Harry Potter RPG
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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Bibliothèque, Mercredi 27 Septembre 2124
  • - Han-han, approuva-t-il, vaguement anxieux.

 

Il n'avait aucune idée de qui était Horace, en réalité, mais il s'imaginait volontiers un autre vieillard sautillant plein d'enthousiasme. Visiblement, c'était comme ça que les anglais occupaient leur troisième âge. Au moins ces vieux-là ne causaient pas trop de problème. Même, ils restaient actifs physiquement, pas comme les pépés qu'on laissait décrépir sur leurs bancs en Ukraine.

Instinctivement, Sasha repoussa vivement cette pensée dans sa tête. L'Ukraine était mieux que l'Angleterre et que tout autre pays d'ailleurs, il n'y avait pas à penser autrement. Son trouble fronça ses sourcils, mais il se reconcentra aussitôt sur ses pieds. Il avait détourné le regard à la tape sympathique dont l'avait gratifié Bartholomew, comme si le geste l'avait vaguement gêné, pudique qu'il était.

 

  • - La carioca, il répéta bêtement. Jamais entendu parler.

 

Le garçon releva les yeux vers le bibliothécaire qui s'était mis à chanter et Sasha arrondit ses yeux comme des soucoupes. Il ne put empêcher un soupir, et avant de reprendre l'entraînement, se passa une main sur le visage.

You-pi, songea-t-il, morne.

 

Puis avec les pas. You. Pi. Dan-sons la ca-ri-o-ca. Bien. Fai-sez tous com-me moi. You. Pi.

Pas si compliqué. Il jeta de nouveau un oeil sur le bibliothécaire, qui le suivait attentivement, re-mimait les pas avec lui, les mains et les doigts perchés comme sur un nuage - ce n'était pas un geste naturel pour lui.

 

  • - J'fais quoi avec mes bras ?

 

-son la ca-ri-o-ca.

 

  • - Si les autres ont eu plus de temps que moi pour s'entraîner, j'pourrais être derrière ?

 

Tous com-me moi.

 

  • - C'est qui les autres élèves ? Pas des premières années hein ?

 

Il s'imagina avec horreur, sa tête dépassant de tous les autres sous le feu de projecteurs magiques, à danser un spectacle pour enfant, déguisé en fleur géante. Ses traits blêmirent d'effroi et il interrompit les pas.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les couloirs, Mardi 31 Octobre 2124

Alison semblait étrange : ce n'était pas seulement ses cheveux translucides et son maquillage, bien que tout cela lui donnait un air fascinant de poupée de porcelaine, attirante et sinistre à la fois, articulée par des gestes tremblants comme les membres d'un pantin mal maîtrisé. Il y avait autre chose. Le ton de sa mal assuré de sa voix, si différent des airs qu'elle se donnait habituellement. Sa respiration brève. Il ne savait si c'était dû à sa transformation récente, mais il semblait à Sasha qu'il percevait les choses plus aisément, d'autant plus précisément que l'obscurité ne leur permettait pas de s'observer si facilement que d'habitude.

 

- ... Si, fit-il au bout d'un long silence morne. Plus invisible qu'un spectre, pour l'occasion d'Halloween.

 

C'était bien sûr ironique : Alison ne l'avait pas cherché au point de ne pas l'avoir vu. Il s'en sentait vaguement vexé, mais refusait volontiers de se l'admettre.

 

Dans les couloirs, des échos de voix leur parvenaient, lointains. Difficile de distinguer ce qui se disait exactement. C'étaient des cris qui auraient pu aussi bien appartenir à de vieux fantômes s'éveillant la nuit, hurlant leur terreur éternellement renouvelée d'avoir été tués ici, ou là.

Sasha les écoutait sans vraiment s'en préoccuper : il gardait les yeux rivés sur le visage d'Alison, qui le fascinait toujours, comme s'il réalisait qu'il ne le reverrait plus jamais sous ces couleurs étranges, et qu'il fallait s'en imprimer la rétine, pour être sûr de s'en souvenir.

Il fit non de la tête, lentement.

 

- C'est tes copines. Elles te cherchent parce qu'elles seraient jalouses que toi tu vives encore des choses intéressantes, et pas elles.

 

Il avait dit ça sans réfléchir. C'était la première chose qui lui était venue à l'esprit, et probablement relativement proche de la réalité. Alison allait sûrement les rejoindre. Mais elle avait le choix. C'était peut-être l'occasion de sauver le deal : prouver devant les filles de la brochette qu'il était là, qu'il apparaissait si Alison était perdue. Est-ce que ce n'était pas ce que faisait un petit ami ?

Sasha ouvrit la bouche, mais il la referma aussitôt, interloqué par l'attitude d'Alison dont il croyait soudain avoir déniché un détail.

 

- Attends.

 

Il pencha curieusement la tête.

 

- T'as peur de moi, là ?!

 

A mesure que le temps passait, Sasha ne savait parfois plus si les interprétations qu'il formait étaient ou non filtrées de ses perceptions de prédateur. Un instant fugace, il avait pourtant cru percevoir - un léger mouvement de recul, un à peine perceptible écarquillement de l'oeil, une fissure à peine audible dans la voix d'Alison : la peur du prédateur.

Ce constat le conduisit à écarquiller les yeux à son tour. Il eut un demi-sourire - davantage une mimique d'incompréhension qu'une manifestation de joie.

 

Il fit un pas en avant, pour se rapprocher d'elle.

 

Juste pour voir.

 

Si elle reculait d'instinct, il aurait sa réponse.

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Katherine Dennison

Auror 62 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Au milieu du terrain de Quidditch, Vendredi 03 Novembre 2124

Katherine Dennison ne se mêlait guère au personnel de Poudlard, à l'exception des moments où elle avait besoin de consulter quelqu'un concernant l'enfant dont elle avait la charge. Les affaires internes ne l'intéressaient pas le moins du monde : pour elle la célèbre Académie de Magie n'était qu'un ramassis d'adolescents en rût qui n'avaient aucune idée de ce qu'impliquait le monde des adultes et encore moins celui des affaires du Ministère. Elle restait donc plongée dans des activités qui étaient en lien avec sa mission : elle se plongeait dans de longues lectures sur les obscurus - ouvrages savants, rapports de mission récupérés au Ministère, écrits plus ésotériques provenant de sorciers de nations lointaines qui avaient une vue plus spirituelle sur ce qu'ils représentaient dans leur monde.

Quand elle ne lisait pas, Katherine avait un oeil sur l'enfant lui-même : elle l'observait de loin pendant les cours de vol, assise sur les gradins telle un phare sévère doté d'une parka grise et de lunettes noires, ou bien passait-elle discrètement à la fin des cours pour poser quelques questions au professeur de sortilèges ou de métamorphose au sujet de la prestation de Nikolaï.

 

Evidemment, cette surveillance allait au-delà de ce qu'on lui demandait initialement. Mais c'était ce qui avait fait la carrière de Katherine et on ne pouvait le lui enlever : quelle que fût la mission, elle se passionnait pour celle-ci, repoussait largement les objectifs initiaux, tirait parti de toutes les opportunités. Par le passé, cela lui avait valu des résultats brillants autant que des inimitiés venimeuses, jusqu'au drame.

Mais Katherine ne changerait pas. Elle avait compris, avec le temps, que c'était là sa mission de vie : aller au-delà. Repousser les limites. Pas seulement pour l'adrénaline que fournissait ce défi, pas seulement pour le challenge, mais parce que c'était ainsi que l'on faisait avancer l'histoire, même si c'était au détriment de sa propre carrière. Les personnages lisses qu'étaient leurs derniers Ministres de la Magie n'avaient été que des pions sans cesse manipulés.

Bref, toujours était-il que même si la surveillance d'un obscurial était aux yeux du Ministère une forme de mise au placard, Katherine irait exploiter toutes les potentialités de cette mission.

Et peut-être même que quelqu'un au Ministère comptait précisément sur cela.

 

 

 

A mesure que l'automne avançait, la nuit tombait plus tôt. Si tôt désormais que dès la fin des cours, après le dîner, les élèves se réfugiaient hâtivement dans leurs salles communes. Katherine profitait de la discrétion qu'offrait la nuit pour donner rendez-vous à Nikolaï non plus dans le bureau, mais dehors. Elle lui laissait bien sûr le temps de prendre son dîner. Et puis, il revenait dans sa chambre, et il trouvait un parchemin pour son rendez-vous du soir.


Cette fois-ci, c'était sur le terrain de Quidditch. Avec l'annulation du Tournoi annuel, les entraînements étaient moins fréquents, et l'endroit velouté par une herbe fraîche restait étrangement vide et silencieux.

 

Katherine l'avait attendu au milieu du terrain. Une demi-Lune peinait à éclairer les anneaux dont les silhouettes hautes paraissaient plus sinistres que d'ordinaire, mais Katherine s'était parfaitement accomodée de l'osbcurité : elle avait vu immédiatement la silhouette de Nikolaï - elle avait tant appris à l'observer désormais qu'elle devinait à sa démarche si la journée avait été ou non éprouvante. Non pas que cela influençât son programme : Nikolaï était programmé pour braver bien pire que le froid, la nuit ou une journée de potions ratées au cours de monsieur Brooks.

 

  • - Bonsoir, monsieur Polyanski, l'accueillit-il avec cette même politesse formelle qu'au premier jour, à la façon d'un juge distant qui s'adresse au témoin d'une affaire terrible, au tribunal.

 

Elle portait des bottes à talons qui s'enfonçaient légèrement dans la terre meuble, et elle tenait dans ses mains un balai - c'était un vieux modèle, au manche noir bien entretenu, et au crin cassant mais rigide. Il ressemblait vaguement aux modèles de balai utilisés par les polices sorcières des siècles passés - fourniture du Ministère, certainement. A ses pieds, un second balai - un tout simple de l'école - était déposé au sol.

 

  • - Comme vous le savez certainement, je trouve que vos enseignements de Poudlard ne sont pas suffisants, expliqua-t-elle. Je veux que vous soyez capables de combiner davantage vos atouts magiques. Aujourd'hui, nous allons combiner vos aptitudes physiques, avec du Vol et de la Métamorphose.

 

Il y eut un silence, pendant lequel elle ne le quitta pas du regard. Elle articulait toujours relativement lentement avec lui, pour être sûre qu'ils se comprissent bien.

 

  • - Mais d'abord, je veux être sûre que vous maîtrisiez ce dont nous avons besoin.

