Une moue d'incompréhension froisse brièvement les traits de Sam. Pas besoin de se dépenser entre les épreuves ? Le tournoi se déroule sur toute l'année, et il n'y a que trois tâches. Il parait évident qu'elle aura très largement le temps et l'envie - la nécessité même - de pratiquer son sport préféré. Les entrainements sont à ses yeux autant de moments de travail que de relâche. Intriguée, Sam se demande ce que fait Alison lorsqu'elle n'étudie pas.

- C'est aussi ma manière d'me détendre, elle précise à l'intention de la sorcière. Alors crois moi j'en aurais b'soin.

Alison lui prodigue un conseil au sujet du sortilège de gravité variable, et Sam doit bien admettre qu'il est possible que ça n'ait pas été la manumagie le problème. À moins que ce ne soit un combo des deux. Incapable de ressentir le lien avec sa magie, elle aurait chié sur la prononciation ? Fort possible. Décidant de reposer Babsi a présent qu'elle en a retrouvé l'étincelle, Sam inspire et expire profondément. Alison parvient sans peine à reproduire l'effet précédent, et Sam se replace pour l'imiter :

- Gravitas Vacuus !

La tentative est louable. Son mannequin ploie le genou, et le corps entier, mais on est loin de la véritable attraction de Jupiter que Sam recherchait. Visiblement, son adversaire est cncore capable de la combattre, tandis que le mannequin d'Alison semble ne rien ressentir de ce second changement gravitationnel. Sam étire toutefois un sourire large vers sa camarade alors qu'elle met fin au sortilège :

- Merci, c'était complètement ça !

Sam fronce les sourcils, réalisant subitement que ce que dit Alison est vrai.

- J'avoue. C'est cool. L'échauffement a du aider, elle glisse avec un sourire léger. La compagnie aide pas mal !

Sa camarade ne manquait aucun sortilège en début de séance non plus, contrairement à elle, et son ambition ne participait qu'à montrer l'exemple là où les garçons auraient eu tendance à grandement se disperser - et la disperser avec eux. La seule personne avec laquelle elle parvenait à rester scolaire plus de vingt minutes était Ambrose, mais il représentait une distraction à lui tout seul, qui ne lui permettait jamais de resté focalisée bien longtemps.

- Stylé. J'adore ce sortilège, elle partage en regardant Alison renverser la gravité.

L'astronomie n'intéressait guère Sam, bien que le professeur Wickerson soit suffisamment passionné pour alimenter la curiosité de n'importe qui. Il était amusant, et toujours plein d'anecdotes embellissant des cours qu'elle continuait de trouver plutôt ennuyeux, sur le fond. La partie pratique cependant était quelque chose qui l'avait toujours botté, et elle avait adoré le cours de l'an dernier qui les avait vu se promener de balise en balise en véritable virée nocturne.

- Gravitas Vacuus ! Elle imite Alison, encore une fois sans s'armer de sa baguette, le bras dirigé vers son propre mannequin.
 

Le sortilège échoue, la magie se refusant à elle. Visiblement, Babsi devient nécessaire, et Sam abdique en s'avançant jusque la table où git sa baguette. L'étincelle surgit à peine l'instrument saisit. Est-ce qu'il est vrai que les élèves de Uagadou n'ont pas de baguette magique du tout ? Comment font-ils sans ce lien qu'elle estime presque vitale, présent depuis ses premiers instants dans cette école ?

- J'sais pas, elle répond finalement, au sujet du Quidditch. J'pense que oui. J'en ai b'soin tu vois. Pour m'dépenser. Mais sans doute que j'aurais moins d'temps pour faire tous les entrainements...

Un rire lui échappe en réponse aux moqueries d'Alison, et elle rétorque :

- C'est juste que c'est pas tout à fait au point, mais t'verras bien quand j'aurais maîtrisé !

De nouveau face à son mannequin, dont l'animation ne semble guère faiblir, la batteuse décide de poursuivre l'entrainement sans baguette. Dans trois jours à peine débarqueront les délégations des deux autres écoles en lice pour le tournoi : Beauxbâtons, et Uagadou. Sam a entendu bien des rumeurs à leur sujet. Notamment que certains de ces élèves maîtrisaient la magie sans baguette depuis leur première année car ils n'en possédaient pas, ou encore qu'une poignée serait des animagus accomplis.

