Harry Potter RPG
Ancre
Ancre

Errance bifide

Ancre
Ancre
Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Adam Rosier Sinclair

13 ans Sang-Mêlé·e Française Notoriété

Deb
Gryffondor
Pour tout ceux ayant le courage d'affronter les MDJ's, alors qu'ils pourraient y laisser plus qu'une dent !
Alentours de Pré-Au-Lard, Samedi 20 Janvier 2125

Il n’avait pas prévu d’aller quelque part. Il était simplement parti. Les autres s’étaient donné rendez-vous à Honeydukes, à Zonko, à la Cabane Hurlante, dans un brouhaha de plans flous et d’excitation collective. Adam, lui, avait quitté le groupe sans un mot, porté par une habitude qu’il ne questionnait plus : prendre une direction différente. Non pas pour fuir, ni par besoin de solitude absolue, mais plutôt par cette envie discrète d’écouter le silence là où les autres ne l’entendaient jamais. À Pré-au-Lard, tout semble bavarder. Même les bâtiments. Même les arbres. Il y a une rumeur sourde dans les pavés, un vieux dialogue entre les cheminées et les nuages, un chuchotement qui court sur les vitres embuées des salons de thé. Adam y prête attention sans le vouloir vraiment. Il capte les détails que les autres effleurent. Il avait suivi les rues en pente, quitté les façades alignées pour des bordures de champs, puis les champs pour un sentier à peine tracé, à l’orée du village. L’endroit n’avait plus de nom, plus de panneaux, plus d’agitation. Seulement des pierres moussues, un ruisseau discret, et une mare cerclée d’herbes hautes, là où l’eau semblait avoir oublié de s’écouler.


Il s’approche. Le sol est détrempé. Chaque pas imprime l’humidité. Il aime cette sensation : la terre qui cède à peine, la sensation d’enfoncement. Comme si le monde était un peu plus souple ici. C’est alors qu’il le voit. Un glissement furtif, presque imperceptible. Une ligne serpentine entre deux touffes d’herbe. Le mouvement s’arrête à quelques centimètres de lui. Un serpent. Petit, mais long. Son corps noirâtre est veiné de reflets olive, sa langue bifide jaillit et rentre à intervalles réguliers, comme s’il goûtait l’air.

Adam s’accroupit lentement. Il n’a pas peur. Il n’a jamais eu peur des animaux. Ils sont lisibles. Prévisibles. Ils ne posent pas de questions inutiles. Il penche légèrement la tête. Le serpent l’observe. Et puis, il parle :
 

- Tu n’as pas froid ici ?
 

Il ne sait pas pourquoi ces mots lui viennent. Il ne s’attend pas à une réponse. Il ne réalise pas qu’il n’a pas parlé en anglais. Le serpent se fige. Puis redresse un peu la tête, ses yeux fendus ancrés dans les siens. Et il répond :
 

- Le soleil chauffe les pierres. C’est assez.
 

Adam ne bouge pas. Il cligne une fois des yeux. Ce qu’il entend n’est pas une voix, pas un langage construit, mais une compréhension absolue, instinctive. Ancienne. Comme si les mots ne passaient pas par ses oreilles, mais directement par une zone enfouie dans sa conscience.
 

- Tu vis ici ?

- Je passe. L’eau est calme. Le vent ne me porte pas ailleurs pour l’instant.
 

Adam sent un frisson dans sa nuque, mais pas de peur. Plutôt une sorte de vertige doux, comme si son esprit venait de changer de fréquence sans le prévenir.
 

- Tu parles souvent aux humains ?
 

Le serpent ondule légèrement. Une pause. Puis :
 

- Ils ne m’écoutent pas. Ils sifflent sans comprendre. Tu… toi, tu entends vrai.
 

Il baisse les yeux un instant. Entendre vrai. Est-ce que ça veut dire qu’il comprend ? Ou est-ce que ça veut dire qu’il est… différent ? Adam ne répond pas tout de suite. Il observe le serpent qui glisse lentement sur une pierre plate, s’y enroule partiellement, les écailles réchauffées par les rares rayons du jour. Il parle encore.
 

- Je ne savais pas que je savais.
 

Le serpent incline la tête.
 

- La langue est ancienne. Elle ne se sait pas, elle se sent.
 

Un silence. Un souffle. Adam regarde les nuages reflétés dans la mare, déformés, élastiques.
 

- Est-ce que d’autres entendent ?

- Parfois. Rarement. Trop rarement. Ils craignent.
 