 

Elle désigna le balai au sol.

 

  • - Transformez ce balai en une lance. Comme ceci.

 

Katherine avait sorti sa baguette. Elle pointa son propre balai qu'elle tenait dans l'autre main.

 

- Plasticinum, articula-t-elle pour lui rappeler le sortilège - mais rien ne se produisit. 

 

Les sourcils de Katherine s'élevèrent puis elle reporta son regard sur Nikolaï. 

 

- Bon, je ne l'ai pas fait, je n'en avais pas l'intention bien sûr, c'était juste pour vous rappeler la formule. A vous.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Dans les couloirs, Mardi 31 Octobre 2124

Le bruit de la lanterne qui tomba au sol avait sonné pour Sasha comme un gong révélateur. Elle avait peur.

 

Il ne savait pas pourquoi, cette révélation l'excitait autant qu'elle le consternait. Si elle avait peur, c'était un argument contre le deal. Mais il y avait aussi cette drôle d'impression de domination, cette drôle de certitude d'être le chasseur et non le chassé.

Sasha ne l'accula pas davantage. Il s'était immobilisé, et se mordit la lèvre dans l'obscurité, troublé par ses propres dilemmes intérieurs autant que par la vulnérabilité de la situation dans laquelle Alison se trouvait. Ne l'avait-elle pas humilié, en l'ignorant devant ses amies ? En lui demandant s'il était pauvre ? En le faisant languir avec son corps pour mieux se refuser à lui ? Et maintenant, elle était là, sans défense, comme une proie à saisir.

Mais les propos d'Alison le glacèrent plus sûrement que toute la fraîcheur des couloirs abandonnés de Poudlard.

 

Sasha resta un moment silencieux, les mâchoires serrées. Sans avancer. Sans reculer. Lui n'avait pas peur d'elle. Pas peur de son venin. Il eut une pulsion de la gifler pour ce qu'elle lui infligeait avec ses mots : mais à la place, il leva une main. D'un index qu'il posa sur la joue d'Alison, il redressa son visage vers lui puisqu'elle refusait de le regarder - dans la pénombre, il devinait les contours de son maquillage blanc et de sa chevelure atypique, dont la clarté était le seul repère dans l'obscurité. Il y avait peut-être un éclat discret au fond des pupilles d'Alison, mais il n'en était pas sûr. Il devinait le contour de ses lèvres aussi sûrement que celui de la brûlure qu'elle lui infligeait, quelque part dans sa poitrine.

 

  • - J'ai jamais manipulé les filles et encore moins ri sur les morts, ni en Ukraine ni ici, dit-il d'une voix grave. Tu me prends pour un sauvage.

 

Ce n'était pas dit sur le ton du reproche. C'était juste un constat, neutre et réel. Alison avait peut-être de bonnes raisons : il lui en avait donné.

Il avança d'un nouveau pas - avec une lenteur extrême, supprimant entre eux quelques centimètres supplémentaires, jusqu'à ce que leur visage ne fusse plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, que leurs vêtements se frôlassent, que le bout de l'une des baskets touchasse l'une des bottines d'Alison. A cette distance, il humait de nouveau toutes les odeurs qu'il avait capté sous son autre forme. Shampooing, fluides, maquillage, signature corporelle.

Il ne se pencha pas pour l'embrasser malgré la proximité : il expérimentait juste d'être si près d'elle, et son index était resté doucement contre la joue blanche.

 

  • - Laisse-moi te prouver qu'c'est faux, il souffla, dans un murmure si bas qu'il était à peine audible. Que j'suis pas un sauvage.

 

Ils étaient si proches que leurs souffles se mélangeaient.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Deuxième étage du château, Dimanche 04 Mars 2125

 

Dimanche 4 mars.

 

Sasha n'avait rien trouvé à la volière qui indiquât que son hibou était arrivé à destination. Il était monté vérifié deux fois par jour depuis deux semaines. Une fois le matin, et une fois le soir.

Puis il s'était dit que c'était ridicule : s'il avait du courrier, le hibou devrait le lui apporter directement sans passer par la volière - et puis, il effrayait systématiquement la nuée d'oiseaux qui vivaient là et qui arrêtaient de piailler dès qu'il entrait dans la volière. Certains le regardaient de haut, méfiants, et d'autres s'envolaient. A croire que ces bestioles avaient un sixième sens. Il n'avait jamais aimé les piafs de toute façon.

Donc, il avait décidé que désormais il résisterait à l'envie d'aller vérifier. Sa journée de travail chez OCQ l'avait suffisamment occupé pour y parvenir. Mais depuis ce matin, il avait lutté : il s'était levé, était allé prendre son petit déjeuner, puis était passé par la bibliothèque pour essayer de faire ses devoirs, sans grand succès. Puis c'était l'heure du déjeuner. Et après quoi ?

Après, il était monté à la volière.

 

Il en redescendait les mains dans les poches, la mine renfrognée, se maudissant de n'avoir pas su résister à la tentation. Il avait peut-être assez de courage pour être un Gryffondor, mais jamais assez de volonté, se morigénait-il, quand une voix l'interpela, comme sortie de nulle part.

Sasha se retourna pour voir arriver la Poufsouffle qu'il avait déjà rencontré dans les cours de préparation au Tournoi - le vague souvenir de l'épisode de la coupe de cheveux lui revint en mémoire, mais Chadwick n'était pas du genre à revenir se moquer de lui. Elle avait même été plutôt une chouette camarade pendant le cours d'astronomie.

 

  • - Salut, croassa-t-il en réponse, enfonçant ses mains dans les poches de son jean, avisant les mèches humides de Sam avant de se remettre en marche, une fois qu'elle l'eût rejoint pour cheminer à ses côtés. Ca va. Et toi ?

 

Simple formule de politesse : il n'avait même pas réfléchi à sa réponse. Sasha avait des cernes sous les yeux, mais à part ça, il avait le même air que d'habitude. Un peu boudeur, un peu rustre. C'était peut-être juste son visage au repos. L'allure décontractée de Sam, toutefois, le mettait suffisamment à l'aise pour déambuler à ses côtés. Un beau soleil illuminait les premiers jours de mars, et beaucoup d'élèves en avaient profité pour aller dans le parc. Lui traînait comme on aurait fait une ronde dans un château insuffisamment gardé. : sans destination, seul le chemin semblait compter.

Soudain il eut un mouvement pour regarder derrière eux, mais il n'y avait personne.

 

  • - T'es toute seule ?

 

C'était plus une exclamation surprise, en réalité, qu'une véritable question. C'était juste qu'il ne voyait jamais Sam sans le reste de la bande. En réalité, surtout à partir de la cinquième année, les élèves se déplaçaient majoritairement par groupes à Poudlard - comme la Brochette - ou au moins par deux. Les rares qui comme lui déambulaient seuls entre les classes avaient tendance à raser les murs, comme s'ils étaient fautifs de quelque chose de fondamental. Lui semblait moins s'inquiéter de ce qu'on le jugeât d'être seul : il ne faisait pas d'efforts pour disparaître, se contentait simplement de jeter des regards hostiles les élèves qui semblaient remarquer sa solitude, comme pour les défier de faire un commentaire. Les garçons l'ignoraient, sauf quelques Serpentards. Les filles se tenaient distantes, en particulier les Serpentards.

Mais avec Sam, c'était différent. Peut-être parce qu'il n'avait pas ce sentiment de rivalité, puisque ce n'était pas un garçon. Peut-être parce qu'il n'avait pas non plus ce sentiment d'être jugé, puisque ce... n'était pas non plus tout à fait une fille.

Sam était juste Sam.

C'était bien comme ça.

 

Il haussa les épaules, poursuivit sa route. Ce n'était pas à lui que Ferguson et Ambrose allaient manquer. On entendit au loin un coup de sifflet - une équipe profitait du week-end pour s'entraîner sur le terrain de Quidditch. Sasha porta un instant son regard dans cette direction, vers la fenêtre, comme on flânerait devant une vitrine, vaguement intéressé mais sans aucune intention d'acheter quoique ce soit.

 

  • - J'ai entendu que t'étais une sacrée batteuse. C'est dommage qu'il n'y ait plus de Tournoi de Quidditch, j'aurais bien aimé voir quelques cognards se perdre dans l'équipe des Serpentards.

 

Rien que pour la perspective d'avoir le droit d'envoyer des projectiles sur cette maison hostile, il aurait été prêt à apprendre vraiment à jouer au Quidditch.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

La satisfaction de voir Ambrose et Julian ne pas s'en sortir aussi bien que lui ne dura guère longtemps pour Sasha : le duo Spike-Ferguson avait décidé de se faire remarquer, captant toute l'attention de la pièce aussi bien que la sienne. Il toisa la bagarre naissante, partagé entre l'agacement de les voir si dissipés (alors que pour lui, un tel entraînement était tout à fait sérieux) et la satisfaction de voir Ryder le nez ensanglanté. Peut-être même qu'un petit sourire avait commencé à se dessiner au coin de ses lèvres - mais il fût aussitôt douché. Miss Carter, en binôme avec Ryder.

 

Sasha se retourna résolument vers son mannequin, les dents serrées. Blyad. Ca n'aurait dû rien lui faire du tout. Le mannequin avait retrouvé l'équilibre, car le sortilège qu'il avait lancé au sol s'était dissipé avec l'interruption provoquée par les garçons de l'atelier Précision, mais il s'était mis en posture de garde, comme s'il avait pu attaquer s'il était doté d'une baguette.

 

Sasha expira un sourire agacé par le nez avant de lever la sienne, réfléchissant un instant. Est-ce que ces exercices lui servaient à quelque chose ? S'il devait attaquer quelqu'un en situation de combat réel, ce ne serait certainement pas sur sa baguette qu'il compterait. Mais c'était l'exercice, et malgré la colère qui bouillonnait en lui, il se concentra donc.

 

Il leva les yeux vers le lustre au-dessus du mannequin : c'était un gros chandelier à bougies et à pampilles, dont les couleurs chaudes réchauffaient l'atmosphère. Les flammes étaient nombreuses sur les bâtonnets de cire - suffisamment pour créer une attaque surprenante pour un adversaire qui ne s'y attendait pas.

 

- Rongifors, déclara-t-il, les dents serrées. Rongifors.

