Harry Potter RPG
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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Une salle désaffectée, Dimanche 11 Février 2125

Le sourire de Sasha s'était effacé. Il s'efforçait de se concentrer. Il avait serré les poings, les jointures de ses mains devenant blanches malgré les striures noires qui les parcouraient inélégamment. Ses lèvres se pincèrent et se tordirent tandis qu'il serrait les mâchoires, résistant à la pulsion de l'attraper par le cou pour y resserrer ses doigts et la faire taire.

 

Etait-ce la raison qui le retenait, ou la stupéfaction de ce qui se passait sur ce corps, habituellement si parfait, désormais en proie au chaos ? Anya donnait en vérité un spectacle qui l'effrayait au-delà de ce qu'il l'aurait admis : sa peau miroitait de couleurs et de textures changeantes, jusque sur son visage aux traits pourtant relativement intacts ; ses cheveux s'allongaient et se défrisaient, gigotaient telles mille queues de lézard abandonnées dans la fuite. L'expérience était troublante, et Sasha respirait fort, sans s'en rendre compte, juste parce que c'était nécessaire pour encaisser tout ce qui se passait tant visuellement que dans les mots d'Anya. Ses paroles étaient autant de flèches qui le clouaient à la réalité, lui rappelant l'identité de celle qu'il regardait à terre.

 

Quand elle se redressa, il se leva aussi mais pour avoir un mouvement de recul, incertain. Il la scrutait toujours, les yeux écarquillés de stupéfaction. Bientôt il prit un air mauvais.

 

- Zatknysya ! (Ta gueule !) rétorqua-t-il aussi vertement qu'il le pouvait, dans une expression bien ukrainienne, et probablement haïe des russes. Parle pas de c'que tu connais pas !

 

Elle fit un pas en avant en avant, Sasha fit un pas en arrière. Ses doigts s'étaient resserrés sur sa baguette, mais en cas de danger véritable, ce n'était pas sous cette forme qu'il se défendrait. Mais comment justifierait-on d'avoir retrouvé le cadavre d'une élève lacérée de griffes et de crocs ?

Le pas suivant, et Sasha se retrouva contre le mur, le souffle court. Anya était si proche, avec son teint de fantôme, et il sentait son sang vivant battre follement dans ses veines. Il en avait vu, des choses, sur le champ de bataille, mais cela était encore inédit.

 

Mais il n'était pas question qu'il s'en allât. Il serra les lèvres de nouveau, rassemblant de l'oxygène, du courage, et tout ce qui pouvait traîner en lui avec.

 

- Qu'est-ce que t'as ?

 

Il avait demandé ça froidement. Comme s'il exigeait de savoir, si elle exigeait qu'il partît.

 

- Qu'est-ce que t'es ?

 

Une vague moue de dégoût s'était peinte sur son visage. Ses mains étaient moites et ses doigts tripotaient sa baguette, mais il l'avait gardée baissée. Elle n'avait pas fait la guerre. Si elle l'attaquait, il aurait tôt fait de répliquer. Il maîtrisait la situation, se convainquait-il intérieurement. Il maîtrisait.

 

- T'es le résultat de quel genre d'expérience ratée ? persifla-t-il.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Contrôle et régulation des animaux magiques. Sasha avait dégluti en ouvrant grand les yeux, et son sang soudain glacé sembla se suspendre dans ses veines.

 

- Bonjour.

 

Sasha n'avait pas réussi à grimacer le moindre sourire face à l'inconnue - il l'avait toisée peut-être de façon peut-être un peu trop surpris pour qu'elle commenta sa tête, et il se hâta de détourner le visage.

 

Un garçon normal. Il était un garçon normal. Il n'avait pas envie d'être régulé du tout. Comporte-toi normalement, durnyy. Que ferait un garçon de son âge ?

 

- Mmh, ouais, glapit-il en rougissant jusqu'aux oreilles à cause du compliment, mais pour admettre qu'effectivement, il s'était battu.

 

Sasha se déroba rapidement, trop heureux de ne pas rester sous le regard attentif de Fenella. La jeune femme avait un capital sympathie plutôt élevé, mais son caractère volubile et surtout ses ambitions effrayaient le russe qui s'en retourna astiquer ses vitrines.

 

La tâche lui permit au moins de calmer son coeur qui tambourinait désormais dans sa poitrine. Elle allait travailler avec eux tous les samedis. Elle le trouvait mignon. Elle voulait réguler les créatures magiques. Sasha avait peine à voir cette arrivée comme une nouvelle positive : il aimait bien les jours où il était seul avec Freya, même si le rythme était ardu.

Au bout d'un moment, il se résigna à aller retrouver les deux écossaises dans l'arrière-boutique, obéissant, un peu penaud, pour aller s'asseoir dans l'un des fauteuils désignés.

 

- Je me suis battu avec des Serpentards, expliqua Sasha en levant le nez, histoire de se soumettre aux mains de l'aînée des Carter.

 

Il se demanda un moment ce qu'en penserait Freya. A coup sûr, elle craindrait à ses soeurs. Elle s'inquiéterait probablement qu'à cause des réfugiés, Poudlard fusse devenu un environnement violent. Il évita donc de mentionner le caractère politique de son altercation. Mais tout de même, il devait rétablir une vérité.

 

- Mais c'est pas moi qui ai été les chercher, ils étaient plusieurs et ils m'ont tendu un piège dans les cachots, expliqua-t-il en serrant les points et en carrant les mâchoires.

 

Pas la peine de préciser que la moyenne d'âge devait tourner autour de 12 ans, jugea Sasha, il se sentait bien assez observé comme ça. Il s'était fait rétamer par des gosses. La honte. Puis avait été sauvé par une fille - russe, autrement plus ridicule. Sa bouche se pinça en une moue amère, mais il retint les mots qui lui venaient. Ce venin qu'il avait parfois dans la bouche lui avait déjà coûté une Carter et il le savait très bien. Alors, il ne dirait rien de plus. Il coinça ses poings contre son ventre et fixa le vide devant lui, jetant juste parfois un regard en coin vers la jeune femme aux cheveux cuivrés. Pendant ce temps, la douleur qui l'avait élancé toute la nuit à sa tempe s'apaisa.

 

- Merci, il balbutia, un peu gêné.

 

Il passa la langue sur la coupure de sa lèvre inférieure : la plaie avait séché et ne picotait plus. C'était la deuxième fois qu'une Carter le soignait, décidément. Il ne se voyait pas dans un miroir, mais ses blessures se verraient sûrement moins, et cela éviterait peut-être aux clients, effectivement, de poser des questions. Le regard de Sasha s'attarda brièvement de nouveau sur Fenella avant de consulter Freya.

 

- Si on me pose des questions, il vaut mieux que je dise autre chose ?

 

Sasha savait que certains avaient commenté le choix de Freya de prendre un réfugié pour travailler dans sa boutique, à cause effectivement du manque de discrétion de certains locaux, qui ne se cachaient pas pour évoquer à haute voix leurs idées politiques - qu'ils fussent ou non au courant de qui il était. Il ne savait pas à quel point on pouvait lui être hostile, mais il avait déjà vu une mère tirer un enfant par le coude pour ne pas qu'il s'approchât de lui, ou des gens qui lui parlaient comme à quelqu'un qui n'avait jamais utilisé une plume de sa vie. Au début, il n'en avait conçu qu'une colère passive, enfermant ces drôles de souvenirs au fond d'une boîte, qu'il verrouillait proprement avant de la ranger au fond à droit de son esprit, histoire de faire comme si elle n'existait pas.

Mais parfois, quand il entendait qu'un client questionnait Freya à voix basse à son sujet, il se demandait dans quelle mesure ces incidents n'apportaient pas, en réalité, du discrédit à la boutique. Alors, que diraient les voisins d'OCQ si on commençait à dire que l'un des vendeurs était un garçon violent à l'école ?

