Poudlard sort d'un weekend de réjouissances provoqué par l'arrivée des délégations africaine et française pour le tournoi des Trois Sorciers. Depuis samedi, la Coupe de Feu trône dans la Grande Salle, imposante, baignée de flammes magiques. Les élèves âgés d'au moins seize ans ont quatre semaines devant eux afin de choisir, ou non, d'y déposer leur candidature, et d'ainsi postuler au prestigieux titre de Champion. Certains ont jeté leur nom le soir-même, impatients, saluant une foule de spectateurs euphoriques. D'autres ont attendu un moment plus discret, au matin du dimanche, face aux seuls étudiants levés à cette heure. 

Le papier d'Alison est toujours dans la poche de sa robe de sorcière ce mardi.

Elle mettra son nom. Elle ne sait juste pas quand. Elle attend le moment. 

Il est 17h30, la population du château est divisée entre ceux qui sont à l'étude, ou dans leur salle commune, ou en train de sympathiser avec les visiteurs des écoles de Uagadou et Beauxbâtons, ou encore agglutinés à la Coupe de Feu, surveillant les potentiels Champions, attendant le premier service du dîner. 

La rouquine s'est débarrassée de son groupe d'amies, comme souvent autour des repas, et cherche un endroit pour réviser quelques sortilèges tout en restant attentive au passage des étudiants vers la Grande Salle. Aux abords des arcades de la cour de l'Horloge, elle s'arrête et prend possession de l'un des murets disponibles, un peu en retrait. Elle n'a pas ôté sa tenue d'école, et tire machinalement les chaussettes hautes de son uniforme sur ses cuisses, sans oublier d'avoir remonté un peu sa jupe plissée après la fin du dernier cours. Ça lui grandit les jambes, ça lui amincit la silhouette, ça la rend plus attractive, mais ça, les adultes s'en fichent. Alors en dehors des classes, elle en profite. 

Assise, son sac ouvert devant elle, la Serpentard voit le groupe de Sam et ses amis passer. Elle croise le regard de la blonde et étire un léger sourire à son intention. ; elle a beaucoup apprécié leur entraînement de mercredi dernier. 

- J'y crois pas qu'il l'a vraiment fait !
- Les gars c'est pas drôle, imaginez il est pris...

- C'est Eddie, Sam, il va pas être pris !

- Mais imagine ! La coupe on sait pas comment elle choisit hein !

- Nan mais c'est Eddie...

- J'y crois pas qu'il l'a fait !

- Tu t'répète Jimmy Boi.
- Mais quand même !

- J'pense qu'on l'a forcé.

- Forcé d'quoi ? Personne lui a tenu l'poignet pour écrire son nom et l'foutre dans la coupe !

- Nan mais les gens... r'garde comment tout l'monde est, je jure c'est grave la pression.

- Tu t'sens sous pression Sam ?

- Ben pas toi ?

- La pression qu'Fergus il r'ssent c'est entre ses jambes.

- C'est pas faux.

Le regard dévie vers le reste de la cour tandis que le groupe se marre, et Sam croise celui d'Alison, à quelques mètres. Perchée sur un muret, elle semble prise dans la lecture d'un paquet de parchemins impeccablement reliés : des fiches de révision. Par réflexe, Sam lève une main pour lui faire signe, comme chaque fois depuis que les deux filles ont eu l'occasion de passer près de deux heures en tête à tête à s'entrainer. C'était il y a moins d'une semaine, et Sam en garde le souvenir d'une ambiance particulièrement studieuse qu'elle n'a pas réussi à reproduire avec les garçons.

- Eh, j'reviens ok ?

Détachée du groupe sans attendre la moindre réponse de leur part, Sam s'avance en direction de sa camarade. Derrière elle, le regard notable d'un Ferguson Decker qui vient d'aviser Alison sur son muret, tandis que les autres continuent de brailler joyeusement entre eux.

- Salut ! Ça va bien ?

Souriante, les mains dans les poches de sa veste de Quidditch - Sam ne tarde jamais à troquer l'uniforme pour des vêtements plus confortables dès qu'ils sortent des cours -, la Poufsouffle jette un œil rapide aux fiches d'Alison.