 

 

Plusieurs des bougies du gros lustre s'éteignirent, plongeant une partie de la pièce dans une demi-pénombre que le temps écossais, en ce samedi matin gris, n'éclairait guère. Quelques bâtons de cire se gonflèrent et se modelèrent en de gros rats blancs qui se mirent à circuler sur les branches du lustre. Une à une, elles petites créatures se mirent à tomber - certaines sur le mannequin qui gigota pauvrement, d'autres carrément au sol.

 

L'un des rats s'enfuit d'ailleurs, subitement, pour aller se réfugier entre les pieds de... 

 

Réponse par les dés !

1 - Alison

2 - Sam

 

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Dans les couloirs du château, Samedi 09 Novembre 2024

 

Le garçon qui avait manifesté son identité - Charli Blackburn, donc - était déjà beaucoup trop enthousiaste à son goût. Sasha coula vers lui un regard descendant - mais pas con - à la mention de ses redoublements.

 

  • - Huit, il répondit, juste pour l'embrouiller, lassé à l'avance de devoir encore expliquer sa situation une énième fois.

 

Le gosse a un petit sourire en coin insupportable, mais son jeune âge rend la situation plus attendrissante qu'autre chose. S'il avait été son petit frère, Sasha l'aurait sûrement pendu par les pieds, histoire de lui faire la leçon, mais il n'avait pas de petit frère et il n'était pas sûr que les fratries anglaises eussent le même genre de passe-temps que les fratries ukrainiennes.

 

  • - Va devant, grogna Sasha, et il emboîta le pas à Charli, les mains dans les poches, le pas traînant.

 

Les portraits les voyaient passer dans les couloirs comme un duo incongru : devant, comme un conquérant, le pas enthousiaste d'un petit garçon ; à sa suite, les épaules lasses et le pas lourd, un mi-garçon mi-homme dont les baskets semblaient flotter passivement sur la pierre - comme s'il était là juste pour ne pas perdre le corsaire-en-chef de vue, juste au cas où.

Charli essayait d'être furtif - mais Sasha n'essayait vraiment pas. En même temps, les efforts du garçon pour être discrets étaient un peu inutiles. Il se surprit à penser que s'il l'avait chassé, il l'aurait trouvé et abattu en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Merlin.

 

  • - Ben au sixième, apparemment, répondit-il passivement au moment où ils arrivaient au pied des escaliers. J'crois pas qu'on soit suivi, mais si tu veux être un peu plus discret, commence par faire attention au bruit de tes pas. Reste sur l'avant des pieds pour être plus léger. Comme ça.

 

Cette fois, Sasha s'engagea le premier dans les escaliers en colimaçon, et il les grimpa quatre à quatre, le pas complètement silencieux : malgré ses baskets, il paraissait effleurer la pierre plutôt que d'y prendre appui. Bientôt, il disparut aux yeux du plus jeune.

Le château enveloppa Charli dans le noir et le silence. Dans les escaliers, les rares ouvertures vers l'extérieur étaient de minces meurtrières qui ne filtrait presque rien dans la nuit, et il fallait principalement se fier au toucher. On devinait à l'oeil nu seulement les paliers des étages suivants, où l'on devinait les longs couloirs dans lesquels brûlaient au loin deux ou trois torches. Puis c'était l'obscurité de nouveau jusqu'à l'étage suivant.

 

  • - Bouh, fit Sasha dans le dos de Charli quand celui-ci émergea à son tour au sixième étage.

 

Le sixième année était posté, une épaule contre le mur de pierre, les bras croisés.

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Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

 

Sasha avait dégluti. Le goût du sang avait la note métallique du sang humain, une amertume qu'il connaissait pour l'avoir déjà expérimentée ; mais il s'y mêlait peut-être autre chose tandis qu'il détournait le regard d'Anya.

Elle n'avait pas pitié. Ca ne lui convenait pas. Si elle avait eu pitié, ça ne lui aurait pas convenu non plus, il le savait. Rien ne pouvait convenir dans sa position : il n'avait pas seulement été battu, il se trouvait humilié à être si faible devant elle, à dépendre de l'ennemi pour être ainsi libéré de quelques gosses stupides.

 

  • - Ils sont parfaitement conscients de leurs actes, rétorqua-t-il à voix basse, dans un grommellement grondeur à peine partagé.

 

Il le savait parce que quand il était parti à la guerre, il avait leur âge. Alors certes, il n'avait aucun sens des réalités. Mais on savait parfaitement ce que l'on faisait, même à cet âge, estimait-il.

 

  • - Comme si j'allais avoir de la peine pour eux, ajouta-t-il - les imaginer morts ne lui faisait rien du tout.

 

Pour lui, ce n'étaient plus des gosses : c'étaient des ennemis, et cette détermination à les haïr se percevait peut-être dans son regard où flamboyait le reflet des torches qui les éclairaient tous les deux de leur lumière chaude, dansante, sauvage. Un long moment, il les garda dardés droit devant lui - toujours sur cette porte qui restait immobile, dans laquelle il semblait voir une menace incarnée par ce panneau de bois massif orné de gonds noirs, aussi durs que sa mâchoire serrée semblait l'être à cet instant.

Peut-être réfléchissait-il. Allait-il les dénoncer ? Sûrement pas. Il n'y avait aucun doute là-dessus : il n'y aurait même pas pensé si Anya n'avait pas évoqué le sujet elle-même. Mais maintenant qu'elle l'avait fait, la situation paraissait inversée : s'il ne le faisait pas, alors c'était comme s'il lui obéissait ; et cela même était si difficile à accepter qu'il sentait l'humiliation lui picorer les yeux comme autant d'aiguilles invisibles. Anya le touchait exactement là où il ne pouvait pas céder : son honneur. S'il avait une seule chose à prouver, c'était bien sur ce point-là. Il n'avait trouvé dans les murs de Poudlard aucun autre Ukrainien avec qui faire équipe pour montrer qu'ils étaient plus forts ou plus intelligents, ou plus téméraires : seul, il n'en menait pas large, et il n'avait aucune qualité particulière qui lui permettait de représenter sa nation avec fierté et le savait bien.

Alors son honneur, c'était tout ce qu'il restait.

 

  • - J'suis pas une balance, il gronda, la voix rauque, au bout d'un long moment. J'vais pas aller pleurer aux professeurs et j'l'aurais pas fait qu'importe ce qu't'aurais dit.

 

Pas plus qu'il n'irait à l'infirmerie. Dans la salle d'eau commune du dortoir des Gryffondor, il se rafistolerait avec les moyens du bord. Ce n'étaient que des égratignures et des bleus.

Il jeta un coup d'oeil de biais, comme pour vérifier qu'elle tenait toujours en main sa baguette - oui, Anya le dominait, et il ne s'était jamais senti aussi misérable. L'avait-elle sauvé ou était-elle venue l'enfoncer davantage, finalement ? Le torturer d'une autre manière ?

 

  • - Avoue qu't'es fière d'eux, il persifla, à peine audible.

 

Il tremblait toujours, malgré son esprit qui se calmait peu à peu. Il fallait dire que l'épisode l'avait fait abondamment transpirer, et que sa chemise humide lui collait à la peau désormais et des frissons de froid l'étreignaient.

Nouveau coup d'oeil vers Anya, vers son visage, cette fois. L'élégance dure de ses traits le gifla.

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Katherine Dennison

Auror 62 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
La Tête de Sanglier, Samedi 16 Décembre 2124

Elle trouvait Pré-au-Lard sinistre. C'était étrange, comme tous les élèves, et même des professeurs de Poudlard, se pressaient pour voir les allées décorées de lumières vives, pour dépenser gallions et mornilles dans des friandises qu'ils consommeraient en quelques secondes à peine, sans même vraiment les apprécier, ou bien dans des babioles qui prendraient la poussière au fond d'une valise.

Là où chacun anticipait la joie des fêtes, Katherine voyait des hordes d'asservis par leurs plaisirs individuels. Travaillait-elle à protéger cela ? Probablement. C'était leur bonheur à eux.

Revêtue d'un trench beige dont le col lui remontait jusqu'aux oreilles, de bottes noires aux talons qui claquaient sur le pavé et de gants de cuir dont l'un tenait un long parapluie noir et fermé qui complétait le cliquetis imposé sur le trottoir, Katherine remontait l'allée centrale d'un pas vif, mais mesuré. Elle prenait malgré tout le temps d'observer. Les visages, les attitudes. De temps à autre, elle faisait mine de s'arrêter devant une vitrine, mais ses yeux glissaient sur les objets pour mieux jeter un regard discret à quelques pas derrière elle. Et quand elle fût sûre d'être tout à fait inaperçue dans ce flot ininterrompu d'acheteurs de Noël, elle se glissa entre les portes d'un établissement d'où lui parvenait le murmure de conversations animées.

 

 

La Tête de Sanglier n'avait guère beaucoup changé depuis les dernières fois où elle y avait mis les pieds : il lui sembla qu'il y régnait la même atmosphère épaisse, les mêmes échos de rires alcoolisés, les mêmes chuchotements aux tables de ceux qui se confessaient à un ami, un parent ou un amant. Tout se passait comme si les mêmes âmes avaient toujours fréquenté ce lieu ; seuls les visages avaient changé de traits, de nouveaux vêtements avaient été enfilés - mais les intentions étaient les mêmes, ainsi que les odeurs, les lueurs, les soupirs.

 

  • - Un kir, s'il vous plaît.

 

Elle s'était rendue directement au comptoir, se débarrassant de son trench qu'elle déposa près de son parapluie sur un tabouret voisin avant de se percher à son tour - ses jambes sévères sous une jupe longue se croisèrent l'une sur l'autre tandis qu'elle s'accoudait, l'une de ses paumes retenant son menton, au comptoir où un jeune homme avait pris la commande.

Son verre arriva bientôt - une olive dans une petite coupe fine.

 

  • - Merci. Le propriétaire est-il là ce soir ? demanda-t-elle sur le ton de la conversation, innocemment.

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

Après le sort de gelée au sol, le coup des rats était plutôt une réussite - en tout cas selon Sasha. Ce n'était certes pas ses manières préférées d'attaquer l'adversaire, mais en cas d'ennemi peu dangereux, ce serait suffisamment déstabilisant à son goût.

 

Mais de toute évidence, là était bien le problème : il n'avait pas les mêmes goûts que les autres. Entre Alison qui râlait sur lui et Julian qui trouvait que ses bestioles la dégoûtaient, Sasha se renfrogna. Il jeta un regard noir à son ex-fausse-petite-amie avant de se tourner vers Julian.

