Homme
16 ans
Sang-mêlé
Ukrainienne






Identité
-
- Sixième année
- Surnoms : Sashou
- Nationalité : Ukrainienne
Capacités & Statuts

Groupes

Esprits clairs, gestes sûrs [Cours SACM]
Message publié le 04/07/2025 à 18:44
Sasha avait écouté attentivement le professeur, les bras croisés sur sa poitrine. Observer, pas de problème. Collaborer, ce serait une autre paire de manches. S'il tombait sur une fille, en l'occurence Alison ou Sam, il se débrouillerait sûrement. Mais collaborer avec les garçons de Poudlard était visiblement quelque chose qui lui donnait du fil à retordre. Sasha acquiesça néanmoins aux consignes, tâchant de ne pas prêter trop attention aux autres élèves, et s'empara de la fiche distribuéeé par le professeur.
- Mon binôme est Spike Ryder, lut-il à voix haute, sans grand enthousiasme, pour faire connaître son affectation au concerné.
Sasha ravala un soupir. Avant de s'en aller vers le garçon en question, il adressa seulement un regard blasé à Sam, la seule avec qui il pouvait probablement partager son désespoir d'être mis en binôme avec un Serpentard, et pas n'importe lequel : celui qu'ils détestaient. Son point commun avec le groupe de Poufsouffle, en somme. Mais il essayait toujours de tenir ses bonnes résolutions du printemps, à savoir essayer de ne plus déclarer les hostilités avec les autres élèves de Poudlard.
- On a l'hippogriffe, annonça-t-il au concerné en se dirigeant vers l'enclos.
C'était plutôt une bonne pioche. Sasha se présenta devant l'animal, et évalua celui-ci d'un regard : c'était une créature assez énorme, qui devait peser au moins deux fois plus lourd que Spike et Sasha réunis, avec un plumage majestueux. L'hippogriffe montrait une certaine impatience, piétinant la terre de temps à autre sous ses sabots puissants. A quelques pas de là, Sam parvenait déjà à attirer le Chaporouge hors de sa cachette, tandis que Ferguson et Alison se lançaient bruyamment dans des stratagèmes pour attirer le Niffleur, et Sasha tâcha de faire abstraction de leur enthousiasme pour se tourner vers Spike.
A quel point Spike en avait-il quelque chose à faire, de cette connivence entre leurs voisins ?
- J'vais tenter en premier, si ça t'va, lui dit-il, avant de lui tendre la fiche pour se libérer les mains.
Sans hésiter, ensuite, il entra dans l'enclos. L'hippogriffe redressa son cou pour toiser le Gryffondor de toute sa hauteur imposante, et ce dernier tâcha de ne pas se laisser impressionner : il s'inclina profondément.
--
1-5 : L'hippogriffe se met à battre des ailes violemment avec un cri strident, et Sasha est forcé de reculer, surpris.
6-10 : L'hippogriffe reste immobile, sans réagir, l'air méfiant. Sasha sent qu'il ne vaut mieux pas forcer le destin et préfère patienter un peu.
11-15 : L'hippogriffe met un temps avant de décider d'incliner légèrement la tête, mais très prudent. Sasha fait un pas vers l'animal, sans oser le toucher, car il le sent tendu.
16-20 : L'hippogriffe rend une révérence respectueuse à Sasha qui, soulagé, s'avance pour poser calmement une main sur le front de l'animal.
Message publié le 04/07/2025 à 14:02
Il s'était attendu à ce qu'elle s'en allât, fâchée qu'il eût fait sur elle un nouveau commentaire comme s'ils se connaissaient davantage. Mais peut-être qu'Alison aussi était lasse de se battre. Sasha la suivit du regard, mais le détourna lorsqu'elle s'assit à côté de lui. Lui aussi contempla leurs pieds. Alison portait de jolies chaussures vernies, trop propres à côté de ses baskets mal entretenues. Ils étaient mal assortis. Mais Alison semblait redevenue sage, à la lisière de la vulnérabilité. Bizarrement, elle ressemblait beaucoup plus, à cet instant, aux deux autres Carter qu'il connaissait. A cette heure, il lui semblait mieux connaître Charlie qu'Alison. Il repensa brièvement aux instants qu'il avait passés en compagnie de la plus jeune, quelques heures plus tôt à peine. Une vague culpabilité l'envahit ; si Alison savait, sûrement qu'elle se redresserait soudain pour le fusiller à nouveau du regard. Mais il ne lui avait pas fait de mal. Il avait voulu la consoler. Peut-être que c'était Charlie qui l'avait davantage consolé lui, sans le savoir. Ou en le sachant parfaitement : la petite fille avait une jugeotte plus avancée que la sienne, il fallait le reconnaître.
Sasha secoua négativement la tête.
- Non. Toi et moi c'est pas pareil, répondit-il à sa deuxième question.
Il n'était pas lui-même quand il se fâchait. Avant la guerre, il ne se fâchait jamais. Du moins jamais méchamment. Tout cela était venu plus tard. Sasha fronça les sourcils, essayant de trouver des mots qui ne s'alignaient pas correctement.
- Moi c'est...
Même en Ukrainien, en réalité, il ne les aurait pas eu. Sa colère à lui avait moins de sens pour lui que pour celle des autres. Il l'avait apprise.
- Être agressif c'était la règle du jeu, là-bas. Alors j'ai appris, tu vois ?
Et soudain, ici, ça ne servait plus à rien. Ca l'énervait certains jours. D'autres, ça le décourageait. Plus le temps passait, moins ça lui faisait quelque chose, et plus ça le laissait vide de ne pas avoir vraiment d'autres alternatives. Il soupira. Le son du souffle se mélangea au vent qui jouait dans les branches, comme pour l'effacer, le taire.
- Pour toi, j'sais pas.
Sasha s'était penché pour s'accouder sur ses propres genoux. Mais il tourna la tête pour jeter un coup d'oeil vers Alison. Est-ce qu'elle était plus elle-même quand elle était en colère ? Il avait l'impression que oui. Que c'était un éclat de vérité, quand elle se fâchait. Qu'il en sortait quelque chose de l'intérieur, d'authentique. Ou bien peut-être était-ce tout simplement que c'était quelque chose qui lui était familier. Qu'il acceptait plus facilement qu'une tendresse factice. Il haussa les épaules.
- Y'a que toi qui sait.
Elle avait l'air morose. Il lui asséna un léger coup de coude, pour la dérider.
- Tu veux danser ? Entre amis, j'veux dire. M'sieur Beckett m'a appris des pas de valse.
C'était pas agressif, de danser. Il apprenait ça à Poudlard, au moins, qui n'avait plus rien à voir avec le fait d'être efficace sur un champ de bataille. A quoi ça pouvait servir exactement, sinon donner le change, essayer d'avoir l'air aussi civilisé que les autres ?
Message publié le 03/07/2025 à 20:54
Les yeux de Sasha allèrent d'une fille à l'autre, hébété. Alison disait des choses vachement plus matures que ce qu'il entendait d'elle habituellement, et allait même jusqu'à mentionner sa mère. Quant à Anya, elle avait visiblement... Vraiment voulu l'aider. Il resta coi, mal à l'aise, détourna le regard pendant que la russe s'adressait à sa consoeur Serpentard, ayant vaguement l'impression d'être de trop dans cette discussion. Pourquoi diable était-il intervenu, à la fin ?
