Homme
25 ans
Né-moldu
Britannique
Identité
-
- Diplômé·e
- Surnoms :
- Nationalité : Britannique
Capacités & Statuts
Groupes
Message publié le 19/08/2025 à 10:06
Putain. Si Freya elle-même sait pas ce qu'elle veut dire, ils vont carrément pas y arriver. Au moins ça la fait marrer. Lui, moins. Il reste la regarder avec un mélange d'ahurissement et de défiance. Puis, à mesure qu'elle essaye vaguement d'expliquer, les épaules d'Elliot s'affaissent. Le visage fermé, il essaie de raccorder les wagons. Des wagons vieux d'au moins dix ans. Il a l'regard qui flotte sur les rails désaffectés, la végétation qui s'infiltre au milieu des points d'rouille. Ses poings se serrent, et sa gorge aussi. Il finit par enfoncer ses mains dans les poches de son manteau, se force à la regarder de nouveau.
- De quoi ? Il balance un peu sèchement alors qu'elle parvient pas à terminer sa phrase. Envie de quoi Freya ?
Cette conversation va nulle part. Il commence seulement à l'voir. Elle sait ce qu'elle veut, mais elle sait pas ce qu'elle veut. C'est exactement comme quand ils avaient quinze ans. C'est compliqué en ce moment Elliot. J'y arrive pas. Il avait essayé d'y arriver pour eux deux, pis il avait abandonné. Il avait pris ses distances, parce que c'est ce qu'elle lui avait imposé. Renfermée sur elle-même, c'était devenu impossible de lui parler. Impossible pour elle d'expliquer ce qu'elle avait dans l'crâne, ce qu'elle voulait vraiment. Elle a pas mal changé, et en même temps elle a pas du tout changé. Il ressort les mains de son manteau pour les jeter en l'air :
- Tu sais pas c'que tu veux. Enfin si. Si. Tu sais c'que tu veux pas. Tu veux pas avoir mal. J'vais t'dire moi non plus. Pas mon grand kiff, franchement. Mais j'ai pas d'garantie à t'offrir, pas plus que toi en fait.
Elle croit quoi, qu'il l'a pas mal vécu sa cinquième année ? Qu'il a pas eu mal ? Qu'il a pas peur ? Il a peur. Il a peur de tout niquer pareil que la première fois, et pire que ça il a peur de même pas s'en rendre compte, parce qu'il est toujours pas sûr d'avoir compris ce qu'il avait fait de si terrible à cette époque là. D'un autre côté il sait très bien ce qu'il veut, et il est prêt à prendre un risque juste pour l'obtenir. Enfin. Il était prêt. Il a pris ce foutu risque. Il s'est fait claquer la porte au nez. Sans regret. Sans regret jusqu'à ce qu'elle se pointe pour lui balancer qu'elle a envie de sans essayer d'finir sa phrase.
- J'me suis éloigné. J'ai compris l'message et j't'ai laissé tranquille. Alors arrête de faire ça, il la désigne vaguement. Juste arrête. C'est chiant. Ça fait mal.
De la voir ouvrir et fermer des portes contre sa gueule. De s'marrer avec lui comme avant mais juste pour être potes pis de lui dire qu'ils peuvent pas être potes parce qu'elle a envie de. De battre le froid et l'chaud alors qu'son petit-ami s'tient quelques mètres plus loin, probablement en train de l'attendre et de se demander ce qu'elle est partie foutre à lui courir après dans les couloirs, alors qu'il vient de niquer toute la promotion de leur balai révolutionnaire. Agacé, Elliot se retourne brutalement et récupère son balai d'une poigne ferme, l'empêchant de continuer ses circonvolutions.
- On a plus quinze ans tu sais ? Alors on devrait essayer d'garder une relation pro. J'ai déjà bien niqué la conférence, j'ai pas envie que ce soit pire juste parce que j'te rappelle tes pires souvenirs.
Message publié le 18/08/2025 à 19:51
Tout l'instant est bizarre. Pas genre suspendu. Juste bizarre. Il comprend pas pourquoi elle pense avoir tout niqué. C'est lui qu'a merdé. C'est lui qu'a pété un plomb. Pas elle. S'il capte l'idée qu'elle puisse parler d'autre chose, d'eux, il la balaie aussitôt. Elle peut pas parler d'autre chose. Elle l'a recalé. Elle sort avec Jun. Elle a choisi. Alors quand elle évoque le mug, il a le visage qui se ferme presque brusquement, les lèvres serrées, et la mâchoire encore plus crispée que l'instant d'avant. Parce qu'elle laisse plus la moindre place au doute. Elle parle pas de la foutue conférence. Elle parle vraiment d'eux.
Il dit rien, Elliot. Il reste juste planté là à la regarder comme une étrangère. Elle rend tout compliqué. Elle rend tout super compliqué. Il l'a invité à sortir, elle était pas dispo, elle a trouvé un mec. C'est pas grave, c'est la vie. Il est sensé faire quoi, lui courir après ? Faire du forcing ? Il a jamais été ce genre de gars. Il sait prendre ses distances quand il sent que y en a besoin. Comme avec fucking Kelly qu'a décidé de redonner une chance à son fucking mari. Il aime pas les trucs compliqués. Elle rend tout compliqué. Pour autant il a pas envie qu'elle se tire comme elle le fait.
Un merci et au revoir. C'est ridicule. Sont plus des gamins. À seize piges on peut encore foutre ça sur l'dos de problèmes de communication. À leur âge on est pas aussi con. Ça fait longtemps qu'il a appris la leçon. Les trucs qu'il a obtenu dans la vie il les doit qu'à lui. Les trucs qu'il a perdu aussi. Il s'avance. Il sait pas encore ce qu'il a envie d'dire. Il sait juste qu'il a besoin d'dire un truc pour la retenir. N'importe quoi. Parce que même si elle rend tout carrément compliqué, elle rend tout vachement plus important.
- Qu'est-ce que tu dis ? Il demande, incertain. À propos du mug.
Parce qu'en ce qui le concerne, c'est carrément sorti de nulle part. Il a même pas eu la foutue occasion d'essayer d'relancer quoi que ce soit entre eux. Il a pas essayé d'réparer quoi que ce soit. Elle l'a recalé. Elle a commencé à date Jun. Il s'était même convaincu que c'est pour ça qu'elle lui avait rendu l'mug. Pour tourner la page, ou un délire du genre. Les filles font ça des fois. Ça l'a pas empêché d'le foutre dans ses étagères et d'le regarder avec nostalgie chaque fois qu'il est passé devant depuis. Elliot soupire, cherche un truc du regard sans le trouver avant d'en revenir à Freya.
- J'comprends pas. J'te comprends pas. J't'ai proposé un verre, t'as dit non. T'as trouvé un mec, j'te dis que j'suis content pour toi. Personne a rien essayé d'réparer. T'avais pas envie. Alors quoi... tu r'grettes ? T'aurais voulu que quoi ? J'comprends rien Freya. Rien. T'aurais aimé que quoi s'passe autrement ? C'est Jun ? Il est pas si cool ? C'est quoi ?
