Harry Potter RPG

[En Cours]
Premier Instant. Monument "La Magie Est Puissance", mercredi 03 octobre 2125

Phoebe Black

Femme

26 ans

Sang-mêlé

Britannique

Message publié le 03/10/2025 à 04:54

Phoebe Black. Un nom qui pesait comme une malédiction, transmis par le sang et l’histoire, et qu’elle n’avait jamais eu d’autre choix que de porter. Toute son enfance, toute sa scolarité, ce fardeau l’avait suivie, rappel constant de la lignée dont elle était issue. Elle l’avait subi en silence, parfois avec résignation, parfois avec une rage muette qu’elle n’osait jamais exprimer. Désormais pourtant, un chapitre s’achevait : les études étaient derrière elle. Pour la première fois, elle entrevoyait la possibilité d’écrire sa propre route. Mais son cœur tremblant savait déjà qu’il n’était pas certain que son nom la laisse en paix, même dans le monde du travail. Au fond, elle se doutait qu’il lui faudrait sans cesse composer avec cette ombre, que certains la jugeraient, la craindraient, ou au contraire chercheraient à l’utiliser pour en tirer avantage.

 

Si elle avait eu le choix, Phoebe aurait suivi un tout autre chemin. Elle aurait plongé dans les arts, dessiné sa vie en traits libres et colorés, loin des carcans de son père. Mais le destin, sous les traits de cet homme autoritaire, avait toujours réduit ses désirs à néant. Depuis sa naissance, ses volontés semblaient insignifiantes, comme balayées par une main plus forte que la sienne.

Ce matin-là, elle se préparait dans sa chambre, au sein du manoir familial où chaque mur rappelait l’austérité de son nom. Un elfe de maison s’affairait à ses côtés, discret, précis, veillant à ce que rien ne manque pour l’entretien qu’elle devait passer. Qu’importait si l’on ne retenait pas sa candidature ce jour-là : l’essentiel était de persévérer, de chercher jusqu’à trouver, sans jamais céder au découragement.

 

Elle enfila une robe noire cintré, élégante et sobre, qui soulignait sa taille avec une rigueur presque militaire. Par-dessus, elle passa un blazer bleu marine, pièce classique mais choisie pour inspirer confiance et sérieux. Des escarpins assortis complétaient la tenue : tout était mesuré, pensé pour plaire sans en faire trop, pour se faire remarquer sans éveiller de soupçons.

Devant le miroir, elle releva ses longs cheveux noirs en un chignon qu’elle fixa à l’aide d’une pince. Le résultat était à peine soigné, trop rapide, mais suffisant. Elle ajouta ensuite une touche délicate de maquillage : un voile rosé sur ses joues pour adoucir ses traits, et un trait de liner qui mettait en valeur l’éclat presque irréel de ses yeux couleur de cristal.

Elle se contempla une dernière fois, puis inspira profondément.

 

— Allez… ça va être une réussite, n’est-ce pas, Créature ?

 

Sa voix s’éleva, basse, presque ironique. Mais l’elfe ne répondit pas. Il resta là, figé, le visage trop dur, trop marqué de sévérité et d’un mépris muet. Ses yeux ne disaient rien, et pourtant, Phoebe avait la sensation d’y lire un reproche. Comme s’il l’accusait en silence, la traitant de traîtresse à son sang, de Black indigne, souillée par une ambition qui n’était pas dictée par la pureté de sa lignée.

 

Cette pensée lui laissa un goût amer sur la langue, semblable à un poison. Elle redressa pourtant le menton, feignant une assurance qu’elle ne possédait pas vraiment. Ses traits se figèrent en une expression calculée, une sorte d’arrogance glacée qu’elle avait apprise de son père. C’était son masque, celui qui lui permettait d’affronter le monde sans dévoiler la fragilité sous-jacente. Elle rassembla ses affaires ; un dossier épais, quelques livres de référence, et surtout les documents nécessaires à sa demande de poste,  puis se dirigea vers la porte.

Dans les couloirs du manoir, elle ralentit le pas, attentive au moindre bruit. Son père pouvait surgir à tout moment, l’arrêter pour lui rappeler, encore une fois, combien ses choix n’étaient pas les siens mais ceux de la famille. Elle savait d’avance ce qu’il dirait : son devoir, l’importance capitale que représenterait sa place si elle rejoignait le Ministère. Pour lui, elle n’était pas une fille, mais un pion. Une pièce d’un échiquier ancestral. Alors elle se glissa hors du manoir en silence, échappant de justesse à l’ombre de son autorité.