Ce qui lui paraissait étrange, c'était qu'Anya lui rétorquait presque ce que lui-même aurait voulu répondre à Alison : que lui aussi voulait bien retourner là-bas, qu'il travaillait pour y avoir sa place, loin de l'Angleterre. Que lui aussi, quand il retournerait là-bas, il pourrait enfin rendre les comptes. Ce miroir subitement réfléchissant lui arracha un frisson et il secoua négativement la tête pour toute réponse, parce qu'il n'allait quand même pas dire "moi aussi, tout pareil !" et que la baguette d'Anya, malgré tout, était suffisamment dissuasive.
De toute façon, Anya s'éloignait déjà et il la suivit du regard. Sa silhouette élégante - sans-visage ? - faisait danser ses cheveux dans un soleil déclinant et chaud.
Il resta un moment silencieux. Le temps que la russe eût tout à fait disparu, et que le sang cessât de battre à ses tempes comme des tambours sinistres. Alors, il se retrouva seul face à l'arbitre qui le toisait sous sa frange rousse. Un moment, il eut l'impression de reconnaître le même regard sévère qu'avait parfois Kate sur les photos de famille que Charlie lui avait montrées, mais il ne partagerait sûrement pas un détail qu'Alison interpréterait de nouveau comme une intrusion malsaine. Alors Sasha pinça les lèvres avec un soupir, puis il s'éloigna de quelques pas, histoire de pouvoir se laisser choir sur la vieille souche d'un sapin au moins trois fois centenaires.
Au loin, les discussions allaient bon train dans le parc. On n'en percevait guère les mots ; seulement les intonations enthousiastes de discussions naïves, et Sasha se sentit soudain fatigué. Aussi vieux que la souche. Il serait bien resté là le reste de la nuit.
Son regard finit par retourner se loger dans celui de l'arbitre.
- T'as sûrement raison, il admit au bout d'un moment.
Sur le fait que ce qu'il voulait ou ne voulait pas n'entrait pas en ligne de compte, par exemple. Sur un certain nombre d'autres choses, aussi. Inutile de revenir sur quoi. Il n'avait plus envie de se justifier. Le soleil jouait dans les feuillages, projetait sur leurs visages des éclats furtifs, comme des pièces d'or invisibles qui jouaient dans leurs cheveux, disparaissaient aussitôt.
- J'aurais pas dû. Ok ?
Ca suffirait pas. Quelqu'un comme lui ne suffirait jamais à Alison Carter. Et pourtant, il soutenait son regard. Un bref détour par le sol entre eux, puis il revint aux yeux d'Alison. Et puis soudain, un rire silencieux secoua ses épaules. Une seule fois.
- Au moins quand tu te fâches, j'ai affaire à la vraie Alison, déclara-t-il, amusé. C'est une version que les autres ont pas beaucoup.
Message publié le 03/07/2025 à 20:05
Sasha avait laissé échapper un soupir de soulagement, tout en suivant Sam dans les rayonnages - elle connaissait mieux l'endroit que lui, visiblement, qui s'y serait perdu une bonne demi-heure au moins avant de mettre la main sur le moindre ouvrage qui aurait pu être intéressant.
De la part de Sam, ni de gros yeux effrayés, ni regards pincés suspicieux : elle semblait prendre tout comme c'était, accepter les choses telles quelles, comme si rien ne la surprenait jamais. Il comprenait bien comment elle avait pu se faire une bande d'amis si facilement, maintenant qu'il échangeait avec elle.
Il eut un sourire en coin.
- Un job moldu, franchement en vrai ça m'irait aussi. Mais toi, ce serait dommage de gâcher ta passion pour le Quidditch. Tu pourrais devenir... Mmh.
Sasha laissa courir son regard sur les différents livres alignés en hauteur, mais sans les voir, avant de revenir à Sam pour la scruter.
- J'te verrai bien en entraîneuse de Quidditch ! déclara-t-il subitement, plutôt sûr de lui. T'es patiente et forte au Quidditch, ça t'irait comme un gant.
Mais il haussa les épaules, bien conscient que Sam ferait bien ce qu'elle voudrait. Sasha jeta un oeil aux bouquins qu'elle avait extirpé des rayonnages et approuva d'un signe de tête avant de la décharger des ouvrages. Elle cherchait, il portait : ils faisaient rapidement une bonne équipe, trouvait-il, sans avoir beaucoup besoin de se consulter. Un peu comme lors du cours nocturne qu'ils avaient eu ensemble, finalement.
- En vrai, j'aime bien les métiers à l'extérieur, moi. J'aurais bien aimé, je sais pas, être magizoologiste, ou gardien de parc ou de montagne.
Il se gratta la tête de sa main libre.
- Er, j'sais même pas si ça existe. Ca doit exister chez les moldus. Dans les grandes villes ils ont des gens dont le métier, c'est de garer les voitures des autres. Garer des balais toute la journée, bonjour l'éclate...
Il secoua la tête avec un soupir, baissa le regard sur un livre qui le fit cligner des yeux.
- Tiens, regarde. Ethnographie des Farfadets : Sociétés Secrètes et Traditions Ancestrales. Ca pourrait peut-être te servir.
Il inclina le livre sur la tranche. Une étude comparative des clans farfadets d'Europe occidentale et de leurs structures socio-magiques, disait le sous-titre à demi effacé par le temps : personne n'avait emprunté un livre si compliqué depuis un paquet d'années, visiblement. Sasha l'ajouta à la pile de livres, tout en laissant s'éloigner les mirages d'une vie à se promener dans la nature pour seul métier, ne s'arrêtant que pour aider telle ou telle créature.
- J'travaille à la boutique OCQ tous les samedis, il laissa tomber subitement, à demi-mot comme si c'était inavouable, mais c'était au moins un terrain qui lui permettait d'échanger avec Sam sur des sujets communs - il se hâta d'ailleurs d'enchaîner, comme si cela pouvait éviter à Sam de faire des raccourcis entre sa déclaration et d'autres faits. Y'a un nouveau modèle de cognard d'entraînement qui est sorti, qui simule des conditions météo. Genre il devient glissant pour le mode pluie, ou bien très chaud pour le mode canicule. Mais v'là le prix ! C'est clairement pour des professionnels ou des gosses de riche.
Message publié le 21/06/2025 à 17:30
Sasha leva de nouveau les yeux du pâté que Sam avait fait sur sa feuille. On était loin des jolies boucles de l'écriture d'Alison, et quelque part, c'était plutôt rassurant. Le Gryffondor haussa de nouveau les épaules.
- Heu ben... Y'avait des enfants ukrainiens sorciers qui partaient vers Koldostoretv ou Durmstrang avant, mais c'est pas obligatoire, alors mes parents ont préféré m'envoyer pas trop loin de la maison, comme ça je pouvais rentrer le week end pour les aider. Je sais pas s'il y en a plusieurs, en vrai, mais sûrement. Y'a des familles très riches qui envoient leurs enfants à Beauxbâtons, mais sinon, on s'organise sur place.
