Homme
56 ans
Sang-mêlé
Britannique
Identité
-
- Diplômé·e
- Surnoms : Aldi
- Nationalité : Britannique
Capacités & Statuts
Groupes
Message publié le 14/11/2025 à 20:21
Le regard que Balthazar lui porte soudain a plus grand chose à voir avec son regard habituel. Comme si quelque chose s'y était allumé. Un truc qui ressemble fortement à de l'admiration. Aldebert ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire à la fois fier et gêné, pas bien certain du sentiment que ça lui procure. Avoir un fils qui lui tombe sur les bras a plus de cinquante ans est une chose qu'il n'a pas terminé de digérer. Avoir un fils qui puisse lui porter une quelconque admiration ? Jamais il n'aurait pu l'imaginer.
Le pur-feu est abandonné sur la table, auprès de leurs deux verres vides. Aldebert tapote sa poche pour s'assurer de la présence de ses objets personnels, réflexe oblige, avant de se figer dans une position grotesque, ses sourcils hauts et ses yeux grands écarquillés. Par-dessus le rire braillard de Balthazar, il manque de s'étouffer :
- Professeur d'Astronomie ! Par Merlin !
Comment peut-il seulement confondre son expertise avec quelque chose d'aussi aléatoire et stupide que l'astrologie ? Vexé, Aldebert secoue la tête, bien qu'un sourire s'étire sur le bord de ses lèvres. Amusé malgré lui par la bonne humeur contagieuse de Balthazar, il doit bien admettre qu'il aurait effectivement eu de l'allure à monter des dragons affublés d'une crête :
- J'ai monté un noir de hébrides, une fois. C'est d'ailleurs comme ça que j'me suis fait virer. On était pas vraiment sensé faire ça. Y avait aussi des verts gallois. Beaucoup de verts gallois. En troupeau, ils ont tendance à... chanter. C'est plutôt joli.
La porte est claquée derrière leurs deux silhouettes, Molière délaissé au salon - et probablement très heureux de la paix et du calme apportés par la solitude.
- Mais je t'assure que les étoiles sont au moins aussi fascinantes. Si ! Tu le saurais si t'écoutais ne serait-ce qu'un tiers de mes cours.
Le claquement de langue contre son palais est faussement agacé. La discussion leur vient étrangement naturellement alors qu'ils traversent les rues d'Edimbourg, le pas long et décidé d'Aldebert guidant l'adolescent à travers la ville. Le climat estival se contente d'être assez doux pour que l'on supporte de sortir sans se cerner d'une écharpe. Bientôt, l'astronome s'engage sous une arche qui les fait traverser un lot de magasins et de bars, puis il s'arrête au devant d'une bibliothèque de livres de piètre allure, scellée dans un mur.
Légèrement en retrait du reste, elle est bondée de volumes aux titres très peu attirants, pour la plupart trop usés, et dont certains manquent même de quelques pages. Elle n'a rien pour attirer l'œil, et c'est très bien ainsi. La manipulation de plusieurs tomes, dans un ordre bien précis, fait grincer l'architecture des étagères, pousse les livres de part et d'autre afin de révéler une porte étroite et basse. Sans hésitation aucune, mais non sans un bref regard alentour, Aldebert actionne la poignée et disparait à l'intérieur, suivi d'un Balthazar peut-être dubitatif.
Le sol est, comme de l'autre côté, fait de pavés irréguliers, grossièrement taillés, mais les devantures des boutiques qui les cerne sont drastiquement différentes. Le quartier magique d'Edimbourg n'est composé que de cette simple allée, et aurait tout à envier au Chemin de Traverse, mais c'est sa déplorable petitesse qui en fait tout le charme. D'un geste, Aldebert désigne un panneau branlant qui pousse d'une bâtisse en pierre montée sur plusieurs étages, dont l'apparence vacillante laisse à penser qu'elle est sur le point de s'écrouler. L'enseigne n'indique pas grand chose : c'est une gargouille au sourire torve qui porte une chope, pas franchement engageante, et qui semble avoir été dessiné par un enfant possédé.
- C'est là. La Gargouille Grivoise.
Sitôt la porte passée, l'ambiance n'est plus la même. L'espace est ensorcelé, immense, le plafond aussi haut que celui d'une cathédrale. Les murs sont ornés de gargouilles de pierre animées, qui suivent du regard le mouvement des clients, lorsqu'elles ne baillent pas aux corneilles ou ne volètent pas dans l'air. Les fenêtres, d'immenses vitraux chaudement colorés, représentent plusieurs scènes mythiques de l'histoire du monde sorcier. Certains sont en mouvement. D'autres sont parfaitement figés. C'est le sol qui accaparent l'attention pourtant : taillé dans une immense plaque de marbre, il est d'un noir vertigineux, et donne l'impression de marcher dans le vide. Sous les tables, il prend des teintes qui s'accordent à l'ambiance des conversations.
Une gargouille atterrit devant eux et les jauge de pied en tête, mais Aldebert lui jette un œil peu impressionné :
- Bonsoir. J'ai une réservation au nom de Wickerson. Pour deux.
Guidés par la créature jusqu'à une table installée sous une fenêtre, Aldebert se défait de son manteau pour s'installer dans l'un des énormes fauteuils. Ses bras viennent paresseusement reposer sur les accoudoirs tandis qu'il croise une jambe sur l'autre. La gargouille, elle, claque des doigts pour attirer sur eux l'attention d'un serveur, leur fait une révérence, et prend son envol. Bercée par un jazz, la salle est loin d'être pleine, et les quelques âmes assez pourvues pour se payer l'unique menu de l'enseigne la plus luxueuse d'Écosse n'ont clairement pas encore entamé l'entrée.
Message publié le 08/11/2025 à 16:40
Amusé malgré lui par la réaction de Balthazar face aux révélations jetées par-dessus la table, Aldebert étire un sourire gamin qui lui fait perdre une bonne dizaine d'années. Des photos, il en a tout un tas, enfermées dans des malles, scellées entre les pages d'albums désuets dont il se plait à oublier l'existence. Il sait qu'il en existe au moins autant d'autres dans les placards de sa mère, et peut-être des dizaines encore perdues au travers du monde, tantôt entre les mains d'une fille à laquelle il aura brisé le cœur, tantôt crocheté au mur d'un ami auquel il n'aura plus parlé depuis bien trop d'années.
Ignorant la première question de Balthazar, Aldebert secoue la tête devant la second :
- Oh non, non loin de là même. J'ai longtemps... cherché mon chemin, il déclare mystérieusement.
Mécaniquement, il passe une main contre sa chevelure ordonné, aux racines blanchies par le temps. Il grimace alors que le garçon l'annonce vieux avant l'âge. La vie l'a certes marqué de rides étranges qui lui fendent le visage, de chaque côté des yeux, au détour de ses lèvres, jusque son front. La maladie le ronge de l'intérieur, et le menace de prendre avec elle nombre de ses capacités primaires, qu'il estimait jusqu'alors intouchable. Peut-être Balthazar a t-il raison. Peut-être est-il vieux. Lui préfère penser que l'on est toujours le vieux de quelqu'un d'autre, jusqu'à tant que l'on soit mort.