 

Ce n’était pas grave. Elle en avait l’habitude. Depuis toujours, sa vie lui échappait. Elle n’était pas une existence choisie, mais subie. C’était ainsi.

 

Le vert étourdissant de la poudre de cheminette l’engloutit, et lorsqu’elle rouvrit les yeux, ce fut pour se retrouver au cœur du Ministère de la Magie. L’agitation était déjà là : des sorciers et sorcières pressés qui traversaient l’atrium, les voix qui se chevauchaient, le claquement des bottes sur le sol poli. Phoebe inspira lentement. Tout, ici, respirait le poids des institutions, l’ordre établi. Elle avait beau avoir vu ces lieux autrefois en tant que simple visiteuse, l’idée qu’elle puisse désormais en faire partie la fit frissonner.

 

Ses doigts se crispèrent sur son dossier. Elle se sentait à la fois minuscule et terriblement observée. Et pourtant, au milieu de son malaise, une étincelle brillait : l’espoir. L’espoir qu’un jour, son père reconnaîtrait ses efforts, qu’il la regarderait enfin autrement qu’avec cette froideur distante. Elle n’aimait pas l’admettre, mais elle en avait un besoin maladif, comme une drogue dont elle n’avait jamais su se sevrer. Alors Phoebe serra son dossier contre elle et continua d’avancer, son chignon déjà légèrement défait par la course du matin. Sous le fard discret et les manières apprises, il n’y avait plus qu’une jeune femme épuisée d’être jugée, mais incapable de renoncer à ce regard paternel qu’elle poursuivait comme une chimère. Et puis, au fond, il y avait quelque chose de grisant dans l’idée qu’on la craigne. Une ironie douce-amère l’effleurait : ce nom qu’elle avait toujours subi lui conférait malgré tout un pouvoir silencieux. Mais pas ici. Pas maintenant. Au Ministère, elle le savait, elle risquait de passer pour l’une des plus jeunes, l’une des moins expérimentées. Il valait mieux enfiler le masque de l’innocence, s’abriter derrière une humilité feinte, plutôt que d’arborer trop tôt l’arrogance des Black.

 

Elle pressa le pas, le cœur battant plus vite à mesure qu’elle traversait l’atrium, ses yeux s’attardant un instant sur la statue monumentale. Des silhouettes de moldus y étaient représentées dans une position soumise, comme écrasées par la gloire des sorciers. Une vision qui aurait dû lui inspirer un certain sentiment de légitimité, ou même de satisfaction, tant elle incarnait la vision de son père. Mais Phoebe n’y vit qu’un reflet amer de la rigidité de son monde, une répétition en pierre de la prison invisible où elle évoluait depuis toujours. Elle n’eut pourtant pas le temps de s’attarder davantage. Un choc violent la prit de plein fouet à l’épaule, la projetant sur le côté. Son corps perdit l’équilibre, et dans un mouvement désordonné, elle se retrouva à genoux sur le sol glacé et poli. La douleur sourde du coup résonna jusque dans son bras, mais ce ne fut rien comparé à l’humiliation qui la saisit aussitôt. Sa pince vola dans les airs et se brisa dans un tintement discret avant de disparaître sous la foule. Ses longs cheveux noirs se déversèrent en cascade sur ses épaules, désordonnés. Ses documents, ses livres, ses feuilles de candidature s’éparpillèrent sur le sol comme les débris de son fragile contrôle.

Autour d’elle, des silhouettes ralentirent à peine. Quelques regards curieux se posèrent sur elle, l’évaluèrent comme on observe une scène banale, puis s’éteignirent dans l’indifférence. Ici, personne ne s’arrêtait pour aider. Le Ministère avait toujours eu cette froideur impersonnelle :

Une marée d’individus pressés, chacun absorbé par sa propre importance.

Phoebe tiqua, sentant une bouffée de chaleur monter dans ses joues. Ses doigts tremblaient légèrement en ramassant ses papiers, et malgré ses efforts pour retrouver une contenance, ses sourcils se fronçaient davantage qu’elle ne l’aurait voulu. Voilà qui trahissait son masque d’innocente docilité, remplacé par une expression trop dure, trop tendue. Elle savait que cela pouvait être perçu comme une faille. Elle inspira, força son visage à se détendre, même si ses gestes demeuraient rapides, presque fébriles, pour récupérer ses affaires éparpillées. Chaque seconde lui paraissait interminable, et dans le tumulte de l’atrium, elle se sentit minuscule, vulnérable. Pourtant, au fond d’elle, une colère naissait, brûlante, prête à jaillir. Elle ne pensa des lors qu'a la personne ayant provoquer cette fissure fine de faiblesse chez elle.
 

