Harry Potter RPG

Liste des messages de Sasha Shevchen

Sasha Shevchen

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Ukrainienne

L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 04/11/2024 à 15:44

L'instant moelleux s'était soudain déchiré, et brusquement la réalité froide s'était imposée : l'humidité lui glaçait le dos, le soleil lui brûlait la rétine. Il n'était pas une créature inaperçue comme un lézard, à contempler, distant, le monde. Le monde l'avait rattrapé de ses crochets sinistres.

 

Sasha avait émit un long grognement, encaissant malgré tout les remarques acides d'Anya. Il roula sur le côté pour échapper aux branches qui le dissimulaient, peut-être aussi pour décrocher son regard de celui, chargé d'un jugement implacable, de la Serpentard. Décidément, les filles de cette maison aimaient piétiner sa dignité. En même temps, il se rappela qu'il n'en avait pas vraiment.

Quand il se redressa, basculant à genoux puis sur ses fesses, cette fois libéré de tout artifice qui aurait pu le dissimuler, le soleil éclaira sa chemise détrempée collée à son dos, tâchée d'herbe et de boue. Il essuya ses mains, elles aussi mouillées, sur le devant de son jean, avant de les passer vigoureusement sur son visage comme dans l'espoir de se réveiller.

 

- J'étais si bien fondu dans le décor que tu t'es mise là sans m'avoir vu, rétorqua-t-il avec amertume. C'est toi qui est aveugle.

 

Sasha n'avait pas su quoi répondre à ce qu'elle avait dit plus tôt. Comment savait-elle déjà, pour Carter ? Ce n'était pas le premier commentaire qu'on lui glissait à ce sujet, alors même qu'il avait dû l'embrasser pour la première fois quelques jours plus tôt. La moitié de l'école semblait déjà au courant. N'avaient-ils rien d'autre à discuter ? S'il y avait bien une chose qui le surprenait, c'était qu'un tel fait eût pu intéresser autant de monde : même des plus jeunes de Gryffondor l'avaient regardé bizarrement, entre désapprobation et admiration. Il aurait juré que c'était parce qu'ils l'imaginaient passer son temps à chasser la Femelle Serpent.

Sasha avait plié ses genoux écartés pour y déposer ses coudes, faire disparaître sa tête au milieu de ses membres avec un gros soupir. Sa bouille féroce réapparut quand il se redressa subitement.

 

- J'suis pas un chien-chien pour Carter, c'était juste comme ça pour lui rendre un service, mais en vrai y'a rien entre nous. C'est pas sérieux, же ! (hein !)

 

Ca lui avait semblé important à préciser, si important qu'il n'avait pas pu empêcher ces paroles de s'échapper de ses lèvres. Il ne savait pas bien pourquoi, mais c'était pressant qu'Anya sût.

 

A la réflexion : si, il savait pourquoi, et c'était peut-être évident pour elle. Sasha scella ses lèvres, un peu piqué au vif d'avoir eu cette réaction subite, qui trahissait trop de lui-même. Pour s'occuper, il se mit à triturer entre ses doigts humides des brins d'herbe arrachés entre ses pieds, le regard tourné vers le lac. La surface parfaite de l'étendue d'eau reflétait le soleil matinal, l'obligeant à plisser les yeux, sa pupille rétractée au maximum. Encore une journée à endurer.

 

Il coula un regard à côté, comme pour vérifier qu'Anya était restée.

 

- Pourquoi ça t'importe autant qu'on s'fasse pas remarquer ? Si t'en as autant rien à foutre des autres, pourquoi tu veux tous qu'on soient invisibles pour eux ?

 

On aurait dit un petit frère accusant sa grande soeur. Ils étaient liés malgré eux, par une histoire invisible et pourtant qui semblait gravée sur leur front à tous.

 


Le Philtre de Paix

Message publié le 04/11/2024 à 13:25

Il l'avait bien aperçue, la petite Alison aux longs cheveux roux qui dansaient sur ses épaules. Au détour d'un couloir. Ou à la table des Serpentards. Ou de l'autre côté du parc. Mais en courageux soldat qu'il était... Sasha s'était systématiquement débiné, regardant vivement ailleurs, prenant un autre chemin, ou faisant carrément demi-tour. Ce n'était pourtant pas la tâche la plus compliquée qu'on lui eût donné depuis qu'il était arrivé à Poudlard, mais pour une étrange raison, il n'arrivait pas à trouver la résolution nécessaire à ce projet stupide. Le pire était qu'il n'était pas certain que cela portât ses fruits : quand elle avait dit "ne fais plus jamais ça", il n'était pas sûr de ce dont elle parlait. Quoi ? Cracher dans sa main, ça ne se faisait pas en Angleterre ? Il s'était essuyé sur son jean, la mine interdite.

 

Toujours était-il qu'il avait beau eu repousser l'échéance, l'épreuve finirait par arriver.

 

Et elle arrivait aujourd'hui.

Sasha se maudit de ne pas avoir profité, pour leur première fois, d'un moment où Alison était peu entourée. Avec la grande brochette dans laquelle elle était coincée comme un morceau de poulet au caramel agglutiné contre les autres (les brochettes de poulet au caramel, nouvelle grande découverte de mets de Poudlard pour Sasha), il sentait toutes ses bonnes résolutions fondre comme neige au soleil. Mais le cours de Potions était noté, et s'il voulait pouvoir prouver qu'au moins dans cette matière il avait le niveau pour rejoindre rapidement les sixième années, il était bel et bien forcé de jouer le jeu. Alors, il fit ce qu'il fallait faire. Selon lui.

 

Il prit une grande inspiration, puis il fonça dans le tas.

 

Littéralement. 

A grands pas il s'avança vers le groupe, écarta une grande blonde dégingandée, n'eut pas besoin d'en faire autant pour la petite brune aux cheveux bouclés qui fit un bond de côté pour éviter la charge, et il traversa le cercle sacré des filles qui complotaient pour fondre sur Alison. Agir avant de réfléchir, c'était sa règle pour toutes les situations où l'incertitude du résultat était trop grande, comme quand il fallait attaquer l'ennemi ou ne pas laisser échapper une proie. Sasha attrapa Alison par les épaules et écrasa ses lèvres contre celle de la jeune fille. Probablement avec la délicatesse d'un boxeur qui dit bonjour à son sac de frappe, mais probablement pas au point de lui faire mal.

 

Il sentit la peau fraîche de son minois délicat et l'odeur d'un parfum chic, sûrement trop cher - et ce fut tout ce qu'il emporta d'elle, car c'était fini la seconde suivante. Cette seconde suivante fut horriblement longue : le groupe de filles faisaient rouler leurs yeux dans leurs orbites dans une expression qu'il n'était pas capable de déchiffrer - sauf la grande blonde qui avait croisé les bras en mâchant son chewing gum, visiblement agacée de s'être faite dégager si brusquement. Alors Sasha leur décocha à toutes un regard clairement dissuasif - juste au cas où. Après tout, il avait un deal avec Alison, mais pas avec les autres. Il ne leur devait rien, et sûrement pas la moindre sympathie.

