Harry Potter RPG
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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
À quelques pas d'Ollivanders, Samedi 10 Février 2125

- J'y vais à toutes ! Leslie claironne en ouvrant et refermant la porte.

Le tintement de la cloche l'accompagne alors qu'elle termine d'enfiler sa veste au milieu d'une rue bondée. Ses yeux parcours la foule sans rien chercher de particulier. Un soleil timide perce les nuages aujourd'hui, comme un signe de bonne fortune. Leslie esquisse un sourire alors qu'elle rajuste son col, enfonce les mains dans ses poches. C'est un grand jour. Un jour attendu. Elle n'a que quelques pas à faire pour se retrouver au devant de la vitrine poussiéreuse devant laquelle elle a donné rendez-vous à Lysander Bramblethorn. Elle ne sait guère à quoi il ressemble, bien qu'elle s'en fasse une idée certaine d'après sa manière de rédiger ses lettres. En avance de plusieurs minutes, Leslie entre sans hésitation dans la boutique avec le jeu de clé légué moins d'une semaine plus tôt par les gobelins de Gringotts. Elle a encore du mal à s'imaginer que l'endroit est à elle et bien à elle. D'une œillade brève elle avise l'intérieur plutôt délabré, affiche un air satisfait.

Son bras se dresse et elle zieute la montre dorée qui lui affiche des secondes s'égrenant en toute sérénité. Le bracelet fin est agité par réflexe alors qu'elle rempoche de nouveau sa main, guette l'extérieur. Elle est excitée. Trop excitée, sans doute. Inspirant et expirant lentement, elle se répète mentalement tout ce qu'elle est sensé mettre sur le tapis avec Monsieur Bramblethorn. Elle est prête. Voilà des jours qu'elle est prête. Une silhouette se détache parmi la foule de badauds, et Leslie la repère immédiatement. Parfaitement en valeur dans un costume sur-mesure, une canne en guise d'appuie, la démarche assurée et d'une noblesse certaine, ce ne peut être que lui. Chassant l'angoisse qui la saisit comme si elle était restée une simple adolescente, la sorcière prend les devants et quitte la boutique pour l'accueillir le sourire aux lèvres. Sur sa peau blanche s'écrase des rayons chauds et tendre alors que son regard s'illumine d'un éclat joyeux.

- Monsieur Bramblethorn ? Leslie Harrison. Enchanté. Sa main se tend par réflexe, et elle sert celle du sorcier avec un aplomb qu'on n'aurait guère prêté à sa frêle silhouette. Merci de vous être déplacé. Brièvement elle se retourne pour lui désigner la façade, terne et triste, pourtant bercée d'un potentiel que Leslie imagine grandiose. Le futur Harrisounds, elle présente avec une joie presque enfantine. J'ai récupéré les clés lundi dernier. J'vous fais faire un tour du propriétaire ?

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
À quelques pas d'Ollivanders, Samedi 10 Février 2125

Les pommettes rougissent faiblement sous le compliment, plus encore alors que l'homme informule un sortilège pour agrémenter les lieux d'une flagrance fleurie. Sans doute aurait-elle du s'assurer de ne pas faire visiter son local à son futur investisseur dans de telles conditions. Aucun commentaire cependant ne vient accompagner le geste, et Leslie se garde bien de s'excuser inutilement. Ce qui est fait est fait, et ce qui ne l'est pas restera oublié.

- Oh, c'est volontaire de ma part, elle annonce en réponse directe à son interlocuteur, l'entrainant jusqu'au fond de la pièce. Je veux dire, je suppose que j'aurais pu trouver quelqu'un pour m'accompagner dans l'aventure... mais c'est quelque chose que je tiens à faire seule.

Elle avait eu des propositions, en réalité, plusieurs. Alléchantes, pour beaucoup, car il est certain que monter un business à plusieurs amoindriraient ses coûts de manière drastique, en plus d'alléger une charge de travail phénoménale. Leslie avait cependant refusé l'ensemble des candidats qui s'étaient présentés. Certains parmi son cercle proche, d'autres de simples clients curieux dont le projet était parvenu aux oreilles via ses propres collègues.

- Bon ici, ce sera fermé voyez, elle poursuit en désignant une paroi imaginaire entre eux. Les artistes pourront tester leur liaison avec l'instrument, j'ajusterai selon leurs retours. Comme je vous l'ai expliqué dans nos courriers, je veux absolument que tout soit du sur-mesure.

Sa baguette extirpée la poche de son manteau, Leslie invoque la vision qu'elle se fait du local tel qu'il est sensé le devenir.

- J'ai pas mal de créations que je pense exposer ici et là, elle explique en montrant les murs boisés parfaitement huilés, et aussi certaines affiches explicatives concernant les cœurs, les bois. Là j'ai pensé à placer un dispositif de projection, pour que les futurs propriétaires d'instruments Harrisounds puissent visualiser leur futur bien à travers un questionnaire personnalisé, Leslie se déplace à travers la pièce, avant de s'arrêter devant une série de marche qui descend vers les futurs ateliers. Bon et en bas bien sûr, là où la magie opère, elle annonce avec un clin d'œil.

En quelques instants, ils s'enfoncent dans les sous-sols du local, sombres, mais éclairés par une fenêtre unique et longiligne donnant directement sur la rue, à travers laquelle s'éparpillent plusieurs amas de poussières. Leslie est comme une enfant alors qu'elle renvoie d'autres invocations, de l'atelier imaginaire qu'elle se créé depuis de nombreux mois.

- J'ai déjà plusieurs devis d'artisans du monde sorcier, et je sais exactement à quoi ça va ressembler. Voyez, ici la taille et le ponçage, là les enchantements, la partie administrative bien sûr, et les finitions.

Chaque plan de travail était d'une organisation exemplaire, les outils à leur place, la luminosité accordé à l'ouvrage, ainsi que plusieurs étagères destinés à recevoir des ouvrages pour les cas complexes.

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Quatrième étage de Sainte Mangouste, Dimanche 13 Août 2124

Le silence s’étire quelques secondes alors que Leslie observe le flacon entre les doigts d’Oonagh. Le liquide argenté miroite sous la lumière artificielle, ondulant avec une douceur presque trompeuse. Voir un fragment de sa propre mémoire ainsi encapsulé lui provoque une sensation étrange, un léger creux dans l’estomac qu’elle ne s’attendait pas à ressentir. Elle se redresse légèrement lorsque la voix de Quinten s’élève. La question flotte un instant dans l’air, comme un grain de poussière suspendu avant de retomber au sol. Leslie tourne instinctivement la tête vers son père, mais ne dit rien. L’inconnu est omniprésent dans ses phrases, les visages effacés, les repères dissous dans un temps qu’il ne maîtrise plus. Oonagh répond d’un ton fluide, maîtrisé, et Leslie l’observe du coin de l’œil. Une routine bien rodée, une réponse calibrée pour ne pas heurter, mais aussi pour ne pas attiser trop de doutes. Un équilibre délicat.
 