Il se décida à déboucher son propre encrier pour y tremper sa plume et, à l'instar de Sam, au moins écrire le titre de son parchemin, finalement. Cela lui laissa aussi quelques instants pour réfléchir à comment formuler sa réponse.
Le souvenir de la façon dont avait été reçu sa fierté d'être parti à la guerre lors du dîner chez les Carter était encore fraîchement gravé dans sa mémoire. Mais il ne pouvait pas non plus mentir à Sam. Il réfléchit à une version édulcorée de son récit, mais rien ne collait vraiment.
- Avec la guerre, j'ai juste arrêté d'aller à l'école, il déclara finalement. Et j'ai rejoint... un groupe pour aller me battre contre les russes.
Voilà. C'était simple, et vrai. Inutile de mentionner les Veilleurs de l'Aube. Ceux qui en avaient entendu parler ici les voyaient comme des bandes de mercenaires, alors que pour les ukrainiens, c'était une genre de milice héroïque organisée pour soutenir l'armée officielle. Il se demanda si Sam déciderait elle aussi si ça faisait de lui quelqu'un de pas vraiment fréquentable. Par réflexe, il fit disparaître ses mains dans les manches de son pull, histoire de faire oublier les marques noires qui les striaient en cicatrices disgracieuses.
- Mais comme j'étais pas majeur, je me suis fait attraper par un genre de groupe humanitaire qui m'a amené ici et voilà.
Il poussa un soupir. La version simplifiée de sa vie lui semblait aussi insipide que des carottes trop cuites. Mais c'était peut-être celle qui était finalement la plus réaliste.
- Si ça te dérange pas, j'préfèrerai pas trop parler de ce sujet-là, justement. J'essaie de...
De quoi, au juste ? Ce n'était pas facile à expliquer et il s'humecta les lèvres.
- ... Je sais pas. D'être un élève lambda, maintenant, je suppose.
Tout le contraire de ce qu'il aurait voulu en septembre, lorsqu'il était arrivé, et qu'il avait dans l'idée de défendre ses opinions. Mais ça, c'était avant toutes ces interactions ratées, ces relations avortées, ces incompréhensions avec le personnel comme les élèves de l'école. Désormais, il aurait juste voulu rester anonyme jusqu'à la fin de l'année - à l'exception de ce jour du Tournoi hypothétique, donc. Une espèce de mise entre parenthèses de son histoire, qu'il ne chérirait que pour lui-même, dans un coin de sa tête.
- Mais ouais, j'veux bien un peu d'aide, déclara-t-il avec un sourire encourageant, et les deux se levèrent pour aller se promener dans les rayonnages.
Sasha faisait confiance à Sam pour s'orienter, non sans parfois s'arrêter devant un ouvrage étrange - il y en avait un avec des poils qui n'arrêtait pas de se gratter contre les autres, par exemple - pour satisfaire sa curiosité.
- Tu veux devenir quoi, toi, après Poudlard ? Tu sais déjà ? demanda-t-il en la suivant dans le rayonnage suivant, sans pouvoir s'empêcher de gratouiller la tranche du livre à poils pour le soulager un peu avant de s'éloigner.
Message publié le 21/06/2025 à 16:24
- Ah ouais.
Beckett n'était donc pas un Poufsouffle mais un Serdaigle. Il était vrai que cela faisait sens : un bibliothécaire qui parlait plusieurs langues, ce devait forcément être quelqu'un d'assez versé dans l'érudition, maintenant qu'il y pensait. Sam avait l'air de bien les connaître, et Sasha envia quelques instants cette intimité qu'elle pouvait avoir avec l'environnement qui était le leur, et au sein duquel il se sentait toujours étranger. Les remarques de la jeune fille, d'ailleurs, le rappelaient à l'ordre sur ce qu'elle tolérait ou non : en croyant faire un compliment sur les Poufsouffles, il indiquait clairement moins apprécier les autres maisons, ce que Sam désapprouvait. Sasha baissa le nez sur ses propres affaires, qu'il installait, tout à sa réflexion.
En quelques minutes, cela faisait deux fois que Sam lui montrait qu'il rejetait des gens par défaut. Il eut envie de se justifier à lui-même que c'était parce que ces personnes en question étaient coupables de quelque chose qui lui permît une telle hostilité, comme le fait que Ferguson eût proféré des provocations envers Alison pendant un cours ou ses expériences déplorables avec plusieurs Serpentards, mais la vérité était que les Serdaigle ne lui avaient rien fait et que les Gryffondors, même s'il n'avait noué aucune amitié particulière, l'avait accueilli sans jugement dans leur propre maison.
Sasha installa son propre parchemin, tout à ses pensées, mais il ne déboucha pas son propre encrier. Avant d'écrire, il lui fallait rassembler des informations et donc chercher des ouvrages. La question de Sam le tira de ses réflexions, et il haussa les épaules.
Sa première impulsion aurait été de critiquer l'école qui l'avait accueillie. Effectivement, c'était un réflexe. Il chercha un instant ses mots.
- J'ai été dans un genre d'école alternative pour les sorciers, pendant deux ans. On n'était pas assez nombreux pour être séparés en maison. Mais je pouvais rentrer chez moi souvent.
Comme pour s'occuper les mains, il se saisit de sa plume - un peu semblable à celle de Sam, elle avait un peu vécu, sans être trop abimée. C'était une plume toute simple, dont il caressa pensivement le crin entre son index et son pouce.
- C'était tellement petit qu'on se connaissait vraiment tous, mais on n'avait pas beaucoup de professeurs différents comme ici. Du coup, le niveau était... pas aussi élevé qu'ici. Mais les gens étaient solidaires.
Les grands aidaient les petits, c'était prioritairement ce dont il se souvenait. C'était aussi là qu'il avait commencé à entendre plus sérieusement parler des Veilleurs de l'Aube, mais il mit soigneusement cette information de côté, essayant de se remémorer des souvenirs plus anodins de ce début de scolarité sorcière. Il sourit.
- S'ils voyaient que vous avez une telle bibliothèque ici, ils en tomberaient par terre.
Peut-être qu'il y avait un peu de cela dans le fait qu'il était si irrité par les gens qu'il rencontrait à Poudlard : ils ne mesuraient pas leurs chances d'avoir accès à une telle école. Il supposa que ce devait être la plus belle académie de sorcellerie du monde.
Ses yeux tombèrent sur le parchemin de Sam. Il le désigna du menton.
- Pense à organiser vite une zone de repli qui restera sûre, dit-il. T'as déjà des idées ?
Message publié le 21/06/2025 à 15:09
Sasha avait remarqué le ton défensif concernant Ferguson, mais il ne dit rien. Sam faisait seulement preuve de la loyauté qui était la sienne envers son groupe d'amis, et il respectait ça. Il la suivit dans les escaliers, sans savoir vraiment où ils se dirigeaient - mais avoir une compagnie bienveillante le changeait de son quotidien. Il répondit d'un grognement.
- Ouais, ça pourrait être cool.
Les escaliers semblèrent se mouvoir sous eux, mais c'était une illusion de cette partie du château à laquelle les deux élèves étaient habitués, et ils s'orientèrent relativement aisément. Cette petite distraction donna à Sasha quelques instants pour réfléchir à quoi répondre.