 

Sasha sentit un truc bouger entre ses mains, se rendit compte qu'il tenait toujours Alison. Alors il la libéra et renfonça ses mains dans ses poches pour aller se poster à côté d'elle, le regard terne. Il n'y avait plus qu'à attendre que le cours commençât. A cet instant précis, d'autres élèves entraient dans la classe, et notamment des Serpentards qui le regardaient étrangement, partagés entre la surprise et le doute, probablement. Sasha les ignora royalement, et reporta son regard sur les filles qui étaient devenues muettes comme des botrucs.

 

- Quoi ? Vous avez plus rien à vous dire ? il gronda.


Les choux mordeurs de Chine

Message publié le 04/11/2024 à 06:47

Ifjzoiejzfpei fziejf epscdslf ?

 

C'était probablement que ce qu'Alison avait pu lire dans les yeux de Sasha si elle avait décidé de le regarder à l'instant où elle faisait sa demande. Il resta longuement ahuri, les yeux ronds, à essayer de mettre bout à bout ses connaissances sur les expressions anglaises et sa compréhension du genre féminin.

Tout d'abord, il crut tout simplement que son niveau de langue n'était pas très bon et qu'il ne comprenait pas l'expression "sortir avec moi". Peut-être qu'elle voulait dire par exemple, qu'elle avait peur d'aller dehors la nuit toute seule et qu'elle avait besoin d'être accompagnée. A une telle demande, il aurait dit oui sans hésiter : c'était une mission facile et compréhensible.

Malheureusement, Alison donna des détails et il comprit qu'il s'agissait réellement de jouer la comédie.

 

Sasha eut un mouvement de recul. Par automatisme, il jeta un regard par-dessus son épaule, comme si quelqu'un avait pu être caché dans un buisson, à proximité, pour les épier pendant qu'ils avaient cette discussion saugrenue, mais ils étaient bien sûr parfaitement seuls et quand il se retourna vers elle, Sasha ne trouvait toujours pas ce qu'il devait dire.

 

Il pesait intérieurement le pour et le contre. Il y avait mille petits contres pour un seul pour : personne d'autre ne lui apprendrait les manières attendues ici. Mais avait-il pour autant besoin de se ridiculiser, d'autant plus si elle voulait même pas coucher pour de vrai ? (Parce que ça aussi, ç'aurait été une mission facile et compréhensible, mais elle, elle parlait de bisous sur la bouche dans les couloirs comme des enfants de maternelle.)

Il finit par secouer la tête, dans une expression entre la consternation et la stupéfaction.

 

- Deaaal... prononça-t-il lentement comme si quelqu'un avait forcé hors de sa bouche un mot qui ne voulait vraiment pas sortir.

 

Mais qu'avait-il à perdre, après tout ? Sa réputation ? Il était déjà regardé comme un animal de foire. Autant que ça leur fisse les pieds, à toutes ces marionettes anglaises et leurs manières, que les filles de Poudlard eussent l'air de se presser pour coucher avec lui. (En apparence, tout du moins.)

 

- Mais tu m'aides pour de vrai pendant les cours, il précisa en articulant lentement, comme si elle avait été capable de ne pas comprendre son anglais, subitement. Sinon j'arrête ton truc de Roméo et Juliette et je dis que t'étais pas un bon coup. Ok ?

 

Nouveau regard en arrière, pour vérifier que personne ne l'avait vu passer ce deal odieux. Mais comme ils étaient toujours seuls, le vent glacé d'automne faisant son office pour enfermer tous les élèves à l'intérieur, Sasha se retourna de nouveau vers la jeune fille. Il cracha dans sa main droite et la lui tendit.


Les choux mordeurs de Chine

Message publié le 03/11/2024 à 18:43

Sasha était resté coi, à la fixer bêtement. Bientôt il scella ses lèvres et serra les dents, faisant saillir les angles de sa mâchoire comme il détournait le regard, ses yeux se perdant vers la forêt interdite pour mieux éviter de continuer à la fusiller du regard.

 

Suka. (Chienne.)

 

Il ne l'aurait pas dit à haute voix, ne serait-ce que parce qu'il avait cet instinct : les pestes pouvaient vous en faire baver pendant de longs mois, c'était bien connu, alors autant ne pas commencer à se créer des problèmes inutilement. Et puis, des méchancetés, il en avait encaissé suffisamment et d'une autre trempe pour pouvoir simplement balayer l'insulte qu'elle lui faisait dans sa réponse.

Mais la proposition suivante d'Alison lui arracha immédiatement un rictus et finalement, il la fustigea bel et bien du regard.

 

- Tu m'as pris pour un chien à dresser ou quoi ? il grogna, certes, comme un molosse menacé.

 

Il la scruta un moment, le visage exprimant la défiance. Avec son petit sac plié au coude, ses petites chaussures vernies, ses cheveux parfaitement lisses et son langage ampoulé, il était clair qu'elle représentait le summum de la société distinguée quand il était... un garçon avec des cheveux en bataille, les mains sales - qu'il n'avait pas nettoyé de la terre par un sortilège, comme les autres - et abimées, des vêtements de récupération qu'on avait bien voulu lui offrir et qu'il portait froissés. En d'autres termes, un rustre.

 

Sasha gonfla la poitrine, comme pour se rappeler à lui-même lequel des deux ici était le plus fort, qui pouvait dans l'instant ne faire qu'une bouchée de l'autre. Il émit soudain un sifflement méprisant en guise d'au revoir. Il fit volte-face pour s'éloigner d'un pas vif.

 

 

 

 

Pas assez doux. N'importe quoi. Et puis de là à arracher une tête, cette pauvre fille n'avait sûrement jamais vu une tête arrachée. Il aurait juste regardé, lui aussi savait lancer un Episkey !

 

 

 

 

Un pas, deux pas, trois pas, quatre pas.

 

Demi-tour.

 

Un, deux, trois et quatre pas sur le chemin du retour.

 

Sasha s'était planté de nouveau devant Alison et vissa devant elle un index qui avait tout d'une accusation.

 

- Tu m'apprends que pendant les cours, pour que je peux retourner en sixième année le plus vite possible. Je dois aussi faire les Potions et la Divination avec les cinquième. Tu me dis quand je fais pas bien, tu le dis pas fort, tu le dis doucement, pas devant tout le monde, et tu me montres comment on fait.

 

Il avait les joues qui s'étaient embrasées au point d'être plus rouges que ses lèvres, et cette inflammation s'étendait jusqu'à son cou qui disparaissait dans son col maladroitement serré par la cravate des Gryffondors qui n'était pas nouée correctement. Son index resta suspendu un moment entre eux, puis il décida de le baisser subitement pour le cacher dans sa poche, comme s'il s'était souvenu de l'inélégance de sa main et de la façon dont Alison avait regardé ses cicatrices un peu plus tôt. Il déglutit, une moue de dépit sur le visage.

 

- Tu veux quoi en échange ? gronda-t-il, un peu à la manière d'un aboiement autoritaire.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 03/11/2024 à 12:01

Les nuits étaient fraîches en automne en Ecosse, mais certainement pas autant que les hivers russes et continentaux que Sasha avait connu. Là-bas, bien que tout fût plus sec qu'ici, le froid était si mordant que des moldus trouvaient régulièrement la mort, seulement surpris par la nuit, englué dans la toundra. On disait que c'était une mort douce : on s'endormait dans la neige ou dans la terre comme si ç'avait été un matelas de plume, et bientôt on ne sentait plus sa peau glacée, on sentait seulement l'univers devenir tout blanc, et c'était paisible.