Son regard revient vers Quinten. Il n’a pas l’air perturbé par la réponse, pas plus que par la situation dans son ensemble. Il accepte ce qui lui est donné sans chercher à le confronter. C’est peut-être ça, le plus troublant. Lorsque la médicomage effleure son dos, l’invitant à avancer vers la pensine, Leslie inspire légèrement par le nez. Une part d’elle hésite. Pas par peur. Pas par malaise. Juste… une seconde de flottement. Elle n’a jamais revu cette scène autrement qu’à travers les souvenirs épars de son père, à travers les miettes qu’il lui en laissait au fil des années. Mais maintenant, elle va plonger dans une version figée, immuable, préservée d’une manière qu’aucun récit oral ne peut l’être. Elle glisse un regard vers Oonagh. Pas besoin de mots. D’un geste fluide, elle pousse légèrement ses manches, comme si elle s’apprêtait à manipuler un bois précieux ou à travailler un enchantement délicat. Puis, elle s’avance et pose une main sur l’épaule de son père, le contact léger mais assuré.
 

- Ça va aller, papa, souffle-t-elle doucement. Un automatisme.
 

Son regard reste un instant suspendu au-dessus de la surface argentée. Elle se demande comment elle va réagir en revoyant cette scène. Si elle s’y reconnaîtra. Si lui se reconnaîtra. Elle plonge. La transition est fluide, mais vertigineuse. Une sensation de chute douce, comme une plume portée par un vent invisible. Le décor change d’un battement de cils, et soudain, Leslie n’est plus dans la chambre d’hôpital, mais ailleurs. Ailleurs dans le temps, ailleurs dans l’espace. L’odeur du bois envahit l’air. C’est la première chose qu’elle remarque. Un parfum sec et chaleureux, où se mêlent la poussière des copeaux fraîchement taillés et l’essence résineuse des planches empilées contre les murs. L’atelier. Leur atelier. Les étagères croulent sous le poids des outils et des morceaux de bois en cours de travail. Rien ne semble être à sa place, et pourtant, tout ici respire une forme d’ordre méthodique. Elle reconnaît l’endroit immédiatement.
 

Lui aussi.
 

À quelques pas d’elle, Quinten Harrison, plus jeune, d’une dizaine d’années au moins, se tient devant un établi, les manches retroussées, une gouge en main, sculptant minutieusement le manche d’une guitare. Son regard est concentré, habité d’une patience infinie, celle des artisans qui savent que chaque coup doit être précis, mesuré. Ce n’est pas encore un instrument, mais une promesse. Et puis, il y a elle. Une version d’elle-même, plus jeune, à peine sept ans. Les cheveux encore plus clairs, attachés à la va-vite, les yeux grands ouverts, buvant chaque mouvement de son père comme si c’était la chose la plus fascinante du monde. Leslie adulte reste figée une seconde, observant cette scène qu’elle croyait avoir oubliée.
 

- Pourquoi t’utilises celui-là et pas l’autre ?
 

Sa propre voix. Plus aiguë, curieuse, sans filtre. L’enfant pointe un outil sur l’établi, et Quinten relève les yeux vers elle avec un sourire indulgent.
 

- Parce que celui-ci permet de travailler plus en finesse. Tu vois, le bois, c’est comme une baguette : il faut le comprendre, pas le forcer. Si tu y vas trop fort, il se fend. Si tu l’écoutes, il te guide.
 

Il lui tend le manche en cours de sculpture. Elle hésite, puis le prend avec précaution, comme si elle craignait de mal faire.
 

- Regarde les veines. Elles te montrent où aller. Un bon artisan ne sculpte pas contre le bois, il suit son histoire.
 

Leslie sent quelque chose se nouer dans sa gorge. Ce n’est pas juste un souvenir. C’est l’instant où tout a commencé. Là, entre ces murs, dans cet échange. Le premier moment où elle a su. Elle connaît chaque seconde de ce souvenir par cœur, elle sait comment il va se dérouler, ce que son père va dire ensuite. Mais le revoir ainsi, avec l’innocence intacte de l’instant, sans l’altération des années… C’est autre chose. Elle baisse les yeux vers son père, ici, à Sainte-Mangouste. Quinten. Il est là, juste à côté d’elle, plongé lui aussi dans son propre passé. Son visage est figé, immobile, ses yeux gris errant sur les murs qu’il connaît par cœur, les outils qu’il a maniés mille fois. Il regarde ses propres mains d’aujourd’hui, ridées et tremblantes, puis celles du souvenir, fermes et habiles, sculptant avec la maîtrise d’un artisan qui ne doute jamais. Un battement de silence.
 

- C’est mon atelier, souffle-t-il enfin, la voix lente et troublée. Une prise de conscience.


Ce n’est pas un vague décor sorti de nulle part. Il le sait. Il le reconnaît. Son regard oscille entre le souvenir et le présent, comme s’il essayait de superposer les deux réalités, de trouver où il s’est perdu entre elles. Puis, ses yeux tombent sur la fillette. Son souffle se suspend un instant. Il fronce légèrement les sourcils, penche la tête comme s’il essayait de mieux voir.
 

- C’est toi…
 

Ce n’est pas une question. Il sait. Ses traits se figent d’une émotion difficile à nommer. Une reconnaissance pure, mais teintée d’un trouble qu’il ne sait pas formuler. Leslie ne bouge pas, ne dit rien. Elle observe. Parce qu’elle sait que c’est dans ces instants qu’on voit ce qui reste, ce qui tient encore debout derrière le voile des années perdues.
Quinten fixe la scène, mais son regard brille d’une lueur presque effrayée. Puis, tout à coup, il recule. Ses doigts tremblent alors qu’il les passe sur son front, comme si quelque chose en lui vacillait, comme si son propre esprit se fragmentait sous la pression. Son souffle devient saccadé, sa poitrine se soulève plus vite.
 

- Je… Je dois aller travailler. Je suis en retard.
 

