Intriguée par l'enfance d'Alison au cœur d'une famille pleinement sorcière, portée par la célébrité d'Owen Carter, Sam pourrait presque l'envier. Grandir avec un homme qui a tout rejeté de ce monde alors même qu'il en fait partie l'aura sans doute coupé d'instants tels que les décrit sa camarade. Elle est incapable de regretter, pourtant, l'attachement sincère qu'elle a développé envers Alec ces huit dernières années. Sa vie aurait sans doute été radicalement différente si elle était tombée dans un autre foyer. Paradoxalement, cette vie reste peut-être celle qui se rapproche le plus de celle d'Alison. Une vie marquée par l'abandon, et le deuil.

- Ça d'vait être cool, Sam commente avec un sourire.

Faute de frères et sœurs, elle s'était accommodé des autres gamins de l'orphelinat, moldus d'abord, puis sorciers. Des connaissances, des amis, des frères et sœurs de galère, dispersés à travers le monde par les aléas de la vie. Elle avait échoué chez Alec. À Poudlard, elle avait rencontré ceux qui deviendraient finalement comme des frères, et voilà comment s'était composé la famille qu'elle considérait avoir aujourd'hui. Supplantée à celle qui n'avait pas voulu d'elle, et pour laquelle elle éprouvait parfois, égoïstement, une étrange nostalgie. Une nostalgie dont elle ne parlait à personne bien sûr.

La nouvelle attaque d'Alison est un nouveau succès, et Sam approuve encore d'un hochement de tête.

- J'reprends d'zéro. Décidée, elle formule en direction d'un mannequin visiblement en fin de vie. Anima Onmat !

Le mannequin est pris d'un soubresaut, émet une plainte qui résonne dans la pièce, avant de s'échouer pour de bon sur le sol. Sam grimace, pas vraiment réjouie de sa performance, encore moins devant celle, brillante, de sa camarade. Peut-être les garçons avaient-ils raisons de préférer se relaxer dehors. Peut-être aurait-elle du les rejoindre, elle y aurait été davantage à sa place qu'à côté d'une Alison Carter clairement bien plus prête qu'elle à mettre son nom dans la coupe de feu, dans quelques jours.

Mais Sam se secoue la tête, serre les poings, et se refuse à se laisser aller. Elle va y arriver. Elle doit y arriver.

Les yeux écarquillés, Sam constate que le mannequin d'Alison ne se contente pas de tenter esquiver ses sortilèges, ou la contourner pour physiquement se jeter sur elle. Il lui lance des éclairs. Son animation est aussi réussie que celle des professeurs lors des cours pratiques. Le fait, notable, n'est pas sans rappeler le sérieux d'une Alison on-ne-peut-plus studieuse qu'elle, qui n'hésite pas à aller au bout des choses.

À côté, Sam fait pâle figure. Il est clairement plus simple de paraitre pour une travailleuse aux côtés de Balthazar, Jimmy, ou même Ferguson. Elle n'en reste pas moins la meilleure du groupe, car Ambrose surpasse de loin ses capacités de concentration lors des cours, des devoirs, ou des entrainements magiques. Il n'a pourtant pas les mêmes fiches organisées qu'Alison Carter, et elle doute qu'il saurait faire d'un mannequin un véritable adversaire d'entrainement comme elle vient de le faire.

L'admiration de Sam pour sa camarade Serpentard grandit alors qu'elle l'observe faire une croix dans l'air, et hoche gravement la tête en répétant l'action au ralentit. Son mannequin à elle demeure en mouvement, mais c'est à peine s'il imite le pas d'un duelliste, sans jamais tenter une approche, ou une quelconque attaque qui lui permettrait une riposte. Impressionnée par la seconde réussite d'Alison, et surprise par sa confession, elle écarquille les yeux :

- Sans dec ? Putain ben c'est classe.

Jurer, Sam l'a toujours fait. Du haut de ses huit ans déjà, elle se souvient avoir craché aux pieds d'Alec et de Lily en croisant les bras. M'en fout d'partir avec vous les tarés. J'vous connais pas moi. Empruntant la posture de la Serpentard, Sam se focalise sur son mannequin de nouveau, pour une seconde tentative plus sérieuse, dans une imitation qu'elle espère parfaite de sa camarade.

- Aranea Telam !