Sasha ne savait pas très bien pourquoi on racontait cela : les nuits dans le froid, il y avait survécu grâce à ses talents magiques, et il n'y avait jamais trouvé une quelconque douceur.

 

Toujours était-il que les nuits écossaises, bien que fraîches, étaient loin d'être insurmontables.

Et au matin, il arrivait parfois ce qui se produisait à cet instant : le soleil avait décidé de se montrer. Il écartait les nuages pour cracher des rayons invisibles mais chauds, séchant les brins d'herbes gorgées de la pluie des jours précédents. Aussi, comme c'était dimanche, un certain nombre d'élèves étaient déjà dehors, en route pour rejoindre le village proche de Pré-au-Lard que Sasha n'avait encore jamais visité. Un bon nombre faisaient bien évidemment la grasse matinée, moins sensibles que d'autres à la rareté du phénomène de cet astre qui réchauffait le parc, et une poignée d'autres étudiants avaient décidé d'une promenade matinale dans le parc.

 

Ce devait être le cas de l'élève dont il avait entendu le pas léger à proximité : là une branche cassée sous une bottine, puis un peu plus proche, une feuille morte écrasée qui crissait sous la semelle. Sasha n'avait pas bougé. Il avait gardé les yeux fermés. A travers les branches et les feuilles attachées à l'arbuste qui le dissimulait, il sentait les tâches de lumière dispensée par le soleil lui réchauffer doucement le visage, les mains posées sur son torse, et sur son ventre à demi-nu à cause de sa chemise qui était sortie de son pantalon. De la boue maculait ce dernier - et en réalité l'intégralité des faces arrières de ses vêtements étaient détrempés vu le temps qu'il avait passé ici. Mais il n'était pas sensible à ce froid que d'autres auraient trouvé désagréable. C'était comme si sa peau était plus épaisse, comme si l'odeur d'humus de la forêt suffisait à rendre cet inconfort agréable, protecteur. De l'extérieur de l'arbuste, on aurait presque rien vu dépasser : peut-être à peine le bout d'une basket, pour quelqu'un de particulièrement observateur.

 

Il serait bien resté là plusieurs heures. Juste à rester les yeux fermés, somnolent, rêvant à toute la chair crue ou cuite que l'on servait sur les tables de Poudlard - cela était un luxe qui, il devait l'admettre, n'avait jamais connu en Ukraine : de la viande à tous les repas.

Mais il n'était plus tout à fait tranquille : la présence était toujours à proximité. Il n'avait pas ouvert les yeux qu'il la sentait tout de même : à cause d'un léger parfum, de légers mouvements de lumière, de ces sons minuscules qui chatouillaient ses oreilles ; des craquements et des froissements à peine audibles.

Bien que ce ne fut pas assez proche pour être menaçant, il consentit malgré tout à ouvrir les yeux, au bout d'un moment, malgré lui.

 

D'abord, juste des tâches noires et blanches, mouvantes, qui devinrent marrons et or, qui se précisèrent en les branches et feuilles qui se découpaient dans le soleil au-dessus de lui. Dans la périphérie de sa vision, une silhouette.

Avec lenteur, pour n'engendrer lui-même aucun bruit, il tourna la tête dans sa direction : une fille.

 

Une fille enveloppée dans une cape épaisse, à la chevelure sauvage, faites de boucles marrons. Il la regarda longuement, l'esprit vide, ou bien plein de cette seule contemplation : une silhouette élégante au soleil. La fille bougea : il aperçut son profil ; un petit nez discret, des lèvres dessinées, le pourtour du visage tout fin comme...

 

Anya Nikitovna.

 

Le nom lui était revenu rapidement. Il ne bougea pas néanmoins. Peu importait son nom, il n'était qu'une créature étendue et dissimulée qui en observait une autre. C'était juste agréable, d'être ainsi, de ne pas exister, de ne penser qu'à ce film qui se déroulait sous ses yeux - les boucles soulevées dans le vent, la main rapide de la jeune fille qui tournait une page du livre qu'elle avait sur les genoux, la courbe de son dos qui s'animait parfois, se creusait au niveau des reins comme une vague se cambrerait à l'approche de la rive.

 

Malgré lui, le bout de son index bougea.

 

Coïncidence, ou alertée par ce mouvement pourtant d'une discrétion suprême, Anya tourna la tête dans sa direction.

 

Il retint son souffle, s'imposa une immobilité parfaite.

 

Mais un moment il en fût sûr malgré le contre-jour : les yeux d'Anya s'étaient accrochés aux siens, au travers des branches.


Les choux mordeurs de Chine

Message publié le 03/11/2024 à 09:00

Un instant, pendant qu'Alison maintenait le poignet de Sasha, ce dernier fut parcouru d'une bouffée de chaleur et il se tendit, luttant contre lui-même pour ne pas s'arracher à la prise de la jeune femme. Il lui semblait soudain qu'elle aurait pu lancer sur sa paume déjà meurtrie n'importe quel sortilège, par pure méchanceté : lui couper les doigts, ou bien les transformer en pierre ou en branches de cactus, ou bien lui sceller la main sur la table. Qu'est-ce qui lui prenait de demander un tel service à une inconnue comme elle ?!

 

Mais non. Elle incanta un simple Episkey, qui eut l'effet attendu. Les picotements qui rongeaient sa paume disparurent aussitôt.

 

En guise de merci, Sasha arracha sa main dès qu'il le pût pour se hâter de la faire disparaître dans son pull, la tête honteusement enfoncée dans ses épaules.

 

- Chhhut, il siffla sèchement.

 

Mais les autres élèves ne leur prêtaient guère plus trop d'attention, occupés qu'ils étaient à devoir rempoter leurs propres choux, avec plus ou moins de succès. Ils étaient prudents, se tenant éloignés des légumes maintenant qu'ils avaient vu un échantillon de ce qui pouvait leur arriver au contact des choux mordeurs.

Sasha, lui, se hâta de se détourner. Il récupéra son balai pour nettoyer le sol autour d'Alison, et revenait de temps à autre mettre de la terre sur les choux qu'elle avait réussi à transvaser, et le reste de l'opération se poursuivit tant bien que mal.

 

 

Après la partie pratique, ils avaient eu droit à de longs rappels sur les propriétés des choux mordeurs et leurs conditions de culture - sol neutre et bien drainé, sortilèges de Bulles de Tiédeur à dispenser régulièrement pour leur éviter le gel, sans oublier quelques gouttes de Dégluetouffe pour dissuader toute créature de venir les croquer pendant la nuit - rappels que Sasha n'avait écouté que d'une oreille.

 

Fort malheureusement pour lui qui était pressé d'en finir, la professeure n'avait pas oublié qu'elle avait rendez-vous à la fin du cours avec le binôme original qui s'était fait remarquer pendant le rempotage. Elle les attendait les bras croisés à la sortie de la serre. La pluie avait fini par cesser, mais l'air à l'extérieur était saturé d'humidité - une atmosphère qui semblait moins la déranger que l'allure un peu traînante avec laquelle Sasha avait décidé de s'acheminer, à la suite d'Alison et après tous les élèves de la classe, pressés de rentrer au château.