Vhagar Meraxès

Homme

30 ans

Sang pur

Norvégien

Message publié le 03/10/2025 à 06:39

(RP écrit en partant du principe que c'est ok pour la demande de poste, sinon j'éditerai sans soucis)

 

- Pas poils ! Peau nue qui suinte, berk ! Grand bipède dégoûtant ! 

 

C'était loin d'être la première fois que Vhagar avait affaire à une dégnomisation qui tournait au vinaigre. Plutôt que de payer les services d'un éleveur, trop de famille de sorciers irréfléchies prenaient le risque d'emprunter illégalement, ou se faisaient livrer les services de bandes mal organisées totalement dépourvues de règles ou de limites. On se retrouvait avec des bêtes potentiellement dangereuses dans la nature, ou des créatures dont monsieur et madame X ne savaient plus quoi faire, et cela le dégoutait. Il en voyait tous les jours, ces petits et moyens êtres mal compris, qui n'avaient rien à faire entourés de bipèdes dégoutants, et qui pourtant finissaient dans la sacoche du Nordique afin qu'il les ramènent là où était leur place. Afin d'éviter qu'il ne tente de s'enfuir, Vhagar tourna le regard vers la créature, prenant soin de ne pas se blesser d'un coup de dents, et appuya doucement sur ce qui pouvait s'apparenter à un front pour qu'elle reprenne place à l'abris des regards indiscrets. 

 

- Dégage ! Moche moche doigt coll... 

 

Cela ne faisait que quelques semaines qu'il avait changé de département, et pourtant c'était au moins le trente-et-unième chartier qu'il fallait remmener en centre d'élevage. Les spécialistes de la chasse aux gnomes étaient très souvent mal gérés, si tant était selon l'avis du magizoologiste qu'ils devaient l'être: gérés. Un chartier qui n'a plus de gnomes à chasser peut potentiellement devenir dangereux, mais c'était surtout le débit de parole du bestiau qui pouvait faire vriller n'importe quel humain manquant quelque peu de patience. Et de la patience, Vhagar en avait, fort heureusement. Surtout avec Dwight, ce collègue du département des transports magiques qui manquait suffisamment de travail pour venir demander des services, souvent les mêmes, que Vhagar ne pouvait lui donner. 

 

- Meraxès, tant que je vous tiens ! Ce dernier laissa un long soupir avant de se retourner, ses épais sourcils froncés d'agacement. Par rapport à ce dont je vous ai parlé la dernière fois…

- Mr Dwight. Comme je vous l'ai déjà dit, faites une demande auprès du département. Où à Ludus, il sera ravi de vous aider. Et si c'est encore pour votre histoire de fangieux, faites donc… 

- Oui ?

- Une réclamation auprès du département. Le chartier sortie une nouvelle fois sa tête.

- Moche ! Encore plus moche lui ! Tête d'éruptif !

 

Vhagar esquissa un sourire avant de tourner les talons. C'était normal que ce type de créature passe son temps à jurer, beaucoup moins que ce qu'elle puisse dire ait un semblant de sens ou décèle la moindre once de vérité. Le Nordique caressa la bête d'un air amusé et rentra dans l'ascenseur. Seul, il la regarda d'un air suggérant un "c'était bien envoyé". Ce spécimen ci semblait bien moins friand de morsure à tout va que la plupart de ses congénères. Il fallait dire qu'une docilité si relative et approximative devenait plutôt rare, les humains n'étant pour la plupart pas réellement éduqué à les considérer à part entière, et les chartiers pouvant à quelques neurones près être considérés comme intelligents ressentaient plutôt facilement la crainte ou le dégoût chez leurs voisins bipède. A ce compte là, la cohabitation n'était guère suggérée, comme en attestait les réclamations et les incidents rapportés au département de contrôle des créatures magiques. 

