Femme
31 ans
Sang-mêlé
Britannique






Identité
-
- Diplômé•e
- Surnoms : --
- Nationalité : Britannique
Capacités & Statuts

Groupes


Message publié le 22/07/2025 à 14:39
Il est aussi terrifiant qu'excitant de faire passer l'instrument entre les mains de Lysander. Pas que Leslie ait le moindre doute quant à la qualité de son travail. Cependant, elle garde toujours cette réticence pudique à céder des semaines de travail pour le laisser se faire jauger par autrui. Monsieur Bramblethorn est après tout un futur investisseur, qui occupera une place majeure au sein de la compagnie. Qu'il s'y connaisse ou non dans l'art de sculpter le bois magique n'importe pas vraiment. Tout ça a l'air de beaucoup lui plaire, et c'est avec soulagement que Leslie étire un sourire large à sa question presque rhétorique.
- Bien sûr. De ça, et du travail de mon père. Il a travaillé pour la compagnie Sylver. Vous connaissez sans doute.
L'entreprise, dont la renommée n'étestait plus à faire, tient clairement le monopole du marché des instruments de musique magique. Pionniers en la matière, ils sont la première inspiration de Leslie pour monter la compagnie Harrisounds. Ollivanders n'a jamais été qu'une étape parmi les autres dans son apprentissage rigoureux de l'enchantement du bois. Ce projet, c'est un rêve d'enfant. Nourri par des années de réflexions et de pratiques, dans un domaine où n'ose se battre qu'une poignée. Pour cause, il faut une patience magistrale pour parvenir au terme d'une seule création, et une imagination relativement fertile.
- C'est exactement dont je ne vous ai pas encore parlé, Monsieur Bramblethorn, elle admet en échappant un rire surpris. Les runes sont au cœur de mes recherches pour la gamme de créations uniques et exclusives de Harrisounds. Une manière de se démarquer de notre seul concurrent.
Initialement, Leslie se contentait d'imiter ses idoles, en suivant les traces de son père. Il s'est avéré qu'une autre voie s'ouvrait à elle. Une découverte qu'elle ne doit qu'à son expérience dans le domaine de la fabrication de baguettes magiques, et des récentes avancées créatives.
- J'ai toujours adoré les runes, elle explique en se dirigeant de nouveau vers la réserve. On vend pas mal d'objets qui en comporte chez Ollivanders. Des holsters, des boîtiers, plusieurs produits d'entretien automatisé qui plaisent à nos clients. Je sais qu'il existe un potentiel bien plus grand. Tout le monde le sait. Elle est loin d'être la seule à plancher sur le sujet. J'ai fait quelques tests sur mon temps libre. Inséré quelques runes à la base de certaines de mes créations. C'est pas encore exactement au point, mais je crois que je tiens quelque chose.
Leslie extirpe du placard une flûte à la taille fine et à l'aspect simple. Le long du manche, une série de signes incrustées, qui semblent capturer la lumière. Elle se contente de la tendre à Lysander :
- Si vous me posez cette question, c'est que vous vous y connaissez vous aussi. J'vous laisse me dire ce que vous en pensez.
Message publié le 04/06/2025 à 12:03
Leslie ne manquait pas apprécier la façon qu'avait Monsieur Bramblethorn de la prendre au sérieux. Elle avait vécu son lot de rencontres avec plusieurs investisseurs potentiels avant lui, alors que le projet n'en était qu'à ses prémices. Des déceptions amères qui expliquaient sans doute la façon dont elle menait aujourd'hui la conversation. La sorcière avait eu le temps de réfléchir à ce qu'elle attendait précisément d'un investisseur. Elle avait également compris que faire appel à un tiers invoquerait certes quelques sacrifices. D'aucun venait à injecter de l'argent dans toute l'affaire serait amené à saisir une partie de cette dernière. Avoir l'œil sur ses décisions, les faire ployer dans l'une ou l'autre direction. C'est pourquoi le choix de cet investisseur était si capital.
Aussi glisse t-elle un sourire sincère à l'intention de Lysander alors qu'il avance la nécessité d'une clause impliquant son droit de regard sur les stratégies mises en place à l'avenir. Ce n'est pas inattendu. C'est même parfaitement logique.
- Les conseils sont la raison pour laquelle j'en suis où j'en suis aujourd'hui, elle affirme en hochant la tête.
Bien sûr, rien n'est acté encore. La proposition d'une démonstration n'est pas simplement là pour illustrer la conversation. Monsieur Bramblethorn est peut-être là pour jauger de l'aboutissement de son projet, de son potentiel de bénéfice, mais Leslie le jauge lui. Car si l'investisseur se fait conseiller, il parait évident qu'il doit montrer d'un véritable intérêt pour Harrisounds, et pour ce qu'Harrisounds inclue tout entier. Peut-être en demande t-elle trop. Mais c'est l'aboutissement d'un rêve, et elle refuse de s'y lancer d'une façon qui pourrait, tôt ou tard, la décevoir à cause d'un piètre choix financier. C'est un bel homme dans un beau costume, mais s'il reste fade et sans-âme, Leslie n'est pas certaine de vouloir qu'il siège au sommet décisionnaire de l'entreprise.
Sa silhouette fine se transporte jusque l'autre bout de la pièce pour déverrouiller la porte d'une réserve plutôt minuscule, dans laquelle s'entasse plusieurs créations qu'elle n'a pas la place de conserver chez elle. Elle en extirpe le manche joliment taillée d'une large guitare en chêne blanc. Ses cordes semblent s'iriser sous les quelques rayons de soleil traversant la pièce. Très tôt, bien avant de s'essayer à la taille du bois avec les outils de son père, Leslie voulait devenir une artiste. Une artiste, alors que son nez n'atteignait pas encore le dessus du plan de travail où s'amassaient la sciure de bois, cela voulait dire une musicienne, car elle était tombée amoureuse des notes qui s'échappaient des instruments taillés par son père. On l'avait inscrite pour prendre des cours.
Ça avait pris plusieurs années avant qu'elle ne réalise que la création d'instruments magiques la passionnait davantage encore que d'en jouer.
- Vous faites de la musique Monsieur Bramblethorn ? elle demande sur le ton de la conversation alors qu'elle fait passer la sangle par-dessus sa tête. Celle-ci est en chêne blanc. Trois semaines de travail. Je vais vous la passer après, vous pourrez voir ce que ça fait de la porter.
Le chêne blanc était un bois fidèle, qui pouvait donner l'impression d'une familiarité étrange dès lors qu'on l'avait entre les mains. Chaleureux, mais aussi étrangement grave, le son tiré de son cœur était marqué d'une puissance sage, qui ne s'accordait qu'avec des musiciens armés de patience et de volonté. La musique s'en extirpe, d'abord parfaitement naturelle, acoustique, puis la magie fait son œuvre. La résonnance. La répétition d'un premier rythme martelé par les mains expertes d'une Leslie focalisée sur ses geste. Elle essaie de démontrer l'immense panel de possibilité offert par sa création. Le lien qui peut se créer à mesure que l'on joue. Les enchantements qui s'enclenchent comme d'instinct alors qu'arrive ici un refrain, là un pont, ici encore une brusque pause avant la reprise plus dense et plus accélérée.
