Harry Potter RPG
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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

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Violence

 

Depuis plusieurs semaines, désormais, Sasha ne descendait plus aux cachots que pour les cours de Potions - et parfois pour trouver un raccourci la nuit dans le but de traîner à proximité des cuisines, lorsque la faim le poussait dans cette direction.

Mais la plupart du temps, il l'évitait : passer devant l'entrée des quartiers des Serpentards ne lui rappelait que des mauvais souvenirs dont il essayait vainement de se départir : les mauvaises nouvelles du dernier journal qu'il avait volé, et bien sûr Alison Carter qui n'avait plus donné de nouvelles. Il avait fini par comprendre qu'elle fréquentait déjà un autre garçon - certainement moins bestial que lui.

 

Aussi, lorsqu'il avait reçu une missive de Daryl Brooks l'invitant à un entretien dans sa salle de cours après le dîner, Sasha était descendu les mains dans les poches, en traînant presque les pieds, le regard morne braqué sur les longs couloirs et leurs torches lumineuses - dont certaines, pour la soirée, avaient étrangement été éteintes, plongeant les cachots dans une demi-obscurité qu'il aurait préféré affronter sous sa forme animale. Ses pensées étaient presque toutes tournées vers les issues possibles de l'entretien auquel on le conviait : était-ce pour mettre fin à son contrat chez OCQ ? Ou pour parler de ses notes ? Il n'osait croire que c'était parce qu'on lui annoncerait qu'il avait enfin le niveau pour rejoindre définitivement les sixième années : ses dernières fabrications n'avaient pas été catastrophiques, mais il atteignait péniblement la moyenne de ses camarades de cinquième années, parmi lesquelles certaines filles décrochaient avec aisance des Optimal sans qu'il comprît ce qu'elles pouvaient bien faire de différent de lui.

 

Toc, toc, toc.

 

Sasha s'éclaircit la gorge après avoir frappé à la porte. Un silence de plomb lui répondit, et il baissa les yeux vers le bas du panneau de bois, pour constater qu'aucune lumière ne semblait transparaître dans le jour qui séparait la porte du sol de pierre.

Se pouvait-il que monsieur Brooks eût oublié leur entrevue ?

Il fronça les sourcils, leva la main pour toquer de nouveau.

 

Son poing ne toucha jamais la porte une seconde fois : un cri avait retenti dans son dos et avant même qu'il n'en comprit le sens (Petrificus Totalus !) il sentit une douleur vive percuter sa nuque qui le paralysa tout entier : son corps soudain rigide heurta le montant de bois et il se vit tomber, raide, face contre terre, lui arrachant un gémissement de douleur. La pierre contre sa joue était glacée, et son champ de vision obscurcit par la proximité d'un mur à la pierre humide.

 

Voilà pourquoi les torches éteintes. Voilà pourquoi le silence de l'autre côté de la porte.

 

Même si aucun son ne pouvait sortir de sa gorge, il sentait son coeur tambouriner follement dans sa poitrine. Un instant, une vraie panique s'empara de Sasha : il était soudain sûr qu'il s'agissait des représailles des familles de ceux qu'il avait tué sur le champ de bataille. Etaient-ils venus avec les Inferis ? Allaient-ils le torturer avant de le tuer ? Sa respiration était devenue courte, gémissante, et soudain il sentit des cordes se resserrer autour de ses poignets et de ses pieds. Ses mains se retrouvèrent nouées dans son dos par un sort, et une multitude de pas légers se firent entendre, et l'entourèrent. L'instant suivant, il était tiré, toujours face contre terre, à ramasser la poussière de son corps que l'on traînait par terre. Des éclats de voix légers, comme des chuchotements catastrophés, flottaient au-dessus de lui. En Russe.

 

  • - Быстрее, быстрее! Это долго не продлится ! (Vite, vite, ça va pas durer longtemps !)

  • - Он слишком тяжёлый ! (Il est trop lourd !)

 

Des voix d'enfants. Dans le coeur de Sasha, la panique laissa peu à peu place à la colère. C'étaient ces putains de Serpentards. Ne lui avaient-ils pas assez fait de mal comme ça, cette maison maudite ? Il voulut rugir pour les couvrir d'insulte, mais seul un grondement sourd s'échappa de ses mâchoires serrées.

Il fallut encore quelques instants pour que le groupe d'élèves parvinssent à attirer Sasha à l'intérieur d'un vieux cachot désaffecté. Ils se dépêchèrent de refermer la porte derrière eux, puis d'allumer une torche : alors Sasha aperçut les vieilles tables d'écoliers repoussées contre les murs, et à côté, l'entourant comme une meute curieuse, la petite horde d'élèves - petits comme les lutins démoniaques des histoires de son enfance. Ils s'étaient tous affublés de masques colorés à l'effigie de créatures magiques qui avaient été utilisés pendant les spectacles du bal de fin d'année de Poudlard, mais Sasha savait parfaitement qu'il s'agissait des gamins de Serpentard : depuis l'épisode avec Anya, il y avait un groupe de jeunes russes qui n'avaient cessé de lui jeter des regards caustiques, de cracher sur son passage. Il les avait ignoré : on ne s'attaquait pas à des enfants qui ne vous arrivaient même pas à l'épaule. Mais il regretta instantanément de ne pas leur avoir donné une leçon plus tôt et d'être si facilement tombé dans le piège : encore une fois, il prit une inspiration pour les couvrir d'insultes - seuls des grognements sourds jaillirent de nouveau et ses muscles rigides refusaient de lui répondre.

 

  • - Когда заклинание исчезнет, он может освободиться от верёвок !  fit une voix féminine. (Quand y'aura plus le sortilège, il risque de se libérer des cordes !)

  • - Моё заклинание может держаться долго ! (Mon sortilège il peut tenir longtemps !)

 

L'un d'entre eux s'avança d'un pas pour répondre à celui qui avait fièrement clamé être l'auteur du Petrificus Totalus, que Sasha toisait de son mieux, quand bien même il était allongé par terre.

 

  • - Ты должен был целиться в спину, но по счастливой случайности попал в шею ! Ты не умеешь целиться, из-за тебя мы чуть всё не провалили ! (Tu devais viser le dos, ça a touché sa nuque par chance ! Tu sais pas viser, on a failli tout rater par ta faute !)

  • - Чушь! Я знал, что делаю ! (N'importe quoi, je savais ce que j'faisais !)

  • - Прекратите, идиоты ! Когда заклинание перестанет действовать, кто знает, сможет ли он атаковать без своей палочки ? Он для этого обучен. (Arrêtez, imbéciles ! Quand le sortilège ne fera plus effet, qui sait s'il ne peut pas attaquer sans sa baguette ? Il est entraîné pour ça.)

 

Oh que oui, voulut lui répondre Sasha, mais il ne put qu'émettre un regard menaçant, une nouvelle fois, en direction de la fille masquée par les traits colorés d'un hippogriffe. Mais il hésitait déjà à se transformer : s'il le faisait, il dévoilerait sa carte la plus précieuse à l'intégralité du château. En même temps, qui savait si Alison n'avait pas déjà trahi son secret ?

 

  • - Правда, дайте ему выпить зелье и заберите у него палочку. (C'est vrai, faites-lui boire la potion, et retirez-lui sa baguette.)

 

Les petites silhouettes s'agitèrent autour de lui, le plongeant dans une brève obscurité chaque fois qu'elles passaient devant la torche. L'endroit sentait la poussière, et tandis qu'un élève s'agenouillait près de lui, il en aperçut un autre qui décrochait d'une étagère de grosses chaînes en métal qui tintèrent bruyamment.

Quatre petites mains s'affairèrent sur son visage. On lui ouvrit la bouche, on lui pinça le nez. Quelque chose s'écoula dans sa gorge : une liquide visqueux et tiède, dont il sentait le picotement soudain. Avec volonté, il tâcha de ne pas déglutir pour ne rien avaler - mais cela impliquait de ne plus respirer. Il se retint longuement. Il entendit des exclamations rageuses, sa vue se brouilla. Quelqu'un lui donna un coup au visage, puis dans le ventre. Des cris. Ils se disputaient. Ils frappèrent encore. Les yeux clos, Sasha était dans un brouillard agrémenté de voiles lumineux intermittents. Puis l'obscurité totale quand quelqu'un se pencha sur lui, lui attrapa la tête des deux mains et la secoua, lui frappant le crâne contre la pierre - Sasha eut un hoquet de douleur, et le liquide s'immisça dans sa gorge.

 

Le monde devint flasque. Ses muscles se détendirent, ne provoquant qu'un soulagement bref : Sasha rouvrit les yeux. Il n'entendait plus correctement, mais il voyait que les élèves retiraient leurs masques. En dessous, il voyait leurs visages complètement déformés de sourires moqueurs. Là, de longs cheveux blonds, ici un petit brun coupé court qui tapait dans ses côtes devenues molles. Il avait beau avoir une perception altérée, la douleur était là quand même. Sasha sentait l'arrière de son crâne pulser et chaque coup de pied reçu dans les membres et le tronc étaient des pointes plus affolantes que véritablement douloureuses.

 

Le petit brun au sourire mauvais s'avança au-dessus de lui - ce devait être lui qui avait réussi à lui faire avaler la potion qu'il le rendait si impuissant : il avait l'air d'un chef de meute enorgueilli par la victoire que les autres encourageaient en levant le poing.

Le garçon avait sorti un pic de métal, et il en déposa la pointe sur le ventre de Sasha. Il en sentit la pointe froide à travers sa chemise, et les mots du garçon lui parvenaient déformés.

 

  • - Итак, сколько ты убил? Можешь ответить ? (Alors, combien t'en as tué ? Tu peux répondre ?)

  • - Что ты с ними сделал до этого ? Скажи нам, чтобы мы сделали с тобой то же самое ! clama un autre dont le visage s'allongeait d'une telle manière dans le champ de vision de Sasha qu'il semblait s'écouler impossiblement jusqu'au sol. (Tu leur as fait quoi, avant ! Dis-nous qu'on te fasse pareil !) 

  • - Тебя болят эти шрамы ? А если я дотронусь ? (Elles te font mal, tes marques là ? Si je touche ?)

 

Le garçon exécuta un mouvement, et un autre gamin se pencha sur Sasha pour arracher les boutons de sa chemise en l'ouvrant de toutes ses forces. Le torse du Gryffondor fut dévoilé ; musculeux mais strié de cicatrices multiples et noires qui s'étiraient de sa ceinture jusqu'à son coeur. Le garçon au pic de métal gratta l'une d'entre elles, mais Sasha ne sentait plus la souffrance : son supplice était la peur panique qui l'avait envahi. Ces gosses iraient-ils jusqu'à le tuer ? En étaient-ils capables ? Tout semblait possible maintenant qu'il était leur merci, incapable de se défendre. Il peinait à croire qu'il marchait tranquillement, serein dans les couloirs de Poudlard, à peine quelques minutes auparavant, et qu'il trouvait là brutalement sa fin aux mains de quelques gosses vengeurs et inconscients de ce qu'ils étaient en train de faire. Il ne voyait pas les quelques autres élèves qui, eux, effarés par la tournure de la situation, s'étaient éloignés de la scène, engourdis par l'effroi, toujours masqués des têtes d'hippogriffes, de niffleurs ou de trolls.

 

Et comme Sasha ne réagissait pas aux questions et provocations du garçon brun qui le dominait, ce dernier perdit son sourire et se mit à grimacer de rage. Alors, il enfonça lentement le pic au niveau de l'estomac de Sasha, qui sentit la compression douloureuse et invasive lui couper le souffle.

 

  • - Сделай с ним то же, что они сделали с моим отцом, criait l'un. (Fais-lui pareil qu'ils ont fait à mon père.)

  • - И посмотри на это ! cria un autre qui décocha un coup de pied dans la joue de l'ukrainien. (Et regarde ça !)

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

Les vacances de Noël avaient été longues et mornes. Sasha avait cru qu'il serait soulagé quand la grande majorité des élèves auraient quitté le château et qu'il serait tranquille pour se promener où il le souhaitait, mais le vide qui avait rempli Poudlard avait été étrangement contagieux : il s'était trouvé bien vide lui aussi, à errer, évitant Pré-au-Lard pour ne pas être dépité de ne pouvoir acheter la moindre babiole à envoyer en Ukraine puisqu'il n'avait pas trouvé de travail.

 

Mais de fil en aiguille, les jours étaient passés et la nouvelle année avait vu se réveiller en lui une détermination nouvelle : si les anglais ne le trouvaient pas fréquentable - pour preuve, Alison l'avait évité sans plus d'explication, rompant leur binôme en cours de potions par la même occasion - alors qu'à cela ne tînt : il ferait avec eux comme avec les Russes. C'était à dire qu'avec la rage au ventre et les crocs serrés, il continuerait à se battre, et il finirait par leur prouver qu'il méritait plus que ce mépris condescendant qu'on lui réservait. Il le démontrerait aux anglais et aux russes de Poudlard en général - et à une rouquine en particulier.

 

C'était ainsi qu'il s'était inscrit à l'entraînement au Tournoi d'une part, et que d'autre part il avait commencé à travailler au magasin OCQ. Il n'y ménageait pas ses efforts : il s'y rendait tôt chaque dimanche, ne comptait pas ses heures, et aider à tout ce qu'il pouvait pendant les heures d'affluence. Il avait eu quelques déconvenues ; renseigner les clients n'était pas vraiment son fort et il avait eu quelques maladresses qui avait conduit à un peu de matériel à remettre en ordre. Mais en dehors de ces quelques bêtises ponctuelles, pour lesquelles Freya avait eu la patience de lui réexpliquer quelques bases, Sasha mettait un point d'honneur à travailler correctement du soir au matin. Il lui restait le défaut ne pas être très souriant avec la clientèle, mais au moins n'aboyait-il plus sur les enfants qui tiraient sur les rubans enchantés des nouveaux modèles. Freya lui confiait des tâches de manutention, où il était particulièrement minutieux pour compter et recompter les produits à placer dans des commandes. A l'occasion, il avait croisé Alison, qui s'était contentée de lui jeter des regards noirs qu'il avait bravement ignoré. Après tout, c'était Freya qui l'avait recruté, alors il se trouvait chez OCQ tout à fait légitime, que cela plût à la Serpentard ou non. Contrairement à ce qu'elle avait l'air de penser, il n'avait pas postulé pour se rapprocher d'elle.