 

Celui-ci, Vhagar songeait presque à tenter de l'apprivoiser et à l'emmener chez son oncle. Un chartier pouvait toujours être utile quoiqu'on en puisse en dire et au delà de l'aspect gnome, et cela aurait été un bon moyen de l'étudier un peu plus, celui-ci n'ayant pas encore essayé de lui sauter à la gorge, la mâchoire bien acérées la première. Malheureusement les règles étaient strictes, et depuis quelques années Vhag avait décidé de ne plus faire de vagues. Il le ramènerai donc à la réserve de Ludus, qui s'occuperait de le réinsérer où de lui trouver un abris, le département n'ayant plus vraiment le temps d'aller aussi loin dans de si simples affaires. Celles-ci devenaient en effet assez routinières. On l'assignait à des missions, plus des réclamations qu'autre chose, et cela devenait si simple et redondant qu'on pouvait lui en assigner trois ou quatre dans la même journée. Il lui manquait de voir quelque chose de nouveau. De répondre à des cas plus rares, des découvertes et études qui nécessitaient de réelles observations. Voir du pays, changer de pays, tout ça, c'était de plus en plus rare, surtout depuis que le métier de Magizoologiste s'était autant démocratisé. "Un grand merci à feu Norbert d'avoir popularisé la bonne cause", se dit-il. 

 

En sortant de l'ascenseur, le fragile silence laissa place à un brouhaha de dialogues, de talons sur le parquet ciré et de papier volants autour des décorations fastueuses. L'architecture faites de bois sombre et vernis d'il ne savait combien de touches offraient une ambiance presque glaçante que la foule d'employés du Ministère ne suffisait réellement à réchauffer. A cela s'ajoutait la gigantesque fontaine d'une fraternité toujours caduque. Cela lui aurait paru sympathique qu'un centaure puisse réellement fraterniser avec un humain, mais il savait la réalité bien plus compliquée que l'idéal statural ne pouvait le laisser l'imaginer. Enfin, il la voyait presque tous les jours depuis un moment cette statue, et c'était pourtant la même réflexion qu'il se faisait à chaque fois que ses pas longeaient les rebords de marbre de la structure. 

 

- Baaahh ! Tout plein moches ! Dégueu tous ! Berk ! 

 

De manière mécanique, la main de Vhagar alla repousser la petite tête de l'énorme furet dans son abris, mais cette fois-ci il fût surpris de sentir que ses doigts ne faisaient que s'enfoncer dans un sac vide. Il serra le cuir contre lui, cherchant vivement du regard où est-ce que la créature aurait pu fuir. Au milieu de tous ces sorciers accaparés par leur nonchalante marche, ceux ci n'avaient heureusement pas remarqué que courrait vers les cheminées le gros rongeur pataud. Heureusement car un chartier un tant soit peu normal en aurait profiter pour se faire les dents sur toutes les chevilles à porter de crocs. Le Nordique entama sa course pour le rattraper. La créature ne courant pas si vite, quelques foulées suffirent pour arriver à sa portée, mais c'est lorsque ses grandes mains furent sur le point d'agripper le poil de la bête que celle lui feinta un virement de bords. Déséquilibré dans son élan, le sorcier parvint à attraper la queue du chartier tout en glissant de son flanc sur le sol bien trop ciré de l'atrium. Ainsi il tira d'un coup sec et fort pour ramener le sac à puce sous ses deux bras gênés par les manches du beau costume qu'il venait de salir. Quoique c'était peut-être le bois du parquet qui pouvait paraître un peu moins flambant neuf. Il ne remarqua qu'ensuite que dans sa chute il avait emporté une jeune femme qui venait visiblement faire bonne impression. Il se releva, le chartier toujours dans ses bras, dans l'incapacité de lui tendre une main pour l'aider à se relever à son tour. 

 

- Dégage ! Dégage ! Cracra, vilain, tarte ! Mo...Il parvint à se dégager une main pour museler le manque d'éducation de l'animal. 

- Veuillez m'excuser. Ces bêtes n'aiment pas trop les humains, et celle-ci me donne un peu de fil à retordre...

 

Phoebe Black

Femme

26 ans

Sang-mêlé

Britannique

Message publié le 03/10/2025 à 07:50

Sayez, elle avait entendu une voix mal fagotée, et déjà son manque d’attention l’irritait comme une piqûre sous la peau. Elle ne pouvait à présent que bouillonner davantage, chaque seconde qui passait lui donnant l’impression qu’on alimentait le feu dans sa poitrine. Toujours à terre, elle se retourna d’un geste vif, les sourcils toujours trop froncés pour une voix aussi cristalline que la sienne, une voix qui, en vérité, tranchait avec la dureté de son visage et la tension de ses traits.

