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Piège de Crotales

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

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Violence

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Anya Nikitovna

17 ans Sang-Mêlé·e Russe Notoriété

Deb
Serpentard
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

Les mois passaient. Rien n'évoluait. Ni la guerre qui continuait de ravager son pays et de les empêcher, elle et tous les autres, de rentrer ; ni son goût pour le territoire britannique ; ni son avis sur cette école et ses méthodes d'enseignement. Seule sa métamorphomagie semblait s'assagir à mesure que l'été se faisait plus lointain, emportant avec lui le visage porcin de McClay. Chaque cours était suivi avec la rigueur qu'on lui connaissait, et sur son temps libre Anya se rendait systématiquement dans la bibliothèque ou en salle d'études - lorsque la présence Lord Beckett se faisait trop joyeuse à son goût -, pour avancer ses devoirs ou les compléter de recherches approfondies. Elle estimait sans peine que son niveau allait à la baisse depuis qu'elle avait quitté les bancs rigides de Koldostoretv, et elle était parvenu à obtenir l'autorisation d'un professeur pour se rendre en réserve et s'instruire sur des sujets soi-disant plus avancés. Entendez par là que les précieuses têtes blondes de Poudlard ne trouvent pas dans leur programme ces exercices pouvant heurter la sensibilité de uns ou des autres.

Ce jour ne fait pas exception sur le planning rigoureux d'Anya, qui ne quitte la salle d'études que bien après l'ensemble de ses camarades, pour enfin rejoindre les cachots. La semi-obscurité permanente a quelque chose de serein, de même que le silence qui la drape naturellement entre les épaisses parois de pierre. Ses bottines noires, dont les lacets remontent jusqu'aux chevilles, n'échappent pas le son des souliers cirés des autres filles, ou pour certaines de leurs talons pas plus haut que cinq centimètres. Les Alison Carter ou autre Viviane Valcourt ne semblent pas réaliser combien leur apparat peut nuire à leurs facultés naturelles pour la course. Engoncé dans l'éternel pantalon d'uniforme noire, et une chemise parfaitement rentrée à l'intérieur, Anya s'était plus tôt délesté de sa cravate et de la veste aux couleurs de Serpentard, qu'elle avait enfoncé dans son sac. C'était peut-être la seule différence appréciable entre Poudlard et Koldostoretv, cette tolérance au sujet de l'uniforme en dehors des cours qui permettait de se relâcher pour étudier.

Anya se défait d'un geste de son chignon strict, son regard circulant d'une porte à l'autre sans y payer grande attention.

C'est alors que surviennent le claquement régulier de pas pressés, au fond du couloir, et tout droit dans sa direction. Ses yeux s'accrochent à la silhouette d'un gamin de peut-être treize, ou quatorze ans, qu'elle reconnait immédiatement. Anya ne se mêlait pas aux camarades russes qui peuplaient le château, mais elle connaissait chacun de leur visage ainsi que chacun de leur nom. Celui-ci se nommait Fridrik Ivanovitch, et c'était un quatrième année peu téméraire qui semblait suivre un groupe davantage qu'en faire partie. Ses yeux plantés sur Anya, il se fige brutalement comme s'il ne s'était pas attendu à tomber sur qui que ce soit, puis finalement il l'agrippe par la manche avec vigueur pour lui faire part de ce qu'il se passe, à toute vitesse, dans un russe catastrophé. Les autres ont coincés Sasha Shevchen. Ils sont en train de le tabasser dans une classe.

Stan a un couteau.

Sourcils froncés, Anya le suit presque malgré elle tandis qu'il l'entraine à sa suite, et elle jure à plusieurs reprises. Elle avait pris soin d'esquiver la route de Sasha Shevchen depuis octobre. S'était contenté d'informer les autres qu'il ne fallait pas lui parler, qu'il était un chien d'ukrainien, et ça avait été tout. Sans doute serait-ce allé plus loin s'il n'avait pas eu la jugeotte de lui rapporter ses affaires. Ces dernières ne quittaient plus jamais son dortoir, scellées dans le fond de son coffre personnel.

- Какого черта ты делаешь ? Vous foutez quoi ? Elle demande aussitôt entré dans la pièce. Son nez se plisse alors qu'une odeur métallique fait irruption. прекрати свою чушь, ты собираешься втянуть нас в беду. Arrêtez vos conneries, vous allez nous attirer de la merde.