 

- Ben c'est pas un cours d'élégance que j'sache, il grommela pour protester, non sans sentir sur sa nuque ses poils se hérisser à la vue des rats qui s'éparpillaient pour disparaître sous les meubles, pendant que Julian saucissonnait son mannequin comme un rôti de porc. (Oui, Sasha avait déjà faim.)

 

Lui les voyait comme d'innocentes créatures, impulsives, qui essayaient juste de survivre. Il comprenait ça. Il les comprenait certainement mieux que ces humaines qui cherchaient à tout prix à élaborer des apparences sociales qui lui échappaient totalement. A son côté, Ambrose avait lancé un sortilège qui transforma le mannequin. Un magnifique oiseau coloré s'envola, et Sasha le suivit des yeux - tel un prédateur fasciné.

 

Blyad, c'était ça, que les filles recherchaient. C'était évidemment plus beau que les mammifères velus dont il se sentait une parenté proche. C'était moins dégoûtant. Sasha jeta un oeil à Ambrose, qui ne paraissait pourtant pas fier de son coup. A sa place, Spike aurait sûrement gonflé le torse de suffisance. L'ukrainien approuva d'un mouvement du menton.

 

- Pas mal.

 

Est-ce qu'il pouvait, lui, faire quelque chose d'aussi élégant ? Qu'est-ce qu'aimaient les filles ?

 

Sasha se tourna vers la table voisine, où traînait un drap qui avait dû servir à couvrir les cages des animaux pour ne pas les effrayer. Alors, pris d'une inspiration soudaine, il saisit le drap et le lança vers le mannequin.

 

Le tissu s'étira dans les airs et avant qu'il ne recouvrît le faux adversaire, Sasha lança un Herbifors ! déterminé.

Oui mais viser une cible en mouvement, comme l'avait fait remarquer le professeur n'était pas si aisé : d'ailleurs le jet produit par la baguette de Sasha frôla le drap, la tête du mannequin, pour aller percuter une étagère.

Une triste orchidée fleurit sur un livre, et Sasha fit une grimace dépitée.

 

C'était une mauvaise idée dès le départ, de toute façon.

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Sasha Shevchen

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Gryffondor
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Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

Sasha fronçait les sourcils et pinçait les lèvres, comme pour sceller, s'empêcher de rétorquer par de nouvelles sottises qu'il regretterait. La vérité était qu'il ne savait pas très bien si, en évoquant ces gamins persuadés qu'en étant de bons soldats on leur rendrait ce qu'ils ont perdu, Anya parlait des petits Serpentards qui l'avaient torturés ou si elle parlait de lui.

 

Il n'était pas comme ça, se répétait-il en son for intérieur. La preuve, c'était que lui n'avait attaqué personne. Il aurait clairement pu s'en prendre à eux depuis le début de l'année : sous sa forme animale, si la Direction ne connaissait pas ses aptitudes comme il le soupçonnait, il aurait pu les faucher un à un, et on aurait jamais su. Oh, on l'aurait soupçonné, lui, le seul Ukrainien. Mais il n'aurait laissé aucune preuve derrière lui, il aurait effacé ses traces, on n'aurait peut-être même pas retrouvé leurs corps s'il s'était bien débrouillé. Seules ses absences dans le dortoir seraient certes suspectes. Mais encore maintenant, il pouvait le faire.

 

Mais il ne l'avait pas fait, et ne le ferait pas. Il savait qu'on ne lui rendrait jamais ce qu'il avait perdu. En revanche, il s'efforçait vraiment de les haïr de toutes ses forces, pour être ce bon soldat. C'était ce qu'on lui avait appris, après tout ; et s'il ne pouvait plus se raccrocher à cela pour savoir quoi penser, alors à quoi ?

 

Sasha porta ses mains à son visage pour les presser, comme si ce geste pouvait supprimer toutes ces pensées. Anya était Serpentard. Elle jouait avec sa tête, et sa tête à lui était pas vraiment son point fort. Il ne fallait pas qu'il écoutât. Mais les mots s'imprimaient malgré lui dans ses oreilles.

Elle n'était pas fière, elle n'avait pas pitié. Elle ne devait simplement avoir aucune émotion, tout simplement. Ce devait être ça.

 

Il voulait juste attendre qu'elle s'en allât, alors il gardait les mains sur son visage, les yeux dissimulés. Ils n'avaient plus rien à se dire et ils le savaient.

 

 

La décharge le prit par surprise : d'une impulsion brève dans les côtes, un sortilège éveilla ses douleurs et il émit malgré lui un couinement. Le temps de relever la tête, et Anya partait déjà après lui avoir infligé cette dernière humiliation.

 

Il regarda encore longuement la porte après qu'elle fut partie, les genoux serrés entre ses bras. Il ne trouvait pas l'énergie de s'en aller malgré le froid qui le faisait grelotter.

 

Il se demandait si elle avait pris plaisir à ce dernier acte, malgré ce qu'elle avait dit. Si elle avait voulu elle aussi assouvir une forme de vengeance brève, ou bien si c'était seulement pour le mettre en garde de ce qu'elle pouvait le faire. Il essayait de lui en vouloir, mais il ne parvenait pas à trouver en lui la haine nécessaire pour cela, comme s'il n'en avait plus à disposition.

Peut-être était-ce à cause de ce doute lancinant qui l'abattait plus que ses blessures : est-ce qu'il n'avait pas mérité ce dernier sortilège, au fond ?

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Sasha Shevchen

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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha avait immédiatement reconnu la chambre de Freya. Par les vêtements simples qui étaient suspendus, mais aussi par les odeurs qui rappelaient celles du magasin. Le bandana jaune et noir lui rappela que la jeune femme était Poufsouffle : sans surprise, il avait pu jusqu'ici compter sur sa gentillesse, depuis son premier jour où il avait demandé à pouvoir travailler chez OCQ. Il songea qu'Owen avait eu de la chance de faire une Poufsouffle dès sa première fille : il avait tant pu compter sur elle depuis les deux ans de Charlie parce qu'elle était bien serviable pour mettre de côté sa vie pour sauver celle de sa famille.

Sasha observa un bref instant le groupe d'adolescents sur la photo - plissa les yeux en croyant reconnaître le fameux joueur de Quidditch star de la saison actuelle (et de la précédente, d'ailleurs). Ils se connaissaient donc vraiment ? Sasha n'avait jamais songé qu'ils avaient le même âge - et donc, la même scolarité. Puis il passa au couloir, tomba sur les photos d'Alison sur une porte fermée. La photo de la jeune fille maquillée lui fit l'effet d'une autre fille. Différente. Aguicheuse, mais d'une autre façon. Comme une enfant qui découvrait le maquillage et qui jouait aux grandes filles.

 

- T'es perdu ?

 

L'arrivée de Charlie le fit sursauter. Il s'humecta les lèvres.

 

- Oh je... J'ai juste vu les photos, c'est pour ça. Merci pour l'info.

 

Se retrouver avec le visage plein d'encre, très peu pour lui. Heureusement qu'il n'avait pas eu l'audace de l'ouvrir. Charlie tombait à pic, et il se retrouva emmené subitement dans un autre univers, faits de dessins et de peluches, de livres et d'objets en tous genre : ce qui sautait aux yeux, c'était bien sûr le thème récurrent du Quidditch et du ciel. L'endroit allait parfaitement bien à Charlie : la tête dans les nuages et le nez dans tout ce qui pouvait susciter sa curiosité. Sasha sourit en accueillant le cadeau.

 

- C'est vraiment gentil, elle sera super contente.

 

Si ça arrivait à bon port. Mais il avait espoir. Le bracelet porterait chance, se disait-il, même s'il savait cette idée absurde.

Freya arriva, et Sasha acquiesça, empochant le cadeau.

 

- Bonne chance pour cette nuit, il dit à Charlie avec un clin d'oeil, avant de suivre Freya vers la sortie, quittant à regret l'antre dans lequel il s'était enfoncé.

 

Il aurait de quoi penser pour la nuit, songea-t-il en descendant les escaliers. L'aînée des Carter le suivait - probablement pour refermer la porte de la boutique derrière lui. Sasha avait salué Fenella au passage, qui lui avait répondu qu'ils se reverraient samedi prochain, et il eut un petit soulagement en entendant le ton enjoué de sa voix - elle ne lui en voulait donc pas d'avoir été un peu brutal un peu plus tôt.

 

En bas, la boutique était silencieuse comme au petit matin, mais la pénombre avait envahi les affiches et les portants de vêtements. Les porte-clés magiques vrombissaient dans un coin, émettant comme un chuchotement tranquille. Elliot Blackburn faisait des pompes devant un crépuscule lumineux, Elliot Blackburn s'était assoupi les bras croisés contre le bord d'une affiche, Elliot Blackburn les regardait passer avec un intérêt limité tout en appliquant soigneusement de la cire sur son balai - le polish Plume-de-Foudre, précisément, vendu juste en-dessous.

L'instant d'après la porte s'ouvrit, et un froid mordant les enveloppa. Sasha avait hâte de se transformer - sa fourrure était une barrière contre la fraîcheur que nul vêtement ne pouvait imiter - mais il avait fourré ses mains dans ses poches avant de se retourner vers Freya.

 

- Heu, merci pour le dîner. C'était vraiment gentil. Et très bon. 'Faut pas faire ça souvent parce que je mange pour deux, je l'sais bien, dit-il en tâchant de prendre le ton de la plaisanterie.

 

Il guettait sa réaction, son bref sourire contrit trahissant son embarras soudain. Il rentra sa tête dans ses épaules en enfonçant ses mains un peu plus profondément dans ses poches, dans un geste inconscient, qui lui donnait l'air d'un garçon pris en faute. Ce devait être le froid. Ou autre chose.

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Sasha Shevchen

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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha avait acquiescé d'un mouvement de tête, silencieusement. Se savoir apprécié pour son travail était de toute façon la seule chose à laquelle il pourrait se raccrocher, puisqu'en Angleterre tout le monde voulait le voir laisser sa guerre loin d'ici, comme si cela aurait pu être une maladie contagieuse ; comme si demain, des moldus dotés d'armes à feu allaient tirer sur tout ce qui bougeait, juste parce qu'il avait sous-entendu que ça existait ailleurs sur le globe, et qu'il l'avait vu de ses propres yeux.

