Harry Potter RPG

Liste des messages de Sasha Shevchen

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Une année charnière

Message publié le 25/11/2025 à 13:09

Septembre en Ecosse : un ticket pour la pluie et le brouillard. En particulier à la tombée de la nuit, au coeur de laquelle le château resplendissait malgré tout comme un phare pour qui pouvait le voir, avec ses grandes fenêtres illuminées et ses tours qui éventraient les nuages. Pourtant, Sasha n'avait guère le coeur de s'attarder à contempler le spectacle même si la pluie le dérangeait rarement. La mine sombre, il grimpa les escaliers quatre à quatre, le souffle court, tirant dans sa main la petite surprise qu'il avait la responsabilité de faire à Poudlard. Il la serrait fort pour éviter qu'elle ne lui échappât, et repoussa l'une des lourdes portes de l'entrée.

 

- Ooooh ! Vous êtes en RETARD monsieur SHEVCHEN ! SHEVCHEN VA ÊTRE PUNIIII ! claironna Peeves qui se mit à le talonner dans le couloir d'entrée avec sa voix nasillarde. Le banquet est sur le point de commencer ! Si ça tombe il va être viré Shevchen ! Et c'est ainsi que ton année s'achève-Shevchen !

- La cérémonie a déjà eu lieu ? aboya Sasha sans lui accorder un regard, toujours au pas de course - ses cheveux trempés lui collaient sur le front et ses joues luisaient à la lueur des torches du hall d'entrée.

- E-VI-DEM-MENT. C'est FICHU pour le bout de CHOU, SHEVCHOU !

 

Sasha grogna, et se précipita sur les portes de la Grande Salle, craignant un instant qu'elles ne fussent verrouillées.

 

Mais non. Elles n'opposèrent aucune résistance. Un son feutré et doux accompagna leur pivotement qui fut aussitôt englouti par le brouhaha des conversations : le banquet avait carrément commencé.

 

- лайно, jura-t-il à voix basse. (Merde.)

 

Il fit un pas en arrière et referma la porte, avant de lever sa baguette.

 

- Consectetuer Dryer, prononça-t-il.

 

Enfin, il rouvrit la porte, et cette fois-ci, osa faire plusieurs pas dans la Grande Salle, sa main serrant toujours...

 

 

... celle d'une petite fille qui lui arrivait à peine au niveau du coude. Elle était frêle, les cheveux châtains, et tenait la main de Sasha avec tous ses doigts disponibles, comme s'il s'était agi d'une corde et qu'elle était en train de se noyer en mer. Heureusement, le sortilège de Sasha avait permis de sécher sa robe de sorcière un peu abîmée, mais ses cheveux dégoulinaient encore un peu. Ses yeux écarquillés balayèrent la Grande Salle avec effroi.

 

 

- Сашо, всі на нас дивляться ! couina-t-elle. (Sasha, tout le monde nous regarde !)

- Але ні. (Mais non.)

 

Il s'efforçait d'imaginer que personne n'aller les remarquer. La vérité était entre les deux : beaucoup d'élèves étaient plongés dans des conversations animées provoquées par l'annonce du Tournoi et l'absence du directeur, que Sasha ignorait encore. Mais quelques élèves les avaient remarqués et les jaugeaient du regard. Certains étaient moqueurs, mais Sasha s'évertua à ne regarder personne sinon la table des professeurs : là, le personnel de Poudlard, lui, avait clairement remarqué son intrusion tardive.

 

- Давай, souffla-t-il, et ils se mirent à longer le mur latéral, non loin de la table des Gryffondor. (Viens.)

 

Parmi ces derniers, un garçon à la tignasse noire donna un coup de coude à son voisin, un grand dadet roux déjà majeur mais dont l'expression laissait deviner un QI plus proche d'une année antérieure. (Parfois, la tête ne suit pas le corps, ce n'est pas Nick-Quasi-Sans-Tête qui vous dirait le contraire.)

 

- Hé, regarde, c'est Shevchen. Il était pas censé être parti pour toujours celui-là ?

- Ben visiblement non. C'est qui cette gamine ? 

- Y'a un air de famille. Il s'est p't-être reproduit entre temps.

- Sérieux ? Tu crois que c'est sa fille ?

 

Le brun jeta un coup d'oeil au roux avant d'émettre un son moqueur.

 

- Tom, si le cerveau était en or, tu serais encore plus pauvre que mon elfe de maison.

 

En quelques secondes à peine, Sasha avait remonté la Grande Salle en longeant le mur, le coeur battant. A mesure qu'il avançait, il s'était rendu compte que le siège du directeur était vide, et cela ne présageait rien de bon. Mais il était trop tard pour renoncer.

Lorsqu'ils furent à quelques pas de la table des professeurs, il s'immobilisa.

 

- Нічого не кажи, intima-t-il à la petite fille, qui ne pouvait s'empêcher de fixer du regard les grandes tables, puis les bougies qui flottaient au-dessus, puis le ciel étoilé de la Grande Salle, puis les plats qui fumaient sur les tables, éberluée. Дайте мені говорити, і відповідайте лише тоді, коли вам ставитимуть запитання безпосередньо. Гаразд? Англійською. Якщо ви не розумієте, я перекладу. Гаразд ? (Ne dis rien. Laisse-moi parler, et réponds seulement si on te pose directement des questions. D'accord ? En anglais. Si tu comprends pas je traduirai. Compris ?)

 

Sasha secoua doucement la main minuscule qu'il serrait dans sa grosse paume marquée de cicatrices noires. La petite fille l'avait lâché d'une main, et en profitait pour triturer un petit bracelet serré autour de son poignet toujours prisonnier.

 

- OK ?!

- Ok, couina la petite fille.

 

Ils attendirent patiemment qu'à la table des professeurs, quelqu'un se levât, n'osant aller les déranger. Comme le Directeur était absent, c'était au Directeur Adjoint, certainement, qu'il devait parler.

 

Pendant leur voyage, Sasha avait pensé à tous les arguments qui lui permettraient de convaincre celui qui jugerait de sa situation : la guerre dans son pays, le long voyage qu'ils avaient entrepris, l'éloignement de ses proches, le fait qu'elle était brillante à l'école et ne poserait pas de problème, le fait qu'il n'était plus possible d'accéder à une école de magie en ce moment dans sa région, les sacrifices de ses parents pour qu'ils arrivassent tous deux à destination. Il avait même préparé un discours qui évoquait la citation célèbre d'un ancien directeur de l'école, comme quoi Poudlard accueillerait toujours ceux qui en avaient besoin, afin d'être le plus convaincant possible.

 

Alors, armé de tous ces arguments, quand il se trouva en face de monsieur Pope, Sasha dit :

 

- C'est ma soeur.

 

Tous ses arguments s'étaient enfuis comme des lapins à l'approche d'un centaure.

 

- Faut qu'vous la preniez à Poudlard. S'il vous plaît.

Sasha Shevchen a lancé un sortilège en utilisant sa baguette : Zorepys !

Sortilège
Enchantement Séchant
Difficulté
4
Résultat D20
18
Interprétation
Réussite
XP gagnée
3

... celle d'une petite fille qui lui arrivait à peine au niveau du coude. Elle était frêle, les cheveux châtains, et tenait la main de Sasha avec tous ses doigts disponibles, comme s'il s'était agi d'une corde et qu'elle était en train de se noyer en mer. Heureusement, le sortilège de Sasha avait permis de sécher sa robe de sorcière un peu abîmée, mais ses cheveux dégoulinaient encore un peu. Ses yeux écarquillés balayèrent la Grande Salle avec effroi.

Autres résultats possibles

... celle d'une petite fille qui lui arrivait à peine au niveau du coude. Elle était frêle, les cheveux châtains, et tenait la main de Sasha avec tous ses doigts disponibles, comme s'il s'était agi d'une corde et qu'elle était en train de se noyer en mer. Pourtant, à l'inverse de Sasha, elle était parfaitement sèche. Elle portait une robe de sorcière abîmée mais impeccablement propre et repassée. Ses yeux écarquillés balayèrent la Grande Salle avec effroi.

... celle d'une petite fille qui lui arrivait à peine au niveau du coude. Elle était frêle, les cheveux châtains, et tenait la main de Sasha avec tous ses doigts disponibles, comme s'il s'était agi d'une corde et qu'elle était en train de se noyer en mer. L'effet était d'autant plus évident que sa vieille robe de sorcière abîmée était complètement détrempée. Ses yeux écarquillés balayèrent la Grande Salle avec effroi, semblant peu se préoccuper du fait que la tentative de séchage de Sasha avait échoué.