Son ton est monté sur la fin, parce qu'il a toujours de l'adrénaline qui lui coule dans les veines, et qu'il a pas vraiment fini de décuver. Il s'en branle. Il a besoin de comprendre. Ça lui parait vital. Tout pour mettre fin à cette ambiance carrément étrange qu'il a envie d'couper au couteau. Bien sûr qu'il est monté au créneau pour la défendre. Parce que savoir Freya avec un mec l'empêchera jamais d'avoir envie d'être là pour elle, même de loin. Mais vraiment de loin. Si elle commence à s'imaginer qu'ils va venir dîner chez eux et la mater se bécoter avec Jun c'est mort. C'est pas ce genre de gars.
Message publié le 18/08/2025 à 15:15
Il sait pas où il va. Suit vaguement les quelques panneaux de sortie de secours encore en service - certains clignotent, le néon crépitant à l'intérieur avec irrégularité. Le couloir qu'il arpente fait bien plusieurs dizaines de mètres. Elliot enfile son blouson d'un geste agacé. Finit par pousser une porte qui le voit déboucher sur les quais les plus désaffectés de la station. Envahis par la rouille et la végétation. Ici, les lueurs s'infiltrent aux travers de grilles d'aération qui donnent sur la ville, et par lesquelles parviennent son bourdonnement familier. Les rails disparaissent dans des tunnels larges, pour ne plus sortir avant des kilomètres.
- Fuck it.
Arrêté dans son élan, Elliot lâche brutalement le manche de son balai, qui part rouler sur le béton, s'arrête le long de fissures grossières. Il se laisse tomber à son tour, sur l'un des quelques sièges encore vissés sur les murs. Le grincement qui en résulte déchire l'air tel une plainte navrante et particulièrement dramatique. Deux mains lassent viennent lui frotter le visage, les coudes ancrés sur les genoux, puis il se redresse et se contente de planter son regard droit devant. Les parois, courbes, intégralement formées de briques, ont été martyrisées par peut-être des dizaines de bombes aérosols.
L'endroit est vide, plongé dans le silence, si l'on oublie les coups de klaxons des voitures qui continuent de défiler au-dessus. Alors quand la porte s'ouvre subitement, Elliot est sur le qui-vive. La tête immédiatement tournée dans sa direction, il s'imagine trouver un Jarvis au sommet de sa forme, paré à lui réclamer des excuses publiques dans les plus brefs délais. Mais ce n'est pas Jarvis qui vient de débarquer dans la station. C'est Freya. Par réflexe, Elliot détourne le visage, enfonce ses mains dans ses poches, crispe la mâchoire. Il se lève. Pas pour aller quelque part. Juste pour garder ses distances.
Une main vient pourtant l'arrêter dans les quelques secondes suivantes. Une main qui l'effleure à peine. La main de Freya. Sa voix résonne sous le tunnel alors qu'elle lui adresse la parole. Elliot se retourne, et dans le même mouvement, involontairement, remet une distance entre eux. Il sait pas trop ce qu'elle fout là. Elle devrait être remonté. Elle devrait lui gueuler dessus pour avoir tout niqué. Il préférerait qu'elle gueule, ça serait vachement plus simple. Il fronce les yeux sans trop comprendre ce qu'elle dit, au sujet d'se faire trimballer.
- Quoi ?
Mais les yeux plantés dans les siens, il met pas bien longtemps à percuter. De tout ce dont elle aurait pu venir lui parler, elle vient lui parler de ça. Merde. Pourquoi ? Il voit même pas l'rapport avec ce qui vient de se passer. Pourquoi elle est pas juste venu l'engueuler ?
- Nan mais t'inquiète, il secoue la tête, regarde ailleurs brièvement. T'as vraiment pas b'soin d'te justifier, c'est clair et tout.
C'est pas comme s'il avait attendu quoi que ce soit. Espéré. Il avait compris l'jour même. Il avait compris à partir du moment où elle avait dit qu'elle serait pas dispo pour les prochains mois. Il avait compris quand elle avait dit qu'il verrait pour faire un truc spontané, alors même qu'il venait d'tenter un truc spontané.
- T'es vraiment v'nu pour m'dire ça ? J'croyais t'étais v'nu m'dire que j'avais tout niqué.
Il se sent toujours tendu. Par les journalistes. Par leurs questions d'merde. Mais surtout, il est énervé après lui-même d'avoir pété un plomb, parce qu'il le sait que c'est exactement ce qu'ils cherchent. Il le sait mais même pas il a réussi à s'contrôler. Il le sait et quand même, il a tout niqué.
- J'vais m'rattraper pour la promo, il annonce de but en blanc. Faire des excuses publiques, tout ça. Faut pas vous en faire avec Jun. Pis faut pas t'en faire pour... Il hausse les épaules, pas trop sûr de comment l'dire : vous deux. C'est cool.
L'air est carrément étouffant, il trouve. Il s'éloigne brutalement, histoire de marcher. Juste de marcher, sans aller où que ce soit. Ça va qu'le quai est long.
- T'peux y aller ok ? J'vais retourner voir Jarvis. Fallait juste j'prenne un moment. Ok, il voulait s'tirer mais il s'est planté de direction. Ça arrive à tout le monde. Elle a pas besoin d'le savoir. T'as qu'à lui dire que j'arrive.
Parce que maintenant qu'il y pense, c'est probablement Jarvis qui l'a envoyé. Il voudrait ajouter qu'il est désolé. Lui demander si ça va. Être sûr qu'il a pas vraiment tout niqué. Mais il a pas assez d'mots pour ça. Pis c'est pas sa place. C'est plus sa place. Ça l'a même jamais vraiment été.
Message publié le 14/08/2025 à 20:35
Ça lui foutrait presque la gerbe. Jun qui coupe la parole à Freya. Cause à sa place sur des sujets qui l'regardent même pas. Répond au sujet d'la Saint Valentin. Fait rougir Freya. Entendre les rumeurs et constater leur véracité en live sont deux choses complètement différentes. Y a pas à chier. Ça l'emmerde d'autant plus quand ça vire au pugilat, alors que les journalistes s'acharnent complètement sur Freya à propos de l'absence de son père. Ses yeux refusent de quitter la main de Jun, collée à celle de Freya.
Il sait pas trop c'qui lui prend quand il se lève avec brutalité, pour brandir son balai dans un one man show complètement improvisé.
- Owen Carter il est là les gars.
Sa voix porte. Un peu trop par rapport à c'qu'il voulait vraiment envoyer. Trop tard pour revenir en arrière. Son regard dévie brièvement sur Freya avant de revenir sur une foule qui s'est subitement arrêté de bombarder l'estrade de questions.
- C'est son héritage, ce balai, vous l'voyez pas ? Tu m'as pas dit que t'étais partie d'son idée ? Il demande à Freya sans attendre vraiment d'réponse. Il a pas b'soin d'être là pour que son héritage perdure. R'gardez l'bordel. C'est pour lui qu'on est tous là. Pour ceux qu'ont réussi à aboutir l'projet. Pour l'OCQ 500 qui déchire sa mère !
Il le brandit en l'air connement. Y a quelques rires. Des applaudissements timides qui s'font écho, et qui finissent par prendre de l'ampleur à mesure qu'il les relance :
- Ça va être une révolution dans l'Quidditch, alors c'est d'ça dont vous d'vez causer, il encense en applaudissant au-dessus de sa tête à son tour.
Mais dans la salle restent une poignée d'irréductibles.
- Monsieur Blackburn, vous avez aperçu Owen Carter lors de vos visites dans ses ateliers ?