Anya s'attire le regard des garçons, âgés de treize à quinze ans. Étant l'aîné de tous, ils avaient pour elle un respect qu'ils n'auraient habituellement pas eu pour une fille. Aussi tous se figèrent, bien que Stan dardait sur elle un regard mauvais.

- Это украинский пес, ему просто нужно умереть ! C'est un chien d'ukrainien, il a qu'à crever !
- Как ты думаешь, мы не выгоним тебя, когда увидим, что ты избил парня десять к одному ? Qu'est-ce que tu crois, qu'on va pas t'foutre à la porte si on voit que tu tabasses un gars à dix contre un ?
- Мне все равно ! J'm'en tape !
- Пусть это будет глупо. Lâche ça, débile.

D'un simple coup de baguette, Anya a désarmé Stan. Ils continuent de s'envoyer chier pendant plusieurs secondes avant que l'autre ne capitule en crachant aux pieds de Sasha et en jurant. 

- Убирайся ! Dégagez !

Ses copains n'ont visiblement pas plus envie que ça de se confronter à Anya, et plusieurs coulissent un regard terrifié vers l'ukrainien avant de suivre Stan vers la sortie. Bientôt, il ne reste plus que Shevchen et Anya dans l'étroite pièce, dont l'air semble saturé. De sang et de sueur. La sorcière n'hésite qu'une seconde avant de libérer le garçon de son entrave. Elle conserve une distance certaine entre eux, sa baguette toujours levée.

- Поэтому тебя выгнали с войны ? Вас вообще дразнят дети ? C'est pour ça que t'as été renvoyé de la guerre Shevchen ? Tu te fais rétamer même par des gosses ?

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

Une voix féminine lui était parvenue, d'abord floue. Sasha avait la vision brouillée, et quand un cri de douleur s'était échappé de ses lèvres, il n'avait d'abord peu reconnu sa propre voix : c'était comme le jappement d'un chien ébouillanté.

 

Mais bientôt, la douleur du morceau de métal que le garçon pressait sur son ventre s'évanouit subitement. Les coups qui avaient plu sur son visage et ses côtes s'étaient aussi interrompus, et Sasha, le souffle court, avait rouvert les yeux, pour essayer d'apercevoir ce qui se passait. Une dispute. Il l'entendait plus qu'il ne la discernait véritablement : les silhouettes se fondaient, déformée, dans son champ de vision brouillé par la potion qu'il avait ingurgité de force.

Puis les silhouettes reculèrent, se tassèrent vers le fond de la pièce et disparurent une à une.

A l'exception d'une seule : celle d'une jeune femme aux cheveux bouclés, dont il devinait vaguement les formes.

 

  • - Aaah.

 

Encore ce jappement ridicule. Aussitôt libéré de ses entraves, Sasha se recroquevilla sur lui-même, porta ses mains à son visage comme pour se libérer de cette vision déformée. Mais s'essuyer les yeux ne servaient à rien : c'était son cerveau qui était brouillé. Alors il les laissa fermé, le temps de palper son corps. Quelqu'un avait tiré sur sa chemise, avait dénudé son torse où apparaissaient les grandes estafilades noires, et par réflexe il tira sur les pans de son vêtement pour dissimuler sa peau meurtrie. A part le goût de sang qui lui indiquait qu'ils avaient dû le faire saigner du nez et de la bouche, il lui semblait qu'il était entier. Vivant.

 

Le commentaire d'Anya lui confirma la présence de la Serpentard. Par instinct, il se traîna loin d'elle - à quelques pas seulement, jusqu'à toucher le mur pour y appuyer son épaule, le souffle court.

 

  • - Blyad, jura-t-il d'une voix tremblante. (Merde.)

 

Il ne savait que répondre. En vérité : elle avait raison. C'était ridicule de s'être fait prendre par des gosses plus jeunes que lui. Pire : c'était parce qu'il s'était fait prendre bêtement par l'ennemi qu'il s'était retrouvé sauvé par les sorciers de la Communauté Internationale... Et qu'on l'avait arrachée à sa guerre.

 

  • - Va te faire foutre, croassa-t-il.

 

Sasha tira sur sa manche pour s'essuyer le visage, les traits déformés par une moue amère. Il avait rouvert les yeux, mais il était obligé de froncer les sourcils pour essayer d'apercevoir, du coin d'un regard dépité, le visage d'Anya. Il lui semblait qu'il la discernait un peu mieux, mais qu'il restait incapable de se lever. Hors de question de se mettre sur ses jambes pour s'écrouler devant elle comme un misérable.

Il renifla bruyamment.

