Harry Potter RPG

Liste des messages de Freya Carter

Freya Carter

Femme

25 ans

Sang-mêlé

Britannique

De plumes et d'encre

Message publié le 06/08/2025 à 19:56

— À vous. L'entrée en scène tétanise Freya. La fille d'Owen Carter est habituée à éviter les journalistes depuis son enfance, cachée sous une cape dès ses premières heures en sortant de l'hôpital Ste Mangouste, ou affublée de sortilèges de camouflage pour se déplacer avec son père qui refusait de lui imposer une vie médiatique aussi toxique que la sienne. Sauf que voilà, son père n'est plus là. Dans son dos, la main de Jun remplace celle du célèbre joueur de Quidditch en retraite, et l'entraîne vers l'estrade sous les acclamations chaleureuses du public et une centaine de flashs retentissants. Choquée, elle entend la voix des animateurs résonner. Le col de sa veste lui donne des sueurs froides. Les projecteurs magiques l'éblouissent. "Freya Carter, quel nom ! Quel nom monumental, n'est-ce pas ? Miss Carter, alors on vous a très peu vue jusqu'à maintenant, mais- regardez cet accueil ; l'accueil du public est fantastique, je crois que tout le monde ici est très impatient !" Baguette contre leurs gorges, les deux sorciers chargés de rythmer la conférence enchaînent quelques banalités tandis que de longues bannières se déroulent bruyamment depuis plafond, dans lesquelles défilent des images d'Elliot en vol sur l'OCQ500. 

 

— ...un léger contretemps, et je vais en profiter pour donner la parole aux journalistes. Andrew, du Souafle Libre. "On peut le faire sans lui", chuchote Jun à Freya qui jette des coups d’œil inquiets vers le fond de la scène. Elle a envisagé toutes sortes de déconvenues aujourd'hui, sauf l'absence de l'égérie. "-c’est un petit con", disait Owen Carter en parlant du jeune Gryffondor lorsqu'il voyait sa fille rentrer de Poudlard couverte d'encre indélébile, sourire bête aux lèvres. Son père se serait méfié d'Elliot ; son père a jamais aimé l'idée qu'on puisse embêter sa descendance à l'école, et même après. Quand le prodige a grandi chez les Catapultes, et que Freya collectionnait chaque actualité le concernant, Owen a continué de l'appeler "le p'tit con", sûrement car il prenait la place qu'aurait dû occuper sa fille dans le milieu du Quidditch, peut-être car Owen Carter devenait un vieux con. La Poufsouffle sait plus bien s'il y avait une once d'affection ou juste de la lucidité maintenant qu'elle se trouve face au public, seule.

 

Les premières questions des chroniqueurs estompent le trac de la rouquine et répondent aux interrogations rudimentaires à propos de l'OCQ500. Oui, l'utilisation du balai en compétition officielle entraînera une réglementation spécifique, oui, la provenance des matières premières est gérée durablement et en accord avec le respect de la faune et la flore, oui, les amateurs peuvent déjà précommander leur propre modèle, non, la taille pour enfant n'arrivera pas cette saison.

 

L'intérêt porté par la foule de professionnels au dernier né de la gamme OCQ fait prendre soudainement conscience à Freya des répercussions que cela pourrait avoir sur sa vie, sur la boutique, la réputation des balais Carter, et l'équilibre de la famille entière. Peut-être, même, que cela pourrait ramener son père. "-est-ce qu'on peut s'attendre à vous voir faire une démonstration ? Vous avez ça dans le sang." Euh- "En parlant de démonstration !"

 

Soudain, Elliot surgit et interrompt la série de questions-réponses en déclenchant une nouvelle vague d'euphorie parmi les spectateurs. L'Écossaise retient son souffle, suivant des yeux la progression du brun, surveillant les réactions des reporters sportifs. Enfin, se dit-elle, rassurée qu'il soit là. Mais quand son ex-petit ami atterrit et lui serre la main, c'est Elliot Blackburn, la star du ciel, l'insolence incarnée, qui se trouve devant elle. Il fait le show, ça paraît logique, se convainc-t-elle en voyant les lunettes de vol devenir des lunettes de soleil sombres sur le nez d'Elliot.

 

Et l'odeur d'alcool qu'il dégage, elle évite d'y penser, trop anxieuse pour s'ajouter ça.

 

En présence du célèbre batteur gallois, l'interview dérive vers l'utilisation concrète du balai. Avec un sourire digne de ses meilleurs posters, il évoque son fanatisme d'Owen, il appuie l'idée selon laquelle l'OCQ500 va révolutionner le sport volant en expliquant la relation unique qui s'est déjà créée entre lui et l'engin. Il gère, tout simplement. Les sorciers venus des Îles britanniques et plus loin boivent ses paroles sous l’œil admiratif de Freya. Elle a du mal à retenir sa propre ferveur en l'entendant chanter encore les louanges du fruit de son travail des deux dernières années. Même lorsque les statisticiens piquent l'égo d'Elliot en diminuant ses performances, il répond proprement et fait rire la foule. L'ambiance prend une tournure différente alors que se mêlent aux chroniqueurs sportifs, les rédacteurs de presse-people, venus pour obtenir des scoops privés. 

 

On vous a vu quitter la boutique OCQ tard dans la nuit il y a quelques semaines… vous êtes restés proches de la famille Carter ? [...] Avec qui avez-vous passé la Saint-Valentin, Elliot ? On murmure que ce n’était pas une inconnue… Le Gryffondor ignore l'inconfort de Freya et renvoie les interrogations à coups d'humour caustique, comme il le ferait face à un vulgaire cognard. J'sais pas qui vous a raconté ça mais z'avez du m'confondre avec quelqu'un d'autre. Tard dans la nuit j'suis aux putes -exclamations choquées, rires, grattements de plumes. Sans déconner ça r'garde personne. Mais ouais, j'connais bien Freya Carter, on a été à Poudlard ensemble, aujourd'hui on bosse ensemble. Ça s'arrête là. Le journaliste insiste. J'fête pas la Saint Valentin, j'l'ai passé en tête à tête avec ma console. Très connue. Chez les moldus. Voulez la marque ?

 

À côté de Jun, la rouquine blanchit. Les animateurs, eux, se gaussent, convaincus du succès de la conférence. Et puis les plumes se braquent sur la sorcière. "-quelles sont vos armes dans ce milieu d'hommes ?"

 

— Je n'ai pas d'armes, je ne crois pas qu'il faille se battre et- elle est redoutable, elle est vraiment brillante, s'empresse d'ajouter le Japonais à qui l'on demande s'il a trouvé plus qu'un terrain de mise en pratique de ses connaissances en Écosse, et plus qu'une collaboratrice en la personne de Freya. Je ne joue pas à la console, et je fête la Saint Valentin, si c'est votre inquiétude, répond-il sans chichis dans la voix, suscitant un grattement émoustillé de plumes pendant que la Poufsouffle tourne la tête pour "vérifier" que les balais d'exposition soient toujours là, et cacher les rougeurs de ses joues. "On va passer aux dernières questions ! Par ici, Monsieur, allez-y." D'un sujet à l'autre, arrive celui qu'elle redoute : son père, le colosse disparu, le géant silencieux, le patriarche absent. L'aînée a préparé cette intervention et racle sa gorge avant de prendre la parole. Il n'y a rien à dire sur mon père. "Est-ce qu'il va bien Miss Carter ?" "Est-ce qu'Owen Carter a disparu ?!" Ses oreilles bourdonnent. 

 

Les journalistes ont arrêté de suivre les instructions des animateurs et réclament d'en savoir plus, chacun y allant de son interrogation ou son inquiétude, dans ce qui commence à s'apparenter à une cacophonie géante. "Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ?" "Est-ce qu'il a fait le deuil de votre mère ?" Arrêtez, allons, s'il-vous-plaît, laissez-la parler ! Freya semble clouée sur place, incapable de se sortir seule de cette situation. 

 

— Tu veux sortir ? murmure Jun en touchant sa main.


