Homme
56 ans
Sang-mêlé
Britannique






Identité
-
- Diplômé•e
- Surnoms : Aldi
- Nationalité : Britannique
Capacités & Statuts
Groupes


Message publié le 04/06/2025 à 09:59
- Mh mh, Aldebert dénie d'un mouvemenet de tête.
Un vague sourire lui creuse une joue. L'air de rien, ça lui fait plaisir que Daryl accepte. Il n'ose imaginer l'ameublement que sa malédiction a imposé sur sa vie. À côté, la maladie qui le ronge fait pâle figure. Les yeux projeté sur l'étrange trainée brillante qui semble être resté engluée sur le sol après le chaudron rampant. Il n'a guère le temps de l'étudier de plus près cependant, car le maître potionniste réduit à néant les restes fluorescents d'un coup de baguette magique. La clientèle ne semble pas outre perturbée par la situation, s'en retourne à son lot de discussions et de rires gras qui s'additionnent aux ronflements des cheminées.
- D'Aiguise-Méninges hein ? Même ça ça suffirait jamais, il rétorque sur le même ton que son collègue. Au moins j'ai pas à m'inquiéter qu'il hérite de la Synchrolyse.
Une autre raison poussant Aldebert a venir en aide à Daryl reposait peut-être sur une tentative maladroite de lui renvoyer l'ascenseur. Il était, après tout, derrière le stock de potions harmonisantes de Magnus dont il bénéficiait quotidiennement.
- J't'ai jamais remercié. De préparer l'traitement sur ton temps libre, il reprend, plus sérieux. Alors c'est normal que j'prenne du mien pour essayer d'te rendre les choses moins pénibles.
Sincère, l'instant se fait pourtant démonter par une horde de jeunes les poussant brusquement pour atteindre le comptoir, leurs voix gaillardes éructant de ternes excuses ornées de questionnements hilares entre les garçons.
- T'prends quoi ?
- Pur feeeeeeeu !
- Shoooooots !
- Fais gaffe t'bouscule des vieux Spence !
- C'est parce que c'est sa came les vieux.
- Ta gueule !
- Désolé m'sieur, il braque un regard flou sur Daryl, puis sur Aldebert. J'vous paye mon coup hein ! J'me marie d'main c'est pour ça.
Dire que la soirée prend un tournant serait un euphémisme. Heureusement pour chacun des professeurs, aucun de leurs élèves n'est là pour témoigner de l'anarchie qui s'installe au cœur des Trois-Balais.
Message publié le 31/05/2025 à 16:19
De quoi est fait un Aldebert Wickerson ? Insaisissable esprit, maître baroudeur de toute une vie, Aldebert ne s'est guère forgé qu'une personnalité ces dernières années, mais bien mille-et-une à conter jusque tard dans la nuit. À l'instar d'un ciel bondé d'étoiles aux caractéristiques si divergentes qu'on pourrait se demander comment, à elles toutes, elle ne formerait qu'un seul et même univers. À l'instar d'un ciel bondé d'étoiles qui s'éteindront les unes après les autres, sans que l'on ne puisse rien y faire. Alors. Est-ce bien sérieux de se demander de quoi est fait un Aldebert Wickerson ? De tout, de rien. Mais l'on peut se question sur ce qu'a fait Aldebert Wickerson.
Un fils.
Aberration chronique, intellectuelle, stupide erreur du passé, décalage absurde de tout ce qu'il a jamais représenté. Devra t-il lui dire, vraiment ? Devra t-il ? Aldebert n'en est pas convaincu. Loin de là. Alors pour toute réponse, il se contente de pousser ses lèvres vers l'avant, dans une moue grimaçante, les yeux perchés sur l'autre bord de la pièce. Un mh mh qui pousse dans l'air alors qu'il imagine lui aussi la tête de Balthazar alors qu'il reçoit la nouvelle. Une tête ahurie, dont les neurones peinent à se mettre en branle alors qu'il essaie de se répéter mentalement l'abracadabrant terme de synchrolyse en se demandant s'il contient des i ou des i grecs, et pourquoi on appelle ça des i grecs.
Aldebert sert les dents. La promesse est tenue. Simple picotement à peine perceptible qui ne l'éveille pas d'un profond coma pour lui rendre sa prime jeunesse. Le regard, azuréen, se cambre sur la gestuelle de la sorcière, le liquide pâle qui s'extirpe de sous sa peau pour venir se loger dans une fiole, aussitôt enchantée. La curiosité prend le dessus sur les dramatiques nouvelles du jour, et l'astronome se prend à tâcher de comprendre l'analyse que fait Adaline des symboles runiques qui viennent ponctuer le parchemin. Il en reconnait quelques uns, ici et là, restes de connaissances ingurgitées bien des années plutôt.
De nouveau leurs regards se croisent, Aldebert attendant le verdict avec un sérieux qu'on ne lui prête qu'occasionnellement. Il ne prononce pas un mot. Se contente de hocher la tête gravement, ses sourcils broussailleux plus froncés que d'ordinaire, la bouche tordue, les joues creuses. La question semble l'éveiller de sa torpeur corporelle. Il se meut vivement, les doigts subitement décontractée et pianotant sur les accoudoirs comme de rien, les jambes l'élevant pour le dresser de toute sa hauteur. Un éclat dans l'iris, il secoue la tête, frappe dans ses mains et vient d'un geste les passer dans ses cheveux comme pour se recoiffer.
- Non. Non ce ne sera pas nécessaire.
De le laisser seul. De rester. La réponse est ambigüe, au même titre que sa propre situation.
- Nous avons terminé non ? Il questionne avec cette fois un sourire môme. Examen fait, solution trouvée. J'recommanderais ton infirmerie, dix sur dix. Faut prendre la potion dès que j'ai des douleurs et voilà c'est ça ? Il l'attrape entre deux doigts pour observer sa description, concentré l'espace d'une seconde. Et quand j'en ai plus tu m'en refile ? Ou je dois demander à Daryl de m'en préparer ?