Son ton n’a plus rien de calme. Sa voix tremble. Il détourne les yeux du souvenir comme s’il le brûlait, cherche une sortie qui n’existe pas. Il se ferme. Le moment lui échappe, trop violent dans sa clarté. Leslie serre instinctivement les poings. Elle aurait aimé qu’il tienne un peu plus longtemps. Mais une part d’elle savait qu’il en serait autrement. Leslie ne bouge pas, ne parle pas. Pas encore. Elle attend. Elle attend de voir jusqu’où il va fuir, si elle peut encore le rattraper. Elle a connu ces moments. Ceux où les mots ne servent plus à rien, où la réalité bascule trop vite, trop violemment. Mais cette fois, ce n’est pas une confusion ordinaire. Cette fois, il lutte.
 

- Ce n’est pas vrai. Il secoue la tête, refuse ce qu’il voit. Ce n’est pas mon atelier. Ce n’est pas… Ça ne peut pas être maintenant. Il cherche quelque chose dans sa poche, sur lui, dans l’air, comme si un objet, un repère pouvait lui prouver qu’il est bien là où il pense être. Son regard se perd, il vacille. Où est ma montre ?! L’angoisse monte en flèche. Il tâte ses poignets, fouille son veston imaginaire, et son regard paniqué se pose sur Leslie. Où est-elle ?! Je l’ai laissée ici ce matin, j’en suis sûr. Jack va me tuer si j’arrive en retard. C’est quel jour ?! Son désarroi est palpable, presque trop douloureux à voir. Leslie ouvre la bouche pour parler, mais il ne la laisse pas faire. Pourquoi tu ne réponds pas ?!


Il fait un pas vers elle, et l’espace d’une seconde, elle voit son père tel qu’il était avant la maladie.


Fougueux, impatient.


Mais cette fois, il est perdu. Ses doigts se crispent sur son propre bras, son regard oscille entre le souvenir et le vide. Il perd pied.

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Ollivanders, Mardi 07 Mars 2124

Les informations tombent. Précises, claires. São Paulo. Un artisan local. Sorbier, corne de basilic, vingt-huit centimètres. Leslie ne laisse paraître aucune réaction immédiate, mais dans son esprit, les rouages tournent déjà. Une baguette issue d’un artisanat différent, hors du circuit traditionnel britannique. Elle fait tourner lentement la baguette entre ses doigts, testant sa densité, la manière dont elle capte la lumière. Le bois est nerveux, comme elle l’avait deviné, mais le cœur en corne de basilic l’intrigue. Un matériau rare, peu utilisé dans les baguettes européennes.
 

- Le sorbier est un bois de loyauté et de protection, commente-t-elle à voix basse, plus pour elle-même que pour son client. Un bois qui lie profondément son porteur… Mais la corne de basilic, c’est autre chose. Elle marque une pause, son regard analytique. C’est un cœur capricieux. Extrêmement réactif, mais instable si le sorcier change plus vite que la baguette ne peut s’y adapter.
 

Elle repose la baguette sur le comptoir, du bout des doigts.
 

- Votre lien n’est pas brisé. Il est en tension. Son ton est posé, précis. Pas de réponses toutes faites, pas de faux espoirs. Juste des faits tangibles, des possibilités à explorer. Vous dites qu’elle doute de vous, reprend-elle lentement. C’est une bonne manière de le formuler. Les baguettes sont des catalyseurs, mais elles répondent aussi à ce que nous sommes, consciemment ou non. Vous avez changé. Peut-être pas en apparence, mais en profondeur. Quelque chose en vous ne vibre plus à la même fréquence qu’avant.


Elle croise les bras, réfléchissant. La corne de basilic est un cœur agressif, connu pour favoriser les sorts offensifs et les transformations profondes. Un tel matériau réagit au tempérament du sorcier… et parfois, s’y oppose.

- Quand vous l’avez obtenue, vous souvenez-vous de ce que vous ressentiez ? Étiez-vous dans un état d’esprit différent ? Un objectif précis en tête ?

Elle ne force pas la question, mais l’invite à creuser plus loin que le simple constat d’une perte de lien. Puis vient la question suspendue. Est-ce réversible ? Leslie laisse planer un court silence. Elle n’est pas du genre à enjoliver la réalité. Mais elle n’est pas cruelle non plus.

- Ça dépend. Ses doigts tapotent le bois du comptoir, une seconde de réflexion avant d’ajouter : si la rupture était totale, vous n’auriez déjà plus accès à sa magie du tout. Là, elle hésite. Ce n’est pas une fin, c’est un avertissement. Il y a des choses à essayer avant d’envisager une séparation définitive.


Son regard se pose sur le sorcier. Elle jauge autant l’individu que la situation.
 

- Je peux examiner votre baguette plus en détail, tester son équilibre magique, vérifier si quelque chose dans sa structure a changé. Mais je ne peux pas la forcer à vous répondre. La seule vraie question, c’est : êtes-vous prêt à aller au bout du processus ? À chercher pourquoi elle hésite… même si la réponse ne vous plaît pas ?

Elle n’attend pas une réponse immédiate. Elle sait que ce genre de réflexion demande un moment d’acceptation. Dans un geste précis, elle saisit sa baguette et trace un mince cercle lumineux au-dessus de l'instrument. Une simple lecture d’aura, première étape avant de poser un vrai diagnostic. Parce qu’avant de réparer quoi que ce soit, il faut comprendre où se situe réellement la fracture.

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Ollivanders, Mardi 07 Mars 2124

Le silence s’étire à peine un instant alors que Leslie observe la baguette, sans la toucher immédiatement. Elle écoute. Pas uniquement les mots de l’homme en face d’elle, mais aussi les signes discrets que donne l’objet lui-même. Un lien brisé. Une baguette réticente. Elle a déjà entendu ces symptômes, mais chaque cas est unique. Et chaque baguette, comme chaque sorcier, possède une histoire propre. 

- Je vois. Les baguettes ne sont pas que des outils, vous le savez. Elles sont un prolongement de nous-mêmes. Si votre baguette ne vous répond plus comme avant, c’est qu’un déséquilibre s’est créé quelque part. Il peut venir de la baguette, bien sûr… mais il peut aussi venir de vous. Parfois, nous changeons sans même nous en rendre compte. Ce que nous étions quand nous avons reçu notre baguette n’est pas toujours ce que nous sommes aujourd’hui. Cela arrive plus souvent qu’on ne le croit.