... celle d'une petite fille qui lui arrivait à peine au niveau du coude. Elle était frêle, les cheveux châtains, et tenait la main de Sasha avec tous ses doigts disponibles, comme s'il s'était agi d'une corde et qu'elle était en train de se noyer en mer. L'effet était d'autant plus évident que le sortilège de Sasha, en plus de ne pas avoir marché, lui avait collé tous ses vêtements trempés contre la peau, y compris sa robe de sorcière usée qui moulait, luisant, son petit corps d'enfant. Ses yeux écarquillés balayèrent la Grande Salle avec effroi : en plus de découvrir cet environnement effrayant, elle se retrouvait avec l'allure de quelqu'un qui sortait d'une piscine.


Bouquet de Nerfs et Pelote de Bruyère

Message publié le 25/11/2025 à 10:56

Sasha haussa les épaules, un petit sourire se dessinant sur ses lèvres. Voilà, le pire était passé.

 

- J'sais pas. J'l'ai pas achetée deux mornilles, alors j'espère bien quand même !

 

Après avoir hésité avec un steack de chupacabra, Sasha commanda une pizza à la Mozzarella Stridente - Charlie n'aurait pas apprécié qu'il mange un morceau de créature magique - ainsi qu'une coupe de feu incandescente à partager. Les antipasti qu'on leur avaient apporté diffusaient une odeur succulente, et Sacha ne pouvait s'empêcher de piocher dedans. Il y avait un petit plateau d'Olives Farfelues, et de petits piques permettaient de les embrocher pour les manger, mais les olives ne cessaient de bondir dès qu'on approchait la main, ce qui rendait la tâche difficile. Il s'acharna quelques instants, songeant qu'avec l'agilité de ses griffes il les auraient toutes eues immédiatement.

 

- Ah bon ? prononça-t-il, hébété. Ah bon. Et c'est quoi ?

 

Sasha avait relevé le nez de son assiette, abandonnant la chasse aux olives quelques secondes. Une coupe énorme venait aussi d'arriver par lévitation : c'était une sorte de vin pétillant italien, à la robe rouge, dont la surface semblait brûler et chauffer comme la surface d'un volcan.

Evidemment, Alison jouait les mystérieuses. Il l'observa - elle touchait peu aux antipasti, rajustait son petit haut rose et Sasha détourna de nouveau le regard. La table et les chaises en lévitation lui donnaient une drôle d'impression de flotter sur une mer calme.

 

- T'attends de voir si je vais te foutre la honte en ayant le mal de lévitation ? plaisanta-t-il.

 

En vrai, il n'était pas sûr d'apprécier fort longtemps cette sensation d'apesanteur.

 

Lorsque leurs plats arrivèrent, apportés sur un plateau par un enchantement magique, l'estomac de Sasha se mit à gronder, mais il s'efforça de ne pas se jeter sur sa pizza et de bien utiliser les couverts. A chaque fois qu'il en coupait un morceau, le fromage poussait un soupir aigu de satisfaction en se distandant, étouffé subitement quand Sasha l'engloutissait. Lentement. Est-ce qu'Alison pouvait savoir le genre d'efforts que ça lui demandait d'avoir l'air civilisé ?!

 

A côté d'eux, les tables s'étaient remplies, et il se demanda combien de couples ou de familles l'avaient reconnue et les épiaient, mais tous ssmblaient pourtant se comporter de façon extraordinairement normale lorsqu'il les épiait. Un peu plus tôt, lors de leur promenade entre les stands, une femme d'une trentaine d'années avait demandé, moqueuse, s'ils étaient en couple. Sasha avait profité d'une annonce au stand voisin pour s'éclipser. Il poussa un soupir, et une olive vint le narguer en effectuant un plongeon dans la sauce tomate de sa pizza, provocatrice. Elle fut embrochée sauvagement d'un coup de fourchette, pour sa peine. Sasha releva les yeux, guetta les expressions d'Alison.

Elle s'était maquillée. Avec légèreté, une certaine délicatesse. Sa beauté est toute différente de celle de Freya, et pourtant on y retrouvait des douceurs similaires ; les couleurs chaudes de l'automne, les formes généreuses des lèvres, et un contour du visage fin. Alors que lui sentait la crotte de veaudelune. Bon, il avait eu son dîner, il se considérait plutôt chanceux.

 

- J'pense pas que je vais oublier super vite cette année en Ecosse, dit-il pour reprendre le fil de la conversation. J'ai pas tout aimé, mais le château est quand même exceptionnel.

 

Y compris la forêt interdite - terrain de jeu et d'entraînement à qui il devait de ne pas avoir complètement perdu la tête.

 

- J'suis content d'avoir vu autre chose que mon pays, même si j'étais dégoûté d'être arrivé ici au début de l'année. Maintenant qu'il faut repartir...

 

Il s'interrompit, fit un sort au tout dernier morceau de sa pizza. Est-ce qu'il était content ou non de partir ? Il n'arrivait pas à le dire.

 

- Y'a plein d'odeurs qui vont me manquer, il dit subitement, comme un cri du coeur.

 

Ses couverts - chaque goutte de sauce en avait disparu grâce à un discret léchage efficace - retrouvèrent leur place à côté de l'assiette immaculée.

 

- Tu finis pas ta mousse ?

 

Ok, il y avait peut-être un brin d'espoir dans cette question.


Templum Maledictum

Message publié le 21/11/2025 à 13:57

Sasha était resté les yeux ronds comme des billes quelques instants. Apprendre des langues, un hobby ? Beckett n'était pas Serdaigle pour rien. Lui-même n'avait appris l'anglais que parce qu'il y avait été obligé pour pouvoir se débrouiller.

Il acquiesça ensuite vigoureusement, subitement.

 

  • - Я повністю згоден. Ну, я не краду. Але.... (Complètement d'accord. Enfin je vole pas. Mais...)

 

Sasha se tut brusquement et ses joues rougirent.

 

  • - Ну, я не знаю, як воно виглядає, але виглядає набагато... природніше, от і все. (Je veux dire, je peux pas savoir ce que ça fait, hein, mais ça a l'air vachement plus... Plus naturel, voilà.)

 

Il enfonça ses mains dans ses poches comme s'il ne savait pas où les mettre. Comme si elles étaient recouvertes de poils de panthère et auraient pu le trahir. Il passa d'un pied sur l'autre, détournant un instant le regard vers les autres élèves qui, par petits groupes, s'adonnaient à des activités auxquelles il ne participait pas : un club de lecture ici, des séances d'entraide à l'étude des runes là, ou encore un groupe de poésie magique où des élèves harmonisaient les mots avec des sortilèges pour que les poèmes soient déclamés avec des effets sonores ou visuels. A Poudlard, tout était fait pour que l'on pût affûter son goût pour le savoir et la culture ou bien, tout simplement, profiter un maximum d'une expérience académique qui produiraient autant de bons souvenirs pour leur vie d'adulte. Mais Sasha les avait toujours regardé de loin sans se mêler. Il lui était facile de dire qu'il n'était pas très bien accepté ici, mais il savait parfaitement bien que le problème venait aussi de ce retrait qu'il opérait lui-même.

Sasha haussa les épaules, son regard revenant au visage bienveillant de Beckett.

 

  • - Я просто подихаю свіжим повітрям, от і все, bougonna-t-il. (Je prends l'air, c'est tout.)

  •  

C'était surtout que ça lui évitait de trop penser, en particulier quand la nuit venait. C'est plus rapide que s'endormir.

Du bout du pied, il joua à suivre la rainure du parquet sur quelques centimètres, comme faisant rouler sous sa semelle de la poussière invisible - mais la bibliothèque était parfaitement entretenue et il avait l'impression d'y être la chose la moins délicate en ces lieux - y compris le vieux parquet ciré.

 

  • - Я пройшов аж до Гоґсміду, ajouta-t-il au bout d'un moment. Це гарненько. Чи добре шанують анімагів у Шотландії ? (J'ai été jusqu'à Pré-au-Lard. C'est joli. Est-ce que les animagus sont bien vus en Ecosse ?)

 

La question semblait jaillie de nulle part. Avec sa culture étendue, Beckett ne pouvait ignorer qu'il y avait des lieux où on les considérait comme des anomalies affreuses, et d'autres où on les craignait comme des êtres supérieurs. Sasha n'avait osé s'enquérir de ce qu'en pensaient les anglais.

 

  • - Там, звідки я родом, люди їх бояться. Це через старі казки про вовка, який їсть червоні шапочки, та маленьких дівчаток, схожих на них, якщо ви розумієте, про що я. (Chez moi, les gens en ont peur. Rapport à des vieux contes du loup qui mange les chaporouges et les petites filles qui leur ressemblent, si vous voyez ce que je veux dire.)


Bouquet de Nerfs et Pelote de Bruyère

Message publié le 07/11/2025 à 19:45

Sasha avait subitement tourné la tête vers Alison, de la surprise dans le regard. Diriger des hommes ?