- Peut-être que j'devrais tenter ça pour la rentrée prochaine, il plaisante en affichant un rictus gaillard.
L'image, grotesque, aurait le mérite de le suivre jusque dans la postérité.
- Mon tout premier emploi consistait à assister un aéronaute. Rien de bien passionnant, mais j'en profitais pour mon usage... ahum... personnel, et j'ai fini par être viré. Plus tard j'ai assisté un dresseur de dragon dans les highlands - ça c'était passionnant. J'ai failli y passer. J'ai rejoint l'équipage du St James quand j'avais vingt-trois ans, engagement dans la marine et tout. J'ai déserté quand on a débarqué en France. Très beau pays, la France, mais pour y gagner sa vie c'est pas l'pied. J'ai fini par rentrer. Pendant quelques années j'ai joué les détectives pour des particuliers. J'étais pas trop mauvais. Ça a duré quelques années avant que j'me décide à refaire les bancs de l'école pour devenir astronome. Ma vraie vocation.
Quelle étrange concept que de pouvoir résumer son existence à cette poignée de phrases. Il se râcle la gorge, étrangement gêné.
- Alors tu vois, j'vais pas être un gars qui t'demande si tu sais où tu veux aller dans la vie. J'pense que personne en a la moindre idée. Il termine son verre d'une traite. Prêt pour le resto ?
Sa baguette récupérée de sa seule main libre, il l'agite brièvement pour attirer à lui son manteau.
Le manteau se décroche, et vient flotter paresseusement à côté de lui. Aldebert se débarrasse de Molière d'un simple geste appuyé avant de se dresser pour récupérer l'objet, et l'enfiler.
Aldebert Wickerson a lancé un sortilège en utilisant sa baguette : Orion !
- Sortilège
- Sortilège d'Attraction
- Difficulté
- 4
- Résultat D20
- 19
- Interprétation
- Réussite
- XP gagnée
- 10
Le manteau se décroche, et vient flotter paresseusement à côté de lui. Aldebert se débarrasse de Molière d'un simple geste appuyé avant de se dresser pour récupérer l'objet, et l'enfiler.
Autres résultats possibles
Le manteau se décroche, accompagne son mouvement alors qu'il se lève - chassant Molière par la même occasion -, et l'enfile en quelques gestes précis.
Le manteau ne fait même pas mine de bouger. Vraisemblablement, Aldebert a trop bu. À moins que ce ne soit cette foutue maladie qui fasse encore des siennes.
Le manteau se décroche et tombe brutalement au sol, le bruit faisant fuir Molière en un pincement griffu sur les extrémités de son genou. Jurant entre ses dents, Aldebert décide de mettre ça sur le compte de l'alcool davantage que sa maladie.
Message publié le 23/10/2025 à 18:20
D'un simple hochement de tête, Aldebert avait approuvé l'idée du magicobus. Ce n'est certes pas son transport de prédilection, mais il est clairement le plus adapté à la situation. Peu coûteux, accessible d'à peu près n'importe où, n'importe quand, à-même de gérer les bagages de tout-un-chacun. La figure de l'astronome se tord, cependant, à la mention d'affaires que Balthazar pourrait avoir ou non avec une meuf ramenée à son appartement, et il est foncièrement soulagé d'entendre l'adolescent affirmer qu'il évitera finalement ce genre d'initiative.
- Je vois, se contente t-il de commenter en essayant de chasser le flot d'images qui lui poussent absurdement sous le crâne.
Son verre porté à ses lèvres, il s'hydrate généreusement, repose le contenant sur la table en un bruit sec. La conversation se meurt, au profit d'un silence qui vient même étouffer la musique. Ils ne se regardent pas. Cherchent plutôt l'échappatoire des fenêtres, ou du décor environnant, dans une gestuelle étonnement symétrique dont ils n'ont clairement pas conscience. Finalement, Aldebert se racle la gorge. Ses longs doigts anguleux restent entourer son verre, et le déplacent presque imperceptiblement d'un sens et d'un autre, en rotations nerveuses.
- J'ai eu les cheveux bicolores pendant toute une période de ma vie, il énonce finalement. Une main vient lui fendre le front en deux. Vert de ce côté, bleu de l'autre. Si j't'assure. Bon c'est une autre époque. J'bossais sur un bateau. Sa mère lui en avait voulu pendant des mois d'partir sans prévenir. Pis j'ai pas fait d'crête comme toi. C'était plus un genre de coupe en hérisson...
De nouveau il se racle la gorge, s'envoie une rasade de pur-feu. Il sait pas bien pourquoi il raconte ça. Il s'dit que ce serait bien qu'ils apprennent un peu à s'connaitre, dans l'fond. Ça fait un moment qu'il se dit qu'Balthazar devrait rencontrer sa mère, et aussi son oncle Frank, mais il appréhende complètement le moment où ça pourrait venir sur le tapis. Molière choisit cet instant pour miauler, comme s'il se foutait ouvertement de la gueule de son maître, et Aldebert secoue la tête avant d'affaisser un bras vers le sol pour l'attirer. D'un geste, il le récupère sur ses genoux, et le caresse comme un vieux réflexe.
Les deux yeux de Molière sont braqués sur Balthazar alors qu'il s'installe paresseusement.
Message publié le 15/10/2025 à 20:32
Al. La vérité, c'est que de nombreuses personnes l'appellent Al. Al ou Aldi. Que Balthazar Grimfire puisse faire partie de ces gens lui parait toutefois proprement grotesque, aussi échappe t-il un rire sec et nerveux, par les narines.
- Je... oui... d'accord.
Al. Balthazar Grimfire l'appellerait donc Al. À tous les coups, ça allait ressortir dans les couloirs, il en est certain. Mais soit. Il n'y vois pas d'inconvénient majeur, à ceci près que ça restera parfaitement lunaire. Aldebert saisit son propre verre pour trinquer avec le fils prodige, et s'envoie plusieurs gorgées du breuvage sans la moindre retenue. Le thé, non loin, refroidit tranquillement, continuant de propager son parfum dans toute la pièce.
Brutalement, l'astronome manque recracher sa boisson dans l'air, et se met à toussoter.
- Non. Non je n'ai pas de... meuf.
De tous les sujets de conversations possibles et imaginables !
- Et si j'en avais une, ce ne serait vraiment pas tes affaires. Par Merlin.
De nouveau, Aldebert s'envoie une rasade, et repose le cul du verre sans délicatesse.
- Comment tes amis et toi comptez rejoindre le Pays de Galles ? Il demande sur le ton de la conversation.