 

- Miss Carter, Monsieur Shevchen, claironna-t-elle en guise d'introduction une fois qu'ils ne furent plus que tous les trois devant la porte vitrée. Il ne m'a pas échappé que vous aviez attiré l'attention de vos camarades au point d'un peu trop les déconcentrer de leur tâche. Que s'est-il passé ?

 

Sasha entrouvrit la bouche avec un air offensé.

 

- Ils ont qu'à mettre leurs yeux là où ça les regarde, gronda-t-il avec son accent qui rendait les expressions anglaises étrangement exotiques.

- Ce n'est pas ma question, monsieur Shevchen.

 

La professeur de botanique était certes catégorique, mais elle était patiente. Elle attendit que les deux se reprissent.

 

- On vous l'a dit, fit Sasha en tâchant de faire un effort pour parler calmement. Alison a glissé, et elle est tombée. Il y avait de la terre par terre à cause que j'avais déjà commencé à rempoter. Et les autres je sais pas pourquoi ça les intéressait autant.

 

La professeur plissa les yeux, comme pour les sonder tour à tour, l'air de demander silencieusement à Alison s'il n'y avait pas là une autre facette de la vérité que la jeune fille voulait apporter, mais elle ne trouva pas son bonheur et fut obligée de faire une moue d'assentiment, non sans un certain dépit.

 

- Bon, j'espère que cela ne se reproduira plus. Nous garderons les mêmes binômes le reste du semestre et...

- Quoi ?!

 

Sasha n'avait pu s'empêcher, les sourcils haussés, d'intervenir.

 

- Plaît-il ?

 

Le Gryffondor bégaya en silence quelques instants.

 

- J'ai... Je suis en sixième année, je vais faire tous les cours de botanique des cinquième ?

- E-xac-te-ment, approuva la professeur, les poings sur les hanches. Ce premier cours était pour voir votre niveau, et clairement vous n'avez pas l'habileté nécessaire en botanique pour exécuter les tâches des 6ème année où nous manipulons des plantes plus rares et plus sophistiquées, comme le Sopophore et le Snargalouf. Je ne peux pas prendre le risque que vous les massacriez, monsieur Shevchen.

 

Sasha se renferma, reculant d'un pas. Il resta prostré dans son mutisme le reste de la conversation, pendant laquelle la professeure égrenait le contenu des prochaines séances - étude de la Tentacula vénéneuse, rempotage des mandragores adultes, extraction de pus de Bubobulb...

Il ne savait plus très bien ce qu'elle avait dit ensuite. Elle avait fini par conclure, fermer et verrouiller la porte de la serre et s'éloigner d'un pas vif, car elle devait accueillir une autre classe. Sasha avait l'impression d'être dans un drôle de brouillard - il avait comme oublié même d'être en colère - quand il tourna la tête vers Alison, qui n'avait pas encore décampé. Qu'est-ce qu'elle foutait là ?

 

- Tu veux que je regarde ton crâne ?

 

Il avait demandé abruptement.


Comité d'accueil

Message publié le 02/11/2024 à 19:42

- Мне плевать, как они меня видят ! persifla-t-il. (Je m'en fous de comment ils me voient !) 

 

Malgré le ton acide, c'était moins contre elle que Sasha était en colère que contre les anglais. Mais par défaut, il garda les sourcils froncés, son regard dardé sur la jeune femme, comme un prédateur en train de se demander si oui ou non cela valait la peine de se jeter sur cette proie.

 

En réalité, il ne savait pas si Anya tentait de le provoquer ou bien si sa froideur et sa voix ferme étaient ce qu'elle réservait à tout le monde ici. C'était possible, venant d'une Russe. Mais il avait cette étrange sensation d'être testé, qu'il fallût qu'il fût prêt à se défendre. Ou bien, c'était comme ça qu'il ressentait toute approche, et le fait qu'elle parlât sa langue n'était pas suffisant pour apaiser sa combattivité.

Il ne put empêcher un pas en avant, les poings serrés.

 

- Как ты думаешь, я сбежал? Я не трус ! Меня останавливают эти марионетки и их гребаные фанфары мира ! (Tu crois quoi, que j'me suis enfui ? J'suis pas un lâche ! C'est ces pantins et leur putain de fanfare pour la paix qui m'en empêchent !)

 

Le cri était sorti de sa poitrine avec douleur, et il pointa un index vers ce qu'il pensait être approximativement le sud-est - mais il était désorienté, dans ce fichu château et sous ces épais nuages d'Ecosse où le soleil semblait ne jamais vouloir se montrer clairement, aussi rien n'était moins sûr que cette direction imprécise.

 

- Я бы уже вернулся, если бы мог! Но на меня наложили Трейс, чертов Трейс, как в детстве ! (J'y s'rai déjà retourné si j'avais pu ! Mais ils m'ont mis une Trace, une putain de Trace comme un gosse !)

 

Parce qu'ici il était un enfant, ils en étaient tous. Pour Sasha, un enfant, c'était les premières et deuxièmes années de Poudlard, pas plus. Après, une fois qu'ils savaient lancer leurs sortilèges, à quoi servait-il que tous fussent capables de lire dans le marc de café ou de résoudre les énigmes de l'arithmancie ?

Il s'humecta les lèvres, le temps de trouver le reste de l'argumentaire, mais il abandonna aussitôt. Il s'énervait pour rien. Il le voyait dans les yeux de la fille, que ce n'était pas son point de vue à elle. Qu'elle ne comprendrait pas. Elle n'était pas allée là-bas, et quand bien même elle y aurait été, elle se serait sûrement battue pour le camp d'en face, avec son accent de Sakhaline. A quoi s'attendait-il donc ? A du soutien ? De la compréhension ? Tout le monde n'avait cessé de lui répéter la chance qu'il avait eu d'être tiré d'affaire pour être emmené dans une école sûre.

 

- Дурак (Idiot), bougonna-t-il à voix basse, pour lui-même, en se détournant de nouveau vers la fenêtre.

 

Le silence revint presque aussitôt. Il avait semblé un moment que la voix criée de Sasha s'était répercutée dans le couloir, avait dévalé les escaliers pour réveiller quelques lointains portraits qui avaient murmuré en retour. Quoiqu'il fît, Anya avait raison : les portraits rapporteraient, les fantômes le surveilleraient. Quant aux élèves, ils seraient comme Anya : pour survivre, ils penseraient d'abord à leur pomme. Ici, pas de milice qui s'organiserait. Il déglutit, les yeux vissés sur le parc, à travers la vitre. Sa respiration finit par se calmer, et quand il reprit la parole, ce fut comme si rien de cet excès d'humeur n'avait jamais eu lieu.

 

- У тебя здесь есть семья? Кто дает вам разрешение... на... (Tu as de la famille ici, toi ? C'est qui qui te donne l'autorisation pour... pour...)

 

Il désigna une direction au hasard, du bout du menton.

 

- Преораль, или я не знаю, деревня там. (Préoral, ou je sais pas, le village là.)