 

Un instant, il l'imagina vêtue d'une robe noire solennelle de sorcière haut gradée, avec des insignes épinglées à sa poitrine et un sceptre symbolique en guise de baguette, le regard farouche et les cheveux soufflés par un violent orage sur une colline lointaine où s'amassaient les soldats. Ses jambes restaient nues et reposaient de part et d'autre d'un hippogriffe majestueux.

Pour sûr qu'il l'aurait suivie, et pas que lui. Mais l'instant suivant il réalisait qu'elle n'avait probablement pas du tout la même idée en tête. L'image se mit à se dissoudre dans son esprit et il ne tenta pas de la maintenir.

De toute façon, la légère pression qu'il sentit sur son bras lui fit détourner la tête et il se concentra sur leur entrée dans le village, éludant la question sur son propre avenir.

 

  • - J'verrai bien, se contenta-t-il de dire d'une voix absente. Probablement un truc physique et dehors, si possible.

 

Avant même qu'ils pussent voir les musiciens dont on entendait les cornemuses, des odeurs sucrées leur parvinrent - miel, bièraubeurre et barbe à papa se mêlaient dans une atmosphère réchauffée par les derniers rayons du soleil. Et soudain apparut la foule - bien modeste en comparaison d'une foule parisienne ou londonienne. Des groupes de sorciers trinquaient à des comptoirs, d'autres se regroupaient près de stands de jeux, des enfants se couraient après, manquant de renverser un serveur avec son plateau surchargé de crabes pyroclastiques encore frémissants. Les devantures des quelques magasins, plus modestes qu'à Pré-au-Lard, rivalisaient toutefois de vitrines aux décorations loufoques. Les teintes de bleu et de blanc, couleurs du drapeau écossais, se déclinaient en petites banderoles, en jets lumineux, en paillettes animées qui tombaient comme des rideaux éternels à intervalles réguliers dans la rue. Les paillettes se déposaient sur les épaules et les cheveux des passants, et Sasha se retrouva bientôt parsemé d'autant de tâches de rousseur qu'Alison - à l'exception de ces couleurs différentes qui lui donnaient soudain l'allure d'un garçon grimé pour un match de Quidditch.

 

  • - T'en as plein les cheveux, sourit-il quand ils s'approchèrent du premier stand.

 

La visite du coeur du village fut brève, et pour cause : même si les habitants avaient mis les plats dans les grands, le village restait minuscule et on en avait vite traversé le centre. Sasha commanda des bièraubeurres pour eux deux, renonça à tenter de gagner une fouine en peluche au stand de pêche aux niffleurs enchantés - à cause de la concurrence âgée d'en moyenne six ans et demie qui avait trop de difficultés à attraper les fausses créatures avec leurs baguettes aimantées, à qui Sasha ne voulait donc bravement pas voler la vedette.

Mais surtout, tous les commerçants, car c'étaient surtout eux qui animaient la rue, sans exception, semblaient connaître Alison. A bien y réfléchir, OCQ devait être un modèle de réussite pour les boutiques de Little Hexley, et Sasha ne put qu'être le témoin de conversations redondantes - comment vont tes soeurs ? La saison a été bonne chez OCQ malgré l'annulation de la coupe du monde ? Mais qu'est-ce que tu as grandi !

 

Si bien que Sasha accéléra l'allure, un peu bougon d'avoir l'impression qu'à Little Hexley, tout le monde connaissait mieux Alison que lui.

 

Au bout d'une impasse, ils parvinrent enfin au restaurant. Devant une vieille bâtisse en pierre grise, des tables couvertes de nappes rouges et blanches, recouvertes de pétales de roses (bleues et blanches, pour rappeler le thème) attendaient les premiers visiteurs de la soirée. Sasha avait réservé et on les invita à s'installer sur l'une de ces petites tables. Dès qu'ils furent assis, une drôle de sensation les bouscula : la table et les chaises s'envolèrent subitement, les emmenant plusieurs mètres au-dessus du sol.

 

Veuillez utiliser votre baguette pour appeler le service, disait un petit écriteau doré aux lettres défilantes au début de la carte des plats. Merci de ne pas tenter de descendre de votre chaise. Les enfants de moins de douze ans doivent être maintenus avec un sortilège de fixation.

 

La vue était exceptionnelle. En plus de voir les rues du village d'en haut, où les formes des toits d'ardoise s'entrechoquaient comme sur une toile de Picasso, on se retrouvait flottant au-dessus d'un océan de végétation écossaise. Poudlard n'était pas visible en raison des sortilèges qui dérobaient le château à la vue des regards, mais on reconnaissait l'épaisse forêt interdite et même Pré-au-Lard d'où convergeaient bien des chemins pour s'enfoncer vers la campagne. Pour Sasha, qui n'avait guère beaucoup volé en balai dans la Région, le spectacle était si beau qu'il l'apaisait.

 

  • - Regarde, là-bas, c'est la falaise qui cache la ferme d'Alasdair, commenta-t-il, comme attiré par ce lieu qui lui avait offert un refuge temporaire.

 

Ses yeux revinrent à Alison, guettant les réactions de la jeune femme.

 

  • - J'ai pas pensé qu'tu connaitrais tout l'monde, en fait, bredouilla-t-il.

 

Penser n'avait pas toujours été son fort de toute façon. Il rougit et baissa la tête pour mieux fouiller ses poches. Il en sortit un petit coffret en verre qu'il déposa sur la table entre eux.

 

  • - Hum. C'est un petit cadeau, erh, avant de partir ?

 

L'intonation n'allait pas du tout. Sasha déglutit. Il s'essuya les mains - pourtant sèches - sur son pantalon.

 

  • - En fait voilà, tu vois, c'est pour dire, heu...

 

Catastrophe. Mais il ne la reverrait jamais, n'est-ce pas ? Que perdait-il ?

 

  • - Y'a des gens qui disent que t'es pas très généreuse, comme fille - pas moi hein, je veux dire, pas grand monde non plus, mais bon heu...

 

Bravo, de pire en pire.

 

  • - BREF. Je trouve que les gens te connaissent pas bien parce que personne avait l'intention de faire équipe avec moi quand je suis arrivé à Poudlard à part toi. T'as plus de coeur que tu veux bien le faire croire. Enfin j'crois. Et donc ce cadeau c'est pour te remercier, et pour dire : même si je pars, je me rappellerai toujours de ça.

 

De ça plutôt que des autres choses plus orageuses qui les avaient unis cette année scolaire.

 

  • - Et si un jour on se recroisait dans un monde où tu es seule, je te rendrai la pareille comme si j'étais jamais parti. C'est pour la preuve que c'est une vraie promesse.

 

Il poussa le petit coffret vers Alison pour qu'elle put voir ce qu'il y avait à l'intérieur.

Une fleur, au coeur jaune et aux pétales bleues, semblait se mouvoir avec lenteur, comme si elle flottait dans un écrin d'eau. Sasha sourit.

 

  • - C'est une fleur éternelle. Elle se fânera seulement le jour où je t'aurai oubliée. Ce sera la preuve.

 

Sasha se pencha pour revoir la fleur.

 

  • - J'ai choisi un myosotis. Enfin, je crois que vous les écossais, vous appelez ça un forget-me-not.

 

Ca tombait bien. 

 

Sasha s'absorba dans la contemplation de la carte. Les mots dansaient sous ses yeux sans qu'il ne parvînt à enregistrer ce qui était écrit.


Bouquet de Nerfs et Pelote de Bruyère

Message publié le 01/09/2025 à 13:57

Sasha avait réprimé l'envie d'humer l'odeur de ses propres mains.

 

  • - Ah. Les veaudelunes sentent fort, bredouilla-t-il en guise d'explication, même s'il trouvait qu'il s'était bien lavé - même les cheveux ! - avant de venir chercher Alison, mais il reprit avec enthousiasme. En plus, à l'approche de la pleine lune comme ça, y'a plusieurs femelles qui vont mettre bas, alors avec Alas' on doit les aider un peu à regagner leurs terriers parfois, tellement elles sont grosses leur ventre touche par terre.

 

Il passa sous silence qu'il avait l'intention de se lever tôt le lendemain parce que l'une d'entre elles, sûrement, accoucherait enfin. Il était excité malgré lui. Un vague espoir qu'il ne serait pas disponible parce qu'affairé à s'occuper d'un autre genre de femelle lui traversa l'esprit mais il le chassa aussitôt - il ne fallait pas rêver.

 

Sasha jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule le temps de capter les yeux railleurs d'Alison.

 

  • - Err... Nan, on va vraiment à Little Hexley, annonça-t-il, avant de se remettre en chemin.

 

Il haussa les épaules, accorda un coup d'oeil suspicieux au corbeau qui frôlait les branches au-dessus d'eux. Il ne voyait pas vraiment le problème de devenir vendeuse à OCQ, de son côté, mais il ne commenta pas. A la place il accéléra subtilement l'allure.