Elle tend la main, paume ouverte, pour recevoir la baguette. Pas d’empressement. Elle attend que le client la lui donne volontairement. Lorsqu’elle referme ses doigts dessus, son pouce glisse légèrement sur la surface du bois, analysant sa texture, sa densité, son grain. Un bois nerveux, qui vibre d’une énergie subtile mais contenue. Du sorbier, probablement. Son regard glisse sur la longueur. Assez longue, légèrement souple. Une belle facture :
 

- D’où vient-elle ? demande-t-elle d’un ton calme et professionnel.

Les fabricants étaient rares, leur marque unique mais pas toujours reconnaissable. Leslie devait bien admettre que cette création-ci l'intriguait par sa singularité. Elle tourne légèrement la baguette entre ses doigts, testant son équilibre. Son regard, précis et concentré, ne quitte pas l’objet, comme si elle le lisait à même le bois.
 

- Quand avez-vous remarqué les premiers signes de rupture ? Vous diriez que c'était progressif, ou plutôt soudain ? Peut-être qu'il y a eu un évènement particulier... ?
 

Une baguette qui change de comportement peut réagir à une transformation intérieure du sorcier, mais aussi à une usure du cœur magique, une exposition prolongée à certaines magies, ou même un choc physique qui aurait affecté son équilibre. Elle tient la baguette légèrement éloignée de son propre corps, comme pour ne pas interférer avec son énergie. Elle ne saute pas aux conclusions. Elle veut des faits. Parce qu’une baguette n’est pas qu’un outil. C’est une alchimie.

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Quatrième étage de Sainte Mangouste, Dimanche 13 Août 2124

Le pas tranquille, Leslie s'avance dans le dédale de rues larges, particulièrement bondées. L'été a rameuté son lot de touristes sur la capitale, malgré des nuages gris qui continuent de s'amonceler au-dessus de leur tête. La sorcière ne prête guère attention à quiconque, les mains enfoncées dans les larges poches de sa veste. Son regard est ailleurs, de même que ses pensées. C'est ce jour de la semaine. Sa silhouette frêle ne tarde pas à bifurquer sur le boulevard recherché, puis à s'engouffrer dans un magasin d'apparence désaffecté, non sans avoir échangé avec l'un des mannequins plantés derrière sa vitrine sale. L'ambiance change alors du tout au tout. Sorciers et sorcières s'entassent dans un hall large bercé d'une lumière magique blanchâtre. Plusieurs sont vêtus de blouses vertes annonçant un poste privilégié au sein de l'hôpital.

 

Dirigée vers l'accueil avec la force de l'habitude, Leslie s'annonce de nouveau, comme visiteuse de la chambre 312, au quatrième étage.

 

- Quinten Harrison.

 

On ne la fait guère patienter plus de quelques minutes avant de lui accorder le droit de grimper vers sa destination, et elle ne marque aucune pause devant la porte affublée du numéro 312. C'est à peine si elle toque avant d'ouvrir la chambre, et de s'y engouffrer.

 

- Papa ? Papa, c'est Leslie.

 

Son père est posté à la fenêtre, perdu dans la contemplation du paysage. Il se tourne distraitement vers elle, avant d'en revenir au paysage morne qu'offre la cour intérieure.

 

- J'ai déjà été examiné, sortez.

- Je ne viens pas t'examiner papa. Tu as mangé ?

 

Elle approche, lui plante un baiser sur la joue, dépose son manteau sur le dossier de la chaise atrocement blanche. Les murs sont couverts de photos diverses, de posters de groupes sorciers, de publicités pour des guitares que l'homme a lui-même designé.

 

- Leslie ?

- Oui, c'est moi. C'est ce jour de jour là. Un jour heureux, donc. Leslie a un sourire doux qui lui fend les deux joues, alors qu'elle s'installe sur la même chaise où elle a déposé son manteau. Tu vas bien papa ?

- Je suis en retard au travail. Où est ma poudre de cheminette ?

- Tu ne travailles pas aujourd'hui, papa, tu te souviens ? On est dimanche. Est-ce tu veux qu'on aille faire un tour dehors ?

- Non, non il pleut, tu vois bien.

- Ah.

- Où est ton père ?

- Il est parti faire des courses. Il reviendra bientôt. J'ai apporté un jeu, elle déclare en sortant ses cartes mouvantes.

- Le Bungle ?

- Oui, on se fait une partie ?

- En attendant Abraham alors. Vous êtes gentille.

 

Leslie a un sourire crispé avant de commencer à étaler les cartes sur la table. 

 

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Quatrième étage de Sainte Mangouste, Dimanche 13 Août 2124

- Hey mais tu triches !
- Comment ? Ça fait Bungle là, tu vois bien ! Deux carreaux et trois trèfles !
- Cette carte était pas un carreau y a pas trois secondes et j...

- Oh, bonjour.

- Miss Asiling ! Elle triche !
- C'est peut-être juste pour vérifier qu'tu suis...

 

D'une main elle plaque les cartes sur la table avant de tout rassembler pour faire de la place, se levant par la même occasion. Un regard d'excuse en direction de la médicomage avant d'adresser un sourire à son père. Ce dernier maugrée toujours dans sa barbe, enfoncé dans son siège les bras croisés comme un enfant.

- Oh.

La demande de la médicomage la surprend. Seul Jack avait été sollicité pour verser des souvenirs en vue d'un traitement pour le cas de son père, et pour cause : ils avaient une vie commune qui s'étendait sur plus de cinquante ans. Les deux hommes s'étaient rencontrés alors qu'il n'était que des écoliers, et ne s'étaient depuis jamais vraiment quitté. Il était d'ailleurs la seule personne que Quinten ne manquait jamais de reconnaitre, quelque soit son état. Leslie vivait très durement le fait que ce ne soit pas son cas.

 

- Je ne suis pas sûre...

 

Aujourd'hui était un bon jour. Le sorcier n'avait glissé qu'une ou deux fois avant de se reprendre, l'appelant par son prénom et agissant avec elle comme il l'avait toujours fait. Peut-être ce genre d'initiative solidifierait cela ? Elle se pince brièvement les lèvres, son regard coulissant vers la série de photographies accrochées sur les murs qui revient finalement vers la guérisseuse.

- Pourquoi pas ? Un sourire énigmatique s'est accroché à ses lèvres, une brillance nouvelle dans le regard.

Parfois, Leslie se demande si elle héritera de cette maladie qui ronge son père à mesure que passent les jours. Jack lui assure que non, mais qu'en sait-il ? Elle a toujours eu bonne mémoire, mais Quinten également. Sa carrière démontre d'une dextérité certaine dans son domaine de prédilection, qui nécessite de cumuler de nombreuses connaissances dans des sujets plus divers que variés. Des sujets qu'il semble toujours maîtriser à ce jour par ailleurs. Ce qui lui échappe est le plus commun. L'ordre des choses. Leurs noms. Leur chronologie. Il semble comme perdu dans une bulle étroite dans laquelle ses souvenirs se pressent les uns contre les autres, éliminant des éléments superficiels ici et là jusque déformer complètement l'ensemble. Ça le rend parfois aigri, d'autres fois plus confus qu'un enfant.