De plumes et d'encre

Message publié le 03/08/2025 à 22:05

Derrière l'immense rideau qui sépare la scène du public, une estrade métallique se prépare à accueillir les intervenants dont Freya Carter, l'héritière improvisée d'Owen, et son assistant : le synthétiste japonais aux compétences encore méconnues du monde sorcier. D'un calme olympien, ce dernier seconde la rouquine aux réglages des OCQ500 choisis pour l'occasion. Trois bois et trois cœurs différents témoigneront aujourd'hui de l'adaptabilité totale du nouveau balai de la gamme mythique créée par le capitaine de l'équipe d'Écosse. J'aurais dû prendre le prunellier, ils vont trouver le sapin trop banal, s'inquiète Freya, vêtue d'un inhabituel pantalon à pinces beige et d'une élégante veste sorcière aux allures sportives, décorée de tartan écossais.

 

Une main posée délicatement dans son dos, Jun la rassure. Elliot va venir avec le coeur en plume d'oiseau-tonnerre, ils trouveront rien banal, c'est impossible, affirme-t-il, arrachant une moue guère convaincue à la Poufsouffle. Elle souffle nerveusement sur une mèche sortie de sa masse rousse attachée en chignon lâche, et qui revient devant son front. Ses doigts balayent des poussières minuscules accrochées au manche du premier modèle en exposition à l'arrière de l'estrade, au centre d'un faux terrain de quidditch prévu pour mettre en valeur la démonstration d'Elliot, même s'il sera autorisé à survoler la salle entière au moment venu. 

 

À chaque fois que Jun évoque le batteur, Freya sent son coeur déraper. Cent fois depuis sa dernière visite à la boutique, la sorcière a imaginé ce qu'il aurait pu se passer entre eux, si elle avait tourné la tête et cherché les lèvres d'Elliot pendant leur câlin, si lui avait décidé d'en faire autant. Mille fois, elle a repensé aux paroles du brun, à ses regrets, à cette impression désagréable d'être passé à côté de tout, et qu'il semble partager.

 

— Miss Carter, Sir Saito, il faut sortir de scène, la conférence va bientôt commencer, annonce une élégante régisseuse en tunique noire décorée de deux grands sélénophores dorés brodés dessus. D'un geste de la main, Freya renvoie les trois OCQ500 en lévitation au milieu du terrain avant de croiser la route d'un sexagénaire qui cherche l'égérie du jour. Je suis sûr qu'il va arriver d'une seconde à l'autre Monsieur, répond poliment Jun à l'homme furibond, puis d'entraîner la rouquine plus loin en voyant son regard paniqué. Il effectue doucement quelques points de pression le long de ses épaules. Inspire, expire, on bosse depuis deux ans, tu connais ton sujet. Souviens-toi, d'abord ils vont introduire la conférence, après c'est l'ouverture du rideau avec la démonstration, et ils seront déjà convaincus, crois-moi. Je suis là pour la technique, il te restera les questions commerciales, les délais, l'avenir d'Owen Carter Quidditch, rien de bien compliqué, mh ? Elle acquiesce, fébrile. 

 

Elle déteste être au centre de l'attention. 

Elle a de mauvais souvenirs de la presse.

 

De l'autre côté du rideau, la rumeur grandit. La foule s'impatiente. 

 

Jun dépose un doux baiser d'encouragement sur les lèvres de Freya. Elle regarde autour d'eux, gênée qu'on puisse les voir. Qu'il puisse les voir. Ce 14 février a joué son rôle d'entremetteur pour les deux partenaires de travail.

 

Soudain, un tonnerre d'applaudissement retentit et résonne dans la poitrine de Freya.

La conférence commence.


Le grand emballement

Message publié le 31/07/2025 à 09:56

— Pourquoi il vaudrait cher ? demande Freya en ignorant le bourdonnement de ses tempes alors qu'elle rajuste son pull et suit des yeux le batteur au comportement étrange. Ils sont cons tous les deux, avec cet air de ne plus savoir quoi faire de leur corps, et d'avoir besoin d'encaisser un simple câlin. C'est cher que si c'est Elliot Blackburn, star des Catapultes de Caerphilly, qui me l'a donné, explique l'aînée Carter, reprenant un vieux réflexe de son père, de toujours différencier la personne et le personnage, essentiellement en famille. Si c'était juste Elliot, alors ça aura la valeur qu'on décide. D'après son visage écarlate, on approche l'inestimable quand même. Loin des rencontres organisées entre supporters et membres d'équipes, où le moindre autographe est monnayé, photo à l'appui, et si vous avez de la chance, une main sur l'épaule, voire une bise, Freya s'est sentie dans les bras d'Elliot comme lorsqu'ils s'étreignaient parfois à l'aube de leur séparation silencieuse. Quand le silence taisait les pitreries du Gryffondor pour quelques secondes seulement. 

 

Elle regarde le brun aux oreilles rouges, et se demande s'il ressent la même chose. S'il a replongé, férocement, déjà accro au bout d'une seule prise ; un shot court, mais intense. Ouais bah là, j'avoue qu'c'est pas trop la période, s'entend dire Freya, sourire contrit aux lèvres. Ils vont se croiser professionnellement à cause du lancement de l'OCQ500, sauf qu'elle et Jun ont de longues sessions de travail devant eux avec la préparation des autres balais.

 

— Janvier/février, ça risque d'être chaud en vrai, elle se défile malgré elle, effrayée à l'idée d'être encore déçue, de se retrouver seule à pleurer dans sa chambre. Elle commence à fermer la porte, doucement, sûrement, protégeant l'ado de quinze ans qui pourrait prendre une décision hâtive. Elle s'en mordra les doigts, elle le sait. Déstabilisée, la rouquine a besoin de se mettre en mouvement et range soudainement un peu de matériel, rassemblant ses affaires pour remonter, et ce qu'Elliot va devoir emporter en partant. Bientôt, il ne sera plus là, et après ? Elle rouvre la porte. D'façon on va se croiser là. Rien n'empêche de faire un truc spontané au pire. Ça n'existe pas au milieu de leurs plannings, un truc spontané, mais ça veut dire à son ex-petit-ami qu'elle rejoint son idée de le revoir, et c'est important. S'il en a tellement envie, il reviendra défoncer une porte ou deux à l'occasion, c'est un batteur ou non ? "Frey, tu viens ?" Elle lève les yeux au plafond. Bon.

 

Cette fois, la Poufsouffle siffle l'OCQ500 du joueur, et clôt leur moment. Allez, tiens, ton bébé. J'vais t'ouvrir la zone de transplanage du jardin, ce sera plus pratique. Comme si elle s'était retranchée derrière l'une des carapaces d'Alison, Freya perd un peu son sourire en accompagnant le brun jusqu'à la cabane d'enfants qui sert de départ et d'arrivée pour les voyages lointains. C'est impossible, réveille-toi, se martèle-t-elle. 


Le grand emballement

Message publié le 30/07/2025 à 13:22

Loin d'avoir eu des adolescences banales, Elliot et Freya se sont croisés, elle qui chutait soudainement, lui qui vivait une ascension fulgurante. Si leurs mains ont tenu ensemble quelque temps, il a fallu que la réalité intervienne, brutale, arrachant sur son passage les fragments d'une relation déjà fragile. "-beaucoup de choses à gérer pour des gamins de quinze piges", elle acquiesce, forcée de reconnaître qu'ils étaient encore très jeunes, peu importe les responsabilités jetées à même leurs épaules. Son visage se tord involontairement, témoin d'une douleur profonde qui déverse parfois son torrent d'amertume quand la rouquine repense à ces années perdues, aux occasions gâchées, au vide comblé d'harassement.

 

Mais entendre Elliot dire qu'il ne l'a pas oubliée, qu'il n'aurait pas pu l'oublier, réveille une gamine enfouie au fond d'elle, désespérément seule à l'aube de sa majorité, et qui a préféré se persuader qu'elle ne valait rien plutôt qu'attendre un courrier d'excuses, une lettre de regrets ou une invitation au Pays de Galles. Dis pas ça, murmure-t-elle d'une voix à peine perceptible, une main contre son coeur en bordel, les lèvres tremblantes.