T'es pas... forcé d'rester tout seul tout le temps.
Il avait ressenti un léger malaise, habilement dissimulé derrière une attitude nonchalante. Comme il l'avait dit à Fenella, c'était juste plus simple de ne pas nouer d'amitié. C'étaient autant de relations dont il n'aurait pas à subir la rupture, d'une manière ou d'une autre. Mais il avait envie de faire durer l'échange, pour une fois. Après tout, Sam avait l'air d'être le genre de personne qui ne se formaliserait pas. On pouvait discuter avec elle sans qu'il y eût de sous-entendu sur ce à quoi cela l'engagerait plus tard. Il ne prenait finalement pas de grand risque en allant réviser avec elle.
- Ouais, admit-il, j'vais venir avec toi.
Et puis, la bibliothèque était peu à peu devenu un endroit plus familier, maintenant qu'il s'était habitué à l'enthousiasme bienveillant de monsieur Beckett, et qui était le seul adulte avec qui il avait pu échanger quelques mots en russe.
- J'ai des devoirs en sortilèges aussi, je suis censé faire trente centimètres de parchemin sur l'influence de la phase lunaire sur l'efficacité des maléfices... Pour demain, maugréa-t-il.
Le professeur leur avait donné deux semaines entières pour faire ce travail, histoire de leur donner le temps de consulter différents ouvrages et de réfléchir au plan de leur dissertation. Mais Sasha avait bien sûr attendu jusqu'au dernier moment pour s'y mettre, et s'il n'avait pas croisé la route de Sam, il aurait sûrement repoussé encore de quelques heures cette échéance. Il fronça le nez tandis qu'ils s'engageaient dans un nouveau couloir au bout duquel les portes de la bibliothèque étaient ouvertes, invitant quiconque souhaitait venir passer un morceau de son dimanche entre les rayonnages chargés de livres.
- La théorie c'est pas trop mon rayon, mais si j'peux aider sur la pratique, hésite pas.
Ils purent s'installer facilement dans la bibliothèque : elle était plutôt désertée, à l'exception de quelques élèves zélés qui voulaient réviser davantage ou de quelques amoureux des livres qui s'étaient installés dans des poufs. On reconnaissait, sur la disposition du mobilier, la patte de Beckett lui-même, mais Sasha ne le trouva pas après avoir fouillé les lieux du regard. Il alla s'installer à une table pour sortir plume et parchemin de son sac, animé de cette étrange effervescence intérieure que provoquait la situation de ne pas être seul, pour une fois. A quel moment Sam se lasserait-elle ?
- Beckett est sympa, commenta-t-il à voix basse. Et avec le concierge, ils organisent toujours des trucs détendus. J'suis sûr ça devait être des Poufsouffles. Vous êtes carrément les moins chiants de l'école.
Message publié le 21/06/2025 à 14:32
Il ne s'était pas attendu à être retenu, mais la main d'Alison le força à rester là, et à écouter, effectivement, ce qu'Anya avait à dire. Sa vision de leurs échanges. C'est à dire, un mélange d'insultes et d'une version des faits qui ne pouvaient être que teintée de la propre rancoeur de la russe à son égard. Il aurait dû se sentir énervé, se défendre - mais c'était tellement plus facile quand Anya insultait les autres que lui.
La voix d'Anya remplissait l'espace et certainement qu'Alison absorberait cette vision-là. A quoi servait-il de rétorquer ? Il ne rétablirait pas une vérité qui n'était visiblement que la sienne. Et comme disait Alison, il n'était jamais sans défense. Et par conséquent, coupable par défaut.
- J'ai pas joué avec toi, s'entendit-il dire malgré tout, amer. J'voulais juste des informations sur ce qui se passait là-bas parce que - et il jeta un rapide coup d'oeil à Alison malgré lui (t'as de l'argent au moins ?) avant de se rappeler qu'il ne servait plus à rien de sauver les apparences - j'avais pas une noise pour acheter le journal. Toi t'as un gouvernement qui t'envoie de quoi vivre, moi y'a même plus de gouvernement pour s'inquiéter de si je suis vivant ou non.
Il se rendit compte de ce qu'il s'enfonçait dans une posture de victime qu'il n'appréciait pas, incapable de ne pas ramener leur altercation au conflit entre leurs deux pays. Il balaya d'un geste ses propres propos, de la main qu'Alison n'immobilisait pas, pour signaler que ça n'avait pas d'importance - mais ça en avait pour lui, qu'elles fussent capables de le comprendre ou non.
- J'ai jamais voulu te voler tes photos personnelles, je me doutais que ça devait compter pour toi parce que si j'en avais eu elles auraient compté pour moi. C'est pour ça que je te les ai ramenées, pas parce que j'avais peur de qui que ce soit. Et quand ils m'ont...
Sasha tendit un doigt vers le château mais les mots ne suivirent pas. Que lui avaient-ils fait, ces gosses, au juste ? Ils l'avaient tabassé, s'étaient amusés avec lui après avoir amoindri ses facultés. Ce n'était pas grand chose, ou bien ça ne devait pas être considéré comme tel : c'étaient des gosses qui avaient dérapé, terrassés par les récits qu'ils entendaient et qui concernaient leurs familles et leur pays, et Sasha était une cible idéale et isolée pour soulager cet imaginaire qui dévorait leurs nuits. Mais dans l'instant, il avait eu l'impression, dans ce cachot, d'être propulsé dans des situations antérieures, et bien plus morbides. Mais comment Anya ou Alison auraient pu comprendre ? Elles ne savaient pas ce que les sorciers se faisaient entre eux, à quelques milliers de kilomètres de la vie paisible de Poudlard. Comment la cruauté remplissait les sous-sols des prisons qu'ils improvisaient dans chaque camp, jusqu'à déborder à en vomir dans les campements où l'on entraînait des gosses comme lui.
Freya avait raison, se rappela-t-il à l'ordre : il fallait laisser la guerre là-bas. Mais personne ne prenait en compte une chose : la guerre ne se laissait pas faire, et elle était résolument assise dans le même wagon que lui sans qu'il pût rien y faire.
Sasha déglutit, s'efforça de reprendre, mais sa voix tremblait - il ne savait plus quelle émotion l'animait. Un mélange de tout, probablement. Son corps en était tout entier secoué, faisant frémir ses membres.
- Quand ils m'ont piégé, tu m'as pas soigné, tu m'as lancé une décharge ou je sais pas quoi. Si c'était pas pour m'humilier, c'était pour quoi ? Tu croyais que j'allais juste oublier et me laisser faire ?
Il se dégagea de l'emprise d'Alison, pour mieux se passer les mains dans les cheveux, à la recherche de quelque chose de mieux à dire, mais il savait que tous ces arguments ne pouvaient être contrés. Il pinça de nouveau les lèvres.
- J'voulais pas changer, éclata sa voix, comme un hoquet fataliste.
C'était vrai. Il avait paniqué, certes. Mais si elles savaient, elles auraient compris pourquoi il avait eu ce réflexe. Sauf qu'elles ne pouvaient pas savoir. Ne le pourraient jamais.