- Hoy, Sam ! On s'tire nous hein !

Visiblement agacé de se retrouver à poireauter au milieu de la cour qu'ils étaient juste partis pour traverser et se rendre dans un lieu plus discret, Ferguson se fait bousculer par Balthazar, tandis qu'Ambrose secoue la tête. Ce dernier se tourne toutefois vers Sam pour lui jeter un regard, menton vers l'avant :

- Tu nous r'joins ? Salut Alison !
- Ouais ouais ouais, allez go là.
- Mais t'as quoi dans l'cul Decker ?

- J'aimerais bien avoir l'temps d'me détendre avant l'dîner si c'est encore possible.

- Parce que t'es tendu ? T'veux un massage ?

- T'pose la main sur moi j'te démonte.

- Des promesses, des promesses.

Sam secoue la tête, exaspérée, avant d'en revenir à Alison, arrangeant son bonnet d'un geste mécanique.

- Ces branques... Bon sinon j'voulais juste te demander si t'aurais pas envie qu'on s'refasse une session, dans la semaine genre. Comme l'autre fois ? Fin c'était vraiment cool, et puis je t'avoue qu'Ambrose et Ferguson sont vachement moins... motivés et tout, alors... Genre l'entrainement c'est pas tellement leur priorité. Haussement d'épaules agrémenté d'une légère grimace : t'vois bien.

Bien qu'ils aient tous mis leur nom dès samedi soir, leur quotidien restait presque inchangé. Sam aurait voulu instaurer un entrainement quotidien, et Ambrose l'aurait peut-être suivi si Ferguson était pas si... Ferguson. Le type a la fâcheuse tendance à être relativement convaincant quand il s'agit de pas faire ce qui devrait être fait. Y aura grave le temps, faut qu'on profite un peu tant qu'il fait pas nuit en sortant des cours là. Bref.

— Ça va et toi ? s'était contentée de répondre mécaniquement Alison vers Sam lorsque cette dernière l'a rejoint sous les arcades. La rouquine n'a pas commenté l'ensemble des braillements de Fergus et des autres, habituels au groupe de Poufsouffle, mais s'est surprise à répondre presque jovialement quand Ambrose s'est adressé à elle - magnétique. Puis les garçons se sont éloignés, et la batteuse a retrouvé l'attention d'Alison, et même son adhésion. Ouais carrément, avait-elle répondu avant d'ajouter qu'elle resterait ici une bonne partie de la soirée pour revoir quelques enchantements d'un niveau avancés et nécessitant du passage. J'ai noté la vision du son, le sortilège du pisteur, l'Hominum Revelio, celui de la langue étrangère aussi, enfin tu vois, j'en ai pas mal à tester là. Ainsi, la blonde pourrait participer aux révisions si le programme l'intéressait. 

Sam avait fini par dire qu'elle reviendrait rapidement. 

De nouveau seule, la cadette Carter prend le temps de relire le noms des enchantements, les gestes associés, et leurs formules. Elle répète plusieurs fois les intonations jusqu'à ce qu'elles soient correctes, et s'applique à reproduire les dessins du bout de son index, avant d'enfin sortir sa baguette en chêne rouge. 

Il est encore trop tôt pour tester le sortilège de vision du son, mais la détection humaine en revanche, pourrait se reveler intéressante. La cour devrait être assez représentative d'une pièce, aussi, la sorcière pointe son centre et se focalise sur les silhouettes à sa proximité. Elle trace une spirale assez large en articulant les deux mots d'activation : Hominum Revelio. 

Bien qu'elle connaisse la théorie, après quelques secondes de battements, Alison se laisse surprendre par une petite décharge indolore qui glisse le long de Lilly lovedoll jusqu'à sa main. Normalement, chaque à-coup sert à révéler une présence humaine que la rouquine devrait pouvoir constater sous sa frange rousse, sauf qu'elle voit plus de sorciers qu'un seul. Mais elle s'interrompt car Sam arrive au même moment. Hominum Revelio, t'as déjà essayé ? C'est trop chelou, j'crois que j'ai raté d'ailleurs.