 

— Vous excus— ?!

 

Phoebe se coupa dans son élan, presque heurtée par le silence qui suivit ses propres mots. Son regard se fixa, accroché malgré elle à la silhouette de l’homme en face d’elle. Ses yeux glissèrent d’abord sur la petite bestiole qu’il tenait, ligotée maladroitement contre lui, puis remontèrent le long de la main qui la retenait, une main abîmée, les jointures marquées, comme si le travail ou la rudesse du quotidien l’avaient consumée. Cette simple vision porta un coup à son agacement. Elle resta figée, un souffle coincé entre ses lèvres. Elle secoua la tête pour reprendre le contrôle, comme pour chasser ce trouble, et pinça sa bouche, cherchant à retenir une réplique trop sèche. Mais ses yeux, eux, trahirent déjà qu’elle s’attardait sur lui plus qu’elle ne l’aurait voulu. Oui, si elle était honnête avec elle-même, il y avait quelque chose d’étrangement « mignon » dans sa façon de se tenir, un mélange de maladresse et de fierté, de force contenue et de retenue fragile.

Elle baissa les yeux pour se soustraire à ce constat, ramassa ses feuilles tachées de poussière d’un geste vif, les serra contre sa poitrine comme pour s’ériger une protection, puis se redressa. Le mouvement eut la grâce naturelle qu’elle ne pouvait s’empêcher d’exhiber, même dans des instants ridicules comme celui-ci. Pas la peine d’user de ses charmes pas encore. Ou alors ? Peut-être serait-il amusant, au contraire, de tester, de voir jusqu’où un inconnu pouvait se laisser happer. Mais non, son père lui soufflait encore à l’oreille : « l’expérience, Phoebe, toujours l’expérience. »

 

— Eh bien, dit-elle enfin, la voix plus douce que son visage fermé, voilà une bien drôle de façon d’aborder une femme, j’imagine.

Ses yeux se détachèrent de l’homme pour se poser sur la créature qu’il gardait contre lui. Elle s’approcha d’un pas mesuré, ses affaires toujours serrées contre elle, comme une barrière invisible, et inclina à peine la tête, avec cette curiosité qu’elle ne se permettait que rarement.

 

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle, les lèvres étirées d’une ironie subtile. Il n’est pas très poli.

Ses sourcils se haussèrent, et déjà son esprit se plaisait à souligner l’ironie : après tout, les Chartier n’avaient jamais brillé par leur sens de la politesse… et Phoebe, encore moins par son goût des créatures magiques. Pourtant, ses yeux restaient rivés sur le petit être, malgré elle.

Un souffle lui échappa, mi-amusé, mi-agacé de sa propre faiblesse.

 

— Bien qu’il soit plutôt mignon. concéda-t-elle enfin, presque comme un aveu qu’elle aurait préféré ravaler.

Vhagar Meraxès

Homme

30 ans

Sang pur

Norvégien

Message publié le 03/10/2025 à 09:13

Depuis qu'il avait apprit une certaine forme de politesse, Vhagar paraissait nettement moins fermée que quelques années plus tôt. Un semblant de vie somme toute normale probablement, loin des mauvaises ondes et loin de sa tourmente, il n'en restait pas moins difficile de faire suivre ces formes de bienveillance par des actes ou des paroles. D'autant plus lorsque la victime d'une légère bousculade le regardait comme s'il avait jeté son chat sous un bus. Quelques mots sortirent de ces lèvres pulpeuses et se retinrent dans un silence qui laissa penser qu'elle était du genre à parler plus vite qu'elle ne réfléchissait. Le sorcier fronça un sourcil, l'air de souligner qu'elle pouvait terminer sa phrase si elle en avait le courage. Après tout s'il avait eu l'occasion d'en voir des vertes et des pas mûres, celle-ci semblait à peine cueillie dans la fleur de l'âge. Et si les traits de ce joli minois aurait sans doute emballé le cœur de plus d'un homme à la vue de ce regard débordant de caractère, lui resta sans répondre, intrigué par quelque chose d'inhumain chez cette femme alors qu'elle se relevait en ramassant ses documents. Quelque chose de potentiellement dangereux, mais pas dans le sens où il avait l'habitude de le comprendre ou de l'expérimenter. En témoigna également la manière dont elle se relevait. 

