Oscaria avait entendu parler du projet par des collègues de l'école, écoutant discrètement les discussions dans la salle des professeurs. Après avoir évidemment renoncé à l'idée de se rendre à la première réunion, elle avait fini par changer d'avis, et avait demandé plus d'informations sur l'heure et le lieu de rendez-vous. Etait-ce par curiosité mal placée? Même elle ne le savait pas trop. Ce qui était sûr, c'était que l'ambiance au château n'était pas des plus reposante ni épanouissante. Elle avait donc décidé de s'incruster. Elle n'avait aucune idée de qui elle allait y retrouver; connaitraient ils seulement son prénom? La jeune femme était discrète, et n'avait pas d'ami au château. Elle se contentait de faire ses cours et c'était déjà assez prenant. Ce qu'elle aimait par dessus tout, c'était écrire. Ecrire seule, ou envoyer la missive au hasard, tantôt des poèmes tantôt des histoires. Le plus souvent, ses parchemins finissaient dans la cheminée; elle écrivait surtout pour elle, pour se sentir libre et pour évacuer tous ces mots qu'elle ne pouvait pas dire, tous ces sentiments qu'elle ne pouvait pas montrer.
On pouvait définir Oscaria comme étant 'une femme froide, peu souriante, très renfermée. Elle avait un côté mystérieux, on ne savait rien d'elle, et c'était mieux ainsi. Ce n'était pas l'envie qui manquait, elle aurait préféré rire à en pleurer, pleurer à en rire, montrer qu'elle pouvait aimer, montrer sa tristesse et montrer sa joie, être le soleil parmi les chagrins et la pluie salvatrice dans un désert; mais on lui avait appris dès son plus jeune âge que les émotions et les sentiments étaient des concepts à garder pour soi. Pleurer était interdit, souffrir n'existait pas.
Rangeant à la perfection ses plumes et ses parchemins trainant sur son bureau, Oscaria jeta un rapide coup d'œil à sa montre. Il fallait y aller, elle n'aimait pas être en retard et n'aimait pas attirer l'attention inutilement. Vêtue de sa longue cape de sorcière noire et de bottines à talons, on entendait ses pas arriver au rythme de cliquetis réguliers. Elle passa devant quelques élèves polis qui la saluèrent, et arriva enfin au lieu du rendez-vous. Ne sachant qui elle allait trouver derrière la porte, elle se permit de frapper et d'attendre une seconde avant d'entrer. Calmement, elle passa le seuil et remarqua rapidement deux de ses collègues. Le nouveau directeur de Poufsouffle, Lesley Rowers, et la directrice de Serpentard, Aingeal Aisling. Elle ne leur avait jamais trop adressé la parole directement, ils avaient du échanger quelques banalités cordiales et c'était tout. S'immisçant un peu plus dans la pièce, elle s'installa vers la fenêtre. Bonjour, avait elle dit d'un ton un peu froid, léger.