 

Aussi, quand il se présenta dans la salle de Métamorphose pour la voir déjà présente, Sasha eut un bref mouvement d'hésitation. Il avait, comme toujours, sa cravate des Gryffondors nouée un peu de travers. Il croisa son regard mais il glissa sur elle pour aller vers le professeur.

 

- Sir.

 

Il agrémenta sa salutation d'un bref mouvement de tête avant de se diriger vers le fond de la classe, sac à l'épaule, la démarche bourrue.

 

Sasha s'installait toujours au fond des salles de classe, mais pas pour les mêmes raisons que les autres. Quand les élèves cherchaient à s'éloigner du professeur, lui voulait surtout garder un oeil sur l'ensemble des personnes présentes dans une pièce, étant particulièrement dérangé par la présence d'élèves dans son dos. Quelques mésaventures vécues à Poudlard depuis son arrivée en septembre lui donnaient raison ; désormais, depuis le fond de la salle et quand des élèves voulaient se moquer de lui, ils se retournaient et lui pouvait les fusiller d'un regard dissuasif - qui fonctionnait suffisamment bien la plupart du temps pour qu'on le laissât tranquille.

 

Pour autant, il n'avait pas les mauvaises notes des cancres qui partageaient avec lui certains fonds de classe. Sasha s'appliquait à l'école, surtout depuis janvier. Ses notes n'étaient pas toujours excellentes lorsqu'il s'agissait de rédiger des choses sur parchemin, notamment à cause de difficultés liées à l'anglais, mais sa détermination à réussir les exercices pratiques - même s'il était souvent un peu brutal - lui valait quelques excellentes notes qui rattrapaient ses moyennes.

En métamorphose, il avait d'ailleurs une facilité particulière - comme si son esprit était à l'aise avec l'idée de transmuter des choses en d'autres, mais il regardait toujours le professeur Pope avec une certaine distance ; la même attitude qu'il avait d'ailleurs avec tout le personnel de Poudlard, comme si la confiance ne pouvait être de mise dans ce simulacre d'éducation ouverte que représentait l'accueil de sorciers réfugiés dans l'école.

 

Cette fois-là, donc, Sasha laissa tomber son sac sur l'une des dernières chaises et s'appuya à un pupitre, loin derrière la chevelure blonde d'une autre Serpentard de son âge, pour qui il n'avait pas eu un regard - par pudeur bien plus que par désintérêt par ailleurs. Il se mit à toiser la porte, comme si chaque nouvelle âme qui se présenterait aurait droit à un scan rigoureux et menaçant de sa part.

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Saï Don
Message publié Vendredi 14 Février 2025 à 09:52

Hello !

 

Je vous propose un jeu que j'aime bien sur les forums. C'est tout simple, il faut réussir à caser la citation qu'on vous propose dans un RP. Ca peut être une phrase qui vient de la littérature ou du cinéma, drôle ou poétique, peu importe. Le tout est de la caser de façon logique dans un RP. 

Celui qui a casé la citation vient poster ici pour donner la citation suivante à insérer. (SVP mettez des citations en français si possible sinon c'est un peu chelou je trouve à caser !)

 

Voici la première citation que je vous propose : 

 

 

 

"T'endors pas, c'est l'heure de mourir."

(Blade Runner)

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Serre n°2, Vendredi 15 Septembre 2124

Combien de temps fallait-il pour aller chercher quatre branches d'aubépine ? A peine Alison s'était-elle éloignée que Sasha trouvait qu'elle aurait dû revenir. De son côté, il alignait les pots. Les autres groupes d'élèves avaient soigneusement sélectionné un seul chou, qu'ils examinaient précautionneusement, quand lui en avait stocké six, déposés les uns après les autres avec la douceur d'un poissonnier du siècle dernier abattant une anguille sur le bord d'une table.

Ses gestes agacés avaient peut-être à voir avec la remarque d'Alison. Son chien ? Quel rapport ? Il n'avait fait que répéter les consignes du professeur puisqu'elle ne s'était pas encore mise au travail. Est-ce qu'il était tombée sur la fainéante de la classe ?

 

Il enfila les gants, ne pensant même pas à leur odeur ni à ce à quoi elles avaient pu servir avant.

 

- Parfait, rétorqua-t-il à Alison quand il se mit au travail.

 

Autant qu'elle ne le gênat pas : plus vite il agissait, plus vite ils seraient tous deux débarrassés.

Et puis cela lui évitait de la regarder. Il avait bien vu et entendu le petit ricanement auquel il n'était certainement pas étranger. Mais au diable s'il se laisserait impressionner par une petite peste anglaise qui aurait peur de se faire des ampoules aux doigts en cueillant une myrtille.

 

Sasha entreprit d'enfoncer des morceaux d'aubépine dans les pots, faisant couiner de rage les choux. Ils s'attaquèrent à l'aubépine comme si la branche était l'autrice d'une attaque éclair, avec force de crachotements et de mordillements furieux. Le Gryffondor profita de ce que cela les occupait pour en saisir un à pleins gants pour l'arracher de force à son pot : une gerbée de terre se répandit autour de lui lorsque les racines lâchèrent. Suspendu dans sa main, le chou gigotait du bout des racines, essayant de mordre tout qu'il pouvait trouver sous ses dents : restes d'aubépine, les gants de Sasha, et même ses propres feuilles, dans une crise âpre et silencieuse. Sasha se hâta d'enfoncer le petit monstre végétal dans un grand pot, sans ménagement. Puis il prit à deux mains une grosse poignée de terre pour l'enfoncer dessus - un peu comme on aurait essayé de noyer un lutin de Cornouailles au fond d'un seau glacée.

Aussitôt fait, aussitôt oublié : Sasha passa au chou suivant avec la même douceur.

 

- Huuummm... fit une voix hésitante à proximité.

 

La professeure de botanique était une femme au visage plein de gentillesse, un peu ronde, les joues rouges avec des boucles brunes sauvages qui lui descendaient sur les épaules en mèches épaisses et embrouillées à la manière d'un lierre envahissant. Elle avait de grands yeux noisettes qui parurent plus ronds encore que les noisettes elles-mêmes quand elle avisa la table de Sasha et Alison. Le Gryffondor continuait le rempotage, non sans attirer quelques gloussements d'une table voisine quand la professeure se passa une main sur le menton en l'observant.

 

- Alors, les choux mordeurs de Chine sont plutôt délicats malgré leur caractère, essaya-t-elle de dire en agitant le bout de ses doigts comme des fleurs dans lequel le vent chahuterait. Leurs feuilles sont très utiles notamment pour confectionner des potions aux propriétés protectives, et...

 

Sasha relevait de temps à autre le nez, parce qu'il sentait bien qu'elle le fixait en disant cela. Mais il savait tout cela, aussi se concentrait-il de nouveau. Il enfonça une autre branche d'aubépine dans un chou qui se rétracta aussitôt douloureusement - le geste tira à la professeure une grimace qu'elle ne put dissimuler.

 

- CE QUI VEUT DIRE QU'IL NE FAUT PAS NON PLUS LES MALMENER !

 

Sasha suspendit ses mouvements, cette fois sincèrement étonné par l'éclat de voix proche de l'hystérie. Le visage de la professeure était devenu tout rouge. Elle avait les lèvres pincées, mais était visiblement satisfaite que le Gryffondor eût décidé d'arrêter son travail de boucher. Lorsqu'elle reprit la parole, elle avait même retrouvé un petit sourire à demi-encourageant, à demi-menaçant.

 

- Voilà. Merci de poursuivre avec davantage de délicatesse, décréta-t-elle avant de s'éloigner vers le duo suivant.

 

A la table voisine de la leur, deux jeunes filles toisaient Sasha et les pots alignés devant lui avec une mine interdite.

 

- Qu'est-ce que vous r'gardez ? aboya le Gryffondor. C'est qu'une plante vous allez pas vous mettre à chialer parce que j'ai froissé des feuilles quand même !

 

Les deux filles se hâtèrent de baisser le nez sur leur propre pot, comme si le Gryffondor les avaient électrisées et qu'elles n'osaient rien répondre.

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Sasha Shevchen

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Gryffondor
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Serre n°2, Vendredi 15 Septembre 2124

Sasha retira les gants d'un geste rageur, les jetant sur un coin de la table. Dès qu'Alison se fut retournée à son chou, il en profita pour faire une grimace, censée reproduire la mimique hautaine de la jeune fille, version caricature slave, quand elle lui avait signalé qu'elle ne ramasserait pas pour lui. Il n'en restât pas moins qu'après un gros soupir, et sous des regards discrets qui les épiaient des tables voisines, le Gryffondor s'empara d'un brosse avec laquelle il repoussa la terre au sol dans un coin. Nettoyer le sol d'une serre, quelle idée ridicule. A la fin du cours, il y aurait tout autant de terre partout, alors pourquoi ?

Mais obéir pour le simple fait d'obéir, il savait faire. Au moins quelque chose de familier dans ce château et son parc à thème pour enfants de maternelle. Pendant ce temps, Alison n'avait qu'à se débrouiller avec sa délicatesse de petite bourge, si c'était cela qui convenait au professeur. Pas sûr qu'ils réussissent à remporter les six chous avant la fin des deux heures, mais apparemment c'étaient davantage les apparences que l'efficacité qui comptait dans ce fichu...

 

Sasha releva le nez de son balai à l'exclamation de son binôme, pour la découvrir penchée en avant la tête étrangement inclinée sur le côté tandis qu'une mèche de ses précieux cheveux étaient inexorablement mastiquée par des rangées de dents végétales.

Alors le slave grimaça enfin un sourire en s'appuyant sur le balai pour pencher la tête aussi, histoire d'avoir le visage dans la même direction que la pauvre élève prisonnière par les cheveux.

 

- Désolée, je pas comprendre ce que tu veux. Tu sais, moi pas parler anglais...

 

Il s'attendait à lire la fureur dans les yeux d'Alison. C'était bien mérité. Mais les yeux agrandis, marrons comme des feuilles d'automne, n'avaient pas tant l'air furieux que paniqués.

 

- Oh my God ! cria une fille à la table voisine.

 

D'autres exclamations fusèrent ici et là. Suffisamment intenses pour que Sasha comprît qu'Alison n'était vraiment pas en mesure de se sortir de là toute seule. Quant aux autres élèves paniqués qui les regardaient, pas un n'avait la présence d'esprit de bouger le petit doigt. Est-ce qu'en plus les Serpentards n'avaient aucun esprit d'équipe ?

 

- Tchort, croassa-t-il, avant de lâcher brusquement le balai. (Bordel.)

 

Sasha avala la distance entre eux en deux pas précipités avant de se pencher sur le pot. Il attrapa d'une main la mèche de cheveux, et de l'autre enfonça sa paume sur le chou pour extirper la tignasse rousse. Le chou tenta d'abord de résister, et Sasha dût tirer plus fort. L'arrachage provoqua soudain un crépitement désagréable, libérant brusquement Alison tandis que le Gryffondor et elle reculaient.

 

- Oy, blyad ! jura Sasha avec vigueur. (Oh, putain !)

 

Il avait battu en retraite par réflexe, emmenant de sa main libre Alison avec lui - Sasha secoua son autre main devant lui avec douleur : sa paume avait été perforée de toutes parts, et déjà des gouttes de sang se formaient et dégoulinèrent devant eux. Un drôle de silence les entourait tandis que les autres élèves restaient figés à les regarder.

 

Bien évidemment, les cris puis ce silence avaient alerté la professeure. Celle-ci revenait vers l'arrière de la serre d'un pas pressé, se frayant un chemin entre les tables en se hissant parfois sur ses pointes comme pour mieux y voir. Sasha se dépêcha de retourner à leur table... pour mieux cacher sa main sous celle-ci.

 

- Que se passe-t-il ici ?

 

Evidemment, c'était à lui qu'elle s'adressait. Sasha avait retrouvé instantanément sa moue désagréable.

 

- Rien, rétorqua-t-il sèchement.

 

Le visage de la professeure resta immobile, à le fixer telle une chouette épervière affamée, en attente d'une réponse plus satisfaisante. Sasha soutint son regard un moment, mais ne put empêcher un coup d'oeil vers le chou : ce dernier avait quelques dents qui s'emmêlaient encore dans quelques cheveux roux. L'air de rien, Sasha prit une motte de terre de sa main valide pour la jeter sur le chou.

 

- On rempote, c'est tout, gronda-t-il.

- Monsieur Shevchen, vous voudrez bien me parler sur un autre ton ! Que. S'est. Il. Passé ?

 

Mais Sasha avait décidé de sceller ses lèvres à la manière d'un enfant refusant de manger sa bouillie.

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Sasha Shevchen

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Hall de Poudlard, Samedi 02 Septembre 2124

- Я знаю Эванеско. (Je connais Evanesco.)