- Est-ce qu'il va revenir au devant de la scène ?
- A-t-on des nouvelles de Kate Carter ?
Il sait pas quand il vrille. Il sait juste qu'il vrille. C'est quelque chose dans l'regard des journalistes. Ou dans celui d'Freya, toute paumée. Dans la façon dont Jun lui libère pas la main une seule fois. Dans l'éclat d'projecteurs qu'il trouve finalement super agressifs.
- T'comprends vite mais faut t'expliquer longtemps. On est là pour parler du balai, pas d'Owen. T'parles pas d'Owen. T'as capté ? On sait pas où il est, personne sait, t'es pas obligé d'être un connard et d'poser des questions dont personne a les fucking réponses.
Flash. FLASH. Flash. Elliot s'voit pas approcher du mec. Pas plus qu'il se voit choper sa caméra. Pas plus qu'il se rappelle qui l'a entrainé vers l'arrière avec brutalité, ou même combien d'temps on a mis à tous les faire passer en coulisse pendant qu'on évacuait la salle. Il sait juste que l'interview est fini. La campagne morte dans l'œuf, ou en tous cas sérieusement amochée. Seul dans sa loge, il fait les cent pas alors que Jarvis, de l'autre côté, cause en boucle à des types de la production d'un air excité. Il sait même pas où sont Freya et Jun. Il voudrait s'en taper. Il voudrait s'taper d'tout. Il voudrait s'la mettre à l'envers.
Ce jour là aurait du être à propos d'elle putain.
Sans prévenir, il se tire, l'blouson dans une main, l'balai dans l'autre. Aucune illusion pour lui cacher la gueule.
- Tu vas où ?
- Prendre l'air.
- Tu peux pas, Elliot, Elliot reste là putain.
- Ta gueule faut j'sorte ok ? Il se dégage violemment et poursuit sa route.
Message publié le 04/08/2025 à 14:52
Enfoncé dans l'fond de son canapé, le regard d'Elliot balaye les cadavres de bouteilles éparpillés dans tout l'appartement. La plupart des gens se sont tirés. Certains sont encore étalés ici et là. Il est l'seul réveillé. Il termine son verre d'une traite et le repose bruyamment contre la table basse. La nana planquée contre lui s'étire à moitié mais s'contente de se retourner sans faire mine d'ouvrir un œil. Il est pas certain d'où elle a débarqué là. Encore moins d'son nom. Juste qu'il voulait la pécho, pis que c'était bien parti avant qu'elle se décide à tomber comme une masse au milieu d'son salon.
Reste personne d'autre.
Une main s'enfonce dans le pli du canapé, et il en extirpe mollement sa baguette magique pour balancer un tempus. C'est même plus l'matin. C'est tellement plus l'matin qu'il est en retard. Putain. Pas à un genre d'évènement qui s'annule. Pas non plus l'genre où il peut juste oublier d'se pointer. Techniquement il pourrait demander à s'faire remplacer. Ça s'fait. Ça s'est fait une fois. L'truc c'est qu'Elliot aime pas vraiment l'idée que quiconque l'incarne où qu'ce soit. L'polynectar a ses limites. Faut qu'il se bouge. Redressé du canapé d'un mouvement las, il s'étire en matant autour de lui sans trop savoir ce qu'il cherche.
Tout lui prend des plombes. Il a carrément pas décuvé, et la douche y fait rien. La nana s'est réveillée quelque part pendant qu'il faisait ses allers retours et a pris la tangente sans demander son reste. Quitte à être arraché, Elliot se ressert un verre de pur-feu qu'il s'envoie d'une traite, juste histoire de se donner un coup de fouet. Il a fait zéro effort. Un jogging de marque enfoncé dans des chaussettes noires. Une énorme veste aux couleurs des Catapultes sans rien dessous. Les cheveux à moitié en bordel. Des lunettes de soleil enfoncées sur le nez pour cacher des yeux éclatés.
C'est plus du retard à ce stade. Il a envie d's'en taper. Mais comme tous les évènements où il sait qu'il va croiser Freya, il reste incapable de s'en taper. Il a pris soin d'esquiver le centre d'entrainement chaque fois qu'il a su qu'elle risquait de s'y pointer. C'est simple, il l'a plus revu depuis l'jour où il est venu à la boutique récupéré son balai. Pas faute d'avoir envie. Mais retrouver un semblant d'proximité pour se faire recaler dans la foulée lui a suffit à s'dire qu'il valait mieux tenir ses distances. Freya Carter est pas le genre de fille avec laquelle il pourrait être juste pote. Pas l'genre de fille avec laquelle il pourrait jouer.
Nan, Freya c'est l'genre de fille qu'il a envie d'savoir heureuse sans en être forcément témoin.
Elliot croise brièvement son reflet dans l'miroir. Se recoiffe vaguement. Se foire sur la moitié de ses illusions avant d'quitter l'appartement. Sa capuche rabattue sur la tête, les mains enfoncées dans les poches, il est plutôt confiant que personne ira le reconnaitre malgré tout. Faudrait déjà que y ait des gens qui sachent où chercher, en plus de le calculer au milieu d'une foule sapée plus ou moins comme lui. Son balai est déjà sur place. Bien gardé par un Jarvis qui doit être sur le point de péter un boulon. Elliot presse pas le pas pour autant. Il traverse Londres de sa démarche un peu arquée, un peu paumée.
Ça lui prend trente minutes de rejoindre l'entrée. Trente autres de convaincre la sécurité de le laisser passer. Visiblement engagée sur le tas, aucun n'a l'moindre rapport de près ou de loin avec le monde de Quidditch, et n'ont pas la moindre foutue idée de qui il est. Quand il se pointe enfin en coulisse, il se fait immédiatement charger par son agent. Le type est rouge comme une écrevisse, les poings serrés autour du balai qu'il force contre la poitrine d'Elliot avant de commencer à lui rappeler les termes de leur contrat, et l'argent en jeu autour de sa présence ici.
- Ouais. Ouais. C'est bon. J'ai pas vu l'heure.
- R'tire tes lunettes.
- Quoi ?
- Tes lunettes.
- Nah. J'suis éclaté.
- Super. Elliot, j'te signale qu'on est sur un évènement d'envergure, tu fais capoter l'bordel c'est sur moi qu'ça retombe, et aussi sur ta carrière.
- Eh, oh, ça va Jarvis. Je gère.
- Tu gères mon cul. Cinquante minutes de retard. Tout l'monde essaie d'meubler.
- J'y vais maintenant ?
- Oui ! Putain oui. Mais t'mets ton maillot. Tout est là-bas. Bouge.
La foule s'agite, là derrière. Sans doute qu'on a annoncé son arrivée. Il en sait trop rien. Y a tout un tas d'gens qui courent dans tous les sens. Pas d'trace de Freya, ou de Jun, ou même de qui que ce soit qu'il connait. Il a entendu des rumeurs. Des rumeurs comme quoi la fille Carter serait sortie pour la Saint Valentin avec ce type. Les journalistes s'en donnent autant à cœur joie que quand ils essaient d'lui inventer une vie qu'il a pas. Mais ça s'tient. Ça l'emmerde mais ça s'tient. Jun est un type bien. L'genre gentil et prévenant. Elle bosse avec. Ça s'tient parfaitement.