 

  • - Pourquoi tu leur as dit d'arrêter ? s'énerva-t-il soudain - tâchant de l'accuser d'un regard incertain, un peu comme si étrangement, il lui en voulait pour ça. Si c'est par pitié t'as pas b'soin de te fatiguer.

 

Il ramena ses jambes contre lui - serrant les dents dans l'espoir de contrôler les tremblements qui l'agitaient. La sensation du métal s'enfonçant dans son ventre ne cessait de l'effrayer, comme si le supplice n'était pas terminé : il gardait une main serrant sa chemise derrière ses genoux, comme s'il pouvait empêcher un deuxième assaut semblable.

Ses yeux suspicieux allèrent jusqu'à la porte close - elle restait immobile et silencieuse. Le groupe de gamins avait dû partir pour disparaître dans leurs dortoirs avant le couvre-feu. Lui ne serait pas à l'heure. Mais c'était à l'instant le cadet de ses soucis.

Son regard retourna à Anya et il cracha par terre - plus pour se débarrasser du sang qui avait sinué désagréablement dans sa bouche que par provocation.

 

  • - Ca t'fait plaisir j'espère, il gronda.

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Anya Nikitovna

17 ans Sang-Mêlé·e Russe Notoriété

Deb
Serpentard
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

Le type fait le fier. Rien d'étonnant. Anya a pas souvenir d'un seul gars qu'ait pas ce genre de réflexe idiot. Même le cul sur une pierre glacée, même la gueule en sang. Pas un merci, juste un va te faire foutre à moitié craché dans l'air, des yeux noirs assassins. Ça lui suffit pour savoir qu'elle a tapé dans le mille. Elle bronche pas quand il s'énerve, quand il crache, elle bouge même pas d'un millimètre et reste à le braquer d'un regard sec.

- Ça me fait pas pitié, en tous cas, elle se contente de répondre à sa dernière question.

De là à lui faire plaisir ? Certainement pas. Que s'imaginait-il ? Anya n'avait jamais vu les horreurs de la guerre qu'au travers des photographies de presse, et ça avait amplement suffit à lui faire comprendre que la vue de corps entassés et dégoulinant d'un sang presque noir ne lui procurait aucun plaisir. Ça ne faisait que lui rappeler comme son frère avait pu subir précisément ce genre de chose, entre les mains des ukrainiens.

- Ils sont trop jeunes pour comprendre les conséquences de leurs actes. Elle marque un silence. Je ne parle pas de toi, Sasha, comme je t'ai dis tu me fais pas pitié. Je m'en tape des coups que tu peux prendre. C'est le sort réservé aux menteurs, et aux traitres. Elle crache. Je parle d'eux. Ce sont des gosses. Si on les prend à jouer à être des hommes comme ça ? On les renverra en Russie, sur le front, se battre contre d'autres gars comme toi. Ils finiront dans des boîtes, et ils auront plus que leurs mères et leurs sœurs pour les pleurer, si elles sont encore en vie.

Anya avait énoncé ça d'un ton détaché, comme ils discuteraient d'un sujet trivial comme la dernière révolution des gobelins, ou la guerre des géants du quatrième siècle.

- Alors tu diras rien, elle termine d'un ton ferme, sa poigne sur sa baguette raffermie, cette dernière un peu rehaussée comme pour lui rappeler qui était en position de force. Parce que t'es un menteur et un manipulateur, mais t'es pas un cafard, pas vrai Sasha Shevchen ?

L'ukrainien cumulait toutes les tares à ses yeux. Il avait été l'une des premières personnes à laquelle Anya s'était confié depuis son arrivée à Poudlard, la première réellement qui provienne de son pays. Tout ça pour découvrir qu'il ne provenait non seulement pas de son pays, mais qu'en prime il provenait du camp adverse. Tout ça pour qu'il lui vole ce qu'elle avait de plus précieux, et ne les lui rende pour une raison qui lui échappe encore à ce jour. De la pitié, peut-être. Elle détestait l'idée d'avoir pu faire pitié à Sasha Shevchen plus que tout autre chose. Menton dressé, elle le balaie du regard avec une haine fougueuse.

Il a l'air en peine. Il a l'air fatigué. Il a l'air triste et seul. Mais elle n'a pas pitié. La pitié est pour les faibles. La pitié est pour ceux qui mentent, qui volent. La pitié est pour les garçons comme Sasha qui ne savent pas même se défendre au milieu d'une école, et qui se retrouvent à rendre ceux qu'ils volent par crainte, ou par intérêt.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

 

Sasha avait dégluti. Le goût du sang avait la note métallique du sang humain, une amertume qu'il connaissait pour l'avoir déjà expérimentée ; mais il s'y mêlait peut-être autre chose tandis qu'il détournait le regard d'Anya.