- Je crois que j'ai exactement le souvenir qu'il nous faut, elle annonce en pressant ses doigts contre le dossier de la chaise sur laquelle repose son manteau.

Leslie avait sept ans lorsqu'elle a été autorisée à entrer dans l'atelier de son père pour la première fois. Un jour marquant dont elle se souvient avec une clarté sans précédent. Il avait pris le temps de longuement lui expliquer la manière dont il travaillait, pourquoi il était tant attaché à ce qu'il faisait, tout en manipulant avec ses doigts habile le manche d'une guitare qui trônait aujourd'hui dans son propre salon. Décoration infantile. L'instrument était définitivement trop petit aujourd'hui pour qu'elle puisse encore en jouer, et n'était devenu que la représentation d'une passion qui n'avait depuis fait que grandir pour devenir une vocation. Ne sachant pas comment compte procéder la médicomage, Leslie patiente simplement, habitée d'une anxiété absurde que le souvenir ne fasse guère écho dans l'esprit de son père.

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Leslie Harrison

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Deb
Serdaigle
Ollivanders, Mardi 07 Mars 2124

Leslie observe la baguette un instant de plus, comme si elle écoutait quelque chose que Rowan ne peut pas entendre. Il y a une énergie qui palpite encore en elle, mais désaccordée, brouillée, comme un instrument dont les cordes auraient perdu leur justesse. Quand le client parle, sa voix est plus posée cette fois, teintée d’une résolution nouvelle. Leslie ne commente pas immédiatement. Elle laisse un bref silence s’installer, un silence utile, celui où les vérités flottent avant de se figer. Elle finit par poser ma baguette sur une étoffe de velours, le geste mesuré, précis.
 

- C’est bien.


Un simple constat. Pas un compliment. Pas une évaluation. Juste un fait. Elle tapote légèrement du bout des doigts le bois de sorbier, testant sa résonance sous la pulpe de son index.


- Si vous êtes prêt à explorer ce qui a changé, alors Aon vous suivra. Pas immédiatement, peut-être. Pas sans effort. Mais une baguette ne se détourne pas d’un lien sans raison. Elle redresse légèrement le menton, évaluant le sorcier en face d’elle avec cette lucidité perçante qui trahit son métier. Je vais effectuer une lecture énergétique.

 

Son ton est calme, technique, mais pas dénué d’une certaine gravité. On ne manipule pas une baguette en crise avec désinvolture.


- Cela va me donner une idée plus précise de son état, de ce qui la perturbe.

 

Elle récupère la baguette avec délicatesse, son pouce glissant sur les veines du bois, comme on sentirait le grain d’un instrument ancien avant de l’accorder. Puis, elle lève sa propre baguette et, dans un mouvement mesuré, trace un cercle lumineux autour de Aon. Un fil d’énergie argentée s’élève, tissant un motif délicat, révélant les pulsations invisibles de la baguette. À mesure que les filaments s’étirent, Leslie perçoit. Des résistances. Des fluctuations. Une baguette qui n’est pas brisée, mais en tension. Comme un pont entre deux rives qui ne se comprennent plus. Elle plisse légèrement les yeux, analysant les entrelacs subtils qui révèlent des réponses que son client ne peut pas voir lui-même. Puis, enfin, elle parle :
 

- Elle ne vous rejette pas. Elle incline la tête, croisant le regard de Rowan avec sérieux. Mais elle ne vous reconnaît plus entièrement. Un léger silence suit, puis elle ajoute, d’un ton légèrement plus bas : Quelque chose dans votre magie a changé. Son regard glisse sur Aon, toujours entourée de son halo vibrant. Je vais devoir affiner ma lecture.


Un sourire discret vient alléger la tension dans son visage. Pas de panique. Pas d’alarme. Juste une vérité à découvrir. Elle enchaîne immédiatement, poursuivant son analyse comme une musicienne qui ajuste un accord. Elle serre légèrement Aon entre ses doigts, canalisant son propre flux magique, et trace un nouveau motif lumineux autour de la baguette. Cette fois, les filaments argentés réagissent différemment. Certains frémissent, d’autres oscillent, hésitants, comme s’ils cherchaient un équilibre perdu. Il y a du tiraillement. Ce n’est pas une rupture nette, ce n’est pas une cassure. C’est une dissonance. Une disharmonie entre deux forces qui s’éloignent l’une de l’autre. Leslie touche à peine la baguette du bout de l’index, et un frisson ténu lui remonte l’avant-bras, juste assez perceptible pour qu’elle comprenne. Elle expire lentement, analysant la réponse.
 

- Elle vibre encore avec vous. Ce n’est pas un rejet, c’est… Elle cherche le bon mot, le bon parallèle. Puis, son regard se pose sur son client, et elle comprend. C’est une résonance en décalage.
 

Elle laisse les filaments énergétiques onduler encore un peu, puis referme le cercle lumineux, dissipant l’aura qui entourait la baguette. D’un mouvement fluide, elle la repose sur le velours. Son regard ne lâche pas celui du sorcier.


- Votre magie n’a pas disparu. Elle s’est affinée, transformée. Et Aon tente de suivre le mouvement. Elle tape légèrement du doigt contre le bois, réfléchissant à voix haute. Quand une baguette ne répond plus comme avant, ce n’est pas qu’une question de perte. C’est aussi une question d’évolution. Il y a quelque chose en vous qui cherche un autre équilibre. Quelque chose qui a changé…


Elle laisse la phrase en suspens. C’est à lui de combler ce vide. Elle sait que ce qu’elle dit ne parle pas uniquement de magie. Elle laisse quelques secondes défiler avant d’exposer les options.


- Je peux procéder à une harmonisation. Ce serait une sorte de réajustement énergétique entre vous et Aon. Cela pourrait améliorer votre connexion, au moins temporairement, et vous permettre de mieux ressentir ce qui cloche. Elle tapote doucement du bout des doigts sur le bois de la baguette, pensive. Mais si la source du problème vient d’un changement profond en vous, ce ne sera qu’un pansement sur une fissure plus grande. Son regard se fait plus perçant. L’autre option, c’est d’explorer votre propre magie. Voir si elle a changé au point qu’une autre baguette pourrait mieux vous correspondre. Elle laisse un silence planer, mesuré. Mais je ne vous ferai pas essayer une autre baguette tant qu’on n’a pas tout tenté pour Aon.