La toile est encore vraiment trop ridicule pour représenter une quelconque gêne pour le mannequin, qui l'ignore complètement et se met même à bouger d'une manière un peu grotesque, comme si son animation arrivait quelque part à son terme. Sam grimace.

- Ok j'crois j'vais faire une chose à la fois et essayer d'rebooster mon mannequin. Le tien est vachement plus efficace.

À côté de Sam, Alison s'est également lancé en un contre un contre son propre mannequin, l'entravant dans une toile soigneusement tissée. Comme Sam cependant, elle s'est laissé distraire par les effets de son sortilège, et n'a rien enchainé alors que déjà, son adversaire se relève.

- Grave, la batteuse commente avec un rire léger. C'est plutôt cool, ça veut dire qu'on a bien réussi notre animation !

Ça veut aussi dire qu'il faut davantage se concentrer, si elles veulent se mettre dans le contexte d'un véritable duel, mais elle préfère se focalise sur le positif. Tout ceci n'est qu'une mise en jambe, après tout, et plus l'entrainement avancera, moins elle fera d'erreur comme celle-ci. Inspirée par le succès de sa camarade, Sam brandit sa baguette pour tenter à son tour l'incarcération arachnéenne.

- Aranea Telam !

L'imitation est plutôt bonne, bien que le geste reste peu assuré. Il faut dire que Sam n'a jamais tenté ce sortilège. Il fonctionne pourtant, et elle en reste la première surprise. Cependant, le cocon reste inachevé, et le mannequin n'est pratiquement pas gêné par celui-ci. Sam ne se démonte pas, et demeure focalisé sur sa cible.

- Faudra qu'tu me montres le bon geste, elle annonce à l'intention d'Alison. C'est stylé comme sort !

Devant la réussite d'Alison, Sam affiche un sourire large.

- Yes ! Trop bien. C'est parti.

Les échecs répétés ne sont pas oubliés, mais déjà la batteuse est passée à autre chose. Forte de son expérience sportive, elle n'est que trop au fait de l'impact du mental sur ses capacités, et elle préfère largement se focaliser sur leurs derniers succès. Sans hésitation aucune, la sorcière se positionne en véritable reflet de son propre mannequin, et tente un premier sortilège dans sa direction, la voix claire, le geste sûr.

- Stupefix !

Le jet fuse et frappe la poitrine blanche de plein fouet, figeant le mannequin dans son mouvement. Il tombe au sol dans un bruit mat alors que Sam se redresse fièrement, et relâche son attention. Sa cible ne tarde pourtant pas à retrouver ses capacités de mouvement, et a tôt fait de se relever, faisant pester la sorcière : elle n'aurait pas du se relâcher. Un véritable adversaire aurait déjà pu lui renvoyer un sortilège !

La tentative d'Alison se solde à nouveau d'un échec, et Sam grimace. Soit c'est pas le bon jour, soit elles ne sont pas dans le bon état d'esprit. Elle aurait plutôt tendance à pencher pour la seconde option. D'autant qu'un état d'esprit, ça se change. La poitrine s'enfle sous l'inspiration profonde qu'elle prend, alors qu'elle s'avance à son tour.

- J'ai ça.

Elle dessine dans l'air la gestuelle de la formule, similaire à ce que vient de faire Alison, et à ce qu'elle vient elle-même de faire plusieurs secondes plus tôt. 

- C'est vraiment c'qu'on fait. Pis on a la bonne formule et tout. C'est juste...

Sam inspire de nouveau, et se secoue brutalement comme pour relâcher une tension inexistante.

- ... une question d'mental ! Elle achève en direction d'Alison. Faut j'me mette en mode compet. Elle se met à sautiller un peu d'une jambe sur l'autre, histoire de réveiller son corps, et avec un peu d'chance, sa magie.

Sa tête se penche d'un côté et d'un autre, et des craquements imperceptibles lui relâche les nerfs.

- Ok. Déterminée, elle brandit sa baguette, et braque le mannequin d'un regard sévère. Anima Onmat !

Le jet de sa baguette touche le mannequin, qui se met à bouger d'une manière sans doute un peu robotique, néanmoins efficace. Ça a eu l'effet escompté, bien que ce ne soit pas si impressionnant : il ne parviendra sans doute pas à parer les prochains sorts qui lui seront lancés, mais il aura le mérite d'être en mouvement. Satisfaite malgré l'imperfection, Sam affiche un sourire en laissant sa place à Alison :

- T'vois ? Tu devrais essayer.