 

  • - Nan. J'étais pas à l'école pour les BUSES, dit-il avec peut-être un ton un peu plus sec qu'il ne l'aurait souhaité. C'est justement pour ça que j'ai dû suivre des cours de cinquième cette année. Toi tu voudrais devenir quoi alors ?

 

Little Hexley avait disparu dans les feuillages quelques minutes plus tôt, mais à mesure qu'ils progressaient, on voyait réapparaître certaines grosses bâtisses, ainsi qu'un clocher qui pointait vers le ciel saturé d'une jolie lumière orange. Le corbeau qui les avait survolés filait résolument dans cette direction. Une rumeur de conversations légères et de tintements s'entendait au loin, et quand le chemin déboucha sur une route un peu plus large, ils passèrent sous une banderoles animées de fanions qui, en s'agitant à leur passage, firent pleuvoir des paillettes lumineuses dans leurs cheveux et sur leurs épaules.

 

  • - C'est la fête du village, expliqua Sasha, qui n'était pas peu fier d'avoir réussi à combiner la sortie avec un évènement local, ce qui lui offrirait certainement de petites opportunités pour rendre la soirée moins monotone. Avant d'aller au restau, on pourra sûrement tester des jeux et prendre à boire, qu'est-ce que t'en dis ?

 

On entendait déjà les cornemuses qui fanfaronnaient un air enjoué.


La bataille de fin d'année [Cours DCFM]

Message publié le 22/08/2025 à 21:46

Déçu par son échec, Sasha assista avec dépit à l'attaque de Liam sur Alison, qu'il avait failli à protéger. Il jura à voix haute, dans sa langue - ce qu'aurait certainement désapprouvé la professeure si elle l'avait entendu, mais Sasha s'en fichait pas mal.

 

- Alison ! Ca va ?!

 

Pas le temps d'attendre véritablement la réponse. A peine Liam passa-t-il à son côté qu'il resserra sa prise sur sa baguette pour entonner :

 

  • - Impedimenta !

 

Le sortilège jaillit de la baguette de Sasha - cette fois, c'était une réussite : Liam fut touché dans le dos, et aussitôt il dût ralentir fortement l'allure, entravé par la magie. 

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Maléfice d’Entrave
Difficulté
5
Résultat D20
19
Interprétation
Réussite
XP gagnée
3

Le sortilège jaillit de la baguette de Sasha - cette fois, c'était une réussite : Liam fut touché dans le dos, et aussitôt il dût ralentir fortement l'allure, entravé par la magie. 

Autres résultats possibles

Le sortilège jaillit de la baguette de Sasha - cette fois, une véritable réussite : l'entrave fut si violente que Liam fut parfaitement immobilisé. Si près du but... Sasha grimaça un sourire de satisfaction à l'encontre du Serpentard.

Le sortilège jaillit de la baguette de Sasha mais une fois encore, il visa pauvrement et le jet lumineux passa au-dessus de l'épaule de Liam sans le toucher. Le Gryffondor eut un râle de frustration.

Le sortilège jaillit de la baguette de Sasha, manqua sa cible pour atterrir sur une caisse métallique : le jet lumineux fut renvoyé vers lui-même, et Sasha sentit l'impact sur sa poitrine avant de s'effondrer sur son séant, sonné. 


La bataille de fin d'année [Cours DCFM]

Message publié le 21/08/2025 à 21:02

Sasha n'eut pas le temps de se rendre compte que la stratégie mise en place avait été rompue par Alison : son œil suivait la trajectoire de Basil tandis que lui-même s'évertuait d'avancer lentement, pour éviter de faire repérer - et dans l'espoir d'intercepter tout ce qui pourrait se mettre en travers du chemin du jeune Gryffondor qui fonçait tête baissée vers l'avant.

 

Tout avait l'air de parfaitement se présenter jusqu'à ce que…

 

Avant même de voir son adversaire, alors qu'il enjambait une caisse une onde sonore projeta Sasha au sol, les mains sur les oreilles. Si le choc lui arracha un cri, il ne l'entendit même pas : la chute lui avait coupé le souffle et il devait mettre toute son énergie à calmer ses tympans qui sifflaient désagréablement.

 

Finalement, lorsque l'onde se dégagea, et que Sasha put rouler sur le flanc et se redresser, sonné, il ne reconnut tout d'abord pas où il était : tout le monde était… Devant lui.

 

- Blin ! jura-t-il en se remettant promptement sur ses jambes, un œil sur Alison, comprenant que la professeure avait dû le renvoyer à la base.

 

Et le drapeau alors, qui le protégeait ? maugréa-t-il en son for intérieur - mais ce qui comptait, c'était le travail d'équipe. Il se hissa sur la pointe des pieds, une main en visière, pour apercevoir… Que le drapeau était saisi par Basil à l'autre bout du terrain.

 

  • - Yes ! cria-t-il, puis à l'attention de ses camarades : protégez-le à tout prix ! A Basil !

 

Il s'époumonait toutefois sans savoir si aucune stratégie tenait encore, les yeux rivés sur ce qui se passait sur le terrain.

 

Du coin de l'œil, il vit une baguette s'envoler soudain dans les airs, depuis les mains d'Alison.

 

Impossible de la laisser sans défense, évidemment.

 

Sasha s'engagea en avant et raffermit sa prise sur sa baguette avant de crier :

 

  • - Convulso Crispo !

 

Le sortilège s'échappa de la baguette pour aller s'écraser contre une caisse, inutile. 

 

 

Sasha s'est déplacé en B3.

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Maléfice Tremblotant
Difficulté
4
Résultat D20
2
Interprétation
Échec
XP gagnée
3

Le sortilège s'échappa de la baguette pour aller s'écraser contre une caisse, inutile. 

Autres résultats possibles

Le sortilège alla toucher Liam de plein fouet, lui imposant des spasmes suffisamment handicapants pour le faire chuter au sol. Sasha souffla un soupir revanchard.

Le sortilège alla toucher Liam de plein fouet, lui imposant des spasmes particulièrement handicapants. 

Le sortilège jaillit de la baguette et ricocha sur une pierre, car il avait mal visé, glissant dans la boue au dernier moment : le jet lumineux fut renvoyé au destinataire... A savoir lui-même !


Bouquet de Nerfs et Pelote de Bruyère

Message publié le 13/08/2025 à 22:31

De toute façon, même s'il n'avait pas voulu le garder, Alison arriva trop vite pour que Sasha se débarrassât du bouquet. Il le lui tendit un peu maladroitement, discrètement encouragé dans le dos de la jeune fille par une Fenella qui leva les pouces vers le plafond, alors que lui-même bredouillait un salut sans sourire, les yeux seulement bêtement posés sur Alison. La réaction de cette dernière à son bouquet couplée à la soudaine solennité de Sasha donnait fugacement l'impression qu'ils s'exerçaient à une simple formalité.

L'attention du Gryffondor fut détournée vers Freya et il acquiesça.

 

- Oui, oui, j'ai ma baguette bien sûr, assura-t-il. On va jusqu'à Little Hexley, au Grimoire Italien.

 

Alison sortait déjà d'un pas décidé de la boutique, aussi Sasha lui emboîta-t-il le pas.

 

- On rentre pas tard ! jeta-t-il par-dessus son épaule, puis le cliquetis de la porte de la boutique se referma sur eux.

 

 

 

 

Ils marchèrent quelques instants côte à côte, et Sasha jetait vers Alison de discrets regards. Elle était gracieusement parée bien sûr, mais même si elle était venue drapée d'un torchon sale, il l'aurait sûrement trouvée jolie. Les prunelles du Gryffondor descendaient de temps à autre vers les genoux clairs et découverts d'Alison, rappelant les atours qu'elle présentait sous ses jupes à Poudlard, et comme lui aussi avait revêtu une tenue qui rappelait davantage l'uniforme de l'école, il avait vaguement l'impression qu'ils étaient sur le chemin pour aller en cours - à ceci près que le soleil s'abaissait dans le ciel, déposant des tâches oranges sur les collines et les forêts environnantes. Des couleurs chaudes qui habillaient aussi les joues de Sasha.

 

Little Hexley était le hameau voisin de Pré-au-Lard, lui aussi majoritairement habité par des sorciers, mais il était plus petit, moins commerçant et moins connu. Situé à moins de deux kilomètres à vol d'oiseau, on l'apercevait niché sur la colline, creusant un nid de pierre dans la forêt écossaise.

 

- On va prendre par les sentiers, ça ira plus vite, annonça Sasha en bifurquant au bout de la Grand Rue dans un petit sentier baigné de la lumière du soir.