La passion des gens pour le Quidditch est une chose qui le dépasse profondément. Traverser tout le pays pour aller voir des imbéciles perchés à des centaines de mètres de hauteur se passer une balle pour la balancer à travers d'anneaux ? Merci bien, il préfère se contenter de ceux de Saturne au travers de son téléscope. Sourcils froncés, Aldebert se demande s'il doit organiser quelque chose. Accompagner son fils jusqu'un portoloin. Mener un transplanage d'escorte quelconque.
Il ne faudrait en aucun cas compter sur lui pour l'y transporter en balai, en tous cas.
- Au fait, si tu dois inviter quelqu'un ici... bon tu peux évidemment, mais si tu peux juste me prévenir ? Surtout s'il s'agit d'une hum... meuf.
C'est-à-dire qu'il n'a guère envie de se faire témoin des émois adolescents de Balthazar, s'il peut l'éviter. Une flopée d'images le hantent soudain, et il prie pour que la mère du garçon l'ait au briefé sur ces sujets. Devait-il lui montrer la réserve de crapotes ?
Message publié le 07/10/2025 à 12:46
Du camping. Avec une tente. bien sûr qu'Aldebert connait cela. Il connait même très bien cela. Le véritable fond du questionnement s'est perdu dans l'absence de mots qui l'a composé, à n'en pas douter.
- Oui, oui, camper. Je veux dire, où ça ?
Il aurait apprécié que la mère de Balthazar lui laisse le palimpseste des règles de la maison. Une trace, même effacée, de ce qu'il convient de faire ou non lorsque l'on a la garde et la responsabilité d'un mètre soixante-dix de sottise adolescente. Sa crête, verdoyante, déploie l'équivalent d'un umbracule contre le mur, tandis qu'Aldebert se perd en conjectures mentales de ce qui devrait être dit ou fait.
Ni doué de catoptromancie ou autre délire divinatoire, il aurait été tout aussi incapable de prédire l'avènement d'un tel jour qu'il ne l'est d'imaginer la suite. Celle-ci devra pourtant se ployer autour de l'existence de Balthazar, qu'il le veuille ou non. Décontenancé par ce simple fait, Aldebert reste plusieurs secondes mutique, alors que l'énergumène lui demande de quelle manière il devrait l'appeler. Question pertinente, s'il en est.
Il n'est pas sûr de grand chose, dernièrement. Pas même de comment célébrer les BUSE, ou de comment passer tout un été enfermé dans cet appartement avec Grimfire - en dehors de son séjour de camping. Mais il est sûr d'une chose. Il ne veut pas que le garçon de récemment seize ans le nomme papa, quand bien même il en aurait parfaitement le droit. Ce serait bien trop absurde. Mais il parait évident qu'il ne peut continuer à l'appeler professeur - ou M'sieur, comme il se plait à le faire.
- Aldebert, s'entend-t-il répondre finalement, alors que son regard s'accroche à celui de Balthazar. Aldebert c'est très bien.
Il sait d'ores et déjà que nommer Balthazar par son simple prénom plutôt que par un Monsieur Grimfire lui prendra fort longtemps, mais il est bien conscient qu'il devra s'y faire. Soudain il se lève, décidé.
- Je pense qu'on devrait se mettre d'accord sur certaines choses.
Au-delà d'une appellation. D'une main, il ouvre un placard dont il tire une bouteille, qu'il vient poser sur la table. Deux verres suivent le même chemin.
- Tu as seize ans. Tu as donc l'âge de boire tant que tu es accompagné d'un adulte, il commente en commençant à les servir, ignorant son thé encore fumant. Je propose que tout à l'heure, nous allions dîner dehors. Dans Edimbourg. Je connais un très bon endroit. En attendant, on peut commencer à célébrer ici.
Sa gorge est raclée alors qu'il repose la bouteille sur la table. L'horloge indique dix-sept-heures.
- Je pense que tu as compris que je suis à peu près aussi à l'aise avec toute cette situation qu'un éruptif que l'on enverrait tricoter un pull, il commence en levant son verre. Je suggère donc un règle principale à notre cohabitation. Je n'approche pas de tes affaires, tu n'approches pas des miennes. Un respect mutuel finalement. Simple et efficace. Un sourire bref lui tord le visage avant qu'il n'enchaine. Quant à tes vacances, tu peux bien les organiser comme tu le veux. J'attends cependant que tu me préviennes lorsque tu sors, où, et pour combien de temps. Je m'engage évidemment à faire de même si je devais m'absenter. Toujours par esprit de respect mutuel.
Comiquement figé dans son geste, Aldebert ferme la bouche, la rouvre, et la referme. Son verre s'affaisse un peu.
- Je crois que c'est tout pour le moment. Ça te va ?
Message publié le 29/09/2025 à 17:51
Les Who balancent leurs accords en dépit de la gêne que peut ressentir Aldebert à l'égard de son fils, et de sa présence toujours aussi incongru entre les murs de l'appartement. La bouilloire ne tarde pas à siffler, à s'agiter impatiemment, avant qu'il ne daigne d'un simple coup de baguette en verser le contenu dans un mug qui le suit depuis moult déménagements. Décoré d'étoiles fines qui semblent presque ciselées à même la porcelaine, ses constellations se rattachent entre elle et font briller les astres avec la chaleur.
Un parfum de violette envahit la pièce alors que parait de nouveau le prodige à crête, son rat perché au sommet d'une poche, museau frémissant. Il s'attire immédiatement l'attention de Molière. Les sourcils arqués en suspension interrogative, Aldebert fait dangereusement tournoyer une cuillère entre les parois d'une tasse fumante. Un typhon minuscule entreprend de se former sous le mouvement tapageur. Indifférent à cela, l'esprit d'Aldebert se remémore la conversation notariale, le leg, les biens de Balthazar éparpillé dans l'appartement de feu-sa mère.
Il a certes pris les devants pour la chambre, mais c'est bien tout.
- Oui, oui bien évidemment.
Voilà qui s'annonçait joyeux. Mais c'était vraisemblablement quelque chose qui ne saurait attendre. Il tique, soudain, comme semblant se remémorer la première partie de ce qu'énonçait Balthazar.
- Camper ?
La posture a adopter lui échappe complètement. Doit-il donner son autorisation ? Demander des précisions quant aux dates prévues de ces vacances entre adolescents apparemment prévues depuis Poudlard ? Demander où, demander comment ? Dans le doute, Aldebert se contente d'un verbe, lâché dans l'air au milieu des paroles de Baba O'Riley.
- On peut faire ça demain.
Récupérer ses affaires, et non camper. Aldebert sirote son thé, qui lui brûle amèrement la langue. Il émet une grimace douteuse tandis que de l'autre côté de la pièce, perché sur une haute armoire, Molière se dresse et prend la posture d'un véritable chasseur.
