



Professeur d'Astronomie 56 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété
De quoi est fait un Aldebert Wickerson ? Insaisissable esprit, maître baroudeur de toute une vie, Aldebert ne s'est guère forgé qu'une personnalité ces dernières années, mais bien mille-et-une à conter jusque tard dans la nuit. À l'instar d'un ciel bondé d'étoiles aux caractéristiques si divergentes qu'on pourrait se demander comment, à elles toutes, elle ne formerait qu'un seul et même univers. À l'instar d'un ciel bondé d'étoiles qui s'éteindront les unes après les autres, sans que l'on ne puisse rien y faire. Alors. Est-ce bien sérieux de se demander de quoi est fait un Aldebert Wickerson ? De tout, de rien. Mais l'on peut se question sur ce qu'a fait Aldebert Wickerson.
Un fils.
Aberration chronique, intellectuelle, stupide erreur du passé, décalage absurde de tout ce qu'il a jamais représenté. Devra t-il lui dire, vraiment ? Devra t-il ? Aldebert n'en est pas convaincu. Loin de là. Alors pour toute réponse, il se contente de pousser ses lèvres vers l'avant, dans une moue grimaçante, les yeux perchés sur l'autre bord de la pièce. Un mh mh qui pousse dans l'air alors qu'il imagine lui aussi la tête de Balthazar alors qu'il reçoit la nouvelle. Une tête ahurie, dont les neurones peinent à se mettre en branle alors qu'il essaie de se répéter mentalement l'abracadabrant terme de synchrolyse en se demandant s'il contient des i ou des i grecs, et pourquoi on appelle ça des i grecs.
Aldebert sert les dents. La promesse est tenue. Simple picotement à peine perceptible qui ne l'éveille pas d'un profond coma pour lui rendre sa prime jeunesse. Le regard, azuréen, se cambre sur la gestuelle de la sorcière, le liquide pâle qui s'extirpe de sous sa peau pour venir se loger dans une fiole, aussitôt enchantée. La curiosité prend le dessus sur les dramatiques nouvelles du jour, et l'astronome se prend à tâcher de comprendre l'analyse que fait Adaline des symboles runiques qui viennent ponctuer le parchemin. Il en reconnait quelques uns, ici et là, restes de connaissances ingurgitées bien des années plutôt.
De nouveau leurs regards se croisent, Aldebert attendant le verdict avec un sérieux qu'on ne lui prête qu'occasionnellement. Il ne prononce pas un mot. Se contente de hocher la tête gravement, ses sourcils broussailleux plus froncés que d'ordinaire, la bouche tordue, les joues creuses. La question semble l'éveiller de sa torpeur corporelle. Il se meut vivement, les doigts subitement décontractée et pianotant sur les accoudoirs comme de rien, les jambes l'élevant pour le dresser de toute sa hauteur. Un éclat dans l'iris, il secoue la tête, frappe dans ses mains et vient d'un geste les passer dans ses cheveux comme pour se recoiffer.
- Non. Non ce ne sera pas nécessaire.
De le laisser seul. De rester. La réponse est ambigüe, au même titre que sa propre situation.
- Nous avons terminé non ? Il questionne avec cette fois un sourire môme. Examen fait, solution trouvée. J'recommanderais ton infirmerie, dix sur dix. Faut prendre la potion dès que j'ai des douleurs et voilà c'est ça ? Il l'attrape entre deux doigts pour observer sa description, concentré l'espace d'une seconde. Et quand j'en ai plus tu m'en refile ? Ou je dois demander à Daryl de m'en préparer ?