Donc, comme tous les bons anglais, les filles resteraient discrètes.

 

Il savait que Freya lui rendait service en réagissant ainsi ; pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une colère profonde, comme si un injustice était faite à son peuple alors que les anglais voulaient juste protéger leur monde - n'en aurait-il pas fait autant, à leur place ? Certainement. Il aurait peut-être même réagi bien plus brutalement que Freya si un individu tel que lui s'était approché de sa propre famille.

 

Sasha releva le nez, pour voir Freya réajuster son châle. Il faisait certes froid, mais il y échapperait bientôt. Il fronça un bref instant les sourcils.

 

Des choses pas claires ?

 

Il pensait qu'aucun soldat ne revenait de la guerre avec les idées parfaitement claires. Même si on n'avait pas, comme lui, ramené des aptitudes spéciales, on rentrait forcément avec un bagage invisible au regard des autres. Un bagage qui s'alourdissait à certaines heures, de façon imprévisible. Un bagage qui s'éveillait la nuit pour tenter de vous étouffer dans votre sommeil. Un bagage que pourtant Sasha se démenait pour emporter avec lui partout où il allait.

Il secoua la tête en un signe négatif, cette fois.

 

- Non, tout va bien ici pour moi. Je laisse ça là-bas.

 

Rien ne m'a suivi. C'était un mensonge et il en avait parfaitement conscience. Des enfants réfugiés à Poudlard, il faisait probablement partie de ceux qui suivaient le plus l'actualité du front de l'est ; même les russes avaient l'air d'avoir envie d'oublier le conflit, pour la plupart, désireux de se fondre dans un univers plein de promesses pour des adolescents qui rêvaient d'aventures amoureuses, de matchs de Quidditch ou d'avenir professionnel prestigieux.

Il avait voulu être honnête avec Freya : il était sincère avec les gens qu'il estimait, parce que c'était ce que sa mère lui avait appris. Quand on respectait quelqu'un, on lui disait la vérité. Sauf qu'il ne pouvait pas se permettre d'apparaître comme un danger trop grand pour les Carter. Cela aurait signifié perdre son travail, perdre une amie, et perdre de vue, aussi, la fille qui avait voulu faire semblant avec lui.

 

- Oui, c'est mieux que je rentre vite. A samedi prochain.

 

Sasha eut un dernier mouvement de tête entendu avant de tourner les talons. Il s'enfonça dans la nuit d'un pas vif, suivi par le regard tranchant du rapace perché sur la maison des Carter. Bientôt, il entendit la porte se refermer derrière lui, et l'obscurité l'engloutit à mesure que les lumières de la Grande Rue de Pré-au-Lard s'éloignaient. Les ombres ne lui faisaient pas peur. Ses pas réguliers le laissaient simplement seul avec lui-même, en proie à un silence rempli du brouhaha de ses pensées.

 

Elles doivent savoir si elles te fréquentent, pour leur sécurité. La phrase de Freya dansait dans son esprit, insidieuse. On aurait dit un propos que l'on tiendrait à quelqu'un qui avait fait de la prison. Ou qui avait un passé de pulsions incontrôlables. Dans tous les cas, ça voulait dire qu'il valait mieux garder ses distances avec lui.

Il voulait en vouloir à Freya, mais c'était impossible. Il voulait en vouloir à Alison aussi, pour l'avoir fait venir à elle et rejeté ensuite, mais c'était tout autant impossible. Ce soir, c'était devenu limpide : elles avaient tout simplement raison. Il s'en voulait à lui-même, de s'être bercé d'illusions. Sa guerre n'intéressait personne. Personne ne voulait voir ce bagage qu'il se trimballait partout. Il n'était pas beau. Pourquoi ne pouvait-il pas l'enterrer quelque part et faire comme s'il n'existait pas, comme tous les autres réfugiés de Poudlard ?

 

Lorsqu'il fut suffisamment loin des regards, Sasha se transforma en panthère et coupa à travers champs.

Il arriverait à l'heure.

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Bibliothèque, Mercredi 27 Septembre 2124

Sasha cligna des yeux plusieurs fois en scrutant le bibliothécaire après sa tirade concernant les autres élèves. Il n'avait pas eu besoin de se retourner pour comprendre que la menace de monsieur Beckett avait eu l'effet escompté : il n'entendait dans son dos plus aucun rire, plus aucun souffle moqueur mal dissimulé. Alors à la place, il scrutait le visage du vieil homme comme s'il le voyait pour la première fois : derrière ses lunettes et sa barbe blanche et grise, au-delà des plis de l'âge qui affaissaient son visage, il distinguait les petites rides en pattes de doigts qui habillaient des yeux profondément gentils, comme s'ils avaient été ceux d'un enfant naïf, prêt à s'amuser avec le prochain instrument qu'on lui mettrait entre les mains. C'était une vision troublante : peut-être tout simplement parce que Sasha avait d'emblée catégorisé le personnel de Poudlard comme du personnel froid qui ne comprendraient rien à sa vie, il ne s'était pas figuré que ce pouvait être lui-même qui s'intéresserait à la vie de ces énergumènes-là : des anglais empoussiérés dans de vieux châteaux plein d'adolescents idiots. Parce que ce qui le troublait, c'était un fait tout simple : c'était bien la première fois qu'un personnel de Poudlard prenait sa défense.

Le garçon resta interdit, à cligner de ses yeux ronds sous sa tignasse démêlée, tandis que le bibliothécaire, lui, commençait lentement les pas. Un, deux, trois, quatre.

 

Sasha s'exécuta. Après s'être mélangé les pieds une fois, il recommença. Ce n'était pas si dur : un pied devant, l'autre qui le rejoignait, un pied à droit, l'autre qui le rejoignait. Il avait l'impression de marcher sur des cases invisibles, sans bien savoir quoi faire de ses mains qu'il tenait en l'air comme s'il avait été dans la ligne de mire d'un policier.

 

  • - Heu... M'sieur, c'est quoi comme danse, croassa-t-il.

 

Soudain il écarquilla les yeux.

 

  • - Et hum... Quand vous dites il vous manque un garçon. J'serai pas le seul garçon, hein ?

 

Par automatisme, il refit les quelques pas démontrés, pour les mémoriser. Jusqu'ici, refaire des mouvements lui rappelait la première fois que les aînés des Veilleurs leur avaient montré les gestes à exécuter pour se libérer d'une emprise moldue.

 

  • - On s'ra habillé normal, hein ?
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Parc du château, Mardi 02 Janvier 2125

Les vacances de Noël étaient un moment plus mornes qu'il ne s'y était attendu. Le château s'était vidé de presque tous ses occupants. Mais au lieu d'être soulagé, Sasha sentait le poids d'une solitude nouvelle, comme si les vents et la neige qui cinglaient les hauts murs de Poudlard l'isolaient plus encore du reste du monde - et plus particulièrement de son monde, celui qu'il avait laissé à des milliers de kilomètres de là.

 

Le seul réconfort qu'il trouvait, surtout depuis qu'il avait compris que s'approcher d'Alison n'était plus envisageable, était de trouver quelques interactions utiles auprès des animaux que le professeur de Soin aux Créatures Magiques leur avait fait découvrir. C'était certainement la seule matière dans laquelle Sasha excellait : il lui semblait que lorsqu'il posait la main sur l'encolure d'un hippogriffe, il ressentait la même envie de liberté que l'animal ; que lorsqu'il dénichait des botrucs, il sentait la même envie de se fondre dans le décor naturel ; que lorsqu'il nourrissait les sombrals, il partageait leur faim gloutonne, peu élégante.

Sans surprise, Sasha faisait partie des élèves qui les voyaient. Si d'aucuns trouvaient ces créatures décharnées plutôt hideuses, le fait qu'ils fussent invisibles à bon nombre des habitants du château donnait au Gryffondor une plus opportunité de les affectionner malgré leur inélégance. Lui, il les trouvait fort malgré leurs membres tortueux, déterminés malgré leur nature qui faisait que le reste du monde les ignorait la plupart du temps.

 

Aussi, après les avoir découverts en cours, il avait fini par retourner les voir pendant les vacances de Noël. En cette journée ensoleillée, plutôt rare à Poudlard mais qui rendait le paysage enneigé plus noble que d'ordinaire, Sasha s'était donc rendu auprès d'eux. Mains dans les poches pour les protéger du froid, il avait fait lentement le tour de l'enclos. L'un des animaux était effondré contre la barrière, la poitrine soulevée par une respiration sifflante et rapide. Sasha alla s'accroupir à son côté, avant de lui gratter le crâne pour tenter de la rassurer.

 

  • - Hey, shcho z toboiu, souffla-t-il dans sa langue natale. (Hé, qu'est-ce qui t'arrives.)

 

Ce qui lui arrivait était plutôt évident : le ventre du Sombral était énorme. Une femelle.

 

  • - Ow, fit Sasha en écarquillant les yeux.

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Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

Le premier exercice était terminé et avec lui vit le retour du non-violent. Sasha ruminait déjà sur le binôme qu'il allait former avec Alison quand, contre toute attente, cette dernière le rejoignit, lui. Il la regarda étonné - persuadé que s'il avait eu le choix, elle aurait opté pour un autre binôme. Mais les deux Poufsouffles et les deux autres Serpentardes s'étaient mises ensemble. Sam avait rejoint l'ami avec qui elle était venue, se lançant dans un pertinent fulgari qui n'eut pas les effets escomptés, provoquant l'intervention immédiate du professeur.

 

- Bon, tu m'fais confiance ?

- C'pas moi qui devrait te poser cette question-là ? grommela-t-il en réponse, son attention revenant à Alison. Pis j'sais pas pourquoi ça a fait une orchidée, j'ai pas choisi.

 

Sasha ponctua son propos d'un regard grognon vers Alison, mais elle se lançait déjà dans une défense.

 

- Attends ! T'veux pas que -

 

Trop tard. Une nuée d'oiseaux s'envola devant eux, plutôt bien exécutée, même si l'electrocorpus traversa légèrement l'envolée. Sasha émit un sifflement entre ses lèvres, comme s'il avait été touché lui-même.

 

- ... j'm'occupe de la défense, finit-il sa phrase sur un ton plat, un brin trop tard.

 

Coup d'oeil vers Alison, puis vers Spike planté un peu plus loin.

 

- Tu t'en sors pas mal, admit-il.