- Je ne t'ai pas... il hésite, cherche du regard quelque chose, n'importe quoi qui ne fut pas le regard bovin d'un fils avec lequel il ne sait guère communiquer. Mais il finit par s'y raccorder, sincère et connaisseur. Félicité. Je ne t'ai pas félicité, pour tes BUSE. Nous pouvons célébrer. Ce soir. Et demain, récupérer tes affaires. Si ça te va.
Doit-il établir des règles ? Doit-il garder le silence ? Doit-il prétendre savoir ce qu'il fait ? Admettre se noyer dans l'inconsistance de ses propres incertitudes ? D'un geste impérieux, il prend une nouvelle gorgée de son thé brûlant, et se dresse brutalement pour jeter un sortilège en avant, d'un seul coup de baguette. Molière se retrouve figé dans l'air dans un mouvement grotesque, moustaches dehors.
- Non, Molière.
Il le relâche avec la même intransigeance, et le chat se vautre au sol sans la moindre grâce avant de lâcher un miaulement mécontent. Il n'a guère l'air traumatisé, car dans l'instant suivant, il se laisse tomber au sol pour mieux se lécher l'arrière train, l'air de ne plus s'intéresser à rien ni à personne.
Message publié le 17/09/2025 à 20:24
Si l'année avait été étrange, sa fin s'était annoncée rien moins qu'absurde. Il faut dire que la perspective de ne pas rentrer seul à Edimbourg mais en la compagnie de Balthazar Grimfire, laissait l'impression d'une farce grotesque. En dehors des heures de cours, Aldebert s'était échiné à esquiver la présence verdoyante de son cher fils surprise, qu'il ne savait guère comment aborder. Ne pas l'aborder semblait l'option la plus acceptable. À cela s'ajoutait le traitement qu'il se devait de prendre chaque jour pour ne pas voir s'empirer les symptômes de sa synchrolyse - second enfant au moins aussi surprenant que le premier, si ce n'est globalement plus emmerdant.
Tout cela sans compter le reste.
Un gouvernement en pagaille après les violences des attentats lors de la coupe du monde de Quidditch de l'été précédent. Des disparitions inquiétantes dans les alentours de Poudlard. La préparation d'un tournoi des trois-sorciers. Les BUSE. Oui, les BUSE. Car certes, Aldebert s'était tenu loin de Balthazar Grimfire tout au long de l'année, mais il avait gardé l'œil sur ses piètres résultats, et vu grandir une inquiétude toute relative quant au futur d'un enfant qui était sien depuis seulement quelques mois. Par un miraculeux coup du hasard - ou, à n'en point douter, d'anti-sèches et de soutien amical exacerbé -, le garçon avait obtenu des notes passables qui lui avaient octroyé le précieux sésame.
Était venue l'heure de remballer les affaires, et de quitter le château - pour le plus grand malheur d'un Molière qui n'en finissait pas de dramatiser les choses, miaulant comme le dernier des martyrs dès lors qu'Aldebert prononçait les mots Warrender, ou Edimbourg. Balthazar avait été convié au voyage, et malgré son air ahuri, avait semblé comprendre qu'il ne prendrait pas le train avec les autres cette année, mais quitterait Poudlard en compagnie de son astronome de père. En sus et place du Poudlard Express, Aldebert avait le privilège d'emprunter le réseau de cheminée, ouvert pour l'occasion du grand départ, et leur permettant de retrouver rapidement la demeure.
- Bien.
Ce fut le premier mot que prononça Aldebert alors qu'il ouvrait son sac et libérait Molière, qui s'en alla fureter dans tous les coins. Tourné vers l'énergumène à crête, le professeur arqua un sourcil, et se trouva plongé dans un mutisme profond. Il avait vaguement l'impression d'être de retour un an en arrière, alors que Balthazar pénétrait dans son antre pour la première fois, suite au décès de sa mère. D'un geste, il retira son manteau pour ne plus se retrouver qu'en costume trois-pièces, et il désigna vaguement la cuisine, ses cheveux dressés en tous sens et encore plein de poudre de cheminette.
- Thé ? Oh heu.
Il se figea grotesquement avant d'avancer d'un pas déterminé pour ouvrir la porte adjacente à celle de sa chambre. Celle-ci ne comportait l'année précédente que son bureau, et tout un bordel de documentations et cartes entassés dans un bordel parfaitement organisé ployant naturellement sur plusieurs étagères branlantes. La pièce n'avait plus rien à voir. Aldebert avait procédé à plusieurs arrangements pendant l'année scolaire, afin de pallier à l'occupation permanente du canapé du salon, comme lors du premier séjour de son fils.
- Ta chambre. Tu peux... t'installer comme tu veux.
L'espace était assez vide, mais avait le mérite de comporter un lit confortable, une large armoire, un bureau et une chaise. Ne souhaitant pas s'éterniser sur la situation, Aldebert disparu en cuisine, agitant sa baguette distraitement dans la direction du gramophone pour lancer une musique aléatoire - histoire d'habiller le silence.
Message publié le 04/06/2025 à 09:59
- Mh mh, Aldebert dénie d'un mouvemenet de tête.
Un vague sourire lui creuse une joue. L'air de rien, ça lui fait plaisir que Daryl accepte. Il n'ose imaginer l'ameublement que sa malédiction a imposé sur sa vie. À côté, la maladie qui le ronge fait pâle figure. Les yeux projeté sur l'étrange trainée brillante qui semble être resté engluée sur le sol après le chaudron rampant. Il n'a guère le temps de l'étudier de plus près cependant, car le maître potionniste réduit à néant les restes fluorescents d'un coup de baguette magique. La clientèle ne semble pas outre perturbée par la situation, s'en retourne à son lot de discussions et de rires gras qui s'additionnent aux ronflements des cheminées.
- D'Aiguise-Méninges hein ? Même ça ça suffirait jamais, il rétorque sur le même ton que son collègue. Au moins j'ai pas à m'inquiéter qu'il hérite de la Synchrolyse.
Une autre raison poussant Aldebert a venir en aide à Daryl reposait peut-être sur une tentative maladroite de lui renvoyer l'ascenseur. Il était, après tout, derrière le stock de potions harmonisantes de Magnus dont il bénéficiait quotidiennement.
- J't'ai jamais remercié. De préparer l'traitement sur ton temps libre, il reprend, plus sérieux. Alors c'est normal que j'prenne du mien pour essayer d'te rendre les choses moins pénibles.
Sincère, l'instant se fait pourtant démonter par une horde de jeunes les poussant brusquement pour atteindre le comptoir, leurs voix gaillardes éructant de ternes excuses ornées de questionnements hilares entre les garçons.
- T'prends quoi ?
- Pur feeeeeeeu !
- Shoooooots !
- Fais gaffe t'bouscule des vieux Spence !
- C'est parce que c'est sa came les vieux.
- Ta gueule !
- Désolé m'sieur, il braque un regard flou sur Daryl, puis sur Aldebert. J'vous paye mon coup hein ! J'me marie d'main c'est pour ça.