Les choux mordeurs de Chine

Message publié le 31/10/2024 à 21:17

Sasha ne s'était pas retourné. Il avait vissé son regard sur les pots devant lui, bien décidé à ne pas prendre part à la conversation qui se poursuivait entre la professeure et l'élève. Mais l'injonction de devoir rester après la classe lui tira une brève expression d'aigreur. La dernière chose qu'il souhaitait, c'était bien de traîner plus que nécessaire dans ce genre d'endroit. Mais il avait beau aller aussi vite qu'il le pouvait dans toutes ses tâches, les journées n'en étaient pas plus courtes.

 

Subitement, d'une manière qu'il ne pouvait expliquer, il sentit le regard d'Alison sur ses mains. Il les rétracta presque instantanément dans ses manches, non sans une oeillade sombre. Les paroles acides de la Serpentard lui confirmèrent qu'il n'y aurait pas de trêve entre eux : ce qui venait de se produire n'était qu'une simple alliance de circonstance face à un opposant commun.

 

- Evidemment que je sais.

 

Qu'est-ce qu'elles avaient toutes à croire qu'il ne connaissait pas les formules les plus élémentaires ?

Il se remit à fixer les choux devant lui, le visage toujours fermé. Elle ne voulait pas être jardinière. Bizarrement, il songea que lui, ça ne lui aurait peut-être pas déplu, dans d'autres circonstances. Oui mais voilà, on ne choisissait pas ses circonstances, et l'idée de labourer tranquillement la terre au soleil n'était pas donc vraiment dans ses projets non plus, pour d'autres raisons.

 

- Ok.

 

Voilà un plan simple.

 

Sasha resta pourtant figé à côté de la jeune fille. Il regardait les mains de celle-ci s'activer doucement, avec une certaine hésitation.

 

Il sentait une sensation extrêmement désagréable lui fourrager les entrailles, remonter le long de sa gorge comme un démon brûlant qui coloraient de rouge carmin ses mâchoires et ses oreilles, en passant par ses joues. Mais il resta longuement immobile, à fouiller ses pensées, à la recherche d'une solution.

Il n'y en avait qu'une.

 

Sasha déglutit, un peu plus bruyamment qu'il ne l'aurait voulu. Ses yeux restaient figés sur le chou devant lui - c'était celui qui avait mangé les cheveux d'Alison. Il s'agitait doucement sous la motte sombre, comme un cadavre pas tout à fait mort aurait remué la terre pour trouver la meilleure position pour son sommeil éternel.

 

- J'suis gaucher, glapit subitement Sasha à voix basse, comme si c'était une confidence que les autres ne devaient pas entendre.

 

Leurs regards se vissèrent l'un à l'autre, mais dans l'incompréhension. Alors il reprit.

 

- C'est la main avec laquelle je tiens ma baguette.

 

Sasha fit un effort pour sortir sa main gauche, blessée, et dévoiler sa paume tâchée de sang et ses doigts qui tremblaient malgré lui. Ce n'était pas une blessure grave - du moins pas de son propre jugement. Pourtant, il serra les dents, carra les mâchoires comme si les mots qu'il allait prononcer lui brûlait la trachée.

 

- Je peux pas me soigner tout seul.


Comité d'accueil

Message publié le 31/10/2024 à 20:39

Sasha avait pincé les lèvres en scrutant toujours la silhouette d'Anya. La jeune femme désarticulée regardait vers le ciel invisible avant de le regarder avec rigidité. Et ses mots tranchaient l'air avec autant d'apreté que les cordes qu'il avait imaginé un peu plus tôt. Il sentait presque cette rugosité étroite contre ses membres, contre sa gorge, et il déglutit en silence en détournant le regard.

 

Dit plus simplement, ici, le Conflit, tout le monde s'en branlait.

 

Sasha resta silencieux un moment, écoutant apparemment d'une oreille la suite de ce que pouvait lui fournir Anya comme information. Il était pourtant attentif, malgré son regard qui s'était perdu dans les recoins d'un vitrail aux dessins tortueux, qu'il n'essayait pas même de déchiffrer. Il sembla un moment serrer les dents, comme pour retenir quelque chose.

 

- Я буду знать, как управлять, grogna-t-il à voix basse. (Je saurai me débrouiller.)

 

Un instant, il songea à lui demander conseil. Anya ne pouvait pas être si parfaitement innocente. Une Russe ne l'était jamais. Mais il aurait alors pris le risque qu'elle lui donnât des indications trompeuses qui l'auraient au contraire amené à se faire prendre. Sasha se retint donc. Ses mains dissimulées dans ses poches semblèrent fourrager, à la recherche de quelque chose qu'il ne sortit pas. Il s'écarta pour aller vers une fenêtre. Les verres ici étaient particulièrement épais - probablement pour éviter que quiconque ne put passer au travers par erreur à une telle hauteur.

Au bout d'un moment, il sembla désigner le paysage du menton.

 

- Почему этот лес запретный? (Pourquoi est-ce qu'elle est interdite, cette forêt ?)

 

Elle l'attirait, lui.

 

- Это просто способ держать детей в вольере или есть веские причины? (C'est juste un moyen pour tenir les gamins dans l'enclos ou il y a de bonnes raisons ?)

 

De toute façon, il doutait que les bonnes raisons de la Direction de Poudlard fussent suffisamment bonnes pour lui. Il avait ses moyens d'échapper aux prédateurs. Et un peu d'adrénaline ne faisait certainement pas de mal.

Il entrouvrit subitement la bouche pour respirer, pris d'une bouffée d'envie. Son coeur s'était mis à tambouriner dans sa poitrine et ses joues s'embrasaient subitement, et il dut se faire violence pour rester immobile, garder ses mains dans ses poches, fixer la lisière de la forêt au loin, sans rien laisser transparaître -ou presque. Ces accélérations finissaient toujours par se calmer en quelques secondes.

Il prit une longue inspiration, espérant faire revenir le calme en lui plus vite.

 

- Кем мы должны стать дальше ? (Qu'est-ce qu'on est censés devenir après ?) Il demanda avant de lui adresser un regard distant. Вы, например. Имеешь ли ты после Хогвартса право оставаться на английской земле ? Чем ты планируешь заняться ? (Toi par exemple. Après Poudlard, tu as le droit de rester sur le sol anglais ? Tu vas faire quoi ?)


Comité d'accueil

Message publié le 29/10/2024 à 18:35

- Я знаю Эванеско. (Je connais Evanesco.)

 

C'était effectivement la seule chose qu'il avait prononcé, sur le ton de la protestation, depuis leur petite pause dans le parc. Il avait suivi néanmoins, aussi sagement qu'on pouvait l'être. Il avait laissé tomber l'idée de retenir tout ce qu'Anya lui montrait : soit c'était évident - il savait reconnaître un terrain de Quidditch quand il en voyait un - soit il aurait oublié au vu des recoins foisonnants du château. C'était au moins ce que l'on pouvait concéder à Poudlard : il existe mille et uns endroits où se cacher, et c'était plutôt cela que retenaient les yeux fureteurs de Sasha quand ils passaient dans les couloirs. Ici une salle vétuste visiblement abandonnée, là un passage vers des sous-sols. Il gardait bien entendu ces remarques pour lui, s'humectant de temps à autre les lèvres, tout à ses réflexions, les mains dans les poches. Il essayait en effet de se concentrer sur ces choses-là plutôt que sur la démarche souple d'Anya. Elle avait de longues jambes quand elle montait devant lui dans les escaliers - tous ses membres étaient étrangement fins, comme des ficelles magiquement articulés. Elle grimpait les étages et lui dans la foulée avait l'impression de suivre ce jeu de cordes comme s'il montait des marches infinies pour atteindre une potence perchée dans les nuages.