- J'osais pas l'dire, elle réagit à la plainte d'Alison avec malice, un sourire sur les lèvres. En vrai j'pense juste qu'on pousse un peu, Sam énonce plus sérieusement. Mais c'est bien. Il faut. J'suis pas sûre qu'on ait l'droit au repos pendant les épreuves du tournoi !

Un écart lui permet d'esquiver un autre sortilège lancé par son adversaire, et elle se positionne proprement cette fois. Se force à se focaliser malgré la fatigue qui commence à doucement se faire sentir.

- Levicorpus !

Un crochet invisible semble saisir le mannequin par le mollet pour venir le suspendre au plafond, dans un mouvement approximatif, mais suffisamment efficace. Sam ne parvient guère à l'y maintenir cependant, et le mannequin retombe lourdement dans la seconde suivante. Elle se ploie légèrement pour poser ses mains sur ses genoux, histoire de reprendre son souffle.

Aux premières lueurs du jour
 

- Nan, c'est mort.

- Pourquoi c'est mort ?

- Parce que Gus, j'ai proposé mon aide, pas un foutu traquenard où t'vas passer la matinée à l'emmerder !
- J'vais pas l'emmerder ça va j'sais m'tenir.

- Mh ?
- Sérieux !
- Sérieux, Gus, c'est mort. Bouge, j'dois me préparer.

C'est pas si mort que ça, visiblement. Moins de vingt minutes plus tard, Sam quitte la salle commune talonné par Ferguson, encore abasourdie par ce qu'elle vient d'apprendre. D'où, en fait ? Et d'où l'mec a gardé ça pour lui autant d'temps ?

- J'en r'viens pas.

- Passe à autre chose Chadwick, Fergus grogne à moitié.

- Nah. C'est mort. Genre t'as date Alison. J'suis morte. Quand les gars vont savoir... vous avez ken ?

- Ferme là, ça t'regarde zéro, et personne va savoir ok ?

Elle secoue la tête, ferme sa gueule devant le regard noir de Gus. Elle dira rien, parce qu'elle a bien capté l'idée, mais ça va quand même la démanger. Elle lève les mains en signe d'innocence, son sac en bandoulière lui frappant la hanche au rythme de ses pas.

- Tranquille. On peut savoir pourquoi c'est un si gros secret ? Si vous avez passé un si bon moment ?

Ferguson répond pas, et Sam décide de pas insister. C'est rare de voir son pote comme ça, et elle connait les limites quand il s'agit de le charrier. C'est lui qui change de sujet, réclame de savoir c'qu'elle a prévu. Elle sait pas trop, en réalité. Pas plus qu'elle sait vraiment ce qui lui a pris de proposer subitement son aide à Alison en début de semaine. Juste, elle est plutôt contente que le nom de la Serpentard ait été tiré, et elle a gardé en tête leur conversation pendant leur entrainement improvisé.

- J'pense que faut lui faire découvrir nos entrainements de Quid. Les élèves s'cantonnent aux bases pendant les cours de vol t'vois ? Et c'est une meuf organisée. j'suis sûre qu'elle les maîtrise, les bases. Juste elle a pas trop d'pistes pour aller plus loin.

- T'crois que y aura une épreuve de vol ?

- J'en sais rien Gus. Mais si c'est l'cas au moins elle aura plus que juste des bases.

C'est pas comme si Sam se sentait d'apporter quoi que ce soit à Alison dans l'reste des matières de l'école. Gus a l'air d'approuver, et il ferme curieusement sa gueule tout le long du trajet. Comme s'il était nerveux à l'idée d'se pointer au cours improvisé malgré le fait que ce soit lui qu'ait insisté pour venir. Sam a donné rendez-vous à Alison sur le terrain, devant les vestiaires des joueurs, et elle l'aperçoit rapidement au loin. Il fait un temps assez idéal pour voler.

- Hey ! J'ai ramené du renfort j'espère ça dérange pas, elle annonce dès qu'elle arrive à portée d'voix.
- Yo. 

L'type a beau se donner un air, Sam voit très clairement au travers. Il est méga intimidé. Elle se force à réprimer le rire qui menace de s'échapper, et décide de focaliser sur Alison. Son sac a été déposé dans la pelouse, et les deux poufsouffles sont en tenue d'entrainement, leurs balais les attendant sagement en réserve.