 

Il s'oublia le temps d'une demi seconde, chose suffisamment rare pour qu'il cligne des yeux trois fois de suite alors qu'elle lui sortait la phrase cliché de film moldu qu'il avait l'habitude de ne jamais regarder, quand bien même il aurait une télévision chez lui. Il se contenta de hausser un sourcil sans lui répondre. Sans doute qu'il s'attendait plus à quelque chose du genre "Y'a pas de mal", "Pas de soucis au revoir". Ainsi il se retrouvait là, en face d'une jeune femme qui de toute évidence n'allait pas lui laisser l'occasion de s'en aller comme si de rien n'était. L'occasion de s'exercer peut-être ou une mince envie de rester ici pas trop loin de cette captivante présence, il délia la créature d'entre ses bras, exerçant une pression d'un doigt sur la tête de l'animal, informulant bloclang pour éviter qu'elle ne sème plus de raffut, et pouvoir se libérer une main pour le maintenir en place de l'autre tout en lui laissant la possibilité d'observer un peu les alentours, comme pour l'accommoder à un espace qui disparaitrait sous peu au profit de sa vieille sacoche en cuir noir. 

 

- Qu'est-ce que c'est ? Il n'est pas très poli. Bien qu'il soit plutôt mignon.

 

La question provoqua un léger air étonné sur le visage du Norvégien. Noter l'impolitesse d'un chartier sonnait comme faire souligner à un élève de Poufsouffle qu'il aime bien prendre le goûter, voire pire, prétendre qu'un dragon a des ailes. Néanmoins son expression resta relativement neutre. S'il fallait faire revoir les bases des cours de soins aux créatures magiques, c'est qu'il n'avait soit pas affaire à une excellente sorcière soit qu'il avait en face de lui le genre à s'en tenir aux matières populaires. Néanmoins son visible jeune âge jouait peut-être en la faveur d'une ouverture d'esprit, souligné par une remarque curieuse mais bonne à prendre. Si un chartier est "mignon", qu'en serait-il d'un occamy ou d'un vivet. 

 

- C'est un chartier, et non ils ne sont pas connu pour leur éducation...

 

Il s'arrêta assez nettement avant de faire un cours sur la capacité des chartiers à parler autrement que par grossièretés. Il tenait toujours la bête qui semblait moins encline à tailler la route, comme si elle était de mieux en mieux installée, et le regard de l'homme se posa sur les feuilles de papier que la jeune femme serrait contre elle. Non pas qu'il eut l'œil assez vif ou perçant pour lire de quoi il s'agissait, mais il eut un court instant de réflexion. C'était de toute évidence la première fois qu'il la rencontrait, qu'il la voyait, même, car il s'en serait probablement rappelé. Une nouvelle ? Pas d'attaché case, pas de sac, elle portait tout dans ses fines petites mains qui trahissait une hygiène impeccable et une importance particulière accordé à l'apparence. Partant du principe qu'une visiteuse ne s'encombrerait pas à s'apprêter de manière si soignée, la déduction paraissait alors plutôt simple.

 

- Tu postules dans quel département ? Lui demanda-t-il tout en caressant la tête du chartier en proie à débuter une petite sieste comme s'il s'était fatigué lui même à mitrailler des âneries. 

 

Il l'avait tutoyé, non pas par manque de respect ou parce qu'elle avait l'air plus jeune que lui, mais simplement car l'apprentissage des bonnes manières était suffisamment loin derrière lui pour passer outre des pratiques sociales qu'il jugeait alors inutiles en dehors du cadre professionnel ou d'un cadre où il avait quoique ce soit à y gagner. Cela le préoccupa d'ailleurs nettement moins que la petite voix dans sa tête qui commençait déjà à lui marteler de foutre le camp tant il n'avait plus rien à faire là. Et pourtant, quelque chose chez elle l'incitait à rester. 

Phoebe Black

Femme

26 ans

Sang-mêlé

Britannique

Message publié le 04/10/2025 à 06:27

Phoebe observait Vhagar d’un œil calculateur, mesurant chaque détail de sa posture, chaque geste de ses mains, la façon dont il tenait la créature ligotée contre lui. Ses traits étaient calmes, presque détachés, mais la précision de ses mouvements trahissait un entraînement ancien, une maîtrise acquise au prix d’années de rigueur. Elle resta un instant silencieuse, serrant ses feuilles contre sa poitrine, sentant le froissement du papier entre ses doigts et la texture légèrement rugueuse de leur surface. Le contact lui rappelait qu’elle gardait ses repères, un point fixe dans ce moment d’observation minutieuse. L’ombre d’un sourire passa sur ses lèvres, mais ses yeux, eux, restèrent glacés et pénétrants.