Sasha afficha une moue découragée.

 

- J'vais quand même pas dire que j'suis tombé en cours de vol dans un magasin de Quidditch, grommela-t-il, bougon - petit coup d'oeil vers Fenella de nouveau. Mais j'peux dire que c'est un petit accident avec les hippogriffes. Ils sont souvent un peu turbulents, quand on les maîtrise pas bien.

 

Ce qui n'était pas son cas, mais ça, il n'en dirait rien : il n'avait rien à voir avec les animaux magiques, voyons.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

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Derrière les racines du saule cogneur, Lundi 05 Mars 2125

Depuis le dîner chez les Carter, Sasha ne s'était plus ouvert auprès d'aucune des trois filles. Ni sur son passé, ni sur son intégration difficile à Poudlard. Il saluait Charlie, faisait son travail en écoutant les consignes de Freya, essayait de ne pas épier Alison qui jouait toujours à attirer les regards. Et une seule chose permettait de supporter ce quotidien vide de sens : la perspective de s'en échapper chaque nuit.

 

Toujours un peu plus longtemps.

 

Sous sa forme animale, il avait arpenté l'entièreté de la lisière de la Forêt Interdite qui entourait Poudlard, en connaissait parfaitement les contours, les recoins, sans s'aventurer beaucoup plus loin de peur d'oublier de revenir au château - et si cela arrivait, il attirerait trop l'attention. Il fallait qu'il fût présent au cours du lendemain, même les paupières lourdes, même l'esprit embrumé de sommeil. Les journées étaient longues et la fatigue marquait ses traits, mais étrangement, dès qu'il avait repris sa forme de panthère à la tombée de la nuit, il se sentait plein d'énergie.

 

La pénombre du crépuscule éveillait autour de lui mille sons, mille odeurs, et en lui, autant d'excitation à traquer, à humer, à contrôler des passages pourtant déjà examinés cent fois.

Les nuits où les nuages étaient suffisamment épais et la visibilité presque nulle pour les humains, il passait plus de temps dans le parc, à tourner autour des Sombrals qui lui jetaient des regards méfiants, ou bien à provoquer le Saule Cogneur en s'asseyant sur un talus, à quelques centimètres à peine de la portée de la dernière branche qui fouettait l'air rageusement sans pouvoir l'atteindre. De temps à autre, il profitait de cet arbre aux propriétés si étranges pour s'entraîner durement : il s'élançait dans le territoire du Saule et s'efforçait d'en éviter les coups sauvages ; il contre-attaquait en lacérant l'une ou l'autre branche de longues et profondes griffures qui enrageaient l'arbre plus encore ; et le jeu violent se répétait jusqu'à épuisement.

Alors, Sasha déclarait forfait, et partait se réfugier sous un bosquet ou dans un arbre de la Forêt, pour y reprendre son souffle, se tasser dans une posture de repos où il somnolerait quelques heures, les yeux mi-clos, à surveiller ce qui était visible, jusqu'à l'heure où il s'efforcerait de rentrer.

 

 

 

 

Cette nuit-là, c'était un programme similaire qui l'attendait. Sasha s'était approché du Saule Cogneur, dont les branches restaient immobiles encore. Il n'osait déclencher trop tôt sa fureur ; certains professeurs et élèves veillaient tard, et auraient pu apercevoir l'arbre de leur fenêtre malgré la brume qui flottait sur l'herbe et engloutissait largement les reflets de sa propre fourrure. Tapi dans la verdure, son poil se mêlait aux nuances d'ombre d'un sol inégal, le rendant invisible pour un observateur du château, et sa démarche lente, louvoyante, disparaissait dans les vagues formées sur l'herbe qui se pliait à chaque souffle de vent. Une brise qui charriait une odeur d'écorce humide, de feuilles mortes en décomposition, et de cire chaude qui consumait.

 

La panthère s'immobilisa en chemin. Le saule cogneur paraissait sur ses gardes. Sasha respira de nouveau : l'odeur avait disparu. Une odeur de bougie. Inhabituel à cet endroit. Il resta longuement immobile : au bout d'un moment, très fugace, l'odeur revint de nouveau - avant de la perdre, il avança - il la perdit tout de même. Ses oreilles et ses yeux apparurent au-dessus de la verdure tandis qu'il cherchait tout autour de lui - un signe visuel, ou auditif, mais le chuintement du vent masquait cette partie de ses perceptions. En revanche, sous le Saule Cogneur, une faible lueur, que ses yeux perçants uniquement étaient en mesure de deviner - quelqu'un se cachait là-bas.

 

Il hésita.

 

Si c'était un groupe d'élèves qui bravaient le règlement pour aller fumer discrètement, il valait mieux ne pas croiser leur route.

 

Son coeur se mit à battre.

 

Et si c'était Alison ? Qui avait suivi un garçon ?

 

Ca ne le regardait pas, si c'était le cas. Et puis, les chances étaient si maigres.

 

Il fallait qu'il vérifiât tout de même.

 

Sasha traversa le territoire du Saule en quelques bonds rapides et silencieux - pour la forme, le Saule Cogneur cingla les herbes hautes, sans succès : l'instant suivant, la panthère louvoyait déjà entre les racines, pour se tapir derrière l'une d'elles, près de la lumière.

 

Un passage dissimulé. De toutes les fois qu'il avait approché l'arbre, il n'avait jamais songé à fureter si près des racines. Il aurait pu se morigéner d'avoir manqué une telle opportunité d'exploration - mais cette fois les odeurs l'avaient détourné vers une autre préoccupation : aux senteurs diffusées par la lanterne se mêlaient les résidus d'encre et de papier humide, de cire Polish d'OCQ, de vêtements de Carter. Et une signature familière.

Charlie.

 

Sans attendre, la panthère descendit dans le passage.

 

Charlie l'entendit - malgré son agilité, son poids et le humus qui couvrait le sol provoquèrent des craquements sous ses pattes, et il s'immobilisa quand il la vit en pleine lumière : recroquevillée là, avec des larmes sur les joues qui luisaient sous l'effet de la lanterne. Sasha la contempla sans bouger un poil quelques instants - le temps, en réalité, qu'elle put le reconnaître à son tour. Il hésita à se transformer en humain.

C'était la meilleure chose à faire. Mais pour lui dire quoi ?

 

Charlie était triste.

 

Sous sa forme humaine, il la comprendrait mieux.

Mais sous sa forme humaine, il la comprendrait trop.

Et il ne fallait pas qu'elle le fréquentât vraiment, n'était-ce pas ce que Freya voulait ?

 

- Roâ.

 

Un feulement rauque, mais non menaçant. Sasha observa un moment les alentours - aucune autre odeur non naturelle, aucun autre bruit suspect. Ils étaient seuls.

Alors tranquillement, il vint laisser choir son corps massif à côté d'elle. Avoir le ventre dans la terre ne le gênait pas. Il rassembla ses pattes sous lui, posa son museau de côté, sur le sol, mais le dessus de sa tête contre la hanche de Charlie.

 

Moi non plus, je sais pas, il aurait voulu dire, mais il se contenta de fixer une feuille morte à demi déchirée devant ses yeux verts - la seule chose qui semblait encore vaguement humaine en lui sous cette forme.

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Sasha Shevchen

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Une salle désaffectée, Dimanche 11 Février 2125

Sasha avait pu respirer l'espace d'un instant, quand Anya s'était détournée. Il observa sa démarche douloureuse, toujours perturbé par le désordre visible qui animait la Serpentard et auquel il ne pouvait donner aucun nom. Sa seule hypothèse était celle d'une expérience - parce qu'on disait que les Russes faisaient des expériences même sur les femmes pour les rendre utiles à la guerre, et parce que les Veilleurs aussi tentaient leurs propres manipulations de la magie pour obtenir des avantages stratégiques. Est-ce qu'Anya avait menti sur son passé ? Quand ils étaient pseudo-amis, elle avait vaguement évoqué une vie de famille, mais pas être investie elle-même dans quoi que ce fût lié à la guerre. Mais il ne voyait pas d'autre explication.