Lorsqu'elle s'arrête, elle retire immédiatement la sangle pour mieux la tendre vers Lysander :
- Tenez. Faut la toucher pour se rendre compte.
Message publié le 03/06/2025 à 19:49
Oonagh prend les choses en charge, tandis que Leslie se contente d'assister à la scène, impuissante. Ce n'est pas habituel pour elle. Même lorsque son père oublie son visage, son nom, elle parvient à garder la tête froide, à ne pas se laisser dépasser par ses émotions. Mais cerné d'un tel souvenir ? Cerné d'un tel souvenir elle se sent comme la petite-fille qu'elle était alors. Se remémore un homme différent. Un homme fort, passionné. Un homme que personne n'avait jamais besoin de rassurer, car il c'était son rôle à lui au sein de leur famille. Son reflet, de plusieurs dizaines d'années plus jeune, sourit distraitement alors qu'il sélectionne un nouvel outil, se penche pour en expliquer le fonctionnement, démontrer les gestes avec un sourire patient, un regard flamboyant.
L'autre, fragile, deux pupilles affolées perchées sur la médicomage, guette chaque mouvement comme s'il craignait qu'on ne le brusque. Hoche lentement la tête comme un enfant. Leslie se mord la lèvre et détourne le regard pour embrasser une dernière fois le décor avant qu'il ne s'estompe. En sus et place de la chaleur du bois, la blancheur immaculée d'une chambre devenue trop familière. L'odeur insipide indissociable de l'endroit vient remplacer celles de l'atelier. L'instant s'étire inutilement tandis que Quinten reste accroché à Oonagh, comme une tentative de ne pas chuter davantage. Peut-il seulement tomber plus bas ? Se demande occasionnellement Leslie. Le pire n'est pas de constater les ravages de la maladie. Le pire est de savoir combien son père lui-même détesterait se voir ainsi.
Dans ses rares moments de lucidité, c'est la colère qui prend le dessus sur la confusion. Des répliques sèches qui résonnent des jours après que Leslie les a entendues. Devraient m'finir, ça serait mieux comme ça. C'est pas une vie, ça, c'est pas une vie. Leslie s'est installée dans le siège au coin de la pièce, étirant l'espace entre elle et l'ombre d'un père pratiquement disparu. C'était un bon jour, mais c'est déjà terminé, n'est-ce pas ? Bientôt, la fatigue prend le dessus. Quinten demande à ce qu'on le laisse tranquille. L'expédie d'un geste de la main agacée comme on chasserait une mouche, sans un regard pour elle. Leslie vient tout de même le prendre par les épaules, l'embrasser sur les deux joues, le serrer brièvement contre elle avant de quitter la pièce.
Elle ignore cet instant où la chaleur de son corps semble glacer Quinten dans sa robe de chambre d'hôpital.
- Je vais vous attendre dehors, elle annonce à la médicomage avec un sourire poli.
Dans le couloir, un silence blafard, immergé sous des lumières qu'aucun photographe ne voudrait capturer. Leslie s'assied. Patiente. Se perd dans des pensées brutales qui ne font que neutraliser les expressions de son visage une à une, jusqu'éteindre la lueur au fond de ses iris. Lorsque Oonagh sort, Leslie se lève, ce même sourire poli sur les lèvres.
- Merci pour... enfin merci pour ce que vous faites. Elle n'hésite qu'un instant bref avant d'enchainer une phrase qui lui brûle les lèvres, mais qu'elle ne pouvait imaginer échapper entre les murs de la chambre : c'est pire, non ? Son état. C'est pire qu'avant.
Message publié le 22/03/2025 à 15:12
Un léger sourire ourla les lèvres de Leslie lorsque Lysander affirma que sa préparation faciliterait leur collaboration. C’était le genre de commentaire qu’elle ne prenait ni comme un compliment, ni comme une flatterie : c’était simplement factuel.
- Je ne laisse pas beaucoup de place au hasard, c’est vrai. Je suppose que c’est la nature même de mon métier. Une imperfection de quelques millimètres dans une baguette, un enchantement mal calibré sur une guitare, c’est toute l’harmonie qui s’effondre Monsieur Bramblethorn.
Elle s’était adossée au rebord d’un futur établi, ses bras croisés avec une décontraction apparente. L’éclat de ses yeux démontrait pourtant qu'elle était en terrain connu ici. Son terrain. Elle y était parfaitement à son aise.
- Concernant le carnet d’adresses… j’ai déjà quelques musiciens qui me suivent de loin depuis mes premières créations. Rien de tapageur, mais des passionnés. Des clients fidèles. Certains me réclament des ajustements réguliers, ce qui est bon signe. J’ai aussi l’avantage d’avoir fréquenté pas mal de scènes indépendantes. Mon idée, c’est de ne pas me limiter à un public élitiste ou institutionnel. Ce que je propose doit pouvoir toucher les passionnés de rue comme les virtuoses de salle de concert.
Elle s’approcha d’une des fenêtres pour en dégager un peu la poussière d’un revers de main, dévoilant un rai de lumière sur les murs.
- Je miserai effectivement sur le bouche-à-oreille au début, mais avec une vitrine solide : des instruments de démonstration, une plateforme magique de visualisation, quelques partenariats bien choisis. J’ai déjà commencé à discuter avec deux groupes, dont un duo de violonistes de Birmingham qui cherche un son plus organique.
À la question du timing, elle se redressa un peu, ramenant une mèche de cheveux derrière son oreille.
- Si tout va bien, j’aimerais ouvrir pour la rentrée prochaine, début septembre. Ce qui me laisse cinq mois pour tout mettre en place, aménagement compris. Je garde encore mon poste chez Ollivanders pour l’instant - question de stabilité - mais je commence à basculer mes priorités petit à petit. Elle s’autorise un sourire plus doux, presque nostalgique. Travailler là-bas m’a beaucoup appris. Sur les matériaux, sur la précision, sur les attentes des clients… J’ai mis assez de temps à savoir ce que je voulais faire de tout ça. Maintenant que je le tiens, je n’ai pas l’intention de lâcher.
Harrisounds serait un aboutissement. Son regard se planta dans celui de Lysander avec une assurance tranquille, sans provocation, mais avec la fermeté d’une vision claire. Elle marqua une brève pause, puis ajouta d’un ton plus léger :
- Ce que je veux bâtir ici ne sera pas juste une boutique. J’aimerais en faire un lieu vivant, avec des démonstrations, des soirées d’essais, des vitrines sonores. Permettre à des artistes de tester des prototypes, de collaborer sur des ajustements, voire de faire des performances intimistes. Elle s’approche d’un espace encore vide, esquisse un geste circulaire. Je pensais aménager un petit coin scène ici. Rien de tape-à-l’œil. Juste de quoi accueillir un duo ou un soliste. Et si la sauce prend, pourquoi pas lancer des captations ou des retransmissions enchantées pour toucher un public plus large.
