Fatalement que son regard est équivoque alors qu'elle invoque déjà ses propres conditions au gage qu'il a imposé.
- Holà pas si vite Carter, t'crois tu vas t'en sortir comme ça ? C'est moi qu'ai gagné c'est moi qui fait les règles.
Même qu'il a aucun doute que l'inverse aurait été absolument vrai. Jamais de la vie elle l'aurait laissé gérer l'planning comme bon lui semble au milieu de son atelier. Il se demandait si elle le gérait comme elle gérait absolument tout du temps de Poudlard. Force est de croire que oui, parce qu'il imagine franchement très mal la sorcière oublier ses méthodes et laisser un bordel monstre sur ses plans de travail. Arrête de pousser mes ingrédients Elliot, ça c'est ton côté, et ça c'est mon côté. Tu vas souiller la sève de bubobulbe avec tes yeux de tritons là ! Il aurait souillé vachement plus, si elle l'avait laissé faire. Bref. Il lève les yeux au ciel parce qu'évidemment qu'elle va pas le laisser débouler à n'importe quel moment - et évidemment qu'elle a raison, mais franchement qu'est-ce qu'il aimerait pouvoir prétendre parfois qu'il peut faire ce genre de truc sans s'inquiéter de provoquer une émeute.
- J'ouvre plus mes courriers mais p't-être j'ferai une exception pour toi, il convient en grattant le comptoir distraitement, ses doigts tardant pas à le frapper sur le rythme de la musique qui continue de les tenir dans une ambiance un peu rock. C'est mes admirateurs ils sont tarés, il se justifie. J'jure un jour j'ouvre des lettres j'me prends des trucs en pleine gueule. Des sécrétions abominables qu'ont toute sorte d'effets, des philtres d'amour à impulsion spontané, des paillettes qui lui colle à la peau pendant des mois, nan il en a eu trop pour continuer de s'infliger le bordel. Sans doute qu'Owen Carter avait eu le même problème.
Sûr que le oui et non lui fait hausser un sourcil, et il plante deux yeux très peu impressionnés sur Freya. C'est-à-dire que dans le genre botter en touche elle fait fort. Y a quoi, elle a honte du type ? Il existe pas ? C'est un plan cul ? Il a un sourire amusé sur le coin des lèvres en s'imaginant que c'est peut-être bien ça le problème. Le sourire s'évanouit quand il en revient à se faire l'image de ce con de Colt entre les jambes de Carter, et il se décide à pas insister. En vrai, surtout parce qu'elle a l'air de bien fuir la conversation. C'est peut-être un mec direct, mais c'est pas un forceur.
- Mh, attends.
Sa main s'est accroché au poignet de Freya avant qu'elle puisse bouger complètement, et il sort de sa poche un papier - enfin c'est plus un emballage de confiserie, qu'il métamorphose du bout de sa baguette. Il chope un stylo qui traine sur le comptoir avant d'écrire un nom en quelques gestes - Nikola Brutcell -, et de replier le bordel pour le faire glisser vers la sorcière.
- Pour m'écrire. C'est un pseudo, tu l'garde pour toi hein ?
C'est Oakwood qu'avait suggéré l'idée, quand Elliot en avait eu marre de devoir passer par un type pour trier son propre courrier. C'est le nom qu'il utilisait pour échanger avec sa famille - le peu de fois où ils s'écrivaient -, et ses potes les plus proches. Occasionnellement, dans son cercle professionnel. Il adresse un dernier sourire à Freya avant de la laisser s'enfuir :
- Et au plaisir Carter.