 

Non seulement c'était effectivement plus court, mais il trouvait aussi le chemin plus confidentiel, comme si cela avait importé qu'ils fussent à l'abri des regards. Les sous-bois offraient une intimité douce et feutrée, mais il fallait parfois gravir quelques passages accidentés. Quand le sentier s'étrécit, Sasha passa devant, les mains dans les poches - il n'aurait pas su quoi faire d'autre avec de toutes les manières.

 

- J'crois que j't'ai pas félicitée pour tes BUSES au fait, il lança, à court de sujets de discussion intéressants. Ca a dû rassurer ta soeur, elle a l'air de te surveiller comme une dragonne couve ses oeufs. 

 

Sous leurs pas, les branches et les gravillons qui jonchaient le chemin crissaient, et des rayons de soleil parvenaient à percer la forêt en se faufilant entre les troncs, striant le sol devant eux de longues ombres qui alternaient avec des traits de lumières, comme les touches d'un piano aussi immobile que ceux qu'utilisaient les moldus.

Après avoir gravi des marches naturelles en schiste un peu plus hautes que les précédentes, Sasha ralentit le pas pour jeter un regard par-dessus son épaule - pour vérifier, presque, qu'Alison ne s'était pas enfuie.

 

- T'as besoin d'aide ?


Bouquet de Nerfs et Pelote de Bruyère

Message publié le 12/08/2025 à 21:54

Le 10 juillet était arrivé, et les prairies d'Ecosse étaient inondées d'un soleil frais.

 

Les parents de Fenella habitaient un peu plus vers l'Ouest de l'Ecosse par rapport à Pré-au-Lard - une ferme isolée, encadrée de montagnes marrons et rudes qui déchiraient le ciel de pointes aussi majestueuses que menaçantes. L'air y semblait éternellement frais, avec un vent qui venait de la côte et balayait sans cesse une végétation basse et fleurie. L'endroit donnait l'impression d'un isolement total - alors même qu'il n'était pas si loin ; mais la ferme semblait perchée sur l'une de ces collines comme une bâtisse seule au bout du monde. Le silence la nuit y était si parfait, si délicat, que même sous sa forme de panthère, Sasha devait faire de gros efforts pour y disparaître. Ici, pas de forêt pour le dissimuler parfaitement, et les veaudelunes pouvaient devenir nerveux s'ils percevaient la présence d'un prédateur. De plus, les nuits d'été étaient particulièrement courtes en Ecosse - mais Sasha s'échappait toujours chaque nuit.

 

S'échapper était pourtant un bien grand mot : les parents de Fenella ne le surveillaient pas du tout. Passés les premiers jours, pendant lesquels on lui avait bien expliqué le travail sur lequel il pouvait contribuer - creuser de nouveaux terriers, réparer ceux qui s'effondraient, ramasser la bouse argentée à l'aube pour la stocker, réparer des clôtures, nettoyer les abreuvoirs et mangeoirs, et enfin s'occuper un peu aussi des quelques moutons qui rendaient la ferme, de loin, non suspicieuse aux yeux des moldus qui randonnaient sur les montagnes - passés ces premiers jours où il avait dû s'acclimater, Alasdair et Fiona avaient approuvé qu'il s'investît aussi facilement dans ces activités manuelles que d'autres élèves de Poudlard auraient certainement détesté. Il avait pu expliquer, avec simplicité, qu'il venait aussi d'une ferme - plus petite, mais avec des animaux plus variés, et ç'avait été le début d'une confiance conviviale entre eux. Sasha mangeait le soir à leur table et le matin, Fiona préparait de gros petits déjeuners dont elle empaquetait les restes pour qu'ils puissent grignoter la journée quand ils le souhaitaient. Puis elle disparaissait - parfois pour aller en ville, parfois pour aller s'occuper des hôtes qui venaient séjourner dans la grande aile rénovée prévue à cet effet : des couples de sorciers étrangers ou simplement de l'autre bout du pays venaient ici se ressourcer au milieu de la campagne en payant certes une somme rondelette pour respirer l'air frais de l'endroit. Quant à Alasdair, il passait le plus clair de ses journées dans l'entrepôt de bouse, où celle-ci était stockée, traitée, transformée en fumier magique d'une part et en d'autres ingrédients dérivés qu'il empaquetait dans des bocaux destinés à la revente - sur le Chemin de Traverse ou ailleurs.

 

A peine dix jours s'étaient donc écoulés depuis la fin des cours, mais Sasha avait déjà le teint couvert de tâches couleur bronze que le soleil avait dessinés sur sa peau, en particulier sous ses yeux - et sa nuque et ses avant-bras avaient méchamment rougi avant de brunir à leur tour.

 

Fenella se montrait de temps à autre - elle s'isolait pour étudier, partait à Pré-au-lard, revenait avec une amie, passait de temps à autre un dîner avec eux en s'étonnant de la facilité avec laquelle Sasha s'était faite à la vie de la ferme.

 

- Il n'est pas très sociable mais c'est un gentil garçon, avait confié Fiona à sa fille à l'occasion, pendant qu'elles préparaient l'un des petits déjeuners - Sasha s'y montrait toujours affamé, comme aux autres repas d'ailleurs.

 

Les cernes sous ses yeux étaient toujours présentes, mais il pouvait s'octroyer l'après-midi un vrai temps de repos qu'il passait généralement étalé dans l'herbe à observer les nuages... et à penser.

 

Tu réfléchis trop.

 

Il se trouvait que réfléchir dans le lit à baldaquin du dortoir des Gryffondor et penser avec les mains fatiguées par le travail et le dos dans l'herbe en plein soleil n'avaient pour lui pas grand chose à voir. La première était une mine où l'on creusait sans jamais rien trouver - ni de joyau ni de fond. La seconde était une montagne à gravir avec la sensation d'acquérir, au moins, un peu plus de force pour porter le sac que l'on emportait avec soi.

 

 

 

 

- Och ! Càit a bheil thu a’ dol mar sin !

 

Quand il était sorti de la petite chambre pour aller signaler à Fiona qu'il ne dînerait pas là ce soir, cette dernière s'était exclamée avec surprise - et peut-être un tout petit peu d'admiration. Sasha n'avait pas compris un mot - le gaélique restait très difficile à apprendre, principalement à cause de l'accent - mais il devina à la tête de la femme au visage plein de bonhommie qu'elle avait remarqué sa tenue bien différente de d'habitude : il avait remis une chemise blanche de Poudlard et un pantalon propre, et avait comme il avait pu discipliné ses cheveux pour qu'ils restassent à peu près aplatis correctement sur son crâne. Il eut un sourire crispé.

 

- J'ai rendez-vous, il dit simplement, et Fiona se mit à rire à gorge déployée avant d'appeler son mari.

- Alas ! Coimhead air ! Regarde-le !

 

Alasdair était un homme massif, avec un cou aussi large que sa tête, et quand celle-ci apparut entre les rideaux de la porte de la cuisine, censés garder les insectes à l'extérieur, sa moustache frémit en une moue dubitative.

 

- Ah ! Sasha, mo ghille, seo far a bheil an trioblaid a’ tòiseachadh. Ca sent le début des ennuis ça !

 

Fiona se mit à râler, les poings sur les hanches, contre son mari, et les deux commencèrent à gentiment se disputer sur ce qu'il fallait ou non encourager chez un garçon de son âge et de son époque - conversation à laquelle Sasha ne comprit rien et parfaite diversion pour qu'il s'éclipsât en direction de Pré-au-Lard sur un balai de la ferme. Rien à voir avec les OCQ, à tel point qu'il prendrait sûrement soin de le cacher plutôt que de laisser voir Alison qu'il était venu sur un engin rudimentaire comme celui-ci, mais il fonctionnait suffisamment bien pour survoler tranquillement les plaines, par un passage à l'ombre d'une falaise - la route indiquée pour ne pas être aperçu des moldus.

 

 

 

 

Il se présenta à l'heure à la boutique OCQ. L'été, celle-ci ne désemplissait pas : en plus des clients habituels, des touristes venus de tout le Royaume-Uni passaient faire des emplettes ou simplement visiter l'un des plus jolis villages sorciers d'Ecosse, et la Grand Rue connaissait beaucoup de passage. En fin de journée, heureusement, les choses se calmaient un peu, les restaurants et pubs connaissaient à leur tour leur pic de fréquentation. Sasha avait caché son balai dans la ruelle qui jouxtait la boutique, derrière une poubelle, et il entra chez OCQ en faisant passer nerveusement d'une main à l'autre un bouquet de fleurs sauvages - des pétales blancs, violettes et jaunes se mélangeaient avec une odeur herbacée et légèrement amère - pas exactement le parfum délicat des Orchidées Explosives, certes. Derrière le comptoir, Fenella et Freya semblaient occupées à recompter quelque chose et quand Fenella releva le nez, il la vit arrondir les yeux.

 

- Oh, ouah, j'ai manqué un épisode. Qu'est-ce qui se passe ?