Elle s’interrompt, puis reprend avec plus de pragmatisme :
- Bien sûr, tout ça a un coût. Et c’est là que j’en viens à vous. J’ai budgétisé l’aménagement global à environ 8 000 gallions. J’en prends une partie à ma charge, avec mes économies et un prêt modéré, mais j’aurais besoin d’un apport complémentaire de 3 000 à 4 000 gallions pour ne pas devoir rogner sur les finitions - surtout dans l'atelier. Elle marque une pause. En échange, je suis évidemment prête à négocier une participation sur les bénéfices pendant les deux premières années, ou à intégrer une clause de visibilité pour vous dans la communication autour de l’ouverture et des premiers événements. Si vous avez d’autres types d’arrangements en tête, je vous écoute. Je veux que ce soit une collaboration intelligente, pas juste un chèque et un sourire. Elle étira d'ailleurs le sien en haussant un sourcil vers son investisseur. Si vous avez besoin de voir mes prévisions, mon échéancier ou même les retours de mes clients tests, je peux tout vous transmettre dès demain.
Un silence bref, puis elle ajoute avec un petit sourire en coin :
- Et si vous voulez entendre ce que donne une guitare Harrisounds en main… je peux vous faire une démonstration.
Message publié le 14/03/2025 à 10:02
Leslie relève la remarque murmurée sur les instruments de musique et, cette fois, son sourire s’élargit légèrement.
- Pas si loin de la vérité. Elle tapote doucement du bout des doigts sur le bois du comptoir, comme si un rythme invisible y résonnait déjà. Les instruments et les baguettes ont beaucoup en commun. Ce sont tous les deux des catalyseurs. Une extension du sorcier, ou du musicien. Ils traduisent une intention en vibration, en onde. L’un par la magie, l’autre par le son. Mais dans les deux cas… si le lien est brisé, si l’harmonie est perdue, alors rien ne fonctionne comme il faudrait. Elle observe la jeune femme un instant, curieuse de voir si ces paroles trouvent écho chez elle, puis reprend, plus terre-à-terre : mais bon, je digresse.
Elle revient à l’étui ensorcelé, le soulevant légèrement d’une main avant de le poser devant Jennifer.
- Celui-ci est légèrement plus lourd que le premier, oui, mais rien d’excessif. Le sort de verrouillage rajoute un peu de densité, mais si vous êtes habituée à garder votre baguette sur vous, ça ne devrait pas poser de problème.
Elle laisse Jennifer tester la prise, voir si l’objet lui convient, avant de se concentrer sur l’enchantement de protection. Quand la cliente évoque l’éclair faible produit par un autre sorcier, Leslie acquiesce lentement.
- Un bon signe. Elle vous reconnaît bien comme sa seule véritable propriétaire. Elle n’a pas accepté l’emprunteur, mais elle ne l’a pas rejeté non plus violemment. Elle hésite une fraction de seconde, puis ajoute : le bois de sycomore aime l’énergie et le mouvement. Vous avez une pratique artistique ?
Un léger sourcil arqué, une question posée avec l’aisance d’une conversation naturelle, sans forcer. Elle n’attend pas nécessairement une réponse immédiate et reprend, se saisissant délicatement de la baguette pour commencer l’enchantement. Son geste est précis, maîtrisé. Elle trace dans l’air une succession de runes d’un bleu spectral, qui tournent lentement autour du bois de sycomore. Les mots de l’incantation sont murmurés, presque imperceptibles, tandis que les runes se fondent une à une dans le bois, disparaissant sans laisser de trace visible. Un léger frisson parcourt l’air, une vibration subtile, comme un souffle de magie réajusté. Puis, le silence retombe. Leslie tend la baguette à sa propriétaire.
- Voilà. Désormais, si quelqu’un d’autre essaye de l’utiliser sans votre consentement, elle refusera de réagir correctement. Elle produira des sorts instables, avec une intensité moindre. Elle croise les bras, son ton léger mais assuré : essayez.
Elle laisse Jennifer retrouver sa prise, tester le ressenti.
- Normalement, vous ne devriez rien sentir de différent. Mais si elle semble plus réactive ou plus présente dans votre main, c’est simplement qu’elle sait désormais qu’elle vous appartient sans condition. Puis, dans un élan mi-sérieux, mi-détendu, Leslie ajoute : Et si les instruments vous intriguent autant que les baguettes… vous devriez passer chez Harrisounds quand ce sera ouvert. Un clin d’œil complice, parce qu’elle sait déjà que ce projet ne restera pas qu’un rêve. Vous jouez d’un instrument, ou c’est juste une réflexion en passant ?
Elle ramène ses mains sur le comptoir, l’air détendu mais curieux.
Message publié le 12/03/2025 à 20:40
Leslie observe la baguette un instant de plus, comme si elle écoutait quelque chose que Rowan ne peut pas entendre. Il y a une énergie qui palpite encore en elle, mais désaccordée, brouillée, comme un instrument dont les cordes auraient perdu leur justesse. Quand le client parle, sa voix est plus posée cette fois, teintée d’une résolution nouvelle. Leslie ne commente pas immédiatement. Elle laisse un bref silence s’installer, un silence utile, celui où les vérités flottent avant de se figer. Elle finit par poser ma baguette sur une étoffe de velours, le geste mesuré, précis.
- C’est bien.
Un simple constat. Pas un compliment. Pas une évaluation. Juste un fait. Elle tapote légèrement du bout des doigts le bois de sorbier, testant sa résonance sous la pulpe de son index.
- Si vous êtes prêt à explorer ce qui a changé, alors Aon vous suivra. Pas immédiatement, peut-être. Pas sans effort. Mais une baguette ne se détourne pas d’un lien sans raison. Elle redresse légèrement le menton, évaluant le sorcier en face d’elle avec cette lucidité perçante qui trahit son métier. Je vais effectuer une lecture énergétique.
Son ton est calme, technique, mais pas dénué d’une certaine gravité. On ne manipule pas une baguette en crise avec désinvolture.
- Cela va me donner une idée plus précise de son état, de ce qui la perturbe.
Elle récupère la baguette avec délicatesse, son pouce glissant sur les veines du bois, comme on sentirait le grain d’un instrument ancien avant de l’accorder. Puis, elle lève sa propre baguette et, dans un mouvement mesuré, trace un cercle lumineux autour de Aon. Un fil d’énergie argentée s’élève, tissant un motif délicat, révélant les pulsations invisibles de la baguette. À mesure que les filaments s’étirent, Leslie perçoit. Des résistances. Des fluctuations. Une baguette qui n’est pas brisée, mais en tension. Comme un pont entre deux rives qui ne se comprennent plus. Elle plisse légèrement les yeux, analysant les entrelacs subtils qui révèlent des réponses que son client ne peut pas voir lui-même. Puis, enfin, elle parle :
- Elle ne vous rejette pas. Elle incline la tête, croisant le regard de Rowan avec sérieux. Mais elle ne vous reconnaît plus entièrement. Un léger silence suit, puis elle ajoute, d’un ton légèrement plus bas : Quelque chose dans votre magie a changé. Son regard glisse sur Aon, toujours entourée de son halo vibrant. Je vais devoir affiner ma lecture.