L'échange aura été bref, mais productif. Les garçons sont retrouvés non loin de serres, et Sam les informe qu'elle rejoindra Alison tout à l'heure, pour des révisions. Une nouvelle qui ne manque pas de s'accompagner d'une série de commentaires peu impliqués, ou complètement stupides.

- T'as un crush Chadwick ?
- C'est ça Ferguson, l'début d'une grande histoire. Sois pas jaloux !

Un pétard est roulé du côté de Jimmy, tarde pas à tourner d'une main à l'autre. Sam hésite longuement avant de se décider de secouer la tête à la négative, trop consciente des risques à partir du moment où elle a prévu de faire de la magie juste après :
 

- Sérieux ? T'es pas fun c'tte année je jure !
- Ça va elle a raison.

- Grave, au moins une de raisonnable ! Ça en fait plus pour nous.

- Heureusement que t'es là pour rel'ver l'niveau du groupe Sam !
- Envoies l'pétard là.

- Bientôt elle va s'convertir et tout.
- M'convertir en quoi ?
- Bah j'sais pas, t'convertir quoi !
- Waw. Profond ça.
- D'main on s'entraine ensemble ok ?

Un sourire accueille l'offre d'Ambrose, et Ferguson lève les yeux au ciel :

- Ça veut dire on est privé d'quatre heures demain ?

- Déjà il est plus d'cinq heures, mais sinon ouais, vaut mieux, sinon on risque juste de s'blesser, genius.
- J'aurais jamais du foutre mon nom dans cette foutue coupe de feu !
- Arrête de dramatiser. Rappelle toi : c'est pour la gloire et la postérité !
- Ouais, les fucking posters Gus ! Depuis qu'il a prouvé qu'il savait pas c'que ça voulait dire, elle saisit toutes les opportunités de se foutre de sa gueule.
- En tous cas nous on est pas privés d'quatre heures, hein Jim ?

- Huh ?

- Dude. Ouvre les yeux des fois je jure.

Rapidement, les conversations partent dans tous les sens, et au terme de plusieurs longues minutes, Sam s'extirpe du groupe. Alison n'a pas bougé de son muret, visiblement happée par ses parchemins. Sa baguette en main, elle vient apparemment de manquer son dernier sortilège : celui du révélateur de présence. Amusée, Sam hausse les épaules en se perchant à côté de la Serpentard. Très vite, la batteuse opte pour une position en tailleur, sa baguette retirée de sa poche pour être simplement laissée en suspens entre les doigts de sa main droite :

- Mh. J'crois c'est une histoire de rayon. Tu sais genre plus c'est réussi, plus tu captes des présences sur un gros périmètre. J'l'ai jamais testé en vrai... Sam poursuit en redressant Babsi. Hominum Revelio !

Une décharge, unique, remonte de sa baguette magique jusque dans son bras, révélant probablement la présence d'Alison à côté d'elle. On est loin de la quantité d'élèves présents alentours. En tous cas...

- C'est grave chelou comme sensation. T'crois ça peut être utile au tournoi ?

Tandis que les filles échangent leurs premières impressions sur le sortilège de détection humaine, Alison continue d'observer le passage des élèves qui rejoignent et quittent la Grande Salle. Un élan de curiosité générale a envahit Poudlard depuis samedi, et comme la grande majorité des adolescents et des adultes du chateau, elle aimerait connaître la liste des candidats à ce jour. Son regard suit distraitement les groupes de sorciers en pleine conversation de l'autre côté des arcades, mais la cadette répond tout de même à Sam. Bah ouais, regarde, si tu veux savoir si t'es seule ou si quelqu'un se cache avec toi pendant une épreuve. Tu peux l'informuler aussi, commente-t-elle, sûre d'avoir un intérêt à pouvoir repérer les humains autour d'elle lors du tournoi. 

— J'trouve qu'il est discret, et en fonction des consignes, si y'a une notion de camouflage ou quoi, ça aide. Elle a l'air sûre d'elle, et tend à nouveau Lilly lovedoll vers le centre de la cour, en se focalisant pour ressentir l'effet recherché. Le geste accompagne la voix. Hominum Revelio.

