Il hausse un sourcil, Gus, pas vraiment convaincu par le discours d'Alison au sujet des princesses et des filles à papa. Lui faisait juste référence au fait qu'elle avait l'air de donner de kiffer donner des ordres et à rien d'autre. L'seul truc qui lui sort est de l'ordre du han han, si tu l'dis. N'empêche. Il a géré. L'admission, doublée, est loin d'être passé inaperçu. Même qu'il bombe un peu l'torse, fait le fier, lui balance son meilleur clin d'œil histoire de bien en rajouter. Apaiser la tension qui continue de lui tendre certaines parties de son corps aussi, accessoirement. L'est un peu triste de la voir se rhabiller. Ses yeux trainent un peu avant qu'il se mette à s'activer à son tour. Il enfile son caleçon d'un seul mouvement. Puis son jean, et enfin il retire le peignoir pour foutre sa chemise qu'il prend la peine de fermer.
- C'est pas l'fait qu'on soit un 14 février qu'a rendu la soirée spéciale, Ali, il peut pas s'empêcher de rétorquer.
Un demi-aveu, finalement. Ferguson lui donnera pas raison. Mais il risque pas d'oublier ça. Jamais. Un dernier bouton est refermé. Le col, relevé, baille un peu. Il se fige un peu à la dernière réplique de la sorcière, mais reprend ses mouvements dans la seconde suivante. Vérifie la présence de sa baguette à sa poche. Délaisse le peignoir sur le sol à défaut d'imaginer pouvoir se balader avec dans les couloirs en toute impunité. Récupère la bouteille de pur-feu avant de la mater de la tête aux pieds.
- J'vais pas arrêter d'te siffler, il annonce avec insolence. Les gens s'poseraient des questions. C'est dit sur le ton de la déconnade. Ça cache un fond d'vérité qu'il préfèrerait pas entendre. J'suis quand même refait qu'tu m'oublies pas pendant au moins une semaine. Il place une main sur son cœur, théâtral, avant d'ajouter : t'inquiète que j'oublierai rien non plus. Clin d'œil.
Une goulée de pur-feu avant de refiler la bouteille à la sorcière, puis Ferguson récupère sa veste, l'enfile, et entrouvre la porte.
- Ok y a personne. Il fait un signe à Alison, s'avance dans l'obscurité en lui chopant la main presque par réflexe. Les tableaux semblent les guetter, de part et d'autre du mur, mais le reste du château semble plongé dans un silence profond - en dehors du grincement répété de quelques armures qui font leur ronde en salle des trophées. Cht, il impose en l'emportant dans la première volée d'escaliers. À plusieurs reprises, les deux étudiants doivent s'arrêter dans de sombres alcôves pour vérifier que personne ne s'apprête à les surprendre. Les bouteilles teintent dans la poche de cape d'Alison, mais aucun d'eux ne pensent à dissimuler le bruit d'un sortilège. Plusieurs minutes suffisent à les voir gagner le hall, désert, et ses centaines de tableaux.
Certains ne tarderont pas à prévenir des membres du personnel de la présence d'élèves en dehors des dortoirs après le couvre-feu.
Au pied des escaliers, Fergus hésite. Sa main a lâché celle d'Alison. Chacun doit regagner sa salle commune. Ils se fixent un peu bêtement, comme s'ils réalisaient seulement la soirée qu'ils viennent de vivre tous les deux. Retour au point de départ. Le regard perd de son insolence. Gus s'humecte la lèvre. Alison, face à lui, a encore les pommettes un peu rouges, les yeux brillants. Il doit pas être beaucoup mieux. Il ouvre la bouche pour prononcer quelques mots que son cerveau a même pas encore articulé. Un bête hum... lui sort. Il a pas l'temps d'élaborer que des pas se font entendre, quelque part au-dessus d'eux. Des pas qui s'approchent rapidement. Un bref échange de regards paniqués, leurs deux silhouettes figées comme des lapins pris dans les phares d'une voiture.
- Cours, il chuchote en la poussant vers les escaliers des sous-sols.
Fergus se détourne pour prendre la direction de sa propre salle commune, le pas rapide, l'estomac un peu vrillé par une sensation qu'il saurait pas vraiment définir, un sourire branleur étalé sur la gueule.