Esprits clairs, gestes sûrs [Cours SACM]
Message publié le 21/06/2025 à 12:25
C'était bientôt la fin d'une longue année. Poudlard prenait des couleurs plus estivales, le parc regorgeant de fleurs aux pastels douces, d'odeurs de bois séché, de chants d'oiseaux plus affirmés que les silences de l'hiver. Sasha s'était habitué rapidement à ces changements - à défaut de s'être jamais tout à fait acclimaté à la vie du château, il appréciait ces signes annonciateurs d'une saison plus douce. L'ambiance lui donnait l'impression d'être un peu engourdi en ce début de journée, où il s'était, comme d'autres, orienté vers la lisière de la Forêt Interdite à l'instar de ceux qui, comme lui, voulait perfectionner encore un peu leurs savoirs pour se préparer au Tournoi.
La clairière était accueillante ; Bowers était l'un des professeurs que Sasha avait apprécié durant l'année, principalement parce que s'occuper de ces animaux magiques le plongeaient dans une douce torpeur qui lui faisait momentanément oublier ses propres soucis, et que l'enseignant leur avait proposé des activités variées dans lesquelles Sasha s'était senti naturellement à l'aise : nettoyer des enclos ou brosser des Sombrals était le genre de tâches auxquels il était habitué depuis l'enfance et il n'avait pas hésité à passer quelques minutes supplémentaires à la fin des cours de Bowers pour l'aider à remettre en ordre ce qui était destiné aux animaux.
Pourtant, certains animaux restaient nerveux en sa présence, surtout les plus petits ; mais il les apaisait en étant patient, si bien qu'il avait fini par obtenir de bonnes notes.
Est-ce qu'il se présenterait au Tournoi ?
Est-ce qu'il serait là à la rentrée, était la véritable question. Il avait continué à suivre les cours destinés au Tournoi, pour s'entraîner. Mais ce matin-là, il venait presque plus par fidélité pour le professeur Bowers, qui leur proposait cet entraînement exceptionnel.
Sasha salua l'enseignant d'un geste de la tête en arrivant, les mains dans les poches. Il se positionna un peu à l'écart des autres, mais plutôt proche du groupe des Poufsouffles, et appuya son épaule contre un tronc, le temps que le cours débutât.
Message publié le 21/06/2025 à 11:52
Sasha ouvrit la bouche, éberlué, avant de suivre Alison à l'extérieur.
- Mais... !
La Serpentard l'entraînait dehors, visiblement fâchée. Est-ce que personne ne comprenait donc jamais qu'il avait de bonnes intentions ?!
- Je voulais pas dire ma copine dans ce sens-là ! Comment j'suis censé dire alors !
Il parlait avec les mains écartées, tâchant malgré tout de maîtriser sa voix - la dernière chose qu'il souhaitait était que ces adultes refissent leur apparition. Sasha suivit les enjambées fâchées d'Alison à l'extérieur, et les cheveux raides et roux qui se balançaient devant lui ne lui avaient jamais semblé aussi lointains et hostiles.
- C'est elle qui s'en est pris à toi et moi j'voulais juste te défendre !
Pourquoi est-ce qu'Alison pensait toujours qu'il était mal intentionné ? Pourquoi est-ce que tout le monde partait du principe qu'il était violent quand c'étaient les autres qui commençaient les hostilités ? Anya lui avait lancé un sortilège alors qu'il était au sol, terrassé par une bande de gamins. Et quand dans les sous-sols il l'avait plaqué à terre sous sa forme animale, c'était parce qu'elle lui avait sauté dessus la première. Mais une drôle de tournure des évènements, c'était lui qui était considéré coupable.
Il n'avait toutefois plus d'autres arguments : il voyait bien que tout ce qu'il disait se retournait contre lui, et la mention de Charlie le rappela brutalement à l'ordre : c'était peut-être la seule personne qui l'acceptait tel qu'il était, et aller dans cette direction ne ferait qu'aggraver les barrières qu'il y avait déjà entre elle et lui.
Dehors, le parc lui sembla odieux de beauté claire et verdoyante, comme si le contraste avec ce qu'il avait à l'intérieur n'était qu'une preuve supplémentaire que l'Ecosse, depuis le début, se moquait de lui.
Ils se retrouvèrent face à la Russe. La jolie Russe par laquelle il s'était senti si attiré. Acculé par les questions d'Alison. La jolie Alison dont il avait cru pouvoir remplir un petit coin de vie. Sasha encaissa le coup d'Alison sans broncher, se laissant repousser. Ses lèvres se déformèrent en une moue blessée, et aux propos d'Anya, il se contenta de secouer négativement la tête. Pourtant elle avait raison, d'une certaine manière. Il les regarda tour à tour, et il lui sembla qu'elles étaient liguées contre lui, et qu'il ne pourrait rien faire contre ça. Mais que pouvait-il faire ? Mentir ? Sûrement pas. Il avait déjà essayé ça, et ça n'avait fait qu'empirer la situation. Après tout, s'il était un monstre, autant assumer.
- J'l'ai blessée, il s'entendit dire subitement, la voix aigre, mais sans hausser le ton. J'voulais pas, mais elle m'a attaqué, et comme elle m'avait déjà attaqué auparavant un jour que j'étais sans défense, j'ai réagi par réflexe et j'l'ai griffée. Mais j'voulais pas. Alors j'l'ai ramenée à son dortoir, et on a croisé Gwen et Lucian, et voilà, ça s'est arrêté là.
Il se sentait subitement étrangement calme, dans cet espace boisé. C'était finalement si simple, de s'en remettre au destin. Qu'est-ce qui pouvait de toute façon lui arriver de pire que d'être rejeté par tous ? Il l'était déjà. Il se rendait compte, soudain, comme il était épuisé de protéger son secret, en vain. La violence qui l'avait animé un peu plus tôt s'était soudain évanouie, comme un ballon dans laquelle on aurait planté une aiguille. A quoi servait-il de se battre si fort, et si longtemps ? Sa vie était devenue un enchaînement d'absurdités solitaires.
- Vous avez qu'à me dénoncer, il annonça, et ses yeux s'attardèrent sur les baguettes de l'une et de l'autre.
Voilà à quel point elles se sentaient en sécurité lorsqu'il était là. Il serra les dents.
- Ou m'attaquer quand j'aurais le dos tourné.
Il secoua la tête, pinça les lèvres, et ses yeux allèrent, cette fois, d'Anya à Alison, affrontant une dernière fois leurs regards accusateurs.
- J'vous ennuierai plus, dit-il à voix basse. Ni l'une ni l'autre. J'ai compris.
Il enfonça ses mains dans ses poches avant de tourner les talons pour s'en aller. Il tâcha de garder le dos droit et le pas raide, mais il devait serrer les dents très fort pour empêcher des larmes idiotes d'inonder son visage.