Sasha s'humecta les lèvres, cherchant quoi dire : il avait vu ses larmes, et même s'il ne voulait en concevoir aucune compassion, il voulait aussi mettre un terme à cet affrontement dans lequel elle ne pouvait pas se mesurer à lui - encore moins dans son état de souffrance visible.

 

Mais elle n'était pas de cet avis.

 

Elle fit volte-face d'une manière si brutale et haineuse que Sasha lâcha sa baguette.

 

L'instinct prit le dessus.

 

Pris d'un réflexe pour se défendre, le corps de Sasha se mua brusquement : son visage s'allongea vers l'avant ses bras raccourcirent, comme absorbé par un torse trapu et ses vêtements se changèrent en un poil dru marqué de tâches rondes et noires.

 

L'instant d'après, la panthère était là. Les griffes de Sasha renversèrent la jeune femme avec brutalité pour la faire tomber au sol. Il était bien plus lourd sous cette forme - au moins vingt kilos de plus, et c'était une masse dont le cuir ne souffrirait pas de la pression médiocre des mains d'Anya. Sa gueule énorme se retrouva, grondante au-dessus du visage de la russe, les oreilles rabattues en arrière et les crocs dehors - mais ses yeux, ses prunelles étaient humaines, et leurs regards se confrontèrent, tous les deux figés dans la haine et l'horreur.

 

 

 

 

 

Que diable avait-il fait.

 

 

 

Sasha la relâcha et bondit sur la porte. La poignée céda facilement et il se faufila hors de la pièce, détalant à toute allure.

 

Que diable avait-il fait.

 

Il détala ventre à terre, tourna à l'angle du couloir, à gauche. Gauche encore.

 

Quel putain d'imbécile. Il ne pouvait pas la laisser savoir. Ce n'était pas un témoin en qui il pouvait faire confiance.

 

Gauche, et gauche encore.

 

Sasha réapparut dans la pièce à la vitesse de course. Anya n'avait eu le temps que de se redresser sur les coudes - visiblement sonnée par la chute et la tournure des évènements - et il bondit sur elle. Ses griffes se plantèrent dans ses épaules pour la plaquer de nouveau au sol et un grondement menaçant acheva de la tenir , prisonnière et immobile.

 

Un coup de crocs et c'en était fini d'elle.

 

Pourtant, il retrouva immédiatement forme humaine - les mains appuyées sur les épaules d'Anya, à califourchon sur elle, la respiration haletante et le front en sueur. Il saisit sa baguette et la pointa immédiatement sur le visage de la jeune femme.

 

- Zabuty, prononça-t-il, le souffle court. (Oubliettes.)

 

De la baguette de Sasha jaillit une pauvre lumière qui percuta le front d'Anya. Elle parut confuse, et un instant le Gryffondor lui-même fut connecté à un mélange de ses souvenirs - comme probablement, elle le vivait aussi. La situation ne dura qu'une poignée de secondes, mais il vit une famille, un foyer, une coupure de journal et un torrent d'émotions qui lui nouèrent la gorge. Simultanément, il savait qu'il avait malencontreusement déversé des souvenirs en elle - mais lesquels ? 

Et se souvenait-elle qu'il venait de l'attaquer sous la forme d'une panthère ? Avec un peu de chance, toute la confusion générée serait un écran contre la vérité qu'il essayait de protéger. 

 

Mais il haletait, perturbé, toujours à califourchon sur elle. Ses yeux allaient du visage d'Anya à sa baguette dressée - il ne la pointait plus sur Anya, comme s'il avait lui-même oublié pourquoi il était là. 

 

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Sasha Shevchen

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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

- Nan, nan pas la classe d'Alison, précisa rapidement Sasha, peu désireux de mêler la soeur de Freya à tout ça.

 

Et aux questions suivantes, il secoua tout autant la tête négativement.

 

- Ils voulaient juste montrer qu'ils sont des durs, grommela-t-il en haussant les épaules, et il balaya le lien avec la direction d'une main. Je leur en parlerai pas. Déjà je sais me défendre, pis ça va m'attirer que des ennuis si j'en parle.

 

C'était vrai de bien des manières : d'une part, parce que pour ses premières altercations avec les Serpentards, il n'avait pas été tout à fait irréprochable de son côté et qu'attirer de nouveau la lumière sur de telles bagarres ne ferait que finir par convaincre son directeur de maison qu'il cherchait les ennuis - directeur de maison dont il dépendait pour pouvoir travailler ici. D'autre part, parce qu'il n'était pas une balance : s'il l'était, il se ferait deux fois plus harceler et il le savait très bien.

Comme il n'avait rien dit de plus, les filles étaient déjà passées à autre chose, et le tablier où les lettres de son prénom étaient brodées lui tirèrent un sourire un peu embarrassé mais content.

 

 

 

 

La matinée passa relativement vite, grâce aux petites tâches et aux clients qui défilaient. Sasha s'occupa des badges comme convenu, puis il dût aller vérifier pour un client s'il ne restait pas des sweatshirt à l'effigie de l'équipe d'Ecosse en taille 12 ans dans l'arrière-boutique. Il fallut aussi rattraper un faux Vif d'Or qui s'était échappé de son sachet et réachalander certains produits pendant que Fenella faisait essayer un balai à un jeune adolescent.

Toutefois, il y avait de temps à autre des temps plus calmes, pendant lesquels la boutique se vidait quelques minutes, et tout en poursuivant leurs tâches, Fenella continuait de faire la conversation à Sasha. Au début, il était resté très laconique : oui il aimait la boutique, non il n'avait pas de petite amie. Il sera majeur l'été prochain, il ne sait pas encore s'il pourra passer son permis de transplanage rapidement.

Fenella aussi partageait un peu de sa vie à elle, avec une bonne humeur qui finissait par aider Sasha à se détendre. Un peu avant le début d'après-midi, après une dernière vague de clients qui passaient en sortant de leur travail, Fenella se percha sur un haut tabouret derrière le comptoir avec une tasse de thé, et fit signe à Sasha de venir lui tenir compagnie. Ce dernier avalait déjà le contenu de ce qui serait son déjeuner : une pomme et un petit sandwich composé de ce qu'il avait pu trouver de facile à caser dans du pain à la table du petit déjeuner dans la Grande Salle. Il se posa sur un autre tabouret, engloutissant ses vivres à grandes bouchées pour profiter du moment où la boutique était vide, avant que d'autres clients n'entrassent.

 

- Dis donc, quel appétit, commenta Fenella en riant. Tu dois faire honneur aux mets de Poudlard, toi au moins ! Tu as des frères et soeurs à Poudlard ?

 

Sasha fit non de la tête.

 

- Ma famille est restée en Ukraine.

- Je vois. Ca ne doit pas être facile d'être si loin. Tu leur écris des fois ?

 

Sasha botta en touche en haussant les épaules.

 

- Bon, j'espère au moins que tu t'es fait des amis ici. A moins que tu viennes juste d'arriver ? Tu te débrouilles bien avec l'anglais.

- J'suis arrivé pour la rentrée en Septembre. Pour les amis c'est...

 

Il prit le temps d'avaler une dernière bouchée, pour se donner peut-être aussi le temps de réfléchir, et de collecter du bout de la langue les miettes éventuelles au coin de ses lèvres.

 

- C'est un peu comme pour les filles. Disons que personne n'a très envie de s'approcher des gens qui viennent d'un pays en guerre, résuma-t-il.

 

Fenella parut sincèrement surprise.

 

- Quand même, c'est pas ça qui te définit. Tu es un sorcier à l'école, après tout. Ca, c'est quelque chose que tu partages avec eux.