Dire que la soirée prend un tournant serait un euphémisme. Heureusement pour chacun des professeurs, aucun de leurs élèves n'est là pour témoigner de l'anarchie qui s'installe au cœur des Trois-Balais.
Message publié le 31/05/2025 à 16:19
De quoi est fait un Aldebert Wickerson ? Insaisissable esprit, maître baroudeur de toute une vie, Aldebert ne s'est guère forgé qu'une personnalité ces dernières années, mais bien mille-et-une à conter jusque tard dans la nuit. À l'instar d'un ciel bondé d'étoiles aux caractéristiques si divergentes qu'on pourrait se demander comment, à elles toutes, elle ne formerait qu'un seul et même univers. À l'instar d'un ciel bondé d'étoiles qui s'éteindront les unes après les autres, sans que l'on ne puisse rien y faire. Alors. Est-ce bien sérieux de se demander de quoi est fait un Aldebert Wickerson ? De tout, de rien. Mais l'on peut se question sur ce qu'a fait Aldebert Wickerson.
Un fils.
Aberration chronique, intellectuelle, stupide erreur du passé, décalage absurde de tout ce qu'il a jamais représenté. Devra t-il lui dire, vraiment ? Devra t-il ? Aldebert n'en est pas convaincu. Loin de là. Alors pour toute réponse, il se contente de pousser ses lèvres vers l'avant, dans une moue grimaçante, les yeux perchés sur l'autre bord de la pièce. Un mh mh qui pousse dans l'air alors qu'il imagine lui aussi la tête de Balthazar alors qu'il reçoit la nouvelle. Une tête ahurie, dont les neurones peinent à se mettre en branle alors qu'il essaie de se répéter mentalement l'abracadabrant terme de synchrolyse en se demandant s'il contient des i ou des i grecs, et pourquoi on appelle ça des i grecs.
Aldebert sert les dents. La promesse est tenue. Simple picotement à peine perceptible qui ne l'éveille pas d'un profond coma pour lui rendre sa prime jeunesse. Le regard, azuréen, se cambre sur la gestuelle de la sorcière, le liquide pâle qui s'extirpe de sous sa peau pour venir se loger dans une fiole, aussitôt enchantée. La curiosité prend le dessus sur les dramatiques nouvelles du jour, et l'astronome se prend à tâcher de comprendre l'analyse que fait Adaline des symboles runiques qui viennent ponctuer le parchemin. Il en reconnait quelques uns, ici et là, restes de connaissances ingurgitées bien des années plutôt.
De nouveau leurs regards se croisent, Aldebert attendant le verdict avec un sérieux qu'on ne lui prête qu'occasionnellement. Il ne prononce pas un mot. Se contente de hocher la tête gravement, ses sourcils broussailleux plus froncés que d'ordinaire, la bouche tordue, les joues creuses. La question semble l'éveiller de sa torpeur corporelle. Il se meut vivement, les doigts subitement décontractée et pianotant sur les accoudoirs comme de rien, les jambes l'élevant pour le dresser de toute sa hauteur. Un éclat dans l'iris, il secoue la tête, frappe dans ses mains et vient d'un geste les passer dans ses cheveux comme pour se recoiffer.
- Non. Non ce ne sera pas nécessaire.
De le laisser seul. De rester. La réponse est ambigüe, au même titre que sa propre situation.
- Nous avons terminé non ? Il questionne avec cette fois un sourire môme. Examen fait, solution trouvée. J'recommanderais ton infirmerie, dix sur dix. Faut prendre la potion dès que j'ai des douleurs et voilà c'est ça ? Il l'attrape entre deux doigts pour observer sa description, concentré l'espace d'une seconde. Et quand j'en ai plus tu m'en refile ? Ou je dois demander à Daryl de m'en préparer ?
Message publié le 25/03/2025 à 12:45
Un grommellement lui échappe, et rien de plus. Tout son corps s'affaisse de nouveau, la révolte calmée par la perspective d'autres examens, sans doute. Toute son attention est vissée sur le vocabulaire employé par Adaline tandis que ses doigts martyrisent l'accoudoir sur un rythme connu de lui seul. Il hoche la tête, ici et là. Analyse. Ponction. Voilà qui semble dessiner quelque chose de plus concret qu'une simple poussée de paume contre paume. Certes, l'hérédité n'est pas certaine, et cela écarte d'emblée l'imaginaire confortable dans lequel il se serait volontiers rétracté : si mon père n'a pas été malade, je ne peux pas l'être à mon tour. Sans doute est-ce une bonne nouvelle, pourtant, à l'égard de sa nouvellement découverte progéniture.
- J'imagine, j'imagine, il répond à la quête de vérité.
Voyez-vous, Aldebert en sait des choses, sur la quête de vérité. Des années il aura cherché la sienne, arpentant le monde en cumulant des activités plus diverses que variées, ne trouvant jamais vraiment ce qui pourrait le faire vibrer au point de ne plus jamais vouloir s'en détacher. Son dévolu s'était jeté, sur le tard, dans un domaine qui devenait aujourd'hui un symptôme. Paradoxalement, sa quête de vérité l'avait directement épinglé aux étoiles, brillantes jusque loin dans la mort, et oh comme elles allaient pouvoir se gausser de lui. De la virulence avec laquelle il les avait scruté. De la concentration et de la précision qui n'allaient pas tarder à se retourner contre lui au travers de sorts chirurgicaux. C'était à lui d'être charcuté, disséqué, pour que l'on comprenne enfin de quoi était fait Aldebert Wickerson.
Lamentable ironie.
- Vas-y, Adaline, il énonce comme un homme qui voudrait rapidement passer à autre chose. Faisons ce glorieux pas vers la compréhension.
Sarcastique, la réplique ne l'était qu'à moitié. Puis, alors que l'infirmière se prépare, qu'il replie et replie sa manche, il tâche de se divertir.
- Au moins Balthazar serait hors de cause. C'est pas à lui qu'on va imputer finesse et concentration. Il rit. Pour lui même, sûrement. Se râcle la gorge. Une simple pression n'est-ce pas ? Un pincement ? À tout moment je m'éveille dans la peau d'un Aldebert de vingt ans qui n'aura fait qu'un mauvais rêve je suppose. N'hésite pas à pincer très fort Adaline.
Il dramatise, préfère se montrer amusant que terrifié. Et puis qui sait. Peut-être bien que c'était possible. Qu'il retrouverait les rondeurs de sa vieille cabine, à bord du Boutefeu Viennois, que le capitaine viendrait le harceler pour qu'il viennent ensorceler les voiles, cirer le pont, tenir la barre, éplucher des pommes de terre hurlantes. Peut-être toute cette existence s'apprêtait à se retourner sur elle-même à la manière d'un gymnaste ambitieux. Aldebert n'y croyait guère. Son imagination pourtant continuait de l'emporter loin, loin des murs lisses et blancs qu'il trouvait terriblement tristes.