 

Avec le temps, elle s'est convaincue d'être juste fan d'Elliot Blackburn, comme des milliers d'autres sorciers, sorcières, enfants et adultes confondus. La célébrité du batteur a poussé Freya dans un étrange retranchement, où l'amour ne pouvait plus exister. Puisqu'elle n'avait que des posters et des résultats de matchs, elle s'est mise à suivre sa progression et l’idolâtrer sans espérer jamais davantage. Sauf que le batteur fout sa stratégie inconsciente en l'air, de quelques mots, d'une attention qu'il avoue lui porter en silence depuis dix ans. 

 

— Rien. Des banalités, répond-elle après avoir soufflé pour reprendre ses esprits. J'assume pas, ajoute Freya, un rire nerveux derrière sa main qui passe sur son visage, et rabat ses cheveux indomptables. Elle avait voulu briser le silence, mais elle avait eu peur d'être trop en décalage, et s'était contentée de phrases très basiques au final.

 

"Frey ?", interrompt la voix de Charlie, sortie tout droit d'un petit entonnoir au bout d'un tuyau métallique longeant l'escalier en colimaçon. L'aînée Carter s'approche et ouvre l'autre partie du dispositif s'apparentant à un tube acoustique d'ancienne maison moldue. Ouais ? "On a un SAV sur la stabilisation d'un 300 d'occasion." Note les infos et les coordonnées du client, et dis-lui qu'on a un petit délai là avec les fêtes. Je remonte bientôt. "Okay." C'est ok ? "C'est ok, à toute." Rattrapée par son quotidien, la rouquine referme l'extrémité du cornet et jette un œil au brun. Elle sait que de tels moments n'arriveront plus avant longtemps. Elle sait aussi qu'ils viennent d'enfoncer une porte, et qu'il appartient à chacun d'eux d'empêcher de l'obstruer encore. Bon, se motive-t-elle en ravalant la distance qui les sépare.

 

L'atelier-cathédrale reste l'un de ses endroits favoris au monde, un cocon lorsqu'elle cherche le calme, et qu'elle décide de se noyer dans d'interminables expérimentations. J'sais c'que j'veux pour Noël, annonce Freya, hésitant entre regarder Elliot, et faine mine de surveiller les balais retournés tranquillement au plafond. 

 

— Juste ça. Un câlin, qu'elle s'octroie car il ne la repousse pas quand elle lui retire les mains des poches, et s'enveloppe de ses bras. Son menton contre l'épaule du sportif, elle sent que sa poitrine s'emballe, que leurs chaleurs respectives se confondent instantanément alors qu'elle l'étreint en retour. Au-delà du battement de son coeur, c'est la douceur qu'ils ont l'un envers l'autre qui bouleverse Freya. Ça la ramène à quelque-chose de vrai. Ça l'effraie un peu. Elle inspire le parfum de son ex-petit-ami en essayant de se persuader qu'au pire, ils auront toujours réussi à sauver ce qui pourra ressembler avec le temps à une amitié. J'en sais rien si c'est trop tard, chuchote-t-elle, fébrile, ses paumes parcourant le dos d'Elliot, leurs jambes collées. 


Le grand emballement

Message publié le 28/07/2025 à 11:02

— Arrête, souffle-t-elle d'abord lorsqu'il commence à exagérer, revêtant les traits d'un personnage que Freya sait d'avance qu'elle va détester. L'ironie amère d'Elliot apporte son lot de compliments, tous plus difficiles à entendre les uns que les autres aux oreilles de la fille Carter. Non, elle n'est pas super jolie, non elle gère rien de l'éducation de ses sœurs, non la boutique est loin d'être redressée, non- ok, l'OCQ sera peut-être une révolution. Tu dis n'imp, murmure-t-elle, écarlate, l’œil adoucit par les moustache félines du batteur.

 

Le coup des banderoles l'achève, plantée devant le brun, paumée. Nan. Elle oublie l'humour, le second degré, tout, face au discours de son ex-petit ami. Plusieurs sirènes hurlent aux tempes de la rouquine, qu'il est en train de lui faire une déclaration, qu'il est en train de se foutre d'elle, qu'elle comprend sûrement de travers, non vraiment, c'est trop soudain pour être vrai. Tu fais des perf incroyables, sort-elle d'une voix blanche, histoire de remettre un peu d'ordre dans les paroles d'Elliot. Elle a toujours défendu le quidditch et les joueurs, même contre ceux qui dénoncent le salaire démesuré des stars du sport volant.

 

Au claquement du tiroir contre le meuble, l'aînée Carter à l'impression que le battement de son coeur résonne au milieu de la cathédrale qui sert d'atelier. J'sais. On dirait juste une gamine, les bras croisés et la mine déconfite. Il a encore raison.

 

— Y'a beaucoup de choses qui se sont passées, depuis "avant", et en même temps, pas tant au final. C'est qu'elle a dû oublier certaines de ses aspirations pour rattraper les morceaux de sa famille, et qu'en délaissant ça, elle a délaissé d'autres bouts d'elle-même, bien enterrés maintenant. Freya enfonce les mains dans les poches de son pantalon cargo en sachant déjà qu'elle regrettera la tournure de cette conversation, qu'elle sera pleine de répartie, mais seulement d'ici ce soir, au fond de son lit. Écoute, on vient de reprendre contact et- elle mordille sa lèvre, déterminée à délivrer quelque-chose qui pourrait devenir significatif, au moins autant qu'Elliot vient de réussir à le faire (si elle n'a pas rêvé, et qu'il l'a fait ?) -moi pendant tout ce temps, j'ai juste cru qu'tu m'avais oubliée en fait. Zappée. Complètement. Leurs yeux se croisent, ceux de la jeune femme vagabondant un peu partout autour de son égérie.

 

Elle s'appuie contre un plan de travail en face du brun. Fin, j'pensais pas qu'tu pensais ça de moi. Ç'aurait eu son importance, ces dix dernières années, d'avoir l'opinion d'Elliot en tête pour avancer. À Poudlard, elle savait qu'il était mordu, jusqu'à la quatrième année. J'ai cru que mes problèmes t'avaient soûlé, que ça t'avait fait passer à autre chose quoi. Parce que j'suis devenue chiante, casse-couilles dans le mauvais sens, tu peux l'dire, vous vous priviez pas de me l'dire avant. Qu'elle devrait être moins coincée, participer aux soirées, arrêter de jouer les "mamans" avec la bande de potes. Son regard quitte celui du Gryffondor et balaye le sol où traînent quelques morceaux de plumes et de bois.

 

— J'ai essayé de reprendre contact avec toi y'a deux trois ans, quand j'ai commencé le projet de l'OCQ, mais j'pense que mon courrier est jamais arrivé jusqu'à toi parce que j'avais que l'adresse fans. Au final, j'ai attendu d'avoir plus de matière, pour contacter l'équipe, pour avoir un retour pro de la direction. Elle hausse les épaules et retrouve les yeux de celui qui fait battre son coeur. J'sais pas si tu t'en rends compte, mais t'es devenu presque inatteignable Elliot en fait. C'est pas d'ta faute, j'sais comment ça marche. Donc oui, c'est possible que j'me vois pas à ta hauteur. C'est même logique, si on y réfléchit.  


Le grand emballement

Message publié le 26/07/2025 à 09:51

Elle n'avait pas imaginé qu'Elliot lui offrirait un cadeau, alors elle n'est pas déçue. C'pas grave, répond Freya en regardant fébrilement son ancien petit ami arracher de papier kraft qui recouvre la boîte en carton du mug. Il pourrait se foutre d'elle, étirer un faux sourire et balancer l'objet dans une poubelle en rentrant chez lui. Elle pense au pire car ça l'aide à garder la tête froide. Mais la rouquine décèle bien l'étincelle nostalgique au fond des yeux du brun. Lorsqu'il saisit délicatement l'objet, elle voudrait devenir un mug, et avoir le droit à son tour à autant d'attention de la part du batteur. Au moins ça à l'air de lui plaire, se rassure-t-elle intérieurement jusqu'à ce que son coeur ne bondisse aux paroles d'Elliot.