 

Sasha avança d'un pas. Si Alison avait été sa botte secrète en potions et en botanique, pouvait-il lui montrer qu'en retour il pouvait lui permettre d'atteindre un meilleur niveau ?

 

- Fulgari ! cria-t-il à son tour pour devancer le mannequin qui levait déjà sa baguette.

 

 

Des cordes s'échappèrent de la baguette de Sasha mais elles tombèrent au sol devant lui comme de pauvres serpentins dans une fête déjà terminée. Le mannequin leva aussitôt sa baguette pour enchaîner sur une nouvelle attaque. 

 

- Attention !

 

Par réflexe, Sasha se mit entre Alison et le mannequin.

 

 

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Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Sasha peinait à rester calme. Il s'agrippait un peu trop à la taille d'Alison, comme si elle avait pu lui échapper avant la fin de la musique ; il sentait ses joues chauffer - heureusement les lumières sans cesse changeantes provenant des enchantements de la Grande Salle dissimulaient un peu son teint qui, en plein jour, aurait donné l'impression qu'il venait de courir un marathon. Ses yeux captèrent Charlie, à quelques pas de là - la petite fille lui sourit, et il étira ses propres lèvres en les pinçant, façon sourire contrit. La petite fille était encourageante ; ils avaient beau ne pas se voir souvent, c'était probablement la personne la plus innocente que Sasha connaissait ici, et donc, celle à qui il pouvait peut-être faire un peu confiance.

Il s'intéressa de nouveau à Alison, surpris par le fait qu'elle lui posait une question personnelle, sur lui, en Ukraine. Ca, c'était nouveau. Alison ne s'était jamais intéressée à lui autrement que lorsque ça avait un lien direct avec elle-même. Il chercha une réponse adéquate, des souvenirs désordonnés affluant dans son esprit.

 

- Un peu. On danse pas mal dans les fêtes de village, là-bas, mais y'a moins de... De cérémonie, quoi.

 

En somme, chez lui, c'était viens comme tu es, danse comme ça te chante, et le résultat était beaucoup plus chaotique que ce que l'on pouvait voir ce soir à Poudlard. Il craignit un instant que sa réponse trahît ses origines : la campagne profonde de son pays, qui mélangeait moldus et sorciers, animaux et humains, le tout secoués, dans un grand panier vert de forêts et de plaines, par une histoire de frontières mouvantes, de langues et de cultures obsédées par leur survie au milieu de celles des autres. Sasha avait l'impression que dans sa main, Alison avait des doigts blancs et délicats, qui appartenaient à une autre caste que la sienne. Sa mère aurait sûrement pensé que la rousse était trop propre sur elle pour les comprendre, et il se rangeait de cet avis.

Il acquiesça en silence. Un grand voyage cet été. Lui aussi en ferait peut-être un, d'un autre genre. Il ne savait pas.

 

Cela faisait un moment qu'ils tournoyaient. Une éternité. Une poignée de secondes. Trois fois qu'il entendait la même phrase dans la chanson : ça allait être la fin. Il y avait des filles qui se dévissaient le cou sur la piste de danse pour se lancer des clins d'oeil ou pour trouver le partenaire suivant. Il ne pouvait pas garder Alison. Mais ses derniers propos le troublaient étrangement. Elle cherchait pas.

C'était pas l'impression qu'elle donnait. Ni même qu'il avait été son deal exclusif, aux dires de Lucian. Alison se tapait une réputation sulfureuse, en partie à cause de lui. Est-ce qu'elle n'en était pas consciente ? Lui seul savait qu'en réalité, quand les choses devenaient sérieuses, elle se dérobait. Jusqu'ici en tout cas. Quel garçon ivre trouverait un de ces jours qu'elle ne pouvait pas l'allumer puis s'en aller comme ça ? La pousserait à l'action même si ce n'était pas ce qu'elle voulait vraiment ? Sasha eut un drôle de frisson, un souvenir des paroles de Charlie, à propos de ce que le père d'Alison n'aimerait pas qu'elle fît. Il s'imaginait des situations catastrophes. Mais est-ce qu'il y pouvait quelque chose, sans deal ?

 

- Je sais.

 

Elle ne mentait pas. Alison pouvait être peste, mais il savait qu'elle ne mentait pas sur le deal exclusif, tout simplement parce qu'il avait compris qu'il était un genre de bouclier humain, précisément pour ne pas avoir à passer aux actes. Pourquoi n'avait-elle plus besoin de lui, alors ? Les mecs continueraient à la harceler jusqu'à ce qu'elle cédât. Il le savait : il avait fréquenté des adolescents en rût de très près, en particulier pendant qu'il était engagé chez les Veilleurs. Ils pouvaient être prêts à promettre n'importe quoi à une fille pour des faveurs charnelles. Ca le faisait rire, à l'époque. Il avait participé à ces jeux stupides. Et puis maintenant, ça n'avait plus la même saveur.

Il haussa les épaules en baissant les yeux, fataliste. La musique avait ralenti. C'étaient cette fois les dernières notes. Des couples s'étaient déjà séparés, des filles couraient dans leurs jupons pour traverser la piste et rejoindre leurs groupes d'amies comme autant de bourdons colorés. Mais Sasha ne lâchait pas Alison. Sa main ne voulait pas se détacher de sa robe, comme si elle y était collée. Il ne savait plus pourquoi. Le deal c'était fini. Deux mois pour comprendre, qu'en fait, elle n'en voulait vraiment plus. Il se sentait idiot d'avoir voulu sauver ce qui était déjà mort.

 

- En même temps, tu mérites sûrement mieux qu'un deal, même exclusif. T'as eu raison d'arrêter.

 

Il fallait qu'il se rendît à l'évidence : Alison était destinée à danser au bras d'un type de la même caste qu'elle. Lui n'était qu'un outil sur son chemin. C'était logique. Le deal, ça n'aurait que renforcé son idée stupide qu'il se passait quelque chose entre eux, alors que tout était clair depuis le début : il n'était là que pour faire semblant.

 

- C'était... C'était agréable, mais j'suis pas un très bon acteur.

 

Sasha se pencha en avant. La musique s'était arrêtée. Les lumières s'étaient tamisées, le temps que la suivante débutât - deux secondes où les murmures de la pièce se firent de nouveau entendre. Le Gryffondor avait approché brièvement son nez du cou dégagé d'Alison. Deux secondes pour fermer les yeux et sentir cette odeur de près. Deux secondes pour déposer, avec un effleurement discret, à peine humide, un baiser à la naissance de son épaule dénudée, dans le creux formé par une clavicule habituellement dissimulée.

 

- J'aurais pas pu faire semblant longtemps, il chuchota à son oreille, avant de se redresser pour la libérer.

 

Définitivement.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha avait d'abord senti son coeur s'alléger. Se savoir le bienvenu quelque part n'était plus une sensation familière, et la pénombre de la nuit dissimula à peine le sourire qui étira le coin de ses lèvres.

Mais peu à peu, la conversation prit un autre tour - complètement inattendu pour lui, cette fois-ci. Son sourire s'effaça peu à peu. Son coeur s'était mis à tambouriner subitement dans sa poitrine, faisant battre le sang à ses tempes - comme un rappel brutal d'un danger qu'il courait à chaque instant, qui le guettait au coin d'une rue, au détour d'une conversation, mais qu'il n'arrivait pas à identifier clairement.

 

Il ouvrit la bouche et la referma. S'humecta les lèvres, préféra regarder ailleurs. Il sentait sa peau chauffer de son cou jusque ses oreilles, et malheureusement la rougeur qui en résultait n'était probablement pas invisible. Sasha aurait voulu fuir, mais il resta planté là. Les lumières scintillantes des devantures des commerces lui paraissaient subitement absurdes, déplacées par leur optimisme dans une nuit si sombre et froide.

Il dut faire un effort pour parler, après avoir secoué négativement la tête.

 

A quoi pensait-il, quand il avait fièrement annoncé à Freya et Fenella qu'il s'était enrolé dans l'armée ? Qu'elles l'applaudiraient ? Imbécile.

 

- J'suis pas un monstre, j'ai jamais fait de mal à aucune de tes soeurs et ça arrivera pas, il dit fermement, mais sa voix tressauta et il s'en voulut.

 

Il y eut un silence, et Sasha ne voulait plus regarder Freya en face. Le vent balayait la rue, déplaçant sèchement des feuilles mortes le long de la chaussée. Il les suivait des yeux sans les voir.

 

- C'est pas ta faute, que tu connaissais pas mon histoire. J'évite d'en parler parce que je sais c'que ça fait aux gens.

 

C'était aussi bien quand elle ne posait pas de questions, finalement. Il comprit soudain que jusqu'ici, Freya lui avait donné sa chance parce qu'elle avait cru qu'il était un genre d'enfant perdu, juste déplacé par la guerre. Il s'était bien gardé, de son côté, de lui raconter quoique ce fût, parce que c'était confortable : il y avait eu une espèce d'accord tacite et inconscient, qui consistait à ne pas trop poser de questions pour éviter d'avoir à répondre à d'autres questions en retour. Mais ce statu quo ne pouvait pas durer pour toujours. Il se dit qu'il aurait peut-être dû rester vague, plutôt que d'être emporté par sa fierté d'avoir été se porter volontaire pour aller au combat. Et pourquoi, en plus ? Pour finir dans une école de magie à l'autre bout du continent.

Etrangement, il se souvint du visage d'Alison lorsqu'elle l'avait entendu, dégoûtée, évoquer toute la violence qu'il souhaitait aux russes. Il refaisait toujours les mêmes erreurs, se morigéna-t-il. Sasha serra les dents. Freya aurait peut-être la même réaction. Au moins il en disait, au mieux c'était.

 

- J'y suis resté trois ans. Mais y'a vraiment rien là-dedans qui vaille la peine d'être raconté. J'ai jamais rien dit ni à Alison ni à Charlie là-dessus.

 

Sasha déglutit. Il dut faire un gros effort pour la regarder de nouveau et prononcer quelque chose de plus. Freya avait l'air très sérieuse. Très courageuse aussi. On sous-estimait les Poufsouffles - mais c'était moins agréable de les avoir en face de soi qu'à ses côtés. Il contempla son visage déterminé. Elle aussi défendait sa famille. Il aurait peut-être fait pareil à sa place. Alors il baissa les yeux.

 

- Mais si tu préfères que je reste loin d'elles, je comprendrai.