 

Sasha fit encore passer le bouquet dans son autre main, essuyant celle qu'il venait de libérer contre son pantalon pour en chasser la moiteur désagréable qui avait décidé de s'y insinuer.

 

- J'emmène Alison dîner, il dit un peu abruptement, ne sachant pas si Alison avait partagé cela avec Freya, notamment. Les fleurs, ça fait trop, nan ?

 

Fenella émit un son sceptique du fond de la gorge, peinant à se décider, pinçant les lèvres en un sourire crispé qui semblait trahir une subite envie de rire qu'elle tâchait de réprimer.


Le banc des preuves

Message publié le 12/08/2025 à 10:45

Sasha avait gardé les yeux posés sur Charlie - précautionneux. La petite boule de fille rousse qu'elle formait était mélancolique, et il savait qu'il contribuait à cela. Pourtant, un soulagement faisait tonner son coeur dans sa propre poitrine.

 

- Merci, il s'entendit dire, d'une voix presque absente.

 

Devant eux, un groupe de Serpentards de l'âge de Charlie se pressèrent, probablement pour rejoindre un entraînement de Quidditch ou une autre activité quelconque. Sasha les regarda passer, alerte, mais ceux-ci ne leur prêtèrent aucune attention. Alors, il reporta la sienne sur la petite boule au col Serdaigle.

 

- J't'écrirai, il dit. C'est promis.

 

Il s'engageait à quelque chose de difficile. A ses parents, à Kalina, il aurait dû écrire cent fois plus souvent. Mais rarement ses mains ne trouvaient le chemin du parchemin et de la plume. Rarement il avait l'impression d'avoir le temps. Et quand parfois il s'était fait violence, pris d'une soudaine urgence nocturne, il s'était retrouvé à faire goutter l'encre après avoir écrit six pauvres mots : Дорогі тату й мамо, люба Калина.

 

Chers papa et maman, chère Kalina.

 

Et après quoi ? Rien ne venait jamais. Rien de cohérent. Il écrivait qu'il faisait beau ici même si ce n'était pas vrai. Qu'il allait bien, qu'il reviendrait bientôt. Tissu de mensonges. Il finissait par déchirer la lettre, et envoyer seulement quelques objets et quelques mornilles en guise de preuve qu'il était bien vivant. Sa mère était sûrement furieuse. Son père avait sûrement haussé les épaules, et Kalina sûrement était déçue.

Sasha s'humecta les lèvres, la mine un peu amère, mais il se déplaça un peu sur le banc pour se rapprocher de Charlie, et il lui passa un bras autour des épaules.

 

- Je ferai attention, il dit à voix basse.

 

A ce sujet, il ne pouvait pas promettre de faire beaucoup mieux que cela. Ce qui ne serait pas très rassurant. Il resserra brièvement son étreinte, avec une force un peu bourrue, maladroite.

 

- Les gens peuvent avoir une bonne raison et on peut être triste quand même, ça change rien. Et j'ai beau avoir une bonne raison, j'm'inquiète quand même qu'il y aura plus une panthère pour surveiller la boutique.

 

Il avait dit ça en souriant. Certes, il ne surveillait pas réellement la boutique. Mais il aimait bien s'imaginer qu'il était là un peu pour ça aussi, et pas seulement pour ranger des cartons. Il savait bien qu'il était le seul à penser ça de son rôle, mais ça l'aidait à s'imaginer avoir droit à sa place temporaire en Angleterre. Comme s'il repayait une dette, en quelques sortes, même s'il n'avait jamais demandé à être ici. Peut-être parce que les Carter l'avaient un peu pris dans leur famille, à la manière d'un molosse boiteux adopté par charité, alors il s'y improvisait chien de garde. Défaillant certes, mais loyal.

Sa main frotta l'épaule de Charlie à travers la cape, et il eut un soupir. Après ça va aller. Charlie répétait ce qu'on lui disait, fidèle. Comme une bonne élève qui apprenait par coeur ses leçons, et les restituait scrupuleusement. Sasha secoua la tête. Il n'était pas sûr du tout, lui, que ça irait. Il chuchota.

 

- Même si ça va pas après, Charlie. Sache que t'as été ma meilleure amie ici.

 

Il pinça les lèvres.

 

- Et quand on est loin de chez soi, ça compte beaucoup. Beaucoup beaucoup. Ok ?

 

Il la berça un bref instant, d'un mouvement latéral.

 

- Et j'suis pas encore parti alors j'espère bien qu'on pourra faire quelques escapades pour que tu me montres un peu l'Ecosse en juillet, ok ?!


Le banc des preuves

Message publié le 11/08/2025 à 22:21

Le mois de mai apportait son lot d'éclaircies. Le soleil jouait à cache-cache, plusieurs fois chassé par la pluie dans une même journée, mais il réapparaissait régulièrement, inondant les étendues vertes brillantes de gouttelettes que formait l'herbe du parc de Poudlard. Comme un miroir loyal, le lac s'efforçait de renvoyer toutes ces humeurs changeantes, tour à tour gris puis étincelant, jusqu'à éblouir les élèves qui se promenaient sous les arches. Les matinées en particulier offraient des bouquets de senteur printanières, et les nuits se chargeaient de mille petits animaux que Sasha ne pouvait s'empêcher de traquer lors de ses escapades - mais par respect pour Charlie, il les laissait s'enfuir indemnes après avoir réussi à mettre la patte dessus, dans un mélange de regret et de soumission loyale.

 

Charlie.

 

Trois nuits s'étaient écoulées depuis qu'il l'avait vue le visage enfoui contre Fenella ; et il avait beau se réjouir d'avoir pu enfin obtenir une réponse positive d'Alison, comme le soleil d'Ecosse, cet enthousiasme disparaissait plusieurs fois dans la journée et dans la nuit, éclipsé par la peine de l'avoir peut-être trahie sans le vouloir. En fin d'après-midi, après le dîner, lorsqu'il attendait, étendu sur son lit à baldaquin, que le jour déclinât enfin pour qu'il pût s'enfuir, il faisait parfois glisser ses doigts sur le bracelet, comme s'il en comptait les perles. A la manière d'un chapelet, peut-être - et chaque perle disait la même chose.

 

 

 

 

 

- Charlie.

 

Sur un banc, trois gamins s'ébrouèrent brusquement, comme des niffleurs surpris par un détraqueur. Au pied d'un grand arbre du parc, ces élèves s'échangeaient bruyamment des cartes aux côtés d'une petite rousse qui semblait à peine participer à l'échange. Sasha était arrivé par derrière, les mains dans les poches, mais silencieux comme une ombre. Surpris, les gosses se dépêchèrent de faire disparaître leurs cartes de Chocogrenouilles dans leurs poches, comme si un grand comme lui aurait pu les lui piquer, avant de lui jeter des regards mi-figue mi-raisin.

 

Pof.

 

Quand Sasha s'assit à côté de Charlie en se laissant tomber, le banc trembla si fort que les élèves s'éparpillèrent subitement, les laissant tous les deux. Sasha les regarda déguerpir.

 

- Hum. Désolé, j'ai fait fuir tes amis, constata-t-il, un peu pataud.

 

C'était peut-être la première fois qu'il approchait Charlie quand elle n'était pas seule. Habituellement, leur complicité ne trouvait leur place qu'au magasin, ou alors quand ils se croisaient à Poudlard à l'abri des regards - peut-être un peu à cause du souvenir de ce à quoi Alison avait conclu quand elle les avait trouvés tous les deux. Il était vrai que leur différence d'âge, de maison, de carrure aussi, tout semblait indiquer qu'ils n'étaient pas censés être amis.

Mais ils l'étaient, c'était comme ça. Aujourd'hui, les autres élèves de Poudlard et le personnel penseraient bien ce qu'ils voudraient du fait qu'il parlait à une fille beaucoup plus jeune que lui.

 

- Je suis venu m'excuser, il dit simplement au bout d'un long silence.

 

Sasha laissa glisser ses yeux vers la surface du lac. Un coup de vent y frippa l'image d'une nuage sombre qui se profilait au-dessus de la cime des arbres, de l'autre côté du paysage.

 

- Au mois d'août, je serai majeur. Et il faudra que je retourne en Ukraine. J'aurais dû te le dire avant, mais je voulais pas t'inquiéter.

 

Il baissa le regard et la pointe de ses pieds joua un instant avec la terre en-dessous de lui. Sasha s'humecta les lèvres, pesant le pour et le contre longuement. Freya n'approuverait pas. Tant pis. A elle au moins, il lui devait la stricte vérité : il ne rentrait pas juste pour peindre de la porcelaine avec Kalina cet été.

 

- Mon... Mon village va bientôt être directement menacé.

 

Il fronça les sourcils, serra les dents. Il s'appuya des deux mains, de part et d'autre de ses cuisses, pour s'accrocher au banc.