 

Si la différence de température entre l'extérieur et l'intérieur avait déjà rougit ses joues, les voici écarlates ; un vrai phare écossais. Ah. Bin, j'te le reprends s'tu veux, souffle l'aînée Carter soudain dépourvue de répartie. Mais il prétend que c'est son meilleur cadeau de Noël cette année, et arrache un sourire soulagé à la jeune femme qui retourne sur le terrain de l'ironie malgré elle. I't'fallait pas grand chose, un mug à moitié pété quoi. Elle coince une mèche épaisse de ses cheveux derrière son oreille, le coeur en chamade. T'es ridicule, se résonne-t-elle en soufflant discrètement. "À l'époque", il a dit "à l'époque", alors, redescends sur terre Freya

 

À l'époque, il l'a eue, sa Freya. 

Il lui a réservé le même sort que le mug, sauf que c'était pas un matin au petit déjeuner. 

Elle avait enfermé les morceaux dans une boîte.

Plusieurs ont déjà fouillé depuis, mais personne ne l'a réparée.

 

Elliot ouvre la boîte. Elliot ouvre les portes que Freya referme. Et Elliot continue d'aller voir ce qu'il reste des morceaux vieux de dix ans, coincés là-dedans. Ok bah- bah quoi ? Est-ce que ça ressemble pas aux seuls mots qu'elle avait besoin d'entendre aujourd'hui ? Est-ce qu'elle n'a pas rêvé qu'il l'admire à son tour ? Est-ce qu'au fond, elle n'espérait pas qu'en restant dans le monde du sport volant, Elliot finisse par la remarquer une deuxième fois ? D'accord, dit-elle en grattant l'arrière de son coude, gênée face à la discussion qui s'ouvre, béante, sur des émotions ravalées depuis un million d'années. Machinalement, elle roule les exemplaires de parchemins signés destinés à rester ici, surtout pour s'occuper les doigts. 

 

— Mais, ça s'voit pas trop tu sais. Que genre, tu m'admires. Et j'ai pas fait grand chose d'façon, t'as pas à penser ça. Se dévaluer, c'est encore la meilleure manière d'accepter une fatalité selon Freya Carter. Et c'est plus facile que d'affronter le plongeon derrière la porte. J'vends des balais, y'a rien d'admirable, c'est pas une performance, ajoute-t-elle en rangeant les papiers dans le tiroir.


Le grand emballement

Message publié le 25/07/2025 à 17:28

Les leçons de morale d'Elliot sonnent étrangement aux oreilles de Freya. Déjà en octobre au Pays de Galles, le batteur lui a conseillé d'arrêter d'être la mère d'Alison, comme si c'était aussi simple. Comme s'il comprenait quelque-chose aux relations entre l'aînée Carter et ses deux petites sœurs. "Même si clairement elle a pas envie d'être la même adulte que t'es devenue." Mh, rétorque la rouquine, vexée par le sous-entendu.

 

Les deux mains accrochées au manche du balai, elle prend la route du retour, un rire amer aux lèvres. Nan bah c'est clair. C'est clair que j'la fais pas rêver. Travailler un nombre d'heures incalculable pour finir toujours coincée au magasin du matin au soir, en pantalon cargo tâché d'huile nourrissante et de crème à polir, et se taper encore des weekends à remplir la paperasse en surveillant les devoirs et l'état mental de Charlie, bien sûr, qui voudrait de cette vie ? T'as raison, concède Freya, une mine dégoûtée ourlant légèrement ses lèvres tandis que son balai dessine des cercles au-dessus de la trappe camouflée dans l'entrée d'un terrier bordé de fougères cristallisées par le froid.

 

— D'ailleurs ma vie de con m'attend, on va rentrer. Elle ponctue sa phrase d'un geste du menton pour désigner l'ouverture vers laquelle pique déjà son OCQ. Les doigts de la Poufsouffle ont à peine de le temps d'ouvrir le passage que son corps s'y engouffre, suivi par le balai d'Elliot encore rattaché émotionnellement à l'atelier.

 

Leur retour est moins jovial que l'aller, des pensées intrusives envahissant l'esprit de Freya. Elle voit sa sœur céder aux avances de Spike et n'importe quel autre garçon de l'école (ou de l'équipe), et elle entend le brun affirmer que "c'est normal". Elle s'interroge sur la manière dont Elliot la voit, elle-même, après ça. Elle qui évite tout simplement de réfléchir à sa vie, ou plutôt à sa non-vie, et qui avance, évitant de poser la moindre question d'ordre de développement personnel, sous peine de s'écrouler immédiatement. 

 

Les balais connaissent le chemin et appréhendent chaque virage avec fluidité. En accompagnant seulement le mouvement du manche, zigzaguer au milieu du dédale est d'une facilité enfantine. Sans que la sorcière de s'en rende compte, ils atteignent déjà les portes du placard et l'atelier.

 

Descendre du balai donne une impression de lourdeur à laquelle la fille d'Owen est habituée. Elle abandonne son OCQ en lévitation, et souffle en remettant ses cheveux en arrière. Déso pour l'humeur, j'suis fatiguée. Ça ne l'empêche pas d'ouvrir un tiroir rempli de parchemins et d'y chercher le contrat qui lie le joueur à l'objet. Déroulant sur un plan de travail une feuille dupliquée en trois exemplaires, elle dévoile un texte pré-signé par le président des Catapultes de Caerphilly et le manager de l'égérie. Manque plus que ton autographe et tu peux repartir avec, explique la rouquine avant d'attirer une plume entre ses phalanges, qu'elle tend à Elliot.

 

— Tu le testes en entraînement et tu m'fais tes retours fin janvier, on le modifiera s'il faut. Délaissant le brun face aux contrats, elle s'éloigne vers l'escalier. J'arrive, dit-elle en commençant à monter les marches 3 par 3.  

 

Il suffit de quelques minutes pour faire réapparaître Freya, un peu essoufflée bien qu'athlétique, une boite moyenne et cubique emballée de papier kraft dans les mains. On n'avait pas dit si on se faisait un cadeau ou pas, mais j'ai ça pour toi. Elle lui donne en sentant son coeur frapper contre sa poitrine, soudain incertaine. 

 

— C'est pas grand-chose, j'sais que- rien. J'me tais. Combien de fois a-t-elle hésité, convaincue qu'il n'était plus hanté par les mêmes souvenirs qu'elle ? Sous l'emballage, le carton contient un mug rénové, dont les fissures traversent la céramique ça-et-là comme d'autant d'éclairs. Une note l'accompagne : "Tu le voulais tellement, maintenant il est à toi. Prends-en mieux soin qu'à l'époque ;) Joyeux Noël. Tendrement, Yaya.

 

Ce mug, c'est un cadeau de Kate à Owen, puis d'Owen à sa première fille, Freya, pour l'accompagner à Poudlard. L'objet vintage, beige, un peu tordu, possède la particularité de faire pousser des moustaches de chat à quiconque enfonce son nez à l'intérieur pour boire. Un sortilège très populaire aux État-Unis mais rare en Écosse dans les années 2100. Ce mug, c'était aussi l'obsession d'Elliot dès qu'il squattait la table des Poufsouffle au petit-déjeuner. Ou alors c'était juste un moyen d'attirer l'attention de Freya.

 

Un matin d'hiver lors de leur quatrième année, il s'était exclamé à propos du résultat d'un match de Quiditch, et avait fait voler en éclats la céramique. S'en était suivi un silence retentissant. Pourtant aujourd'hui, l'objet semble recomposé, et rempli d'un sachet de chocolat en poudre et de mini-guimauves. C'est un artisan du Chemin de Traverse qui me l'a récupéré y'a 5 ou 6 ans, j'avais gardé tous les morceaux, confie la jeune femme, un sourire nostalgique déformant ses tâches de rousseur. Mais en fait, à chaque fois qu'elle l'utilise, elle pense à Elliot. 