 

Mais quand ils émergèrent, au tout dernier étage, il n'y avait rien de si funeste ; sinon encore des couloirs de pierre, et des fenêtres aux vitraux élégants qui jetaient des couleurs tricotées sur la silhouette de la Russe.

 

- Меня не интересует твоя задница. (Ton cul m'intéresse pas.)

 

Elle savait très bien que ce n'était pas ce que Sasha avait dit. Il se tenait là, les mains toujours enfoncées dans les poches, à la toiser. Un moment, il détacha son regard pour jeter un coup d'oeil derrière lui : le couloir était complètement désertique. Ils paraissaient seuls au monde, dans un corridor suspendu au-dessus de la civilisation. Ici, pas même un portrait pour les entendre. Il reporta son attention sur la jeune fille.

 

- Я задал тебе реальный вопрос, а ты не ответил. (Je t'ai posé une vraie question et tu as pas répondu.)

 

Il y eut un silence. A cette hauteur du château, on entendait le vent chuinter contre les parois de pierre, s'y user indéfiniment, s'infiltrer parfois par les carreaux avec des sifflements étranges, comme si des serpents étaient dissimulés dans les murs. Sasha n'y prêtait aucune attention ; mais il serrait les dents, comme si cette atmosphère était pour lui électrique bien qu'il s'y sentît assez à son aise pour essayer de prendre un ton moins agressif.

 

- Что он говорит здесь о Конфликте ? (Qu'est-ce qu'ils disent du Conflit, ici ?) demanda-t-il comme pour lui rafraîchir la mémoire ; mais sa tentative de parler plus calmement sonnait mal ; comme s'il menaçait plus qu'il n'aboyait, désormais. Il se morigéna intérieurement.

 

Le Conflit, c'était comme ça qu'on nommait la guerre, là d'où il venait.

Sasha crispa soudain ses épaules, comme pris d'un frisson. De nouveau, un regard au-dessus de son épaule. Personne.

 

- А еще мне нужно выходить ночью. Я хочу знать, будет ли это проблемой. (Aussi, j'ai besoin de sortir la nuit. Je veux savoir si ce sera un problème.)

 

Cette fois, cela sonnait assez doux, jugea-t-il. Au moins n'avait-il pas l'air de donner un ordre. Ou bien si ? Qu'en savait-il, après tout, de ce qu'une fille comme elle attendait comme ton ?

 

 


Les choux mordeurs de Chine

Message publié le 28/10/2024 à 21:11

Sasha retira les gants d'un geste rageur, les jetant sur un coin de la table. Dès qu'Alison se fut retournée à son chou, il en profita pour faire une grimace, censée reproduire la mimique hautaine de la jeune fille, version caricature slave, quand elle lui avait signalé qu'elle ne ramasserait pas pour lui. Il n'en restât pas moins qu'après un gros soupir, et sous des regards discrets qui les épiaient des tables voisines, le Gryffondor s'empara d'un brosse avec laquelle il repoussa la terre au sol dans un coin. Nettoyer le sol d'une serre, quelle idée ridicule. A la fin du cours, il y aurait tout autant de terre partout, alors pourquoi ?

Mais obéir pour le simple fait d'obéir, il savait faire. Au moins quelque chose de familier dans ce château et son parc à thème pour enfants de maternelle. Pendant ce temps, Alison n'avait qu'à se débrouiller avec sa délicatesse de petite bourge, si c'était cela qui convenait au professeur. Pas sûr qu'ils réussissent à remporter les six chous avant la fin des deux heures, mais apparemment c'étaient davantage les apparences que l'efficacité qui comptait dans ce fichu...

 

Sasha releva le nez de son balai à l'exclamation de son binôme, pour la découvrir penchée en avant la tête étrangement inclinée sur le côté tandis qu'une mèche de ses précieux cheveux étaient inexorablement mastiquée par des rangées de dents végétales.

Alors le slave grimaça enfin un sourire en s'appuyant sur le balai pour pencher la tête aussi, histoire d'avoir le visage dans la même direction que la pauvre élève prisonnière par les cheveux.

 

- Désolée, je pas comprendre ce que tu veux. Tu sais, moi pas parler anglais...

 

Il s'attendait à lire la fureur dans les yeux d'Alison. C'était bien mérité. Mais les yeux agrandis, marrons comme des feuilles d'automne, n'avaient pas tant l'air furieux que paniqués.

 

- Oh my God ! cria une fille à la table voisine.

 

D'autres exclamations fusèrent ici et là. Suffisamment intenses pour que Sasha comprît qu'Alison n'était vraiment pas en mesure de se sortir de là toute seule. Quant aux autres élèves paniqués qui les regardaient, pas un n'avait la présence d'esprit de bouger le petit doigt. Est-ce qu'en plus les Serpentards n'avaient aucun esprit d'équipe ?

 

- Tchort, croassa-t-il, avant de lâcher brusquement le balai. (Bordel.)

 

Sasha avala la distance entre eux en deux pas précipités avant de se pencher sur le pot. Il attrapa d'une main la mèche de cheveux, et de l'autre enfonça sa paume sur le chou pour extirper la tignasse rousse. Le chou tenta d'abord de résister, et Sasha dût tirer plus fort. L'arrachage provoqua soudain un crépitement désagréable, libérant brusquement Alison tandis que le Gryffondor et elle reculaient.

 

- Oy, blyad ! jura Sasha avec vigueur. (Oh, putain !)

 

Il avait battu en retraite par réflexe, emmenant de sa main libre Alison avec lui - Sasha secoua son autre main devant lui avec douleur : sa paume avait été perforée de toutes parts, et déjà des gouttes de sang se formaient et dégoulinèrent devant eux. Un drôle de silence les entourait tandis que les autres élèves restaient figés à les regarder.

 

Bien évidemment, les cris puis ce silence avaient alerté la professeure. Celle-ci revenait vers l'arrière de la serre d'un pas pressé, se frayant un chemin entre les tables en se hissant parfois sur ses pointes comme pour mieux y voir. Sasha se dépêcha de retourner à leur table... pour mieux cacher sa main sous celle-ci.

 

- Que se passe-t-il ici ?

 

Evidemment, c'était à lui qu'elle s'adressait. Sasha avait retrouvé instantanément sa moue désagréable.

 

- Rien, rétorqua-t-il sèchement.

 

Le visage de la professeure resta immobile, à le fixer telle une chouette épervière affamée, en attente d'une réponse plus satisfaisante. Sasha soutint son regard un moment, mais ne put empêcher un coup d'oeil vers le chou : ce dernier avait quelques dents qui s'emmêlaient encore dans quelques cheveux roux. L'air de rien, Sasha prit une motte de terre de sa main valide pour la jeter sur le chou.