- J'ai ramené d'quoi faire. Des balles, des battes, tout un tas de bordel emprunté dont ils se servent à l'entrainement. T'es prête ?

- Oh. 

Loin d'être habituée à entendre ce genre de discours concernant Ferguson, Sam reste interdite face à la réponse que lui offre Alison. L'admiration de son ami pour la Serpentard n'a rien d'un secret au sain du groupe. Ils le charrient même régulièrement sur le sujet. Le type a un crush tellement vénère que ça en devient grotesque. Mais bien sûr la seule manière qu'a trouvé Gus pour s'attirer l'attention d'Alison, c'est de la faire tourner en bourrique le plus possible, en cours comme en dehors. Il s'est jamais récolté que des regards noirs ou des claquements de langue agacés.

C'est la dernière personne que Sam imaginait énoncer quoi que ce soit de positif à propos de Gus.

- Clairement, elle affirme finalement en échappant un rire léger.

Ferguson Decker qui fait pas de bordel n'est pas Ferguson Decker. Elle peut bien concéder ça. Le chauve-furie d'Alison part harceler son mannequin, et Sam hausse les épaules à la question qu'elle lui pose :

- Un ventus peut-être bien ? Ou alors un autre chauve-furie. Ça f'rait un tournoi au milieu du tournoi, elle se marre en imaginant la scène.

Décidant de mettre en pratique ce qu'elle vient d'annoncer, Sam se déplace vers le côté de la salle histoire d'être en position de défendre l'adversaire d'Alison. Elle n'est pas tout à fait derrière, mais son angle de tir est plus qu'acceptable. Son propre mannequin se met en mouvement pour la suivre, et elle sait qu'elle n'a pas beaucoup de temps avant de subir son attaque. Concentrée, elle tend la main vers l'avant et s'applique avant de balancer :

- Vampirello Fléau !

La horde s'échappe dans l'air et fond sur la cible : l'autre nuée de chauve-souris. Sauf que visiblement, l'idée n'a pas été comprise, et le mannequin d'Alison est désormais assailli par un double groupement vampirique acharné. Grimaçant, Sam n'a guère le temps de rectifier le tir, car déjà survient un éclair, de l'autre côté. D'un bond elle l'esquive, se prépare à la contre-attaque.

Sam se contente d'hausser les épaules, une moue sur la gueule toujours à celle d'un Ferguson qui se sent plus pisser. Un sourire finit toutefois par étirer ses lèvres, rompant l'acting de fausse modestie pour une fierté presque enfantine. Même elle ne pensait pas réussir du premier coup, et ça lui parait complètement prometteur pour la suite. La réplique d'Alison fait pourtant disparaitre son sourire, et Sam fronce les yeux presque par réflexe.

Entre eux, les gars et elle se charrient constamment. Sûr que cette même phrase est sortie une ou deux fois, parce que bien sûr que Gus fout l'bordel partout. Mais la différence, c'est que Gus est leur pote, et que ça reste une foutue vanne. Dans l'fond, ils croient tous en ses capacités, et le poussent constamment à faire de même. Ferguson est son premier ennemi lorsqu'il s'agit de croire en lui-même, et le fait que bien des élèves pensent comme lui qu'il n'ira jamais bien loin dans la vie ?

Ça la fait royalement chier.

Alison est pas une pote de Gus, mais il n'est pas difficile de savoir ce qu'elle pense de lui. Pour sa défense, elle ne voit jamais que le pire côté de son ami. Celui qu'il étale devant le monde pour se faire passer pour un dur, ou un débile, ou les deux à la fois. Les lèvres un peu pincées, elle hausse les épaules et pousse un soupir.

- Peut-être bien, elle admet. N'empêche qu'il va pas mettre pas son nom dans la coupe pour rien.

La vérité c'est que Ferguson voulait pas participer avant qu'Ambrose et elle le convainquent qu'il a toutes ses chances. Qu'il vaut pas moins qu'un autre. Encore aujourd'hui, elle est à peu près certaine qu'il y croit pas du tout et qu'il les suit que parce qu'ils lui ont demandé. Y a peu d'choses que Gus ferait pas pour eux. Le succès d'Alison étire toutefois un sourire encourageant sur la figure de Sam, et elle décide d'enchainer en se protégeant de l'attaque de son adversaire, qui a vraisemblablement recouvré ses esprits.

