



17 ans Sang-Mêlé·e Russe Notoriété
Par réflexe, les yeux d'Anya s'affaissent sur le sang qui s'écoule encore de ses bras, assombrissant le plancher un peu plus à chaque seconde.
- Nan, elle s'entend murmurer par réflexe en ayant un mouvement de recul. Nan t'approche pas.
Elle ne veut pas de ses soins. De sa présence dans cette pièce. Pourquoi ne s'en va t-il pas ? Pourquoi tient-il tant à rester si ce n'est même pas pour terminer ce qu'il a si bien commencé ?
- Mh, mh, elle secoue la tête à la négative en reculant encore alors qu'il lève ses deux mains.
Hors de question qu'il l'approche. Qu'il la touche. Qu'il lève encore sa baguette sur elle. La baguette de Sasha roule sur le sol, mais Anya ne baisse pas sa garde tremblante. Continue de secouer la tête en reculant, jusque toucher le mur derrière elle. Risqué ? Risqué pour lui, peut-être. Il est l'auteur du crime.
- T'approche pas, elle répète en maintenant pathétiquement sa baguette. J'vais m'soigner toute seule. J'ai pas b'soin de toi. Laisse moi.
Anya se revoit échouer à soigner Sasha, la veille, mais elle demeure déterminée, inspire profondément en ne quittant pas Sasha des yeux. À genoux sur le plancher miteux. Pourquoi ne s'en va t-il pas ?
- Personne saura.
Personne ne doit savoir. Sa faiblesse face au garçon. Son incompétence. Il a pris le dessus si facilement. Voilà pourquoi personne ne veut d'une femme dans les rangs des soldats. Elle ne vaut rien. Pas avec la malédiction qui pèse sur elle. Quelque soit l'acharnement avec lequel elle poursuit ses études. Quelque soit son ambition viscérale. Elle ne vaut rien.
- Laisse moi, elle réitère.
Encore là, elle peine à distinguer les détails de la pièce. La silhouette de Sasha n'est qu'une masse sombre devant-elle. Son souffle court un bruit étrange qui résonne jusque sous son crâne. Sa baguette semble trop lourde. Ses mains ne répondent plus tout à fait. Elle fixe Sasha, mais les contours de son visage ondulent, incertains, flous. Comme si son propre regard la trahissait. Plus que jamais, elle prie pour qu'il obtempère. Qu'il quitte la pièce. Oppressée, incertaine, elle sent des larmes couler de nouveau, silencieuses, discrètes. Il pourrait l'achever. Il était à rien de le faire, tout à l'heure, tous crocs dehors. Est-ce comme ça qu'il œuvrait sur le champ de bataille ? Les soldats ukrainiens sont-ils tous animagus ? Est-ce comme ça qu'a fini son père ? Son frère ? Dévorés vivants par d'énormes bêtes extirpés des rangs ennemis ?
- S'te plait.