 

— J'sais qu't'as pas besoin d'un mug. C'est juste pour le souvenir. 

C'est juste pour le message.


Le grand emballement

Message publié le 18/07/2025 à 12:18

Voler au-dessus de Poudlard est légal, contrairement à d'autres zones que les sorciers doivent éviter en balai pour rester discret aux yeux des moldus. Le contrôle des périmètres aériens demeure un sujet complexe depuis sa mise en oeuvre avec la création du secret magique. Peu d'usagers connaissent l'ensemble des règles sur le bout des doigts, et les sanctions amènent leur lot de protestations. Dans le ciel de Pré-Au-Lard et ses alentours, Elliot et Freya ne risquent rien. Travis ? Oh, cool, répond la rouquine au batteur, en revoyant le portrait des 4 garçons lorsqu'ils traînaient ensemble sur les chemins du parc de l'école. 

 

L'intérêt soudain d'Elliot pour son réveillon de Noël surprend l'aînée Carter. Elle le fixe, un peu confuse, et cherche à rassembler l'histoire tandis qu'un groupe de hiboux passent sous leurs pieds. On a gardé les charities de ma mère, donc le 24 on rejoint une maraude sociale avec les filles et on distribue des repas et des petits cadeaux aux personnes qui peuvent rien se payer, elle lui a sûrement déjà raconté cette partie lors de leur adolescence, mais prend le temps de répéter, consciente que le Gallois n'a pas pu tout retenir depuis Poudlard. Bref normalement mon père nous accompagne et c't'année Alison a décidé que puisqu'il se fiche de nous, elle se ficherait aussi de lui, et de Maman, et qu'elle en avait marre d'être bloquée le 24 décembre à cause d'eux. Et j'la connais, c'est juste par principe, parce que la maraude et les charities, ça la touche quand même tu vois. Élevées avec la sensibilité de Kate et la générosité d'Owen, les sœurs Carter ont baigné très tôt dans la philanthropie. 

— Ça a fini en hurlements, Alison qui se barre j'sais pas où, la petite en larmes, ambiance de merde quoi. Son regard dérive au loin, en direction du paysage froid et blanc. L'Écossaise a vécu cette énième dispute comme un énième échec face aux responsabilités qu'elle endosse. Elle soupire lourdement. J'veux même pas savoir c'qu'elle fera avec le permis de transplaner à ce rythme, ajoute-t-elle, l'impression désagréable d'avoir une famille brisée en morceaux au fond du ventre. Alison finira par disparaître à son tour, et les Carter n'auront rien su faire pour la retenir.

 

La suite est loin de rassurer Freya qui écoute Elliot sans cacher son exaspération. Sérieux ? Le joueur de quidditch s'en amuse presque. Un peu plus et c'est elle la vieille aigrie. Elle opère un virage en ramenant une main sur le manche de son balai, les joues rouges, mordues par le froid, la frustration, et l'indignation. Et ils peuvent pas se contenter de se rouler des pelles comme les gens de leur âge ? Ils ont quin-seize ans, c'est pas tant naturel hein, c'est hyper jeune ! L'idée même qu'Alison puisse démarrer sa vie sexuelle en cinquième année offusque sa grande sœur, bien ailleurs lorsqu'elle avait seize ans. J'te jure heureusement que Charlie est plus intelligente sinon elle l'embarquerait dans ses trucs de magazines. Elle a besoin de prouver quoi exactement là ? Qu'elle est adulte ? Y'a d'autres moyens hein. Agacée, Freya foudroie l'air goguenard d'Elliot d'un regard oblique avant de piquer vers la cime des arbres d'une forêt bordant la région de Pré-Au-Lard. La mer blanche prend des allures de lac vert et l'odeur des sapins transperce l'hiver. 

 

— Elle me rend dingue, j'la comprends plus du tout depuis c't'été. 


Et demain ?

Message publié le 17/07/2025 à 20:02

Alors que l'horloge de l'arrière boutique indique Charlie et Alison "En route" grâce à deux aiguilles semblables à des cuillères ornées de leurs prénoms, celle d'Owen est revenue sur "En déplacement" plutôt qu'"Inconnu". Quant à l'aiguille de Kate, elle n'apparaît que sur la pendule familiale du salon depuis que les Carter ont opté pour la discrétion à propos de sa disparition. Assise en face du tic tac familier et des consignes chantonnées irrégulièrement, Freya surveille l'aiguille de son père, espérant la voir glisser vers "En route" à son tour. Ainsi, elle jette parfois des coups d’œil à l'horloge pendant les silences de Sasha, mais reste attentive aux explications de ce dernier.

 

La mention du Ministère l'interpelle, puis de Fenella, puis l'idée même d'avancer sa majorité. Fronçant les sourcils, l'aînée fixe le parchemin torturé entre les mains de l'Ukrainien prête à lui couper la parole au moment où il reprend. Le manque de confiance de Sasha se heurte souvent au manque de temps de Freya. Celle-ci termine les phrases qu'il peine à articuler, ou le pousse à aller droit au centre de la marmite, l'esprit déjà ailleurs. Aujourd'hui, elle retient sa question, suspendue au bout de ses lèvres tâchées de rousseurs, tandis qu'il évoque les réfugiés, et donc les Russes. An-anh, je vois, acquiesce la sorcière, consciente des tensions qui peuvent gronder sourdement d'un côté ou de l'autre des deux camps, surtout après avoir appris que Sasha est le seul réfugié d'origine ukrainienne à l'école. Elle récupère quelques baies noires au creux de sa paume et les fait rouler distraitement en imaginant les possibilités du Gryffondor. 

 

— Alison m'a dit qu'tu pars en août ? révèle-t-elle, l'information gardée secrète tant qu'il ne se décidait pas à en parler lui-même. Ses yeux noisette sondent ceux du garçon. Elle y lit une volonté d'être honnête, en dépit du bagage sombre et mystérieux qu'il porte en permanence sur les épaules. Freya pense mieux cerner Sasha depuis les dernières semaines, certainement grâce aux échos positifs de Fenella. Quoiqu'il en soit, c'est noble de vouloir travailler jusqu'à la fin. Certains se seraient juste planqués. La rouquine croque les trois mûres qu'elle tenait dans sa main, et opine du chef, comme pour souligner la bravoure de l'étudiant. En tant que fille Carter, elle apprécie ce genre d'attitude. Moi je peux te faire un courrier, et j'peux même te faire bosser, c'est pas le problème ça. Elle quitte le regard de son interlocuteur et saisit sa tasse chaude, dont le contour est décoré d'une aquarelle représentant les boutiques du Chemin de Traverse à Londres, à l'époque où OCQ y avait pignon sur rue. Ses prunelles retrouvent Sasha. Détends-toi, j'ai l'impression d'être une harpie des fois quand on discute ensemble, plaisante Freya pour lui arracher un sourire soulagé.

 

— Je comprends ta situation, répète-t-elle plus sérieusement, j'peux te prolonger ton contrat, il y aura de quoi faire de toute façon. Sans certitudes de la présence d'Alison cet été en boutique, ni du retour de son père, la gérante préfère miser sur la motivation de l'adolescent. Les parents de Fen' ont transformé d'anciennes étables en chambres qu'ils louent occasionnellement contre des services rendus à la ferme, tu devrais voir avec eux pour te loger et compléter tes occupations la semaine. Confiante, elle termine sa phrase d'un hochement du menton satisfait. Chaque problème doit rapidement rencontrer sa solution lorsqu'on dirige un commerce, et Freya s'enfonce un peu mieux dans son fauteuil en savourant l'unique gorgée de thé qu'elle boira chaude cette fin de journée, elle le sait pertinent. De l'autre côté du rideau, le brouhaha des clients sonne comme un compte-à-rebours vers la fin de leur courte pause. La jeune femme revêt à nouveau une expression préoccupée. Alison m'a aussi dit que Charlie est pas au courant de ton retour en Ukraine. Enfin, elle lui a pas dit. Je sais pas si toi tu lui as dis, mais Sasha, ça risque d'être difficile pour elle avec la situation familiale, donc- Coucou ! s'écrie justement la troisième année, fraîchement débarquée de l'extérieur, la cape couverte de gouttelettes. 