 

Il lui sembla que les mots lui avaient découpé les lèvres. Il tourna son visage vers la route, en direction de Poudlard. Une manière avantageuse d'éviter d'affronter le regard de Freya de nouveau.

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Lyle Sørensen

18 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serdaigle
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Ambassade magique de Paris, France, Jeudi 05 Octobre 2124

 

Lyle n'avait rien répondu, se contentant de jeter à la froide Viviane un regard aussi glacé qu'il en était capable. Le pire était de constater que les deux femmes présentes, tout au contraire, se fendaient de rires amusés à chacune des remarques de la jeune femme - rires que Lyle jugea forcés. Il se contenta d'aspirer ses lèvres entre ses dents pour se les mordre. Simple précaution pour éviter de dire quoi que ce fût qui pourrait le mettre en difficulté avant ce moment capital qui consistait à rencontrer l'Ambassadeur. Mais dès que Viviane eût disparu, il se mit à se déshabiller avec des gestes agacés. Les deux magicouturières ne commentèrent pas la façon un peu brusque qu'il eût de jeter ses vêtements sur le siège voisin, mais leurs regards désapprouvaient certainement.

 

- Il va falloir enlever le caleçon aussi, et enfiler celui-ci à la place, commenta la plus âgée des deux dès qu'il se fût retrouvé torse nu.

- Et faites attention, le tissu est fragile.

 

Lyle émit un sifflement dépité, mais il s'exécuta tout de même, tournant le dos aux deux femmes qui n'étaient de toute façon pas émues le moins du monde par cette nudité passagère.

Le caleçon qu'il revêtit était d'un tissu si délicat qu'il avait l'impression d'enfiler une deuxième peau de soie, douce et légère. Le vêtement était moulant et les striures noires et blanches qui enveloppèrent ses fesses se déformèrent pour former des volutes semblables à de la vapeur qui semblait lécher sa peau. Il avait beau détester ce qu'il était en train de faire, il devait admettre en baissant les yeux sur son entrejambe qu'il avait l'air... mieux fichu que d'habitude.

 

- Et après ? demanda-t-il, déjà prêt à enfiler sur sa peau frissonnante la robe de sorcier qu'on lui avait préparé, mais les femmes semblèrent se jeter sur lui d'une manière qui le firent sursauter.

- Pas si vite jeune homme !

- Levez les bras, nous allons ajuster cela à vos hanches.

- Tu ne trouves pas qu'il descend un peu trop bas sur les cuisses ?

- Si, raccourcis d'un centimètre, ça devrait aller...

 

Lyle avait levé les paumes comme si un shériff le pointait de son revolver, et il fusillait de nouveau intérieurement Viviane. A cause d'elle, jamais femmes ne s'étaient autant intéressées à son corps, mais ce n'étaient pas exactement les femmes et la situation qu'il aurait souhaité. De plus, elles lançaient vers son entrejambe des sortilèges qui ne cessaient de l'inquiéter.

 

 

 

 

 

 

- Mesdames et messieurs, en place ! EEENN... PLAAACE !

 

Quand Lyle fit son apparition dans le salon principal, il dût d'abord cligner des yeux pour s'habituer à la lumière qui avait radicalement changé. La pièce avait été magiquement plongée dans l'ombre, et seule une portion de celle-ci était illuminée de projecteurs aux lueurs douces, tamisées : là où se trouvait un canapé couvert d'un velours pourpre. Une table basse en bois massif, travaillée d'anciennes runes, soutenait deux coupes de champagne et quelqu'un poussa Lyle vers cette scène improvisée. Après le cri de la directrice du shooting, un drôle de silence s'était abattu sur l'endroit, et Lyle eut l'impression d'être projeté dans une pièce comme s'il était seul - en réalité, derrière des voiles de pénombre étaient dissimulées différents mages dont chacun jouait sa partition pour que les images fussent les plus élégantes et les plus fluides possibles.

 

Au centre de cette image, il se tenait donc, debout près d'un canapé dont il ne savait que faire. Il était vêtu d'une robe de sorcier lourde et élégante, mais dont l'allure noire n'était que discrètement brodée de fils caméléons, dont la texture et les couleurs miroitantes étaient aussi reprises sur son noeud papillon et un mouchoir cousu dans la poche sur sa poitrine gauche ou encore au niveau des boutons de manchettes qui brillaient de la même manière ; non pas comme une cape d'invisibilité ; mais la matière semblait absorber les couleurs entourant Lyle pour les reproduire, mouvantes et scintillantes, de façon discrète. Discrète, car ce qu'il portait n'était qu'un support pour souligner le vraie pièce maîtresse du shooting : la fameuse robe caméléon, dans laquelle Viviane Valcourt apparut.

 

Le moment qui suivit, Lyle la regarda, bouche bée. Elle venait d'apparaître à l'opposé du canapé, mais un instant il n'avait plus l'impression de faire face à l'élève de Poudlard qui l'avait amené ici : c'était une femme aux formes élégamment enveloppées du même tissu miroitant, aux effets scintillants et lorsqu'elle se mût pour s'approcher, elle donnait l'impression d'avancer comme un fantôme vaporeux mais au teint beaucoup trop vivifiant pour être irréelle. Lorsque ses cils papillonnèrent dans sa direction, il eut l'impression que des étincelles discrètes avaient soutenu son regard, et il finit par refermer la bouche.

 

- Sørensen, avancez ! souffla quelqu'un dans son dos.

 

Alors, se rappelant les consignes brèves qu'on lui avait donné à la fin de ses essayages, il s'avança effectivement d'un pas lent vers elle, avant de se courber vers la table pour saisir les deux coupes de champagne. Avec lenteur, il se redressa pour lui en offrir une, dont Viviane ne se saisit pas immédiatement. Elle avait levé, la main, mais elle hésitait, et ce temps d'hésitation lui parut interminable. Viviane finit par recourber ses doigts délicats sur le pied en cristal, tandis que Lyle, conformément aux consignes reçues, ne la lâchait pas du regard. Ce doit être la star du show. Tous les regards vont converger vers elle et le vôtre est le premier signe que c'est elle et son charme qui doivent fasciner. Compris Sorensen ?

Il comprenait mieux maintenant pourquoi on l'avait choisi : son propre teint, sa propre sobriété de traits et de formes quasi inexistantes n'étaient là que pour souligner la fraîcheur discrète des pommettes de Valcourt, l'allure distinguée de sa robe et sa chevelure élégamment réhaussée qui dévoilait un cou laissé nu, sans bijou, pour que toute l'attention fut portée sur la robe. Les yeux de Lyle glissèrent sur cette nuque pâle, laissée nue jusqu'aux épaules et sur un décolleté qui disparaissait dans la robe vaporeuse.

 

- Approchez ! souffla encore la voix pour le rappeler à l'ordre. Le bras, le bras !

 

Lyle fit un pas, et il était si proche que lorsqu'il présenta son bras à Viviane, il frôla sa hanche. Celle-ci déposa comme prévu sa main libre sur son avant-bras après avoir fait mine d'humer l'odeur du champagne. Au contraire de lui qui ne la quittait pas du regard, elle ne lui accordait pas une oeillade : elle semblait contempler un moment la coupe de champagne, puis le bras qui lui était présenté, puis d'autres convives au loin.

 

- Ensorcelé Sørensen ! Vous êtes censé être envouté ! Le bras autour de la taille ?

 

Lyle déglutit mais s'exécuta. Malgré la coupe qui l'encombrait, il fit passer son bras derrière les reins de la jeune fille pour la rapprocher de lui : soudain ils étaient pressés l'un contre l'autre, et elle semblait ne pas le remarquer. Elle plongeait ses lèvres délicates dans le champagne tandis qu'il ne pouvait plus toucher à son verre maintenant qu'il avait Viviane entre ses bras.

Ils restèrent un moment ainsi, titubant imperceptiblement, tandis que quelques flash les éblouissaient. Le shooting devait se tourner en une seule longue fois : il permettrait ainsi de décliner la campagne dans toutes les modalités possibles : courtes images animées dans les journaux, longues scènes colorées dans les magazines de modes, voire, dans certaines très grandes boutiques Valcourt, de pouvoir traverser par enchantement la scène afin de pouvoir examiner de près le détail des coutures. Pour cela, la scène devait être parfaite.

 

- La suite, la suite ! Passez derrière !

 

Lyle se sentait complètement désemparé. Il avait beau avoir écouté toutes les consignes, il avait complètement oublié le fil directeur. Sans ces rappels de la part de l'un des sorciers dissimulés dans l'ombre, il n'aurait plus su quoi faire du tout.

 

Il libéra toutefois Viviane, puis lui retira sa coupe pour reposer les deux verres sur la table basse - comme l'aurait fait un majordome tandis que la jeune femme semblait contempler une foule inexistante. Lyle passa derrière elle et d'un geste lent - mais terriblement tremblant - il porta ses mains dans le dos de Viviane.

Vous devez dénouer chaque bouton, lentement, puis faire glisser les bretelles sur les épaules avec lenteur, en la regardant intensément. Comme si vous déballiez le cadeau le plus fragile mais le plus beau de votre vie. Compris ?

Certes, il avait compris, mais maintenant il peinait à retirer chacun des petits boutons des boucles de tissu caméléon : celui-ci semblait disparaître entre ses doigts à cause de la réverbération des couleurs, et il dût s'y reprendre à plusieurs fois. Il avait perçu cependant le frisson qui avait parcouru le haut du dos et la nuque de Viviane - probablement à cause de ses doigts froids.

 

Au bout d'un moment, toutefois, il y parvint : il fit glisser les bretelles sur le corps émacié de Viviane, mais il avait du mal à contenir sa propre émotion : sa respiration s'était accélérée et son coeur battait la chamade maintenant que la robe était tombée aux pieds de la jeune fille. Une dentelle fluide couvrait ses fesses, en découvrant néanmoins la ligne fine au-dessus de ses cuisses. Viviane s'écarta de lui : contrairement à Lyle, elle semblait connaître parfaitement chacun des mouvements qu'elle devait exécuter sans avoir besoin de rappel ; elle marcha pour contourner la table basse, fit mine de se contempler dans un miroir invisible tandis que Lyle dénouait son noeud papillon.