Il enfourche son OCQ500. L'annonce est faite. Il déboule comme un boulet de canon directement dans la foule, pour commencer la démonstration, armé de son jersey au numéro fétiche, des lunettes de vol autour de la gueule. Les clameurs s'élèvent rapidement. Des exclamations impressionnées. Le grattement intempestif de centaine de plumes qui tentent de décrire avec fidélité ce qui se déroule sous leurs yeux. Il termine par une figure qui vient le faire atterrir directement au milieu de l'estrade, entre la team d'OCQ et les animateurs au sourire crispé.
Il leur serre la main, sa propre gueule ornée par des fossettes travaillées avec le temps, pour les milliers de photographies qu'on a pu lui faire prendre pour tant d'autres évènements. Les flashes se succèdent. Le murmure des conversations évolue en véritable brouhaha, jusqu'à ce que le silence soit fait de nouveau, et qu'on l'invite à s'assoir avec les autres, pour participer à son tour au lot de questions qui, il le sait déjà, vont le gaver plus fort qu'un Oiseau Tonnerre de Thanksgiving. La paire de lunette de vol se métamorphose pour reprendre leur forme initiale, celles de lunettes de soleil qu'il a déjà porté pour maintes interviews.
Message publié le 31/07/2025 à 19:03
Londres est couvert d'un manteau épais, humide, qui vient rythmer le pas de centaine de badauds affairés. L'on peut parfois apercevoir l'étrange présence d'hommes et de femmes affublés d'étranges accoutrements, qui disparaissent toujours dans la même bouche de métro. Inscrit en lettres fades sur un mur de béton envahit par la végétation : Aldwych. Peu d'habitants se prennent à emprunter le tunnel qui relie pourtant le centre commercial au parking. Pas seulement parce que la station est entièrement désaffectée. On la sait mal famée. Cela ne semble pas arrêter pourtant, ce bonhomme jovial à l'écharpe violette, cette femme au chapeau large agrémenté d'une plume de rapace, ce garçon aux joues roses et légèrement potelées.
Aucun d'eux ne parait dans le parking, des dizaines de mètres plus bas.
Aucun d'eux ne ressort non plus de l'autre côté.
Pour cause. Voilà bien des années que la station réserve son vaste secret. Un antique distributeur de tickets, plus d'une fois vandalisé. Un gallion poussé dans une fente latérale. Des mécanismes enchantés pour laisser aller et venir celles et ceux qui sont capables de voir ce qu'aucun moldu ne saura jamais repérer. L'entrée étroite et poussiéreuse d'un couloir de pierre aux décors effacés par le temps, qui mène tout droit à l'intérieur d'une vaste salle évènementielle sorcière de Londres : la Chambre de Morgane.
Creusée à même la roche, soutenue par des arches noires striées de runes enchantées capables de transformer son apparence au gré des besoins, la pièce est manœuvré par un technicien hautement qualifié - un vieux type bougon nommé Borgin Tallow, toujours sur place pour activer, désactiver ou réparer les circuits magiques complexes qui animent les lieux. Aujourd’hui, l’illusion déployée n’a rien de fantaisiste. Elle a été pensée pour impressionner un public trié sur le volet : journalistes, passionnés, paparazzis - tous réunis autour d’un seul mot : révolution.
L'occasion est unique. Rien moins que le lancement de l'OCQ 500, rassemblant pour l'occasion plusieurs membres éminents du monde journalistique. Spécifiquement du monde sportif. Se retrouvent bien sûr une poignée de reporters de la Gazette du Sorcier - pour le public mainstream -, mais également des recrues du Souafle Libre, du Vol Enflammé, ou encore du controversé Gringalet Sportif. Ça et là, des intrus du monde people bien sûr, armés de Mekapteur usés aux objectifs capables de zoomer sur plusieurs centaines de mètres. Des plumes voltigent déjà au-dessus de parchemins déroulés, parées à prendre note de la moindre anecdote croustillante.
La conférence ne va pas tarder à commencer.
Les gradins, composés d'autant de reporters que de sorciers et sorcières férus de Quidditch, semble un peu en ébullition. La plupart sont présents pour l'héritage laissé par Owen Carter, ou pour un aperçu de l'égérie de la marque pour son nouveau modèle : Elliot Blackburn. Certains espèrent sans doute apercevoir le gigantesque joueur, mystérieusement disparu aux yeux du public depuis déjà de nombreux mois ; quelques sorciers chuchotent qu’il serait temps de reparler du père-fondateur qu’on ne voit plus, et qui manque cruellement à l’appel. D'autres ne sont venus que pour obtenir un cliché avec le célèbre batteur des Catapultes, peut-être même un autographe.
Une poignée s'est déplacé par simple curiosité pour ce balai que l'on dit révolutionnaire.
En coulisse, l'agitation fait écho aux murmures grandissants des sorciers et sorcières déplacés ce jour. Certains marchent avec empressement. D'autres se hèlent à voix basse. Un type particulièrement, dénote. Campé sur deux jambes solides, les cheveux blanchis par l'âge, deux yeux noirs cerclés de lunettes rondes et épaisses, il semble au maximum de son stress. Beugle des ordres dans des murmures précipités. Arrête quiconque passe devant lui pour leur demander où se trouve Blackburn bordel, il aurait du arriver y a une heure. C'est pas possible. Jarvis Burrow, soixante-huit ans, a décidément passé l'âge de toutes ces conneries.
Message publié le 31/07/2025 à 11:12
Elle esquive, parce qu'évidemment qu'elle esquive. C'est pas la période et ça l'sera pas avant un moment. Elliot montre rien. Baisse la tête. Brièvement. Comme pour se recomposer. Offre une façade de nonchalance et un sourire vague pour montrer qu'il comprend. Ironiquement, ça lui rappelle un autre instant, directement puisé d'une autre époque. Freya qui s'efface. Freya qu'a pas l'envie, pas l'temps.
- Ouais, ouais on verra t'inquiète, il répond.
Spontané. Elliot l'est, spontané. L'a toujours été. Trop peut-être. Au contraire de Freya, qu'a toujours aimé tout planifier. Il est pas assez con pour pas capter qu'il se fait bouler gentiment. Mais il comprend. Il aurait même pas du demander. Il récupère son mug d'un geste, son balai d'un autre. Un vrai sourire, sincère, lui creuse deux fossettes alors qu'il ressent la connexion immédiate avec l'engin, secoue le malaise installé.
- Nah, j'ai des trucs à acheter, j'vais m'balader un peu. J'suis là incognito.
Elliot Blackburn a remis son masque. Il tape son meilleur clin d'œil avant de formuler les sortilèges conçus pour modifier son apparence, lui faire adopter celle de Nikola Brutcell. Des sortilèges qui ne tardent pas à envelopper son balai d'une illusion tout aussi efficace, dissimulant son apparence trop tape-à-l'œil.
- Encore merci pour ça, il relève son OCQ. Tu diras merci à Jun aussi ok ?
Il hésite un instant à la reprendre dans ses bras. Juste une seconde. Se ravise.
- Joyeux Noël, Freya, il annonce finalement en lui adressant un dernier sourire.