Le sortilège est une réussite. Mais le problème est au-delà de la douleur. Ça a tellement enflé que ça fait la dimension d'une balle. Catastrophée, Sam n'attend pas que le professeur arrive pour tenter de résorber l'énorme boursoufflure. C'est une blessure mineure pas vrai ? Impressionnant, mais pas forcément grave. Elle imagine. En tous cas, s'ils parviennent pas à régler ce genre de truc, c'est sûr qu'ils ont rien à faire au tournoi. Alors elle agite de nouveau son instrument au-dessus de la rotule d'Ambrose.

- Episkey !

Ça n'a aucun effet. Soit parce que Sam a planté son sort, soit parce que la blessure est pas du tout du domaine que peut soigner un simple bisou magique.

- Fais chier. J'connais que celui-là.

- Ça craint. Moi non plus j'en connais pas d'autre.
- Au moins t'as plus mal.

C'est dingue d'attendre ce genre d'évènement pour réaliser qu'ils ont complètement fait l'impasse sur leurs révisions en médicomagie. Un truc un peu essentiel quand on va mettre son nom dans la coupe pour le tournoi des trois sorciers.

Entrainée à la suite d'Alison, Sam l'observe tenter un premier sortilège, qui reste sans effet. Approuvant toutefois l'idée de mettre leurs futures cibles en mouvement, Sam se décide à suivre le mouvement alors qu'elle brandit à son tour sa baguette dans la direction des mannequins. Plutôt, d'un mannequin, comme vient de le lui conseiller Alison.

- Ok.

Tic de langage pour s'encourager elle-même avant tout entrainement, additionné au simple rituel d'inspirer et d'expirer plusieurs fois. À son esprit, la rémanence de sa copie partielle de parchemin, pratiquement un échec. Une fois, pas deux. 

- Anima Onmat ! Prononce t-elle distinctement.

Le jet de sa baguette touche le mannequin, mais si ce dernier a un hoquet de stupeur, il ne tarde pas à reprendre sa posture inerte. Il faut dire qu'elle s'est déconcentrée toute seule, à restée focalisée sur son échec précédent plutôt que sur la réussite de ce sortilège. Pestant contre elle-même, elle accorde tout de même à Alison :

- T'as raison, faut les tenter un à un. J'étais pas focus. T'veux réessayer ?

Elle se console en se disant que ce n'est que l'échauffement. Le temps finalement, de se mettre dans le bon état d'esprit, et de parvenir à bien canaliser sa magie.

Cool. La réponse d'Alison rappelle brutalement à Sam les articles de journaux parus pendant l'été. Elle n'en aurait pas eu connaissance avant la rentrée, si ce n'est pour Ambrose et son abonnement quotidien à la gazette. Il l'avait informé, comme le reste du groupe tout aussi peu trempé dans l'actualité du monde magique, du tragique décès de Kate Carter. Officialisé par le retour d'Owen Carter à Pré-Au-Lard, la nouvelle avait laissé Sam dans un état oscillant entre la peine et l'excitation.

De la peine pour la famille Carter, dont elle n'était pas proche, mais pour laquelle elle ne pouvait s'empêcher d'avoir de l'empathie. De l'excitation à l'idée d'avoir peut-être l'occasion de rencontrer la légende du Quidditch lors de leurs excursions au village, l'année suivante. Première témoin de la violence d'un deuil, Sam avait montré le même respect à Alison qu'Alec lui avait demandé, lorsqu'elle avait aménagé chez lui.

On n'évoque pas les morts que l'on a pas vraiment connu.

Au même titre que Sam n'avait jamais parlé de Lily tant qu'Alec n'engageait pas lui-même la conversation, elle s'était gardé d'approcher les filles Carter à ce sujet, à la rentrée ou après, contrairement à certains camarades. Se décidant à focaliser pleinement sur le tournoi, ou la raison de leur présence dans cette pièce, Sam secoue la tête à la mention des sortilèges qu'ils allaient voir en cours et qu'elle devrait, selon Alison, retirer de son programme personnel.

- J'les laisse là parce que j'compte approfondir en dehors des cours.

Les heures d'enseignement ne suffisaient pas à bosser un sortilège à l'extrême, formulé, informulé, avec ou sans baguette. Elle fronce les yeux alors qu'Alison lui demande s'il manque des matières, et porte son attention sur les parchemins que sort sa camarade. Des fiches très claires et travaillées, loin des pattes de mouche de Sam, certains sortilèges surlignés dans diverses couleurs selon une logique vraisemblablement très organisée.