Message publié le 25/03/2025 à 12:45
Un grommellement lui échappe, et rien de plus. Tout son corps s'affaisse de nouveau, la révolte calmée par la perspective d'autres examens, sans doute. Toute son attention est vissée sur le vocabulaire employé par Adaline tandis que ses doigts martyrisent l'accoudoir sur un rythme connu de lui seul. Il hoche la tête, ici et là. Analyse. Ponction. Voilà qui semble dessiner quelque chose de plus concret qu'une simple poussée de paume contre paume. Certes, l'hérédité n'est pas certaine, et cela écarte d'emblée l'imaginaire confortable dans lequel il se serait volontiers rétracté : si mon père n'a pas été malade, je ne peux pas l'être à mon tour. Sans doute est-ce une bonne nouvelle, pourtant, à l'égard de sa nouvellement découverte progéniture.
- J'imagine, j'imagine, il répond à la quête de vérité.
Voyez-vous, Aldebert en sait des choses, sur la quête de vérité. Des années il aura cherché la sienne, arpentant le monde en cumulant des activités plus diverses que variées, ne trouvant jamais vraiment ce qui pourrait le faire vibrer au point de ne plus jamais vouloir s'en détacher. Son dévolu s'était jeté, sur le tard, dans un domaine qui devenait aujourd'hui un symptôme. Paradoxalement, sa quête de vérité l'avait directement épinglé aux étoiles, brillantes jusque loin dans la mort, et oh comme elles allaient pouvoir se gausser de lui. De la virulence avec laquelle il les avait scruté. De la concentration et de la précision qui n'allaient pas tarder à se retourner contre lui au travers de sorts chirurgicaux. C'était à lui d'être charcuté, disséqué, pour que l'on comprenne enfin de quoi était fait Aldebert Wickerson.
Lamentable ironie.
- Vas-y, Adaline, il énonce comme un homme qui voudrait rapidement passer à autre chose. Faisons ce glorieux pas vers la compréhension.
Sarcastique, la réplique ne l'était qu'à moitié. Puis, alors que l'infirmière se prépare, qu'il replie et replie sa manche, il tâche de se divertir.
- Au moins Balthazar serait hors de cause. C'est pas à lui qu'on va imputer finesse et concentration. Il rit. Pour lui même, sûrement. Se râcle la gorge. Une simple pression n'est-ce pas ? Un pincement ? À tout moment je m'éveille dans la peau d'un Aldebert de vingt ans qui n'aura fait qu'un mauvais rêve je suppose. N'hésite pas à pincer très fort Adaline.
Il dramatise, préfère se montrer amusant que terrifié. Et puis qui sait. Peut-être bien que c'était possible. Qu'il retrouverait les rondeurs de sa vieille cabine, à bord du Boutefeu Viennois, que le capitaine viendrait le harceler pour qu'il viennent ensorceler les voiles, cirer le pont, tenir la barre, éplucher des pommes de terre hurlantes. Peut-être toute cette existence s'apprêtait à se retourner sur elle-même à la manière d'un gymnaste ambitieux. Aldebert n'y croyait guère. Son imagination pourtant continuait de l'emporter loin, loin des murs lisses et blancs qu'il trouvait terriblement tristes.
Message publié le 22/03/2025 à 16:20
Le regard d’Aldebert se perd un instant dans le fond de son verre, le temps d’une gorgée méditative - le genre de pause qu’on prend quand on pèse le poids des mots, ou celui d’une pierre d’équilibre cosmique glissée dans les mains d’un collègue.
- Non, il répond finalement, les doigts tapotant le bois du comptoir d’un rythme calme. Aucun effet secondaire relevé jusque là ok ? Il se redresse légèrement, ses yeux clairs plantés dans ceux de Daryl, avec une intensité rare, presque grave. Mais t'as bien compris qu'on n’est pas sur un produit estampillé Sainte-Mangouste. C’est expérimental. Du terrain flou. D'la matière qui bouge encore. J'pense vraiment qu'il peut t'aider, mais c'est sûr que j'vais pas t'filer des garanties. J'en ai pas. Reste que j'suis convaincu que ça présente pas de danger, parce que sinon on me l'aurais pas remis tu vois. Pis j'te l'aurais même pas proposé.
Il laisse planer un silence, le temps que les mots s’imprègnent comme une pluie fine.
- T’as trouvé ton équilibre, ou un semblant en tous cas. Et crois moi j'comprends que tu veuilles pas foutre en l’air pour une pierre aux allures de galet enchanté. Mais c’est pas un grain de sable que je t’ai filé. C’est une boussole. C'est pas infaillible, mais potentiellement qu'ça peut lisser l'bordel que tu traverses. Changer la donne, dans l'bon sens.
Un sourire s’invite au coin de ses lèvres, discret.
— Tu peux toujours la porter un soir de demi-lune et me faire un retour d’expérience détaillée. Puis, plus doucement : si tu sens que ça t’fait plus vaciller que t’aider, alors tu me la rends. Je la fous au grenier avec les autres anomalies célestes.
Il trinque doucement son verre contre celui de Daryl, sans forcer le geste. Juste un signe d’accord tacite, d’homme à homme, de professeur à professeur.
- Faut parfois faire un pas de côté, Daryl. Même les orbites les plus stables subissent des perturbations. C’est pas la fin d’un cycle. C’est juste... un ajustement.
D'un geste, Aldebert termine son verre, l’ombre d’un sourire encore au coin des lèvres. Il laisse traîner son regard sur la salle. Les Trois-Balais sont encore loin du tumulte de fin de soirée, mais une joyeuse rumeur s’élève déjà par vagues, entre chopes levées, éclats de rire et chuintements de balais trop vite posés contre le mur. Un bruit sourd retentit dans leur dos, suivi d’un claquement sec. Le genre de bruit qu’on associe à une étagère qui se renverse, ou un sortilège qui déraille légèrement. Aldebert pivote sur son tabouret, juste à temps pour voir un chaudron fumant rouler lentement à travers la pièce, poursuivi d’une traînée gluante et scintillante dans des tons lilas - luisante comme un mélange de confiture et de mucus de strangulot. Ça avance. Lentement, certes. Mais inexorablement.
- ...Tu vois ça ? demande-t-il à Daryl, clignant des yeux.
La porte battante se referme derrière un type catastrophé en tablier qui les fixe un instant, l’air plus exaspéré qu’alarmé, avant d'affaisser le regard sur la créature.
- Désolé. C'était sensé arrêter d'ramper au bout d'dix minutes. Nouvelle recette du chef.