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Quatrième étage de Sainte Mangouste, Dimanche 13 Août 2124

Leslie attrape le flacon tendu par la médicomage sans un mot, ses doigts se refermant dessus avec une fermeté mesurée. Elle secoue légèrement la tête pour indiquer que non, elle n'a a jamais entendu parler d'Amotio Memoriae. Elle écoute attentivement les explications, le regard fixé sur la baguette d’Oonagh lorsqu’elle lui montre le mouvement à reproduire. Un sort délicat, qui demande de la concentration, de la précision. Pas d’approximation possible. Elle hoche doucement la tête, plus pour elle-même que pour l’autre femme.

- Non. Pas de légilimancie, elle déclare simplement sur un ton neutre qui ne laisse pourtant aucune place à la négociation.

Son espace personnel lui a toujours été vital. Aussi bien physiquement que mentalement.  Cela dit, il lui est très étrange de se dire qu'elle est sur le point de se retirer un souvenir. Elle a l’impression d’aller contre son instinct le plus profond. On est censé s’accrocher à nos souvenirs, pas les arracher. Elle souffle discrètement par le nez avant de répondre à la question d’Oonagh :
 

- C’estt la première fois que mon père m’a fait faire le tour de son atelier.
 

Sa voix est posée, mais elle prend une demi-seconde de plus avant d’ajouter :
 

- Je devais avoir sept ou huit ans. C’est ce jour-là que j’ai su que je voulais faire ce qu’il faisait. J’ai passé des heures à l’observer, à toucher le bois, à poser un millier de questions… Il était fier. Leslie aussi.
 

Elle pince les lèvres, le regard brièvement tourné vers Quinten Harrison. Elle resserre sa prise sur sa baguette et prend une inspiration avant de l’élever, reproduisant avec application le mouvement enseigné. Amotio Memoriae. Une seconde de flottement. Rien. Elle fronce légèrement les sourcils et recommence, plus concentrée. Cette fois, elle sent un léger frisson parcourir son échine quand le fil argenté du souvenir s’étire hors de son crâne. L’espace d’un instant, elle a l’impression de le revivre : l’odeur du bois taillé, la poussière en suspension, la voix grave de son père lui expliquant comment reconnaître un bon morceau de frêne.

Puis c’est fini.
 

Elle dépose doucement le fil de mémoire dans le flacon, le regard fixé sur le liquide miroitant qui ondule doucement. Son esprit tangue une fraction de seconde, comme une note manquante dans un accord parfait. Ce n’est pas douloureux. Juste… vide. Elle referme le bouchon et pose le flacon près de la pensine, avant de glisser un regard vers Oonagh.
 

-Ça ira comme ça ?
 

Son ton est neutre, presque professionnel, mais elle évite soigneusement de regarder son père.

- C'est qui Jeff ? Avait t-il demandé plus tôt d'une voix un peu perdue avant de reprendre son observation méticuleuse du paysage.

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Ollivander's, Mardi 22 Février 2124

Leslie relève la remarque murmurée sur les instruments de musique et, cette fois, son sourire s’élargit légèrement.


- Pas si loin de la vérité. Elle tapote doucement du bout des doigts sur le bois du comptoir, comme si un rythme invisible y résonnait déjà. Les instruments et les baguettes ont beaucoup en commun. Ce sont tous les deux des catalyseurs. Une extension du sorcier, ou du musicien. Ils traduisent une intention en vibration, en onde. L’un par la magie, l’autre par le son. Mais dans les deux cas… si le lien est brisé, si l’harmonie est perdue, alors rien ne fonctionne comme il faudrait. Elle observe la jeune femme un instant, curieuse de voir si ces paroles trouvent écho chez elle, puis reprend, plus terre-à-terre : mais bon, je digresse.


Elle revient à l’étui ensorcelé, le soulevant légèrement d’une main avant de le poser devant Jennifer.


- Celui-ci est légèrement plus lourd que le premier, oui, mais rien d’excessif. Le sort de verrouillage rajoute un peu de densité, mais si vous êtes habituée à garder votre baguette sur vous, ça ne devrait pas poser de problème.


Elle laisse Jennifer tester la prise, voir si l’objet lui convient, avant de se concentrer sur l’enchantement de protection. Quand la cliente évoque l’éclair faible produit par un autre sorcier, Leslie acquiesce lentement.


- Un bon signe. Elle vous reconnaît bien comme sa seule véritable propriétaire. Elle n’a pas accepté l’emprunteur, mais elle ne l’a pas rejeté non plus violemment. Elle hésite une fraction de seconde, puis ajoute : le bois de sycomore aime l’énergie et le mouvement. Vous avez une pratique artistique ?


Un léger sourcil arqué, une question posée avec l’aisance d’une conversation naturelle, sans forcer. Elle n’attend pas nécessairement une réponse immédiate et reprend, se saisissant délicatement de la baguette pour commencer l’enchantement. Son geste est précis, maîtrisé. Elle trace dans l’air une succession de runes d’un bleu spectral, qui tournent lentement autour du bois de sycomore. Les mots de l’incantation sont murmurés, presque imperceptibles, tandis que les runes se fondent une à une dans le bois, disparaissant sans laisser de trace visible. Un léger frisson parcourt l’air, une vibration subtile, comme un souffle de magie réajusté. Puis, le silence retombe. Leslie tend la baguette à sa propriétaire.


- Voilà. Désormais, si quelqu’un d’autre essaye de l’utiliser sans votre consentement, elle refusera de réagir correctement. Elle produira des sorts instables, avec une intensité moindre. Elle croise les bras, son ton léger mais assuré : essayez.


Elle laisse Jennifer retrouver sa prise, tester le ressenti.


- Normalement, vous ne devriez rien sentir de différent. Mais si elle semble plus réactive ou plus présente dans votre main, c’est simplement qu’elle sait désormais qu’elle vous appartient sans condition. Puis, dans un élan mi-sérieux, mi-détendu, Leslie ajoute : Et si les instruments vous intriguent autant que les baguettes… vous devriez passer chez Harrisounds quand ce sera ouvert. Un clin d’œil complice, parce qu’elle sait déjà que ce projet ne restera pas qu’un rêve. Vous jouez d’un instrument, ou c’est juste une réflexion en passant ?


Elle ramène ses mains sur le comptoir, l’air détendu mais curieux.