Bien qu'elle l'ait déjà expérimenté une fois, après quelques secondes de battements, Alison se laisse surprendre par la multitudes de petites décharges indolores qui glissent le long de Lilly lovedoll jusqu'à sa main. Chaque à-coup sert à révéler une présence humaine, que la rouquine devrait pouvoir constater sous sa frange rousse. C'est beaucoup mieux, j'sais pas si j'ai changé quelque-chose, mais j'ai eu plein d'impulsions là. 

L'idée d'Alison est loin d'être con. Sam avait pas vraiment imaginé que les épreuves puissent consister à se planquer les uns des autres, mais on est clairement pas à l'abri de ce genre de concept. Le tournoi est, après tout, un affrontement entre les trois champions. Approuvant d'un hochement de tête, Sam se met à réfléchir aux meilleures façons de se camoufler, ou de détecter des personnes qui le seraient. La discrétion est loin d'être son fort, et il parait évident qu'elle devrait s'y entrainer. Sa baguette se dresse dans l'objectif d'une seconde tentative, qu'elle espère plus fructueuse que la première.

- Hominum Revelio !

 

Une décharge unique, de nouveau, qui fait grimacer Sam alors qu'elle ne peut que constater son échec. Va vraiment falloir travailler ça. L'opacité quant à ce qui attend les participants du tournoi participe à l'ambiance étrange qui règne au château depuis déjà de nombreux jours. Les rumeurs vont bon train, et les commentaires des uns et des autres laisse présager de beaucoup d'admiration et d'attentes pour celles et ceux qui affronteront les épreuves. Comme ça doit être fabuleux de savoir qu'on est l'élu ! S'était exclamé une fille de troisième entre deux cours, clairement jalouse de ne pas pouvoir glisser son nom dans la coupe.

- J'avais pas du tout pensé à c'que tu dis, mais ça s'tient tellement. Ça s'trouve il va falloir jouer les ninja et tout. Putain j'suis nulle en sortilèges d'illusion, Sam réalise soudain en fronçant les yeux.

Autour d'elle, les élèves continuent d'aller et venir sans qu'elles n'y prêtent grande attention. Mais au bout de quelques secondes, d clameurs provenant de l'intérieur du château sous-entendent qu'un nouveau parchemin vient d'être déposé dans la coupe, et plusieurs garçons s'extirpent des portes en beuglant. L'un deux semblent plus excité qu'un grapcorne en rut.

- J'vois que Georges s'est décidé. Franchement j'espère qu'il sera pas pris, annonce Sam en plissant le nez.

Il est rare d'entendre la batteuse dire du mal de qui que ce soit, mais ce type là lui est particulièrement antipathique.
 

- Au fait t'as déjà mis ton nom ça y est ? Elle finit par demander en reportant son attention sur Alison.

— T'as rien senti ? demande curieusement Alison en voyant la grimace de sa partenaire d'entraînement qui vient juste de prononcer la formule. Elle fronce le nez à son tour en écoutant la réponse de Sam, puis l'entend parler de sortilèges d'illusion. En fait, faut tout envisager, conclue-t-elle, ayant passé une partie de l'été à s'imaginer au milieu de l'arène des Champions. 

Au même moment, des cris de joie retentissent près des deux sorcières installées sur leur muret. La rouquine fixe l'étudiant, Georges, et ensuite la Poufsouffle. Sam Chadwick, c'est la première fois que j't'entends souhaiter du mal à quelqu'un, comment j'suis trop choquée ! Alison finit par ricaner et jeter encore un œil au groupe de garçons. Si Georges est choisi, j'pense que y'a carrément des gens qui viendront pas voir le tournoi, ou alors en espérant qu'il se plante, ajoute-t-elle, une étincelle maléfique au fond du regard. Est-ce que les étudiants vont espérer qu'elle se plante, si jamais la Coupe de Feu sort son nom ? Elle est mitigée. Elle sait qu'elle attise certaines jalousies.

— Et toi ? répond la cadette à la question de l'autre sixième année sans se dévoiler elle-même. 