Aldebert se penche, observe la substance avec toute la curiosité d’un naturaliste face à une espèce inconnue. Marrant, ça lui donne pas envie d'rester manger. Il laisse le personnel gérer l'affaire en se retournant vers Daryl, un sourcil haussé.
- J'crois que j'vais prendre un deuxième verre.
Message publié le 16/03/2025 à 19:19
D'abord, Aldebert demeure silencieux. Adaline peut bien conclure ce qu'elle veut de ce silence. En conclure ce qui est à conclure. La vérité c'est que si c'était une première fois, Aldebert n'aurait jamais évoqué ces crampes. Il aurait joué d'humour, annoncé qu'il faisait trop frais dans la pièce, que ses mains étaient gênés par la simple pression du regard d'Adaline McBride sur leurs rides sinueuses, que le reste du temps elles se portaient parfaitement bien. Bien sûr, il avait évoqué les crampes. Parce qu'elles l'avaient pris au détour d'un examen minutieux de sa personne, et qu'elles paraissaient de plus en plus vives, de plus en plus régulières, de plus en plus envahissantes, et qu'il aurait été stupide de ne pas évoquer les crampes. Alors Adaline nécessitait-elle vraiment une réponse à sa question ? Ce n'était pas une première fois. C'était loin d'une première fois.
Le silence persiste, et signe. Parafe chacune des pages de sa modeste vie, même, avant d'enfin se briser, dans une grimace qui lui donne un ton sec et tranché :
- Plusieurs années je suppose.
Il ne les avait pas noté immédiatement bien sûr. Au départ, il les avait mis sur le dos de faiblesses passagères. Il y avait toujours eu de belles excuses à brandir pour démanteler l'assaut mental d'inquiétudes qui n'avaient qu'enfler avec le temps. La fatigue avait eu bon dos. Mais la vérité c'est que voilà déjà un temps qu'il avait compris qu'elle n'était pas vraiment la source de ses problèmes. Pas plus que la météo capricieuse, ou une baguette de mauvaise humeur, ou la simple ingestion de caféine en excès. Non, les crampes survenaient et repartaient comme bon leur semblait, sans logique aucune, de même que les insidieux tremblements qui parfois lui faisait planquer ses longues mains dans le fond de ses poches, ou prétexter au devant des élèves qu'il attendait d'abord qu'ils démontrent avant de leur montrer l'exemple, le vrai, le bon. Parfois, il parvenait à les oublier tout à fait.
Les iris, d'un bleu électrisé, se posent sur la potion déposée là par l'infirmière, et il hausse un sourcil interrogateur. Un nom tombe. Pas franchement familier. Pas non plus tout à fait inconnu. Chuchotement légendaire que l'on tourne à la dérision dans les dîners professionnels. Il connaissait au moins trois sorciers dans son propre domaine qui avait entendu ce même diagnostic. Il ne les avait jamais côtoyé d'assez près pour savoir précisément de quoi il retournait, simplement que la maladie avait eu un certain impact sur leur existence. Un impact tel que deux d'entre eux avaient quitté la profession, et que le dernier l'envisageait depuis déjà plusieurs mois. Figé, Aldebert reste observer Adaline avec un air teinté de stupéfaction. Incapable de formuler le moindre mot, il reste là, ses sourcils broussailleux froncés au devant du front, ses lèvres retroussées en prémisse de rictus.
- Je vois.
C'est bien tout. Aldebert Wickerson, déballeur de grands monologues insondables, maître de l'esquive des sujets fâcheux, n'a rien de plus à dire que cela. Je vois. Mais bientôt, il s'éveille, se met en branle, son corps entier comme agité de sa torpeur par un quelconque sursaut mental :
- Aucun autre test alors ? J'veux dire j'ai tenu mes bras devant moi, j'ai poussé sur tes mains, et voilà ? C'est ça la grande panoplie pour laquelle on m'assomme de courriers depuis des semaines ? Des mois, bon. Nan mais des crampes et des faiblesses magiques, t'vas pas m'dire que ça peut être que ça ou d'la fatigue. Le problème voyez, c'est qu'il sait que c'est pas de la fatigue. A éliminé cette possibilité y a longtemps. Alors. J'connais ce truc ok ? J'ai pas ce truc. Mon père l'a pas eu par exemple. C'est pas héréditaire comme machin ?
Il sait plus tellement où il a entendu ça, mais sûr il l'a entendu. Ça et le fait que c'est le genre de merde qui démarre doucement avant de vous en faire baver tous les jours vraiment salement. La vérité c'est qu'il en sait rien, si son père a eu la Synchrolyse, parce qu'ils jamais parlé sérieusement plus de dix minutes de leur vie. Pis il l'a pas vu depuis déjà plusieurs années maintenant. Alors.
Alors.
Message publié le 12/03/2025 à 21:41
Les groupes s'étaient mis en branle avec énergie, du moins pour la plupart. L'un d'eux n'avait pas tardé à subir les effets d'un premier piège alors qu'ils s'en allaient vers l'ouest. Mercure lui-même les avait pris en grippe. Quant à Aldebert, à l'instar Lysander, il s'était éclipsé dans la nuit. Véritable gamin sous les lueurs pâles d'une lune presque pleine, et d'étoiles scintillantes, il ne manquait pas se ravir de la situation, qui le présentait finalement sous un nouveau jour. D'ennuyeux professeur planqué en haut d'une tour à manœuvrer d'antiques télescopes, il se faisait maître d'un jeu dont lui seul connaissait les règles - bien que Bramblethorn soit, comme de bien entendu, dans la confidence.
Planqué par quelque sortilège illusioniste, il suit présentement le groupe mené par Alison Carter, dont les pas mènent aux plaines, et vers la balise d'Hagalaz. Une balide en évidence finalement, lorsque l'on se juche sur la bonne colline, et qu'ils ne tardent pas à déchiffrer. Au-dessus d'eux, des restes de nuages qui se profilent sans cacher le moindre point lumineux, comme si les astres eux-mêmes s'étaient alignés pour célébrer la course. Aldebert jauge. Juge. Se fait impatient de déboires qui ne semblent pas vouloir tomber sur le trio, et finalement il décide. Alors qu'il entend quelque chose au sujet de la rune reconnue par le groupe, il agite sa baguette pour faire voleter vers la cheffe d'équipe un papier, simple, plié en forme d'oiseau.