 

C'était effectivement la seule chose qu'il avait prononcé, sur le ton de la protestation, depuis leur petite pause dans le parc. Il avait suivi néanmoins, aussi sagement qu'on pouvait l'être. Il avait laissé tomber l'idée de retenir tout ce qu'Anya lui montrait : soit c'était évident - il savait reconnaître un terrain de Quidditch quand il en voyait un - soit il aurait oublié au vu des recoins foisonnants du château. C'était au moins ce que l'on pouvait concéder à Poudlard : il existe mille et uns endroits où se cacher, et c'était plutôt cela que retenaient les yeux fureteurs de Sasha quand ils passaient dans les couloirs. Ici une salle vétuste visiblement abandonnée, là un passage vers des sous-sols. Il gardait bien entendu ces remarques pour lui, s'humectant de temps à autre les lèvres, tout à ses réflexions, les mains dans les poches. Il essayait en effet de se concentrer sur ces choses-là plutôt que sur la démarche souple d'Anya. Elle avait de longues jambes quand elle montait devant lui dans les escaliers - tous ses membres étaient étrangement fins, comme des ficelles magiquement articulés. Elle grimpait les étages et lui dans la foulée avait l'impression de suivre ce jeu de cordes comme s'il montait des marches infinies pour atteindre une potence perchée dans les nuages.

 

Mais quand ils émergèrent, au tout dernier étage, il n'y avait rien de si funeste ; sinon encore des couloirs de pierre, et des fenêtres aux vitraux élégants qui jetaient des couleurs tricotées sur la silhouette de la Russe.

 

- Меня не интересует твоя задница. (Ton cul m'intéresse pas.)

 

Elle savait très bien que ce n'était pas ce que Sasha avait dit. Il se tenait là, les mains toujours enfoncées dans les poches, à la toiser. Un moment, il détacha son regard pour jeter un coup d'oeil derrière lui : le couloir était complètement désertique. Ils paraissaient seuls au monde, dans un corridor suspendu au-dessus de la civilisation. Ici, pas même un portrait pour les entendre. Il reporta son attention sur la jeune fille.

 

- Я задал тебе реальный вопрос, а ты не ответил. (Je t'ai posé une vraie question et tu as pas répondu.)

 

Il y eut un silence. A cette hauteur du château, on entendait le vent chuinter contre les parois de pierre, s'y user indéfiniment, s'infiltrer parfois par les carreaux avec des sifflements étranges, comme si des serpents étaient dissimulés dans les murs. Sasha n'y prêtait aucune attention ; mais il serrait les dents, comme si cette atmosphère était pour lui électrique bien qu'il s'y sentît assez à son aise pour essayer de prendre un ton moins agressif.

 

- Что он говорит здесь о Конфликте ? (Qu'est-ce qu'ils disent du Conflit, ici ?) demanda-t-il comme pour lui rafraîchir la mémoire ; mais sa tentative de parler plus calmement sonnait mal ; comme s'il menaçait plus qu'il n'aboyait, désormais. Il se morigéna intérieurement.

 

Le Conflit, c'était comme ça qu'on nommait la guerre, là d'où il venait.

Sasha crispa soudain ses épaules, comme pris d'un frisson. De nouveau, un regard au-dessus de son épaule. Personne.

 

- А еще мне нужно выходить ночью. Я хочу знать, будет ли это проблемой. (Aussi, j'ai besoin de sortir la nuit. Je veux savoir si ce sera un problème.)

 

Cette fois, cela sonnait assez doux, jugea-t-il. Au moins n'avait-il pas l'air de donner un ordre. Ou bien si ? Qu'en savait-il, après tout, de ce qu'une fille comme elle attendait comme ton ?

 

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Hall de Poudlard, Samedi 02 Septembre 2124

Sasha avait pincé les lèvres en scrutant toujours la silhouette d'Anya. La jeune femme désarticulée regardait vers le ciel invisible avant de le regarder avec rigidité. Et ses mots tranchaient l'air avec autant d'apreté que les cordes qu'il avait imaginé un peu plus tôt. Il sentait presque cette rugosité étroite contre ses membres, contre sa gorge, et il déglutit en silence en détournant le regard.

 

Dit plus simplement, ici, le Conflit, tout le monde s'en branlait.

 

Sasha resta silencieux un moment, écoutant apparemment d'une oreille la suite de ce que pouvait lui fournir Anya comme information. Il était pourtant attentif, malgré son regard qui s'était perdu dans les recoins d'un vitrail aux dessins tortueux, qu'il n'essayait pas même de déchiffrer. Il sembla un moment serrer les dents, comme pour retenir quelque chose.

 

- Я буду знать, как управлять, grogna-t-il à voix basse. (Je saurai me débrouiller.)

 

Un instant, il songea à lui demander conseil. Anya ne pouvait pas être si parfaitement innocente. Une Russe ne l'était jamais. Mais il aurait alors pris le risque qu'elle lui donnât des indications trompeuses qui l'auraient au contraire amené à se faire prendre. Sasha se retint donc. Ses mains dissimulées dans ses poches semblèrent fourrager, à la recherche de quelque chose qu'il ne sortit pas. Il s'écarta pour aller vers une fenêtre. Les verres ici étaient particulièrement épais - probablement pour éviter que quiconque ne put passer au travers par erreur à une telle hauteur.

Au bout d'un moment, il sembla désigner le paysage du menton.

 

- Почему этот лес запретный? (Pourquoi est-ce qu'elle est interdite, cette forêt ?)

 

Elle l'attirait, lui.

 

- Это просто способ держать детей в вольере или есть веские причины? (C'est juste un moyen pour tenir les gamins dans l'enclos ou il y a de bonnes raisons ?)

 

De toute façon, il doutait que les bonnes raisons de la Direction de Poudlard fussent suffisamment bonnes pour lui. Il avait ses moyens d'échapper aux prédateurs. Et un peu d'adrénaline ne faisait certainement pas de mal.

Il entrouvrit subitement la bouche pour respirer, pris d'une bouffée d'envie. Son coeur s'était mis à tambouriner dans sa poitrine et ses joues s'embrasaient subitement, et il dut se faire violence pour rester immobile, garder ses mains dans ses poches, fixer la lisière de la forêt au loin, sans rien laisser transparaître -ou presque. Ces accélérations finissaient toujours par se calmer en quelques secondes.

Il prit une longue inspiration, espérant faire revenir le calme en lui plus vite.

 

- Кем мы должны стать дальше ? (Qu'est-ce qu'on est censés devenir après ?) Il demanda avant de lui adresser un regard distant. Вы, например. Имеешь ли ты после Хогвартса право оставаться на английской земле ? Чем ты планируешь заняться ? (Toi par exemple. Après Poudlard, tu as le droit de rester sur le sol anglais ? Tu vas faire quoi ?)

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Sasha Shevchen

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Gryffondor
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Serre n°2, Vendredi 15 Septembre 2124

Sasha ne s'était pas retourné. Il avait vissé son regard sur les pots devant lui, bien décidé à ne pas prendre part à la conversation qui se poursuivait entre la professeure et l'élève. Mais l'injonction de devoir rester après la classe lui tira une brève expression d'aigreur. La dernière chose qu'il souhaitait, c'était bien de traîner plus que nécessaire dans ce genre d'endroit. Mais il avait beau aller aussi vite qu'il le pouvait dans toutes ses tâches, les journées n'en étaient pas plus courtes.

 

Subitement, d'une manière qu'il ne pouvait expliquer, il sentit le regard d'Alison sur ses mains. Il les rétracta presque instantanément dans ses manches, non sans une oeillade sombre. Les paroles acides de la Serpentard lui confirmèrent qu'il n'y aurait pas de trêve entre eux : ce qui venait de se produire n'était qu'une simple alliance de circonstance face à un opposant commun.

 

- Evidemment que je sais.

 

Qu'est-ce qu'elles avaient toutes à croire qu'il ne connaissait pas les formules les plus élémentaires ?

Il se remit à fixer les choux devant lui, le visage toujours fermé. Elle ne voulait pas être jardinière. Bizarrement, il songea que lui, ça ne lui aurait peut-être pas déplu, dans d'autres circonstances. Oui mais voilà, on ne choisissait pas ses circonstances, et l'idée de labourer tranquillement la terre au soleil n'était pas donc vraiment dans ses projets non plus, pour d'autres raisons.

 

- Ok.

 

Voilà un plan simple.

 

Sasha resta pourtant figé à côté de la jeune fille. Il regardait les mains de celle-ci s'activer doucement, avec une certaine hésitation.

 

Il sentait une sensation extrêmement désagréable lui fourrager les entrailles, remonter le long de sa gorge comme un démon brûlant qui coloraient de rouge carmin ses mâchoires et ses oreilles, en passant par ses joues. Mais il resta longuement immobile, à fouiller ses pensées, à la recherche d'une solution.

Il n'y en avait qu'une.

 

Sasha déglutit, un peu plus bruyamment qu'il ne l'aurait voulu. Ses yeux restaient figés sur le chou devant lui - c'était celui qui avait mangé les cheveux d'Alison. Il s'agitait doucement sous la motte sombre, comme un cadavre pas tout à fait mort aurait remué la terre pour trouver la meilleure position pour son sommeil éternel.

 

- J'suis gaucher, glapit subitement Sasha à voix basse, comme si c'était une confidence que les autres ne devaient pas entendre.

 

Leurs regards se vissèrent l'un à l'autre, mais dans l'incompréhension. Alors il reprit.

 

- C'est la main avec laquelle je tiens ma baguette.

 

Sasha fit un effort pour sortir sa main gauche, blessée, et dévoiler sa paume tâchée de sang et ses doigts qui tremblaient malgré lui. Ce n'était pas une blessure grave - du moins pas de son propre jugement. Pourtant, il serra les dents, carra les mâchoires comme si les mots qu'il allait prononcer lui brûlait la trachée.

 

- Je peux pas me soigner tout seul.

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Saï Don
Message publié Samedi 15 Février 2025 à 08:52

Sinon des fois dans la vie j'aime bien perdre mon temps à créer des mots croisés. Du coup, je me suis dit que peut-être que vous aimeriez bien perdre votre temps à les résoudre. 


Ci-dessous la grille puis les définitions. Postez pas les réponses pour pas spoiler, mais si vous voulez me contacter en privé ou sur Discord pour que je valide votre grille une fois terminée, pas de problème. 

 

Edit du 16/2 : apparemment il y a des sous-sous à la clé !


A ce jour... 

-> Deb a rempli la grille intégralement le 15 février 2025 (crédité)

-> Azaël a rempli la grille intégralement le 16 février 2025 (crédité)

-> Lius a rempli la grille intégralement le 16 février 2025

-> Jessy a rempli la grille intégralement le 24 février 2025

-> Calypso a rempli la grille intégralement le 14 mars 2025

 

 

 

 

A vos plumes !

 

 

 

 

Horizontalement

1. L'obsession du moment sur HPRPG.

2. Illustre concierge. Tournoi Interécoles de Quidditch. Mot méprisant pour désigner un paysan.

3. Celui du Phénix a fait parler de lui. Capacité spéciale très prisée et enseignée à Poudlard.

4. Relatif à la peau. Le jour du cours de Divination pour les Troisième année.

5. Tous ceux qui le font ne sont pas perdus, paraît-il. A moi. Don depuis l'au-delà.

6. Diffuser une odeur désagréable. Je te vois en anglais. Compagne venimeuse du Grand Méchant.

7. Ces fameux du passé que l'on préfèrerait oublier. La meilleure boutique de Quidditch à Pré-au-Lard. Très fatiguée.

8. Presque la meilleure note ! C'est parti ! Initiales d'un petit frère pouffy complice et solidaire. Avec certaines joueuses, quand je RP, j'en ai une bonne.

9. Comme un ver. Il en faut parfois une bonne pour perturber un RP ! Flynn sans aile.

10. Professeur de Runes. Onde acoustique parfois agréable.

 

Verticalement

A. Critiquée parce qu'elle était trop stéréotypée. Dans le monde de Harry Potter, les baguettes les remplacent pour se battre.

B. Ultime objet de magie noire.

C. La société en produit trop (au sens propre comme au figuré !). Peut-être la ville la plus admirée du monde ?

D. Une famille complète sur HPRPG ! Surnom d'un débile à la belle gueule.

E. Nous n'y sommes que des gouttes. Pour désigner les Ogres d'Oslo (c'est une équipe de Quidditch fameuse !)

F. Je propose qu'on nomme l'équipe d'HPRPG les Gentils Encadrants. Les nouvelles technologies d'information et de la communication, qui sont plus si nouvelles que ça en fait. La maison Valcourt l'est toujours.

G. Fait la vache. Ce qu'il fallait doublement démontrer.

H. Estimated time of arrival. Mis en mouvement. Ce que fait le cerf.

I. Espion agile. Fin de verbe du 1er groupe.

J. Unité de mesure de masse employée dans la Grèce antique. Sinon vous connaissez les Niffleurs Écologistes en Vadrouille 🏕️🦔 ?

K. En biologie, ils favorisent une mutation.

L. La tablette des pro-Pomme. Surnom donné à Dieu sur HPRPG (dans ma tête, en tout cas.)

M. Le point commun entre Oonagh Aisling, Alaska D'Arcylton ou encore Kaelen Rowle ?

N. Nul n'est censé l'ignorer. Est-ce comme cela qu'on appelle l'Equipe Nationale d'Ecosse ? What does no mean ?

O. Donnez-m'en un peu plus que je puisse RP la nuit.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Hall de Poudlard, Samedi 02 Septembre 2124

- Мне плевать, как они меня видят ! persifla-t-il. (Je m'en fous de comment ils me voient !) 

 

Malgré le ton acide, c'était moins contre elle que Sasha était en colère que contre les anglais. Mais par défaut, il garda les sourcils froncés, son regard dardé sur la jeune femme, comme un prédateur en train de se demander si oui ou non cela valait la peine de se jeter sur cette proie.