 

Sasha baissa les yeux. Fenella avait raison : ce n'était sûrement pas juste que les élèves n'étaient pas sympathiques. D'ailleurs, quelques Poufsouffles étaient plutôt ouverts avec lui. Il laissa retomber ses mains sur ses genoux en réfléchissant quelques instants.

 

- Je fais pas trop d'efforts en fait.

- Oh, je vois.

- J'ai pas envie.

- Pas envie d'avoir des amis ?

 

Il haussa les épaules. Songea vaguement à Alison, à la façon dont la soirée s'était conclue, le soir du Bal de Noël. Un baiser, puis elle était partie avec un autre garçon. Ca avait été si facile, pour elle, supposait-il. Fermer une page pour en ouvrir une autre.

 

- Ca sert pas à grand chose, grommela-t-il au bout d'un moment. Dans quelques mois, sûrement que je vais repartir. Alors à quoi bon.

 

Fenella haussa les sourcils et détourna le regard pour réfléchir à son tour quelques instants, trempant ses lèvres dans un thé bien chaud.

 

- C'est marrant. Quand j'étais en sixième année, il y avait une fille qui venait de Côte d'Ivoire. On est devenues très amies, mais seulement quelques semaines avant qu'elle reparte en Afrique. Du coup, depuis, on s'écrit. Et c'est plutôt chouette d'avoir une amie qui vit une vie différente de la mienne : elle me raconte les soirées chaudes sur la plage et comme les mariages sont plein de magnifiques couleurs, là-bas, rêvassa Fenella à voix haute.

- C'pas vraiment ce que je pourrai raconter d'Ukraine, répliqua Sasha, le ton morne, tandis qu'il s'était remis à mordre dans son sandwich pour le terminer pour de bon.

 

Fenella, dont l'humeur joviale paraissait inébranlable, trouva la réponse bougonne de Sasha plutôt amusante, et elle pouffa. Elle lui donna un petit coup de coude dans les côtes, pour essayer de le dérider.

 

- Ce serait sûrement super chouette d'avoir une fille à qui écrire quand t'y seras retourné, s'amusa-t-elle, arrachant à Sasha un demi-sourire gêné.

 

Ils retombèrent un moment dans le silence. Puis une fois que Sasha eût fait un sort à sa pomme, il passa le bout de ses doigts un à un entre ses lèvres, pour en faire disparaître définitivement le jus sucré qui s'y était déposé.

 

- Tu l'as déjà vu, toi, Owen Carter ? il demanda, comme ça, sans la regarder.

 

Fenella coula un regard vers lui, avant de faire "non" de la tête.

 

- Pourquoi ?

- Comme ça, répondit Sasha. J'trouve ça bizarre. C'est lui la star, mais y'a que ses filles qui triment ici, et pas un homme pour les protéger.

 

La jeune fille fit les gros yeux.

 

- J'crois pas que c'est un sujet qu'elles veulent aborder. Puis tu sais, elles se débrouillent bien toutes seules. On est au vingt-deuxième siècle quand même ! C'est pas pour te vexer, mais ça fait un bail que les hommes, on a appris à faire sans.

 

Sasha fit une grimace. Il se souvenait très bien chez lui, comment c'était plus son père qui avait besoin de sa mère et pas vraiment du contraire. Mais quand même.

 

- J'sais, c'est pas c'que je voulais dire. C'est juste que...

 

Il hésita. Jeta un regard vers l'arrière-boutique, dont l'entrée demeurait silencieuse.

 

- J'me fais sûrement des idées, mais j'sais pas. Entre la caisse et tous ces beaux balais, même s'il y a sûrement de bons enchantements de protection, j'serais pas tranquille moi, de savoir mes filles toutes seules comme ça tout le temps.

 

Fenella haussa les épaules.

 

- C'est Pré-au-Lard, tu sais. C'est calme ici.

- Mmh, fit-il, peu convaincu, avant d'ajouter à voix basse. J'sais bien qu'elles sont toutes les trois courageuses, mais ça m'embêterait qu'il leur arrive un truc.

- T'en as de drôles d'idées, se moqua Fenella - et soudain, elle bondit sur ses pieds, car un client venait d'entrer. Bonjouuur ! claironna-t-elle.

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Il y a un rire, dans sa tête. Le rire d'une fille qu'il n'a jamais connue, et pour laquelle il éprouve pourtant un sentiment de familiarité douce.

 

Ce n'est pas son amie à lui, réaliste-t-il. C'est celle d'Anya.

 

Il la relâcha brusquement, avec un mouvement de recul, confus. Des bribes de souvenirs étaient encore éparpillés ça et là - On lui montre un cerf. - quand il se laissa tomber sur son séant, sur la pierre froide, à côté de la russe. Il la libéra en retirant la jambe qui restait en travers d'elle, plus préoccupé en réalité par la volonté de retrouver ses propres souvenirs que par l'envie de la laisser vraiment tranquille. Ses propres souvenirs avaient fui vers elle, en partie. Il le savait, sans savoir comment ni pourquoi.

 

Le ton d'Anya le tira toutefois de sa torpeur, et il la contempla : elle avait retrouvé sa forme habituelle : son visage doux, ses cheveux bouclés. Même sa voix élégante, quand bien même elle était blanche, aussi pâle que sa peau blême à cet instant.

 

- J'ai... C'est...

 

Quoi, une erreur ?

 

- Un accident, il balbutia, le souffle court, sans y croire lui-même. C'était un accident.

 

Il ne savait plus ce qu'Anya savait. C'était pire que de savoir qu'elle connaissait son secret. Pourquoi n'avait-il pas proprement terminé le travail, comme on le lui avait appris en cas de compromission ? Sasha secoua la tête en un signe négatif. Elle avait peur, très visiblement. Il n'était plus question de le provoquer. La baguette d'Anya tremblait, pointée sur lui dans un geste faible, et il déglutit. Ses yeux se posèrent au sol, puis sur Anya de nouveau. Il crut voir encore son amie, son père, son frère. La coupure de journal qu'il identifiait désormais comme celle qu'il avait vu dans les documents rassemblés de la russe. Il secoua la tête encore.

 

- J'peux pas. Tu saignes.

 

Il désigna la tâche sombre au sol. Pas trop importante pour que sa vie fut en danger, jugea-t-il. Suffisamment pour qu'elle dût être emmenée à l'infirmerie, normalement. Mais qu'est-ce qu'il dirait alors ?

 

- J'vais t'soigner, il dit.

 

Il leva les paumes pour marquer son innocence : elles étaient marquées de striures noires, semblant vouloir dire le contraire, mais il l'avait oublié.

 

- J'te jure. Laisse-moi faire. J'partirai pas. Ok ?

 

Autour d'eux, le château les enveloppait d'un silence de plomb. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être. Du temps qui leur restait de tranquillité. Mais il savait qu'il fallait agir vite.

Alors il déposa sa baguette au sol, comme une preuve de sa bonne volonté. Il avait basculé à genoux. Voilà, il était à la merci de la baguette d'Anya.

 

- Tu peux pas rester comme ça. C'est trop risqué pour nous deux, insista-t-il, se persuadant intérieurement qu'avec ce qu'il avait vu, si elle détenait un secret sur lui, il détenait en retour un secret sur elle également. Laisse-moi faire. Je sais faire. J'ai été formé à ça.

 

Ainsi qu'à d'autres choses, certes. Mais était-on toujours obligé de retenir les pires de ses qualités ?

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les collines non loin de Pré-Au-Lard, Samedi 17 Février 2125

 

Ils n'avaient ni été les meilleurs, ni les moins bons. Si Sasha était venu pour gagner, à mesure que la nuit s'était avancée, il avait un peu perdu de vue cet objectif-là, au profit d'une simple course dans les hautes herbes à traquer des runes avec Sam. Julian s'était comportée de façon plus détachée d'eux, intervenant de temps à autre, mais Sam avait vraiment fait équipe avec lui, et c'était peut-être ça qui lui avait fait oublier son combat amer contre le reste du monde, quelques instants.