Un sourire discret vient alléger la tension dans son visage. Pas de panique. Pas d’alarme. Juste une vérité à découvrir. Elle enchaîne immédiatement, poursuivant son analyse comme une musicienne qui ajuste un accord. Elle serre légèrement Aon entre ses doigts, canalisant son propre flux magique, et trace un nouveau motif lumineux autour de la baguette. Cette fois, les filaments argentés réagissent différemment. Certains frémissent, d’autres oscillent, hésitants, comme s’ils cherchaient un équilibre perdu. Il y a du tiraillement. Ce n’est pas une rupture nette, ce n’est pas une cassure. C’est une dissonance. Une disharmonie entre deux forces qui s’éloignent l’une de l’autre. Leslie touche à peine la baguette du bout de l’index, et un frisson ténu lui remonte l’avant-bras, juste assez perceptible pour qu’elle comprenne. Elle expire lentement, analysant la réponse.
- Elle vibre encore avec vous. Ce n’est pas un rejet, c’est… Elle cherche le bon mot, le bon parallèle. Puis, son regard se pose sur son client, et elle comprend. C’est une résonance en décalage.
Elle laisse les filaments énergétiques onduler encore un peu, puis referme le cercle lumineux, dissipant l’aura qui entourait la baguette. D’un mouvement fluide, elle la repose sur le velours. Son regard ne lâche pas celui du sorcier.
- Votre magie n’a pas disparu. Elle s’est affinée, transformée. Et Aon tente de suivre le mouvement. Elle tape légèrement du doigt contre le bois, réfléchissant à voix haute. Quand une baguette ne répond plus comme avant, ce n’est pas qu’une question de perte. C’est aussi une question d’évolution. Il y a quelque chose en vous qui cherche un autre équilibre. Quelque chose qui a changé…
Elle laisse la phrase en suspens. C’est à lui de combler ce vide. Elle sait que ce qu’elle dit ne parle pas uniquement de magie. Elle laisse quelques secondes défiler avant d’exposer les options.
- Je peux procéder à une harmonisation. Ce serait une sorte de réajustement énergétique entre vous et Aon. Cela pourrait améliorer votre connexion, au moins temporairement, et vous permettre de mieux ressentir ce qui cloche. Elle tapote doucement du bout des doigts sur le bois de la baguette, pensive. Mais si la source du problème vient d’un changement profond en vous, ce ne sera qu’un pansement sur une fissure plus grande. Son regard se fait plus perçant. L’autre option, c’est d’explorer votre propre magie. Voir si elle a changé au point qu’une autre baguette pourrait mieux vous correspondre. Elle laisse un silence planer, mesuré. Mais je ne vous ferai pas essayer une autre baguette tant qu’on n’a pas tout tenté pour Aon.
Message publié le 12/03/2025 à 11:08
Le silence s’étire quelques secondes alors que Leslie observe le flacon entre les doigts d’Oonagh. Le liquide argenté miroite sous la lumière artificielle, ondulant avec une douceur presque trompeuse. Voir un fragment de sa propre mémoire ainsi encapsulé lui provoque une sensation étrange, un léger creux dans l’estomac qu’elle ne s’attendait pas à ressentir. Elle se redresse légèrement lorsque la voix de Quinten s’élève. La question flotte un instant dans l’air, comme un grain de poussière suspendu avant de retomber au sol. Leslie tourne instinctivement la tête vers son père, mais ne dit rien. L’inconnu est omniprésent dans ses phrases, les visages effacés, les repères dissous dans un temps qu’il ne maîtrise plus. Oonagh répond d’un ton fluide, maîtrisé, et Leslie l’observe du coin de l’œil. Une routine bien rodée, une réponse calibrée pour ne pas heurter, mais aussi pour ne pas attiser trop de doutes. Un équilibre délicat.
Son regard revient vers Quinten. Il n’a pas l’air perturbé par la réponse, pas plus que par la situation dans son ensemble. Il accepte ce qui lui est donné sans chercher à le confronter. C’est peut-être ça, le plus troublant. Lorsque la médicomage effleure son dos, l’invitant à avancer vers la pensine, Leslie inspire légèrement par le nez. Une part d’elle hésite. Pas par peur. Pas par malaise. Juste… une seconde de flottement. Elle n’a jamais revu cette scène autrement qu’à travers les souvenirs épars de son père, à travers les miettes qu’il lui en laissait au fil des années. Mais maintenant, elle va plonger dans une version figée, immuable, préservée d’une manière qu’aucun récit oral ne peut l’être. Elle glisse un regard vers Oonagh. Pas besoin de mots. D’un geste fluide, elle pousse légèrement ses manches, comme si elle s’apprêtait à manipuler un bois précieux ou à travailler un enchantement délicat. Puis, elle s’avance et pose une main sur l’épaule de son père, le contact léger mais assuré.
- Ça va aller, papa, souffle-t-elle doucement. Un automatisme.
Son regard reste un instant suspendu au-dessus de la surface argentée. Elle se demande comment elle va réagir en revoyant cette scène. Si elle s’y reconnaîtra. Si lui se reconnaîtra. Elle plonge. La transition est fluide, mais vertigineuse. Une sensation de chute douce, comme une plume portée par un vent invisible. Le décor change d’un battement de cils, et soudain, Leslie n’est plus dans la chambre d’hôpital, mais ailleurs. Ailleurs dans le temps, ailleurs dans l’espace. L’odeur du bois envahit l’air. C’est la première chose qu’elle remarque. Un parfum sec et chaleureux, où se mêlent la poussière des copeaux fraîchement taillés et l’essence résineuse des planches empilées contre les murs. L’atelier. Leur atelier. Les étagères croulent sous le poids des outils et des morceaux de bois en cours de travail. Rien ne semble être à sa place, et pourtant, tout ici respire une forme d’ordre méthodique. Elle reconnaît l’endroit immédiatement.
Lui aussi.
À quelques pas d’elle, Quinten Harrison, plus jeune, d’une dizaine d’années au moins, se tient devant un établi, les manches retroussées, une gouge en main, sculptant minutieusement le manche d’une guitare. Son regard est concentré, habité d’une patience infinie, celle des artisans qui savent que chaque coup doit être précis, mesuré. Ce n’est pas encore un instrument, mais une promesse. Et puis, il y a elle. Une version d’elle-même, plus jeune, à peine sept ans. Les cheveux encore plus clairs, attachés à la va-vite, les yeux grands ouverts, buvant chaque mouvement de son père comme si c’était la chose la plus fascinante du monde. Leslie adulte reste figée une seconde, observant cette scène qu’elle croyait avoir oubliée.