Adam reste là, accroupi, les coudes sur les genoux, immobile. Il ne sait pas combien de temps s’est écoulé. Le temps semble avoir ralenti ici. Comme s’il se pliait à un autre rythme, plus souterrain. Le serpent le regarde. Un long regard sans clignement, sans clarté, sans mystère non plus. Juste là. Présent.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Serena Hallway

Médium 38 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Pour tout ceux ayant le courage d'affronter les MDJ's, alors qu'ils pourraient y laisser plus qu'une dent !
Alentours de Pré-Au-Lard, Samedi 20 Janvier 2125

Fin janvier. L'hiver est bien présent. Il fait froid. En cette saison, j'ai souvent l'impression que le temps ralentit. Comme en suspend en attendant le printemps, le renouveau, la renaissance. 

Pré-au-lard me rappellent mes années d'étude. Elles sont lointaines ! Surtout Pré-au-lard le samedi après-midi. C'était notre heure, notre moment. C'était le jour où les étudiants pouvaient envahir les rues et les échoppes. 

Je sors de la Tête de Sanglier où j'ai décidé d'y faire mon déjeuner cette fois-ci. Je ne viens pas souvent dans cette taverne. Et, en règle générale, les étudiants n'y viennent pas beaucoup non plus. Ils préfèrent les Trois Balais. Plus convivial, chaleureux et lisse. La Tête de Sanglier, ça a un peu la réputation de l'endroit poussiéreux où ne se réunissent que les habitués et ceux qui veulent un endroit discret pour se retrouver. Il est vrai que lorsque j'étais à Poudlard, j'allais aussi beaucoup plus souvent aux Trois Balais. C'était plus convenu ou convenable, je ne sais pas.

En grandissant, j'ai appris à apprécier la Tête de Sanglier. Même si son propriétaire me fait parfois lever les yeux au ciel. Karl Mitch... faudrait un jour qu'il passe le flambeau. Mais je pense qu'il mourra derrière son comptoir tellement il ne semble pas du tout envisager prendre sa retraite. Alors il radote, il rouspète, il se plaint et il dramatise tout en servant les clients dont la majorité le connaissent bien parce qu'ils y viennent régulièrement. Ce n'est pas mon cas. Aujourd'hui, il a raconté une histoire de Kiwicot, de combat héroïque et son ami Kaelen avec qui il aurait affronté mille dangers pour démanteler un dangereux réseau. Lewis, le jeune serveur que je trouve très sympathique, m'a fait comprendre que ça fait des semaines qu'il raconte cette incroyable aventure et qu'il se gargarise de ses exploits -peut-être un poil exagérés, il n'en sait rien.

C'est donc bercée par les propos d'un homme qui s'auto-congratule que j'ai déjeuné. 

Karl Mitch est vieux et un poil aigri. Mais faut avouer, ça change des autres lieux où j'ai l'habitude de manger. Alors je ne m'en suis pas plainte et me suis contenter de rire sous cape en l'entendant décrire à coup de grands gestes théâtraux ce fameux combat. 

 

En sortant, l'air froid m'a reprise au visage. Avant de rentrer sur Londres, je me suis dit que je pouvais bien traîner encore un peu. Ca fait longtemps que je n'ai pas vu Pré-au-lard, autant en profiter.

Les boutiques me rappellent des souvenirs. Les voix, les rires, les portes qu'on ouvre et qu'on ferme. Voir les étudiants se partager des paquets de bonbons magiques ou rire sous cape du prochain tour qu'ils concoctent à leurs amis à l'aide du matériel qu'ils viennent d'acheter.

Je marche dans les rues principales, celles où tout le monde va.

Puis je m'éloigne. Peu à peu, les voix diminuent en intensité et s'éteignent. Bientôt, je ne crois plus que quelques personnes de temps en temps et généralement pas des étudiants qui préfèrent rester dans les endroits qu'ils connaissent, suivre les sentiers battus.

Sauf un.

Que je découvre accroupit près d'une mare. Dos à moi.

Il est seul. Il paraît jeune. Peut-être l'âge de ma nièce Victoria, 14 ans. Etrange, à cet âge, d'être seul. On préfère souvent la bande de copains, de copines et on voit d'un mauvais oeil ceux qui avancent en solitaire. Je me demande si ce garçon a été rejeté pour une quelconque raison. Ou s'il s'est volontairement éloigné de la meute. Toujours est-il qu'il est à la fois seul et loin de l'agitation des artères principales.