- Protego !

La protection se déploie, fine et fragile, suffisante pour éteindre le sortilège du mannequin. Sam en ressent un certain épuisement mêlé d'une douce satisfaction. C'est clairement quelque chose qu'elle doit travailler, mais c'est aussi clairement en bonne voie.

La réussite de Sam inspire visiblement Alison a la suivre, et la tentative est couronnée de succès. Étirant un sourire satisfait, la batteuse inspire profondément et décide cette fois de poser sa baguette sur la table. De nouveau, elle décide de s'étirer. D'abord elle sautille légèrement, puis elle fait rouler ses poignets, ses chevilles, sa nuque. Le manège lui attire l'attention de sa camarade tandis que son mannequin ne semble plus vraiment la calculer, pendouillant tristement au plafond.

- J'passe à la vitesse supérieur. J'sais c'que j'ai le plus besoin de renforcer en vrai.

Dans un geste semblable à ceux de Ferguson Decker, et le plus naturellement du monde avec ça, Sam claque d'un doigt pour le pointer vers Alison en balançant son meilleur clin d'œil.

- La manumagie, babe !

Enthousiaste à l'idée de passer à cette phase de l'entrainement qu'elle juge crucial, le sérieux reprend aussitôt ses droits sur son visage, tandis qu'elle reprend une longue inspiration. Pas d'informulé cette fois-ci. Une chose après l'autre, ou alors ça ne vaudra pas le coup. Bras déployée, elle semble tracer un dessin dans l'air, puis elle annonce :

- Finite Incatatem !

Le mannequin se met à perdre en envergure, une seconde après l'autre. Le processus est lent, mais inarrêtable, visiblement, et la descente se fait tranquillement. Amplement satisfaite par sa performance, Sam recommence à sautiller, prête à monter au level supérieur et tenter une attaque.

- Ok, cool ! Acquiesce Sam à la proposition d'Alison.

Bon. Pas sûr que ça l'aide des masses. Le seul qu'arrive à vraiment lui faire avaler d'la théorie, c'est Ambrose, et c'est parce qu'il récite les cours comme on raconterait une bête d'histoire. Il a toujours des anecdotes tordantes à rajouter qui font que Sam se souvient des noms, et des dates. Vachement plus efficace qu'une simple relecture de notes. En relecture de notes, elle est à chier, parce que ça revient à du par cœur. Elle le sait, elle a essayé. Les fiches d'Ambrose ont clairement plus de gueule que les siennes, mais ça lui suffit vraiment pas à assimiler toute une leçon en s'contentant de la lire encore et encore.

La tentative d'Alison d'éjecter son adversaire d'une bourrasque se solde d'un échec.

- Mh. Peut-être bien.

La seule vraie manière de se débarrasser d'un épouvantard reste pour autant le sortilège du riddikulus, et toutes les deux en sont très bien conscientes. En l'absence d'une telle créature pour s'entrainer, Sam décide de changer de stratégies. Voyant ses liens se défaire de leur emprise et libérer son mannequin, elle s'essaie au domaine de la métamorphose - un domaine dans lequel elle est finalement bien plus à l'aise. Baguette braquée vers l'avant, elle se focalise pleinement, et décide d'informuler, chose qu'elle n'a pas essayé depuis le début de cette séance.

Le mannequin se transforme sous leurs yeux, prend de plus en plus de place. Enflé comme un ballon, il s'élève du sol et commence à partir vers le plafond, incapable de se mouvoir correctement pour maintenir son corps au sol, ou procéder à la moindre contre-attaque. Simple et efficace. C'est c'que dit toujours Ambrose.

Sam cogite. Elle sait pas. Pas faute d'y avoir réfléchit. Mais l'truc c'est qu'il traine un tel mystère sur les épreuves du tournoi que c'est carrément dur de savoir ce vers quoi s'diriger. Pope l'a dit. Vous aurez les plus belles peurs de votre vie. Les épreuves sont là pour les foutre en dehors de leur zone de confort. Les inquiéter. Les paniquer, même. Est-ce qu'ils seront jamais prêt à affronter des trucs qui sont juste voué à les surprendre et à les terrifier ? Jamais, sans doute. C'qui est sûr, c'est que c'est probablement en se tournant vers ce qui les terrifie justement le plus qu'ils arriveront à s'préparer à l'affronter. Mais est-ce que du coup cette peur en sera pas remplacée par une autre ?