Message publié le 19/06/2025 à 12:16
La surprise l'avait raidi, mais Sasha avait vite accepté l'étreinte de Charlie, l'enveloppant à son tour de ses bras sûrs - et le malaise étrange fit place à la même sensation de soulagement intense et profond : finalement, on n'oubliait jamais comment serrer quelqu'un dans ses bras, même quand on ne le faisait pas pendant longtemps. Après un moment d'inadéquation, les gestes revenaient avec un certain naturel, comme si le corps avait sa propre mémoire, son propre instinct tribal qui lui donnait cette capacité à se pelotonner contre les autres humains quand l'insécurité venait. Alors il serra Charlie bien fort, comme pour lui montrer que c'était pas grave de pleurer soudain, parce que c'étaient ce que faisaient les petites filles et peut-être même des femmes plus grandes, et alors on les prenait dans nos bras et on les serrait contre soi et au bout d'un moment, ça allait mieux.
Il le savait parce qu'on lui avait collé Kalina très tôt dans les mains : la famille n'était pas nombreuse, mais ses deux parents devaient travailler beaucoup pour faire subsister la famille, alors on responsabilisait vite les enfants. Berezhy svoyu sestru, "occupe-toi de ta soeur", était l'une des premières choses que Sasha avait dû apprendre pour aider sa mère lorsqu'elle s'était retrouvée débordée avec un deuxième enfant qu'il faudrait nourrir et habiller.
Mais tout cela était loin, maintenant.
C'était Charlie qui avait un gros chagrin aujourd'hui, et ses larmes chaudes qui tâchaient la chemise de Sasha devaient prendre source depuis un sacré paquet d'années passées à se poser des questions. Sasha se demanda ce que ça pouvait faire de se dire que ses propres parents n'étaient plus dans sa vie depuis ses deux ans, sans pouvoir se souvenir exactement des circonstances de leur départ. On devait se dire qu'on n'avait pas tant d'importance, puisque les deux avaient disparu sans vraiment prendre de nouvelles et s'intéresser à elle tout au long de sa vie. Si on pouvait mettre l'absence de Kate sur un accident ou un malheur, en rassurant Charlie sur le fait qu'elle comptait toujours autant, Freya et Alison n'avaient certainement pu en dire autant d'Owen. Sasha sentit de nouveau cette colère qu'il avait contre ce père absent - ce père qui n'était pourtant pas le sien. Si ç'avait été son père à lui qui avait abandonné Kalina, il lui aurait cassé la figure, parenté ou pas.
- T'as raison qu'il y a pas grand chose qui tourne rond, dit-il à voix basse, repensant à tout ce que Charlie avait pu écrire dans son journal. Mais si on se serre les coudes ça va aller, tu vas voir.
Si on se serre tout court, presque. La peur intense qu'il avait pu ressentir dans certaines situations passées n'avait été surmontée parce qu'ils s'étaient serrés les uns contre les autres, très littéralement. C'était absurde et il le savait : ce n'était pas ça qui l'avait sauvé. Mais ça avait sûrement sauvé son âme, ou du moins c'était comme ça qu'il s'en souvenait.
Parfois, de drôles de bruits émanaient du souterrain. Des cliquetis, des gouttes, des bruissements. Autant d'insectes et de petits rongeurs ou reptiles qui, après avoir été en alerte parce que dérangés par de grosses créatures indélicates, se remettaient à vivre leur vie, avec des instincts peut-être similaires aux leurs. Au-dessus d'eux, le vent bruissait dans les branches du Saule Cogneur, et Sasha avait l'impression qu'ils étaient isolés du reste d'un monde hostile. Si ce monde lui semblait regorger de dangers prêts à les engloutir chaque nuit, comment Kalina et Charlie étaient-elles censées ne pas avoir peur ?
Il resserra son étreinte.
- Ca va aller, il répéta.
Peut-être pour se rassurer lui-même.
Message publié le 18/06/2025 à 17:34
Sam était vraiment masculine. Même ses blagues l'étaient. Sasha eut un sourire en coin, lui décocha un regard curieux. Sam n'avait pas besoin de beaucoup pour se mettre à parler, le contact lui semblait facile, tant et si bien que le Gryffondor avait l'impression que c'était pour elle complètement naturel d'échanger avec le premier venu, quand lui percevait toujours chaque conversation comme un défi désagréable et risqué. Elle faisait déjà la conversation, enchaînant sur le Quidditch, l'annulation de la coupe et les évènements qui y avaient conduits, tandis que Sasha haussait les sourcils.
- J'étais pas au courant de tout ça, fit-il.
Dans sa tête, son esprit avait sauté en conclusion : un sabotage ? C'étaient les russes ! Mais il tâcha de se raisonner lui-même. Quel intérêt avait ce pays à saboter le Quidditch dans un pays voisin ? Quoique dans la diplomatie, on ne savait jamais. Lui, il n'y comprenait goutte, mais d'autres auraient parlé de stratagèmes alambiqués visant à les incriminer. Ces automatismes étaient évidemment plus rares en Angleterre, si bien qu'ils se demandaient s'ils avaient aucun fondement. Ils en avaient sûrement. Peut-être que les russes n'y étaient pour rien dans ce sabotage, mais comme ils auraient pu en être capables, autant les considérer coupables.
Sasha se passa une main sur le visage, comme si le soleil était trop fort pour lui, et reprit sa route. Il haussa les épaules.
- Si j'suis encore là, sûrement que j'y participerai.
S'il avait bien appris quelque chose à la guerre, c'était qu'on ne se battait pas toujours pour gagner - sinon, la moindre défaite et on était complètement démotivé - mais qu'il était important de montrer qu'on avait un certain honneur, et que donc on se battrait pour sa cause, quitte à affronter la défaite. Ou pire. Et s'il n'y avait personne d'autre pour défendre l'honneur de son pays à Poudlard, il le ferait lui-même.
- Je sais que j'ai pas vraiment mes chances, en vrai. Y'en a qui s'entraînent depuis qu'ils sont arrivés à Poudlard, on dirait. Et certains qui ont des très bonnes notes.
Ce qui n'était certes pas son cas.
- Et toi, tu vas participer ? Toi et tes copains, vous donnez l'impression de venir aux cours de soutien pour vous amuser. Mais Ambrose et toi, vous pourriez vraiment concourir, j'suis sûr.
Inutile d'expliquer pourquoi Ferguson ne faisait pas vraiment figure de candidat idéal pour les Poufsouffles. Les arches des fenêtres dessinaient sur le sol des arcs de lumière qui illuminaient leur silhouette avant de les replonger dans l'ombre, successivement.
- Si je peux pas retourner me battre pour chez moi l'année prochaine, je m'entraînerai dur pour au moins montrer qu'on n'est pas vaincus partout, grommela-t-il à voix basse.
Ces derniers temps, les journaux rapportaient de plus en plus de mauvaises nouvelles de son pays. Avec le temps, et des décennies de conflit plus ou moins actifs, le reste du monde s'était peu à peu désintéressé du sujet : c'était normal, de savoir que des gens, si loin, se battaient continuellement. Sasha avait l'impression d'être dans un pays ankylosé. S'il avait rêvé de le réveiller lorsqu'il avait rejoint Poudlard, désormais il savait qu'il ne pourrait plus que montrer qu'il avait la tête haute, même en venant de là où il venait, et ce serait le souvenir qu'il voudrait laisser avant de repartir. Sasha secoua la tête.
- Désolé, c'est pas un sujet. J'sais qu'il faut qu'j'arrête d'évoquer ça.