Message publié le 22/03/2025 à 16:20
Le regard d’Aldebert se perd un instant dans le fond de son verre, le temps d’une gorgée méditative - le genre de pause qu’on prend quand on pèse le poids des mots, ou celui d’une pierre d’équilibre cosmique glissée dans les mains d’un collègue.
- Non, il répond finalement, les doigts tapotant le bois du comptoir d’un rythme calme. Aucun effet secondaire relevé jusque là ok ? Il se redresse légèrement, ses yeux clairs plantés dans ceux de Daryl, avec une intensité rare, presque grave. Mais t'as bien compris qu'on n’est pas sur un produit estampillé Sainte-Mangouste. C’est expérimental. Du terrain flou. D'la matière qui bouge encore. J'pense vraiment qu'il peut t'aider, mais c'est sûr que j'vais pas t'filer des garanties. J'en ai pas. Reste que j'suis convaincu que ça présente pas de danger, parce que sinon on me l'aurais pas remis tu vois. Pis j'te l'aurais même pas proposé.
Il laisse planer un silence, le temps que les mots s’imprègnent comme une pluie fine.
- T’as trouvé ton équilibre, ou un semblant en tous cas. Et crois moi j'comprends que tu veuilles pas foutre en l’air pour une pierre aux allures de galet enchanté. Mais c’est pas un grain de sable que je t’ai filé. C’est une boussole. C'est pas infaillible, mais potentiellement qu'ça peut lisser l'bordel que tu traverses. Changer la donne, dans l'bon sens.
Un sourire s’invite au coin de ses lèvres, discret.
— Tu peux toujours la porter un soir de demi-lune et me faire un retour d’expérience détaillée. Puis, plus doucement : si tu sens que ça t’fait plus vaciller que t’aider, alors tu me la rends. Je la fous au grenier avec les autres anomalies célestes.
Il trinque doucement son verre contre celui de Daryl, sans forcer le geste. Juste un signe d’accord tacite, d’homme à homme, de professeur à professeur.
- Faut parfois faire un pas de côté, Daryl. Même les orbites les plus stables subissent des perturbations. C’est pas la fin d’un cycle. C’est juste... un ajustement.
D'un geste, Aldebert termine son verre, l’ombre d’un sourire encore au coin des lèvres. Il laisse traîner son regard sur la salle. Les Trois-Balais sont encore loin du tumulte de fin de soirée, mais une joyeuse rumeur s’élève déjà par vagues, entre chopes levées, éclats de rire et chuintements de balais trop vite posés contre le mur. Un bruit sourd retentit dans leur dos, suivi d’un claquement sec. Le genre de bruit qu’on associe à une étagère qui se renverse, ou un sortilège qui déraille légèrement. Aldebert pivote sur son tabouret, juste à temps pour voir un chaudron fumant rouler lentement à travers la pièce, poursuivi d’une traînée gluante et scintillante dans des tons lilas - luisante comme un mélange de confiture et de mucus de strangulot. Ça avance. Lentement, certes. Mais inexorablement.
- ...Tu vois ça ? demande-t-il à Daryl, clignant des yeux.
La porte battante se referme derrière un type catastrophé en tablier qui les fixe un instant, l’air plus exaspéré qu’alarmé, avant d'affaisser le regard sur la créature.
- Désolé. C'était sensé arrêter d'ramper au bout d'dix minutes. Nouvelle recette du chef.
Aldebert se penche, observe la substance avec toute la curiosité d’un naturaliste face à une espèce inconnue. Marrant, ça lui donne pas envie d'rester manger. Il laisse le personnel gérer l'affaire en se retournant vers Daryl, un sourcil haussé.
- J'crois que j'vais prendre un deuxième verre.
Message publié le 16/03/2025 à 19:19
D'abord, Aldebert demeure silencieux. Adaline peut bien conclure ce qu'elle veut de ce silence. En conclure ce qui est à conclure. La vérité c'est que si c'était une première fois, Aldebert n'aurait jamais évoqué ces crampes. Il aurait joué d'humour, annoncé qu'il faisait trop frais dans la pièce, que ses mains étaient gênés par la simple pression du regard d'Adaline McBride sur leurs rides sinueuses, que le reste du temps elles se portaient parfaitement bien. Bien sûr, il avait évoqué les crampes. Parce qu'elles l'avaient pris au détour d'un examen minutieux de sa personne, et qu'elles paraissaient de plus en plus vives, de plus en plus régulières, de plus en plus envahissantes, et qu'il aurait été stupide de ne pas évoquer les crampes. Alors Adaline nécessitait-elle vraiment une réponse à sa question ? Ce n'était pas une première fois. C'était loin d'une première fois.
Le silence persiste, et signe. Parafe chacune des pages de sa modeste vie, même, avant d'enfin se briser, dans une grimace qui lui donne un ton sec et tranché :
- Plusieurs années je suppose.
Il ne les avait pas noté immédiatement bien sûr. Au départ, il les avait mis sur le dos de faiblesses passagères. Il y avait toujours eu de belles excuses à brandir pour démanteler l'assaut mental d'inquiétudes qui n'avaient qu'enfler avec le temps. La fatigue avait eu bon dos. Mais la vérité c'est que voilà déjà un temps qu'il avait compris qu'elle n'était pas vraiment la source de ses problèmes. Pas plus que la météo capricieuse, ou une baguette de mauvaise humeur, ou la simple ingestion de caféine en excès. Non, les crampes survenaient et repartaient comme bon leur semblait, sans logique aucune, de même que les insidieux tremblements qui parfois lui faisait planquer ses longues mains dans le fond de ses poches, ou prétexter au devant des élèves qu'il attendait d'abord qu'ils démontrent avant de leur montrer l'exemple, le vrai, le bon. Parfois, il parvenait à les oublier tout à fait.
Les iris, d'un bleu électrisé, se posent sur la potion déposée là par l'infirmière, et il hausse un sourcil interrogateur. Un nom tombe. Pas franchement familier. Pas non plus tout à fait inconnu. Chuchotement légendaire que l'on tourne à la dérision dans les dîners professionnels. Il connaissait au moins trois sorciers dans son propre domaine qui avait entendu ce même diagnostic. Il ne les avait jamais côtoyé d'assez près pour savoir précisément de quoi il retournait, simplement que la maladie avait eu un certain impact sur leur existence. Un impact tel que deux d'entre eux avaient quitté la profession, et que le dernier l'envisageait depuis déjà plusieurs mois. Figé, Aldebert reste observer Adaline avec un air teinté de stupéfaction. Incapable de formuler le moindre mot, il reste là, ses sourcils broussailleux froncés au devant du front, ses lèvres retroussées en prémisse de rictus.
- Je vois.