Elle fait tourner Lilly lovedoll entre ses doigts, et retente l'enchantement de détection humaine avec la volonté ferme de confirmer l'essai. C'est de la force des convictions que dépend la réussite, et ça, Miss Aisling leur répète assez ! 

Elle souffle un bon coup et prononce les deux mots. Hominum Revelio. Après quelques secondes, un  unique à-coups se presse vers le pommeau de sa baguette en chêne rouge. L'Écossaise fronce les sourcils. J'crois que j'dois encore essayer. J'vais l'avoir. J'l'avais. 

Sam échappe un rire à la réflexion d'Alison. Vrai que la plupart du temps, elle s'abstient de tout commentaire sur les gens. Genre, c'est de l'énergie perdue voyez ? Ce qui l'empêche pas d'avoir ses opinions et de les clamer haut et fort quand elle a l'impression que c'est important. Plus virulente gamine qu'elle ne l'est à présent, on peut sans doute remercier Alec de lui avoir rappelé quelques priorités dans la vie.

- Ça j'sais pas, elle énonce en jetant le regard vers le garçon, supporté par tous ses camarades de maison. Même le dernier des cons a ses supporters... juste, il mérite pas d'représenter Poudlard quoi.

Entre souhaiter que la coupe tire pas son nom et souhaiter que le type se plante au tournoi et finisse peut-être blessé, y a tout un monde, aussi Sam ne s'avance t-elle pas davantage. De nouveau tournée vers Alison, elle répond immédiatement ;

- On a fait ça samedi soir avec les gars.

La Poufsouffle ne réalise pas que sa camarade n'a guère répondu à la question, de son côté, focalisé sur le geste qu'elle réitère pour tenter de nouveau son sortilège. Dans une imitation naturelle, et inspirée par la détermination d'Alison, Sam cherche à faire de même à son côté. Cette fois, elle compte au préalable les élèves présents - de moins en moins nombreux -, puis prononce la formule :

- Hominum Revelio.

Une décharge encore, et une deuxième plus faible qui suit. Sam commence à se demander si ça ne compte pas juste sa présence et celle d'Alison. Elle grimace, tournée vers la sorcière :

- Décidément je l'ai pas. Retente le toi pour voir ?

Beaucoup d'étudiants ont profité de l'ouverture des festivités pour jeter directement leur nom dans la Coupe de Feu, comme Sam et le groupe de Poufsouffle. Alison n'a pas participé à cet élan. Elle assiste au nouvel échec de sa camarade avec le sortilège de détection humaine, et pousse ses lèvres en avant, dubitative. Mh, ouais. Si ça s'trouve j'ai eu un coup d'chance d't'à l'heure hein, dit-elle, incertaine de réussir l'exploit une deuxième fois. 

Peu importe, elle regarde autour des arcades, et compte une huitaine d'adolescents. Bon, se motive-t-elle en pointant Lilly lovedoll vers la cour. Hominum Revelio. 

Après quelques secondes, un éternel et unique à-coups se presse vers le pommeau de sa baguette en chêne rouge. L'Écossaise fronce encore les sourcils. Tu vois, là j'y arrive plus, comme par hasard !

Elle jette un œil à ses notes, puis redresse la tête en direction de Sam. Vous avez tous mis votre nom, ou juste toi, Gus et Ambrose ? questionne-t-elle, sachant que le trio de Poufsouffle était aux cours de soutien, et pas les autres. Sauf que rien n'empêche n'importe qui à balancer un papier par au-dessus de la Coupe, y compris des élèves absolument pas préparés, tant qu'ils ont l'âge requis. 

— Moi j'attends le dernier moment, confie alors Alison, une pensée pour son nom écrit à l'encre sur un parchemin au fond de sa poche. Parce que mon père veut pas que j'participe, donc faut pas qu'un beubeu débarque à la boutique en disant qu'on m'a vue mettre mon nom. D'ailleurs j'suis sûre que là, il y pense même pas, il a pas capté qu'j'allais participer pour de vrai, ajoute-t-elle, avant de sonder la réaction de l'Anglaise. Tu l'dis à personne hein ?