 

Alors que j'allais passer mon chemin, me disant qu'à cet âge, les ado sont tout à fait capables de retrouver leur chemin et qu'il n'est, si ça se trouve, même pas perdu, j'interromps mon mouvement.

Le garçon ne m'a pas remarqué, tout occupé à ce qu'il regarde dans la mare.

Mais le plus étrange, c'est qu'il parle et que ce ne sont pas des mots qui sortent de ses lèvres mais un ensemble de sons-sifflements incompréhensibles.

Je regarde avec davantage d'attention ce que ses yeux fixent et j'y vois un serpent. Mes muscles tressaillent, ma mâchoire se crispe légèrement. J'ai beau être une Serpentard, je n'ai jamais particulièrement apprécié les serpents. Je sais qu'en règle générale, ils ne sont pas méchants et n'attaquent pas si on les laisse tranquille. Mais il suffit d'un faux pas, d'un mouvement brusque...

 

-Eh, jeune homme, je lance alors d'une voix que j'essaie de faire douce pour ne pas trop le faire sursauter. Tu n'as pas peur ?

 

Mes yeux ne lâchent pas le serpent. Pour le moment, il se tient tranquille et le garçon ne semble pas en danger. Mais sait-on jamais...

Je garde dans un coin de ma tête les sifflements que j'ai entendus mais ne me voit pas faire une entrée en manière en mode oh, tu parles à ce serpent, t'es sûr qu'il ne t'attaquera pas ? Autant avancer un pas après l'autre.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Adam Rosier Sinclair

13 ans Sang-Mêlé·e Française Notoriété

Deb
Gryffondor
Pour tout ceux ayant le courage d'affronter les MDJ's, alors qu'ils pourraient y laisser plus qu'une dent !
Alentours de Pré-Au-Lard, Samedi 20 Janvier 2125

Il ne sursaute pas. La voix parvient à lui comme à travers une couche d’eau tiède : atténuée, douce, mais indiscutablement réelle. Il reste un instant figé, comme s’il fallait laisser la vibration mourir avant de se retourner. Puis, lentement, il lève les yeux. Elle est là, debout. Une femme. Adulte. Bien plus que lui. Sa silhouette se découpe sur les branches nues, figée dans une inquiétude polie. Elle regarde le serpent. Pas lui. Adam baisse les yeux à son tour. Le reptile est toujours là, paresseusement lové sur la pierre tiède. Sa langue fouette l’air à intervalles réguliers. Il n’a pas bougé depuis plusieurs minutes. Mais maintenant, il est tendu. Adam murmure, à peine plus fort qu’un souffle :


- C’est bon. Elle ne te fera rien.
 

Le serpent se détend légèrement. Puis un sifflement glisse entre ses crochets, presque paresseux :
 

- Elle a peur. Je la sens. La peur fait paniquer. La panique fait danger.
 

Adam hoche doucement la tête. Il se redresse, sans geste brusque, les mains toujours bien visibles, puis pivote à demi vers la femme sans jamais tourner complètement le dos à l’animal.
 

- Il ne veut de mal à personne, dit-il, simplement. Pas besoin d'avoir peur.

Sa voix est posée. Neutre. Il regarde la femme un instant, sans insistance. Il n’a pas l’air effrayé. Ni de vouloir s’expliquer. Il énonce juste un fait. Puis, comme s’il traduisait quelque chose d’essentiel, il ajoute :
 

- Il dit que les peurs trop vives peuvent rendre dangereux ceux qui n’ont pas l’intention de l’être.


Un silence suit sa phrase. Il ne bouge pas. Le vent agite les hautes herbes, l’eau de la mare frissonne à peine. Puis, comme une pensée qu’il partage plus qu’il ne la pose, il ajoute :
 

- Il dit que c'est vous qui avez peur. Ses yeux se posent sur le serpent, toujours lové, à moitié endormi maintenant. Puis il regarde la femme à nouveau, un rien de curiosité dans le regard : Pourquoi je le comprends mais pas vous ?

Est-ce que Mabel pourrait aussi comprendre le serpent ? Dylan ? Maman ? Souvent, Adam se sentait différent des autres, mais il trouvait des points communs avec les membres de sa famille qui tendaient à le rassurer. Il n'y avait autour d'eux personne pour lui indiquer ce qu'il en était cependant. Seulement cette parfaite inconnue qui ne semblait pas entendre le serpent comme lui l'entendait.