- Pourquoi t’utilises celui-là et pas l’autre ?
Sa propre voix. Plus aiguë, curieuse, sans filtre. L’enfant pointe un outil sur l’établi, et Quinten relève les yeux vers elle avec un sourire indulgent.
- Parce que celui-ci permet de travailler plus en finesse. Tu vois, le bois, c’est comme une baguette : il faut le comprendre, pas le forcer. Si tu y vas trop fort, il se fend. Si tu l’écoutes, il te guide.
Il lui tend le manche en cours de sculpture. Elle hésite, puis le prend avec précaution, comme si elle craignait de mal faire.
- Regarde les veines. Elles te montrent où aller. Un bon artisan ne sculpte pas contre le bois, il suit son histoire.
Leslie sent quelque chose se nouer dans sa gorge. Ce n’est pas juste un souvenir. C’est l’instant où tout a commencé. Là, entre ces murs, dans cet échange. Le premier moment où elle a su. Elle connaît chaque seconde de ce souvenir par cœur, elle sait comment il va se dérouler, ce que son père va dire ensuite. Mais le revoir ainsi, avec l’innocence intacte de l’instant, sans l’altération des années… C’est autre chose. Elle baisse les yeux vers son père, ici, à Sainte-Mangouste. Quinten. Il est là, juste à côté d’elle, plongé lui aussi dans son propre passé. Son visage est figé, immobile, ses yeux gris errant sur les murs qu’il connaît par cœur, les outils qu’il a maniés mille fois. Il regarde ses propres mains d’aujourd’hui, ridées et tremblantes, puis celles du souvenir, fermes et habiles, sculptant avec la maîtrise d’un artisan qui ne doute jamais. Un battement de silence.
- C’est mon atelier, souffle-t-il enfin, la voix lente et troublée. Une prise de conscience.
Ce n’est pas un vague décor sorti de nulle part. Il le sait. Il le reconnaît. Son regard oscille entre le souvenir et le présent, comme s’il essayait de superposer les deux réalités, de trouver où il s’est perdu entre elles. Puis, ses yeux tombent sur la fillette. Son souffle se suspend un instant. Il fronce légèrement les sourcils, penche la tête comme s’il essayait de mieux voir.
- C’est toi…
Ce n’est pas une question. Il sait. Ses traits se figent d’une émotion difficile à nommer. Une reconnaissance pure, mais teintée d’un trouble qu’il ne sait pas formuler. Leslie ne bouge pas, ne dit rien. Elle observe. Parce qu’elle sait que c’est dans ces instants qu’on voit ce qui reste, ce qui tient encore debout derrière le voile des années perdues.
Quinten fixe la scène, mais son regard brille d’une lueur presque effrayée. Puis, tout à coup, il recule. Ses doigts tremblent alors qu’il les passe sur son front, comme si quelque chose en lui vacillait, comme si son propre esprit se fragmentait sous la pression. Son souffle devient saccadé, sa poitrine se soulève plus vite.
- Je… Je dois aller travailler. Je suis en retard.
Son ton n’a plus rien de calme. Sa voix tremble. Il détourne les yeux du souvenir comme s’il le brûlait, cherche une sortie qui n’existe pas. Il se ferme. Le moment lui échappe, trop violent dans sa clarté. Leslie serre instinctivement les poings. Elle aurait aimé qu’il tienne un peu plus longtemps. Mais une part d’elle savait qu’il en serait autrement. Leslie ne bouge pas, ne parle pas. Pas encore. Elle attend. Elle attend de voir jusqu’où il va fuir, si elle peut encore le rattraper. Elle a connu ces moments. Ceux où les mots ne servent plus à rien, où la réalité bascule trop vite, trop violemment. Mais cette fois, ce n’est pas une confusion ordinaire. Cette fois, il lutte.
- Ce n’est pas vrai. Il secoue la tête, refuse ce qu’il voit. Ce n’est pas mon atelier. Ce n’est pas… Ça ne peut pas être maintenant. Il cherche quelque chose dans sa poche, sur lui, dans l’air, comme si un objet, un repère pouvait lui prouver qu’il est bien là où il pense être. Son regard se perd, il vacille. Où est ma montre ?! L’angoisse monte en flèche. Il tâte ses poignets, fouille son veston imaginaire, et son regard paniqué se pose sur Leslie. Où est-elle ?! Je l’ai laissée ici ce matin, j’en suis sûr. Jack va me tuer si j’arrive en retard. C’est quel jour ?! Son désarroi est palpable, presque trop douloureux à voir. Leslie ouvre la bouche pour parler, mais il ne la laisse pas faire. Pourquoi tu ne réponds pas ?!
Il fait un pas vers elle, et l’espace d’une seconde, elle voit son père tel qu’il était avant la maladie.
Fougueux, impatient.
Mais cette fois, il est perdu. Ses doigts se crispent sur son propre bras, son regard oscille entre le souvenir et le vide. Il perd pied.
Message publié le 02/03/2025 à 16:25
Leslie observe la jeune femme quelques secondes après sa demande, avant d’acquiescer d’un mouvement de tête.
- L’entretien d’une baguette est assez simple, mais essentiel si vous voulez qu’elle conserve sa réactivité, elle affirme avec un sourire, sortant un petit flacon d’huile ambrée de ses étagères pour le poser sur le comptoir. Pour le bois de sycomore, il faut éviter l’humidité excessive. C’est un bois vivant, qui aime l’énergie et le mouvement. Une baguette qui reste trop longtemps inactive peut devenir capricieuse. Je vous conseille d’appliquer une fine couche de cette huile une fois par mois avec un chiffon doux, surtout sur les parties que vous manipulez le plus. Elle marque une pause, puis ajoute d’un ton un peu plus léger : Cela dit, avec un propriétaire actif, une sycomore s’ennuie rarement.
Leslie s’éloigne brièvement vers une étagère et revient avec trois étuis en cuir, qu’elle dépose devant sa jeune cliente.
- Pour le transport, tout dépend de vos habitudes. Celui-ci est renforcé avec une doublure en peau de dragon, parfait si vous vous déplacez souvent ou si vous craignez les chocs. Celui-là est plus souple, discret, mais protège moins contre les agressions extérieures. Et le dernier est ensorcelé pour empêcher toute tentative d’extraction non autorisée.
Elle tapote légèrement le dernier étui du bout des doigts, avant d’enchaîner sur le sujet plus délicat.
- Quant à empêcher quelqu’un d’utiliser votre baguette… Elle observe un instant la façon dont l'adolescente tient la sienne, avant de reprendre. La plupart des baguettes ne se laissent pas facilement manier par un autre sorcier. C’est une relation instinctive. Mais certaines, comme vous l’avez dit, peuvent effectivement changer d’allégeance. La vôtre a-t-elle déjà réagi à une autre main ?