À quiconque le lit, il n'indique qu'une phrase simple, déjà précisée par les organisateurs de leur soirée : Tout n'est pas ce qu'il semble être.
Message publié le 12/03/2025 à 20:26
Aldebert plisse légèrement les paupières. Une fraction de seconde, il laisse flotter le silence entre eux, comme s’il pesait la portée réelle du mot crampes maintenant qu’il n'est plus seulement dans sa bouche mais dans celle d’Adaline. Ce simple écho suffit à en faire une réalité plus tangible qu’il ne l’aurait voulu. Il expire doucement, avant d’acquiescer.
- Des crampes, oui, il concède finalement, le ton plus calme. Rien de bien inquiétant.
La nuance est subtile, mais présente : il aurait pu dire des crampes, rien du tout. Au lieu de ça, il choisit une phrase qui atténue sans totalement balayer la possibilité d’un problème. Une petite concession face à la ténacité d’Adaline, peut-être.
- Il n'y a pas mille et une manières de regarder les étoiles, comme tu peux l'imaginer, il affirme avec une pointe de sarcasme, mêlé d'amusement.
Lorsqu’elle lui explique vouloir tester quelques mouvements, Aldebert se redresse sans protester. Il ne se débat pas, ne joue pas l’irréductible. Adaline est bien trop douce et posée pour qu’il ait besoin de faire preuve d’une résistance exagérée. Mais il n’en affiche pas moins une légère réserve, qui transparaît dans son léger hochement de tête, dans ce temps qu’il met à se lever comme s’il hésitait encore à se prêter à l’exercice. Il se met finalement en position.
- Très bien, très bien, allons-y, lance-t-il, comme s’il acceptait une fatalité.
Il tend les bras à l’horizontale, paumes vers le sol, et garde la position, attentif à ses propres sensations. C’est un geste anodin. Si anodin qu’il ne devrait même pas y prêter attention. Pourtant, il sent son corps différemment, comme si le simple fait d’être examiné faisait apparaître des tensions qu’il ignorait d’ordinaire. Lorsque vient le moment d’ouvrir et fermer les mains, il s’exécute avec application. Un, deux, trois mouvements. Tout est normal… ou presque. Une résistance infime, une rigidité dans le bout des doigts qu’il n’avait pas pris le temps d’analyser auparavant. Il n’a pas mal, non, mais il sent que ce n’est pas aussi fluide qu’il l’aurait voulu. Il serre un peu plus la mâchoire, détourne les yeux une seconde, le temps de faire comme si de rien n’était.
Puis vient l’exercice des paumes contre celles d’Adaline. Un simple test de résistance. Rien de bien sorcier. Rien qui ne devrait lui poser le moindre problème. Et pourtant, lorsqu’il appuie, il sent une légère dissymétrie. À peine perceptible, mais bien là. Une force inégale entre ses deux mains. Un infime tremblement sur la gauche, presque invisible à l’œil nu. Mais il sait. Il sait qu’Adaline l’a senti. Il n’a pas besoin de la regarder pour le comprendre. Un silence s’installe. Il ne commente pas immédiatement. Peut-être parce qu’il ne sait pas encore comment formuler ça sans donner plus d’importance à la chose qu’elle n’en mérite. Puis, dans un soupir mesuré, il se racle la gorge et desserre enfin ses paumes.
- Bon, je suppose que tu vas vouloir m’assommer de questions à présent, n’est-ce pas ?
Le ton est léger, mais pas railleur. Une simple tentative de détourner l’attention. Il recule d’un pas, tente de faire bonne figure, mais son regard est déjà plus sérieux qu’il ne voudrait le laisser paraître. Parce que ce n’est pas qu’une formalité, au fond. Parce que cette histoire de crampes commence à l’agacer autant qu’à l’inquiéter. Et parce qu’une partie de lui, tout au fond, a déjà compris que ça ne va pas s’arrêter là.
Message publié le 06/03/2025 à 22:42
Les élèves avaient été groupés dans le hall par Lysander et Aldebert, sur les coups de vingt-et-une heures tapantes. Le soleil s'était couché depuis plus d'une heure alors, et les premières étoiles étaient parues dans un ciel qui s'annonçait entièrement dégagé. Tous avaient été sommé d'être bien couverts pour une nuit qui serait longue et fastidieuse. Aucun ne savait véritablement à quoi s'attendre, en dehors d'une promenade en extérieure quémandant leurs meilleures connaissances dans les domaines pour lesquels ils s'étaient engagés à s'entrainer : l'astronomie, et les runes. Aldebert avait passé de nombreuses heures avec son collègue pour peaufiner les détails de leur joyeuse aventure, et ce jour marquait le signal d'un départ qu'il attendait avec grande impatience.
- Mesdames messieurs bonsoir. Est-ce qu'on est au complet ?
Les yeux dardent sur les neuf élèves un œil rapace avant d'approuver, pour lui-même comme pour Lysander.
- On dirait bien que oui. Tout d'abord, le matériel.
Aldebert s'agite pour distribuer la documentation, qu'il place entre les mains de trois élèves seulement. Ambrose Rosendale, Alison Carter, et Julian Rosenberg.
- Voici les trois chefs d'équipe. Ambrose, la vôtre se compose de Ferguson Decker et de Dylan Rosier Sinclair. Alison, vous êtes avec Spike Ryder et Jennifer Wilson. Julian, vous gérez Sasha Shevchen et Sam Chadwick. Vu ?
Vue ou non, l'affaire était réglée, et l'enchainement se fait naturellement.
- Vous avez en votre possession deux documents de la plus haute importance. Le premier, Aldebert dresse le sien pour le montrer à tout le groupe, est une carte topographique des lieux dans lesquels nous nous rendons, avec les marques de dix balises éparpillées sur plusieurs kilomètres à la ronde. Le second, Aldebert montre le feuillet, le plaçant au devant de l'autre, est une carte du ciel que vous constaterez vierge. Votre rôle est bien sûr de la remplir. Vous ne pourrez compter que sur vos connaissances pour vous orientez sur place, trouver les balises, déchiffrer les runes implémentées dessus, et compléter votre carte.
Rien de bien complexe, en théorie.
- C'est une course d'orientation. J'ai bien dit course. La première équipe à compléter sa carte remportera un prix que vous trouverez fort utile pour le tournoi, si vous avez la chance d'y participer. Est-ce que c'est bon pour tout le monde ?