 

Lorsqu'ils furent tous réunis devant le professeur Bramblethorn, Sasha avait beau être déçu de ne pas avoir rapporté les meilleurs scores, il était plutôt insensible aux critiques de l'adulte. Il était habitué à la dureté des instructeurs, et au fond, il donnait raison à l'enseignant : ils n'étaient clairement pas assez bons. Mais de son côté, son souffle était encore porté par la course dans un espace ouvert, frais et sauvage - un espace agréable, une échappatoire légère qui n'avait rien à voir avec les salles de cours dans lesquelles il se sentait en cage. Mais cette décontraction n'était pas partagée des autres élèves : beaucoup repartaient la tête basse d'avoir échoué, ou au contraire la tête haute pour regonfler un ego blessé. Le cortège d'étudiants s'avança dans la nuit, vers le château. Sasha enfonça les mains dans ses poches, suivant silencieusement Sam et Julian qui suivaient le cortège.

 

A quelques pas devant eux, la silhouette d'Alison Carter attira momentanément son attention : elle se penchait vers son désormais évident confident, et Sasha préféra baisser les yeux vers le bout de ses baskets.

 

  • - On a fait une bonne équipe quand même, il dit à Sam, à voix basse, pour lui remonter le moral, au cas où elle serait dans le même état que les autres.

 

Il haussa les épaules, se demandant si ce qu'il disait était vrai, et selon quels critères. Peut-être que ce n'était pas exactement ce qu'il avait voulu dire.

 

  • - En tout cas moi j'ai bien aimé faire équipe avec toi, corrigea-t-il à voix plus basse encore, presque comme pour lui-même.

 

Pour une fois que quelqu'un l'avait juste traité comme n'importe qui.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha accueillit la fin de la journée avec un certain soulagement, et l'arrivée de Charlie avec un plaisir doux-amer : concernant l'épisode sur ses cheveux au carré, il fit une grimace pour désapprouver les moqueries.

 

- Ah-ah, fit-il pour imiter un rire sans joie, non sans une oeillade blasée vers Charlie. Comme les nouvelles vont vite. C'est donc ça qu'Alison a retenu de son cours ?

 

Qu'Alison ne rentrât pas le week-end n'était pas surprenant pour Sasha. Il l'avait parfois croisée à la boutique - ils s'étaient tous deux tenus à distance l'un de l'autre - mais c'était rare et l'ambiance y était électrique quand Freya s'y trouvait aussi. Il supposait que la Serpentard préférait rester au château - mais était-ce pour étudier avec le reste de la brochette, ou pour en profiter pour voir son joueur de Quidditch préféré ?

Toujours était-il que la vivacité de Charlie apportait une ambiance agréable et il fut content qu'elle, au moins, fusse rentrée pour le week-end. A son commentaire, Sasha secoua la tête, et afficha un sourire penaud.

 

- Nan. Ca sert à rien, elle est passée à autre chose. Avec un autre garçon, expliqua-t-il avec un haussement d'épaules contrit, un peu désolé de décevoir Charlie. J'ai raté mon coup, ou alors elle préfère juste les joueurs de Quidditch aux créatures poilues.

 

Joueurs de Quidditch avec qui elle faisait des choses que le père de Charlie n'aurait sûrement pas voulu si tôt, songea Sasha en gardant pour lui cette arrière-pensée. Les soeurs Carter se racontaient sûrement beaucoup de choses, mais lui, il avait vu comme Spike et Alison se tournaient autour pendant les cours. Comment ils s'en échappaient parfois ensemble à la fin, comme après le baiser du bal. Il ne se faisait pas d'illusion sur le fait que les deux 5ème années ne faisaient sûrement pas semblant : c'était pas le genre de l'un des Serpentards les plus populaires de l'école de s'embêter à faire ça. Charlie ne pouvait probablement pas savoir ça. Pourtant, savoir que personne n'avait encore rien proposé à Alison pour la Saint-Valentin provoquait en lui une légère humeur positive qu'il tâcha d'ignorer, tout comme il essayait d'ignorer l'amertume que son amour-propre devait encaisser depuis.

Pensivement, Sasha raccrocha une paire de gants de sport après l'avoir examinée : "Je n'ai peur de rien, sauf de toi" ne lui convenait pas.

 

- Je vais peut-être prendre ça, mais pas pour une petite amie, il dit en décrochant un porte-clé en forme de Vif d'Or minuscule : quand on pressait un petit bouton, l'objet s'ouvrait pour laisser apparaître un petit ruban rouge carmin sur lequel un message brodé apparaissait : Je pense à toi, disait-il, avant de se transformer en Plus qu'hier, moins que demain. Qu'est-ce que t'en penses, c'est joli ou pas ?

 

Il n'en avait clairement aucune idée lui-même, aussi comptait-il sur Charlie pour l'orienter dans ses goûts, maintenant qu'il avait enfin quelque argent pour acheter quelque chose. Sasha jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule. Freya et Fenella étaient toutes les deux occupées, alors il en profita pour poursuivre à voix basse.

 

- Et ces monstres la nuit alors ? Ils t'embêtent plus j'espère, sinon je vais devoir venir leur faire peur à mon tour.

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Sasha Shevchen

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Gryffondor
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Dans les couloirs du château, Samedi 09 Novembre 2024

Sasha n'avait pas besoin de chercher un balai pour savoir qu'il n'y en avait pas : l'épreuve deviendrait alors beaucoup trop facile, même pour un première année comme Charli. Le Gryffondor regarda le plus jeune chercher malgré tout, puis il haussa les sourcils.

 

- Désactiver l'illusion ? Pour que plus personne ne puisse passer l'épreuve ensuite ? J'suis pas sûr que les organisateurs seraient enchantés, railla-t-il avec un sourire en coin.

 

Il n'en restait pas moins que lui non plus n'était pas très tenté par une traversée façon funambule. L'important était de passer de l'autre côté, et ils pouvaient peut-être faire preuve d'inventivité pour y parvenir. Sasha jeta un nouveau regard au gamin - visiblement pas mal décontenancé par cette première épreuve. Il lui donna une petite bourrade - un coup de coude amical dans l'épaule, histoire de lui redonner un peu de poil de la bête.

 

- Allons, on est Gryffondor, on va pas se laisser intimider par une illusion, j'suis sûr qu'on peut traverser. C'est tout le principe d'agir malgré ta peur face au danger, pas de faire disparaître le danger. Ca ce serait le fuir, tu vois ?

 

Pas certain que le gosse voyait. Sasha haussa les épaules.

 

- Tiens, tu connais le sortilège Ascensio ?

 

Sasha sortit sa baguette. Une nouvelle bouffée de vent rapide remonta vers eux, ébouriffant quelque peu les cheveux des garçons et sifflant à leurs oreilles, mais le sixième année n'y prêta pas grande attention.

 

- Ca te permet de te propulser en hauteur. Et si tu le fais en courant en avant... Tu seras de l'autre côté facile ! Ok ?

 

Il suffisait de faire cela lui-même. C'était un sortilège qu'il avait déjà utilisé par le passé, et il était plutôt confiant sur la réussite. Alors, il fit un mouvement du poignet, qui ressembla à un geste de chef d'orchestre, pour se rappeler le mouvement exact. Parfait.

 

Sasha recula d'un pas. Puis, il s'élança en avant, effectuant de nouveau le geste.

 

- Ascencio ! cria Sasha. 

 

Lancé au pas de course, son premier pied battit le sol tandis que dès le suivant, il était propulsé dans un saut vers l'avant. Un peu mal calibré, le sortilège le fit atterrir si près du bord de l'autre côté que Sasha s'écroula sur le parquet avec un hoquet de stupeur - mais au moins, il avait réussi sa traversée. Il roula sur les fesses avec une grimace. 