C'est bien tout. Aldebert Wickerson, déballeur de grands monologues insondables, maître de l'esquive des sujets fâcheux, n'a rien de plus à dire que cela. Je vois. Mais bientôt, il s'éveille, se met en branle, son corps entier comme agité de sa torpeur par un quelconque sursaut mental :
- Aucun autre test alors ? J'veux dire j'ai tenu mes bras devant moi, j'ai poussé sur tes mains, et voilà ? C'est ça la grande panoplie pour laquelle on m'assomme de courriers depuis des semaines ? Des mois, bon. Nan mais des crampes et des faiblesses magiques, t'vas pas m'dire que ça peut être que ça ou d'la fatigue. Le problème voyez, c'est qu'il sait que c'est pas de la fatigue. A éliminé cette possibilité y a longtemps. Alors. J'connais ce truc ok ? J'ai pas ce truc. Mon père l'a pas eu par exemple. C'est pas héréditaire comme machin ?
Il sait plus tellement où il a entendu ça, mais sûr il l'a entendu. Ça et le fait que c'est le genre de merde qui démarre doucement avant de vous en faire baver tous les jours vraiment salement. La vérité c'est qu'il en sait rien, si son père a eu la Synchrolyse, parce qu'ils jamais parlé sérieusement plus de dix minutes de leur vie. Pis il l'a pas vu depuis déjà plusieurs années maintenant. Alors.
Alors.
Message publié le 12/03/2025 à 21:41
Les groupes s'étaient mis en branle avec énergie, du moins pour la plupart. L'un d'eux n'avait pas tardé à subir les effets d'un premier piège alors qu'ils s'en allaient vers l'ouest. Mercure lui-même les avait pris en grippe. Quant à Aldebert, à l'instar Lysander, il s'était éclipsé dans la nuit. Véritable gamin sous les lueurs pâles d'une lune presque pleine, et d'étoiles scintillantes, il ne manquait pas se ravir de la situation, qui le présentait finalement sous un nouveau jour. D'ennuyeux professeur planqué en haut d'une tour à manœuvrer d'antiques télescopes, il se faisait maître d'un jeu dont lui seul connaissait les règles - bien que Bramblethorn soit, comme de bien entendu, dans la confidence.
Planqué par quelque sortilège illusioniste, il suit présentement le groupe mené par Alison Carter, dont les pas mènent aux plaines, et vers la balise d'Hagalaz. Une balide en évidence finalement, lorsque l'on se juche sur la bonne colline, et qu'ils ne tardent pas à déchiffrer. Au-dessus d'eux, des restes de nuages qui se profilent sans cacher le moindre point lumineux, comme si les astres eux-mêmes s'étaient alignés pour célébrer la course. Aldebert jauge. Juge. Se fait impatient de déboires qui ne semblent pas vouloir tomber sur le trio, et finalement il décide. Alors qu'il entend quelque chose au sujet de la rune reconnue par le groupe, il agite sa baguette pour faire voleter vers la cheffe d'équipe un papier, simple, plié en forme d'oiseau.
À quiconque le lit, il n'indique qu'une phrase simple, déjà précisée par les organisateurs de leur soirée : Tout n'est pas ce qu'il semble être.
Message publié le 12/03/2025 à 20:26
Aldebert plisse légèrement les paupières. Une fraction de seconde, il laisse flotter le silence entre eux, comme s’il pesait la portée réelle du mot crampes maintenant qu’il n'est plus seulement dans sa bouche mais dans celle d’Adaline. Ce simple écho suffit à en faire une réalité plus tangible qu’il ne l’aurait voulu. Il expire doucement, avant d’acquiescer.
- Des crampes, oui, il concède finalement, le ton plus calme. Rien de bien inquiétant.
La nuance est subtile, mais présente : il aurait pu dire des crampes, rien du tout. Au lieu de ça, il choisit une phrase qui atténue sans totalement balayer la possibilité d’un problème. Une petite concession face à la ténacité d’Adaline, peut-être.
- Il n'y a pas mille et une manières de regarder les étoiles, comme tu peux l'imaginer, il affirme avec une pointe de sarcasme, mêlé d'amusement.
Lorsqu’elle lui explique vouloir tester quelques mouvements, Aldebert se redresse sans protester. Il ne se débat pas, ne joue pas l’irréductible. Adaline est bien trop douce et posée pour qu’il ait besoin de faire preuve d’une résistance exagérée. Mais il n’en affiche pas moins une légère réserve, qui transparaît dans son léger hochement de tête, dans ce temps qu’il met à se lever comme s’il hésitait encore à se prêter à l’exercice. Il se met finalement en position.
- Très bien, très bien, allons-y, lance-t-il, comme s’il acceptait une fatalité.
Il tend les bras à l’horizontale, paumes vers le sol, et garde la position, attentif à ses propres sensations. C’est un geste anodin. Si anodin qu’il ne devrait même pas y prêter attention. Pourtant, il sent son corps différemment, comme si le simple fait d’être examiné faisait apparaître des tensions qu’il ignorait d’ordinaire. Lorsque vient le moment d’ouvrir et fermer les mains, il s’exécute avec application. Un, deux, trois mouvements. Tout est normal… ou presque. Une résistance infime, une rigidité dans le bout des doigts qu’il n’avait pas pris le temps d’analyser auparavant. Il n’a pas mal, non, mais il sent que ce n’est pas aussi fluide qu’il l’aurait voulu. Il serre un peu plus la mâchoire, détourne les yeux une seconde, le temps de faire comme si de rien n’était.
Puis vient l’exercice des paumes contre celles d’Adaline. Un simple test de résistance. Rien de bien sorcier. Rien qui ne devrait lui poser le moindre problème. Et pourtant, lorsqu’il appuie, il sent une légère dissymétrie. À peine perceptible, mais bien là. Une force inégale entre ses deux mains. Un infime tremblement sur la gauche, presque invisible à l’œil nu. Mais il sait. Il sait qu’Adaline l’a senti. Il n’a pas besoin de la regarder pour le comprendre. Un silence s’installe. Il ne commente pas immédiatement. Peut-être parce qu’il ne sait pas encore comment formuler ça sans donner plus d’importance à la chose qu’elle n’en mérite. Puis, dans un soupir mesuré, il se racle la gorge et desserre enfin ses paumes.
- Bon, je suppose que tu vas vouloir m’assommer de questions à présent, n’est-ce pas ?
Le ton est léger, mais pas railleur. Une simple tentative de détourner l’attention. Il recule d’un pas, tente de faire bonne figure, mais son regard est déjà plus sérieux qu’il ne voudrait le laisser paraître. Parce que ce n’est pas qu’une formalité, au fond. Parce que cette histoire de crampes commence à l’agacer autant qu’à l’inquiéter. Et parce qu’une partie de lui, tout au fond, a déjà compris que ça ne va pas s’arrêter là.