Les hochements de têtes vont de ci de là, et Aldebert n'attend pas pour échanger un regard avec Lysander avant de frapper dans ses mains avec autorité.
- Rendons-nous sur place, alors.
La compagnie quitte le hall, d'un bon pas, les deux professeurs veillant à ce que le groupement ne quitte guère le sentier les menant à priori vers Pré-Au-Lard. Bientôt cependant, ils bifurquent pour s'enfoncer dans les plaines. Autour, l'obscurité vient dévorer la fin du jour tandis qu'une lune jaillit d'entre deux nuages pour les baigner d'une lumière blanche. Aldebert guette chacun des participants avec une œillade vive, se demandant lesquels ont vraisemblablement le plus de chance de se tirer de cette épreuve taillée dans la veine du tournoi qui les attend l'an prochain. Il aurait envie d'éliminer cet imbécile de Decker d'entrée de jeu tant ce dernier semble distrait par la simple perspective de quitter les limites du domaines de Poudlard pour la soirée.
- Bien ! Il annonce bruyamment.
Ils sont figés au sommet d'une colline surplombant des environs plus diversifiées que jamais. Vers l'ouest, les ruines d'un ancien village dont il ne demeure que quelques pierres éparses. Vers l'est, une rivière qui remonte presque jusque Pré-Au-Lard. Vers le nord, quantité de collines similaires à celle sur laquelle ils se tiennent, parfois jonchées de roches étranges et presque taillées. Vers le sud, plusieurs bosquets touffus qui s'éparpillent sans logique aucune. Lysander et lui ont au préalable enchanté des limites qui empêcheront les élèves de quitter le périmètre dans lequel ils ont prévu de faire errer les élèves. Aldebert claque plusieurs fois des mains pour accaparer l'attention des jeunes têtes blondes avant de continuer.
- Nous avons posé des barrières magiques tout autour de votre zone de recherche. Vous savez ce qu'il vous reste à faire. Pensez à utiliser les sortilèges appris en cours, rappelez-vous de vos connaissances des runes. Communiquez. Ne vous faites pas aveuglément confiance. Prenez des initiatives. Utilisez vos neurones. Tout n'est peut-être pas tel qu'il semble l'être. En cas de détresse, envoyez des étincelles avec votre baguette et nous interviendront. Des questions ?
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HRP
Vous êtes dispersés dans une zone limitée par des enchantements qui vous empêchent d’en sortir. Cette zone est assez vaste et se compose de plaines, de bosquets épais, de plusieurs monticules rocheux, parfois de fossés, d’une rivière, mais aussi de champs agricoles et de ruines. Vous disposez pour vous repérer d’une carte topographique de l’endroit et d’une carte du ciel vierge.
Votre objectif final est de compléter votre carte du ciel. Pour cela vous devez :
- Trouver les balises marquées sur la carte topographique (il y en a 10) : attention, certaines sont dissimulées par des illusions ou piégées ;
- Déchiffrer les runes des balises trouvées ;
- Si nécessaire, désarmer le piège qui y est associé ;
Les actions qui vous sont possibles :
- Vous orienter par rapport à la carte afin de choisir une direction. Vous pouvez lire votre position dans les étoiles via une lunette astrale, utiliser l’enchantement des quatre-points ou simplement lancer dé 20 ;
- Rechercher une balise dans une zone donnée une fois bien sûr que vous avez réussi à vous orienter sur votre carte. Lancez un dé 20 ;
- Déchiffrer une rune une fois bien sûr que vous avez trouvé une balise. Lancez un dé 20 ;
- Trouver le nom de la constellation alliée à la rune déchiffrée. Lancez un dé 20 ;
- Désamorcer un piège sur lequel vous êtes tombé. Soit à l’aide d’un sortilège, soit à l’aide d’une rune - dans ce cas, lancez un dé 20 ;
Vos résultats de dés impliqueront toujours une réponse de notre part, aussi merci d’attendre notre poste après chaque lancer de dé pour poursuivre votre exploration. Nous tâcherons d’être réactives pour ne pas vous faire attendre évidemment.
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Sont attendus à ce cours : Dylan Rosier Sinclair, Ambrose Rosendale, Spike Ryder, Ferguson Decker, Sam Chadwick, Alison Carter, Sasha Shevchen, Julian Rosenberg, Jennifer Wilson.
Équipe 1 : Dylan Rosier Sinclair, Ambrose Rosendale, Ferguson Decker
Équipe 2 :Spike Ryder, Alison Carter, Jennifer Wilson
Équipe 3 : Sam Chadwick, Julian Rosenberg, Sasha Shevchen
Message publié le 04/03/2025 à 18:36
- Mh, mh, il se contente de répondre en acquiesçant de la même manière qu'il aurait approuvé la bonne réponse d'un élève à l'examen.
Comme si, d'une manière ou d'une autre, Aldebert avait le pouvoir d'approuver la façon qu'aurait Adaline d'évaluer son état de santé générale. La première question le fait lever les yeux au ciel, bien qu'il ne tarde pas à trouver sa répartie.
- Dormir ! Dormir est une activité chronophage qui nous empêche de profiter de la splendeur de tout un univers observable, Miss McBride, j'ai arrêté ce genre de sottise depuis belle lurette. Mais, croisant son regard insistant il abdique. Je dors. Bien assez. Bien trop. Six heures par nuit au moins. Par nuit, ou par jour. Mais vous conviendrez la nécessité d'un décalage au vu de mon activité, Adaline. L'on n'observe peu d'étoiles sur l'heure de midi.
Les horaires de ses cours se couplaient aux premières heures de la nuit, pour le laisser vaquer à moult autres occupations pour les heures suivantes, avant qu'il ne s'effondre au plus souvent de bon matin, pour ne paraitre parmi le reste du personnel et des élèves que sur ladite heure de midi. Aldebert avait toujours été, de toute manière, un homme nocturne.
- Le seul fourmillement que je ressens au bout de mes doigts, c'est devant les imbécilités que me sortent mes pires olibrius.
Decker, pour ne citer qu'un exemple. L'énergumène pouvait sans nul doute être qualifié de cancer, en ce qui le concernait. Savoir que le type faisait partie du cercle d'amis proches de Balthazar ne faisait rien pour alimenter l'espoir d'Aldebert concernant l'avenir du fils prodige.