 

Depuis que Sasha et elle ont discuté sous le saule cogneur, Charlie a continué de se renseigner à propos du conflit entre l'Ukraine et la Russie, affinant ses connaissances sur le sujet. Tandis qu'elle essaye d'arriver quelques heures avant la fermeture du magasin les samedis pour passer du temps aux côtés de Fenella et Sasha, ce dernier a retrouvé une place de choix dans son coeur d'artichaut, et Freya l'a bien compris. Elle interrompt immédiatement sa mise en garde et se lève, sa petite sœur déjà collée contre elle. 

 

— Salut toi. Ta sœur est pas là ?

— Elle discute devant, on a croisé le fils du brasseur en arrivant. Alors, t'as des nouvelles de Papa ? s'empresse de questionner la plus jeune des Carter en posant son sac au sol tandis que Freya la sèche d'un sortilège jeté du bout des doigts.

 

— Nan j'suis déso -Freya j'ai besoin de toi- j'arrive ! Toi t'as pas oublié de dire bonjour à Sasha par hasard ? Un ballet s'opère donc, entre l'aînée qui oublie sa tasse dans l'arrière-boutique pour rejoindre Fenella, et la benjamine qui attrape une poignée de mûres avant de s’asseoir sur l'accoudoir aux côtés du sixième année. Ch'alut Ch'asha, marmonne-t-elle, la bouche pleine de fruits, les prunelles attrapant au vol le parchemin brouillon qu'il tente de dissimuler. C'est quooooi ?! C'est une lettre d'amour ? Elle ricane et se penche afin de prendre un biscuit.

— C'est une lettre pour Kalina ? OH ! s'exclame-t-elle finalement en pinçant le gâteau avec ses lèvres, le temps de fouiller parmi ses bracelets. Charlie en extirpe un confectionné de perles jaunes et de perles bleues, et le tend à Sasha. J't'ai fait un bracelet aux couleurs de l'Ukraine ! Tiens, mets-le !


Et demain ?

Message publié le 11/07/2025 à 18:20

Le printemps mal dégrossi gratte la grisaille écossaise. L'herbe verte tâche les flancs du village de Pré-Au-Lard pour rappeler qu'ici, la nature s'obstine chaque mois de mai à revenir malgré la brume dense. Sur les toits d'ardoise Grand-Rue, et au coin des volets de bois, quelques rayons timides du soleil font briller la rosée en dentelle de perles. Il est quinze heures mais il pourrait être sept heures ou midi, que ça ne changerait rien ; le ciel est aquarelle. C'est une journée humide, délavée d'averses, et bientôt le visage des visiteurs s'élève. Un arc-en-ciel surplombe le village.

 

Chez Owen Carter Quidditch, l’air sent l'aube des examens et l'imminence des vacances scolaires. Certains étudiants espèrent se changer les idées entre deux révisions, d'autres clients prévoient de voyager en balai au mois de juillet et viennent chercher un équipement, ou améliorer leur monture. Côté sports volants, les clubs préparent le matériel des camps d'été, et toujours plus de curieux espèrent pouvoir essayer un OCQ500 après qu'Elliot Blackburn ait été la meilleure des égéries. En rayon, les gants légers ont remplacé ceux d'hiver, et des collections aux couleurs estivales ont pris place sur les portants à vêtements. Tête de gondoles, les kits de réparation express et les rangements extensibles sont les stars du fly-trip, à côté des nouveaux maillots d'équipes. 

 

Au-delà du quotidien de la boutique en cette saison, une ambiance pesante règne au-dessus du foyer Carter. Le courrier d'Owen a redonné à Freya l'espoir de voir son père rentrer. Sans le vouloir depuis la semaine dernière, elle surveille la rue, tourne la tête machinalement vers l'entrée à chaque tintement de clochette, ronge la peau du contour de ses ongles quand elle n'utilise pas ses mains pour jeter des sortilèges ou lire des parchemins. Peut-être arrivera-t-il cet après-midi ? Peut-être demain ? L'incertitude lui renverse les tripes de temps à autre. Elle serre les dents.

 

Au comptoir Fenella sifflote gaiement, au service des clients qui veulent passer en caisse, un balai miniature tournoyant au-dessus d'elle. La Serdaigle demeure pimpante en dépit de l'inquiétude creusant le front de Freya. En quelques mois, elle est devenue vendeuse référente du samedi en boutique, remplaçant souvent l'aînée Carter pour lui libérer du temps. Son sourire illumine le commerce et aide Sasha à gagner en confiance. "Travail d'équipe", répète-t-elle lorsqu'ils se divisent les tâches, l'élève en charge du réassort et des besognes plus simples, Fenella à la rescousse quand il s'agit de conseiller un visiteur aux questions pointues, ou pire, qui ne s'exprime qu'en Écossais. Au fil des weekends, le binôme a pris des marques solides, utiles pour survivre aux rushs de Pré-Au-Lard. 

 

Les deux jeunes femmes ont gardé un avis nuancé à propos du passé de l'Ukrainien. Si au début elles l'observaient de biais, conscientes du bagage lourd et invisible dans son dos, elles se sont toujours efforcées de rester bienveillantes, de penser avec compassion à l'égard de son histoire douloureuse, et surtout respect à l'égard de son courage. Cependant une part de l'aînée Carter surveille Sasha de loin, pas pour le piéger, pas pour le juger, mais pour veiller au bon déroulement des choses, au village comme à Poudlard.

 

Aujourd'hui d'ailleurs, il a demandé à lui parler. Alors qu'elle dépose une tasse de thé sur le comptoir à l'intention de Fenella, la rouquine interpelle le sixième année. Sasha ? Tu viens derrière du coup ? Après un coup d’œil vers l'entrée, sa tête disparaît de l'autre côté du rideau qui sépare le magasin de l'arrière-boutique. Elle a servi deux tasses de thé sur la table basse jouxtant trois fauteuils dépareillés au confort incontestable. Installe-toi, on va s'mettre là, dit-elle en désignant le Chesterfield abîmé. Près des boissons fumantes, quelques biscuits et une barquette de mûres attendent de rassasier l'appétit légendaire du Gryffondor. Sers-toi, indique Freya en prenant une baie noire qu'elle jette dans sa bouche. 

 

— Alors, tu voulais me dire quelque-chose ?


Le grand emballement

Message publié le 11/07/2025 à 13:01

Elle voudrait qu'il ne s'arrête plus. Qu'il vole jusqu'au-delà des frontières, et qu'elle le suive, laissant tout derrière. L'air glacial d'Écosse peut bien lui mordre les joues, Freya s'en fiche, riant aux éclats tandis que son coeur s'emballe une fois encore. Les chants de Noël diffusés h24 en boutique l'ont rendue mièvre, ou l'était-elle déjà avant ? C'est pas de sa faute si Elliot a toujours la bouille de leurs treize ans lorsqu'il la taquine, pas de sa faute s'il la ramène à l'âge où n'importe quoi était possible, pas de sa faute si à ses côtés elle se sent heureuse, comme avant. Jouant des coudes et des épaules avec le batteur, la rouquine entend son corps réclamer plus. Plus de frôlements, plus de contacts - aussi brusques soient-ils parfois - plus de regards échangés et le monde qui disparaît autour.

 

Est-ce qu'on appelle ça l'amour ?

Dans son cas, c'est plutôt une malédiction.

 

Les balais se calment, les souffles s’apaisent, mais Freya vient de reprendre une dose dangereuse à proximité du brun. Elle est accro, soyez-en sûrs. Elle plane, littéralement. Son esprit imagine l'impossible, loin de penser à la descente sévère qu'il faudra encaisser ce soir, demain, lorsqu'il aura disparu et qu'elle ramassera les miettes de ses souvenirs pour affronter le vide qu'il laisse à chaque fois.