 

- On rempote, c'est tout, gronda-t-il.

- Monsieur Shevchen, vous voudrez bien me parler sur un autre ton ! Que. S'est. Il. Passé ?

 

Mais Sasha avait décidé de sceller ses lèvres à la manière d'un enfant refusant de manger sa bouillie.


Les choux mordeurs de Chine

Message publié le 28/10/2024 à 15:17

Combien de temps fallait-il pour aller chercher quatre branches d'aubépine ? A peine Alison s'était-elle éloignée que Sasha trouvait qu'elle aurait dû revenir. De son côté, il alignait les pots. Les autres groupes d'élèves avaient soigneusement sélectionné un seul chou, qu'ils examinaient précautionneusement, quand lui en avait stocké six, déposés les uns après les autres avec la douceur d'un poissonnier du siècle dernier abattant une anguille sur le bord d'une table.

Ses gestes agacés avaient peut-être à voir avec la remarque d'Alison. Son chien ? Quel rapport ? Il n'avait fait que répéter les consignes du professeur puisqu'elle ne s'était pas encore mise au travail. Est-ce qu'il était tombée sur la fainéante de la classe ?

 

Il enfila les gants, ne pensant même pas à leur odeur ni à ce à quoi elles avaient pu servir avant.

 

- Parfait, rétorqua-t-il à Alison quand il se mit au travail.

 

Autant qu'elle ne le gênat pas : plus vite il agissait, plus vite ils seraient tous deux débarrassés.

Et puis cela lui évitait de la regarder. Il avait bien vu et entendu le petit ricanement auquel il n'était certainement pas étranger. Mais au diable s'il se laisserait impressionner par une petite peste anglaise qui aurait peur de se faire des ampoules aux doigts en cueillant une myrtille.

 

Sasha entreprit d'enfoncer des morceaux d'aubépine dans les pots, faisant couiner de rage les choux. Ils s'attaquèrent à l'aubépine comme si la branche était l'autrice d'une attaque éclair, avec force de crachotements et de mordillements furieux. Le Gryffondor profita de ce que cela les occupait pour en saisir un à pleins gants pour l'arracher de force à son pot : une gerbée de terre se répandit autour de lui lorsque les racines lâchèrent. Suspendu dans sa main, le chou gigotait du bout des racines, essayant de mordre tout qu'il pouvait trouver sous ses dents : restes d'aubépine, les gants de Sasha, et même ses propres feuilles, dans une crise âpre et silencieuse. Sasha se hâta d'enfoncer le petit monstre végétal dans un grand pot, sans ménagement. Puis il prit à deux mains une grosse poignée de terre pour l'enfoncer dessus - un peu comme on aurait essayé de noyer un lutin de Cornouailles au fond d'un seau glacée.

Aussitôt fait, aussitôt oublié : Sasha passa au chou suivant avec la même douceur.

 

- Huuummm... fit une voix hésitante à proximité.

 

La professeure de botanique était une femme au visage plein de gentillesse, un peu ronde, les joues rouges avec des boucles brunes sauvages qui lui descendaient sur les épaules en mèches épaisses et embrouillées à la manière d'un lierre envahissant. Elle avait de grands yeux noisettes qui parurent plus ronds encore que les noisettes elles-mêmes quand elle avisa la table de Sasha et Alison. Le Gryffondor continuait le rempotage, non sans attirer quelques gloussements d'une table voisine quand la professeure se passa une main sur le menton en l'observant.

 

- Alors, les choux mordeurs de Chine sont plutôt délicats malgré leur caractère, essaya-t-elle de dire en agitant le bout de ses doigts comme des fleurs dans lequel le vent chahuterait. Leurs feuilles sont très utiles notamment pour confectionner des potions aux propriétés protectives, et...

 

Sasha relevait de temps à autre le nez, parce qu'il sentait bien qu'elle le fixait en disant cela. Mais il savait tout cela, aussi se concentrait-il de nouveau. Il enfonça une autre branche d'aubépine dans un chou qui se rétracta aussitôt douloureusement - le geste tira à la professeure une grimace qu'elle ne put dissimuler.

 

- CE QUI VEUT DIRE QU'IL NE FAUT PAS NON PLUS LES MALMENER !

 

Sasha suspendit ses mouvements, cette fois sincèrement étonné par l'éclat de voix proche de l'hystérie. Le visage de la professeure était devenu tout rouge. Elle avait les lèvres pincées, mais était visiblement satisfaite que le Gryffondor eût décidé d'arrêter son travail de boucher. Lorsqu'elle reprit la parole, elle avait même retrouvé un petit sourire à demi-encourageant, à demi-menaçant.

 

- Voilà. Merci de poursuivre avec davantage de délicatesse, décréta-t-elle avant de s'éloigner vers le duo suivant.

 

A la table voisine de la leur, deux jeunes filles toisaient Sasha et les pots alignés devant lui avec une mine interdite.

 

- Qu'est-ce que vous r'gardez ? aboya le Gryffondor. C'est qu'une plante vous allez pas vous mettre à chialer parce que j'ai froissé des feuilles quand même !

 

Les deux filles se hâtèrent de baisser le nez sur leur propre pot, comme si le Gryffondor les avaient électrisées et qu'elles n'osaient rien répondre.


Les choux mordeurs de Chine

Message publié le 26/10/2024 à 13:01

Sasha avait fait l'objet d'une présentation que les professeurs auraient jugé dignes : debout devant la classe, à chaque nouvelle promotion à laquelle on l'intégrait, un enseignant racontait avec une voix solennelle que le jeune homme était issu "d'un pays en guerre" et qu'il fallait l'accueillir y compris dans des cours avec des sorciers plus jeunes pour rattraper son retard

 

Comme si l'Ukraine était sous-développée. Comme s'il était juste un pauvre enfant qui n'avait pas pu aller à l'école.

 

Toute cette dignité feinte n'était pour lui qu'humilation. Il n'était pas issu d'un pays en guerre, il était issu de la guerre elle-même. Pourquoi cacher le rôle qu'il y avait joué ? Oh, il savait bien pourquoi.

Sasha avait servi en retour, vers ces rangées de nouveaux "camarades" forcés, un regard tout à fait dissuasif. Ca avait plutôt bien marché : les élèves avaient évité de s'approcher de trop près. En particulier quand ils étaient plus jeunes, ça n'était pas trop compliqué.

 

La plupart des cours qu'il devait rattraper impliquait de la théorie, que l'on pouvait travailler seul, dans son coin, ce qui lui convenait parfaitement. Par malheur, il avait vite compris qu'il devrait aussi réaliser des travaux de groupe - à commencer par la botanique.