Remonté dans la boutique, il ne tarde pas à se mêler à la foule. Repère Alison Carter, puis Charlie, et se contente d'agiter une main discrète vers la petite dernière. Bientôt, Elliot retrouve l'air extérieur. Son regard balaye le village, s'arrête sur la large enseigne d'Honeydukes. Il s'y dirige, ses pensées dirigées vers son petit frère coincé au château. Il a jamais été proche de sa famille comme les sœurs Carter. Mais Charli c'est pas pareil, parce que Charli est un sorcier. Il a beau casser les couilles, ça reste le seul frangin avec lequel il peut partager un peu du monde magique.
Message publié le 30/07/2025 à 16:15
La nonchalance s'est tirée depuis longtemps, ne laissant qu'une tension nerveuse les envelopper tous les deux. Ça a rien d'une tension désagréable. C'est juste une tension étrangère, ou peut-être, justement, étrangement familière. Le résidus de quelque chose qui aurait du s'éteindre depuis longtemps. La voix de Charlie brise le silence. L'instant. Elle va partir. Se fermer brusquement à la conversation. Reprendre le cours de sa vie. C'est certain. La panique, absurde, le fait accrocher le regard de Freya avec une lueur un peu désespérée. Il la voit s'approcher. Brusquement. L'imagine le repousser pour commencer à grimper les marches, rejoindre un magasin qui semble partir ébullition.
Au lieu de ça, Freya reste plantée devant lui, à le regarder, à lui annoncer qu'elle sait ce qu'elle veut pour noël. Il hausse les sourcils, entrouvre la bouche pour lui demander quoi. Mais déjà elle enchaine. Juste ça. S'approche encore. Elliot inspire brusquement, complètement pris de court, alors que Freya lui retire les mains de ses poches. S'enfonce contre lui. L'enserre. Ses bras entourée autour de la silhouette fine de la sorcière, il lui répond par réflexe. L'émotion lui retourne les tripes avec brutalité. La tête affaissé contre un paquet de mèche rousse, il se relâche complètement. Soulagé pour absolument aucune raison. Juste de la tenir là. Juste de la sentir contre lui comme ça. Juste d'avoir son parfum tout autour de lui, et de respirer.
Il a l'impression d'avoir quinze ans.
Il a une étrange envie d'chialer.
Il la serre plus fort.
Il peut rien répondre. Il peut pas parler. Alors il se contente de rester là et de faire durer l'étreinte autant qu'il peut. Ses mains restent ancrées dans le dos de Freya sans vraiment oser bouger. Comme un môme qu'aurait peur de tout gâcher. J'en sais rien si c'est trop tard. C'est une porte ouverte, il le sait que c'est une porte ouverte. L'genre de porte ouverte dont il aurait même pas su rêver. Freya, il l'aurait laissé devenir un souvenir, s'il l'avait pas retrouvé sur le bord du terrain d'entrainement des Catapultes. Il le sait. Jamais il aurait imaginé avoir une seconde chance de la tenir comme ça dans ses bras. Ils se relâchent au bout d'un temps qui lui semble trop court. Il a des yeux brillants, et il les essuie brutalement, stupidement en s'écartant d'un pas. Rit nerveusement.
Elle lui a manqué. Il avait pas réalisé à quel point au juste. Voulait pas savoir, finalement.
- Vaut cher ton cadeau, il balance pour essayer de se redonner une contenance. Plusieurs milliers d'gallions carrément.
Elliot se racle la gorge. Son regard cherche un point de chute dans l'atelier. Il a l'cœur qui lui dégomme la poitrine. Un vertige adolescent qui lui retourne l'estomac. Il se sent léger. Con. Heureux. Incertain. Il finit par revenir sur Freya. S'humecte les lèvres, les mains renfoncées dans les poches avec une nonchalance toujours aux abonnés absents.
- T'es attendu j'sais, il reprend plus sérieusement. Alors hum. On peut s'revoir. Quand t'as l'temps. Pour un verre si tu veux. Putain. Il sait faire normalement. Mais là il sait plus. Il sait pas. Il a jamais vraiment su, avec Freya. Tu veux ? Le bout des oreilles rouges, les lèvres serrées entre ses dents, Elliot se sent comme un gamin qui demande son premier date.
Message publié le 29/07/2025 à 15:36
Interloqué, Elliot fronce les yeux, reste un peu con. Il s'affaisse un peu contre le plan de travail derrière lui, pas certain de savoir quoi répondre. C'est pas exactement ce vers quoi il les voyait aller. Elle enchaine, alors juste il la laisse causer, bras croisés. Sont jamais revenus sur ce qui s'était passé à l'époque. Les choses avaient eu l'air de s'enchainer. La disparition de la mère de Freya, son acceptation chez les Catapultes.
Ils s'étaient éloignés.
Chacun parce qu'ils avaient d'autres trucs à penser. Leurs vraies raisons probablement enfouies sous de fausses conversations qu'avaient creusées toujours plus de distance. Une distance naturelle. Inévitable. Nécessaire, sans doute, alors qu'Elliot quittait Poudlard là où Freya devrait encore y rester pour deux autres années. C'est ce dont il s'était persuadé. Les épaules un peu défaites, le regard soudain fuyant, Elliot laisse échapper un grondement, hache quelques mots :
- J'sais.
La situation, il l'avait trouvé confortable. Être aussi compliqué que ça à trouver, à contacter. Meilleur moyen de renforcer tous les murs qu'il a toujours construit autour de lui. Ça donne une légitimité à la distance creusée avec les gens, que de pouvoir l'excuser par sa soudaine célébrité, et tout un tas de mesures prises autour de sa sécurité. S'éloigner l'premier c'est l'joker. La meilleure façon de jamais avoir à s'expliquer.
- J'y peux pas grand chose. Elliot affronte Freya du regard, comme subitement sur la défensive. Une défense qui s'affaisse aussitôt. J'avais quinze piges Freya. On avait quinze piges. On avait beaucoup d'trucs à gérer pour des gamins d'quinze piges. Ça fait dix ans qu'il a la sensation d'avoir toujours quinze piges. Coupé d'un monde qu'a continué a avancer sans lui, que ce soit ses anciens potes de Poudlard, ou Freya Carter. C'est pas que ça m'soulait. Ça m'soulait ok ? Mais ça m'soulait pour toi. J'savais pas quoi faire. J'avais mes propres trucs à gérer. J'avais pas l'impression d'pouvoir t'aider. Rien lui aura jamais autant donné l'impression d'pas être à la hauteur. Égoïstement, Elliot s'est focalisé sur son rêve parce que c'est l'seul truc qu'il se sentait capable de faire.
Pas franchement à l'aise maintenant que la conversation a pris un ton aussi sérieux, le batteur baisse de nouveau le regard. Il aurait mille autres trucs à dire, qu'il se sent pas prêt à déballer. La vérité c'est que c'est risible pour lui que Freya puisse pas se sentir à la hauteur, parce que c'est précisément le sentiment qu'il a toujours eu la concernant. Qu'il serait jamais à la hauteur. Même perché en haut des affiches de la boutique, avec un nom qui fait la une de plusieurs magasines sorciers célèbres, avec une gueule qui peut plus passer inaperçu dans les rues les plus communes du monde magique, Elliot se sent toujours pas à la hauteur de Freya Carter.
- J't'ai pas oublié, il prononce finalement, les yeux fixés au sol. J'vois pas comment j'aurais pu.
Il hausse les épaules. Il sait qu'il a pas été le petit-ami idéal. Il sait aussi qu'elle est la seule avec laquelle il a essayé de l'être pendant quelques temps. La seule avec laquelle ça a vraiment été sérieux. Il relève la tête, les bras desserrés, les mains qui s'enfoncent dans le fond des poches.