- J'suis pas sûre, elle confesse. Les trucs où j'pêche c'est genre l'histoire de la magie, l'astronomie... j'ai pas l'impression qu'ce sera super utile au tournoi... 

Mais peut-être bien qu'si. Tout comme elles pouvaient pas être sûres que manipuler un balai avait le moindre intérêt.

- Toi t'es douée en histoire nan ? J'pourrais t'filer un coup d'main pour l'balai, et toi... t'vois ?

La proposition est jetée à la volée. Elle voit pas venir le sortilège du mannequin dans sa direction, et se jette sur le côté au dernier moment.

- Nom d'un Grapcorne ! C'était moins une.

Décidée à contre-attaquer, Sam opte pour la même formule que vient de tester sa camarade, et pointe son arme vers son adversaire :

- Incarcerem !

Des liens s'extirpent de la baguette de Sam, et viennent s'enrouler autour du mannequin en une prison suffisamment efficace pour geler ses mouvements. Sam enchaine, satisfaite.

- Tu vois j'me dis on gagnerait à affronter un épouvantard aussi. Pour affronter nos peurs et tout. Mais on a pas trouvé encore avec les gars.

Alison s'adresse au mannequin, et Sam étire un sourire en la voyant tenter une nouvelle fois : s'il est une chose qu'on ne peut pas lui retirer, c'est qu'elle n'est pas du genre à lâcher l'affaire, et c'est sans doute ce qui lui fera mériter sa place au tournoi si son nom est tiré. Son sortilège, prononcé pour la énième fois, trace l'air et vient heurter son adversaire de plein fouet.

- Bien joué !

Dans le monde sportif comme dans bien d'autres domaines, Sam a appris que ce qui faisait le cœur de la réussite au sein d'un groupe, c'est l'engouement que l'on peut donner face aux succès des autres. Armant Babsi entre ses doigts fermes, elle se focalise sur son propre assaillant, qui n'a pour l'instant pas tenter la moindre attaque : c'est à elle de l'enclencher.

- Abstergeo !

Le geste est précis, le sortilège efficace. Un bras du mannequin se retrouve scié et chute durement au sol, dans un ploc sonore. Il continue de bouger, évoquant quelques nuits d'halloween célèbres au sein du corps étudiants, et Sam échappe un rire joyeux, satisfaite de la performance. Elle s'active alors à réparer son mannequin dans la foulée afin qu'il retrouve son aspect originel.

Malheureusement, l'enchainement d'Alison reste une fois encore trop faiblard, et Sam ne peut que constater la frustration grandissante de sa camarade. Clairement, ce n'est pas quelque chose qui va l'aider à performer, au contraire. S'il est une chose que le Quidditch a enseigné à Sam, c'est bien la résilience dès lors que les choses ne se passent pas comme on le voudrait. Trop consciente de risquer énerver davantage la Serpentard en lui prodiguant des conseils après cette série d'échecs, Sam se contente de braquer son arme sur l'un des autres mannequins inanimés.

- Bon, faut j'retravaille mes animations en vrai. Anima Onmat !

Bien mieux concentrée que pour sa première animation, et avec une vision bien plus claire de ce qu'elle cherche à produire, Sam voit son sortilège percuter le mannequin de plein fouet. Ce dernier se met en branle, non loin de l'autre, ses mouvements souples et sa posture parée au duel. Sam hoche la tête, satisfaite de sa performance, et prend le temps de le saluer avec sérieux.

- Nah ça m'a réveillé, elle rétorque à l'intention d'Alison.

Cette dernière lâche rien. Retente son sortilège, qui se contente de chatouiller misérablement sa cible. La réaction du mannequin la fait marrer, et Sam secoue la tête, un peu incrédule.

- J'rêve. Au moins ton sort d'animation est v'là réussi.