 

 

 

 

Le mois de septembre à Poudlard était particulièrement pluvieux. Une pluie régulière et légère, mais qui à force d'usure remplissait les sols d'une humidité constante. Autour de Poudlard, de larges flaques s'étaient formées, si bien que le parc ressemblait étrangement à un gruyère ou, comme y pensait Sasha à l'instant, à un champ labouré par les bombes qui auraient creusé des crevasses de surface, à peine visible et pourtant là, prêt à les enfermer dans la boue. Contrairement à d'autres sorciers, toutefois, il y était insensible. Il avait traversé le parc à la suite des autres, sans un mot, sans prendre la peine d'un sortilège pour rester au sec, sans non plus courir comme cette bande de filles de Serpentard qui voulaient se réfugier au plus vite sous la serre. S'il l'avait pu, il serait probablement resté à l'extérieur. La pluie le dérangeait moins que d'être enfermés avec des gamins immatures pendant deux longues heures interminables.

 

Il avait été affecté en binôme avec une certaine Alison, qu'il suivit sans rechigner. Une petite rousse qui était passée devant lui pour se rendre vers la table qui leur était affectée, tout au fond de la serre. Il ne put empêcher un regard lorsqu'elle remonta sa jupe, ostensiblement, mais son visage n'exprima rien. Les cheveux de cuivre se balançaient devant lui, attrapant quelques reflets de lumière au passage, mais il préféra se concentrer sur le crépitement de la pluie sur le toit de la serre. Les gouttes régulières rappelaient des grains de café écrasés dans une machine étouffée, mise au service des humains qui essayaient de rester éveillés dans un monde brumeux.

 

Il fallait faire des efforts pour rester concentré. Sasha imita Alison : enfiler une blouse, choisir une paire de gants. Jusqu'ici, rien de bien trop compliqué. Il décocha à la Serpentard un regard hostile.

 

- Si ça peut t'épargner de m'adresser la parole, alors non, je comprends rien à l'anglais, rétorqua-t-il, la voix rauque comme un gros félin grondant à l'approche d'un concurrent pour sa proie.

- Vous avez à votre disposition des branches d'aubépine pour les coincer dans les dents de Choux, claironna la voix du professeur dans le dos d'Alison, et Sasha en profita pour détacher ses yeux du regard sauvage qui lui faisait face - la frange bien ordonnée d'Alison lui semblait en contraste trompeur avec l'expression de la jeune fille : indomptée, rebelle. Ils sont particulièrement grincheux si vous ne leur donnez rien à mordiller, alors prenez vos précautions parce qu'ils pourraient s'en prendre à vous !

 

Autour d'eux s'élevèrent des murmures de désapprobation - c'était la première fois que les étudiants manipuleraient des choux mordeurs de Chine et certains n'étaient pas rassurés à l'idée d'y laisser un doigt ou deux. Sasha lâcha un soupir avant de se mettre à ramasser les pots qui leur avaient été affectés et les déposer avec brutalité sur la table. Cela réveilla un des choux qui se mit aussitôt à... chouiner.

 

- Va chercher l'aubépine, jappa Sasha à l'attention d'Alison, visiblement pressé d'en finir.

 

Il se concentra sur le pot devant lui. Regarder ce putain de chou et ce putain de chou uniquement.

 

- Zatkniess, râla-t-il à voix basse. (Ta gueule.)


Comité d'accueil

Message publié le 23/10/2024 à 19:19

 

Sasha ressemblait sûrement à n'importe quel autre adolescent de Poudlard. Par-dessus la chemise et la cravate qu'on lui avait fournies - nouée de travers - il avait enfilé une robe noire qui tombait sur ses épaules larges comme un drap sur un vieux meuble qu'on aurait voulu cacher. Un sac à dos tenu par une seule lanière déséquilibrait sa silhouette tandis que, comme un piquet planté au milieu du hall, il levait le nez vers les bougies qui flottaient au-dessus de lui, son regard étrangement indigné face aux belles voûtes sculptées du château.

Les paroles prononcées en russe l'avait tiré de sa contemplation, mais pour poser sur la nouvelle arrivante deux prunelles émeraudes à l'air un peu creux. Ses tâches de rousseur restaient colorées d'un tapis carmin, presque aussi flamboyant que ses lèvres malgré des cernes qui fatiguaient son visage.

Un mélange de jeunesse et de vieillesse un peu incongru. C'était peut̂-être ça, ou bien sa nuque trapue et son air rigide qui trahissaient qu'il n'était finalement peut-être pas comme n'importe quel autre adolescent.

 

- Sasha, il s'était contenté de dire pour toute présentation de lui-même.

 

Il n'avait pas besoin de donner son nom de famille. Shevchen, c'était trop ukrainien, et on ne savait jamais à qui on parlait. Alors que Sasha, c'était passe-partout. Un prénom presque universel.

De toute façon, Anya Nikitovna savait déjà visiblement qui il était. Après un instant d'hésitation - ou un retard souhaité pour manifester sa méfiance - il la suivit quand même. Dehors, dans une brise automnale qui glissait sous leurs pieds des feuilles craquantes, il emboîta le pas d'Anya en gardant une distance saine, suivant à peine les indications qu'elle lui donnait. Un lac, il avait déjà vu. Une forêt aussi, des sombrals aussi. A part cette architecture hirsute, rien ne parut bien étonnant à ses yeux.

 

Il avait pris la résolution intérieure de raccourcir ce moment le plus possible. Faire la visite réglementaire, récupérer comme hier ce qu'on voulait bien lui fournir - vêtements de rechange, chaudron, fioles, parchemins, quelques plumes - stocker ça dans sa chambre et repartir se trouver des postes d'observation qui lui conviendraient. Il n'avait aucun projet de devenir ami avec qui que ce soit dans cette école de bourgeois.

 

Pourtant, à la vue de la cigarette, sa détermination flancha. Il passa d'un pied sur l'autre, se mordit la lèvre avant de tendre la main pour récupérer le petit échantillon de félicité qu'Anya lui offrait. En échange de quoi ?

Il darda sur elle des yeux inquisiteurs, avant de se hâter d'allumer sa cigarette à son tour de la pointe de sa baguette - éraflée. Il fuma en silence, avec l'avidité de celui qui a rêvé d'une cigarette depuis des années, isolé sur une île déserte, et qui retrouve le goût de la liberté.

De temps à autre, il jetait un regard circulaire. La forêt, le lac, les sombrals. Le paysage était si immobile qu'il avait l'impression d'épier une carte postale moldue. Ses yeux revenaient inlassablement vers Anya, pour se détourner aussitôt et se réintéresser à la cigarette.

 

La fille était jolie. Ce n'était pas censé être un argument dans la balance et il le savait parfaitement. Il en faisait juste le constat, voilà tout. Ca ne changeait rien à la situation.

Il jeta le mégot par terre dès qu'il eut enfin terminé de fumer, pour l'écraser sous sa semelle.

 

- Да, у меня есть вопрос (ouais, j'ai une question), dit-il finalement. Почему вы удосуживаетесь навестить меня, если вас это не устраивает? Вам пришлось? Есть ли пункт о принудительном перемирии или я не знаю что ? (Pourquoi tu te casses le cul à me faire la visite si ça t'va pas. Y t'ont obligée ? Y'a une clause de trêve forcée ou je sais pas quoi ?)

 

Sa voix ressemblait à des aboiements grondeurs. En colère contre qui, elle ou l'école, on ne savait pas vraiment. Ou peut-être que c'était juste sur ce ton-là qu'il avait appris à parler : avec un regard direct, presque menaçant, dissuadant de ne pas donner de réponse.

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