Les baguettes de sycomore étaient rarement fidèles si leur propriétaire les ennuyait, mais elles étaient aussi profondément liées à l’esprit d’aventure et de découverte.
- Il existe plusieurs moyens de compliquer l’usage de votre baguette par quelqu’un d’autre. Elle sort sa propre baguette et esquisse un mouvement précis dans l’air, laissant une série de runes éthérées flotter devant elle. On peut y apposer un enchantement de reconnaissance. En clair, elle ne répondra qu’à vous. Mais ce genre de protection peut être contourné par quelqu’un de suffisamment compétent.
Elle efface les runes d’un geste rapide, avant de croiser les bras.
- L’autre option est plus radicale : créer une réaction de défense. Un enchantement qui la rend inconfortable, voire dangereuse, pour un utilisateur étranger. Mais honnêtement… ce n’est pas toujours recommandé. Une baguette trop défensive peut finir par mal réagir, même avec sa propriétaire. Son regard se fait un peu plus perçant, jaugeant la jeune femme. Si vous craignez qu’elle tombe entre de mauvaises mains, il y a peut-être une autre question à se poser : êtes-vous prête à devoir la récupérer par la force, si nécessaire ?
Leslie n’est pas du genre à tourner autour du pot. La protection d’une baguette ne dépend pas seulement d’un enchantement, mais aussi de la volonté de son propriétaire à la défendre. Elle laisse la jeune cliente digérer ces informations avant d’ajouter, plus légèrement :
- On peut essayer un enchantement mineur, un premier niveau de protection. Rien d’irréversible, et vous pourrez voir comment elle réagit. Ça vous tenterait ?
Message publié le 24/02/2025 à 20:07
Le murmure des discussions feutrées et le bruissement du bois manipulé avec soin remplissaient la boutique d’une ambiance studieuse. Derrière le comptoir, Leslie était déjà en pleine conversation avec un client, une baguette délicatement posée sur une étoffe de velours.
- Le noyer noir est un bois exigeant, expliquait-elle en ajustant ses lunettes sur son nez. Il demande un sorcier sûr de lui, avec une volonté forte. Si elle hésite parfois, c’est peut-être qu’il y a un déséquilibre entre ce que vous voulez et ce que vous ressentez réellement.
L’homme en face d’elle acquiesça lentement, visiblement en pleine réflexion. D’un mouvement de baguette fluide, Leslie traça un mince fil lumineux qui serpenta le long du bois, révélant brièvement l’énergie subtile de la baguette.
- Je vous recommande quelques exercices de canalisation. Rien d’alarmant pour l’instant, mais si elle continue à résister, revenez me voir.
Elle rangea délicatement la baguette dans son écrin et, après un échange de gallions, salua le client d’un léger signe de tête. C’est à cet instant que son regard accrocha la jeune femme qui attendait plus loin, un air mi-observateur, mi-distrait, la baguette roulant toujours entre ses doigts. Leslie essuya ses mains sur son tablier de cuir et se dirigea tranquillement vers le comptoir.
- Vous cherchez quelque chose en particulier ? lança-t-elle d’un ton calme et professionnel.
Son regard glissa instinctivement vers la baguette entre les doigts de l'adolescente, observant la manière dont elle la manipulait. Pas simplement un tic nerveux, mais un geste d’habitude, comme si elle testait inconsciemment le contact du bois contre sa paume.
- Un souci avec votre baguette ? poursuivit Leslie, arquant légèrement un sourcil, un sourire bienveillant sur le visage.
Problème technique ? Mauvais ressenti ? Besoin d’un ajustement quelconque ? Beaucoup de sorciers venaient ici avec des demandes aussi floues que variées, et Leslie avait, avec les années, l'impression d'être parées à toutes les éventualités.
Message publié le 24/02/2025 à 13:26
Les informations tombent. Précises, claires. São Paulo. Un artisan local. Sorbier, corne de basilic, vingt-huit centimètres. Leslie ne laisse paraître aucune réaction immédiate, mais dans son esprit, les rouages tournent déjà. Une baguette issue d’un artisanat différent, hors du circuit traditionnel britannique. Elle fait tourner lentement la baguette entre ses doigts, testant sa densité, la manière dont elle capte la lumière. Le bois est nerveux, comme elle l’avait deviné, mais le cœur en corne de basilic l’intrigue. Un matériau rare, peu utilisé dans les baguettes européennes.
- Le sorbier est un bois de loyauté et de protection, commente-t-elle à voix basse, plus pour elle-même que pour son client. Un bois qui lie profondément son porteur… Mais la corne de basilic, c’est autre chose. Elle marque une pause, son regard analytique. C’est un cœur capricieux. Extrêmement réactif, mais instable si le sorcier change plus vite que la baguette ne peut s’y adapter.
Elle repose la baguette sur le comptoir, du bout des doigts.
- Votre lien n’est pas brisé. Il est en tension. Son ton est posé, précis. Pas de réponses toutes faites, pas de faux espoirs. Juste des faits tangibles, des possibilités à explorer. Vous dites qu’elle doute de vous, reprend-elle lentement. C’est une bonne manière de le formuler. Les baguettes sont des catalyseurs, mais elles répondent aussi à ce que nous sommes, consciemment ou non. Vous avez changé. Peut-être pas en apparence, mais en profondeur. Quelque chose en vous ne vibre plus à la même fréquence qu’avant.
Elle croise les bras, réfléchissant. La corne de basilic est un cœur agressif, connu pour favoriser les sorts offensifs et les transformations profondes. Un tel matériau réagit au tempérament du sorcier… et parfois, s’y oppose.
- Quand vous l’avez obtenue, vous souvenez-vous de ce que vous ressentiez ? Étiez-vous dans un état d’esprit différent ? Un objectif précis en tête ?
Elle ne force pas la question, mais l’invite à creuser plus loin que le simple constat d’une perte de lien. Puis vient la question suspendue. Est-ce réversible ? Leslie laisse planer un court silence. Elle n’est pas du genre à enjoliver la réalité. Mais elle n’est pas cruelle non plus.
- Ça dépend. Ses doigts tapotent le bois du comptoir, une seconde de réflexion avant d’ajouter : si la rupture était totale, vous n’auriez déjà plus accès à sa magie du tout. Là, elle hésite. Ce n’est pas une fin, c’est un avertissement. Il y a des choses à essayer avant d’envisager une séparation définitive.
Son regard se pose sur le sorcier. Elle jauge autant l’individu que la situation.
- Je peux examiner votre baguette plus en détail, tester son équilibre magique, vérifier si quelque chose dans sa structure a changé. Mais je ne peux pas la forcer à vous répondre. La seule vraie question, c’est : êtes-vous prêt à aller au bout du processus ? À chercher pourquoi elle hésite… même si la réponse ne vous plaît pas ?