 

Autour d’eux, le ministère bruissait faiblement. Le murmure lointain des pas sur le parquet ciré, le léger écho d’une voix dans un couloir adjacent, le grincement des portes, tout cela formait une toile sonore qu’elle analysait inconsciemment. Même la lumière filtrée par les hautes fenêtres semblait jouer sur les murs, créant des ombres mouvantes qui accentuaient la rigueur des traits de Vhagar et la nervosité contenue de Phoebe. Elle sentait la froideur du sol sous ses chaussures, la chaleur légère de ses mains contre ses feuilles, et ce petit picotement de gêne quand sa pince, brisée dans sa chute, s’était éparpillée sur le parquet vernis quelques secondes plus tôt.


 

Elle avait appris à se contenir, à ne jamais laisser paraître l’agitation qu’elle ressentait. Pourtant, quelque chose chez cet homme éveillait sa curiosité : un mélange de prudence, de contrôle et d’une maladresse presque imperceptible dans sa façon de manipuler la créature, mais surtout un je ne sais quoi chez lui qui affirmait en avoir vue beaucoup, comme des yeux sans leurs étincelles. Chaque léger frisson de l’animal sous ses doigts, chaque repositionnement des mains de Vhagar, lui donnait des indices. Phoebe inclina légèrement la tête, comme pour observer mieux, mais son regard ne quitta jamais son expression neutre mais attentive. Elle sentait que chaque mouvement qu’elle ferait serait analysé, que chaque geste, même minime, pourrait révéler ses intentions, et elle se prit au jeu de cette évaluation silencieuse.


 

— Je ne postule dans aucun département, dit-elle enfin, sa voix cristalline tranchant avec son visage presque angélique, encadré par des épis de cheveux désormais détachés. À vrai dire… elle crut oublier un instant la pincette brisée sur le sol vernis. En vérité, je suis ici pour travailler auprès d’Auror. J’avoue espérer pouvoir en devenir une un jour.


 

Un sourire presque trop angélique étira ses lèvres, débordant de sincérité pour l’œil de l’autre, mais derrière cette façade, une amertume sourde persistait. Avoir osé prononcer ces mots à voix haute lui laissa un goût métallique sur la langue. Était-ce vraiment elle qui le pensait, ou simplement l’effet du lavage de cerveau que son père avait exercé toute sa vie ? Elle ne savait pas encore, et cette incertitude la dérangeait, sans qu’elle ne puisse le laisser paraître.


 

— Ah… et merci pour la pince, maintenant je n’oserai plus me présenter… lâcha-t-elle dans un soupir feint, presque théâtral. On pouvait facilement croire à une jeune femme attachante, trop gênée pour ne pas paraître parfaite, comme si chaque geste était un risque d’échec.


 

Elle observa sa montre, remarquant qu’elle avait encore le temps de glaner quelques informations supplémentaires sur cet homme. Le léger tic-tac résonnait dans l’air, se mêlant au souffle régulier de la créature et au froissement de ses feuilles. Après tout, avoir des connaissances dans n’importe quel département du ministère pourrait se révéler utile, et elle ne laissait jamais passer une occasion d’analyser et de mémoriser.


 

Elle passa une main dans ses cheveux avant de reporter son doigt entre ses dents, un fin sourire refermant sa mâchoire sur son ongle verni. Ses yeux bleus scrutaient Vhagar avec intensité, comme si elle essayait de deviner en un seul regard l’étendue de sa personnalité, ses forces et ses faiblesses. D’un air taquin, presque faussement enfantin, elle lança :


 

— Et vous, alors… vous dressez des chartiers pour le plaisir de paraître courageux, ou bien est-ce une vocation plus… officielle ?


 

Phoebe laissa son regard glisser lentement sur lui, évaluant la moindre réaction, chaque micro-expression, chaque contraction musculaire. Dans sa posture droite et maîtrisée, il y avait quelque chose de fascinant à analyser, un mélange de force tranquille et de tension contenue, et elle s’en délectait silencieusement. Chaque détail de sa gestuelle, chaque clignement des yeux ou mouvement de la tête alimentait ses calculs : elle voulait comprendre ce qu’il était capable de faire, et surtout, ce qu’il pensait d’elle. Et si elle laissait transparaître un quelconque émoi, ne serait-ce qu’un instant, elle le ferait dans le cadre précis de son contrôle total, jamais par vulnérabilité.