- Je ne dirais pas que je me porte comme un hippogriffe, mais je me porte plutôt bien. En dehors de ces quelques ratés dont je vous ai parlé je n'ai rien à signaler. Je ne suis pris de vertige qu'en haut d'un de ces satanés balais magiques, et je n'ai subi la moindre migraine de toute ma vie.
Expédiées, les questions, comme d'un revers de main, prouvant à Adaline comme à lui-même qu'il se portait effectivement bien, s'il n'avait rien de tel à signaler. Mais alors qu'il darde un œil presque fier sur l'infirmière, il se détourne brusquement en fermant et rouvrant la main, pinçant les lèvres pour dissimuler sa grimace. Il poursuit tout de même.
- J'ai bon appétit, une consommation modérée d'alcool, je ne fume pas, et je sors marcher une fois par jour avant le coucher du soleil. Je ferais l'impasse sur la fréquence à laquelle je me rends à la selle bien sûr. Les doigts époussètent distraitement des poussières invisibles sur ses manches avant qu'il ne replie et rouvre la main de nouveau, poussant un soupir avant d'annoncer. J'ai des crampes. Par moment. Au niveau de mes mains, de mon dos, et de mes jambes. Fugaces. C'est tout.
Message publié le 03/03/2025 à 18:09
La vérité, c'est qu'Aldebert ne peut qu'approuver Miss McBride. C'est pourquoi il a évoqué les difficultés, même mineures, qu'il serait tant en peine d'ignorer. S'il est un jour où il s'agit d'en avoir le cœur net, c'est sans doute celui-là.
- Qu'on soit bien clair, Adaline. Si le problème vient d'ailleurs, hors de question de me balancer que tu me l'avais bien dit.
Boudeur, il maintient même son index en l'air comme pour insister sur ce point. Il n'est pas bien sérieux, bien sûr. Jamais. Trop peu souvent, en tous les cas. Sous ses airs de vieux gamin capricieux cependant, il se prend à imaginer le pire. Un instant fugace. Une seconde hargneuse qui file incruster une idée sous les nerfs, s'éparpillant bientôt dans l'entièreté de son cortex. L'idée tient en deux mots, vraiment. Insidieux, minuscules. Et si. Et si un Lumos fébrile du dimanche après-midi pouvait dissimuler une magie toute entière qui flanche pour le reste de sa vie ? Et si l'examen démontrait des origines plus graves à ces lévitations ras-du-sol, des conséquences plus tragiques le plaquant, lui, contre terre ? Et si ces menues frémissements faisaient crouler son univers tout entier ?
Il inspire, les lèvres pincées, expire aussi, toujours par le nez.
- Bon. Ça se passe comment ?
Aldebert n'a rien contre Adaline McBride elle-même. Adaline McBride est une jeune femme extraordinaire, voyez. D'une douceur infinie, ses gestes toujours aussi mesurés que ses paroles, son regard incapable de transporter le moindre jugement. Aldebert apprécie beaucoup Adaline. Il apprécie aussi bien sûr, le travail d'infirmier, et même de médicomages, qu'il tient d'ailleurs en très haute estime. Où l'astronome se doit rapidement de saisir l'infinité de son ignorance, égalée par un potentiel de découvertes toujours plus incroyables et incongrues entre deux étoiles naines ou peut-être sous quelque galaxie, le médicomage tient rien moins que des vies entre ses mains. À bien des égards, il trouvait les domaines similaires, mais tout à fait différent.
Ce qu'il y a, c'est que l'observation appuyée d'une seconde lune n'aura jamais, au grand jamais, les mêmes conséquences qu'un examen médicomagique approfondie de sa personne. Par exemple, il n'irait guère annoncer à sa lune qu'elle sera éclipsée par le soleil sous peu, et peut-être imploser sous les forces gravitationnelles de saturne. Adaline McBride avait ce pouvoir là, et c'était bien suffisant à Aldebert pour ne se sentir pas à son aide sous son regard aussi doux soit-il. Le problème n'était pas Adaline McBride, le problème était ce qu'Adaline McBride serait capable de voir que lui n'aurait jamais pu, et qu'il aurait peut-être préféré ne jamais savoir. Il affiche un sourire, pourtant, le sourire d'un soldat qui s'en va à la guerre.
À moins que ce ne soit le sourire d'un type qui se sent vieux, parce qu'une infirmière doit vérifier ses aptitudes depuis que la société le considère comme senior.
Message publié le 25/02/2025 à 16:55
La vérité, incisive, est noyée sous le sarcasme latent, leurs rires impulsifs se joignant devant l'absurdité de leur situation respective.
- Tu es discret, assure finalement Aldebert en reposant son verre. Je suppose qu'en dehors de Harrison et de moi-même, personne ne sait ce qu'il en est.
Tous les sorciers étaient liés, d'une manière ou d'une autre, à la lune. Astre d'importance capitale dans la préparation de plusieurs potions, aussi bien que nombre d'enchantements et sortilèges, elle faisait après tout pièce maîtresse d'un ciel que l'on apprenait à observer dès l'âge de onze ans. Peu pourtant se perdaient à sa contemplation en dehors d'irréductibles comme lui-même. Il fallait au moins une passion virulente pour l'astronomie, voire travailler dans le domaine, pour se perdre en habitudes absurdes du genre. Qui plus est, Aldebert avait toujours eu un don certain pour fourrager son nez où on ne l'attendait pas.
- En fait, ça fait un bail que je cherchais le bon moment pour t'en parler, il admet en jetant son regard alentour, comme perdu dans ses pensées.
Ses longs doigts enroulés autour de son verre, les jambes juchés sur la barre du tabouret tel un oiseau perché, l'on pourrait le trouver brusquement figé, comme pesant le pour et le contre de sa prochaine action. Estimant que Daryl ne souhaitait vraisemblablement pas dévoiler sa nature de loup-garou à tout le monde - auquel cas le personnel aurait depuis longtemps été réuni et briefé à ce sujet -, Aldebert s'était muré dans le silence, ne cherchant aucunement à mettre mal à l'aise le professeur de potions. Le fait qu'il avait récemment mis la main sur un objet certainement très utile.
La mise en branle est soudaine, le regard vif subitement planté sur son interlocuteur alors qu'il commence à s'agiter.