 

Leurs jambes au repos, les OCQ500 à faible allure, ses bras libres, l'aînée Carter rend son sourire au Gallois, une lueur de fierté au fond de ses yeux fatigués. En match, ça va être fou. On a déjà programmé six mois de fabrication avec Jun là, on a des contrats de partout alors qu'on montre juste des prototypes quand on démarche les équipes, informe-t-elle, soulagée d'avoir réussi son pari, à presque rien d'assurer un retour au succès familial dans l'univers du quidditch. Le batteur risque d'y gagner aussi en notoriété, pour un peu que la sphère des entraîneurs nationaux commence à s'intéresser au joueur qui a eu le privilège d'être le premier à chevaucher un 500.

 

Plus bas, sous les nuages et la brume, Pré-Au-Lard et sa campagne frissonnent, et le château attend la fin des vacances, protégeant les élèves restés en son sein jusqu'à la nouvelle année.

 

— T'as eu un bon Noël ? T'as réussi à te reposer ? questionne Freya, sincèrement soucieuse des conséquences du rythme de son égérie, et des répercussion de la pression qu'il subit au quotidien. Elle observe Elliot sans oser laisser trop traîner ses yeux sur son profil ravageur. Elle avait secrètement espérée qu'elle le trouverait moins beau en grandissant, que ça l'aiderait à tourner la page, mais devinez quoi ; il est craquant. L'aînée rabat ses cheveux chaotiques en arrière, ces derniers qui reviennent aussitôt lui lécher les joues et le front, comme si son visage était une torche rousse, flamboyante. Pour nous c'est joker, ça a fini avec Charlie en pleurs et Alison en fugue, j'veux oublier ça, confie-t-elle honteusement. Son regard balaye la mer blanche qu'ils survolent, un soupir au bout des lèvres. Il faudra bientôt rentrer. D'ailleurs Elliot, tu sais c'qu'il se passe entre Alison et Spike Ryder ? J'veux dire, j'me doute de c'qu'il se passe hein. Mais des fois elle dit des trucs juste pour m'emmerder, alors j'sais jamais c'qui est vrai. Tu l'sais toi ? Il en parle ? 


Le grand emballement

Message publié le 29/06/2025 à 13:20

Fille d'Owen Carter, la jeune Freya était prédisposée à suivre les pas de son père dans le quidditch, elle-même particulièrement douée sur un balai. Les recruteurs de talents des ligues suivaient sa progression avant celle d'Elliot, rien que grâce à son nom de famille, sans qu'elle n'ait encore l'âge d'intégrer les équipes scolaires de Poudlard pour briller. Poursuiveuse au départ, et très vite en route vers une carrière d'attrapeuse, la rouquine a éloigné d'elle-même toutes les opportunités dès lors que sa mère a disparu. Elle a refusé un poste dans l'équipe de Poufsouffle, partagée entre l'école et Pré-Au-Lard, a tourné le dos aux chasseurs de têtes et c'est mieux comme ça

 

La voie d'Elliot n'a d'enviable que le temps qu'il passe sur un balai.

Freya n'aurait jamais supporté le reste. 

 

Elle l'admire, heureuse pour lui, attentive depuis le début à sa progression, match après match, d'une équipe à l'autre. Aujourd'hui encore, l'aînée des trois filles Carter sent bien qu'il a fait une place qu'elle n'aurait pas pu assumer. Un sourire un peu con aux lèvres de le voir prendre en main l'OCQ500, Freya vit le bonheur d'Elliot par procuration.

 

Le batteur des Catapultes de Caerphilly peut apprécier son travail à sa juste valeur, et se rendre compte du bouleversement que va provoquer l'arrivée des nouveaux balais Carter sur le marché du sport volant. Sentir la reconnaissance d'Elliot donne des ailes à Freya. Elle oublie un instant la fatigue des dernières semaines, des dernières années. Une chaleur douce au fond du ventre, elle se concentre pour graver l'image dans sa mémoire, bien consciente qu'il s'agit d'une miette de pain au cœur de la vaste vie de son égérie.

 

L'exclamation du brun réveille l'ancienne Poufsouffle qui saisit alors son propre OCQ500, en chêne blanc aussi, moins tape-à-l'œil cependant. En trois secondes, elle s'élève à la hauteur du prodige, baguette rangée. Tu vas pas te contenter du plafond quand même ? demande-t-elle sur le ton du défi. Ses doigts envoient un sortilège à la penderie faisant office de passage vers les souterrains de Pré-Au-Lard, et Freya virevolte autour d'Elliot. Passe devant, prends ta revanche ! Elle rit, l'esprit léger, la sensation d'avoir douze ans. Son balai donne des à coups, impatient, et la rouquine dessine de grands lacets pour l'apaiser en attendant que le Gryffondor ne fonce droit vers les portes ouvertes du meuble. Son rythme cardiaque accélère, ses phalanges serrent le manche. Elle est prête à suivre Elliot. 


Le grand emballement

Message publié le 19/06/2025 à 19:02

En dehors d'Elliot , chaque membre de l'équipe des Catapultes de Caerphilly aura bientôt son OCQ500, puis quelques autres célébrités du quidditch choisies pour leur rayonnement parmi la sphère sportive. Freya et Jun doivent distribuer pas moins de 30 balais avant fin janvier, alors l'atelier aux dimensions de cathédrale d'Owen s'en trouve encombré. Après elle sous-traitera certaines étapes de fabrication et ne s'occupera plus personnellement des tests de compatibilité, mais les premiers modèles ont le privilège d'être entièrement assemblés dans le sous-sol grandiose de l'arrière-boutique.

 

Surplombées par des lanternes flottantes, les tables de travail témoignent de tâches interrompues, diverses et variés. Là, un manche en mélèze à moitié poncé, ici des outils de gravure près d'une bague en laiton brossé, au fond quelques plumes abandonnées en pleine taille, et partout, des parchemins remplis de croquis dont certains bougent en silence. Mais le véritable spectacle se passe en l'air, entre les lanternes. 

 

Jusqu'alors distraite et incapable de répondre aux provocations d'Elliot, la rouquine se tourne dans sa direction quand il réclame son balai. Ton bébé ? Essaye de le faire venir, défie-t-elle en donnant un coup de menton vers le plafond. Là-haut, l'OCQ500 montre des signes d'impatience, dessinant des cercles larges, irréguliers, ponctués parfois de feintes nerveuses. Devine quoi, j'crois qu'il s'ennuie, ajoute Freya en souriant. Elle attend depuis longtemps la réaction du Gryffondor qui tient une place particulière au centre de sa vie, quoiqu'il en fasse. Siffle-le, conseille-t-elle en se positionnant à ses côtés pour fixer le balai taillé dans un chêne blanc noueux et dense, portant encore les stries naturelles du bois, comme autant de cicatrices de combattant. Couvert de vernis mat texturé, légèrement bruni, l'engin semble capturer la lumière aux endroits où sa patine tire vers le doré. Chêne blanc, oiseau tonnerre. Les propos de l'aînée Carter confirment l'impression d'apercevoir des plumes immenses mêlées aux branches de la queue imposante du balai, retenues par plusieurs cerclages en alliage de bronze et d'or. Les étriers sont forgés de ce même mélange, inclinés en avant pour un meilleur dynamisme. Au-dessus, un siège couvert de cuir végétal languit d'être chevauché, tandis que les plumes vibrent à l'arrière, arrogantes.

 

Fruit de longues conversations entre le synthétiste et Freya, le balai possède un tempérament incompatible avec l'hésitation. Il toise les deux sorciers en produisant un bourdonnement grave quand la Poufsouffle ricane. On faisait les ajustements la semaine dernière, et il a failli péter les côtes de Jun, il lui faut du répondant, ce qui ne devrait pas poser de problème, a priori, mais sait-on jamais. Ses yeux cernés observent le batteur, surveillant la moindre de ses attitudes jusqu'à ce qu'il enfourche enfin son OCQ500. 

