



16 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété
La conversation entre les deux réfugiés dépasse Alison. Un bref instant, elle se demande comment la direction de Poudlard a pu accepter d'accueillir en Angleterre des élèves venus de ces pays en directe opposition. Bien sûr, ils n'entendraient jamais les mots de l'autre sans les ternir d'un filtre de haine viscérale instaurée par la situation de leurs peuples. Peut-être aurait-il fallu mieux répartir les adolescents dispersés de la France à l'Écosse, en tenant compte de ce qu'ils ont fui justement, la guerre. À croire qu'on a pensé qu'ils seraient capables de se fréquenter en ignorant le passé et les affrontements encore d'actualité. Cette réalisation tord les sourcils d'Alison en courbes inquiètes tandis qu'elle fixe tour à tour l'Ukrainien et la Russe. Ils se renvoient la balle, dessinant des scènes dans son esprit, qu'elle rapporte aux paroles du Gryffondor, et à l'attitude d'Anya.
Malheureusement pour Sasha, la Serpentard se rappelle parfaitement la mention des "petites photos idiotes", des "gens laids", "morts à la guerre et c'est bien fait pour eux", gravée depuis octobre quelque part avec l'image du garçon qui se soulage "comme un chien" sur des filles qu'il manipule. En vérité, elle n'a jamais oublié, même lorsqu'elle aurait préféré ne pas avoir su, même lorsqu'il a voulu prouver que c'était faux, qu'il l'a invitée à danser au bal de Noël pour effacer son comportement de "sauvage". Pensait-il qu'un seul slow suffirait ?
Alison s'était montrée hésitante, et Sasha avait abandonné.
Il avait abandonné l'idée de rétablir sa vérité aux yeux de la rouquine.
Mais à plusieurs reprises depuis leur conversation dans les serres, elle a senti qu'il veillait sur elle, d'une façon ou d'une autre, sans rien réclamer en retour. Ses sourcils demeurent froissés alors que l'Ukrainien libère son bras.
— C'est pas c'que tu veux ou c'que tu veux pas faire le problème Sasha, énonce Alison consciente de l'impulsivité gorgeant les veines du sixième année. Son père aussi s'énerve vite, elle connaît ce genre d'attitude. C'que tu veux pas faire impacte quand même les gens, peu importe ton intention.
La cadette Carter soupire et range sa baguette à l'intérieur d'une poche de sa jupe. Vous devriez vous éviter, conclue-t-elle, loin d'être amusée de voir la brune et l'animagus ramener des conflits comme celui-ci jusqu'à Poudlard. Elle semble démunie face aux deux Slaves, bien que rassurée de savoir que Sasha n'a pas soulagé son envie de vengeance sur la frêle Anya d'une manière qu'elle ne lui aurait jamais pardonné. D'une manière qui n'aurait certainement pas pu être un réflexe. Ils vous ont ramené ici pour vous protéger, ajoute la rouquine, involontairement investie dans son rôle improvisé de médiatrice. Si vous continuez, ou si vous vous dénoncez, vous prenez le risque d'être exclus. J'sais pas où vous irez, mais si ça se trouve, vous devrez retourner là-bas, alors arrêtez. Elle les fixe sérieusement, soudain plus proche du caractère de Freya ou de Charlie que de sa propre attitude. En réalité, elle est brièvement imprégnée de l'éducation courte de sa mère ; son âme fraternelle, transmise d'abord par Kate puis, après sa disparition, par Freya.
— Ma mère était reporter de guerre avant de rencontrer mon père et j'ai lu tous ses articles. Je sais qu'elle a arrêté l'humanitaire car c'était trop difficile à encaisser au bout de plusieurs années. J'suis sûrement pas la mieux placée pour vous juger, mais j'pense que vous avez chacun à la fois des traumatismes et des torts, déclare-t-elle en observant la réaction d'Anya et Sasha.