 

- Bon, je maîtrise pas vraiment l'atterrissage mais je t'assure que ça marche bien !

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Hall de Poudlard, Mardi 06 Mars 2125

Les mots d'Alison n'arrangeaient rien. Sasha eut un bref regard dépité vers elle, mais la haine qu'il ressentait envers Anya était plus forte, et il revint à la fusiller du regard avec toute la méticulosité dont il était capable - le souffle court, les dents serrés, prêt à intervenir de nouveau s'il le fallait. La chaleur avait empourpré ses joues et sa nuque, et il serrait toujours les poings.

Son aspect intimidant était suffisamment dissuasif - comme c'était généralement le cas face à ces couards de russes de Poudlard, et Anya ne faisait pas exception : déjà, elle battait en retraite sous sa menace devenue silencieuse.

Comme deux adultes étaient apparus un peu plus loin, cette fois la plupart des élèves se hâtèrent de se disperser, ne souhaitant surtout pas être associés à l'altercation qui avait lieu, mais Sasha n'y prenait garde. Il regardait la russe s'éloigner et à ses derniers mots, bien que déjà plusieurs mètres les séparaient, il fit quelques pas dans sa direction.

 

  • - Заткнись, Никитовна! Не забудь заткнуться! (Ta gueule Nikitovna ! N'oublie pas de la fermer !) cria-t-il, rageur, mais tout à fait conscient de profiter de la terreur qu'il avait vu dans les yeux et l'attitude d'Anya pour lui rappeler le bon comportement qu'elle devait avoir.

 

Il s'était toutefois immobilisé, la laissant s'enfuir, avec l'envie de cracher derrière elle, mais il se retint. Sasha fit volte-face : Alison était toujours là, près du mur, avec son éternel air offusqué. Il secoua la tête - dans son champ de vision les deux adultes s'approchaient de la scène avec un air blasé. Il se hâta de s'adresser à Alison avant qu'il ne fut trop tard.

 

  • - C'est des conneries, dit-il avec aplomb, comme si on lui avait demandé des comptes. Jamais je toucherai une fille de son espèce et tu le sais très bien.

 

La colère faisait encore vibrer sa voix, même s'il s'était efforcé de baisser largement d'un ton, à cause des adultes qui cette fois, étaient à portée de les entendre. C'était une femme vêtue d'une blouse blanche, avec des grosses lunettes et une queue de cheval châtain qui atteindrait certainement l'âge de la retraite - l'homme qui l'accompagnait, grand aux cheveux blancs posa sur Alison un regard que Sasha jugea condescendant.

 

  • - Jeune fille, est-ce que ça va ? demanda-t-il, et sa collègue s'adressait déjà à Sasha avec les poings sur les hanches.
  • - Monsieur, vous devriez vous expliquer calmement si vous avez un problème à résoudre.
  • - Je sais, rétorqua Sasha. Mais c'est cette fille qui a commencé !

 

Il avait pointé un index en direction de l'escalier par lequel Anya avait disparu, mais la femme - probablement un personnel temporaire, comme une examinatrice de transplanage - fit claquer plusieurs fois sa langue sur son palais en guise de désapprobation.

 

  • - Allons, c'est une attitude très immature, répliqua-t-elle avec un petit air supérieur en rajustant ses lunettes.
  • - Elle a insulté ma copine en russe ! se justifia Sasha en élevant la voix de nouveau. J'étais censé la laisser faire ?!
  • - Monsieur, je suis au regret de vous dire que je vais demander à ce qu'un professeur enlève 10 points à Gryffondor pour comportement inapproprié.
  • - Mais -
  • - Faites en sorte que je n'aggrave pas cette décision, trancha la femme.

 

Sasha s'humecta les lèvres. Serra les dents, regarda ailleurs. C'était sûr, il avait suffisamment eu de retenues comme ça pour des violences au sein de Poudlard. Il devait la fermer.

Son silence parut satisfaire la professeure, qui sourit.

 

  • - Allez, retournez vaquer à vos occupations. Il fait un beau soleil dehors, profitez-en ! claironna-t-elle avant de s'éloigner tranquillement.

 

Sasha resta planté là, raide. Il regarda les carreaux qui pavaient le couloir, puis Alison.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Une salle désaffectée, Dimanche 11 Février 2125

Assis sur la pierre fraîche, aussi immobile que les tableaux encore endormis, Sasha avait l'air de s'être fondu dans le décor du couloir. Il était pâle et il lui semblait qu'une brique du château avait été déposée au fond de son estomac.

 

Après des mois d'efforts pour se protéger, il avait dévoilé son animagie par pure imprudence. Anya n'était qu'une fille ; et une fille qui avait peur de lui, qui plus était. Il aurait facilement pu se défendre sans se transformer. Il ne comprenait pas ce qui lui avait pris, sinon que de vieux réflexes avaient pris le dessus : sous l'adrénaline du danger, il était redevenu un bref instant le combattant qui devait se défendre, crocs et griffes, face à l'ennemi. Son coeur en avait longuement battu la chamade avant de se calmer, et il se sentait désormais vidé de toute énergie, à contempler devant lui le rideau épais qui protégeait une fenêtre d'où traversait déjà des lueurs grises du matin.

 

La pièce où Anya se trouvait restait silencieuse.

 

Il tourna la tête dans cette direction. Elle aurait dû sortir au bout de quelques minutes. Quand il l'avait quittée, elle avait l'air si chancelante et si blême qu'il avait cru qu'elle allait tourner de l'oeil : c'était bien l'une des raisons pour lesquelles il n'était pas parti. Il avait appris ça de sa propre expérience : sous l'effet d'un choc, quand on se blessait, on avait l'impression qu'on allait juste pouvoir se relever et poursuivre le fil de nos activités, avant que nos jambes se dérobassent sous nos pieds.

 

Avec précaution, pour ne faire aucun bruit, Sasha se releva. Arrivé à la porte, il l'entrouvrit avec lenteur, juste pour pouvoir passer un oeil... Et la voir au sol.

 

- Blin, chuchota-t-il pour lui-même avant de se faufiler à l'intérieur.

 

Il se hâta de venir s'accroupir à côté d'elle - vérifia pouls et respiration. Elle s'était seulement évanouie, un bras serré par un garrot. Il se hâta de le défaire en marmonnant - est-ce qu'elle voulait perdre un bras ?! - et aussitôt un filet de sang apparut, gouttant lentement. Sasha récupéra le tissu pour le rouler en boule et appuyer sur la plaie. De sa main libre, et il tira sur les vêtements pour dévoiler l'autre épaule - blyad, cela faisait deux fois qu'il déshabillait une Serpentard inconsciente. Ne le laissait-on jamais déshabiller des filles pour des raisons plus excitantes ? - mais heureusement, de l'autre côté les griffes s'étaient plantées moins profondément, et les plaies avaient déjà cessé de couler.

 

Au bout de quelques minutes, il put retirer le tissu ensanglanté : la plaie avait cessé de couleur. Il se demanda s'il devait cautériser la plaie, mais la douleur aurait pu brutalement éveiller Anya, et ça ne lui paraissait pas très pertinent. Il se décida de se contenter d'un soin léger - au moins, il serait à peu près sûr de le réussir, même la main tremblante. Avant de s'exécuter, il essuya l'épaule d'Anya du mieux qu'il pût.

 

- Episkey, prononça-t-il dans un chuchotement en levant sa baguette.

 

Sous ses yeux, la peau autour de la plaie sembla se mouvoir, s'étirer pour se refermer. La cicatrice formée était plutôt disgracieuse : elle tiraillait la peau, épaisse et boursouflée, mais au moins Anya ne risquait-elle plus rien à cet endroit.