 

— À toi de jouer. Impressionne-moi. Elle enfonce une main dans sa poche, prête à sortir sa baguette au besoin. 


Le grand emballement

Message publié le 16/06/2025 à 14:24

"Les crédits de 2124 expirent le 22 janvier. Pensez à faire valoir vos gallions avant qu’ils ne se dissipent !" scande une affiche au-dessus du comptoir tandis que la foule se presse entre les rayons d'OCQ. L'effervescence est palpable au 76 Grand-Rue. Certains clients viennent échanger leur cadeau de Noël, déçus d'avoir reçu le t-shirt de la mauvaise équipe, ou des protections trop petites. D'autres sont là pour utiliser le bon d'achat offert par une tante qui ne savait pas quoi choisir, ou juste pour dépenser l'argent économisé toute l'année. La visite à Pré-Au-Lard est un classique des vacances scolaires auxquelles les familles de sorciers dérogent rarement. Le charme du village en hiver profite aux commerces, et Freya ne lâche rien malgré la fatigue accumulée depuis la rentrée.

 

— J'dois prendre la résine de saule argenté en bas, tu vois le brun là qui vient d'arriver ? C'est Elliot. Dis-lui de venir derrière s'te plaît, demande la Poufsouffle à Charlie en désignant Nikola Brutcell. Les bras chargés d'une caisse avec des items à remettre en boutique, la benjamine opine et se précipite au comptoir tandis que Freya emprunte l'escalier en colimaçon, et disparaît. Ali, tu vois le brun qui vient d'arriver ? C'est un héritier de la monarchie française hyper blindax et célibataire il faut l'appeler Monseigneur Munster. J'ai la flemme, j'te le laisse du coup, déclare-t-elle avant d'emporter sa caisse plus loin, à un endroit d'où elle pourra suivre discrètement la scène, si personne ne l'interrompt. Alison fixe l'étranger et rajuste sa frange. 

 

Les sœurs Carter ont encaissé l'absence d'Owen à Noël chacune à leur manière, la déception nourrissant chez elles des émotions différentes, entre résignation, tristesse et colère.

 

Forte d'avoir enfin seize ans, la Serpentard s'approche du joueur gallois sous couverture. Monseigneur Munster, bienvenu chez Owen Carter Quidditch, déclare-t-elle maladroitement en effectuant un genre de courbette. Dans un coin, Charlie se tient le ventre, prise d'un fou-rire incontrôlable. Les clients jettent quelques œillades à l'étrange duo formé par Alison et son interlocuteur. Permettez que je vous escorte humblement vers notre matériel d'exception. Que cherchez-vous exactement ? Les pommettes rouges, l'adolescente s'essayer à franciser son accent, sans grande réussite ; on dirait plutôt qu'elle parle avec une pomme de terre trop chaude sur la langue. Alors que derrière eux, une affiche représente Elliot Blackburn en train de poser torse-nu chevauchant un OCQ500 au milieu des Highlands, elle s'explique. Vous avez besoin d'une perle rare comme notre prochain balai. Ignorez le modèle, les Anglais n'ont pas l'élégance à la Française, vous serez bien plus chic que lui Monseigneur Munster, signale-t-elle en cachant la silhouette musclée du sportif.

 

— Ali, qu'est-c'tu fout ?! interrompt Freya au bout de cinq bonnes minutes de comédie. Hein ? Bah je- viens Elliot, murmure la responsable du magasin qui fait signe au Gryffondor de rejoindre l'arrière-boutique. Alison s'interroge, puis fulmine en découvrant Charlie, toujours morte de rire entre les écharpes de supporters et le présentoir à multiplettes. Putain mais quelle petite- Alison, CAISSE, dépêche. Charlie, reprends-toi il reste moins d'une heure, s'te plaît. Freya referme la porte derrière Nikola sans prendre le temps de vérifier que ses sœurs se soient remises au travail. "Inventaire J-4, fermeture annoncée de deux jours minimum !" chantonne l'horloge accrochée au mur pendant que la rouquine semble faire un point mental dans sa tête. Ça, c'est ok. -ça... c'est demain. ... Ah merde, bon. J'lui dirai après- Elliot, réalise-t-elle soudain en croisant pour la première fois le regard de son ancien camarade de classe. Elle est clairement surmenée. Ça va ? Un peu le speed ici comme tu vois. Bravo pour votre match au fait. Bon on descend ? 


Les Frontières

Message publié le 30/05/2025 à 21:06

À quinze ans, Freya a géré par intermittence le foyer à la place de son père qui plongeait dans une dépression sévère. À seize ans, elle a décidé de la meilleure façon d'accompagner l'anorexie mentale de sa sœur, Alison, sans que les services magico-sociaux ne puissent être alertés. À dix-sept, elle éconduisait les journalistes trop curieux, pressés aux portes de la boutique. L'année de ses dix-huit ans, elle a redressé le commerce OCQ, et maîtrisé les catastrophes causés par l'éveil du don magique de Charlie, et ses multiples idées fantasques. Le reste n'a été qu'une succession de défis, de choix impossibles mais essentiels, de beaucoup de résilience.

 

Alors face à la réaction confuse de Sasha, elle acquiesce, ravalant ses doutes comme la centaine de fois où elle a été obligée de prendre une décision hâtive. À samedi, rentre bien, se contente-t-elle de répondre en le suivant des yeux, persuadée qu'il gardera un souvenir amer de cette conversation. La silhouette de Sasha s'éloigne et la Poufsouffle espère avoir su trouver les mots quand même, et qu'il comprendra. Un soupir d'épuisement traverse ses lèvres. 

 

C'est seulement lorsqu'elle rentre dans la boutique que Freya remarque une lettre au sol, probablement glissée sous la porte. Elle referme derrière elle et ouvre le courrier, observée par différents posters d'Elliot Blackburn, quelques uns de Spike, et un étendard représentant son père. Le parchemin porte l'écriture raffinée de Jun.

 

Il l'invite à sortir avec lui pour la St Valentin, après leurs journées de travail respectives. La rouquine relit deux fois la formulation parfaite du Japonais et sourit. Elle ne le pensait pas capable d'un tel bond en avant. Les phrases sont sobres, pudiques, sans débordement de quoique ce soit, comme l'est son collègue au quotidien. Freya lève la tête et croise le regard d'Elliot Blackburn qui s'arrête de cirer son balai pour lui envoyer un clin d’œil. 

 

Elle se remémore leur seule St Valentin, en quatrième année, quand le Gryffondor a fini par dessiner un coeur sur le joint qu'il était en train de rouler et le tendre à la rouquine, accompagné d'une fleur, et d'une réplique inoubliable : "Tu diras pas j'suis pas romantique, j'peux même t'allumer la mèche s'tu veux".

 

Bien-sûr, Freya a gardé le joint, et la fleur. Bien-sûr, elle n'a jamais offert son cadeau ce jour-là, honteuse d'en avoir fait "trop", de s'être enflammée. Les joues rouges, la Poufsouffle relit encore la lettre ; c'est sa première invitation pour une Saint Valentin. Elle marche un peu dans le magasin, sentant les yeux de quelques posters la suivre. Tu vas faire quoi ?! demande l'aînée Carter sur un ton de défiance à son ancien petit-ami occupé à dessiner des loopings devant un coucher de soleil. Il a probablement déjà reçu un sac entier d'invitations à partager des dîners et des hôtels pour la St Valentin, se dit-elle, amère. J'vais y'aller Blackburn. Je mettrai peut-être même une mini-jupe, affirme-t-elle à haute voix, provoquant l'indignation d'Owen Carter en banderole. 

 

— Faudrait d'jà que vous soyez là pour m'en empêcher, signale Freya, appuyant son regard sur les portraits de son père et d'Elliot. La scène lui provoque un rire, comme une soupape laissant échapper la pression de cette fin de semaine. Elle range le parchemin et quitte la boutique sans leur dire "bonne nuit". 

Liste des messages de Freya Carter