 

En réalité, il ne savait pas si Anya tentait de le provoquer ou bien si sa froideur et sa voix ferme étaient ce qu'elle réservait à tout le monde ici. C'était possible, venant d'une Russe. Mais il avait cette étrange sensation d'être testé, qu'il fallût qu'il fût prêt à se défendre. Ou bien, c'était comme ça qu'il ressentait toute approche, et le fait qu'elle parlât sa langue n'était pas suffisant pour apaiser sa combattivité.

Il ne put empêcher un pas en avant, les poings serrés.

 

- Как ты думаешь, я сбежал? Я не трус ! Меня останавливают эти марионетки и их гребаные фанфары мира ! (Tu crois quoi, que j'me suis enfui ? J'suis pas un lâche ! C'est ces pantins et leur putain de fanfare pour la paix qui m'en empêchent !)

 

Le cri était sorti de sa poitrine avec douleur, et il pointa un index vers ce qu'il pensait être approximativement le sud-est - mais il était désorienté, dans ce fichu château et sous ces épais nuages d'Ecosse où le soleil semblait ne jamais vouloir se montrer clairement, aussi rien n'était moins sûr que cette direction imprécise.

 

- Я бы уже вернулся, если бы мог! Но на меня наложили Трейс, чертов Трейс, как в детстве ! (J'y s'rai déjà retourné si j'avais pu ! Mais ils m'ont mis une Trace, une putain de Trace comme un gosse !)

 

Parce qu'ici il était un enfant, ils en étaient tous. Pour Sasha, un enfant, c'était les premières et deuxièmes années de Poudlard, pas plus. Après, une fois qu'ils savaient lancer leurs sortilèges, à quoi servait-il que tous fussent capables de lire dans le marc de café ou de résoudre les énigmes de l'arithmancie ?

Il s'humecta les lèvres, le temps de trouver le reste de l'argumentaire, mais il abandonna aussitôt. Il s'énervait pour rien. Il le voyait dans les yeux de la fille, que ce n'était pas son point de vue à elle. Qu'elle ne comprendrait pas. Elle n'était pas allée là-bas, et quand bien même elle y aurait été, elle se serait sûrement battue pour le camp d'en face, avec son accent de Sakhaline. A quoi s'attendait-il donc ? A du soutien ? De la compréhension ? Tout le monde n'avait cessé de lui répéter la chance qu'il avait eu d'être tiré d'affaire pour être emmené dans une école sûre.

 

- Дурак (Idiot), bougonna-t-il à voix basse, pour lui-même, en se détournant de nouveau vers la fenêtre.

 

Le silence revint presque aussitôt. Il avait semblé un moment que la voix criée de Sasha s'était répercutée dans le couloir, avait dévalé les escaliers pour réveiller quelques lointains portraits qui avaient murmuré en retour. Quoiqu'il fît, Anya avait raison : les portraits rapporteraient, les fantômes le surveilleraient. Quant aux élèves, ils seraient comme Anya : pour survivre, ils penseraient d'abord à leur pomme. Ici, pas de milice qui s'organiserait. Il déglutit, les yeux vissés sur le parc, à travers la vitre. Sa respiration finit par se calmer, et quand il reprit la parole, ce fut comme si rien de cet excès d'humeur n'avait jamais eu lieu.

 

- У тебя здесь есть семья? Кто дает вам разрешение... на... (Tu as de la famille ici, toi ? C'est qui qui te donne l'autorisation pour... pour...)

 

Il désigna une direction au hasard, du bout du menton.

 

- Преораль, или я не знаю, деревня там. (Préoral, ou je sais pas, le village là.)

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Sasha Shevchen

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Serre n°2, Vendredi 15 Septembre 2124

Un instant, pendant qu'Alison maintenait le poignet de Sasha, ce dernier fut parcouru d'une bouffée de chaleur et il se tendit, luttant contre lui-même pour ne pas s'arracher à la prise de la jeune femme. Il lui semblait soudain qu'elle aurait pu lancer sur sa paume déjà meurtrie n'importe quel sortilège, par pure méchanceté : lui couper les doigts, ou bien les transformer en pierre ou en branches de cactus, ou bien lui sceller la main sur la table. Qu'est-ce qui lui prenait de demander un tel service à une inconnue comme elle ?!

 

Mais non. Elle incanta un simple Episkey, qui eut l'effet attendu. Les picotements qui rongeaient sa paume disparurent aussitôt.

 

En guise de merci, Sasha arracha sa main dès qu'il le pût pour se hâter de la faire disparaître dans son pull, la tête honteusement enfoncée dans ses épaules.

 

- Chhhut, il siffla sèchement.

 

Mais les autres élèves ne leur prêtaient guère plus trop d'attention, occupés qu'ils étaient à devoir rempoter leurs propres choux, avec plus ou moins de succès. Ils étaient prudents, se tenant éloignés des légumes maintenant qu'ils avaient vu un échantillon de ce qui pouvait leur arriver au contact des choux mordeurs.

Sasha, lui, se hâta de se détourner. Il récupéra son balai pour nettoyer le sol autour d'Alison, et revenait de temps à autre mettre de la terre sur les choux qu'elle avait réussi à transvaser, et le reste de l'opération se poursuivit tant bien que mal.

 

 

Après la partie pratique, ils avaient eu droit à de longs rappels sur les propriétés des choux mordeurs et leurs conditions de culture - sol neutre et bien drainé, sortilèges de Bulles de Tiédeur à dispenser régulièrement pour leur éviter le gel, sans oublier quelques gouttes de Dégluetouffe pour dissuader toute créature de venir les croquer pendant la nuit - rappels que Sasha n'avait écouté que d'une oreille.

 

Fort malheureusement pour lui qui était pressé d'en finir, la professeure n'avait pas oublié qu'elle avait rendez-vous à la fin du cours avec le binôme original qui s'était fait remarquer pendant le rempotage. Elle les attendait les bras croisés à la sortie de la serre. La pluie avait fini par cesser, mais l'air à l'extérieur était saturé d'humidité - une atmosphère qui semblait moins la déranger que l'allure un peu traînante avec laquelle Sasha avait décidé de s'acheminer, à la suite d'Alison et après tous les élèves de la classe, pressés de rentrer au château.

 

- Miss Carter, Monsieur Shevchen, claironna-t-elle en guise d'introduction une fois qu'ils ne furent plus que tous les trois devant la porte vitrée. Il ne m'a pas échappé que vous aviez attiré l'attention de vos camarades au point d'un peu trop les déconcentrer de leur tâche. Que s'est-il passé ?

 

Sasha entrouvrit la bouche avec un air offensé.

 

- Ils ont qu'à mettre leurs yeux là où ça les regarde, gronda-t-il avec son accent qui rendait les expressions anglaises étrangement exotiques.

- Ce n'est pas ma question, monsieur Shevchen.

 

La professeur de botanique était certes catégorique, mais elle était patiente. Elle attendit que les deux se reprissent.

 

- On vous l'a dit, fit Sasha en tâchant de faire un effort pour parler calmement. Alison a glissé, et elle est tombée. Il y avait de la terre par terre à cause que j'avais déjà commencé à rempoter. Et les autres je sais pas pourquoi ça les intéressait autant.

 

La professeur plissa les yeux, comme pour les sonder tour à tour, l'air de demander silencieusement à Alison s'il n'y avait pas là une autre facette de la vérité que la jeune fille voulait apporter, mais elle ne trouva pas son bonheur et fut obligée de faire une moue d'assentiment, non sans un certain dépit.

 

- Bon, j'espère que cela ne se reproduira plus. Nous garderons les mêmes binômes le reste du semestre et...

- Quoi ?!

 

Sasha n'avait pu s'empêcher, les sourcils haussés, d'intervenir.

 

- Plaît-il ?

 

Le Gryffondor bégaya en silence quelques instants.

 

- J'ai... Je suis en sixième année, je vais faire tous les cours de botanique des cinquième ?

- E-xac-te-ment, approuva la professeur, les poings sur les hanches. Ce premier cours était pour voir votre niveau, et clairement vous n'avez pas l'habileté nécessaire en botanique pour exécuter les tâches des 6ème année où nous manipulons des plantes plus rares et plus sophistiquées, comme le Sopophore et le Snargalouf. Je ne peux pas prendre le risque que vous les massacriez, monsieur Shevchen.

 

Sasha se renferma, reculant d'un pas. Il resta prostré dans son mutisme le reste de la conversation, pendant laquelle la professeure égrenait le contenu des prochaines séances - étude de la Tentacula vénéneuse, rempotage des mandragores adultes, extraction de pus de Bubobulb...

Il ne savait plus très bien ce qu'elle avait dit ensuite. Elle avait fini par conclure, fermer et verrouiller la porte de la serre et s'éloigner d'un pas vif, car elle devait accueillir une autre classe. Sasha avait l'impression d'être dans un drôle de brouillard - il avait comme oublié même d'être en colère - quand il tourna la tête vers Alison, qui n'avait pas encore décampé. Qu'est-ce qu'elle foutait là ?

 

- Tu veux que je regarde ton crâne ?

 

Il avait demandé abruptement.

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Sasha Shevchen

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Parc du château, Mardi 26 Septembre 2124

Les nuits étaient fraîches en automne en Ecosse, mais certainement pas autant que les hivers russes et continentaux que Sasha avait connu. Là-bas, bien que tout fût plus sec qu'ici, le froid était si mordant que des moldus trouvaient régulièrement la mort, seulement surpris par la nuit, englué dans la toundra. On disait que c'était une mort douce : on s'endormait dans la neige ou dans la terre comme si ç'avait été un matelas de plume, et bientôt on ne sentait plus sa peau glacée, on sentait seulement l'univers devenir tout blanc, et c'était paisible.

Sasha ne savait pas très bien pourquoi on racontait cela : les nuits dans le froid, il y avait survécu grâce à ses talents magiques, et il n'y avait jamais trouvé une quelconque douceur.

 

Toujours était-il que les nuits écossaises, bien que fraîches, étaient loin d'être insurmontables.

Et au matin, il arrivait parfois ce qui se produisait à cet instant : le soleil avait décidé de se montrer. Il écartait les nuages pour cracher des rayons invisibles mais chauds, séchant les brins d'herbes gorgées de la pluie des jours précédents. Aussi, comme c'était dimanche, un certain nombre d'élèves étaient déjà dehors, en route pour rejoindre le village proche de Pré-au-Lard que Sasha n'avait encore jamais visité. Un bon nombre faisaient bien évidemment la grasse matinée, moins sensibles que d'autres à la rareté du phénomène de cet astre qui réchauffait le parc, et une poignée d'autres étudiants avaient décidé d'une promenade matinale dans le parc.

 

Ce devait être le cas de l'élève dont il avait entendu le pas léger à proximité : là une branche cassée sous une bottine, puis un peu plus proche, une feuille morte écrasée qui crissait sous la semelle. Sasha n'avait pas bougé. Il avait gardé les yeux fermés. A travers les branches et les feuilles attachées à l'arbuste qui le dissimulait, il sentait les tâches de lumière dispensée par le soleil lui réchauffer doucement le visage, les mains posées sur son torse, et sur son ventre à demi-nu à cause de sa chemise qui était sortie de son pantalon. De la boue maculait ce dernier - et en réalité l'intégralité des faces arrières de ses vêtements étaient détrempés vu le temps qu'il avait passé ici. Mais il n'était pas sensible à ce froid que d'autres auraient trouvé désagréable. C'était comme si sa peau était plus épaisse, comme si l'odeur d'humus de la forêt suffisait à rendre cet inconfort agréable, protecteur. De l'extérieur de l'arbuste, on aurait presque rien vu dépasser : peut-être à peine le bout d'une basket, pour quelqu'un de particulièrement observateur.

 

Il serait bien resté là plusieurs heures. Juste à rester les yeux fermés, somnolent, rêvant à toute la chair crue ou cuite que l'on servait sur les tables de Poudlard - cela était un luxe qui, il devait l'admettre, n'avait jamais connu en Ukraine : de la viande à tous les repas.

Mais il n'était plus tout à fait tranquille : la présence était toujours à proximité. Il n'avait pas ouvert les yeux qu'il la sentait tout de même : à cause d'un léger parfum, de légers mouvements de lumière, de ces sons minuscules qui chatouillaient ses oreilles ; des craquements et des froissements à peine audibles.

Bien que ce ne fut pas assez proche pour être menaçant, il consentit malgré tout à ouvrir les yeux, au bout d'un moment, malgré lui.

 

D'abord, juste des tâches noires et blanches, mouvantes, qui devinrent marrons et or, qui se précisèrent en les branches et feuilles qui se découpaient dans le soleil au-dessus de lui. Dans la périphérie de sa vision, une silhouette.

Avec lenteur, pour n'engendrer lui-même aucun bruit, il tourna la tête dans sa direction : une fille.

 

Une fille enveloppée dans une cape épaisse, à la chevelure sauvage, faites de boucles marrons. Il la regarda longuement, l'esprit vide, ou bien plein de cette seule contemplation : une silhouette élégante au soleil. La fille bougea : il aperçut son profil ; un petit nez discret, des lèvres dessinées, le pourtour du visage tout fin comme...

 

Anya Nikitovna.

 

Le nom lui était revenu rapidement. Il ne bougea pas néanmoins. Peu importait son nom, il n'était qu'une créature étendue et dissimulée qui en observait une autre. C'était juste agréable, d'être ainsi, de ne pas exister, de ne penser qu'à ce film qui se déroulait sous ses yeux - les boucles soulevées dans le vent, la main rapide de la jeune fille qui tournait une page du livre qu'elle avait sur les genoux, la courbe de son dos qui s'animait parfois, se creusait au niveau des reins comme une vague se cambrerait à l'approche de la rive.

 

Malgré lui, le bout de son index bougea.

 

Coïncidence, ou alertée par ce mouvement pourtant d'une discrétion suprême, Anya tourna la tête dans sa direction.