Elle n’attend pas une réponse immédiate. Elle sait que ce genre de réflexion demande un moment d’acceptation. Dans un geste précis, elle saisit sa baguette et trace un mince cercle lumineux au-dessus de l'instrument. Une simple lecture d’aura, première étape avant de poser un vrai diagnostic. Parce qu’avant de réparer quoi que ce soit, il faut comprendre où se situe réellement la fracture.
Message publié le 18/02/2025 à 19:27
Le silence s’étire à peine un instant alors que Leslie observe la baguette, sans la toucher immédiatement. Elle écoute. Pas uniquement les mots de l’homme en face d’elle, mais aussi les signes discrets que donne l’objet lui-même. Un lien brisé. Une baguette réticente. Elle a déjà entendu ces symptômes, mais chaque cas est unique. Et chaque baguette, comme chaque sorcier, possède une histoire propre.
- Je vois. Les baguettes ne sont pas que des outils, vous le savez. Elles sont un prolongement de nous-mêmes. Si votre baguette ne vous répond plus comme avant, c’est qu’un déséquilibre s’est créé quelque part. Il peut venir de la baguette, bien sûr… mais il peut aussi venir de vous. Parfois, nous changeons sans même nous en rendre compte. Ce que nous étions quand nous avons reçu notre baguette n’est pas toujours ce que nous sommes aujourd’hui. Cela arrive plus souvent qu’on ne le croit.
Elle tend la main, paume ouverte, pour recevoir la baguette. Pas d’empressement. Elle attend que le client la lui donne volontairement. Lorsqu’elle referme ses doigts dessus, son pouce glisse légèrement sur la surface du bois, analysant sa texture, sa densité, son grain. Un bois nerveux, qui vibre d’une énergie subtile mais contenue. Du sorbier, probablement. Son regard glisse sur la longueur. Assez longue, légèrement souple. Une belle facture :
- D’où vient-elle ? demande-t-elle d’un ton calme et professionnel.
Les fabricants étaient rares, leur marque unique mais pas toujours reconnaissable. Leslie devait bien admettre que cette création-ci l'intriguait par sa singularité. Elle tourne légèrement la baguette entre ses doigts, testant son équilibre. Son regard, précis et concentré, ne quitte pas l’objet, comme si elle le lisait à même le bois.
- Quand avez-vous remarqué les premiers signes de rupture ? Vous diriez que c'était progressif, ou plutôt soudain ? Peut-être qu'il y a eu un évènement particulier... ?
Une baguette qui change de comportement peut réagir à une transformation intérieure du sorcier, mais aussi à une usure du cœur magique, une exposition prolongée à certaines magies, ou même un choc physique qui aurait affecté son équilibre. Elle tient la baguette légèrement éloignée de son propre corps, comme pour ne pas interférer avec son énergie. Elle ne saute pas aux conclusions. Elle veut des faits. Parce qu’une baguette n’est pas qu’un outil. C’est une alchimie.
Message publié le 17/02/2025 à 19:57
Les pommettes rougissent faiblement sous le compliment, plus encore alors que l'homme informule un sortilège pour agrémenter les lieux d'une flagrance fleurie. Sans doute aurait-elle du s'assurer de ne pas faire visiter son local à son futur investisseur dans de telles conditions. Aucun commentaire cependant ne vient accompagner le geste, et Leslie se garde bien de s'excuser inutilement. Ce qui est fait est fait, et ce qui ne l'est pas restera oublié.
- Oh, c'est volontaire de ma part, elle annonce en réponse directe à son interlocuteur, l'entrainant jusqu'au fond de la pièce. Je veux dire, je suppose que j'aurais pu trouver quelqu'un pour m'accompagner dans l'aventure... mais c'est quelque chose que je tiens à faire seule.
Elle avait eu des propositions, en réalité, plusieurs. Alléchantes, pour beaucoup, car il est certain que monter un business à plusieurs amoindriraient ses coûts de manière drastique, en plus d'alléger une charge de travail phénoménale. Leslie avait cependant refusé l'ensemble des candidats qui s'étaient présentés. Certains parmi son cercle proche, d'autres de simples clients curieux dont le projet était parvenu aux oreilles via ses propres collègues.
- Bon ici, ce sera fermé voyez, elle poursuit en désignant une paroi imaginaire entre eux. Les artistes pourront tester leur liaison avec l'instrument, j'ajusterai selon leurs retours. Comme je vous l'ai expliqué dans nos courriers, je veux absolument que tout soit du sur-mesure.
Sa baguette extirpée la poche de son manteau, Leslie invoque la vision qu'elle se fait du local tel qu'il est sensé le devenir.
- J'ai pas mal de créations que je pense exposer ici et là, elle explique en montrant les murs boisés parfaitement huilés, et aussi certaines affiches explicatives concernant les cœurs, les bois. Là j'ai pensé à placer un dispositif de projection, pour que les futurs propriétaires d'instruments Harrisounds puissent visualiser leur futur bien à travers un questionnaire personnalisé, Leslie se déplace à travers la pièce, avant de s'arrêter devant une série de marche qui descend vers les futurs ateliers. Bon et en bas bien sûr, là où la magie opère, elle annonce avec un clin d'œil.
En quelques instants, ils s'enfoncent dans les sous-sols du local, sombres, mais éclairés par une fenêtre unique et longiligne donnant directement sur la rue, à travers laquelle s'éparpillent plusieurs amas de poussières. Leslie est comme une enfant alors qu'elle renvoie d'autres invocations, de l'atelier imaginaire qu'elle se créé depuis de nombreux mois.
- J'ai déjà plusieurs devis d'artisans du monde sorcier, et je sais exactement à quoi ça va ressembler. Voyez, ici la taille et le ponçage, là les enchantements, la partie administrative bien sûr, et les finitions.
Chaque plan de travail était d'une organisation exemplaire, les outils à leur place, la luminosité accordé à l'ouvrage, ainsi que plusieurs étagères destinés à recevoir des ouvrages pour les cas complexes.
Message publié le 14/02/2025 à 19:35
Le silence était absurde. Leslie ne le remarquait pas. Prise dans la monotonie d'un travail minutieux, pratiquement chirurgical, Leslie l'épousait même, ce silence. D'une respiration suspendue. D'un regard acéré surplombant les poussières figées dans l'air au-dessus de ses doigts. La plume vient s'insérer avec une délicatesse insoupçonné tandis que dans des murmures psalmodiés Leslie refermait l'interstice avec la même application qu'une couturière. Les runes s'injectaient en dorures brillantes pour disparaitre aussitôt. C'est le tintement discret de la porte d'entrée qui vient rompre l'instant. Leslie redresse la tête brièvement, installe la baguette sur un support prévu à cet effet avant de s'étirer le cou d'un côté et d'un autre. D'une caresse distraite elle effleure le bois qu'elle vient de travailler jusqu'à la souche. Elle se lève de son siège, et ses quelques pas sur le planche de l'arrière boutique font survenir un craquement subtil.
- J'arrive ! Elle annonce, sachant pertinemment qu'elle est seule aujourd'hui pour gérer la boutique. Un instant !