Laisser la guerre là-bas, avait dit Freya.
- Si vous avez envie de participer, on pourrait s'entraîner ensemble. On s'rait plus forts si on travaille... Genre en collectif, même si à la fin la compétition sera individuelle.
Message publié le 17/06/2025 à 20:12
Les mots d'Alison n'arrangeaient rien. Sasha eut un bref regard dépité vers elle, mais la haine qu'il ressentait envers Anya était plus forte, et il revint à la fusiller du regard avec toute la méticulosité dont il était capable - le souffle court, les dents serrés, prêt à intervenir de nouveau s'il le fallait. La chaleur avait empourpré ses joues et sa nuque, et il serrait toujours les poings.
Son aspect intimidant était suffisamment dissuasif - comme c'était généralement le cas face à ces couards de russes de Poudlard, et Anya ne faisait pas exception : déjà, elle battait en retraite sous sa menace devenue silencieuse.
Comme deux adultes étaient apparus un peu plus loin, cette fois la plupart des élèves se hâtèrent de se disperser, ne souhaitant surtout pas être associés à l'altercation qui avait lieu, mais Sasha n'y prenait garde. Il regardait la russe s'éloigner et à ses derniers mots, bien que déjà plusieurs mètres les séparaient, il fit quelques pas dans sa direction.
- - Заткнись, Никитовна! Не забудь заткнуться! (Ta gueule Nikitovna ! N'oublie pas de la fermer !) cria-t-il, rageur, mais tout à fait conscient de profiter de la terreur qu'il avait vu dans les yeux et l'attitude d'Anya pour lui rappeler le bon comportement qu'elle devait avoir.
Il s'était toutefois immobilisé, la laissant s'enfuir, avec l'envie de cracher derrière elle, mais il se retint. Sasha fit volte-face : Alison était toujours là, près du mur, avec son éternel air offusqué. Il secoua la tête - dans son champ de vision les deux adultes s'approchaient de la scène avec un air blasé. Il se hâta de s'adresser à Alison avant qu'il ne fut trop tard.
- - C'est des conneries, dit-il avec aplomb, comme si on lui avait demandé des comptes. Jamais je toucherai une fille de son espèce et tu le sais très bien.
La colère faisait encore vibrer sa voix, même s'il s'était efforcé de baisser largement d'un ton, à cause des adultes qui cette fois, étaient à portée de les entendre. C'était une femme vêtue d'une blouse blanche, avec des grosses lunettes et une queue de cheval châtain qui atteindrait certainement l'âge de la retraite - l'homme qui l'accompagnait, grand aux cheveux blancs posa sur Alison un regard que Sasha jugea condescendant.
- - Jeune fille, est-ce que ça va ? demanda-t-il, et sa collègue s'adressait déjà à Sasha avec les poings sur les hanches.
- - Monsieur, vous devriez vous expliquer calmement si vous avez un problème à résoudre.
- - Je sais, rétorqua Sasha. Mais c'est cette fille qui a commencé !
Il avait pointé un index en direction de l'escalier par lequel Anya avait disparu, mais la femme - probablement un personnel temporaire, comme une examinatrice de transplanage - fit claquer plusieurs fois sa langue sur son palais en guise de désapprobation.
- - Allons, c'est une attitude très immature, répliqua-t-elle avec un petit air supérieur en rajustant ses lunettes.
- - Elle a insulté ma copine en russe ! se justifia Sasha en élevant la voix de nouveau. J'étais censé la laisser faire ?!
- - Monsieur, je suis au regret de vous dire que je vais demander à ce qu'un professeur enlève 10 points à Gryffondor pour comportement inapproprié.
- - Mais -
- - Faites en sorte que je n'aggrave pas cette décision, trancha la femme.
Sasha s'humecta les lèvres. Serra les dents, regarda ailleurs. C'était sûr, il avait suffisamment eu de retenues comme ça pour des violences au sein de Poudlard. Il devait la fermer.
Son silence parut satisfaire la professeure, qui sourit.
- - Allez, retournez vaquer à vos occupations. Il fait un beau soleil dehors, profitez-en ! claironna-t-elle avant de s'éloigner tranquillement.
Sasha resta planté là, raide. Il regarda les carreaux qui pavaient le couloir, puis Alison.
Message publié le 16/06/2025 à 21:56
Dimanche 4 mars.
Sasha n'avait rien trouvé à la volière qui indiquât que son hibou était arrivé à destination. Il était monté vérifié deux fois par jour depuis deux semaines. Une fois le matin, et une fois le soir.
Puis il s'était dit que c'était ridicule : s'il avait du courrier, le hibou devrait le lui apporter directement sans passer par la volière - et puis, il effrayait systématiquement la nuée d'oiseaux qui vivaient là et qui arrêtaient de piailler dès qu'il entrait dans la volière. Certains le regardaient de haut, méfiants, et d'autres s'envolaient. A croire que ces bestioles avaient un sixième sens. Il n'avait jamais aimé les piafs de toute façon.
Donc, il avait décidé que désormais il résisterait à l'envie d'aller vérifier. Sa journée de travail chez OCQ l'avait suffisamment occupé pour y parvenir. Mais depuis ce matin, il avait lutté : il s'était levé, était allé prendre son petit déjeuner, puis était passé par la bibliothèque pour essayer de faire ses devoirs, sans grand succès. Puis c'était l'heure du déjeuner. Et après quoi ?
Après, il était monté à la volière.
Il en redescendait les mains dans les poches, la mine renfrognée, se maudissant de n'avoir pas su résister à la tentation. Il avait peut-être assez de courage pour être un Gryffondor, mais jamais assez de volonté, se morigénait-il, quand une voix l'interpela, comme sortie de nulle part.
Sasha se retourna pour voir arriver la Poufsouffle qu'il avait déjà rencontré dans les cours de préparation au Tournoi - le vague souvenir de l'épisode de la coupe de cheveux lui revint en mémoire, mais Chadwick n'était pas du genre à revenir se moquer de lui. Elle avait même été plutôt une chouette camarade pendant le cours d'astronomie.
- - Salut, croassa-t-il en réponse, enfonçant ses mains dans les poches de son jean, avisant les mèches humides de Sam avant de se remettre en marche, une fois qu'elle l'eût rejoint pour cheminer à ses côtés. Ca va. Et toi ?
Simple formule de politesse : il n'avait même pas réfléchi à sa réponse. Sasha avait des cernes sous les yeux, mais à part ça, il avait le même air que d'habitude. Un peu boudeur, un peu rustre. C'était peut-être juste son visage au repos. L'allure décontractée de Sam, toutefois, le mettait suffisamment à l'aise pour déambuler à ses côtés. Un beau soleil illuminait les premiers jours de mars, et beaucoup d'élèves en avaient profité pour aller dans le parc. Lui traînait comme on aurait fait une ronde dans un château insuffisamment gardé. : sans destination, seul le chemin semblait compter.
Soudain il eut un mouvement pour regarder derrière eux, mais il n'y avait personne.
- - T'es toute seule ?