 

Il retint son souffle, s'imposa une immobilité parfaite.

 

Mais un moment il en fût sûr malgré le contre-jour : les yeux d'Anya s'étaient accrochés aux siens, au travers des branches.

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Serre n°2, Vendredi 15 Septembre 2124

Sasha était resté coi, à la fixer bêtement. Bientôt il scella ses lèvres et serra les dents, faisant saillir les angles de sa mâchoire comme il détournait le regard, ses yeux se perdant vers la forêt interdite pour mieux éviter de continuer à la fusiller du regard.

 

Suka. (Chienne.)

 

Il ne l'aurait pas dit à haute voix, ne serait-ce que parce qu'il avait cet instinct : les pestes pouvaient vous en faire baver pendant de longs mois, c'était bien connu, alors autant ne pas commencer à se créer des problèmes inutilement. Et puis, des méchancetés, il en avait encaissé suffisamment et d'une autre trempe pour pouvoir simplement balayer l'insulte qu'elle lui faisait dans sa réponse.

Mais la proposition suivante d'Alison lui arracha immédiatement un rictus et finalement, il la fustigea bel et bien du regard.

 

- Tu m'as pris pour un chien à dresser ou quoi ? il grogna, certes, comme un molosse menacé.

 

Il la scruta un moment, le visage exprimant la défiance. Avec son petit sac plié au coude, ses petites chaussures vernies, ses cheveux parfaitement lisses et son langage ampoulé, il était clair qu'elle représentait le summum de la société distinguée quand il était... un garçon avec des cheveux en bataille, les mains sales - qu'il n'avait pas nettoyé de la terre par un sortilège, comme les autres - et abimées, des vêtements de récupération qu'on avait bien voulu lui offrir et qu'il portait froissés. En d'autres termes, un rustre.

 

Sasha gonfla la poitrine, comme pour se rappeler à lui-même lequel des deux ici était le plus fort, qui pouvait dans l'instant ne faire qu'une bouchée de l'autre. Il émit soudain un sifflement méprisant en guise d'au revoir. Il fit volte-face pour s'éloigner d'un pas vif.

 

 

 

 

Pas assez doux. N'importe quoi. Et puis de là à arracher une tête, cette pauvre fille n'avait sûrement jamais vu une tête arrachée. Il aurait juste regardé, lui aussi savait lancer un Episkey !

 

 

 

 

Un pas, deux pas, trois pas, quatre pas.

 

Demi-tour.

 

Un, deux, trois et quatre pas sur le chemin du retour.

 

Sasha s'était planté de nouveau devant Alison et vissa devant elle un index qui avait tout d'une accusation.

 

- Tu m'apprends que pendant les cours, pour que je peux retourner en sixième année le plus vite possible. Je dois aussi faire les Potions et la Divination avec les cinquième. Tu me dis quand je fais pas bien, tu le dis pas fort, tu le dis doucement, pas devant tout le monde, et tu me montres comment on fait.

 

Il avait les joues qui s'étaient embrasées au point d'être plus rouges que ses lèvres, et cette inflammation s'étendait jusqu'à son cou qui disparaissait dans son col maladroitement serré par la cravate des Gryffondors qui n'était pas nouée correctement. Son index resta suspendu un moment entre eux, puis il décida de le baisser subitement pour le cacher dans sa poche, comme s'il s'était souvenu de l'inélégance de sa main et de la façon dont Alison avait regardé ses cicatrices un peu plus tôt. Il déglutit, une moue de dépit sur le visage.

 

- Tu veux quoi en échange ? gronda-t-il, un peu à la manière d'un aboiement autoritaire.

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Serre n°2, Vendredi 15 Septembre 2124

Ifjzoiejzfpei fziejf epscdslf ?

 

C'était probablement que ce qu'Alison avait pu lire dans les yeux de Sasha si elle avait décidé de le regarder à l'instant où elle faisait sa demande. Il resta longuement ahuri, les yeux ronds, à essayer de mettre bout à bout ses connaissances sur les expressions anglaises et sa compréhension du genre féminin.

Tout d'abord, il crut tout simplement que son niveau de langue n'était pas très bon et qu'il ne comprenait pas l'expression "sortir avec moi". Peut-être qu'elle voulait dire par exemple, qu'elle avait peur d'aller dehors la nuit toute seule et qu'elle avait besoin d'être accompagnée. A une telle demande, il aurait dit oui sans hésiter : c'était une mission facile et compréhensible.

Malheureusement, Alison donna des détails et il comprit qu'il s'agissait réellement de jouer la comédie.

 

Sasha eut un mouvement de recul. Par automatisme, il jeta un regard par-dessus son épaule, comme si quelqu'un avait pu être caché dans un buisson, à proximité, pour les épier pendant qu'ils avaient cette discussion saugrenue, mais ils étaient bien sûr parfaitement seuls et quand il se retourna vers elle, Sasha ne trouvait toujours pas ce qu'il devait dire.

 

Il pesait intérieurement le pour et le contre. Il y avait mille petits contres pour un seul pour : personne d'autre ne lui apprendrait les manières attendues ici. Mais avait-il pour autant besoin de se ridiculiser, d'autant plus si elle voulait même pas coucher pour de vrai ? (Parce que ça aussi, ç'aurait été une mission facile et compréhensible, mais elle, elle parlait de bisous sur la bouche dans les couloirs comme des enfants de maternelle.)

Il finit par secouer la tête, dans une expression entre la consternation et la stupéfaction.

 

- Deaaal... prononça-t-il lentement comme si quelqu'un avait forcé hors de sa bouche un mot qui ne voulait vraiment pas sortir.

 

Mais qu'avait-il à perdre, après tout ? Sa réputation ? Il était déjà regardé comme un animal de foire. Autant que ça leur fisse les pieds, à toutes ces marionettes anglaises et leurs manières, que les filles de Poudlard eussent l'air de se presser pour coucher avec lui. (En apparence, tout du moins.)

 

- Mais tu m'aides pour de vrai pendant les cours, il précisa en articulant lentement, comme si elle avait été capable de ne pas comprendre son anglais, subitement. Sinon j'arrête ton truc de Roméo et Juliette et je dis que t'étais pas un bon coup. Ok ?

 

Nouveau regard en arrière, pour vérifier que personne ne l'avait vu passer ce deal odieux. Mais comme ils étaient toujours seuls, le vent glacé d'automne faisant son office pour enfermer tous les élèves à l'intérieur, Sasha se retourna de nouveau vers la jeune fille. Il cracha dans sa main droite et la lui tendit.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Devant et dans la salle de potions, Jeudi 21 Septembre 2124

Il l'avait bien aperçue, la petite Alison aux longs cheveux roux qui dansaient sur ses épaules. Au détour d'un couloir. Ou à la table des Serpentards. Ou de l'autre côté du parc. Mais en courageux soldat qu'il était... Sasha s'était systématiquement débiné, regardant vivement ailleurs, prenant un autre chemin, ou faisant carrément demi-tour. Ce n'était pourtant pas la tâche la plus compliquée qu'on lui eût donné depuis qu'il était arrivé à Poudlard, mais pour une étrange raison, il n'arrivait pas à trouver la résolution nécessaire à ce projet stupide. Le pire était qu'il n'était pas certain que cela portât ses fruits : quand elle avait dit "ne fais plus jamais ça", il n'était pas sûr de ce dont elle parlait. Quoi ? Cracher dans sa main, ça ne se faisait pas en Angleterre ? Il s'était essuyé sur son jean, la mine interdite.

 

Toujours était-il qu'il avait beau eu repousser l'échéance, l'épreuve finirait par arriver.

 

Et elle arrivait aujourd'hui.

Sasha se maudit de ne pas avoir profité, pour leur première fois, d'un moment où Alison était peu entourée. Avec la grande brochette dans laquelle elle était coincée comme un morceau de poulet au caramel agglutiné contre les autres (les brochettes de poulet au caramel, nouvelle grande découverte de mets de Poudlard pour Sasha), il sentait toutes ses bonnes résolutions fondre comme neige au soleil. Mais le cours de Potions était noté, et s'il voulait pouvoir prouver qu'au moins dans cette matière il avait le niveau pour rejoindre rapidement les sixième années, il était bel et bien forcé de jouer le jeu. Alors, il fit ce qu'il fallait faire. Selon lui.

 

Il prit une grande inspiration, puis il fonça dans le tas.

 

Littéralement. 

A grands pas il s'avança vers le groupe, écarta une grande blonde dégingandée, n'eut pas besoin d'en faire autant pour la petite brune aux cheveux bouclés qui fit un bond de côté pour éviter la charge, et il traversa le cercle sacré des filles qui complotaient pour fondre sur Alison. Agir avant de réfléchir, c'était sa règle pour toutes les situations où l'incertitude du résultat était trop grande, comme quand il fallait attaquer l'ennemi ou ne pas laisser échapper une proie. Sasha attrapa Alison par les épaules et écrasa ses lèvres contre celle de la jeune fille. Probablement avec la délicatesse d'un boxeur qui dit bonjour à son sac de frappe, mais probablement pas au point de lui faire mal.

 

Il sentit la peau fraîche de son minois délicat et l'odeur d'un parfum chic, sûrement trop cher - et ce fut tout ce qu'il emporta d'elle, car c'était fini la seconde suivante. Cette seconde suivante fut horriblement longue : le groupe de filles faisaient rouler leurs yeux dans leurs orbites dans une expression qu'il n'était pas capable de déchiffrer - sauf la grande blonde qui avait croisé les bras en mâchant son chewing gum, visiblement agacée de s'être faite dégager si brusquement. Alors Sasha leur décocha à toutes un regard clairement dissuasif - juste au cas où. Après tout, il avait un deal avec Alison, mais pas avec les autres. Il ne leur devait rien, et sûrement pas la moindre sympathie.

 

Sasha sentit un truc bouger entre ses mains, se rendit compte qu'il tenait toujours Alison. Alors il la libéra et renfonça ses mains dans ses poches pour aller se poster à côté d'elle, le regard terne. Il n'y avait plus qu'à attendre que le cours commençât. A cet instant précis, d'autres élèves entraient dans la classe, et notamment des Serpentards qui le regardaient étrangement, partagés entre la surprise et le doute, probablement. Sasha les ignora royalement, et reporta son regard sur les filles qui étaient devenues muettes comme des botrucs.

 

- Quoi ? Vous avez plus rien à vous dire ? il gronda.

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Lyle Sørensen

18 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serdaigle
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Ambassade magique de Paris, France, Jeudi 05 Octobre 2124

La scène s'était achevée aussi subitement qu'elle avait débuté, laissant un Lyle frissonnant. Le hall reprit son éclairage normal avec une telle brutalité qu'un instant, il fut complètement ébloui - mais bientôt, il retrouva sa vue et avec elle, les nombreuses personnes qui avaient créé la magie de la scène. Brusquement, il était en caleçon devant un parterre de sorciers en tous genres, qui malgré sa gêne, ne semblaient déjà plus s'intéresser à lui. Lyle se leva brusquement du canapé pour ramasser les vêtements tombés au sol et s'enfuir vers les rideaux qui l'avaient dissimulé un peu plus tôt.

 

 

Le reste de la journée avait été moins laborieux, mais la succession d'essayage et de clichés, séparément ou avec Viviane, devait se faire à un rythme effréné pour libérer la pièce pour la soirée, avant que ne débutasse un autre genre de représentation. Lyle dût enfiler plusieurs robes de sorciers, costumes, mais heureusement plus aucun sous-vêtement.

 

Lorsqu'enfin l'heure était au rangement et qu'il avait retrouvé ses vêtements d'origine, Lyle sentait son esprit brouillon, saturé des sollicitations de la journée, des lumières changeantes, et une drôle de courbature s'était insinuée dans ses mâchoires qu'il avait dû serrer sans s'en rendre compte toute la journée. Aussitôt que le shooting s'était terminé, tout le monde s'était désintéressé de lui, et il se retrouvait planté au milieu du hall que l'on débarrassait à la hâte, cherchant des yeux quoi faire, ou bien où fuir ; à quelques pas de là, Viviane donnait quelques instructions à quelques personnes et même sans l'entendre, Lyle devinait la voix suffisant de la jeune femme, la même condescendance que lorsqu'elle s'était adressée à lui à la fin de la toute première scène. Sous sa cape de sorcier, il enfonça ses mains dans les poches de son pantalon à pinces derrière Viviane, et attendit patiemment qu'elle finît de se débarrasser des dernières personnes de la maison Valcourt qui voulait se plier en quatre pour elle - ou plus vraisemblablement, pour son père dont l'aura était présente même s'il n'était pas sur les lieux.

 

  • - Tu as eu ce que tu voulais ? demanda Lyle quand Viviane, enfin seule, se retourna vers lui.

 

Ce n'était qu'à moitié une question. Il estimait qu'il avait, en ce qui le concernait, pleinement rempli son rôle. Lyle désigna le hall dans lequel ils se trouvaient en levant les yeux, dans un mouvement circulaire.

 

  • - Je crois que le reste des festivités se passe ici, si j'ai bien compris. Il va y avoir une réception, et l'ambassadeur ainsi que son épouse et ses invités vont débarquer d'ici quelques instants, dès qu'ils auront installé les buffets.

 

En vérité, le personnel de l'Ambassade s'impatientait de l'autre côté de hautes doubles portes aux moulures dorées que l'équipe du shooting vidât complètement les lieux avant de s'installer à leur tour.

 

  • - Il me semble que j'ai fait ma part de faire-valoir, prononça-t-il soudain très sérieusement, tandis qu'il s'approchait de Viviane d'un pas - il était alors obligé de baisser la tête, car elle était plus petite que lui. A ton tour, maintenant.