 

Pour le reste, Sasha ne savait pas si l'évanouissement d'Anya était dû au choc de la chute, à l'émotion, ou à ce qui se passait en elle juste avant qu'il entrât la toute première fois dans la pièce. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne pouvait décemment pas la laisser ici. Alors il rangea sa baguette et glissa un bras sous les genoux d'Anya, et l'autre sous ses épaules pour la soulever. 

 

Il songea à la déposer devant l'infirmerie, mais c'était trop risqué. On lui poserait des questions. Non, tant pis : il la déposerait devant l'entrée des quartiers des Serpentards, où il essaierait de l'éveiller. Que pouvait-il faire de mieux ?

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Une salle désaffectée, Dimanche 11 Février 2125

Elle refusait, et refusait encore. Sasha secouait la tête négativement, refusant d'y croire. Soudain Anya n'avait plus rien à voir avec la créature étrange et effrayante qu'il avait vue un peu plus tôt : elle était une jeune femme sans défense, avec des larmes plein les yeux et rassemblant son courage pour combattre un ennemi qu'elle savait trop puissant pour elle. Elle résistait, et plus elle résistait, plus Sasha avait l'impression qu'elle était une chose à protéger et non à détruire. C'était injuste. Il devait détester les russes. Et elle, depuis le premier jour, s'acharnait à être jolie, sérieuse et brave, à se comporter noblement - sauf quand elle avait compris qu'ils étaient dans deux camps séparés, bien sûr.

Les traits de Sasha se déformèrent. Maintenant, elle ne le rejetait pas uniquement par principe des origines, mais parce qu'elle avait vu ce qu'il était vraiment.

 

Il allait d'échec en échec, ici.

 

Il serra les dents et lentement, baissa les bras. Il se pencha pour récupérer sa baguette, précautionneusement pour ne pas déclencher de la peur chez Anya qui pourrait la faire attaquer de nouveau, puis il se leva. Il ne prit pas la peine d'épousseter son jean qui avait traîné dans la poussière : il recula d'un pas, les bras le long de son corps, vers la porte. Il s'humecta les lèvres, s'efforça de prendre un ton dur.

 

- Très bien. Tu as raison. Personne saura. Sinon je me débrouillerai pour venir finir le travail.

 

Sasha espéra que la menace sonnait suffisamment intimidante. Maintenant qu'Anya avait peur de lui, elle ferait son effet, se persuada-t-il. Il n'avait pas besoin qu'Anya restât silencieuse à vie : seulement quelques mois. Il saurait la maintenir silencieuse, se répéta-t-il en quittant la pièce, mais tous ses membres tremblaient.

 

Il repoussa la porte derrière lui, sans la refermer totalement pour produire le moins de bruit possible. Le couloir l'accueillit avec une lumière douce de fin de nuit : le soleil bientôt allait reprendre tous ses droits sur le château, illuminant chacun des recoins, les terrassant de réalité crue et froide.

 

Sasha ne fit que quelques pas avant de ranger sa baguette. Il s'adossa contre un mur et se laissa choir lentement le long de celui-ci. Le sol froid et dur l'accueillit en silence, et il fit reposer lourdement son crâne contre la pierre, l'oreille à l'affût, un oeil tourné vers la porte.

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Deuxième étage du château, Dimanche 04 Mars 2125

Sam était vraiment masculine. Même ses blagues l'étaient. Sasha eut un sourire en coin, lui décocha un regard curieux. Sam n'avait pas besoin de beaucoup pour se mettre à parler, le contact lui semblait facile, tant et si bien que le Gryffondor avait l'impression que c'était pour elle complètement naturel d'échanger avec le premier venu, quand lui percevait toujours chaque conversation comme un défi désagréable et risqué. Elle faisait déjà la conversation, enchaînant sur le Quidditch, l'annulation de la coupe et les évènements qui y avaient conduits, tandis que Sasha haussait les sourcils.

 

- J'étais pas au courant de tout ça, fit-il.

 

Dans sa tête, son esprit avait sauté en conclusion : un sabotage ? C'étaient les russes ! Mais il tâcha de se raisonner lui-même. Quel intérêt avait ce pays à saboter le Quidditch dans un pays voisin ? Quoique dans la diplomatie, on ne savait jamais. Lui, il n'y comprenait goutte, mais d'autres auraient parlé de stratagèmes alambiqués visant à les incriminer. Ces automatismes étaient évidemment plus rares en Angleterre, si bien qu'ils se demandaient s'ils avaient aucun fondement. Ils en avaient sûrement. Peut-être que les russes n'y étaient pour rien dans ce sabotage, mais comme ils auraient pu en être capables, autant les considérer coupables.

Sasha se passa une main sur le visage, comme si le soleil était trop fort pour lui, et reprit sa route. Il haussa les épaules.

 

- Si j'suis encore là, sûrement que j'y participerai.

 

S'il avait bien appris quelque chose à la guerre, c'était qu'on ne se battait pas toujours pour gagner - sinon, la moindre défaite et on était complètement démotivé - mais qu'il était important de montrer qu'on avait un certain honneur, et que donc on se battrait pour sa cause, quitte à affronter la défaite. Ou pire. Et s'il n'y avait personne d'autre pour défendre l'honneur de son pays à Poudlard, il le ferait lui-même.

 

- Je sais que j'ai pas vraiment mes chances, en vrai. Y'en a qui s'entraînent depuis qu'ils sont arrivés à Poudlard, on dirait. Et certains qui ont des très bonnes notes.

 

Ce qui n'était certes pas son cas.

 

- Et toi, tu vas participer ? Toi et tes copains, vous donnez l'impression de venir aux cours de soutien pour vous amuser. Mais Ambrose et toi, vous pourriez vraiment concourir, j'suis sûr.

 

Inutile d'expliquer pourquoi Ferguson ne faisait pas vraiment figure de candidat idéal pour les Poufsouffles. Les arches des fenêtres dessinaient sur le sol des arcs de lumière qui illuminaient leur silhouette avant de les replonger dans l'ombre, successivement.

 

- Si je peux pas retourner me battre pour chez moi l'année prochaine, je m'entraînerai dur pour au moins montrer qu'on n'est pas vaincus partout, grommela-t-il à voix basse.

 

Ces derniers temps, les journaux rapportaient de plus en plus de mauvaises nouvelles de son pays. Avec le temps, et des décennies de conflit plus ou moins actifs, le reste du monde s'était peu à peu désintéressé du sujet : c'était normal, de savoir que des gens, si loin, se battaient continuellement. Sasha avait l'impression d'être dans un pays ankylosé. S'il avait rêvé de le réveiller lorsqu'il avait rejoint Poudlard, désormais il savait qu'il ne pourrait plus que montrer qu'il avait la tête haute, même en venant de là où il venait, et ce serait le souvenir qu'il voudrait laisser avant de repartir. Sasha secoua la tête.

 

- Désolé, c'est pas un sujet. J'sais qu'il faut qu'j'arrête d'évoquer ça.

 

Laisser la guerre là-bas, avait dit Freya.

 

- Si vous avez envie de participer, on pourrait s'entraîner ensemble. On s'rait plus forts si on travaille... Genre en collectif, même si à la fin la compétition sera individuelle.

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Derrière les racines du saule cogneur, Lundi 05 Mars 2125

La surprise l'avait raidi, mais Sasha avait vite accepté l'étreinte de Charlie, l'enveloppant à son tour de ses bras sûrs - et le malaise étrange fit place à la même sensation de soulagement intense et profond : finalement, on n'oubliait jamais comment serrer quelqu'un dans ses bras, même quand on ne le faisait pas pendant longtemps. Après un moment d'inadéquation, les gestes revenaient avec un certain naturel, comme si le corps avait sa propre mémoire, son propre instinct tribal qui lui donnait cette capacité à se pelotonner contre les autres humains quand l'insécurité venait. Alors il serra Charlie bien fort, comme pour lui montrer que c'était pas grave de pleurer soudain, parce que c'étaient ce que faisaient les petites filles et peut-être même des femmes plus grandes, et alors on les prenait dans nos bras et on les serrait contre soi et au bout d'un moment, ça allait mieux.