Ses outils sont rangés en quelques gestes de poignets précis, lévitent pour ici s'accrocher contre le flanc d'un plan de travail, là s'étirer le long d'un mur. Leslie est quelqu'un d'organisé. Chaque chose a sa place propre. Elle ne laisse jamais un chantier en suspens. Son père lui appris à toujours garder un espace bien rangé. Pour éviter les incidents, Lili. Mais aussi pour que ce soit rangé là-dedans ! Il martelait toujours sa tempe de son index énorme, le pressant contre son crane comme s'il pouvait y forer parmi tous ses secrets. Des secrets qui, aujourd'hui, semblaient inateignables même par lui. Leslie replace les mèches de ses cheveux sur sa tête, rajuste son tablier comme par réflexe, s'extirpe finalement de la pièce exigüe pour gagner le comptoir. Son sourire est immédiat, travaillé par l'habitude, mais brutalement sincère. Les mains ramassées sur le dessus du comptoir, elle note immédiatement l'obsession du client pour sa baguette, qui semble au cœur de sa venue dans la boutique. Quoi d'autre, de toute manière ?
- Bonjour ! Qu'est-ce que je peux faire pour vous aider aujourd'hui ?
Le ton de sa voix est doux, contraste étrangement avec un regard incisif qui semble s'affaisser encore sur l'instrument de son client :
- Un problème avec votre baguette ?
Message publié le 14/02/2025 à 19:15
- J'y vais à toutes ! Leslie claironne en ouvrant et refermant la porte.
Le tintement de la cloche l'accompagne alors qu'elle termine d'enfiler sa veste au milieu d'une rue bondée. Ses yeux parcours la foule sans rien chercher de particulier. Un soleil timide perce les nuages aujourd'hui, comme un signe de bonne fortune. Leslie esquisse un sourire alors qu'elle rajuste son col, enfonce les mains dans ses poches. C'est un grand jour. Un jour attendu. Elle n'a que quelques pas à faire pour se retrouver au devant de la vitrine poussiéreuse devant laquelle elle a donné rendez-vous à Lysander Bramblethorn. Elle ne sait guère à quoi il ressemble, bien qu'elle s'en fasse une idée certaine d'après sa manière de rédiger ses lettres. En avance de plusieurs minutes, Leslie entre sans hésitation dans la boutique avec le jeu de clé légué moins d'une semaine plus tôt par les gobelins de Gringotts. Elle a encore du mal à s'imaginer que l'endroit est à elle et bien à elle. D'une œillade brève elle avise l'intérieur plutôt délabré, affiche un air satisfait.
Son bras se dresse et elle zieute la montre dorée qui lui affiche des secondes s'égrenant en toute sérénité. Le bracelet fin est agité par réflexe alors qu'elle rempoche de nouveau sa main, guette l'extérieur. Elle est excitée. Trop excitée, sans doute. Inspirant et expirant lentement, elle se répète mentalement tout ce qu'elle est sensé mettre sur le tapis avec Monsieur Bramblethorn. Elle est prête. Voilà des jours qu'elle est prête. Une silhouette se détache parmi la foule de badauds, et Leslie la repère immédiatement. Parfaitement en valeur dans un costume sur-mesure, une canne en guise d'appuie, la démarche assurée et d'une noblesse certaine, ce ne peut être que lui. Chassant l'angoisse qui la saisit comme si elle était restée une simple adolescente, la sorcière prend les devants et quitte la boutique pour l'accueillir le sourire aux lèvres. Sur sa peau blanche s'écrase des rayons chauds et tendre alors que son regard s'illumine d'un éclat joyeux.
- Monsieur Bramblethorn ? Leslie Harrison. Enchanté. Sa main se tend par réflexe, et elle sert celle du sorcier avec un aplomb qu'on n'aurait guère prêté à sa frêle silhouette. Merci de vous être déplacé. Brièvement elle se retourne pour lui désigner la façade, terne et triste, pourtant bercée d'un potentiel que Leslie imagine grandiose. Le futur Harrisounds, elle présente avec une joie presque enfantine. J'ai récupéré les clés lundi dernier. J'vous fais faire un tour du propriétaire ?
Message publié le 14/02/2025 à 14:15
Leslie attrape le flacon tendu par la médicomage sans un mot, ses doigts se refermant dessus avec une fermeté mesurée. Elle secoue légèrement la tête pour indiquer que non, elle n'a a jamais entendu parler d'Amotio Memoriae. Elle écoute attentivement les explications, le regard fixé sur la baguette d’Oonagh lorsqu’elle lui montre le mouvement à reproduire. Un sort délicat, qui demande de la concentration, de la précision. Pas d’approximation possible. Elle hoche doucement la tête, plus pour elle-même que pour l’autre femme.
- Non. Pas de légilimancie, elle déclare simplement sur un ton neutre qui ne laisse pourtant aucune place à la négociation.
Son espace personnel lui a toujours été vital. Aussi bien physiquement que mentalement. Cela dit, il lui est très étrange de se dire qu'elle est sur le point de se retirer un souvenir. Elle a l’impression d’aller contre son instinct le plus profond. On est censé s’accrocher à nos souvenirs, pas les arracher. Elle souffle discrètement par le nez avant de répondre à la question d’Oonagh :
- C’estt la première fois que mon père m’a fait faire le tour de son atelier.
Sa voix est posée, mais elle prend une demi-seconde de plus avant d’ajouter :
- Je devais avoir sept ou huit ans. C’est ce jour-là que j’ai su que je voulais faire ce qu’il faisait. J’ai passé des heures à l’observer, à toucher le bois, à poser un millier de questions… Il était fier. Leslie aussi.
Elle pince les lèvres, le regard brièvement tourné vers Quinten Harrison. Elle resserre sa prise sur sa baguette et prend une inspiration avant de l’élever, reproduisant avec application le mouvement enseigné. Amotio Memoriae. Une seconde de flottement. Rien. Elle fronce légèrement les sourcils et recommence, plus concentrée. Cette fois, elle sent un léger frisson parcourir son échine quand le fil argenté du souvenir s’étire hors de son crâne. L’espace d’un instant, elle a l’impression de le revivre : l’odeur du bois taillé, la poussière en suspension, la voix grave de son père lui expliquant comment reconnaître un bon morceau de frêne.
Puis c’est fini.
Elle dépose doucement le fil de mémoire dans le flacon, le regard fixé sur le liquide miroitant qui ondule doucement. Son esprit tangue une fraction de seconde, comme une note manquante dans un accord parfait. Ce n’est pas douloureux. Juste… vide. Elle referme le bouchon et pose le flacon près de la pensine, avant de glisser un regard vers Oonagh.
-Ça ira comme ça ?
Son ton est neutre, presque professionnel, mais elle évite soigneusement de regarder son père.
- C'est qui Jeff ? Avait t-il demandé plus tôt d'une voix un peu perdue avant de reprendre son observation méticuleuse du paysage.