Est-ce que ça pourrait être une épreuve du tournoi ? D'voir animer un mannequin pour leur faire faire des trucs impossibles à faire par des être-vivants ? Ça s'pourrait, en vrai. Même si ça paraitrait vachement simple. C'est pas comme s'ils allaient planquer des mannequins dans tous les décors.

- Bon vazy moi aussi j'vais tester d'le griller.

Parce qu'il fait beaucoup trop l'malin ce mannequin de toutes façons. Sam braque son arme sur lui, et prononce la formule accompagnée de son geste distinctif : une zébrure nette tracée dans l'air.

- Electrocorpus !

L'éclair jaillit, vient frappe sa cible avec précision et fait convulser le mannequin plusieurs secondes. C'est plutôt impressionnant, et c'est visiblement loin de le laisser de marbre. Il titube un peu, mais ne chute pas, et tarde à se remettre en garde, laissant champ libre à Alison pour le terminer.

- Ouais bah, ça s'tentait nan ?

Sam se marre un peu, avant de voir Alison retenter son arc électrique : pour un résultat similaire au précédent.

- Sérieux ? 

Elle esquive une fois encore, et l'éclair part frapper un cadre derrière elle. Son occupant, un vieux bonhomme maigrichon jusque là endormi dans son lit, se redresse brusquement, puis s'affaisse de nouveau pour mieux se rendormir aussitôt. Sam redresse sa baguette pour faire face à l'assaillant de bois, qui semble avoir oublié sa cible principale.

- Bombarda !

Le geste est effectuée avec décision, la formule claquée dans la pièce sans la moindre hésitation, mais le mannequin parvient à éviter le sortilège d'un mouvement souple sur la droite. C'en est un autre, parfaitement immobile et situé juste derrière lui, qui explose brutalement dans une gerbe sonore.

- Ah ouais ?

Surprise, Sam se remémore le nombre d'élèves qu'elle a croisé qui parlent de mettre leur nom dans la coupe depuis que le tournoi a été annoncé. Maintenant qu'elle y pense, elle était déjà surprise qu'ils ne soient qu'une si petite poignée à envisager mettre leur nom parmi la vingtaine de Poufsouffles concernés. Est-ce qu'il en allait de même pour les trois autres maisons ? Il n'y avait pas eu tellement de participation aux cours de soutien, et cela réduisait déjà drastiquement les possibilités de candidats.

Piochant dans ses propres friandises pour faire craquer de nouvelles billes contre son palais, Sam grimace à la mention d'Eddie.

- T'es dure. Il a carrément les capacités c'est juste...

C'est Eddie. Eddie qui, pendant les cours sur les épouvantards, s'est tiré en prétextant une furieuse envie de pisser pour éviter d'avoir à affronter sa plus grande peur. C'est un type bien Eddie, un type intelligent, mais c'est pas le stéréotype du champion. De là à dire qu'il leur foutrait la honte ? Sam est pas vraiment d'accord. À moins que ça la terrifie qu'on puisse dire une chose pareille sur elle, sur Gus ou sur Ambrose, pour un peu que leur nom soit tiré.

- Ohw.

D'un mouvement elle esquive l'éclair, qui vient s'écraser contre son paquet d'Explocolats. Les billes explosent les unes après les autres dans une gerbe sonore aux relents chocolatés, s'effondrent en minuscules copeaux sur le sol.

- Ben super. Tu m'dois quinze mornilles ! Elle balance à l'intention de l'assaillant, puis se marre avec légèreté. J'rêve. Bully par une animation d'mannequin. Elle marque une pause. En tous cas j'me dis, peu importe qui d'vient le champion d'Poudlard. On est tous dans l'même sac, on la r'présente tous, l'école.

Quelque soit l'nom tiré, Sam sait pertinemment qu'elle pourra compter sur les gars pour réfléchir aux épreuves tous ensembles.

- Bon allez j'retente. Sa baguette dirigée vers le mannequin qui vient de l'agresser, elle balance son sortilège : Cordes Titilandus !

 

Le mannequin se prend le jet de plein fouet, mais ne peut visiblement pas en ressentir les effets. Il a le mérite de prétendre perdre l'équilibre pendant une à deux secondes, avant de simplement se redresser comme si de rien n'était. Faut dire qu'on a rarement vu des bonhommes de bois se prendre une mine.