- J'pensais que ça irait mieux. Qu'ta mère reviendrait. J'pensais... j'en sais rien. J'ai l'impression qu'tout s'est enchainé super vite. C'était facile de se laisser porter. De se laisser éloigner. D'prendre aucune responsabilité. J'ai lu des articles. J'ai suivi ça d'loin. Après j'ai eu l'impression qu'c'était trop tard. Ironiquement, Freya était devenu inatteignable. Il l'avait rendu comme ça. Exactement comme il s'était rendu comme ça.
À l'étage, le bordel d'une boutique qui semble fourmiller. Elliot lève les yeux brièvement, essaye de grappiller encore quelques minutes.
- Il disait quoi ton courrier ? Il demande avec un mouvement de tête vers l'avant, presque défiant.
Message publié le 26/07/2025 à 12:20
- C'est mort, il est à moi maint'nant ! Elliot repousse le mug vers l'arrière d'un geste possessif. C'est mon mug à moitié pété.
Il croise les bras. Embarrassé peut-être pour la première fois depuis vraiment longtemps. Il s'était pas attendu à déballer ce qu'il vient de déballer, et visiblement Freya non plus. Sa réponse le fait froncer les yeux cependant, et il s'agace de la voir tout faire sauf le regarder.
- J'pense encore c'que j'veux.
C'est presque une accusation. Peut-être bien que ça l'a foutu sur la défensive, de la voir autant sur la défensive. Mais dans la seconde suivante il décroise les bras, et s'accroche au plan de travail pour se hisser dessus d'un seul mouvement.
- Mais t'as raison. M'suis emporté. J'sais pas pourquoi j'admirerais une meuf comme toi qui s'contente de vendre des balais, il déballe avec ironie. Ses doigts rencontrent le mug, et il fait genre de boire dedans juste pour qu'une moustache de chat lui pousse de chaque côté des lèvres. Pis d'enchainer, l'air parfaitement sérieux : Non franchement, t'as quoi pour toi ? T'es juste une meuf super jolie qu'arrive à gérer l'éducation d'ses deux petites sœurs en même temps d'redresser la boutique de ses parents, pis qui vient accessoirement d'inventer une putain d'révolution dans l'monde du Quidditch. Pathétique ! J'sais pas ce qui m'a pris. Il redescend de son plan de travail, faire genre de se cirer les poils de moustache avec ses doigts, le mug en suspend dans l'autre main. Tu veux que j'fasse comme mes fans, que j'te demande un autographe et que j'hurle ton nom dans la rue ? J'peux faire des banderoles. C'est super les banderoles. Y en a qui chantent des chansons et qui s'illuminent comme de putains d'sapin d'noël. J'vais t'en faire une pour qu'tu sois sûre.
Elliot finit quand même par fermer sa gueule, et alors que les moustaches disparaissent - l'effet a jamais duré bien longtemps -, il secoue la tête.
- Tu m'fumes je jure. T'vois à côté moi j'tape des cognards sur un terrain d'Quidditch depuis qu'j'ai quinze piges, et on m'paie des milliers d'gallions pour ça. Rien d'autre à faire. Taper des cognards. On m'fait des banderoles qui chantent hein ! Mais tu vois j'préfère encore recevoir le mug pété de cette meuf un peu nulle qui s'contente de vendre des balais. Comme quoi.
Il referme le tiroir dans lequel elle vient de ranger ses papiers, pis s'écarte.
- Tu f'sais pas ça avant. Dire que t'as une vie d'con. Dire qu't'es rien ni personne. T'étais même super casse couilles parce qu'il fallait toujours qu'tu me prouves que t'étais meilleure que moi sur plein d'trucs. Y compris sur un balai. T'as l'droit d'continuer d'être casse-couilles comme ça, Freya, c'est pas interdit, je jure.
Message publié le 25/07/2025 à 19:46
Un truc est pas passé. Clairement genre. D'abord le visage de Freya s'est fermé. D'un coup sec, exactement comme une porte. Mais une jolie porte. Elliot fronce les yeux, pas bien sûr de comprendre, encore moins certain de la façon dont il devrait réagir.
- Huh ?
C'est à peu près le seul truc qui lui vient, quand Freya parle de retourner à sa vie d'con. Grosse inspiration. Faut dire qu'il a jamais pensé que Freya avait une vie d'con, alors ça sort vraiment d'nulle part. Pis il a pas l'temps d'élaborer, parce que Freya retourne apparemment vraiment à sa vie d'con, perchée sur son balai à s'lancer au travers du passage dans l'sens inverse, le plantant là... comme un con. Sous lui, son balai saute un peu, comme dans l'anticipation d'un nouveau départ, et il s'met en branle à son tour pour suivre l'itinéraire sagement. Forcément il se refait la conversation. Dans les grandes lignes quoi. Freya qui parle de sa famille. De Noël. D'Alison qu'essaie de devenir adulte. L'conseil bancal qu'il a tenté de donner en demi-teinte.
Il voit pas.
Genre vraiment pas.
Ça l'emmerde un peu. L'ambiance est bizarre alors qu'ils débouchent de nouveau dans l'sous-sol d'OCQ. Il le sait très bien que l'humeur soudaine de Freya a rien à voir avec la fatigue, parce qu'elle était fatiguée d'entrée d'jeu, et que ça l'a pas empêché de s'éclater sur le balai. C'est un truc qu'il a dit. C'est toujours un truc qu'il dit. Ironiquement, ça a toujours été leur problème, et ça a visiblement pas changé, même après toutes ces années. Elliot saisit l'contrat d'un geste machinal pour y apposer sa signature sans même le lire, sans même réfléchir. C'est pas sa priorité. L'truc c'est qu'il a à peine roulé l'contrat pour le foutre dans sa poche que Freya s'est déjà tirée. Remontée dans sa boutique, où on l'attend vraisemblablement, parce qu'il a pas débarqué au meilleur moment.
Rien l'temps d'dire. Rien l'temps de faire. L'ambiance à plat comparé à précédemment, alors qu'ils se coursaient dans les tunnels en s'marrant.
Elle revient. Il capte à retardement qu'le j'arrive s'adressait à lui, et pas à son personnel. Elle débarque pas les mains vides. Elle a un paquet dans les mains. Un cadeau. Il se sent con instantanément, parce que non, il avait pas prévu qu'ils allaient s'faire des cadeaux. Il le récupère dans le silence le plus total, avec l'impression d'être le dernier des enculés. Il a même pas envie d'l'ouvrir.
- J'ai heu... rien pour toi, il s'entend dire. Désolé.
Plus pour se distraire qu'autre chose, il se met à déballer l'bordel. C'est pas bien gros. Ça se dévoile rapidement. Un rire l'échappe alors qu'il reconnait l'objet. L'truc est tout droit tiré d'une époque révolue. Le putain d'mug. Le putain d'mug à moustaches. Ça le faisait marrer. Pis c'est devenu un prétexte comme un autre de venir s'installer près d'Freya à tous les putains d'petit déjeuner pour s'faire pousser la moustache. Il a toujours trouvé ce mug fun. Mais l'mug a jamais été la raison pour laquelle il venait voir Freya tous les matins. Il a visiblement été réparé. La note fait louper un battement dans sa poitrine. Il sait pas vraiment quoi dire. Un sourire collé à la face, il se contente de se pincer les lèvres en le faisant tourner comme pour l'observer sous toutes les coutures.