 

- J'peux pas laisser ma famille faire face à ça tout seuls. C'est juste des fermiers, mes parents. Il faut que j'aille faire ce que j'peux.

 

Et ce qu'il pouvait ne serait peut-être pas très Charlie-approved, mais ça, il la savait bien assez intelligente pour le deviner. Sasha déglutit.

 

- Si personne y va, ils vont... Ils vont juste essayer de se cacher, mais ça sert à rien, ils seront trouvés. Il faut que j'aille les prévenir, ils savent pas ce qui les attendent.

 

Sasha releva le nez, mais pour diriger son regard à ses côtés, vers Charlie : elle lui paraissait si jeune ; et en même temps, il lui semblait qu'elle comprendrait mieux que Freya, qu'Alison, que Fenella, que n'importe quel adulte de Poudlard. Il lui sourit tristement.

 

- Ca va être dur, mais j'ai un porte-bonheur - il leva son poignet pour lui montrer qu'il portait toujours son bracelet, qui ne l'avait pas quitté depuis le week-end - alors il m'arrivera rien. Sauf que j'serai triste à chaque fois que je le regarderai si tu m'as pas pardonné.


Et demain ?

Message publié le 11/08/2025 à 20:30

Sasha avait brièvement froncé les sourcils, un peu confus. Il avait l'impression de passer à côté de quelque chose d'évident sans pouvoir saisir ce dont il s'agissait : comme quand on était sûr d'avoir un mot sur le bout de la langue, mais que plus on réfléchissait, moins le mot semblait avoir jamais existé. Il serra de nouveau les mâchoires, durcissant son visage, mais baissant les yeux comme pour vérifier que la main d'Alison était toujours là. Elle n'essayait pas de s'enfuir, pas encore.

 

Chaque fois qu'il essayait, il pouvait discuter avec elle un peu plus longtemps avant qu'elle fût ennuyée au point de partir. Est-ce que l'on pouvait compter cela comme un progrès ?

 

La main d'Alison lui échappa et il ne la retint pas davantage, laissant son propre bras retomber le long de son corps. Sasha acquiesça pudiquement.

 

Elle avait accepté. Ca n'avait pourtant pas tellement le goût de la victoire, maintenant qu'il avait l'impression de lui avoir arraché ce dîner presque par dépit.

Ils restèrent quelques instants plantés là, en silence, au milieu du chemin humide et des clapotis des quelques gouttes épaisses qui s'écrasaient autour d'eux, parfois sur la capuche d'Alison - lui paraissait faire peu cas de l'eau qui mouillait ses cheveux et sa nuque.

 

Tu prends ça trop au sérieux, c'était un peu comme tu réfléchis trop. Il comprenait et il ne comprenait pas à la fois. Peut-être qu'il était juste comme ça, et qu'il n'y pouvait rien.

Sasha haussa les épaules, un peu pris au dépourvu.

 

- J'te raccompagne, il décida en reprenant la route de Poudlard.

 

Il leur restait un bout de chemin à parcourir, qui lui donnerait un bref sursis. L'esprit du Gryffondor ne cessait de retourner à Charlie, qu'il avait l'impression d'avoir trahie malgré lui. Il enfonça ses mains dans ses poches en marchant, non sans repenser de temps à autre à la feuille qu'Alison avait retiré de sa chemise. Il avait l'impression qu'il sentait encore, à travers le tissu, la pression légère de ses doigts, à l'endroit où elle avait effectué l'opération.

C'était plus simple de ne penser qu'à des sensations fugaces comme celles-ci.

 

Ils marchèrent un moment en silence, seuls les gravillons crissant sous leurs pas leur rappelant qu'ils n'étaient pas seuls. Sasha s'écartait parfois, le pas léger, les mains dans les poches, pour éviter une flaque, mais il revenait marcher à la hauteur d'Alison ensuite, les yeux rivés à quelques centimètres devant le bout de ses chaussures. Dans son champ de vision les pointes humides des cheveux roux de la jeune fille s'entortillaient légèrement, fuyant de temps à autre la capuche à cause d'une bourrasque légère.

 

- Ta soeur m'a fait ça, regarde, il dit subitement, sortant une main de ses poches pour lui montrer son poignet - les perles jaunes et bleues luisaient, fières, et quand il les regardait il ne voyait plus les cicatrices en-dessous - un peu comme si alors les autres ne les verraient plus non plus. J'serai content de l'avoir là-bas.

 

Pour se souvenir de l'Angleterre d'une manière positive. Se rappeler qu'il avait, ici, au moins une amie qui était de son côté, quand il aurait le vague à l'âme.

 

Comme il n'avait pas de réponse d'Alison, il lui jeta un regard en biais, avant de lui donner un petit coup de coude - mais il la rattrapa quand elle dériva pour l'attirer contre lui, un bras autour des épaules, dans un geste peut-être plus fraternel que romantique.

 

- Allez, boude pas va. J'te promets que j'essaierai de manger de façon civilisée pour pas t'faire honte, plaisanta-t-il.


Et demain ?

Message publié le 11/08/2025 à 08:55

Ecoute, elle lui avait dit, quelques semaines plus tôt. Il avait écouté une autre Serpentard. Avait fait de son mieux. Pour des résultats plutôt pitoyables, mais il avait essayé d'entendre. Ce qu'il faisait maintenant aussi, mais décidément, les filles - celles de la maison verte et argent particulièrement, peut-être - restaient difficile à comprendre. Un jour Alison lui reprochait de s'approcher, un autre jour elle lui reprochait de partir. Un jour elle lui demandait de tenter des choses, et quand il le faisait il n'obtenait pas de réponse.

 

Et là, sous l'arche de branches et de feuilles qui assombrissaient le chemin, elle parlait de qui ? De Charlie ou d'elle-même ? De lui ou de son père ? Sasha secoua la tête, comme s'il voulait s'ébrouer, presque, faisant danser des mèches humides autour de ses tempes.

 

- Tous les jours, j'y pense, martela-t-il d'une voix dure à son tour. Tous les jours je pense à ceux qui sont restés derrière quand j'suis parti de chez moi. J'y pense d'autant plus quand je vois Charlie, qu'avait rien demandé, comme ma p'tite soeur. Ma responsabilité est là-bas, et je sais que Charlie pourra comprendre ça.

 

Ses poings s'étaient serrés et sa mâchoire durcie. Des gouttes s'écrasaient sur eux, chargeaient l'air d'une odeur de végétation humide, qui provoquait habituellement en Sasha un apaisement ineffable - mais pour cette fois, il entendait surtout l'orage gronder au loin, menaçant de reprendre ses déversements rageurs. Un silence pesant s'installa un bref instant, comme si la colère des deux adolescents se mesurait l'une à l'autre, invisibles mais tenaces, et Sasha sentit qu'Alison allait repartir. Il attrapa la main de la jeune fille sur son torse juste avant qu'elle ne s'écartât. Les doigts d'Alison lui semblèrent minuscules et doux dans sa paume aussi rêche, presque, que le cuir des coussinets de la panthère.

Sa voix s'adoucit, mais rauque.

 

- Sauf que ton père et moi c'est pas pareil, il dit calmement. Ton père vous a faites. Il avait un devoir d'être là. Moi j'ai jamais été qu'un...

 

Sasha s'interrompit, le temps de s'humecter les lèvres, de trouver ses mots. Animal de compagnie était la première idée qui lui était venue à l'esprit, mais il savait qu'il exagérait. Il serra les dents.

 

- Oublie pas que t'avais juste besoin d'un... D'un accessoire, pour que les autres mecs te voient, au départ.

 

Une amertume plissa ses traits tandis que des souvenirs confus lui revenaient en mémoire - les Serpentards qui lui demandaient pourquoi il se comportait comme un toutou, les regards perplexes de la Brochette, les pleurs d'Alison après leur mésaventure en cours de potions. Les garçons qui s'étaient effectivement intéressés à elle, attirés comme des mouches par la perspective de pouvoir mettre leurs mains sur une fille qui voulait bien.

 

- J'ai pas été parfait je sais, mais on dirait qu'ça a bien marché dans l'ensemble, maugréa-t-il, refusant pourtant de lâcher la main d'Alison, l'empêchant de s'éloigner.

 

Si elle forçait, elle pourrait se dégager, bien sûr. Mais tant qu'elle n'essayait pas, il tenait bon. Son regard vert soutenait les prunelles marrons d'Alison - il avait toujours trouvé qu'ils avaient la couleur de la terre fraîche, celle dans laquelle il aimait se rouler sous sa forme animale, aussi primitive, et donc inavouable, que cette pensée pouvait être. Une terre douce, apaisante, mais inaccessible.