Un peu embêtée pour Alison, Sam se pince les lèvres sans trop savoir quoi répondre. Pour elle, la magie n'est jamais un coup de chance, et elle est plutôt certaine que l'autre sorcière la rejoindrait sur ce point. C'est l'entrainement, le niveau de motivation, l'épuisement et les circonstances environnantes qui font la différence entre deux niveaux de performance. À l'instar du Quidditch finalement.

- Ouais, nous trois. Comme on s'était dit l'an dernier, affirme Sam sur un ton joyeux en réponse à la question d'Alison. Balt et Jim sont pas du tout motivés. Dylan non plus j'crois pas.

Étonnée d'entendre qu'Alison n'a pas encore glissé son nom dans la coupe, elle secoue la tête histoire de la rassurer quant à ce qu'elle pourrait dire ou non aux gens. C'est-à-dire que ça la regarde pas vraiment. Sam avait un peu oublié les propos de la Serpentard qui, déjà l'année dernière, annonçait que son père était contre sa participation au tournoi.

- Mais tu crois qu'il viendrait genre... récupérer ton nom ? J'suis même pas sûre que ça s'fasse hein. Fin qu'ce soit possible quoi, Sam réfléchit à voix haute, les sourcils froncés et le regard qui se perd brièvement alentours.

L'école leur avait fait signer une autorisation, mais il paraissait évident que beaucoup passait outre ce parchemin que certains parents avaient simplement ignorés. Ferguson, par exemple, n'était clairement pas passé par ses tuteurs du moment. On sentait que c'était plus administratif qu'autre chose. Face à la magie antique d'un artefact vieux de plusieurs centaines d'années, ça ne représentait finalement pas grand chose.

- Alec était pas super chaud qu'je participe non plus en vrai. Il a quand même signé l'papier. J'pense que t'as raison d'lui tenir tête si c'est quelque chose auquel tu tiens.

Tel était l'argument majoritaire qui était ressortit de sa propre discussion avec son père adoptif. C'est ma vie, et c'est un choix qu'je fais pour moi, c'est pas comme si je faisais ça au hasard tu sais ! Même qu'elle était parvenu à le convaincre. Détermination et caractère, c'est ce qui lui permettait d'aboutir à la plupart des abdications d'Alec Chadwick. Aussi borné soit-il, elle l'était plus encore.

- Hominum Revelio.

Une décharge unique la parcoure, et elle hausse les épaules :

- J'crois plus on l'fait, moins on a l'bon geste parce qu'on s'agace, elle théorise à l'intention d'Alison.

Balthazar et Jimmy ? No comment, se contente de penser Alison, le plus souvent exaspérée par leur comportement dans les classes partagées. Des glandeurs, comme pas mal de Poufsouffle, au final. Est-ce que Freya leur ressemblait lorsqu'elle était scolarisée ? Elle l'imagine davantage proche du caractère de Sam, assez sérieux, mais à traîner avec des gros fumeurs d'herbe comme l'autre gars qu'avait garé un vieux van moldu derrière leur magasin pendant trois jours il y a quand Alison était en 1ère année. "un pote d'école", visiblement. Un Balthazar ou un Jimmy, assurément. 

— Bah au moins ils mettent pas leur nom pour rien. Askip, y'en a qui l'ont mis juste car ils ont perdu un pari. C'est débile, souffle la cadette Carter, elle-même en préparation depuis une année entière, comme la blonde. Quant à son père, elle lève les yeux en direction du plafond des arcades, soûlée par anticipation de la réaction qu'il pourrait avoir en apprenant qu'elle participe au tirage au sort de la Coupe de Feu. On sait jamais avec lui. Il est capable de faire un scandale dans le bureau d'Harrison et tout, explique-t-elle, avant d'écouter la Poufsouffle parler d'Alec. Elle approuve ses mots et laisse s'étaler un court silence. T'appelles ton père par son prénom ? C'est la deuxième fois qu'elle l'entend dire ça depuis qu'elles s'entraînent ensemble. 