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Ollivanders, Mardi 07 Mars 2124

Le silence était absurde. Leslie ne le remarquait pas. Prise dans la monotonie d'un travail minutieux, pratiquement chirurgical, Leslie l'épousait même, ce silence. D'une respiration suspendue. D'un regard acéré surplombant les poussières figées dans l'air au-dessus de ses doigts. La plume vient s'insérer avec une délicatesse insoupçonné tandis que dans des murmures psalmodiés Leslie refermait l'interstice avec la même application qu'une couturière. Les runes s'injectaient en dorures brillantes pour disparaitre aussitôt. C'est le tintement discret de la porte d'entrée qui vient rompre l'instant. Leslie redresse la tête brièvement, installe la baguette sur un support prévu à cet effet avant de s'étirer le cou d'un côté et d'un autre. D'une caresse distraite elle effleure le bois qu'elle vient de travailler jusqu'à la souche. Elle se lève de son siège, et ses quelques pas sur le planche de l'arrière boutique font survenir un craquement subtil.

- J'arrive ! Elle annonce, sachant pertinemment qu'elle est seule aujourd'hui pour gérer la boutique. Un instant !

Ses outils sont rangés en quelques gestes de poignets précis, lévitent pour ici s'accrocher contre le flanc d'un plan de travail, là s'étirer le long d'un mur. Leslie est quelqu'un d'organisé. Chaque chose a sa place propre. Elle ne laisse jamais un chantier en suspens. Son père lui appris à toujours garder un espace bien rangé. Pour éviter les incidents, Lili. Mais aussi pour que ce soit rangé là-dedans ! Il martelait toujours sa tempe de son index énorme, le pressant contre son crane comme s'il pouvait y forer parmi tous ses secrets. Des secrets qui, aujourd'hui, semblaient inateignables même par lui. Leslie replace les mèches de ses cheveux sur sa tête, rajuste son tablier comme par réflexe, s'extirpe finalement de la pièce exigüe pour gagner le comptoir. Son sourire est immédiat, travaillé par l'habitude, mais brutalement sincère. Les mains ramassées sur le dessus du comptoir, elle note immédiatement l'obsession du client pour sa baguette, qui semble au cœur de sa venue dans la boutique. Quoi d'autre, de toute manière ?

- Bonjour ! Qu'est-ce que je peux faire pour vous aider aujourd'hui ?

Le ton de sa voix est doux, contraste étrangement avec un regard incisif qui semble s'affaisser encore sur l'instrument de son client :

- Un problème avec votre baguette ?

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Ollivander's, Mardi 22 Février 2124

Leslie observe la jeune femme quelques secondes après sa demande, avant d’acquiescer d’un mouvement de tête.
 

- L’entretien d’une baguette est assez simple, mais essentiel si vous voulez qu’elle conserve sa réactivité, elle affirme avec un sourire, sortant un petit flacon d’huile ambrée de ses étagères pour le poser sur le comptoir. Pour le bois de sycomore, il faut éviter l’humidité excessive. C’est un bois vivant, qui aime l’énergie et le mouvement. Une baguette qui reste trop longtemps inactive peut devenir capricieuse. Je vous conseille d’appliquer une fine couche de cette huile une fois par mois avec un chiffon doux, surtout sur les parties que vous manipulez le plus. Elle marque une pause, puis ajoute d’un ton un peu plus léger : Cela dit, avec un propriétaire actif, une sycomore s’ennuie rarement.


Leslie s’éloigne brièvement vers une étagère et revient avec trois étuis en cuir, qu’elle dépose devant sa jeune cliente.
 

- Pour le transport, tout dépend de vos habitudes. Celui-ci est renforcé avec une doublure en peau de dragon, parfait si vous vous déplacez souvent ou si vous craignez les chocs. Celui-là est plus souple, discret, mais protège moins contre les agressions extérieures. Et le dernier est ensorcelé pour empêcher toute tentative d’extraction non autorisée.

Elle tapote légèrement le dernier étui du bout des doigts, avant d’enchaîner sur le sujet plus délicat. 

- Quant à empêcher quelqu’un d’utiliser votre baguette… Elle observe un instant la façon dont l'adolescente tient la sienne, avant de reprendre. La plupart des baguettes ne se laissent pas facilement manier par un autre sorcier. C’est une relation instinctive. Mais certaines, comme vous l’avez dit, peuvent effectivement changer d’allégeance. La vôtre a-t-elle déjà réagi à une autre main ?
 

Les baguettes de sycomore étaient rarement fidèles si leur propriétaire les ennuyait, mais elles étaient aussi profondément liées à l’esprit d’aventure et de découverte.
 

- Il existe plusieurs moyens de compliquer l’usage de votre baguette par quelqu’un d’autre. Elle sort sa propre baguette et esquisse un mouvement précis dans l’air, laissant une série de runes éthérées flotter devant elle. On peut y apposer un enchantement de reconnaissance. En clair, elle ne répondra qu’à vous. Mais ce genre de protection peut être contourné par quelqu’un de suffisamment compétent.

Elle efface les runes d’un geste rapide, avant de croiser les bras.

- L’autre option est plus radicale : créer une réaction de défense. Un enchantement qui la rend inconfortable, voire dangereuse, pour un utilisateur étranger. Mais honnêtement… ce n’est pas toujours recommandé. Une baguette trop défensive peut finir par mal réagir, même avec sa propriétaire. Son regard se fait un peu plus perçant, jaugeant la jeune femme. Si vous craignez qu’elle tombe entre de mauvaises mains, il y a peut-être une autre question à se poser : êtes-vous prête à devoir la récupérer par la force, si nécessaire ?


Leslie n’est pas du genre à tourner autour du pot. La protection d’une baguette ne dépend pas seulement d’un enchantement, mais aussi de la volonté de son propriétaire à la défendre. Elle laisse la jeune cliente digérer ces informations avant d’ajouter, plus légèrement :

- On peut essayer un enchantement mineur, un premier niveau de protection. Rien d’irréversible, et vous pourrez voir comment elle réagit. Ça vous tenterait ?

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
Ollivander's, Mardi 22 Février 2124

Le murmure des discussions feutrées et le bruissement du bois manipulé avec soin remplissaient la boutique d’une ambiance studieuse. Derrière le comptoir, Leslie était déjà en pleine conversation avec un client, une baguette délicatement posée sur une étoffe de velours.
 