- Putain. Relique de l'ancien temps c'truc, il balance avec une nonchalance qu'il ressent vraiment pas, les oreilles peut-être un peu rouges, et les yeux brillants. T'sais que c'était pas c'mug que j'voulais tellement à l'époque hein ? Il continue sans vraiment de filtre. C'était une excuse pour v'nir te voir.
C'est plus simple de parler d'tout ça avec dix ans d'recul, parce qu'il l'aurait jamais admis à l'époque. Il a une grimace, quelque chose entre une moue et un sourire, alors qu'il s'appuie contre le plan de travail derrière lui.
- Merci. C'est l'meilleur cadeau d'Noël que j'ai eu.
Le regard planté dans celui de Freya, il pourrait pas être plus sincère. Tous les autres présents qu'il a reçu sont des présents de ses fans. Des trucs dépourvus d'histoire, ou de souvenir.
- J'sais pas c'que j'ai dit tout à l'heure, Elliot enchaine sans transition en déposant le mug près de lui sans pour autant le lâcher. Mais c'est pas c'que je voulais dire. Genre... j'trouve pas que t'as une vie d'con. Loin d'là. Ok ? Pudique, mais incapable de rester sur un truc pareil, il insiste. J't'admirais déjà vachement à l'époque, et c'est toujours le cas aujourd'hui.
Message publié le 22/07/2025 à 19:58
Y a toujours eu un fossé invisible entre eux. Des différences nettes, flagrantes, comme autant de raisons de ne rien avoir à faire ensemble. Aux accents gallois d'un né-moldu qui a grandi dans un foyer précaire où règne insultes et violence, ceux plus fleuries d'une écossaise née de parents sorciers connus, relativement aisés. La famille d'Elliot a reposée sur les charities des années durant, faute de pouvoir payer le strict nécessaire à leurs six enfants. Alors bien sûr, lorsqu'il a su que Freya faisait partie de ces gens de l'autre côté de la barrière, il n'a jamais creusé le sujet.
Par honte.
Une honte qui le suit jusqu'à l'heure d'aujourd'hui. Des cadeaux de fans qu'il reçoit chaque année, Elliot en fait parvenir une majeure partie à celles et ceux qui ne pourraient jamais se les offrir. Un geste parfaitement anonyme, qu'il couvre sous le prétexte de vouloir se débarrasser de tout un tas de choses inutiles. Alors, pour toute réponse au drame de Noël qui a secoué la famille Carter, Elliot n'a qu'une réponse à offrir, éternelle, qui refuse de le faire tremper de près ou de loin dans ce genre d'évènement dont il préfère se tenir loin.
- Mh. J'vois.
Ça craint en vrai. La situation de la famille Carter. Il a refusé de s'en rendre compte quand il était jeune. Parce qu'il était jeune. C'est difficile de pas l'voir aujourd'hui. Il a beau avoir très peu de contact avec ses parents, avec ses frères ou Kayla, mais il en a quand même. Il pourrait pas faire sans. Même qu'ils fêtent pas noël ou les anniversaires, ils sont là quand y a besoin. Les parents Carter sont pas là quand y a besoin. Ça crève les yeux. Y a que Freya. Freya qu'est là pour Alison, et pour Charlie, comme si elle avait pris le rôle de leur mère disparue, pis même de leur père aussi. Il sait pas quoi en dire. Il a jamais su. C'est pas comme s'il avait jamais eu ce genre de problème.
Il s'est émancipé de toute la famille depuis tellement de temps qu'il a parfois l'impression qu'il en a jamais vraiment eu. Du moins il aime bien s'en persuader.
- Meuf c'est normal à c't'âge, Elliot balance avec nonchalance. Je jure.
Freya faisait juste partie des nanas qui s'en carraient parce qu'elle avait mieux à faire. Mais il peut certifier que c'était vraiment pas le cas de pas mal des autres filles de leur promo.
- Z'êtes différentes. C'est pas si grave. La famille c'est comme ça.
Un putain de bordel désorganisé. Toujours il a connu ça. C'est jamais passé avec Connor, mais c'est passé avec tous les autres. Aucun des garçons Blackburn se ressemble. Mais dans l'fond, ils se captent. Y compris Kayla. Les seuls avec lesquels c'est jamais passé pour lui ? Ses parents. Elliot hésite quelques secondes avant d'enchainer, en appui sur son balai.
- T'es sa sœur, pas sa mère, Freya. Elle essaie peut-être de jouer les adultes parce qu'elle t'as vu faire pareil à son âge. Même si clairement elle a pas envie d'être la même adulte que t'es devenu. T'peux pas lui en vouloir pour ça.
Message publié le 17/07/2025 à 14:42
C'est plus un entrainement. C'est une foutue purge. Elliot regretterait presque. Presque. L'truc c'est que la gueule de Fairbanks restera gravée dans les anales. Personne a moufté. Personne a cafté. C'est pourtant pas bien compliqué de savoir d'où vient la merde. L'fait est que tout le monde est d'accord pour se dire que ça valait l'coup.
- C'était pas l'pire, je jure.
- J'suis rincé.
- T'rêves si tu crois qu'Oakwood est passé à autre chose demain.
- On est bon pour une semaine de merde.
- Ouais mais la gueule de Fairbanks les gars.
- Spurcus Maximus !
- J'vous emmerde bande de chiens.
Le concerné, dans un coin du vestiaire, les regarde avec un mélange de contrition et de haine, une serviette sur les épaules, son équipement en vrac sur le banc.
- Lucas t'étais brillant là-haut, faut pas croire tout c'que dit l'coach, assure Elliot.
Il se reçoit un doigt, mais part à rire avec le reste de l'équipe. Douché, rhabillé, le batteur est parmi les derniers à se tirer d'un vestiaire embué. Il rattrape Ryder dans le couloir, son sac en bandoulière lui battant la cuisse avec mesure.
- Yo Ryder. T'fais un truc ? T'veux trainer ? J'ai invité les mecs à mon appart, on s'fait une soirée. S'tu veux venir.
Au-delà d'avoir gagné son respect sur un balai, Spike est clairement un gars fun. Elliot aurait pas parié sur le fait qu'il se fonde aussi bien dans l'équipe, à son arrivée. Visiblement il s'est planté. Le mec a la vibe idéale, en plus d'être doué dans ce qu'il fait.
- C'est au centre-ville. L'bâtiment au-dessus du Bootlegger, c'est un bar à cocktails. Sixième étage droite. Faut sonner à N. Brutcell ok ?
D'apparence on-ne-peut-plus banal, planté en plein milieu du monde moldu, le building ne paye pas de mine. Personne ne peut vraiment s'imaginer que l'une des stars du Quidditch anglais vit là. La raison principale pour laquelle Elliot s'est décidé à y habiter. L'un des principaux QG de l'équipe quand ils décident de faire un peu la fête entre eux plutôt que dans les bars.
Message publié le 17/07/2025 à 12:01
Elliot braque un sourire fier dans la direction de Freya. Elle est loin, l'époque de leur adolescence. Perchés comme ils sont dans les hauteurs, ils sembleraient presque retrouver la complicité qui les liaient alors. Une complicité simple et vraie. La disparition de Kate Carter, couplée au départ précipité d'Elliot pour le club des Catapultes, ont haché menue cette réalité - finalement très éphémère. Dix ans ont passé. Elliot considère leurs retrouvailles aussi surréalistes que brillantes.