Message publié le 06/03/2025 à 22:42
Les élèves avaient été groupés dans le hall par Lysander et Aldebert, sur les coups de vingt-et-une heures tapantes. Le soleil s'était couché depuis plus d'une heure alors, et les premières étoiles étaient parues dans un ciel qui s'annonçait entièrement dégagé. Tous avaient été sommé d'être bien couverts pour une nuit qui serait longue et fastidieuse. Aucun ne savait véritablement à quoi s'attendre, en dehors d'une promenade en extérieure quémandant leurs meilleures connaissances dans les domaines pour lesquels ils s'étaient engagés à s'entrainer : l'astronomie, et les runes. Aldebert avait passé de nombreuses heures avec son collègue pour peaufiner les détails de leur joyeuse aventure, et ce jour marquait le signal d'un départ qu'il attendait avec grande impatience.
- Mesdames messieurs bonsoir. Est-ce qu'on est au complet ?
Les yeux dardent sur les neuf élèves un œil rapace avant d'approuver, pour lui-même comme pour Lysander.
- On dirait bien que oui. Tout d'abord, le matériel.
Aldebert s'agite pour distribuer la documentation, qu'il place entre les mains de trois élèves seulement. Ambrose Rosendale, Alison Carter, et Julian Rosenberg.
- Voici les trois chefs d'équipe. Ambrose, la vôtre se compose de Ferguson Decker et de Dylan Rosier Sinclair. Alison, vous êtes avec Spike Ryder et Jennifer Wilson. Julian, vous gérez Sasha Shevchen et Sam Chadwick. Vu ?
Vue ou non, l'affaire était réglée, et l'enchainement se fait naturellement.
- Vous avez en votre possession deux documents de la plus haute importance. Le premier, Aldebert dresse le sien pour le montrer à tout le groupe, est une carte topographique des lieux dans lesquels nous nous rendons, avec les marques de dix balises éparpillées sur plusieurs kilomètres à la ronde. Le second, Aldebert montre le feuillet, le plaçant au devant de l'autre, est une carte du ciel que vous constaterez vierge. Votre rôle est bien sûr de la remplir. Vous ne pourrez compter que sur vos connaissances pour vous orientez sur place, trouver les balises, déchiffrer les runes implémentées dessus, et compléter votre carte.
Rien de bien complexe, en théorie.
- C'est une course d'orientation. J'ai bien dit course. La première équipe à compléter sa carte remportera un prix que vous trouverez fort utile pour le tournoi, si vous avez la chance d'y participer. Est-ce que c'est bon pour tout le monde ?
Les hochements de têtes vont de ci de là, et Aldebert n'attend pas pour échanger un regard avec Lysander avant de frapper dans ses mains avec autorité.
- Rendons-nous sur place, alors.
La compagnie quitte le hall, d'un bon pas, les deux professeurs veillant à ce que le groupement ne quitte guère le sentier les menant à priori vers Pré-Au-Lard. Bientôt cependant, ils bifurquent pour s'enfoncer dans les plaines. Autour, l'obscurité vient dévorer la fin du jour tandis qu'une lune jaillit d'entre deux nuages pour les baigner d'une lumière blanche. Aldebert guette chacun des participants avec une œillade vive, se demandant lesquels ont vraisemblablement le plus de chance de se tirer de cette épreuve taillée dans la veine du tournoi qui les attend l'an prochain. Il aurait envie d'éliminer cet imbécile de Decker d'entrée de jeu tant ce dernier semble distrait par la simple perspective de quitter les limites du domaines de Poudlard pour la soirée.
- Bien ! Il annonce bruyamment.
Ils sont figés au sommet d'une colline surplombant des environs plus diversifiées que jamais. Vers l'ouest, les ruines d'un ancien village dont il ne demeure que quelques pierres éparses. Vers l'est, une rivière qui remonte presque jusque Pré-Au-Lard. Vers le nord, quantité de collines similaires à celle sur laquelle ils se tiennent, parfois jonchées de roches étranges et presque taillées. Vers le sud, plusieurs bosquets touffus qui s'éparpillent sans logique aucune. Lysander et lui ont au préalable enchanté des limites qui empêcheront les élèves de quitter le périmètre dans lequel ils ont prévu de faire errer les élèves. Aldebert claque plusieurs fois des mains pour accaparer l'attention des jeunes têtes blondes avant de continuer.
- Nous avons posé des barrières magiques tout autour de votre zone de recherche. Vous savez ce qu'il vous reste à faire. Pensez à utiliser les sortilèges appris en cours, rappelez-vous de vos connaissances des runes. Communiquez. Ne vous faites pas aveuglément confiance. Prenez des initiatives. Utilisez vos neurones. Tout n'est peut-être pas tel qu'il semble l'être. En cas de détresse, envoyez des étincelles avec votre baguette et nous interviendront. Des questions ?
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HRP
Vous êtes dispersés dans une zone limitée par des enchantements qui vous empêchent d’en sortir. Cette zone est assez vaste et se compose de plaines, de bosquets épais, de plusieurs monticules rocheux, parfois de fossés, d’une rivière, mais aussi de champs agricoles et de ruines. Vous disposez pour vous repérer d’une carte topographique de l’endroit et d’une carte du ciel vierge.
Votre objectif final est de compléter votre carte du ciel. Pour cela vous devez :
- Trouver les balises marquées sur la carte topographique (il y en a 10) : attention, certaines sont dissimulées par des illusions ou piégées ;
- Déchiffrer les runes des balises trouvées ;
- Si nécessaire, désarmer le piège qui y est associé ;
Les actions qui vous sont possibles :
- Vous orienter par rapport à la carte afin de choisir une direction. Vous pouvez lire votre position dans les étoiles via une lunette astrale, utiliser l’enchantement des quatre-points ou simplement lancer dé 20 ;
- Rechercher une balise dans une zone donnée une fois bien sûr que vous avez réussi à vous orienter sur votre carte. Lancez un dé 20 ;
- Déchiffrer une rune une fois bien sûr que vous avez trouvé une balise. Lancez un dé 20 ;
- Trouver le nom de la constellation alliée à la rune déchiffrée. Lancez un dé 20 ;
- Désamorcer un piège sur lequel vous êtes tombé. Soit à l’aide d’un sortilège, soit à l’aide d’une rune - dans ce cas, lancez un dé 20 ;
Vos résultats de dés impliqueront toujours une réponse de notre part, aussi merci d’attendre notre poste après chaque lancer de dé pour poursuivre votre exploration. Nous tâcherons d’être réactives pour ne pas vous faire attendre évidemment.
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Sont attendus à ce cours : Dylan Rosier Sinclair, Ambrose Rosendale, Spike Ryder, Ferguson Decker, Sam Chadwick, Alison Carter, Sasha Shevchen, Julian Rosenberg, Jennifer Wilson.
Équipe 1 : Dylan Rosier Sinclair, Ambrose Rosendale, Ferguson Decker
Équipe 2 :Spike Ryder, Alison Carter, Jennifer Wilson
Équipe 3 : Sam Chadwick, Julian Rosenberg, Sasha Shevchen