 

Il le savait parce qu'on lui avait collé Kalina très tôt dans les mains : la famille n'était pas nombreuse, mais ses deux parents devaient travailler beaucoup pour faire subsister la famille, alors on responsabilisait vite les enfants. Berezhy svoyu sestru, "occupe-toi de ta soeur", était l'une des premières choses que Sasha avait dû apprendre pour aider sa mère lorsqu'elle s'était retrouvée débordée avec un deuxième enfant qu'il faudrait nourrir et habiller.

 

Mais tout cela était loin, maintenant.

 

C'était Charlie qui avait un gros chagrin aujourd'hui, et ses larmes chaudes qui tâchaient la chemise de Sasha devaient prendre source depuis un sacré paquet d'années passées à se poser des questions. Sasha se demanda ce que ça pouvait faire de se dire que ses propres parents n'étaient plus dans sa vie depuis ses deux ans, sans pouvoir se souvenir exactement des circonstances de leur départ. On devait se dire qu'on n'avait pas tant d'importance, puisque les deux avaient disparu sans vraiment prendre de nouvelles et s'intéresser à elle tout au long de sa vie. Si on pouvait mettre l'absence de Kate sur un accident ou un malheur, en rassurant Charlie sur le fait qu'elle comptait toujours autant, Freya et Alison n'avaient certainement pu en dire autant d'Owen. Sasha sentit de nouveau cette colère qu'il avait contre ce père absent - ce père qui n'était pourtant pas le sien. Si ç'avait été son père à lui qui avait abandonné Kalina, il lui aurait cassé la figure, parenté ou pas.

 

- T'as raison qu'il y a pas grand chose qui tourne rond, dit-il à voix basse, repensant à tout ce que Charlie avait pu écrire dans son journal. Mais si on se serre les coudes ça va aller, tu vas voir.

 

Si on se serre tout court, presque. La peur intense qu'il avait pu ressentir dans certaines situations passées n'avait été surmontée parce qu'ils s'étaient serrés les uns contre les autres, très littéralement. C'était absurde et il le savait : ce n'était pas ça qui l'avait sauvé. Mais ça avait sûrement sauvé son âme, ou du moins c'était comme ça qu'il s'en souvenait.

 

Parfois, de drôles de bruits émanaient du souterrain. Des cliquetis, des gouttes, des bruissements. Autant d'insectes et de petits rongeurs ou reptiles qui, après avoir été en alerte parce que dérangés par de grosses créatures indélicates, se remettaient à vivre leur vie, avec des instincts peut-être similaires aux leurs. Au-dessus d'eux, le vent bruissait dans les branches du Saule Cogneur, et Sasha avait l'impression qu'ils étaient isolés du reste d'un monde hostile. Si ce monde lui semblait regorger de dangers prêts à les engloutir chaque nuit, comment Kalina et Charlie étaient-elles censées ne pas avoir peur ?

Il resserra son étreinte.

 

- Ca va aller, il répéta.

 

Peut-être pour se rassurer lui-même.

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Sasha Shevchen

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Dans les couloirs du château, Samedi 09 Novembre 2024

- Ok ok ok, assura Sasha de l'autre côté du gouffre. C'était p't'être trop ambitieux comme idée !

 

Charli était trop jeune pour maîtriser ce genre de sortilège, effectivement. Probablement que l'objectif de l'épreuve était vraiment de les faire marcher façon funambule. Maintenant qu'il était de l'autre côté, l'épreuve ne lui semblait pas si difficile : on pouvait sûrement bien se suspendre au câble pour traverser, ce n'était pas trop compliqué. Mais pas vraiment du goût de son binôme.

Sasha se remit sur ses pieds en pouffant.

 

- On va bien trouver une solution, t'inquiète.

 

Une fois debout, ses yeux parcoururent leur environnement : mais rien n'avait été laissé dans la pièce, à part quelques tableaux ici et là...

 

- Ah, j'ai une idée !

 

Sasha alla décrocher un gros cadre. Au milieu, une femme qui versait du lait dans une marmite, habillée comme une domestique d'une époque datant d'au moins deux siècles avant la leur, se mit à pester à voix haute face à un tel traitement. Mais le vent qui remontait du gouffre étouffait suffisamment sa voix pour que l'élève put tranquillement l'ignorer, et il posa le tableau à ses pieds, bien à plat, avant de se redresser.

 

- J'vais te l'envoyer comme une plateforme, tu montes dessus, et je le fais revenir. Ok ?

 

Finalement, cette course d'obstacles était plutôt drôle : Sasha n'avait pas prévu de vraiment s'amuser ce soir, mais c'était une bonne surprise. Et puis, un peu d'entraînement ne faisait jamais de mal.

 

Il leva sa baguette une nouvelle fois, visant le tableau, effectuant un nouveau geste du poignet.

 

- Locomotor ! s'exclama Sasha. 


Aussitôt, le tableau se souleva de quelques centimètres au-dessus du parquet vieilli et, suivant la direction indiquée par la baguette du garçon, traversa le gouffre en flottant tel un radeau instable vers Charli.

 

- Voilà, ça devrait être assez solide, monte !

- Vous allez me marcher dessus, maintenant ? Petits sauvages ! Incultes ! 

- Mets tes pieds et tes mains sur le cadre. 

- C'est la moindre des choses !

 

Sasha haussa les épaules. Il disait ça pour la solidité, pas vraiment pour préserver la peinture. 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Lisière de la forêt, Samedi 16 Juin 2125

C'était bientôt la fin d'une longue année. Poudlard prenait des couleurs plus estivales, le parc regorgeant de fleurs aux pastels douces, d'odeurs de bois séché, de chants d'oiseaux plus affirmés que les silences de l'hiver. Sasha s'était habitué rapidement à ces changements - à défaut de s'être jamais tout à fait acclimaté à la vie du château, il appréciait ces signes annonciateurs d'une saison plus douce. L'ambiance lui donnait l'impression d'être un peu engourdi en ce début de journée, où il s'était, comme d'autres, orienté vers la lisière de la Forêt Interdite à l'instar de ceux qui, comme lui, voulait perfectionner encore un peu leurs savoirs pour se préparer au Tournoi.

 

La clairière était accueillante ; Bowers était l'un des professeurs que Sasha avait apprécié durant l'année, principalement parce que s'occuper de ces animaux magiques le plongeaient dans une douce torpeur qui lui faisait momentanément oublier ses propres soucis, et que l'enseignant leur avait proposé des activités variées dans lesquelles Sasha s'était senti naturellement à l'aise : nettoyer des enclos ou brosser des Sombrals était le genre de tâches auxquels il était habitué depuis l'enfance et il n'avait pas hésité à passer quelques minutes supplémentaires à la fin des cours de Bowers pour l'aider à remettre en ordre ce qui était destiné aux animaux.

 

Pourtant, certains animaux restaient nerveux en sa présence, surtout les plus petits ; mais il les apaisait en étant patient, si bien qu'il avait fini par obtenir de bonnes notes.

 

Est-ce qu'il se présenterait au Tournoi ?

 

Est-ce qu'il serait là à la rentrée, était la véritable question. Il avait continué à suivre les cours destinés au Tournoi, pour s'entraîner. Mais ce matin-là, il venait presque plus par fidélité pour le professeur Bowers, qui leur proposait cet entraînement exceptionnel.

 

Sasha salua l'enseignant d'un geste de la tête en arrivant, les mains dans les poches. Il se positionna un peu à l'écart des autres, mais plutôt proche du groupe des Poufsouffles, et appuya son épaule contre un tronc, le temps que le cours débutât.