, Sam la voit se dissocier, péniblement, avant de revenir sur elle-même dans une série de craquements : bon. C'est décidément l'heure d'arrêter. Elle hausse les épaules, range sa baguette, et quitte la pièce.