Elle n'avait pas pitié. Ca ne lui convenait pas. Si elle avait eu pitié, ça ne lui aurait pas convenu non plus, il le savait. Rien ne pouvait convenir dans sa position : il n'avait pas seulement été battu, il se trouvait humilié à être si faible devant elle, à dépendre de l'ennemi pour être ainsi libéré de quelques gosses stupides.

 

  • - Ils sont parfaitement conscients de leurs actes, rétorqua-t-il à voix basse, dans un grommellement grondeur à peine partagé.

 

Il le savait parce que quand il était parti à la guerre, il avait leur âge. Alors certes, il n'avait aucun sens des réalités. Mais on savait parfaitement ce que l'on faisait, même à cet âge, estimait-il.

 

  • - Comme si j'allais avoir de la peine pour eux, ajouta-t-il - les imaginer morts ne lui faisait rien du tout.

 

Pour lui, ce n'étaient plus des gosses : c'étaient des ennemis, et cette détermination à les haïr se percevait peut-être dans son regard où flamboyait le reflet des torches qui les éclairaient tous les deux de leur lumière chaude, dansante, sauvage. Un long moment, il les garda dardés droit devant lui - toujours sur cette porte qui restait immobile, dans laquelle il semblait voir une menace incarnée par ce panneau de bois massif orné de gonds noirs, aussi durs que sa mâchoire serrée semblait l'être à cet instant.

Peut-être réfléchissait-il. Allait-il les dénoncer ? Sûrement pas. Il n'y avait aucun doute là-dessus : il n'y aurait même pas pensé si Anya n'avait pas évoqué le sujet elle-même. Mais maintenant qu'elle l'avait fait, la situation paraissait inversée : s'il ne le faisait pas, alors c'était comme s'il lui obéissait ; et cela même était si difficile à accepter qu'il sentait l'humiliation lui picorer les yeux comme autant d'aiguilles invisibles. Anya le touchait exactement là où il ne pouvait pas céder : son honneur. S'il avait une seule chose à prouver, c'était bien sur ce point-là. Il n'avait trouvé dans les murs de Poudlard aucun autre Ukrainien avec qui faire équipe pour montrer qu'ils étaient plus forts ou plus intelligents, ou plus téméraires : seul, il n'en menait pas large, et il n'avait aucune qualité particulière qui lui permettait de représenter sa nation avec fierté et le savait bien.

Alors son honneur, c'était tout ce qu'il restait.

 

  • - J'suis pas une balance, il gronda, la voix rauque, au bout d'un long moment. J'vais pas aller pleurer aux professeurs et j'l'aurais pas fait qu'importe ce qu't'aurais dit.

 

Pas plus qu'il n'irait à l'infirmerie. Dans la salle d'eau commune du dortoir des Gryffondor, il se rafistolerait avec les moyens du bord. Ce n'étaient que des égratignures et des bleus.

Il jeta un coup d'oeil de biais, comme pour vérifier qu'elle tenait toujours en main sa baguette - oui, Anya le dominait, et il ne s'était jamais senti aussi misérable. L'avait-elle sauvé ou était-elle venue l'enfoncer davantage, finalement ? Le torturer d'une autre manière ?

 

  • - Avoue qu't'es fière d'eux, il persifla, à peine audible.

 

Il tremblait toujours, malgré son esprit qui se calmait peu à peu. Il fallait dire que l'épisode l'avait fait abondamment transpirer, et que sa chemise humide lui collait à la peau désormais et des frissons de froid l'étreignaient.

Nouveau coup d'oeil vers Anya, vers son visage, cette fois. L'élégance dure de ses traits le gifla.

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Anya Nikitovna

17 ans Sang-Mêlé·e Russe Notoriété

Deb
Serpentard
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

Anya demeure stoïque. Dur, Sasha l'est au moins autant qu'elle. Ça ne fait aucun doute. Paradoxalement elle doute qu'il croit un seul mot de ce qu'il vient de dire. Personne n'aime imaginer le corps de gamins dans des boîtes, pleurés par leurs pères et leurs mères. Étaient-ils réellement conscients de leurs actes ? Certainement pas. Parfois, Anya se remémorait son frère, avant. Avant qu'il ne parle de devenir un soldat, qu'il ne pense plus qu'à ça. Qu'il n'ait plus qu'une idée en tête : honorer leur père. Quitte à mourir pour la nation. Avant, alors qu'il jouait encore innocemment et lui lisait parfois des histoires dans l'intimité de leur chambre commune, sur un ton bas pour ne pas que leurs parents comprennent qu'ils n'étaient pas couchés. Avant, alors qu'il parlait de bâtir une cabane dans les arbres, et de l'ensorceler pour que personne ne puisse jamais y entrer à part eux. Avant, alors qu'il rêvait encore d'être un dresseur de dragons.

