Il a pas tout suivi Leo. Mais il est content. Genre y a du Quidditch, et c'est cool le Quidditch. Mais surtout y a Summer et Papa. C'est rare quand même. Très rare. Plus encore depuis la mort de maman. Comme si son départ avait causé une onde de choc et les avait envoyer bouler très loin les uns des autres. Sa sœur était toujours occupé, voyez. Si c'était pas par le travail, c'était par de mystérieuses sessions du soir, ou alors par sa copine, ou alors par [insérez ici toute bonne excuse permettant d'esquiver le moindre contact social]. Pis bon. Papa est toujours... papa. Bougon pour un oui, pour un non. Présent pour le café noir du lundi, mais plus pour se noyer dedans entre deux silences que pour avoir une vraie conversation. Les vraies conversations il les a avec Summer. Summer lui parle, lui explique, Summer est patiente, et gentille, vraiment très souriante. Elle rend tout ce qui est grave bien moins grave, Summer. Elle lui manque, Summer. Alors il est content d'être là à regarder des gens voler sur des balais avec Summer et papa, parce que quand Summer est là papa est moins bougon pour un oui ou pour un non.
Bref.
Y a des oh, y a des ah, y a des hauts débats - vraiment elle veut rien dire cette expression elle est sans queue ni tête. Comme l'expression sans queue ni tête, étant donné que quand même y en a plein des trucs sans queue ni tête qu'ont quand même du sens, voyez ? Ça vole en tous cas. Ça vole dur et ça vole bien, et ça se bastonne dans l'air, et ça marque des buts, et Leo se gave de son jus de fizbizwiz tout bleu - tellement que ça lui a déteint sur les lèvres un peu, et que ça fait rire Summer. C'est facile de faire rire Summer, cela dit. Mais c'est bien. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Même si papa se gave à autre chose que du jus de fizbizwiz et que Leo a rien suivi des scores, pis que quand le match se termine il manque de s'étouffer avec sa paille. C'est-à-dire qu'il a voulu applaudir, hurler et boire en même temps, voyez. M'enfin il a survécu. Même que ni Summer ni papa se sont inquiéter. Ils ont l'habitude, ils savent. Ils le laissent faire ses erreur et apprendre. C'est pas grave, c'est juste que c'est un mec léger. Si, il a entendu des gens le dire souvent. Pas à lui directement - ça aurait aucun sens de parler à quelqu'un à la troisième personne, soyez pas cons. M'enfin c'est sûr que cette expression là il l'a compris. C'est vrai qu'il est léger. Pas physiquement, parce que physiquement il est bien construit. Bâti ? Enfin il est plutôt normal quoi. Leo le mec normal. Ça on lui dit pas souvent.
Bref.
- C'est qui qu'a gagné ? Qu'il demande discrètement à Summer.
- On s'en tape on s'barre avant d'être coincé par la foule, viens ! Papa, viens !
Sans doute qu'elle sait pas non plus, il se dit, Leo. Parce que quand elle sait, elle dit. M'enfin on s'en fiche, au final, parce que ce sera certainement pas l'Angleterre. Restaient que les norvégiens et les japonais. Très franchement Leo en avait déjà pas grand chose à faire du Quidditch - à part que c'est cool à regarder ça lui fout des vertiges de monter sur un balai ok -, alors si c'est une coupe du monde sans les anglais, ça a pas grand intérêt. Nan lui est là pour Summer, et papa, et la loge VIP. Tout ça. S'agirait d'en sortir. Non parce que le super plan de Summer ? Vachement trop super. Tellement trop super que tout le monde l'a eu en même temps. Alors évidemment que ça prend un temps fou de descendre toutes les marches et de laisser guider vers la sortie. Un temps incroyablement long. Les neurones de Leo se déconnectent quelque part avant le dégueuli de son petit morceau de foule à travers le vomitoire numéro trois, et il braque un regard abstrait sur la foule de tentes enflammées. Ça met un temps incroyablement long à faire du sens dans son esprit, ce qu'il a sous les yeux. Les tentes enflammées.
Il avait dit quoi le patron ? Toujours prêt. C'est la coupe du monde de Quiddtich. T'es un stagiaire et t'es pas en service, mais quand même faut être toujours prêt. Voilà ce qu'il avait dit. Alors Leo est prêt. À quoi il sait pas trop. À rien, visiblement, parce qu'il reste un peu con à mater les tentes enflammées, et les gens qui paniquent, et les tentes enflammées, et les gens qui paniquent, et toujours prêt. Sa baguette l'est peut-être plus que lui. Comme ses jambes. Ses jambes, et sa baguette. Parce qu'il marche, et vite, dans la direction de la première source de chaleur qu'il aperçoit : visualiser le danger c'est la première étape d'un cas d'urgence, il se rappelle bien ok ? Il le visualise super bien. Pis il articule son sort. Un réflexe vraiment, le seul qui lui vient. Parce que vraiment, quoi d'autre pour éteindre le feu qu'un puissant filet d'eau n'est-ce pas ? Il saisit pas, Leo, l'oxymore. Parce que Leo est un oxy-moron qu'a pas capté que les flammes étaient pas tellement naturelles, ni qu'un filet d'eau peut pas vraiment être puissant.
- Aguamenti
Un filet d'eau s'échappe de la baguette. Sans le moindre effet. Zut ?