



Stagiaire au Département de la Justice Magique 25 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété
Renvoyé. Merde. Cette fois c'est clair que Papa va faire la gueule. Ça craint un max. Pire ça veut dire qu'il peut s'assoir sur sa paye, et sa paye il en a vachement besoin. Hatkins a arrêté d'être sur son dos quand il a capté que Leo avait retrouvé un job, mais suffira d'un seul jour de retard pour qu'il réalise que c'est déjà fini. Il a le flair pour ça. Délire. Supplier Ingram est hors de question. Le chef Ingram c'est pas un type qu'on supplie. C'est un type il ordonne et on fait. Alors s'il vous ordonne de vous tirer fissa, on se tire fissa. Leo aimerait se dire que Papa l'apprendra pas. Pas tout de suite en tous cas. Sauf que voilà, c'est grace à Papa qu'il a le job, alors c'est sûr Ingram va le prévenir fissa aussi. Même que c'est peut-être pour ça que Leo a pris la tangente aussi rapidement du ministère.
Il a fait mieux que ça.
Non parce que y a pas dix mille manières d'arranger les choses, voyez, et si y a un truc dans lequel il est bon, c'est d'arranger les choses dans l'urgence. L'urgence étant de pas éveiller les soupçons d'Hatkins pour pas se fairer virer de son appartement comme un malpropre, et aussi de trouver de quoi apaiser le cou roux de Papa. Si, quand Papa s'énerve, il a le cou roux. C'est même de là qu'elle vient l'expression en fait. Sans doute. Pas que Leo soit bien sûr, il l'a jamais cherché dans le dictionnaire, mais il en a suffisamment feuilleté pour savoir comment ça marche. Enfin les dictionnaires marchent pas, ils ont pas de jambes. À part entre les mots jamais et jambon. Mais ça n'a vraiment rien à voir.
Bref, Leo a pris les choses en main dès sa sortie du ministère. Il a épluché toutes les gazettes du kioske en bas de la rue, pas comme des pommes de terre hein, pis il a entouré toutes les annonces de job disponibles dans les environs. Comme ils font dans les films, voyez. Pis après ça il a fait ce qu'on fait ensuite dans les films : il a pris son téléphone et il a appelé partout. Alors il était un peu tard alors y a plein d'endroits ou vraiment personne a répondu, mais parfois ça a répondu quand même, et attention attachez-vous parce qu'il a obtenu rien moins que quatre rendez-vous différents pour le lendemain matin. Comme quoi. Ça paye de regarder des films. Enfin non ça paye pas, sinon il en serait pas là à essayer de trouver un job pour régler son prochain loyer, il serait affalé dans son canapé à regarder le dernier Fast & Furious.
Apparemment ils ont le dernier OCQ dedans, et y a des feudeymons et tout, et aussi des licornes doppées.
Sûr que Leo préfèrerait mater ça que chercher un job.
N'empêche qu'à force de chercher, on finit par trouver. Alors il y croit dur comme fer. Le premier entretien, a neuf heures pétante, est un sombre échec. Littéralement. C'est-ce qui se passe quand on confond la poudre de cheminette, et de la poudre d'obscurité. Le second entretien ne se déroule pas beaucoup mieux, pas plus que le troisième, ou même le quatrième. Leo, pourtant, continue d'y croire dur comme fer. Sa gazette ornée de cercles rouges entre les mains, il est saisit d'une brillante idée alors que son regard se pose sur les lettres dorées indiquand le siège de la Gazette, à quelques mètres seulement. Pourquoi il n'y a pas pensé plus tôt ? Le journal est enfoncé dans la poche de son costume - un smoking simple au coût frisant le ridicule, et dont les manches présentes une usure certaine mais peu perceptible pour celui qui n'y jetterait pas un œil averti.
- Bonjour ! J'ai un entretien pour une embauche, il annonce brutalement dès son arrivée au comptoir, un large sourire sur les lèvres.
Attention, Leo n'est pas un mythomane, mais il est bien conscient que par moment, le mensonge le plus inoffensif peut mener aux plus grands succès. Son regard parcourt d'ailleurs la liste que semble chercher la réceptionniste des yeux, et il pointe du doigt un nom au hasard.
- Juste là. Jonathan Berkins. C'est moi. Je suis un peu en avance...
- Ah oui, d'une heure même Monsieur Berkins, ça ne vous dérange pas d'attendre j'espère.
- Aucun problème !
Il frappe le comptoir avec empressement, comme il a tant vu certains hommes le faire avant lui, et se dirige naturellement vers les larges canapés du hall.