- J'ai longtemps exercé le métier d'astronome avant de venir enseigner, comme tu le sais. J'ai encore de nombreux contacts dans le domaine. L'un d'entre eux travaille sur une thèse depuis des années, une thèse incroyable sur certains des phénomènes les plus irréguliers du cosmos. Je t'épargne tout un charabia, mais il a fait plusieurs découvertes vraiment très intéressantes. Notamment en ce qui concerne les régulations d'Alpotrophe, la constante de Hubble, mais aussi et surtout sur les mesures distrophiques des cratères d'Alpha du Centaure. Aldebert croise le regard de Daryl et comprend brusquement qu'il s'emporte en divergence, se recentre tout en se replaçant correctement sur son tabouret. Bref. Il a fait une découverte récente dans un domaine qu'il ne recherchait pas. C'est toujours comme ça finalement, on a le regard vissé sur quelque chose, et tout se passe dans la périphérie. Il m'a envoyé ceci.
La réplique met fin au monologue infernal tandis qu'Aldebert porte la main à sa poche, pour en tirer une pierre simple et visiblement polie, d'un bleu pâle. Au plus près, on peut constater du mouvement sur sa surface, pratiquement imperceptible mais pourtant bien présent. Cerclée d'un anneau aux écritures fines, mais aux traits durs, elle est rattachée à une cordelette. Un pendentif. L'astronome l'a récupéré plus tôt, avant de rejoindre Daryl, voyant là l'opportunité qu'il attendait depuis un temps certain. Dans la paume de sa main, l'artefact semble plutôt petit, et sans importance aucune.
- C'est trois fois rien, hein. Juste un concentré d'régulation cosmique. Un morceau d'équilibre dans l'immensité chaotique de l'univers. Aldebert dépose la pierre sur le comptoir pour la faire glisser en direction de Daryl. Tout est une question de gravité, tu vois ? Ce moment où la lune est au plus près de la Terre, où elle a le plus d'influence. Trop, parfois. C'est là qu'ça déraille pas vrai ? C'est tout un travail d'ondes, minutieux, vraiment, pire que des fourmis ces machins là. Mais ce truc là ? Il canalise, il lisse, il absorbe. Le genre qui t'évite d'avoir envie d'arracher la tête du concierge trois jours avant la pleine lune, ou de bouffer trois steaks au petit-déjeuner le lendemain. Le genre qui te foutra en paix avec toi même en dehors du jour fatidique de ta repousse de poils.
Aldebert s'écarte un peu pour boire une gorgée de son rhum avant de plaquer le verre dramatiquement sur le comptoir.
- Il l'a trouvé l'caillou. Trouvé, manipulé, enchanté. Un accident académique finalement, parce qu'il pensait avoir complètement autre chose entre les doigts. Alors ça a rien d'officiel d'accord ? Ça bosse encore de partout pour déterminer les limites du bordel. Mais j'ai eu droit à mon échantillon, et j'dois dire que maintenant que j'en ai fait l'tour une bonne demi-douzaine de fois, j'vois pas à qui d'autre il pourrait revenir.
Message publié le 24/02/2025 à 11:32
La vision de Miss McBride l'apaise. Personne n'aime se rendre à l'infirmerie, voyez-vous, avec ce genre d'infirmière dans la pièce, il semble tout de suite plus aisé de relativiser la chose. Les lèvres étirées d'un sourire sincère, il presse le pas pour l'atteindre, prétextant subitement que s'il ne se focalise que sur le visage de la jeune femme il en oubliera les rangées de lits, les étagères de gazes, de seringues, de potions à l'apparence suspecte.
- Des promesses, des promesses, il grommelle faussement.
L'éclat de son regard pourtant fait contraste. Il est là volontairement. N'est-ce pas ? Certes, en retard d'une poignée d'années, mais volontairement tout de même. Accordez-lui au moins cette maturité. L'homme ne se fait pas prier pour prendre place dans le siège désigné, avec toute la théâtralité qu'on lui connait, ses longues jambes jetées l'une sur l'autre alors que ses deux bras s'étendent sur les accoudoirs. Les yeux clairs viennent se poser sur un environnement bien rangé, comme décidés à trouver n'importe quelle façon de combler le silence qui s'installera inexorablement entre eux dans les prochaines minutes.
Car pour travailler convenablement, rien de plus nécessaire qu'un silence. Aldebert se plait à s'enfoncer à l'intérieur d'un silence. Aux grands classiques déployées par son vieux gramophone à tubes cuivrés peuvent se substituer des heures et des heures de silence. Un silence particulier, lourd comme une couverture confortablement enroulée autour du corps, qui l'accompagne dans ses observations célestes. Un silence qu'il se plait à couper, souvent, de longs monologues adressés le plus souvent à un Molière qui ne prête guère attention à la moindre élucubration, bien qu'il lui arrive occasionnellement de miauler ou de se mettre à pousser un ronronnement bienheureux.
Le silence qui va s'installer entre Adaline et lui-même cependant, il le pressent, n'aura rien d'une couverture lourde et confortable. Ce sera le silence froid et clinique d'un examen minutieux porté sur sa personne, alors qu'il devra se tenir bien tranquille. Un silence ponctué de mouvements d'instruments invasifs destinés à faire le bilan d'un corps on-ne-peut-plus exposé, n'est-ce pas. Un silence qui pèsera plus absurdement qu'un éruptif couvert de poils de demiguise, qui s'installera là dans la pièce, et ne laissera guère plus de place à la plus simple des conversations.
La bouche asséchée, Aldebert passe une langue sur ses lèvres avant d'acquiescer.
- C'est la rentrée, Adaline, tous les professeurs sont sollicités ! Son regard croise celui de l'infirmière, et il a l'élégance de grimacer. Je m'sens comme un charme, Miss McBride. Merlin sait combien le charme est un bois robuste. J'suis plus dans la fleur de l'âge, mais je passe mes journées à monter et descendre des escaliers en pagaille sans m'essouffler une seule fois. Croyez-moi que tout le monde peut pas en dire autant ! Non parce qu'on ne le disait pas assez souvent, mais avec le poste de professeur d'astronomie venait une certaine nécessité physique. Même certains élèves parmi les plus jeunes se plaignaient régulièrement de l'exercice.