- Oh, waw.

D'une main, Sam saisit un coin du parchemin - un papier parfaitement lisse et visiblement protégé d'incidents d'encrier ou de boisson renversée.

- T'es sûre que t'aurais pas du aller à Serdaigle ? Elle énonce sur le ton de la plaisanterie.

N'empêche que c'est vachement plus complet que ce qu'elle a mis bout à bout. Bien sûr, Sam avait prévu de bosser quelques sorts de septième année, dans l'éventualité ou elle en aurait le temps, aussi se sent-elle plutôt galvanisée par le fait qu'Alison partage l'idée.

- J't'avoue que j'avais envie d'bosser l'attaque en prio. L'sort de stupéfixion. J'galère à l'informuler, je sais pas pourquoi.

Baguette en main, Sam ne délaisse pourtant pas le parchemin d'Alison, qu'elle lui montre avec un regard interrogateur :

- Ça t'embête si j'le duplique pour avoir une copie ? C'est vachement mieux que ce que j'ai fait...

Elle attend la validation de la sorcière avant de reposer la feuille sur la table, pour mieux formuler son sortilège :

- Gemino.

Le parchemin est copié, mais dans sa version la plus basique : pas de couleurs pour mettre en valeur les sortilèges ou les classer. Bon. C'est toujours mieux que rien. Sam fait de même sur le sien, et le glisse en direction de sa camarade, un sourire gêné sur les lèvres :

- Pour c'que ça vaut, peut-être que y en a auxquels t'avais pas pensé dedans, même si j'en doute.

Sam grimace, et se contente d'hausser les épaules. L'évocation de parents lui fait toujours le même effet, même après toutes ces années passées aux côtés d'Alec. Si la situation d'Alison est de notoriété publique, celle de Sam n'est finalement connue que des poufsouffles avec lesquels elle traine quotidiennement, et une poignée d'autres élèves côtoyés entre deux cours et sessions de Quidditch.

- Alec est pas ravi, elle se contente d'énoncer avant d'affirmer : mais ça reste mon choix et il le respecte.

On-ne-peut plus d'accord avec Alison, Sam refuse de croire que Poudlard ouvrirait les inscriptions aux adolescents de son âge si le tournoi s'avérait si risqué. Alec était d'ailleurs du même avis, bien qu'il insiste régulièrement dans ses courriers pour qu'elle s'entraine autant qu'elle peut afin d'être parée au pire. Toujours, l'homme a eu cette faculté de lui donner l'impression de pouvoir tout réussir, pourvu qu'elle s'en donne les moyens, ne mettant jamais de barrière à ses ambitions.

Aussi risquées soient-elles.

Enthousiasmée à l'idée d'avoir une partenaire d'entrainement, Sam se redresse de sa table, sa baguette extirpée d'un geste de l'une des poches de son pantalon. Elle hoche la tête à la question d'Alison.

- Ouais ! Pas mal. Pis Fergus est v'nu quelques jours donc on a pu faire quelques duels, c'était cool.

Quelques semaines, en réalité. Viré de son foyer pour la troisième fois consécutive, puis de son travail, Gus avait écrit à Sam, puis emprunté le bus quittant Londres pour la rejoindre chez elle. Ce n'était ni la première, ni la dernière fois que le garçon créchait sur place, et Alec n'y voyait jamais le moindre inconvénient, de même qu'il ne s'opposait jamais à la présence d'aucun des amis de Sam. S'il regrettait sans doute le temps où Sam l'accompagnait dans son atelier, il trouvait un certain soulagement à ce qu'elle garde contact avec le monde magique avec lequel il n'avait, lui, plus de lien.

- D'ailleurs j'essaye d'augmenter le niveau en travaillant tous mes sortilèges en informulés. J'pense que ça peut être vital pour le tournoi, tu vois ? Ça et la manumagie, au cas où on perdrait notre baguette.

Sam fait glisser sa liste de sortilèges sur la table pour la montrer à Alison.

- J'ai récapitulé tous les sorts que j'pense les plus utiles en cas d'épreuve d'orientation ou d'confrontation.

Peut-être sa camarade verrait-elle des failles dans son organisation, des éventualités auxquelles elle n'avait pas pensé avec Fergus et Ambrose. Finalement, il était réconfortant d'avoir un œil neuf sur la situation.