 

- Mais on saura jamais si j'pouvais être mieux qu'un souvenir parce que tu m'as pas donné ma chance. J'sais que j'suis un rustre par rapport à toi, mais j'voulais apprendre, et j'ai fait des progrès.

 

Il haussa les épaules, à bout d'arguments de toute façon, loin de se rendre compte que son allure présente ne jouait pas en sa faveur sur ce point-là. Son nez souffla un rire empêché, un peu amer.

 

- Sauf pour la cravate. La cravate je faisais exprès, parce que j'aimais bien que tu m'l'arranges.


Et demain ?

Message publié le 10/08/2025 à 18:33

Sasha était resté un moment figé, comme s'il avait été pris en flagrant délit d'il-ne-savait-quoi-au-juste, quand Alison l'avait questionné sur le projet. Il haussa les épaules en tâchant de garder un ton dégagé.

 

- Ben... Je vais peut-être habiter un peu chez elle cet été... expliqua-t-il d'une voix vaguement mal assurée, ne sachant s'il aggravait ou non son cas devant la moue boudeuse d'Alison.

 

Il avait gardé des yeux ronds et alertes, suivant des yeux les gestes de la jeune fille et subissant un courroux qu'il ne comprenait pas tout à fait. Comme un tourbillon, au milieu d'échanges improbables avec les deux autres soeurs attirées depuis la pièce d'à côté, la jeune fille quitta de toute façon l'arrière boutique avec brusquerie. Le regard de Sasha allait de la cadette à Freya, interdit tandis qu'il avait gardé entre ses mains le torchon devenu inutile. Un moment, il n'avait plus rien compris : Alison parlait-elle de lui ou de son père ? Tout s'était mélangé brusquement et ce ne fut que lorsqu'il entendit la porte de la boutique claquer qu'il réalisa à peu près ce qui venait d'être dit. Un flot de mots pas très ordonnés quittèrent sa bouche, pas très compréhensibles, à l'attention de Freya.

 

- J'l'ai-traitée-rien-du-tout-hein-j'lui-d'mandais-juste-si-elle-révisait-toute-seule-ou...

 

Sa voix s'éteignit et sa bouche se referma sur une moue subitement mortifiée.

 

- Charlie ?!

 

Sasha passa en coup de vent devant Freya pour rejoindre la boutique. La petite s'était réfugiée dans les bras de Fenella qui lui adressa un petit sourire contrit. Le visage de Charlie ne lui était pas visible et Sasha jeta un regard vers la porte vitrée - Alison avait déjà disparu. Sasha s'humecta les lèvres, le souffle court, mais décida de se baisser près du comptoir pour s'accroupir. Charlie n'était plus si petite, en réalité, et dans cette position il se retrouvait plus bas qu'elle, mais ça n'avait pas beaucoup d'importance. Il posa sa main sur l'un de ses bras - se fit l'effet d'avoir un patte énorme alors même qu'il était bien sous sa forme humaine.

 

- Charlie, j'voulais... J'sais pas encore comment ça va se passer mais c'est vrai, j'vais devoir rentrer chez moi un jour, tu comprends ? J'peux pas...

 

Il pouvait pas quoi, au juste ? Lui-même ne le savait pas, mais ça se précisait quand il en parlait, un peu naturellement, un peu maladroitement.

 

- J'peux pas juste les abandonner là-bas pendant que moi j'suis ici à me gaver aux buffets de Poudlard. C'serait pas juste, Charlie. J'comptais vraiment te le dire mais heu... Pas tout de suite, quoi.

 

Il savait bien que c'était insatisfaisant. Il fit la moue en se relevant, adressant à Fenella un regard qu'elle lui rendît avec une petite grimace : pas terrible, effectivement. Sasha soupira et acquiesça en direction de Freya. Il se souvint des propos d'avertissement qu'elle lui avait fournis concernant sa petite soeur mais il ne put qu'écarter les bras en un geste d'excuse - ou d'impuissance, il ne savait pas trop.

Sasha attrapa son sac pour le jeter sur son épaule et décida de quitter la boutique d'un pas pressé.

 

- A samedi prochain, balbutia-t-il après un dernier regard d'excuse pour Charlie.

 

 

 

 

 

 

Il avait couru pour remonter la Grand Rue. Le temps d'être dérobé aux regards potentiels qui, de jour maintenant que le soleil tardait les fins d'après-midi, auraient pu remarquer la forme d'un animal peu ordinaire. Et puis, dès qu'il le put, il s'enfonça dans les herbes hautes, entre les troncs, pour se transformer.

 

Sasha ne s'aventurait jamais sous sa forme de panthère en plein jour - c'était beaucoup trop risqué en Angleterre, où il supposait que l'on ne connaissait pas ses aptitudes particulières - sinon, l'aurait-on vraiment mis à Poudlard ? Il en doutait. Mais une fois n'était pas coutume. Ses pattes martelèrent le sol, des touffes de poils s'accrochèrent aux ronces tandis qu'il s'efforçait de remonter le chemin ventre à terre pour intercepter Alison avant qu'elle n'arrivât à destination. Une flaque boueuse lui éclaboussa la gueule, des petits animaux s'écartaient à la dernière minute sur son passage.

 

Il réapparut au détour du chemin, sous une voûte faite de branches sinueuses aux feuilles chargées des nouvelles feuilles de printemps, qui jetaient sur l'endroit une ombre fraîche rappelant que les températures nocturnes bientôt allaient s'abattre - mais Sasha était hors d'haleine quand ses griffèrent dérapèrent sur les graviers - volte-face, pour se retrouver nez à nez avec la silhouette à l'odeur caractéristique.

 

Il reprit aussitôt sa forme humaine : un Gryffondor essoufflé apparut, les cheveux cuivrés en bataille chargés de brindilles et la chemise, les baskets et les mains tâchés de boue. Le temps de reprendre son souffle, il jeta un regard derrière lui pour vérifier qu'ils étaient seuls - la plupart des élèves de Poudlard rentraient bien avant le couvre-feu, heureusement pour lui. Il s'essuya maladroitement les mains sur son jean en reportant ses prunelles sur celles encore orageuses de la jeune fille.

 

- Alison !

 

Il garda la bouche entrouverte mais rien d'autre ne sortit. Le vent joua dans les cheveux de Sasha, qui s'humecta les lèvres, le souffle court.

 

Voilà. Il avait fait tout ce chemin hors d'haleine, et en prenant ces risques, pour ne pas savoir quoi dire. Il souffla brusquement par le nez, énervé contre lui-même, subitement.

Improvise, lui souffla la petite voix intérieure, et il savait qu'il faisait toujours un mauvais partenariat avec elle. Alors il dit ce qui lui passait par la tête.

 

- J'sais qu't'as besoin de personne ! Mais moi je...

 

Je quoi ?

C'est pas mal, t'arrêtes pas, il faut pas qu'elle parte, continue ! l'encouragea la petite voix. Sasha secoua la tête, s'humecta les lèvres de nouveau, haussa les sourcils parce qu'aucun mot dans sa tête ne s'alignait correctement.

 

- Moi j'voudrais me souvenir de quelqu'un, et alors, j'aimerais bien p'tet que ce soit de toi, pour pas dev'nir fou là-bas, tu vois ?

 

Si la petite voix avait une main, elle se tapa certainement la paume sur le front, dépitée. C'est pas pour ça que t'es venu, Durak! Sasha haussa les épaules pour lui dire d'aller se faire foutre. Il mit les poings sur ses hanches, maintenant que sa respiration se calmait un peu.

 

- Et Charlie elle voudrait juste avoir quelques souvenirs avec votre père elle aussi, c'est pour ça qu'elle espère. Parce que des fois on peut avoir rien d'mieux à emporter avec soi, et même ses souvenirs sont fake et basés sur des photos. 

 

Sasha soupira, secoua la tête de nouveau. Il avait à peine conscience qu'il lui barrait le chemin du retour vers Poudlard. 


La bataille de fin d'année [Cours DCFM]

Message publié le 02/08/2025 à 16:35

Sasha progressait par a-coups. Il courut jusqu'à une caisse derrière laquelle se dissimuler, avant de jeter un coup d'oeil alentours : Basil avait bien compris la tactique et fonçait de son côté, progressant à bonne allure. Ferguson empruntait aussi la trajectoire annoncée, tandis qu'Alison mettait à profit sa position un peu plus lointaine pour leur transmettre des informations. Une bonne équipe. C'était seulement là-dessus qu'on pouvait compter pour avoir une chance de survivre.

 

De gagner.

Ce n'était qu'un jeu. Sasha acquiesça pour toute réponse reconnaissante vers Alison, d'un mouvement de tête entendu, avant de sauter par-dessus la caisse qui le protégeait et avancer rapidement de nouveau, sans prendre garde aux flaques boueuses qui salissaient ses baskets.

 

 

[Sasha avance en C2]

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