 

Anya demeure stoïque, et dure, mais à l'intérieur elle se sent brisée de voir combien ce garçon ressemble à son frère, après. Un frère si dur qu'il en avait oublié toute sa tendresse et tous ses rêves, pour parler de tuer les ukrainiens tous autant qu'ils sont. Hommes, femmes, enfants. Souvent, elle se demandait s'il avait pensé à elle, à la toute fin. S'il avait regretté. S'il avait été si fier, alors, d'avoir décidé de suivre les traces de leur père et de mourir pour la nation. S'il n'aurait pas préféré partir dans l'est quand tout avait explosé, pour apprendre à dresser des dragons, et les chevaucher au-dessus de la toundra. Sans doute, là, il n'y aurait eu aucun doute à sa fierté. Avait-il conscience de ses actes, alors qu'il quittait la maison pour rejoindre le front ? Avait-il conscience de ses actes, lorsque le bras armé il avait tué encore et encore, peut-être des gamins de l'âge de Fridrik ? Avait-il ressenti de la peine lorsqu'il les avait envoyé à la mort ?

 

Parmi ces gosses, certains faisaient des terreurs nocturnes pratiquement chaque nuit. Elle le savait, car elle avait été réveillé une fois ou deux par Fridrik, qui lui avait demandé de l'aide pour insonoriser leurs baldaquins, ne pas réveiller les autres, ne pas montrer leurs faiblesses. Il y avait fort à parier que s'ils commettaient le genre d'actes qu'ils venaient de commettre, c'était par désespoir. L'intime conviction de redresser la balance. Une croyance absurde en une divinité pourtant durement absente, qui viendrait les récompenser d'être de bons soldats de la nation, eux aussi. En leur rendant leur père, ou leur mère, leur frère, ou leur sœur. Elle les trouvait infantiles. Crédules. Stupides. Elle n'en éprouvait certainement pas la moindre fierté. Elle aussi faisait des terreurs nocturnes. Parfois, elle voyait sa mère agonisant sous les décombres du ministère, qui l'avait enterré vivante. Pourtant, elle savait bien que rien ne pourrait jamais la ramener. Ni elle, ni son père, ni Pavel.

- Fière ? Elle crache dans l'air avec un rictus, après de longues secondes de silence à juste le jauger. Fière de voir une bande de gamins s'en prendre à un type qui pourrait les massacrer sans la moindre peine juste parce qu'ils sont persuadés qu'en étant des bons soldats on va finir par leur rendre tout ce qu'ils ont perdus ?

Doit-elle vraiment répondre ? Pour qui la prend-t-il au juste ?

- Non. Je n'éprouve aucune fierté, Shevchen. Pas plus que de pitié.

 

De l'amertume. Voilà tout ce qu'Anya ressentait. Un monde amer n'avait plus la moindre saveur. Un monde amer la dépouillait de tout ce qu'elle aurait pu ressentir d'autre. Ce n'était plus dur de se remémorer que sa famille entière était morte. Ce n'était plus dur de se remémorer qu'elle ne pourrait pas les rejoindre, car on avait choisi de les protéger, de les expatrier. La seule chose qui était dure à présent, c'était de se remémorer avant. Avant l'amertume. Avant, quand il n'y avait pas de guerre, et qu'elle avait encore espoir de vivre, plutôt que d'avancer dans cette amertume qui devenait peu à peu son cercueil. Stoïque encore, blanche comme la craie, la silhouette maigre et les mèches étrangement ternes, elle abaisse sa baguette. Il ne va pas parler. C'est tout ce qui compte, sûrement. Mais alors qu'elle s'apprête à partir d'un claquement de bottine militaire, elle se fige, inspire, et décide.

D'un mouvement instinctif, pratiquement involontaire.