- Cool.

La réponse de Sam a été concise alors qu'elle tirait une chaise sans grande délicatesse et la retournait complètement pour que son dossier se trouve devant la table. Installée à cheval dessus, elle a tôt fait d'ouvrir un premier manuel, dans lequel se trouve un parchemin usé. Ce dernier récapitule l'ensemble des sortilèges qu'elle souhaite maîtriser avant le tournoi, y compris en informulé, mais aussi sans utiliser de baguette magique. Elle y a inscrit, dans une écriture serrée et minuscule, l'ensemble des nuances que nécessitent leur gestuelle, et leur prononciation.

Elle les parcourt rapidement des yeux, une main soutenant son menton, l'autre reposant sur la table. Elle sait pertinemment par lequel elle veut commencer, en réalité, mais il lui parait important de tous les relire une première fois. Comme lors d'un duel, les épreuves nécessiteront qu'elle les connaisse tous par cœur pour réagir le plus rapidement et le plus efficacement possible, elle en est tout à fait certaine. Le silence ne tarde pas à être brisé, cependant, et Sam redresse la tête vers Alison. Sourcils arqués, elle secoue la tête à la négative devant sa question, haussant les épaules brièvement.

- Nah. Il a rien dit. J'imagine qu'on en saura plus samedi ?

Puis, alors qu'Alison lui demande si elle compte mettre son nom dans la coupe, Sam se redresse tout à fait de son siège pour l'observer avec curiosité.

- Bah ouais. Carrément. Toi aussi non ?

Sa décision était prise depuis l'annonce du tournoi lui-même, un an plus tôt. Sa participation aux cours de soutien alors même qu'ils devaient plancher sur leurs BUSE avait eu le mérite de remplacer des heures de matchs de Quidditch tristement annulées, tandis que sa volonté de participer réellement se trouvait chaque fois un peu plus fortifiée. Forte de ses résultats plutôt bons aux examens de juin dernier, Sam n'a pas changé d'avis, pas plus qu'Ambrose ou Ferguson. Ce dernier pourtant, n'a pas égalé leurs notes dans toutes les matières et Sam craint secrètement que son nom soit tiré sans qu'il ne soit vraiment prêt.

- En fait c'est pour ça que j'suis là, elle poursuit avant de désigner les mannequins d'un geste du menton. J'ai prévu de m'entrainer un peu parce que j'veux être prête si j'suis choisie. Si ça t'dit on peut s'entrainer ensemble en vrai.

Ils l'ont tous lâché, ces gros nazes.

- C'est qu'la deuxième semaine de cours Sam !

- Fais super beau...

- Grave, on bossera quand il f'ra moche.

- Y a l'tournoi les gars. Gus, Ambrose ?

- Détends ta culotte Chadwick, l'tournoi c'est pas à la minute.

- Les inscriptions ouvrent pas avant samedi déjà.

- Et alors ?

Alors, ils l'ont tous lâché, ces gros nazes. L'truc c'est que l'annonce du professeur Pope est gravé dans son crâne. Elle veut pas juste se sentir prête. Elle veut se sentir plus que prête. Elle veut pas hésiter une seconde quand viendra l'heure de mettre son nom dans la coupe. Elle veut le faire en toute conscience, et pas à la légère. L'problème c'est que pour Ferguson, tout est à la légère, et Ambrose... elle en revient pas qu'Ambrose non plus la suive pas en fait. Juste parce qu'il fait beau.

À l'agacement pallie la détermination. Sam n'a jamais eu besoin de personne pour avancer sur les objectifs qu'elle se donne, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer. Elle n'est passé en salle commune que brièvement, pour troquer son uniforme contre un jean baggy à multiples poches, un tee-shirt large à l'effigie d'un vieux groupe de rock, par-dessus lequel elle a enfilé sa veste de Quidditch. Large et confortable, elle arbore le numéro neuf au cœur, et sur son dos.

Sa sacoche de cours lui battant le flanc au rythme de pas réguliers, Sam grimpe les marches pour rejoindre le premier étage, et  rejoint une salle désaffectée qui jouxte les salles de cours. Communément utilisée comme salle d'études plus privative par plusieurs élèves, elle n'est pas vraiment surprise de ne pas la trouver déserte. Pas surprise non plus par l'identité de son occupante. Alison a suivi tous les cours de soutien de l'année dernière en vue de participer au tournoi, et c'est une fille assez studieuse pour prendre tout ça au moins aussi sérieux que Sam.