- Le noyer noir est un bois exigeant, expliquait-elle en ajustant ses lunettes sur son nez. Il demande un sorcier sûr de lui, avec une volonté forte. Si elle hésite parfois, c’est peut-être qu’il y a un déséquilibre entre ce que vous voulez et ce que vous ressentez réellement.


L’homme en face d’elle acquiesça lentement, visiblement en pleine réflexion. D’un mouvement de baguette fluide, Leslie traça un mince fil lumineux qui serpenta le long du bois, révélant brièvement l’énergie subtile de la baguette.
 

- Je vous recommande quelques exercices de canalisation. Rien d’alarmant pour l’instant, mais si elle continue à résister, revenez me voir.


Elle rangea délicatement la baguette dans son écrin et, après un échange de gallions, salua le client d’un léger signe de tête. C’est à cet instant que son regard accrocha la jeune femme qui attendait plus loin, un air mi-observateur, mi-distrait, la baguette roulant toujours entre ses doigts. Leslie essuya ses mains sur son tablier de cuir et se dirigea tranquillement vers le comptoir.
 

- Vous cherchez quelque chose en particulier ? lança-t-elle d’un ton calme et professionnel.
 

Son regard glissa instinctivement vers la baguette entre les doigts de l'adolescente, observant la manière dont elle la manipulait. Pas simplement un tic nerveux, mais un geste d’habitude, comme si elle testait inconsciemment le contact du bois contre sa paume.
 

- Un souci avec votre baguette ? poursuivit Leslie, arquant légèrement un sourcil, un sourire bienveillant sur le visage.
 

Problème technique ? Mauvais ressenti ? Besoin d’un ajustement quelconque ? Beaucoup de sorciers venaient ici avec des demandes aussi floues que variées, et Leslie avait, avec les années, l'impression d'être parées à toutes les éventualités.

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Leslie Harrison

Ollivander’s - Fabriquant de Baguettes Magiques 30 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Deb
Serdaigle
À quelques pas d'Ollivanders, Samedi 10 Février 2125

Un léger sourire ourla les lèvres de Leslie lorsque Lysander affirma que sa préparation faciliterait leur collaboration. C’était le genre de commentaire qu’elle ne prenait ni comme un compliment, ni comme une flatterie : c’était simplement factuel. Elle hocha la tête avec calme, comme pour acter la chose.


- Je ne laisse pas beaucoup de place au hasard, c’est vrai. Je suppose que c’est la nature même de mon métier. Une imperfection de quelques millimètres dans une baguette, un enchantement mal calibré sur une guitare, c’est toute l’harmonie qui s’effondre Monsieur Bramblethorn.
 

Elle s’était adossée au rebord d’un futur établi, ses bras croisés avec une décontraction apparente. L’éclat de ses yeux démontrait pourtant qu'elle était en terrain connu ici. Son terrain. Elle y était parfaitement à son aise.
 

- Concernant le carnet d’adresses… j’ai déjà quelques musiciens qui me suivent de loin depuis mes premières créations. Rien de tapageur, mais des passionnés. Des clients fidèles. Certains me réclament des ajustements réguliers, ce qui est bon signe. J’ai aussi l’avantage d’avoir fréquenté pas mal de scènes indépendantes. Mon idée, c’est de ne pas me limiter à un public élitiste ou institutionnel. Ce que je propose doit pouvoir toucher les passionnés de rue comme les virtuoses de salle de concert.
 

Elle s’approcha d’une des fenêtres pour en dégager un peu la poussière d’un revers de main, dévoilant un rai de lumière sur les murs.
 

- Je miserai effectivement sur le bouche-à-oreille au début, mais avec une vitrine solide : des instruments de démonstration, une plateforme magique de visualisation, quelques partenariats bien choisis. J’ai déjà commencé à discuter avec deux groupes, dont un duo de violonistes de Birmingham qui cherche un son plus organique.
 

À la question du timing, elle se redressa un peu, ramenant une mèche de cheveux derrière son oreille.
 

- Si tout va bien, j’aimerais ouvrir pour la rentrée prochaine, début septembre. Ce qui me laisse cinq mois pour tout mettre en place, aménagement compris. Je garde encore mon poste chez Ollivanders pour l’instant - question de stabilité - mais je commence à basculer mes priorités petit à petit. Elle s’autorise un sourire plus doux, presque nostalgique. Travailler là-bas m’a beaucoup appris. Sur les matériaux, sur la précision, sur les attentes des clients… J’ai mis assez de temps à savoir ce que je voulais faire de tout ça. Maintenant que je le tiens, je n’ai pas l’intention de lâcher.


Harrisounds serait un aboutissement. Son regard se planta dans celui de Lysander avec une assurance tranquille, sans provocation, mais avec la fermeté d’une vision claire. Elle marqua une brève pause, puis ajouta d’un ton plus léger :
 

- Ce que je veux bâtir ici ne sera pas juste une boutique. J’aimerais en faire un lieu vivant, avec des démonstrations, des soirées d’essais, des vitrines sonores. Permettre à des artistes de tester des prototypes, de collaborer sur des ajustements, voire de faire des performances intimistes. Elle s’approche d’un espace encore vide, esquisse un geste circulaire. Je pensais aménager un petit coin scène ici. Rien de tape-à-l’œil. Juste de quoi accueillir un duo ou un soliste. Et si la sauce prend, pourquoi pas lancer des captations ou des retransmissions enchantées pour toucher un public plus large.

Elle s’interrompt, puis reprend avec plus de pragmatisme :


- Bien sûr, tout ça a un coût. Et c’est là que j’en viens à vous. J’ai budgétisé l’aménagement global à environ 8 000 gallions. J’en prends une partie à ma charge, avec mes économies et un prêt modéré, mais j’aurais besoin d’un apport complémentaire de 3 000 à 4 000 gallions pour ne pas devoir rogner sur les finitions - surtout dans les ateliers. Elle marque une pause. En échange, je suis évidemment prête à négocier une participation sur les bénéfices pendant les deux premières années, ou à intégrer une clause de visibilité pour vous dans la communication autour de l’ouverture et des premiers événements. Si vous avez d’autres types d’arrangements en tête, je suis aussi toute ouïe. Je veux que ce soit une collaboration intelligente, pas juste un chèque et un sourire. Elle étira d'ailleurs le sien en haussant un sourcil vers son investisseur. Si vous avez besoin de voir mes prévisions, mon échéancier ou même quelques premiers retours de mes clients tests, je peux tout vous transmettre dès demain.

Un silence bref, puis elle ajoute avec un petit sourire en coin :
 

- Et si vous voulez entendre ce que donne une guitare Harrisounds en main… je peux même vous faire une démonstration.