Aldebert inspire légèrement avant d'ajouter :
- J'ai hum... quelques... faiblesses au niveau de ma... baguette, cependant. L'admission est formulée un ton plus bas, les doigts s’agrippant et se décrochant de l'accoudoir sans grande raison, un peu comme s'il en testait la solidité. Des ratés parmi les sortilèges parfois les plus basiques, voyez, il souffle sans regarder Adaline dans les yeux. Un lumos un peu fragile, un sortilège de lévitation un peu trop terre à terre, il redresse finalement la tête. Je pencherais plutôt pour un manque de concentration vous savez, j'ai eu pas mal de déboires cette été alors j'dirais que c'est juste ça. La déboire en question était unique, et répondait au nom de Balthazar Grimfire. Un fait qu'aucun membre du personnel ne pouvait ignorer puisqu'un changement d'adresse avait eu être officiellement opéré concernant le garçon, ainsi que plusieurs ajustements quant au tuteur direct de l'élève.
Message publié le 14/02/2025 à 20:15
Bienheureux l'Aldebert, qui fait rapidement signe de lui servir précisément la même chose. Un sourcil se hausse à la mention de Balthazar, et l'astronome ne peut s'empêcher de pousser un soupir.
- Tu crois quoi ? Non parce que Balthazar Grimfire est un phénomène connu du personnel, alors fatalement qu'apprendre qu'il en est à l'origine a fait un choc. Pas qu'en le concernant finalement. La plupart de ses collègues le vannent continuellement sur le sujet. Ça va j'suppose. J'en sais rien. C'est pas comme s'il avait prévu de devenir père d'un adolescent de quinze ans du jour au lendemain. J'improvise ! Il admet alors tragiquement en étirant un sourire.
Y a que son existence entière est un amalgame de surprises du genre. Bon, jamais aussi brutales que celle-ci, admettons. Mais relativement tout de même. Le claquement de deux verres se ramassant sur le comptoir le fait tourner la tête, et il en lève un pour le trinquer avec celui du professeur Brooks.
- J'imagine que ça a pas du être beaucoup plus simple pour toi. Le... Sa main vient s'agiter devant son visage. Un ange passe. Oh, m'la fais pas. J'suis astronome, Daryl. J'suis littéralement un spécialiste des phrases lunaires ok ? Bon. La nonchalance est complètement de mise, même s'il a baissé d'un ton par simple réflexe respectueux. J'dirais rien. Faut pas t'faire de bile. J'ai capté quelques mois après ton arrivée alors..
Aldebert lève son verre de nouveau pour en prendre quelques gorgées. Fronce les sourcils.
- Dis jamais à Balthazar que j'ai comparé son existence à une malédiction. Parce qu'il réalise après coup que c'est peut-être pas très cool. Bon. C'que je dis c'est que quelque part ça aurait pu être pire. Pis c'est vraiment pas un mauvais bougre. Il est juste... De nouveau Aldebert agite la main devant son visage, affutant l'imitation d'un regard complètement con cette fois. Un ado quoi, merde. C'est con un ado.
Parce que depuis quelques temps Adledbert essaie de se convaincre que c'est que ça, la connerie de Balthazar. L'adolescence. Un homme peut espérer, pas vrait ?
"Aldebert Wickerson ?" "C'est à côté."
Message publié le 14/02/2025 à 19:55
Merde. Il est pas équipé pour ça. Y a des gens équipés pour ça ? Sans doute pas. Personne est équipé pour ça. La réplique a l'air d'avoir enfoncé une pointe quelque part dans le fond de sa gorge, il décide. Parce qu'il arrive plus à parler, Aldebert. Il arrive plus très bien à respirer non plus. Ça fait ça de voir un humain s'effondrer sous ses yeux. Parce que y a pas d'autre mot pour ce qu'est en train de se passer. Balthazar est prostré sur le seul, en train de subir une peine qu'Aldebert est pas certain d'avoir jamais vécu. Un truc qui prend tellement aux tripes qu'on préfèrerait crever. C'est physiquement douloureux de le regarder. Curieusement pourtant, il arrive pas à détourner le regard. Les secondes s'écoulent sans qu'il parvienne à bouger même d'un millimètre. C'est absurde. Stupide. Le truc c'est qu'il a aucune idée ni de quoi faire, ni de quoi dire. Il s'imagine bêtement Laïka Grimfire quelque part dans un coin de la pièce qui les regarde. Ça forge une boule énorme de culpabilité qui lui bousille les entrailles en quelques instants.
- Balthazar, il s'entend dire. Balthazar relevez-vous mon garçon.
Il sait pas vraiment pourquoi, ça parait important. De pas laisser l'adolescent ainsi prostré sur le sol. Sa voix lui est étrangère. Comme bloquée dans le fond de sa gorge. Cette foutue pointe, voyez. Ses yeux sont embués. Il ne l'avait pas réalisé. Posté au-dessus du garçon, Aldebert a une main qui lui tient l'épaule, l'autre bêtement suspendue dans le vide. Puis il se met en action, force Balthazar a se redresser, à s'assoir dans le canapé.
- Là. Là.
L'adolescent est secoué de sanglots violents. Son regard vitreux est comme mort, par instant, et Aldebert essaie de chasser l'idée d'une inspiration vaine. Assis aux côtés de Balthazar, il se trouve démunie aussitôt qu'il a cessé de s'agiter pour redresser l'adolescent et l'installer dans le canapé. Maintenant quoi ? Maintenant rien. Alors il patiente. Renifle discrètement alors que son regard coulisse sur le décor simpliste de l'endroit. Il reconnait chaque meuble. La porte menant à la chambre. Bordel. Les minutes s'écoulent à leur tour, plus pernicieuses que des secondes encore. Elles instaurent un silence étrange et désarticulé. Brutal, finalement. À vous dévorer la poitrine et tout ce qui pourrait se trouver à l'intérieur. Le silence s'étend encore, tel un détraqueur qui aurait aspiré leurs âmes, les aurait lentement digérés. Parfois, Aldebert le déjoue d'un raclement de gorge, mais ça n'y fait rien. Il se sent presque étouffer sur place. Mais là encore il ne dit rien. Il n'y a rien à dire.
Il ne peut qu'être là, comme il n'a jamais été là. Aussi fugueur soit-il d'une quelconque sédentarisation, Aldebert demeure. Figé dans un canapé usé, sous les lueurs vacillantes d'ampoules poussiéreuses et fatiguées. Il ne pourrait pas bouger même s'il le voulait.