 

Lyle leva un bras pour lui offrir son coude plié.

 

  • - Quoi de mieux pour me présenter à l'Ambassadeur que faire comme si nous étions déjà sagement rangés entre gens de bonne famille, mmh ?

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Devant et dans la salle de potions, Jeudi 21 Septembre 2124

Sasha aurait voulu transplaner instantanément sur un autre continent. Pourquoi Alison avait-elle besoin de se glisser sous son bras ?! Il était tellement tendu qu’il crût avoir bientôt une crampe – mais ça, c’était avant d’entendre Alison raconter qu’il devait se faire pardonner. Il l’écouta les dents serrées et les yeux ronds, si bien qu’on eût l’impression qu’il était en train de souffrir d’une indigestion. L’une des filles donna un coup d’œil dégoûté à la main qui reposait sur l’épaule d’Alison, et Sasha eut une grimace qui mimait un grognement silencieux, histoire de la dissuader de faire un commentaire sur ses cicatrices.

 

Lorsqu’il crut que la torture était enfin terminée, que les vipères se dispersèrent vers la salle de cours, Alison n’en avait pas fini avec lui : quand elle resserra son nœud, avant de poser doucement ses lèvres sur les siennes, il se sentit minuscule d’ignorance, et paradoxalement beaucoup trop engoncé dans ses vêtements par la situation : il se figurait qu’il avait l’air d’un ours en chemise et cravate, avec des griffes qui disparaissaient dans les poches de son pantalon, et qu’une petite fille s’était perchée sur la pointe de ses pieds pour lui coller un bisou sans s’apercevoir qu’il avait la truffe humide et des poils blonds épais plein le museau.
Par acquis de conscience, quand elle le libéra, il passa vite une main sur sa bouche – non pour s’essuyer, même si Alison l’interpréterait peut-être ainsi, mais pour vérifier s’il n’était pas tout velu : mais non, il était rasé fraîchement du matin, fort heureusement.

 

Et puis, toutes les instructions tombèrent en même temps et il paniqua vaguement : comment est-ce qu’il allait se présenter au professeur ET tirer la chaise d’Alison en même temps ? Et retirer sa robe ? Pourquoi diable se déshabillerait-elle devant tout le monde ?!
Un peu trop pressé de ne rien oublier dans ce fatras d’indications, il entra certes un peu brusquement – sans anticiper qu’Alison s’arrêterait juste là, devant. Ils se coincèrent stupidement, et Sasha ne connaissait qu’une seule manière de se sortir de là : il s’arracha avec un pas en avant, manquant d’emporter avec lui Alison et probablement le mur du cachot. D’autres rires, plus ouverts, se déclenchèrent subitement, et ils avaient bien sûr attiré l’attention du professeur.

 

Ce dernier avait un visage plein de bonhommie, mais sur lequel passa à cet instant une expression d’ennui profond.

 

-    Bonjour, articula Sasha. 
-   … Et vous êtes ? questionna le professeur en haussant les sourcils. 
-    Mister Brooks ! se rappela le Gryffondor.

 

Le professeur battit des cils, circonspect.

 

-    Non, Mister Brooks, c’est moi.

 

Cette fois, ce fut l’hilarité générale dans la classe. Sasha avait écarquillé les yeux, plein d’incompréhension, tandis que le professeur gardait parfaitement son calme malgré le bruit ambiant. Puis Sasha comprit. Il pinça les lèvres avant de se redresser, rigide.

 

-    Sasha Shevchen, Gryffondor, 6ème année. Je suis affecté au cours de 5ème année pour un rattrapage en potions, sir.
-    Aaah, oui, c’est vrai. Bon, fit le professeur avec une moue dans laquelle Sasha crut lire : encore un.

 

Les rires se dissipaient enfin. Monsieur Brooks fit mine de se retourner vers la classe, fit un pas, puis revint vers Sasha en écartant les bras.

 

-    Bon restez pas planté là, allez vous asseoir !

 

Sasha fit un demi-tour sec pour s’éloigner du professeur et du tableau – zone devenue maudite. Alison avait ralenti près d’une paillasse dans les premiers rangs, mais il l’attrapa par le coude pour l’emmener vers le fond, suivi à son grand désarroi d’une bonne vingtaine de paires d’yeux. Alors, le regard noir, il jeta son sac à terre, avant de s’occuper d’Alison. Avec autorité, il lui retira son sac pour le poser sur la paillasse, tira un tabouret pour la faire asseoir en la maintenant par les épaules.

 

Il s’immobilisa soudain en la regardant : elle gardait sa robe ou pas ? Un signe. Il faudrait qu’ils convinssent d’un signal clair. Deux battements d’yeux, peut-être, ou quelque chose comme ça. Sasha se pencha vers elle, ayant déjà la solution en tête.

 

-    Dans les cachots il fait froid, tu restes habillée.

 

Voilà.

 

Lorsqu’il s’assit à son tour, il s’aperçut qu’il conserverait lui aussi sa robe sur sa chemise, pour une raison simple : il était en nage. Sa chemise lui collait à la peau, et lui semblait que de son col désormais trop serré s’échappait un mince filet de vapeur brûlante, qui lui réchauffait le cou et ses joues devenues toutes rouges.

 

Heureusement, le professeur avait commencé son long monologue d’entrée en matière. Il expliquait sûrement des choses importantes, mais Sasha était trop occupée à garder les mains sur la paillasse en tâchant de réguler sa respiration, et il ne comprenait soudain plus rien à l’anglais. Au bout d’un moment, il aperçut le regard exigeant d’Alison, et il se rendit compte qu’elle avait sorti plumes et parchemin : alors il en fit autant. Mais comme il n’arrivait pas très bien à reprendre le fil du cours, il ne savait pas quoi écrire : Sasha jeta un coup d’œil par-dessus la manche de sa voisine. 
Alison avait une écriture ronde et féminine, sans tâche aucune. Elle prenait un soin particulier à souligner des mots avec des couleurs différentes, manipulant entre ses doigts parfaitement lisses une plume aux reflets élégants, si bien qu’il semblait que son parchemin était une œuvre d’art. Il baissa les yeux sur son propre parchemin : c’était écrit « Potions 1 » et seulement ces caractères étaient déjà illisibles : on aurait dit qu’une souris avait marché dans un pot d’encre et était passée par là. Il se pencha en avant pour essayer de s’appliquer à son tour. Sa plume de pigeon crissa grossièrement sur le parchemin.

 

- Pourquoi t'as dit qu'il fallait que je me fasse pardonner, grommela-t-il à voix basse. J'avais rien à me faire pardonner. 

 

Le cours théorique ne fut pas trop long, Mister Brooks souhaitant ne pas perdre de temps sur le travail pratique qu’ils avaient à faire ce jour : préparer un philtre de paix, et la première étape était très simple puisqu’il suffisait d’allumer le chaudron qui se trouvait devant eux, sur la paillasse. Les autres élèves sortaient déjà leur baguette. Sasha avait retrouvé des couleurs plus claires, même si la perspective d'allumer un feu le faisait déjà trop transpirer d'avance. Il soupira, exténué déjà par ce cours qui ne faisait que débuter.

 

-    Tu veux l’allumer, ou je le fais ? demanda-t-il, morne.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

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Parc du château, Mardi 26 Septembre 2124

Il n'avait rien répondu au sujet du frère présumé mort. Présumé mort, pour Sasha, ça voulait dire mort. Mais pour elle ? Il aurait peut-être dû présenter ses condoléances. Mais ne devait-on pas avoir une forme d'empathie, quand on transmettait ses condoléances ? Il ne ressentait rien du tout. La réponse d'Anya n'était que pure logique. Il préféra respecter le silence que perturbaient quelques voix, à bonne distance d'eux. Des élèves qui riaient, comme dans un autre monde. Inconscients.

 

Le regard soudain d'Anya lui fit avoir un mouvement de recul.

 

- Evidemment qu'j'irai !

 

Il avait presque craché en s'exclamant, comme si la question était en soi une insulte. Finalement, il comprenait peut-être la frustration d'Anya de ne pas avoir été autorisée à aller se battre. En même temps, paradoxalement, il trouvait mieux qu'une fille comme elle n'y fut pas allée.

Il s'humecta les lèvres avant d'ajouter en parlant plus lentement, comme pour se donner le temps de retrouver une contenance plus apaisée.

 

- Et dans les rangs, des fois, y'a des filles. Elles sont venues même qu'elles avaient pas le droit.

 

Il n'y en avait pas beaucoup en réalité, et elles ne duraient pas longtemps, de son expérience. Non pas qu'elles fussent moins fortes ; la réalité était que pour elles, la guerre était dure parce qu'en plus du combat, il fallait supporter des armées de camarades qui bavaient devant la perspective de se rapprocher de l'unique fille disponible dans les parages. De l'expérience de Sasha, ces filles s'échappaient vite. Enfin, il espérait que celles qu'il n'avait pas revu avait bien disparu de leur propre volonté.

Cette pensée l'incommoda et il la repoussa - il n'y avait jamais pensé avant. Sûrement que ce n'était que l'effet de l'endroit où lui avait combattu, se rassura-t-il. On disait que les sorcières s'étaient très bien mêlées à d'autres batailles magiques, au point d'en être les principales artisanes, dans d'autres régions du continent. Et tant d'entre elles pouvaient aussi être de très bonnes espionnes. Cela, il en était tellement sûr qu'il décocha un regard suspect vers Anya. Mais il n'y avait sur le visage de la jeune fille que cette expression de femme indépendante et rebelle.

Sasha déglutit, bougea comme pour s'asseoir plus confortablement, essayant de ne pas paraître perturbé par la proximité de la russe.

 

- Il s'est battu où, ton frère ? il dit sur le ton de la conversation.

 

Sous-entendu : il était dans quoi ? Il se battait pour qui ? Sasha n'arrivait pas à poser la question franchement : se battait-il pour la Division Obscuro ? Il avait ce mauvais pressentiment, qu'Anya et lui ne faisaient pas partis du même monde, même s'ils étaient tous les deux des réfugiés pour les autres élèves de Poudlard. Comme les faces d'une même pièce, ils étaient forgés dans la même matière mais ne pourraient jamais se rencontrer.

Ou peut-être qu'il se faisait des idées.

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Parc du château, Mardi 26 Septembre 2124

Samara.

 

Sasha n’était pas allé jusque-là. Il aurait dû ; il s’était fait choper sur le versant nord-ouest d’une montagne, à quelques dizaines de kilomètres de là. L’amertume le fit déglutir, ses yeux braqués sur le lac en face. Les enfants qui jouaient, il ne les voyait même plus : il se souvenait d’avancer dans un village, persuadé d’arriver à rejoindre sa brigade, quelques heures avant le sortilège qui l’avait immobilisé et qui avait déclenché la série idiote d’évènements jusqu’à se retrouver dans un parc d’attractions pour enfants en Angleterre. Pourtant, indirectement, il avait participé à la bataille de Samara.

 

Quand Anya enchaîna, toutefois, Sasha sentit son corps se tendre. Il retint son souffle. Il resta parfaitement immobile, les yeux fixant toujours devant lui, s’humectant une nouvelle fois les lèvres comme un tic qu’il ne maîtrisait pas – encore moins maintenant.

 

Son frère s’était battu dans le camp adverse.

 

Ce qui signifiait qu’elle aussi était dans le camp adverse.

 

Sasha resta parfaitement silencieux un long moment. Il clignait seulement des yeux, exhortant son cerveau à fonctionner plus rapidement, le plus rapidement possible. Mais il n’arrivait pas à prendre de décision. Il aurait dû se lever immédiatement, cracher à la figure d’Anya et lui ordonner de ne plus jamais lui adresser la parole. Les copains auraient dit qu’il aurait dû l’emmener dans la forêt et la supprimer, ne serait-ce que pour la vengeance. Mais son corps refusait d’agir dans un sens ou dans l’autre. Il était retenu par il ne savait quoi ; le fait qu’elle parut si humaine, le fait qu’elle croyait qu’il était dans son propre camp, et il avait cette envie absurde d’entretenir le mensonge.

 

Sasha finit par déglutir en prenant une inspiration, puis il tourna la tête lentement vers elle.

 

Et il acquiesça, sagement.

 

L’accès à des informations changeait tout.

 

Как вы это получите ? (Comment tu fais pour l’avoir ?)

 

Il aurait payé cher. Mais de là à payer l’ennemi ? Il voulait savoir, lui aussi. Quand il avait quitté le territoire, ses amis défendaient Brovary. En pure perte. Il se demanda ce qui était arrivé à Andriy, Dmytro et Bohdan. Est-ce que des frères d’Anya les avaient abattus ? Ou pire… ?

 

-  Я... я бы не поверил, il dit, pour meubler le silence. (Je… j’aurais pas cru.)

 

Il ne pouvait pas se résoudre à paraître joyeux quand il lui semblait qu’un boulet de plomb lui était tombé dans l’estomac. Et puis, mille questions se bousculèrent à ses lèvres, et il s’anima soudain, basculant sur ses genoux.

 

-    Знаете ли вы, чем закончилась Сызранская битва ? Они переправились через реку ? А волшебники Казахстана ? Они наконец пришли ? Обещали... То есть, кажется, обещали приехать ! (Est-ce que tu sais comment s’est terminée la bataille de Syzran ? Est-ce qu’ils ont traversé le fleuve ? Et les sorciers du Kazakhstan ? Ils sont venus finalement ? Ils avaient promis… Je veux dire, il paraît qu’ils leur avaient promis de venir !)

 

Sasha s’exhorta à ralentir le rythme, ne serait-ce que pour éviter de commettre une erreur avec des mots qui trahiraient sa propre affiliation.

 

-   Я хочу прочитать это сам, il exigea subitement. (Je veux lire moi-même.)