Une lumière vive éclate au bout de sa baguette, trop brutale, mal calibrée. Sasha étouffe un grognement de douleur alors que le sort, mal lancé, ravive brièvement l’une de ses blessures. Anya fait un pas en arrière, figée. Il va croire qu'elle l'a fait exprès. Sans doute devrait-il. Ce serait préférable à la honte, la colère, l’humiliation d'avoir voulu aider, d'avoir fait pire. Sa main tremble. Elle tourne les talons sans se retourner. Dans ses mèches, une nuance de gris sale s’installe, comme si elle absorbait l’échec jusqu’au bout des fibres.

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Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

Anya Nikitovna a lancé un sortilège !

Sortilège utilisé : Curo As Velnus (Sortilège Antalgique)

Score à atteindre : 14

Résultat du dé : 1

Échec critique :

Une lumière vive éclate au bout de sa baguette, trop brutale, mal calibrée. Sasha étouffe un grognement de douleur alors que le sort, mal lancé, ravive brièvement l’une de ses blessures. Anya fait un pas en arrière, figée. Il va croire qu'elle l'a fait exprès. Sans doute devrait-il. Ce serait préférable à la honte, la colère, l’humiliation d'avoir voulu aider, d'avoir fait pire. Sa main tremble. Elle tourne les talons sans se retourner. Dans ses mèches, une nuance de gris sale s’installe, comme si elle absorbait l’échec jusqu’au bout des fibres.

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Sasha Shevchen

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Sasha fronçait les sourcils et pinçait les lèvres, comme pour sceller, s'empêcher de rétorquer par de nouvelles sottises qu'il regretterait. La vérité était qu'il ne savait pas très bien si, en évoquant ces gamins persuadés qu'en étant de bons soldats on leur rendrait ce qu'ils ont perdu, Anya parlait des petits Serpentards qui l'avaient torturés ou si elle parlait de lui.

 

Il n'était pas comme ça, se répétait-il en son for intérieur. La preuve, c'était que lui n'avait attaqué personne. Il aurait clairement pu s'en prendre à eux depuis le début de l'année : sous sa forme animale, si la Direction ne connaissait pas ses aptitudes comme il le soupçonnait, il aurait pu les faucher un à un, et on aurait jamais su. Oh, on l'aurait soupçonné, lui, le seul Ukrainien. Mais il n'aurait laissé aucune preuve derrière lui, il aurait effacé ses traces, on n'aurait peut-être même pas retrouvé leurs corps s'il s'était bien débrouillé. Seules ses absences dans le dortoir seraient certes suspectes. Mais encore maintenant, il pouvait le faire.

 

Mais il ne l'avait pas fait, et ne le ferait pas. Il savait qu'on ne lui rendrait jamais ce qu'il avait perdu. En revanche, il s'efforçait vraiment de les haïr de toutes ses forces, pour être ce bon soldat. C'était ce qu'on lui avait appris, après tout ; et s'il ne pouvait plus se raccrocher à cela pour savoir quoi penser, alors à quoi ?

 

Sasha porta ses mains à son visage pour les presser, comme si ce geste pouvait supprimer toutes ces pensées. Anya était Serpentard. Elle jouait avec sa tête, et sa tête à lui était pas vraiment son point fort. Il ne fallait pas qu'il écoutât. Mais les mots s'imprimaient malgré lui dans ses oreilles.

Elle n'était pas fière, elle n'avait pas pitié. Elle ne devait simplement avoir aucune émotion, tout simplement. Ce devait être ça.

 

Il voulait juste attendre qu'elle s'en allât, alors il gardait les mains sur son visage, les yeux dissimulés. Ils n'avaient plus rien à se dire et ils le savaient.

 

 

La décharge le prit par surprise : d'une impulsion brève dans les côtes, un sortilège éveilla ses douleurs et il émit malgré lui un couinement. Le temps de relever la tête, et Anya partait déjà après lui avoir infligé cette dernière humiliation.

 

Il regarda encore longuement la porte après qu'elle fut partie, les genoux serrés entre ses bras. Il ne trouvait pas l'énergie de s'en aller malgré le froid qui le faisait grelotter.

 

Il se demandait si elle avait pris plaisir à ce dernier acte, malgré ce qu'elle avait dit. Si elle avait voulu elle aussi assouvir une forme de vengeance brève, ou bien si c'était seulement pour le mettre en garde de ce qu'elle pouvait le faire. Il essayait de lui en vouloir, mais il ne parvenait pas à trouver en lui la haine nécessaire pour cela, comme s'il n'en avait plus à disposition.

Peut-être était-ce à cause de ce doute lancinant qui l'abattait plus que ses blessures : est-ce qu'il n'avait pas mérité ce dernier sortilège, au fond ?

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