C'était plus une exclamation surprise, en réalité, qu'une véritable question. C'était juste qu'il ne voyait jamais Sam sans le reste de la bande. En réalité, surtout à partir de la cinquième année, les élèves se déplaçaient majoritairement par groupes à Poudlard - comme la Brochette - ou au moins par deux. Les rares qui comme lui déambulaient seuls entre les classes avaient tendance à raser les murs, comme s'ils étaient fautifs de quelque chose de fondamental. Lui semblait moins s'inquiéter de ce qu'on le jugeât d'être seul : il ne faisait pas d'efforts pour disparaître, se contentait simplement de jeter des regards hostiles les élèves qui semblaient remarquer sa solitude, comme pour les défier de faire un commentaire. Les garçons l'ignoraient, sauf quelques Serpentards. Les filles se tenaient distantes, en particulier les Serpentards.
Mais avec Sam, c'était différent. Peut-être parce qu'il n'avait pas ce sentiment de rivalité, puisque ce n'était pas un garçon. Peut-être parce qu'il n'avait pas non plus ce sentiment d'être jugé, puisque ce... n'était pas non plus tout à fait une fille.
Sam était juste Sam.
C'était bien comme ça.
Il haussa les épaules, poursuivit sa route. Ce n'était pas à lui que Ferguson et Ambrose allaient manquer. On entendit au loin un coup de sifflet - une équipe profitait du week-end pour s'entraîner sur le terrain de Quidditch. Sasha porta un instant son regard dans cette direction, vers la fenêtre, comme on flânerait devant une vitrine, vaguement intéressé mais sans aucune intention d'acheter quoique ce soit.
- - J'ai entendu que t'étais une sacrée batteuse. C'est dommage qu'il n'y ait plus de Tournoi de Quidditch, j'aurais bien aimé voir quelques cognards se perdre dans l'équipe des Serpentards.
Rien que pour la perspective d'avoir le droit d'envoyer des projectiles sur cette maison hostile, il aurait été prêt à apprendre vraiment à jouer au Quidditch.
Message publié le 16/06/2025 à 18:02
La vie à Poudlard était une spirale qui ne cessait de vouloir plonger vers les méandres d'une réalité dure à laquelle il se sentait toujours plus étranger. Depuis sa conversation avec Freya, Sasha s'était appliqué à prendre ses distances avec les Carter : éviter Charlie dans les couloirs ou le parc, rester le plus professionnel et détaché possible à la boutique avec Freya, se concentrer sur ses potions et ses rempotages pendant les cours qu'il partageait avec les cinquième années de Serpentard. Non seulement c'était pénible, mais en plus il vivait désormais dans la crainte constante d'être soudain convoqué par la Direction de Poudlard.
Mais Anya Nikitovna n'avait pas parlé.
Il ne savait s'il devait cette chance à la crainte qu'il inspirait à la russe, à une forme de compassion ou si elle gardait tout simplement cette carte pour le faire chanter un peu plus tard. Sasha avait découvert que ce qu'il pensait savoir à son égard, à savoir ses transformations étranges et non contrôlées, n'étaient pas tout à fait inconnues des autres : il avait entendu dire qu'elle était métamorphe, et c'était probablement ce qu'il avait vu d'elle le mois dernier. Donc, il ne disposait même pas d'une information avec laquelle il pouvait la faire chanter en retour.
Il n'y avait plus une nuit où Sasha ne pensait pas à cette possibilité.
Que lui arriverait-il si la Direction savait ?
Les autorités seraient informées. Il s'imaginait toutes sortes de scénarios : d'un enfermement à Azkaban pour avoir menti sur sa nature dangereuse, au renvoi de Poudlard vers une institution spécialisée, en passant par un sceau ou autre dispositif magique qui l'empêcherait de se transformer à nouveau. Et il ne savait pas quel scénario était le pire.
Il ne lui restait donc qu'une option : serrer les dents jusqu'à la fin de l'année, renvoyer à Anya ses regards noirs sans davantage l'intimider, s'obstiner à s'isoler pour éviter d'être considéré comme une menace.
Le cours de transplanage était toutefois une opportunité qu'il ne pouvait ignorer. S'il parvenait à repartir de Poudlard un jour, avoir cette capacité serait un grand avantage. Il avait beau ne pas être le meilleur des étudiants, Sasha s'attachait à s'investir là où il voyait des opportunités pratiques de s'en sortir.
La première séance n'avait pas exactement été facile. Par chance, il ne s'était pas désartibulé, mais il n'atterrissait jamais à l'endroit où il l'avait prévu. Pire : il s'était retrouvé nez à nez avec Anya, qui l'avait sèchement remis à sa place, alors même qu'elle n'aurait pas dû se trouver là non plus. Impossible de rien rétorquer : l'intervenante mettait fin au cours et Sasha se contenta d'un soupir méprisant avant d'aller chercher ses affaires déposées au fond de la classe.
Celle-ci s'était rapidement vidée, avec un flot de conversations enthousiastes, et il ferma la marche, traînant derrière les autres pour ne pas avoir à se mélanger à eux.
A la sortie, bouchon.
La première chose qu'il vit fut qu'Alison était encore accompagnée d'un nouveau garçon, avec qui elle semblait plaisanter, passant un bon moment. Il eut envie de prendre la direction opposée du couloir, mais il n'avait vraiment rien à faire dans l'aile ouest. Il faudrait réellement passer devant ce nouvel amant potentiel.
Il avait serré les dents, braqué ses yeux sur le fond du couloir, bien décidé à ne pas prêter la moindre attention à...
- De quoi tu parles ?
L'altercation eut lieu si rapidement qu'elle surprit plusieurs élèves autour d'eux, dont Sasha, qui s'immobilisèrent. Le sang du Gryffondor ne fit qu'un tour. Il attrapa Anya par l'épaule pour la repousser un peu plus loin.
- Кем вы себя возомнили ?! (Pour qui tu te prends ?!) cracha-t-il, le regard brûlant, en lui faisant face. Не трогай ее, ты же знаешь, мне не составит труда за нее отомстить, маленькая девочка! (Ne la touche pas, tu sais qu'j'aurais aucun mal à la venger, pauvre fillette !)
Sasha sentait un feu intérieur lui embraser la poitrine et les poings qu'il serra contre ses hanches pour éviter de s'en servir. Il ne savait pas ce qui avait déclenché cette rage soudaine : qu'elle eût brutalisé Alison, l'insulte odieuse qu'elle avait prononcé à son égard en russe ou tout simplement le mépris avec lequel elle l'avait balayé du tableau comme s'il n'existait pas.
Il savait pourtant qu'il faisait une erreur. Sa voix tonnante risquait d'attirer un professeur, ou un préfet qui passait par là. Comme plusieurs élèves se tenaient coi à les observer, Sasha jeta un coup d'oeil circulaire autour de lui - évitant soigneusement Alison, mais s'arrêtant sur le plus proche des observateurs, dont la mine interdite fixait le Gryffondor avec circonspection.
- Tu m'étudies pour tes ASPIC toi ? Dégage ! Les autres aussi !
Quelques élèves s'éparpillèrent et s'éloignèrent, non sans commentaire méprisant sur le manque de tact avec lesquels on les virait de la scène, mais ils jetaient malgré tout des coups d'oeil par-dessus leur épaule, curieux.