 

C’avait l’air d’être pour lui une question de vie ou de mort – les nouvelles en Angleterre étaient toujours floues, anecdotiques, surtout concernant le volet magique de cette guerre. 

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Parc du château, Mardi 26 Septembre 2124

Sasha avait froncé les sourcils vite fait.

 

- Подписка ? На какие деньги ? Откуда у вас деньги ? (Un abonnement ? Avec quel argent ? Tu tires d'où, l'argent ?)

 

Soudain, il posait toutes les questions qu'il pouvait, avant que ce ne fût trop tard : il avait cette intuition sourde qu'une telle opportunité ne durerait pas. Comme Anya se levait, il l'imita, oubliant complètement la saleté et l'humidité accumulée de ses vêtements : plus rien ne comptait que les informations qu'il pouvait tirer d'elle, et ses yeux alternaient entre la dévorer, plein d'avidité curieuse, et s'égarer ailleurs, quand il se rendait compte que cette attention soutenue pouvait le trahir.

 

- Oh, wahou.

 

C'était tout ce qu'il pouvait prononcer. Les Kazakhs étaient venus, Syzran avait été prise. Sasha sentait son coeur battre à tout rompre tandis qu'il suivait Anya en direction du château. Il avait enfoncé ses mains dans ses poches, histoire de garder une posture nonchalante. Il lui semblait sentir encore la main qu'elle avait posé sur son épaule - preuve ultime qu'elle avait confiance en lui, mais pour combien de temps ? Sasha repoussa le sentiment désagréable quand il pensait à la possibilité quelqu'un put savoir, que ce fut d'un camp ou d'un autre, qu'il s'accommodait si bien d'un silence protecteur quant à sa propre contribution dans cette guerre.

 

- Ладно, ладно, без проблем. (Ok, ok, pas de problème.)

 

Plus rien n'était un problème, subitement. Sasha et Anya grimpèrent les marches assez rapidement, ne partageant plus rien le temps qu'ils croisaient plusieurs autres élèves qui, bien sûr, faisant le chemin en sens inverse pour aller profiter du soleil. A l'intérieur, ils bifurquèrent dans un couloir à droite, pour prendre la direction des cachots.

 

Sasha n'était jamais allé plus loin que la salle de cours de Potions, mais la perspective de s'approcher de la salle commune des Serpentards l'ennuyait vaguement - et s'ils croisaient Alison ? Il faudrait qu'il s'en débarrassât le plus vite possible, et il n'était pas sûr qu'un bisou suffirait. De plus, il espérait bien qu'elle ne le verrait pas en compagnie d'Anya - il entendait déjà Alison lui faire la leçon sur le comportement qu'il devrait avoir avec les autres filles le temps qu'ils faisaient comme si ils sortaient ensemble.

Sasha rasa donc les murs mais il n'était pas si simple de passer inaperçu : plus ils s'enfonçaient dans les cachots, plus ils croisaient majoritairement des Serpentards, plus sa présence faisait tâche. Il hâta le pas, pressant Anya d'une grimace.

 

- Я подожду тебя в комнате, так лучше, il indiqua quand ils furent devant la gargouille qui gardait l'entrée du cachot des Serpentards - et presque au pas de course, il se volatilisa dans la fameuse salle. (J'vais t'attendre dans la salle, c'est mieux.)

 

C'était un cachot ordinaire, avec des tables alignées, gravées de mille messages des élèves qui avaient peuplé les bancs de Poudlard avant eux - ça n'avait aucune importance. La salle était plongée dans le noir et Sasha se garda d'allumer les appliques et les chandeliers pour être sûr que personne ne soupçonnerait sa présence. Il alla s'asseoir dans le fond, sur un banc. Il se passa la tête entre les mains avec un soupir, partagé entre l'excitation et la consternation concernant ce qu'il était en train de faire. Il se répéta que ça n'avait aucune importance : il utilisait juste une opportunité, c'était tout. Anya saurait, et quoi ? Elle lui parlerait ensuite comme au début. Il s'en fichait.

Sa chemise était toujours trempée, collée à son dos, amenant avec elle l'odeur de l'herbe fraîchement écrasée.

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Sasha Shevchen

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Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Devant et dans la salle de potions, Jeudi 21 Septembre 2124

A l'autre bout de la salle, avec un air morne, Sasha renversa le petit flacon de poudre bleue dans le chaudron, qui se mit à fumer doucement, l'eau bouillonnant. Une odeur âcre s'en échappait, qui n'avait pas l'air d'incommoder le Gryffondor qui renfonça aussitôt ses mains dans ses poches, tout à ses ruminations intérieures.

 

Comment ça, les hommes avaient toujours quelque chose à se faire pardonner ? Il n'avait rien répondu à la leçon n°2 (de toutes façons, quelle était la leçon n°1, il ne savait déjà plus) et encore moins aux questions en lien avec ses finances. Il s'était contenté de se concentrer sur sa feuille effaçable, le teint légèrement rouge de nouveau.

 

Maintenant que la partie pratique avait commencé, la classe ressemblait plus ou moins à un essaim d'abeilles qui flânaient ça et là, allant chercher des ingrédients d'un côté, papotant de l'autre. Certaines élèves se pressaient près du professeur pour lui poser des questions, tandis que des groupes d'amis se réunissaient pour chuchoter à voix basse. Un groupe de trois serpentards, qui occupaient la paillasse devant celle d'Alison et Sasha, se rabattirent vers le Gryffondor.

 

- Vas-y, pourquoi tu t'laisses faire comme ça ? demanda l'un d'eux.

- Huh ? répondit d'abord Sasha, étonné qu'on lui adressât la parole malgré tous ses efforts pour paraître le plus dissuasif possible. Quoi ?

- Pourquoi tu la laisses faire, Alison, tu fais tout c'qu'elle dit mec !

 

Sasha décocha un regard vers la fille en question, qui continuait de cancaner à voix basse avec l'une de ses copines. Merde. Tout le monde s'en rendait compte ? Il haussa les épaules en reportant ses yeux courroucés vers les Serpentards.

 

- Ben j'la saute, vous croyez quoi ? Qu'c'est pour le plaisir de faire le bon toutou ?

 

Les Serpentards échangèrent des regards entre eux. Ils tâchèrent de rester neutres, mais ils voyaient bien qu'ils étaient vaguement impressionnés. Curieux, même. Ils s'approchèrent en essayant tous de rester nonchalants, si bien qu'ils avaient l'air de trois rapaces posés sur la même branche qui feraient mine de ne pas se connaître vraiment.

 

- Genre. Souvent ? ne put s'empêcher de demander le plus petit des trois.

 

Il avait des cheveux frisés et une bouille de garçon de 8 ans, comme si l'adolescence peinait à trouver chez lui le chemin que les autres avaient déjà débuté. Sasha prit le temps de réfléchir à la réponse. Crédible. Rester crédible. Et en même temps, Alison aurait dû être discrète, comme il l'avait demandé, et elle ne l'était pas du tout. Il se mordit la langue.

 

- Allez raconte, fit l'un des Serpentards en lui donnant un léger coup d'épaule à épaule, comme s'ils étaient amis.

 

Sasha lui décocha un regard circonspect.

 

- Ben ouais, souvent, grommela-t-il.

 

Puis, comme ils avaient l'air avide d'en savoir plus, il se sentit obligé d'élaborer.

 

- Elle en demande tout l'temps. Dès qu'on a un moment, un p'tit coup dans les toilettes, dans un placard à balai, peu importe, elle est trop chaude c'est fou.

 

Cette fois, les yeux des garçons s'agrandirent, ronds comme des billes. Ils auraient presque bavé d'envie, avec leurs hormones en pleine explosion, de pouvoir avoir l'aisance de se taper tous les jours une fille bien rangée comme Alison. Sasha se dit qu'il en avait peut-être fait un peu trop, mais au moins, il sentait que les trois Serpentards ne le regardaient plus comme le pauvre réfugié, soudain.

 

- Alors moi, ajouter de la poudre bleue ou lui tenir sa chaise hein, ça m'va.

- Ah ouais.

- Ouais...

- Carrément.

- Qu'est-ce que vous glandez là-bas ? Elles vont pas se touiller toutes seules ces potions !

 

La voix du professeur les dispersa rapidement, et Sasha se retrouva de nouveau seul avec leur chaudron. Alison revenait avec le sirop d'ellébore, de sa démarche empruntée, et le Gryffondor préféra ne pas trop la regarder quand il se rendit compte que son mensonge collait parfaitement avec les apparences qu'Alison avait l'air de vouloir afficher : sa jupette courte, sa bouche travaillée dans une moue aguicheuse, n'avait-elle pas l'air de vouloir se faire remarquer ?

Il s'occupa en saisissant la spatule et se mit à faire tournoyer le liquide. Il fumait étrangement plus que les autres chaudrons, des volutes bleues épaisses s'échappant devant eux.

 

- Ca fume trop, c'est trop chaud non ?

 

En effet, les flammes sous leurs chaudrons avaient grandi. Avec vivacité, Sasha sortit sa baguette de sa poche.

 

- Fría, marmonna-t-il à voix basse, en espérant ne pas être entendu du professeur.

 

 

De la baguette de Sasha s'échappa un trait lumineux, vert vif, qui vint réduire assez brusquement les flammes. Des crépitements se firent entendre, qui attirèrent l'attention du professeur. Mais comme la fumée se régulait tranquillement, il finit par acquiescer, non sans une oeillade d'avertissement à leur encontre. 

Sasha soupira. 

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Parc du château, Mardi 26 Septembre 2124

Sasha sursauta quand le dossier fut abattu sur la table. Il jeta un coup d'oeil à Anya, supposant qu'elle était énervé par un quelconque mauvais geste de sa part, mais elle lui donna accès au dossier sans rechigner. Alors, avec des doigts qu'il ne put empêcher de trembler, il saisit la première page et la dévora des yeux.

 

Cela dura un long moment. Le papier vibrait avec ses propres mains tremblantes, et il retourna la première page, pour lire la suite.

 

Il lui semblait que son coeur tombait en lambeaux. Etait-ce l'effet de la propagande russe ou les faits réels, il n'en savait rien : le journal mettait en avant de nombreuses victoires, saluait l'héroïsme d'un général qui avait fait une percée ici, encensait l'exécution d'un traître découvert parmi les sorciers d'une milice, qui avait été exécuté. Bref, toutes les bonnes nouvelles annoncées fièrement par le journal étaient autant de lames enfoncées dans ses entrailles. Et pourtant, il ne pouvait cesser de lire : parfois, tout au bout d'un paragraphe, en tout petit, on s'affligeait de la perte de tel village aux mains des indépendantistes. Ces faits minuscules étaient les seuls auxquels il pouvait se raccrocher, fébrile.

En silence, il lut l'intégralité du numéro, sautant les passages qui ne concernaient pas le conflit de près ou de loin. Il lisait avec lenteur, parfois un index posé sur chaque ligne pour être sûr de ne rien manquer, si bien que cela prit du temps. Le silence des cachots leur conférait l'impression d'être dissimulé des regards et des oreilles du reste de Poudlard, quand bien même ils percevaient parfois la rumeur d'un groupe d'élèves qui se pressaient dans un couloir non loin d'eux. Le château se vidait de sa substance qui fuyait massivement vers Pré-au-Lard.

 

Au bout d'un moment, Sasha reposa l'exemplaire du journal, pour le poser avec délicatesse - une fois n'était pas coutume - à côté du numéro suivant. Il y en avait tout un tas, et il se figura qu'il lui faudrait la journée entière pour tout éplucher. Il ne pouvait décemment pas lire tout ça avec Anya à ses côtés. Elle avait du mal à se concentrer. Et puis, ça paraitrait bizarre. Non ?

 

Sasha tourna un instant vers elle un regard incertain. Elle était restée étrangement patiente, mue par des raisons qu'il ne pouvait pas saisir. Pourquoi s'y intéressait-elle, maintenant qu'elle y avait perdu son frère, à cette guerre ?

 

- Est-ce que... Est-ce que je pourrai venir lire, une fois par semaine ?

 

Il s'humecta les lèvres, sans la regarder, à la recherche d'une aide quelconque. Il rempilait les numéros pour cacher le tremblement de ses mains.

 

- J'ai... J'ai pas encore ma pension, c'est compliqué, donna-t-il comme explication vague. Alors en attendant... J'aimerais bien, tu vois ?

 

Elle ne voyait sûrement pas. Il décida d'enchaîner pour couper court à une conversation risquée.

 

- Tu vas y aller, toi ? Après ta dernière année d'études. Pourquoi tu irais pas ? demanda-t-il un peu sèchement - à la façon d'un interrogatoire.

 

Anya avait l'air si studieuse. Si elle était talentueuse. Elle serait fort malheureusement précieuse pour les forces russes. Or les indépendantistes perdaient. Du point de vue de ce journal, en tous les cas. 

 

- Tu devrais pas. C'est infini. Tout le monde y meurt. Je suis sûr que ton frère il aurait pas voulu, fit-il, bravache.

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Lyle Sørensen

18 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serdaigle
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Bibliothèque de Poudlard, Vendredi 15 Septembre 2124

Les recherches de Lyle ne se déroulaient pas comme il le souhaitait. Lui qui avait toujours pris son avenir à la légère, ou plutôt ne s'était concentré à être un bon élève que pour faire plaisir à son grand-père, se trouvait soudain un intérêt particulier pour obtenir les meilleures notes possibles à Poudlard. Il n'avait jamais été le meilleur, la concurrence étant particulièrement rude parmi les Serdaigles, mais il avait été très bon élève. Maintenant, il fallait être, effectivement, le meilleur. Et mener parallèlement ses recherches, ce qui n'était pas une mince affaire. Sa vie consistait depuis septembre à optimiser son temps pour étudier efficacement le plus vite possible et se libérer du temps pour aller fureter là où il le devait.