L'échec de la sorcière se solde d'une conclusion assez logique. Plus elle répètent frénétiquement le geste et la formule sans résultat, et moins elles se conditionnent à réussir. T'as raison, on y reviendra après, acquiesce Alison. Elle sort un gant bleu et bronze de sa poche. Sortilège du pisteur ? Puisque le repas va bientôt commencer, Charlie sera probablement quelque-part entre le dortoir des Serdaigle et la Grande Salle, mais autant commencer facile. 

L'Écossaise descend du muret et range le contenu de son sac qu'elle accroche à son épaule avant de pointer le gant du bout de sa baguette. Avenseguim.

Immédiatement, le gant s'élève de quelques centimètres et s'éloigne du muret. La sorcière sourit. Putain ça marche nan ? L'objet flotte au-dessus du sol et traverse la cour en allant vers le grand hall d'entrée, suivi par les deux filles. Il faut au moins cinq ou six minutes avant qu'il ne s'arrête, non loin de l'aile Ouest. Hey, j'pense qu'on est pas mal. Tu continues ? suggère Alison à Sam. 

Sam ne peut qu'approuver les propos d'Alison. Le tournoi n'est pas à prendre à la légère. Celles et ceux qui s'y inscrivent sans avoir réfléchi aux conséquences d'un tel acte manquent clairement de jugeote. Le truc, c'est que depuis l'installation de la coupe, beaucoup semblent plus enclins à suivre le mouvement plutôt que de passer pour trop peureux aux yeux des autres. Les professeurs n'ont pourtant pas manqué de tenir de longs discours quant aux responsabilités de chacun. À cela s'était ajouter la fameuse autorisation, qui comme beaucoup l'avaient compris, n'avaient de cela que le nom.

- Huh ? Alec ? Bah heu... ouais. Fin c'est mon père adoptif tu vois, alors ça m'ferait bizarre de l'appeler autrement quoi.

Il était rare que l'on reprenne Sam sur un tel sujet, et ça ne manquait jamais de lui rappeler l'étrangeté de sa situation. Dans sa tête, tout était pourtant clair. Alec était Alec. Elle portait son nom, l'admirait comme n'importe quelle fille peut admirer son père, et le considérait clairement comme telle. Peut-être se serait-elle mis à l'appeler Papa s'il l'avait récupéré plus tôt. Peut-être aurait-elle alors eu une Maman pour aller avec. Mais voilà. Sam n'avait eu ni l'un ni l'autre, elle avait simplement eu Alec, et ça valait pour elle bien plus que le reste.

La suggestion du sortilège du pisteur fait hausser un sourcil à Sam, et elle hoche la tête vivement, plutôt motivée par l'idée. Dans les circonstances potentielles d'épreuves évoquées par Alison, ce sortilège particulièrement faisait clairement écho. Son effet coulait plutôt de source, mais la batteuse devait bien admettre qu'elle n'en avait jamais entendu parler. Ne connaissant ni sa formule ni sa gestuelle, elle se contente donc d'observer Alison à l'œuvre. La Serpentard avait visiblement fait des recherches très approfondies sur le sujet.

- Trop cool. Tu l'as trouvé dans un bouquin ?

Ne s'étant majoritairement focalisée que sur les sortilèges d'attaque ou de défense, Sam était passé à côté de bien des possibilités parmi les manuels plus avancés à leur disposition en bibliothèque. L'utilité de celui-ci ne faisait pour elle aucun doute. Suivant le gant ensorcelée par Alison - qui ne s'arrête qu'au bout d'une bonne poignée de minutes -, Sam accorde un mouvement de tête impressionné en direction d'Alison.

- T'peux me remontrer vite fait ? Puis, lorsqu'elle semble tenir la gestuelle, elle prononce : Avenseguim !

Le gant s'anime de nouveau, brièvement, mais retombe de nouveau sans que le sortilège n'ait fait effet. Aux couleurs de l'objet, et surtout à sa dimension, Sam a largement eu le temps de comprendre qu'il s'agissait d'un gant appartenant à Charlie, la sœur d'Alison.

- Mh. Refais le pour voir ? J'dois pas l'faire comme il faut.