- Salut. Ça t'embête pas d'partager la salle ?

La sacoche est déposée sur une table d'un simple geste, et quelques manuels en sont sortis. Tous des manuels de sortilèges, qu'elles souhaitent travailler. Plusieurs mannequins sont rangés au fond de la pièce, pour certains relativement usés malgré des réparations magiques répétés. Ce sont des mannequins qu'utilisent de nombreux professeurs pour les exercer à la magie lors des cours, stockés là et largement utilisés par les élèves en études.

- Ambrose !

L'éclat de Sam est soudain. Paniqué. La créature s'est jeté sur son ami sans la moindre hésitation, si vivement que rien n'a pu l'empêcher d'assener son énorme gourdin directement sur la rotule du garçon. Ni une ni deux, elle saisit l'arme du chaporouge, à laquelle il reste accroché, dansant d'un pied sur l'autre comme un diable.

- Lâche ! Lâche ça !

Il ne lâche rien, et Sam non plus. Pire, il se met à grogner hargneusement, aussi Sam opte t-elle pour une autre solution - plus radicale. Ses mains se délestent du gourdin d'un seul coup, envoyant paitre le chaporouge en arrière. Elle se dresse de toute sa hauteur en écartant les bras pour lui faire peur, lui balançant des brindilles pour l'éloigner.

- Dégage ! Va dans ta cabane !

Miraculeusement, le chaporouge obéit. Sam rejoint alors Ambrose, qui est parvenu à s'éloigner suffisamment de l'enclos, son visage empreint d'inquiétude :

- Ça va ? Putain il t'as pas loupé. 

Hors de question de retenter quoi que ce soit. C'est infaisable avec la haine viscérale de la créature pour Ambrose. D'ailleurs, même s'il n'avais aucun problème avec lui, Sam ne saurait vraiment pas comment le forcer à faire ce parcours d'obstacles pour eux : ce n'est pas comme s'ils avaient quoi que ce soit à lui offrir en retour, ou la moindre idée de ce qui pourrait le motiver en dehors de quelconque nourriture.

- Écoute c'est pas grave, on déclare forfait pour c'coup là, elle déclare solennellement.

Mais alors qu'elle s'installe, elle voit le genou d'Ambrose qui enfle, et qui enfle encore à vue d'œil. Elle pâlit, et jette un regard catastrophé au professeur. Sa baguette, elle est rapidement brandit tandis qu'elle se positionne à genoux devant son ami.

- MONSIEUR BOWERS ! ON A BESOIN D'AIDE PAR ICI !

D'un geste, elle lance le seul sortilège qu'elle connait, pour au moins alléger la douleur d'Ambrose.

Essoufflée, le visage légèrement rosie par l'effort, les genoux éreintés, Sam secoue la tête. Mécontente de sa performance, principalement, même s'il était évident qu'on parviendrait à la tacler bien avant qu'elle n'atteigne même le milieu de terrain. Ça reste une déception, surtout lorsqu'elle entend leur professeur lui indiquer qu'elle doit rejoindre la base. Aucune chance qu'elle n'ait le temps de faire l'aller et retour nécessaire pour revenir se poster en défense. Autrement dit, Ferguson avait champ libre pour faire de leur équipe celle qui remporte la victoire.

Sam se déplace en D1

Sam a beau s'attendre à l'offensive, elle est tout de même prise par surprise lorsqu'un jet puissant l'atteint de plein fouet au niveau des jambes. Contre toute attente, c'est Alison qui s'est précipité directement sur elle, baguette au poing, visiblement déterminée à ne pas attendre que son capitaine prenne les devants.

Les circonstances lui donnent raison, car personne parmi ses équipiers n'est capable de faire bouclier tandis que les jambes de Sam se magnétisent brusquement, absurdement, la faisant s'écrouler au sol menton vers l'avant.

Elle grogne, jure, mais ne pousse aucun cri alors que plusieurs gouttes de sang s'écoulent de ses lèvres. Habituée des blessures en tous genres, elle n'a qu'une pensée en tête et une seule : les drapeaux. Il faut que quelqu'un les récupère avant que l'équipe adverse ne reprenne précisément où ils en étaient.

Sam s'écroule en B1, repartira vers sa base au prochain poste. Les deux drapeaux y gisent également.