 

Aussi ne relevait-il même pas la tête quand on le dérangeait.

 

- Rudement bien renseignée, constata-t-il, d'une voix distante, le nez  à peine relevé de son ouvrage. Surtout pour ton âge, ajouta-t-il en haussant brièvement les sourcils, avant de se replonger sur les lignes étroites du livre d'arithmancie.

 

Lyle était vêtu de sa robe académique, d'une chemise blanche impeccablement repassée et son col en était noué de la cravate bleue et blanche qui lui donnait vaguement l'allure d'un fonctionnaire du ministère particulièrement jeune. Il se sentit forcé de détacher son regard de la page qu'il lisait pour vérifier qui lui avait adressé la parole : Viviane Valcourt, effectivement. Valcourt, il connaissait ce nom. Un nom qu'avait en effet prononcé son grand-père : les robes Valcourt, les cravates Valcourt, les costumes Valcourt. Lyle acquiesça.

Il s'efforça de relever de nouveau le regard, pour poser sur elle un regard neutre, un peu vide. Avec froideur, il avait saisi la main pour la serrer brièvement.

 

- Hé bien voilà, tu t'es présentée. Autre chose ?

 

Lyle eut une drôle de mimique à l'égard de la jeune femme - quelque chose à mi-chemin entre l'encouragement et la défiance, mais d'une façon polie.

 

- Pourquoi est-ce que ton grand-père t'a demandé ça, tu vas reprendre sa boutique ?

 

Il n'était pas sûr d'être intéressé. Les Aurors de l'époque de son grand-père accordaient aux apparences une importance qu'il n'était pas sûr de vouloir investir, même si Lyle était lui-même très propre sur lui. Pour lui faire comprendre qu'il ne faisait la conversation que par pure politesse, il se replongea de nouveau dans son ouvrage. Aux lignes étroites suivaient des séries de chiffres et il saisit sa plume pour gratter un calcul sur un coin de parchemin.

 

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Devant et dans la salle de potions, Jeudi 21 Septembre 2124

- Ben non, j'ai pas b'soin de potions pour tuer des...

 

Sasha se ravisa subitement, avala les derniers mots autant qu'il put, comme pour les rattraper, avant de se mordre la langue pour détourner le regard, braquer ses yeux devant lui, vers les garçons qu'il ne voyait même pas. Quel imbécile il faisait de vouloir parler à voix haute comme elle, raconter en quoi il était bon lui aussi, alors qu'il était censé la boucler, se morigéna-t-il les poings serrés. Sasha prit une bouffée d'air pour passer à autre chose, tâcher malgré l'ennui profond que lui inspiraient ces cours de se concentrer à la fois sur leurs potions et sur les propos de la jeune fille. Le cachot était animé, rempli d'un brouhaha enthousiaste qui tranchait avec son air contenu. Les fumées des chaudrons peinaient pourtant à réchauffer l'atmosphère qui restait humide et froid.

 

- Evidemment que j'connais des moldus, grommela-t-il rapidement, trop heureux de changer de conversation. Mon village était plein de moldus. On n'était que deux familles de sorciers, alors, on n'allait pas rester qu'entre nous. Pourquoi, t'en as jamais vu ?

 

C'était l'évidence. Est-ce que les sorciers vivaient à part, en Angleterre ? Il paraissait qu'en Russie, ils faisaient des villes entières de sorciers. Mais il n'y avait probablement pas assez de sorciers en Ukraine pour en faire autant. En fait ; il n'en savait rien. Ses souvenirs de l'école étaient flous. Sasha se souvenait que sa mère lui disait bien de ne pas faire de magie à l'école, mais qu'il avait quand même mis le feu aux cheveux d'un garçon, une fois, sans faire exprès. Il se demanda vaguement si ces copains de l'époque le reconnaitraient. Il n'avait pas tant envie de s'en souvenir, finalement, et il soupira en se concentrant sur sa tâche.

Sasha avait saisi la grande cuillère en bois, et il remuait avec lenteur, non sans continuer de jeter régulièrement autour d'eux quelque regard alerte - au cas où.

 

Etrangement, la menace vint du devant. Lui qui pensait s'être débarrassé de ces trois idiots. Sasha leur décocha un regard noir tandis qu'Alison le questionnait.

 

- Rien-rien, s'empressa Sasha - vite, trouver un autre sujet de conversation. Bon, c'est quoi un... un su-sson ?

 

Ca avait l'air important pour elle, ce truc dont il n'avait jamais entendu parler. Sûrement qu'elle aurait une grande et belle leçon à faire là-dessus.

Pendant ce temps, certes la potion était devenue rose, mais Sasha tenait toujours le flacon qu'elle lui avait collée dans la main, à hauteur d'épaule, comme un automate. Devant lui, les trois garçons ricanaient encore en chuchotant entre eux, et il les gardait à l'oeil.

Alison parla peut-être, mais il ne l'entendit pas. Merde. C'était encore un de ces moments où il n'arrivait plus à se concentrer sur l'anglais. Il cligna des yeux, réussit à se tourner vers Alison.

 

- J'fais quoi avec la fleur ? demanda-t-il avec son accent rustique.

 

Devant, le plus grand des trois Serpentards fit semblant de dégager de son visage des cheveux longs qu'il n'avait pas avec une gestuelle faussement apprêtée.

 

- "Ben tu m'la bouffes comme d'hab !" il couina d'une voix suraiguë.

 

Les deux autres garçons autour de lui se mirent à s'esclaffer bruyamment, incapables de contenir leur hilarité, attirant immédiatement l'attention des tables voisines. Cette fois, Sasha laissa tomber la cuillère en bois dans la marmite. Il contourna la paillasse pour aller rejoindre le grand Serpentard : le roux le dépassait d'une tête, mais le Gryffondor paraissait être deux fois plus épais.

 

- Tu fermes ta gueule ou je te fais manger ton chaudron, il déclara comme un grondement fauve.

- Oooh ça va...

- On se calme le russe, intervint l'un des autres avec un rire pour apaiser la situation.

 

Sasha fit volte-face vers lui, le regard embrasé.

 

- Ta gueule, j'suis pas russe.

- Ah ? Mais aussi, vous êtes tous pareils avec votre patois, là...

 

La remarque prononcée comme une blague ne fit rire personne - probablement parce que même les tables voisines pressentaient que ce n'était pas la bonne réponse : Sasha le toisa en silence une seconde ; la seconde suivante, il envoya brusquement son buste en avant et son front percuta le nez du Serpentard avec brutalité, lui arrachant un couinement de surprise et de souffrance. Le Serpentard recula, les mains sur le visage. Ses oreilles étaient devenues toutes rouges, mais Sasha supposa qu'il entendait quand même.

 

- On n'est pas pareils, asséna-t-il froidement, avant de revenir à grands pas vers Alison.

 

Il leva sa main au-dessus du chaudron, avant de froncer les sourcils en regardant le contenu de ce qu'il avait gardé entre les doigts : la poudre de l'ellébore était à moitié étalée sur sa paume, et le flacon brisé dans sa main. Il tâcha de se débarrasser de l'éllebore, à peu près, en s'aidant de son autre main.

 

- Bon ben y'aura un peu des bouts de verre dedans mais j'suis sûr ça changera rien, il décréta sans regarder Alison.

 

Devant eux, le garçon qui s'était pris le coup de tête s'était accroupi derrière sa paillasse pour se cacher du professeur, probablement. On entendait de petits couinements qui inquiétaient les deux autres garçons.

 

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha eut une grimace qui fronça ses tâches de rousseur - le point commun qu'il partageait avec la famille Carter, même si les siennes se mélangeaient, moins visibles, au teint plus tanné de sa peau.

 

- J'ai pas eu de nouvelles depuis novembre, admit-il, un peu embarrassé.

 

Il ne savait pas si sa famille avait essayé de le joindre depuis. Il préférait se dire que c'était comme lui : il évitait d'écrire pour ne pas donner à l'ennemi des informations qui auraient pu mettre sa famille en danger. Et puis, c'était décourageant de ne pas savoir si les lettres arrivaient à bon port. Et puis d'autres choses en son for intérieur l'avaient poussé à ne plus envoyer des nouvelles ; des choses qu'il n'identifiait pas bien lui-même, et auxquelles il évitait de penser. Sasha sortit un instant le Vif d'Or de sa poche, il voleta au-dessus de sa paume.

 

- Oui, j'ai une p'tite soeur. C'est pour elle, il dit à voix basse, et ses doigts se refermèrent sur l'objet pour le faire disparaître, avant de poser son regard vers Charlie. Mais elle est p'tite. Plus jeune que toi encore.

 

Elle avait dû changer. Parfois, il se demandait si elle le reconnaîtrait, si un jour ils se revoyaient. Cette pensée le peina et il reporta son regard vers Fenella. Il haussa les épaules.

 

- Je sais pas ce qu'on peut appeler être touchés directement par la guerre. Quand j'suis parti, la ligne de front était encore loin du village. Mais elle se rapprochait, et on n'avait plus accès à un certain nombre de choses. Certains produits. Puis les gens n'osaient plus vraiment se déplacer dans le pays. Et les prix sont devenus dingues. Et des gens sont partis en disant qu'ils reviendraient, et ils ne sont pas revenus. Et d'autres sont partis la nuit sans dire qu'ils s'en allaient en emportant des choses qui n'étaient pas à eux. Alors de cette manière-là, on était directement touchés.

 

La guerre, c'était compliqué à expliquer à quelqu'un qui ne l'avait pas vécue : on n'avait pas besoin d'être devant un front pour savoir qu'il y avait la guerre : il suffisait de recevoir un courrier qui disait que votre fils allait atteindre l'âge de rejoindre l'armée d'office pour défendre son pays, et que vous étiez cordialement prié de l'y envoyer.

Sasha contempla un instant son assiette vide, avant de reprendre.

 

- Moi, mon père pouvait pas y aller, il a un handicap, alors il a été... Comme dispensé, je connais pas le mot en anglais. Mais tout le village a envoyé du monde, c'était gênant que ma famille et moi on fasse rien. Alors je m'suis engagé chez les Veilleurs.

 

Cette déclaration l'emplit d'oxygène et il se redressa. Mais les regards que lui renvoyaient les filles lui firent réaliser qu'elles n'avaient probablement pas vraiment idée de ce dont il s'agissait.

 

- Les Veilleurs de l'Aube, c'est les sorciers ukrainiens qui vont se battre, dut-il donc préciser, avant de regarder de nouveau Charlie. Puis Freya. Puis Charlie. Et la suite, c'est pas pour les enfants, désolé.

 

Incité à se servir copieusement, Sasha n'avait finalement pu résister. Tout en parlant, il s'était mis à remplir son assiette et bientôt, il s'absorba dans la dégustation de son potage. Il essayait de ne pas manger trop vite, mais le garlic bread était délicieux, surtout trempé dans le potage, et Sasha avait du mal à ralentir. Il relevait le nez de temps à autre, vaguement conscient de manquer de manières, mais attentif au récit à deux voix que lui offraient Charlie et Freya.

 

C'était une sacrée histoire. Il ne s'y était pas attendu. C'était peut-être ça, qu'il partageait sans le savoir avec les Carter, et qui le rapprochaient naturellement d'elles : le secret, les séparations, l'absurdité du destin.

C'était donc ça, le en voyage et en déplacement. Rien à voir avec les rendez-vous professionnels internationaux que Sasha s'était imaginé pour Owen Carter. Il haussa les sourcils, suspendit devant lui sa cuillère à soupe de laquelle gouttait tranquillement la sauce encore fumante.

 

- Woah. Fen' a raison, tu gères tout, du coup.

 

Il acquiesça d'un mouvement de tête vigoureux, pour signifier qu'il comprenait tout à fait la question du tuteur légal, avant de se remettre à manger. Bientôt, l'assiette fut vide, parfaitement nettoyée grâce aux derniers morceaux de pain. Le potage réchauffait son ventre, mais pas que ; c'était plutôt doux de partager un repas autour des histoires de chacun. Ca lui rappelait la table de la cuisine de sa propre maison, autour de laquelle ils écoutaient avec avidité toutes les nouvelles que son père ramenait de sa journée de travail - les anecdotes croustillantes, les accomplissements du jour, les petits potins. Et les nouvelles du front.

 

- Je comprends, il finit par ajouter après un silence. Je dirai rien.

 

C'était donc comme ça que vivait une famille qui attendait que quelqu'un revînt après de longues années d'absence. La vie continuait sans la personne, mais avec son ombre. Il se demanda comment c'était chez lui, à cette heure-ci. Si sa mère avait préparé à manger pour quatre, au cas où. Si quelqu'un était parti à sa recherche. Si leur hibou guettait son retour - sûrement pas, le vieux rapace de la famille passait son temps à dormir, et il n'était pas sûr que ce n'était pas lui le problème du peu de nouvelles qu'il recevait de son côté.

Sasha s'efforça de sourire à Charlie parce que leurs regards se croisèrent, et cela creusa des fossettes tristes dans ses joues.

 

- C'est quand même la classe, une mère exploratrice.

 

Silence. 

Sasha regarda Freya de nouveau.

 

- Alison le prend comment ?

 

Il s'était pourtant juré d'essayer de ne pas trop penser à elle. Mais maintenant qu'il connaissait davantage de son histoire, il pouvait s'autoriser à y penser un tout petit peu. Juste ce soir, parce que l'occasion était trop belle de la comprendre peut-être un peu. Ensuite il la laisserait vivre, se promit-il. Il aurait envie de lui en parler, mais il ne faudrait pas. Il pinça les lèvres, comme si cela pouvait l'aider à les garder sceller, à éviter d'aller là où il ne devait pas.