Vhagar Meraxès

Homme

30 ans

Sang pur

Norvégien

Message publié le 04/10/2025 à 09:16

L'ambigüité ne cessa pas avant que la petite voix ne résonne d'avantage dans le crâne du dernier Meraxès en date. Que diable faisait-il encore ici, et en même pourquoi diable est-ce qu'il devrait partir. La miss semblait moins rancunière, et voilà qu'elle donnait l'impression de l'analyser à son tour. Mais c'était son job à lui de faire ça d'habitude. Combien de fois il s'était senti jaugé de la sorte, et combien de fois cela c'était terminé avant même d'avoir commencé car il savait exactement à quoi cela rimait, à quoi s'attendre, à plus à y perdre qu'à y gagner. Et pourtant cette fois là comme très rarement il appréciait l'idée. Il prit quelques secondes pour rouvrir son sac de cuir, y déposer doucement le chartier vers le fond. Ses bras tout entier disparurent dans une distorsion matérielle, et profita de cet instant de fausse concentration délicate, car il avait répété mainte et maintes fois l'opération, pour la regarder un peu plus en large. Il n'était clairement pas du genre superficiel, à s'emballer pour une belle poitrine ou un postérieur bien galbé, mais il se surprit à envisager une moue des lèvres qu'il se garda bien de réaliser dans la réalité. Conforté dans l'idée qu'il y avait anguille sous roche, il préféra endurcir sa garde et fermer davantage ses expressions à cette évidente prédatrice. Sa main à couper qu'elle était au moins un quart vélane. 

 

- Hum hum, donc, tu aimerais postuler pour le bureau des Aurors, mais tu as oublié comment lancer un reparo ? Lui répondit-il en pointant du doigt la pince en miettes. D'ailleurs, te présenter, tu ne l'as pas fait.

 

 Il avait lui-même été Auror auparavant, peut-être vers le même âge d'ailleurs, mais se garda de l'en informer. Sans doute qu'il ne la reverrait pas de si tôt et de toute manière ça n'avait pas tellement d'importance compte tenu de son passif en tant que tel. Ce n'est pas comme s'il allait la pistonner, d'autant plus auprès d'anciens collègues qui de toute évidence n'avaient jamais porté le Norvégien dans leur estime. Sauf peut-être Scott, mais si sa mémoire ne faiblissait pas, lui aussi avait fini par partir. Maintenant qu'il y pensait, un bon hydromel en souvenir du bon vieux temps aurait été une bonne idée histoire de reprendre des nouvelles d'Alexander. Mais son esprit divaguait légèrement, là. 

 

Il se releva doucement, ne prenant pas le risque de craquer les coutures de son pantalon de costume cendré favori; observant, il fallait l'avouer, de belles courbes mises en valeur dans une sombre robe serrée au corps. Elle mordait son doigt maintenant? Etait-ce du charme ? Si toutefois en contrôle total, son visage ne laissant rien transparaître, toujours aussi pragmatique et désintéressé, il fallait bien admettre que vélane ou pas cette jeune femme attisait plus sa curiosité qu'il n'aurait bien voulu l'admettre. Et elle avait beau se donner tout le mal du monde pour tenter de garder le contrôle, elle ne lui enlèverait pas ça, et il ne rentrerait pas dans cette sorte de jeu, quitte à voir jusqu'où cela irait quand même de ne pas encore y prendre part. 

 

- A vrai dire, on ne dresse pas vraiment les chartiers. Il fit mine de la dévisager comme si elle venait de sortir la plus grosse des âneries, feignant une seconde un grand mépris avant d'offrir un ponctuel sourire amusé. Ils n'en font qu'à leur tête, ça serait une perte de temps.

 

Les deux mains libres, il réajusta sa sacoche sur son épaule et s'il avait fait mine d'être sur le départ, il se ravisa instantanément sans réellement en expliquer le pourquoi ni le comment. Il se retrouvait là à la regarder d'un air toujours aussi neutre et sérieux, son sourire bref ayant disparu, tout en se demandant quand même si cela ne lui donnait pas l'apparence d'un type bizarre. Au pire grand bien lui fusse, elle tracerait son chemin, lui le sien, et garderait cette objective beauté simplement en mémoire et sans arrière pensée.