- Ouais, ouais. On a célébré la victoire avec les gars, pis l'vingt-cinq Travis est v'nu joué à la console à l'appart. C'était cool. Toi ?
Bien sûr, Freya a passé son noël en famille. Il a toujours du mal à se faire à l'idée qu'elle ait pris la place de ses propres parents. Pas parce qu'ils sont morts. Juste parce qu'ils ont disparu. À l'époque, Elliot avait pas pensé que Kate Carter reviendrait jamais. Pas plus qu'il s'était imaginé qu'Owen lâcherait complètement ses filles pour se mettre à sa recherche, au point de léguer toute la responsabilité à Freya. À l'époque, il vivait un rêve devenu réalité, et les préoccupations de son ex petite-amie étaient loin d'être une priorité. Il s'agissait de prouver qu'il était à la hauteur du poste qu'on venait de lui confier, du contrat à plusieurs milliers de gallions, du maillot légendaire des Catapultes, des types plus âgés qui le regardaient de haut parce qu'il sortait de Poudlard sans autre talent que celui d'être doué sur un balai.
- Ohw. Désolé pour toi, il grimace. S'est passé quoi ?
L'absence de Kate et d'Owen Carter n'y est sans doute pas pour rien. Elliot est plus l'adolescent de quinze ans qu'il était. Il se renseigne pas beaucoup sur l'actualité, mais il sait pertinemment que ni l'un ni l'autre ne sont rentré à la maison comme les filles Carter doivent l'espérer. Il sait pas ce que c'est, et il saura jamais. Mais il est encore capable d'imaginer.
- Il en parle pas nan, Elliot balance au sujet de Spike et d'Alison, pas bien certain de la réponse qu'il devrait donner. Fin après ils sont ados et ils s'voient, j'pense que t'as pas b'soin d'un dessin, il hausse les épaules avec un sourire qui lui creuse une joue. L'autre jour il m'a demandé s'ils pouvaient squatter mon appart pour célébrer son anniv ou j'sais pas quoi. J'ai dit non, il annonce spontanément en voyant la gueule de Freya. Pas envie d'me taper l'ménage derrière. Les deux mains levées, il hausse les sourcils avant de secouer la tête. Z'ont du s'trouver un autre endroit pour faire ce qu'ils avaient à faire si c'est ta question.
Un rire lui échappe. Freya est visiblement pas prête pour ces conneries. Faut dire, à l'âge d'Alison, personne aurait pu soulever sa jupe d'uniforme même pour s'amuser. Pour elle, le sexe, c'est un truc sérieux. Il est bien placé pour le savoir.
- Ils font qu's'amuser j'pense. Y a pas d'mal à ça. C'est naturel ok ? C'est des ados. Joue pas les daronnes ou elle va t'détester. T'as qu'à lui foutre des potions d'contraception dans sa chambre discrétos, j'sais pas.
Elliot a jamais eu de mal à parler de ce genre de délire, contrairement à Freya. Sans doute ce qui fait qu'elle a jamais voulu finalement. Si Colt a fini par lui prendre sa virginité en septième année, c'est qu'il a su faire les choses différemment. Peut-être bien que c'était sérieux. Peut-être bien que c'est ça qui emmerde Elliot, dans l'fond. De se dire que si Freya a bien voulu avec son meilleur pote, c'est pas juste parce qu'elle voulait répondre à un foutu pari débile de leur adolescence. Qu'elle ait pu trouver chez Colt un truc qu'elle a jamais trouvé chez lui.
Message publié le 09/07/2025 à 14:30
Un sourire large pour seule réponse, Elliot fait s'affaisser le manche de son balai flambant neuf. D'un élan brusque, il s'engouffre à l'intérieur de l'immense penderie faisant office de passage vers les sous-terrains. Freya suit le mouvement, perchée sur une autre de ses créations. Ce n'est que la seconde fois que le batteur s'aventure dans les couloirs labyrinthiques, qu'il sait jalonnés de tunnels parfois privés. Il n'est pas question de ralentir pourtant. De sa dernière expérience en sous-sol, il retient l'information capitale d'esquiver tout ce qui ressemblerait de près ou de loin à une porte, un portail, une trappe. Désireux de mesurer la pleine puissance de l'engin qui sera sien pour tous les entrainements et matchs à venir, Elliot se presse donc d'un corridor à un autre sans démontrer de la moindre hésitation.
Par précaution, et malgré leur naturel esprit de compétition, Freya et lui demeure à bonne distance, histoire d'éviter de valdinguer contre un mur. Ils se retrouvent occasionnellement au détour de virages particulièrement serré pendant lesquels ils prétendent se courser. Au terme de plusieurs longues minutes, l'aînée Carter le hèle, le force à ralentir pour lui passer devant et lui montrer la voie. Un sortilège suffit à leur ouvrir un passage, déversant brusquement la lumière du soleil à l'intérieur des couloirs. Elliot n'a pas le temps de se méfier d'un éventuel gobelin enragé leur tombant à nouveau dessus qu'ils s'extirpent des sous-terrains. L'un, puis l'autre déboule à découvert, sous une tempête de ciel bleu, à plusieurs kilomètres du village.
La trappe, dissimulée sous les racines d'un chêne peut-être bicentenaire, semble perdue au beau milieu de la Lande, loin des regards curieux de potentiels promeneurs.
Elliot pousse un cri joyeux alors qu'il réalise pouvoir pleinement profiter du balai à présent qu'ils sont à l'air libre. Ses figures prennent de l'amplitude, l'OCQ visiblement aussi déchainé que lui devant le terrain ouvert qui le laisse s'exprimer entièrement. Assuré par l'espace dont il dispose, Elliot vient plusieurs fois chercher des noises du côté de Freya. Leur engin respectif semble grandement apprécier le jeu, réagissant parfois avant leurs propriétaires pour mieux se tourner autour. Leurs rires résonnent absurdement sous un vent tranquille, comme s'ils étaient subitement redevenus deux enfants, galvanisés par un surplus de sucre et l'excitation d'un premier cours de vol. Freya s'est toujours assez démerdé sur un balai pour qu'Elliot s'imagine qu'elle deviendrait, comme son père, une grande joueuse de Quidditch.
À bonne hauteur, Elliot est convaincu de percevoir au loin le dessin presque effacé des tours du château. Une pensée pour Charli, qui découvre à son tour les merveilles de Poudlard pour la première fois cette année, le sort de l'instant. Il reste flotter tout là-haut, et réalise presque à retardement que le balai s'est arrêté de lui-même avant même qu'il n'y pense pour les laisser vagabonder au gré des courants aériens. Tranquillisé peut-être par l'absurde chevauchée qu'ils viennent de réaliser de la boutique jusqu'ici, il semble aussi détendu que son propriétaire. Elliot lâche le manche, et l'engin s'adapte pour ne pas lui laisser le temps d'avoir même une microseconde de perte d'équilibre. Sans doute que ça ne demanderait presque aucun effort de se foutre debout dessus en véritable funambule, à ce stade.
- P'tain j'suis bluffé, il énonce à Freya. Dingue ce truc.