



16 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété
Ça le fait marrer tellement que c'est un euphémisme. Pas que Gus connaisse le mot euphémisme. Bref. Non, Alison et lui ont pas la même notion du fun. Grande nouvelle. C'est-à-dire que c'est pas lui qu'a réclamé un date au milieu de nulle part. Alors ouais, le sérieux est mort-né, mais c'est probablement parce que Gus a jamais eu l'intention de faire même mine de se prendre pour un de ces types qu'a l'air de faire baver les meufs comme Alison. Les types sérieux. Sa définition a lui d'être sérieux, c'est quand on vient traiter sa mère de pute, ou qu'un des mecs qui la paye se met à s'croire chez lui dans leur appartement miséreux. Sérieux c'est quand un pote est dans la merde, et qu'il pourrait brûler tout l'château. Sérieux c'est quand il fout son poing dans la mâchoire de Ryder après qu'il ait joué au con.
Gus est pas tant fan d'être sérieux.
Mais il est à peu près sûr qu'Alison a besoin de se détendre autrement qu'avec sa notion de fun toute pétée où fumer ça pue. Alors peut-être bien qu'il peut faire genre deux secondes, d'être sérieux. Il sait pas si ça vaut le coup. Il sait juste qu'Alison est une meuf qui va pas se laisser impressionner facilement, mais que si ça venait à arriver, peut-être bien qu'il le sera plus, puceau. Parce que ça craint d'être puceau. Surtout quand on sait que des types aussi sombres que Sasha Shevchen arrivent à se faire des meufs comme Alison Carter dans l'secret des couloirs, bordel. Alors il reste la regarder. Un bon moment, en réalité. Dans la pénombre d'un parc illuminé seulement les sortilèges émanant du terrain de Quidditch, sur lequel s'entrainent probablement quelques joueurs zélés.
- J'ai seize ans, j'suis puceau, et j't'emmerde, il annonce finalement en lui serrant la main sans la lâcher du regard.
Si on lui demande, même lui saurait pas dire pourquoi il a sorti ça. Pourquoi il a décidé d'être complètement sincère. Gus a toujours été parmi les plus vulgaires, à balancer tellement de répliques imagées à la seconde que c'était dur de s'imaginer qu'il avait pas la moindre expérience dans le domaine. Il laissait les gens le croire, parce que ça l'faisait vachement plus que de démentir en avouant que tout ce qu'il pouvait bien sortir était loin de sortir de son imagination pure. Qu'il avait été témoin de tellement de trucs chelous même en plein milieu de son salon que c'était dur de pas s'faire une idée très claire de la chose même sans l'avoir lui-même vécue. Il se démonte pas pourtant, Gus, relâche la main d'Alison avant d'hausser un sourcil.
- T'as déjà fumé un pétard au moins ? Nan parce que c'est pas grave sinon t'as que seize ans.
Le sourire qui lui tord les lèvres est désobligeant. Allez savoir pourquoi, Fergus a pas le moindre doute quant à l'âge d'Alison Carter. Parce qu'Alison Carter est née un vingt-et-un décembre, voyez. Tout le monde sait ça. Non ? Il reprend sa marche l'air de rien, pour les entrainer de l'autre côté des serres complètement. À l'abri des regards. Ça caille toujours autant, mais il ira pas tester de relancer un sortilège. T'façon même s'il réussissait il doute qu'elle en serait très impressionnée. Pis s'il se plantait, sans doute qu'elle hurlerait au scandale une deuxième fois et le planterait là au milieu du parc. Parce que la notion de fun d'Alison implique pas de se prendre un sort foiré. Faut dire il aurait pu la brûler au troisième degré. Il laisse tomber son cul sur un muret froid mainte fois envahis par la troupe de poufsouffle dans les quatre dernières années. Pis il retire sa veste pour la tendre d'un geste à l'adolescente :
- Tiens t'as qu'à mettre ça sur tes genoux. Juste le temps qu'on fume. Après on rentre.
Les doigts s'enfoncent dans les poches de son jean, pour y chercher le pochon dans lequel sont planquées quelques feuilles, et il se met au travail, les bras nus apparemment insensibles à la fraîcheur ambiante. Gus a jamais été très sensible aux températures glaciales. Peut-être bien parce qu'il a passé trop de temps dehors tout gamin, et que son corps a fini par s'habituer au fait qu'il porterait jamais ce qu'il faut pour le protéger des intempéries. Ou alors il a appris à ignorer le sentiment qui vous congèle jusqu'aux couilles, au moins jusqu'à ce que ça devienne assez gênant pour le forcer à se rentrer quelque part.
- Vazy balance tes questions sérieuses, Alison Carter, il annonce dramatiquement en même temps de rouler.