Se dévêtir fut un enfer. Loin de l'aide que Viviane avait reçue pour se retrouver en sous-vêtements, lui devait se débrouiller tout seul et si retirer sa robe était facile une fois déboutonnée, il ne put probablement pas retirer son pantalon d'une manière aussi fluide et élégante. Mais enfin, il y parvint tout de même, et fit ce qu'on lui avait dit de faire. Une fois en sous-vêtements, il prit place dans le canapé, se pencha pour récupérer les deux coupes avant de se laisser aller contre le dossier, une jambe repliée à ses côtés.

 

Alors, Viviane se retourna. Son soutien-gorge était une dentelle brodée du même tissu caméléon, luxueux, qui dissimulait à peine deux tétons qui, plus sombres, se devinaient sous le tissu. Lyle pria pour que le champagne ne trahît pas davantage ses tremblements.

Viviane s'avançait. Pour la dernière scène, elle devait s'asseoir sur lui de façon suggestive, avant de prendre la coupe de champagne et de la porter à ses lèvres pour la terminer sous le regard éperdu mais soumis de son partenaire qui la soutenait.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les collines non loin de Pré-Au-Lard, Samedi 17 Février 2125

Depuis le précédent cours, Sasha, avait eu le temps de digérer les prestations qu'il avait fourni au cours donné par monsieur Edwin Pope, qui l'avaient beaucoup déçu. Qu'à cela ne tînt : quand il était parti chez les Veilleurs, il était loin d'être le meilleur, et tous ceux qui crânaient d'avoir plus d'expérience en magie n'avaient pas réussi, comme lui, à finalement devenir un animagus, et un animagus utile, qui plus était. La persévérance était tout ce qui lui restait, et le Tournoi l'une des seules choses sur lesquelles il pouvait se concentrer de positif. Après tout, il restait un an avant les véritables épreuves, et il avait bien l'intention de mettre ce temps-là à profit.

 

Il rejoignait une équipe de deux élèves qu'il connaissait à peine ; deux filles. Julian Rosenberg, dont il se méfiait un peu - les morsures des Serpentards n'étaient pas des plus agréables et il en avait suffisamment expérimenté depuis le début de l'année pour en sentir encore la brûlure - dans ses côtes, à sa tempe droite, dans son ventre. Sur ses lèvres.

Sam Chadwick, elle, avait l'air plus sympathique, alors il s'était spontanément posté à côté d'elle, échangeant un vague regard pour partager son scepticisme avec elle quand le professeur d'astronomie annonça que Julian devrait les gérer.

 

Sasha s'était habitué, depuis septembre, à une forme de solitude : même lorsqu'il était avec les autres, il faisait équipe seul en cours, il ignorait les conversations des autres, il répondait toujours de façon laconique. Aussi, quand Julian engageât la conversation, il fut d'abord si surpris que, les mains enfoncées dans les poches, il eut un moment de silence, les sourcils haussés.

 

- Huum... Le Tournoi doit pas les intéresser, supposa-t-il du bout des lèvres - mais au fond, il pensait que certains de ses camarades pensaient tout simplement ne pas avoir besoin d'entraînement. Ils les voyaient tous comme des Spike Ryder imbus d'eux-mêmes, et cela dissuadait encore chez lui toute envie de se mêler aux anglais.

 

Il haussa les épaules, avant de se concentrer de nouveau sur le professeur d'astronomie. Les consignes étaient claires et le fait que l'exercice fut organisé à l'extérieur lui donnait un peu de courage : même s'ils finissaient parmi les dernières équipes, être sous la voûte céleste malgré la fraîcheur de la nuit écossaise était une expérience plus positive que de ne pas trouver le sommeil dans un lit étroit à baldaquin qui grinçait à chaque fois que vous vous retourniez. L'appel du frôlement des hautes herbes contre ses jambes, des odeurs de terre mouillée, la lumière des étoiles qui apparaissait entre les nuages était de nature à calmer la bête intérieure qui aurait voulu grogner à la constitution des équipes, dans le hall.

 

Une fois sur le terrain qui les accueillerait pour la nuit, Julian prit naturellement le leadership de leur équipe. Sasha se contenta d'approuver d'un grognement d'assentiment - suivre les ordres ne le dérangeait sûrement pas, tant qu'ils étaient efficaces. D'ailleurs, il n'avait même pas eu besoin de regarder la carte lui-même : Julian s'était déjà lancée dans un sortilège d'astronomie pour s'orienter et indiquait le chemin à prendre. Alors sans attendre, il prit la tête du groupe, en éclaireur, les mains dans les poches mais le pas rapide. Ses yeux habitués à l'obscurité cherchaient dans la nuit les petits signes qui lui permettraient de s'orienter : le clapotis de l'eau de la rivière qu'ils étaient censés traverser selon la carte, l'écho des voix des groupes voisins charriés par un vent frais.

 

Sasha fermait parfois les yeux, rêvant de pouvoir se laisser porter par son instinct. Son sens de l'orientation était plutôt bon, et il était confiant sur la direction qu'il donnait à son groupe en progressant rapidement.

 

[HRP : Dé 20 pour chercher la balise à partir de l'orientation donnée par Julian]

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Katherine Dennison

Auror 62 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Au fond du couloir du troisième étage, à droite après la salle d'Histoire de la Magie, Lundi 18 Septembre 2124

Katherine l'observa longuement. Les réponses de Nikolaï étaient intéressantes. Elle ne savait si c'était grâce au fait qu'ils utilisaient désormais une langue avec laquelle il était plus à l'aise, mais il transparaissait enfin des informations plus utiles que tout ce que l'enfant avait pu dire de bien polissé depuis le début de leur courte rencontre.

 

Au bout d'un moment, un sourire se dessina doucement sur les lèvres de Katherine.

 

  • - Ma conscience, souffla-t-elle, énigmatique. Ma conscience...

 

Elle finit par acquiescer lentement.

 

  • - Oui. Ce doit être pour ça, bien sûr.

 

Silence. Seul le feu crépitait, mourant cependant petit à petit, et avec lui la lumière semblait vouloir s'échapper progressivement de ce huis-clos étouffant. Madame Dennison pourtant semblait parfaitement à son aise, comme si ses petits yeux de rapaces y voyaient tout aussi bien dans la pénombre - et même mieux. 

Elle s'humecta les lèvres. 

 

- Je vais vous libérer pour le reste de la soirée, monsieur Polyanski. A partir de ce week-end, cependant, nous débuterons des entraînements visant à entretenir votre force et votre technique - voire pourquoi pas, les faire progresser. 

 

Elle s'adressait à lui comme un scientifique satisfait approuverait le bon comportement d'un cobaye, comme prêt à lui fournir même, pourquoi pas, une petite friandise. Mais madame Dennison savait parfaitement qu'elle n'amadouerait guère ainsi Nikolaï : il avait trop d'honneur, et c'était parfait ainsi. De nouveau, elle sourit. 

 

- Bonne nuit, monsieur Polyanski.

 

Elle ne le regardait déjà plus.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

Sasha était encore tout renfrogné de ce qui venait de lui arriver. Edwin Pope avait beau l'avoir débarrassé de sa coupe de cheveux ridicule, plus rien ne semblait avoir la moindre importance : ni la transformation de Spike (il avait haussé les épaules pour toute réponse au regard d'Alison) ni le nouvel exercice qui animait tant les autres élèves. Il se contenta de croiser les bras en écoutant les consignes du professeur, avant de jeter un oeil vers les deux Serpentards qui s'étaient rapprochés l'un de l'autre, leurs messes basses ne venant que confirmer ce qu'il s'était déjà figuré par ailleurs : elle était , la vraie raison de la fin du deal : Alison avait trouvé mieux ailleurs, pour il ne savait quel raison.

 

Autour d'eux, les autres élèves aussi enchaînaient les échecs, malgré, pour certains, un enthousiasme qu'il ne partageait plus.

 

Il tâcha de prendre une inspiration, pour pouvoir à son tour lancer le sortilège indiqué par le professeur, et leva sa baguette :

 

- Mutante Clypeus, dit-il, sans y croire, quand un morceau de bois fonça vers lui.

 

 

Il n'y avait aucune surprise dans le résultat : maintenant, il savait qu'il n'avait rien de plus que les autres, et si les autres n'y parvenaient pas, il n'en était sûrement pas capable non plus : un arc fumeux s'échappa de sa baguette, mais sans effet, et le morceau de bois ne fut retenu qu'in extremis par la protection du professeur.

 

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Sasha Shevchen

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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha s'était ausculté dans le miroir.

 

Les samedis matins, les salles de bain des maisons étaient plutôt vides jusqu'à tard, grâce à ces hordes d'élèves qui voulaient profiter de leurs précieuses grasses matinées du week-end. Pour Sasha, c'était l'un de ses jours de travail et il faisait d'habitude un passage sommaire dans la douche avant de se rendre à Pré-au-Lard. Mais cette fois, il s'était regardé d'un peu plus près. Il connaissait quelques bases de médicomagie, qui avait pu lui permettre de recoudre plutôt proprement l'entaille que les réfugiés de Serpentard avait creusée au-dessus de son nombril. Mais pour ce qui était de son visage, il n'osait pas vraiment se lancer un sortilège à la figure : sa tempe droite était violette et enflée, et sa lèvre inférieure fendue.

S'il passait à l'infirmerie, on lui donnerait un onguent qui apaiserait tout cela.

S'il passait à l'infirmerie, on lui poserait des questions.

Donc, il ne passerait pas à l'infirmerie.

Il envia un instant ces filles qui se partageaient des sortilèges pour rendre le teint uniforme et dissimuler les imperfections, puis se dit que d'ici lundi, cela serait sûrement beaucoup moins visible. Il fallait juste espérer qu'il n'y eût pas trop de visites d'élèves à la boutique OCQ, histoire de ne pas avoir à essuyer des moqueries - et Sasha plongea sous l'eau pour se frotter frénétiquement le corps, le visage, les cheveux - comme pour faire disparaître toute trace supplémentaire de ce qui s'était produit la nuit précédente.

 

 

 

 

 

- ... alors j'ai préparé des tracts que vous pourriez mettre sur votre comptoir pour sensibiliser les gens sur le dégnomage massif des jardins avec les techniques modernes, qui relèvent purement et simplement de la torture de créatures vivantes.

- Heu... C'est pas encore ouvert, madame.

 

A peine arrivé à la boutique, par un temps venteux à en arracher les couvre-chefs des pauvres passants matinaux, Sasha était tombé nez à nez avec une petite dame enveloppée dans un épais gilet bleu, des cheveux gris bouclant sauvagement un visage rond et vindicatif, qui avait sauté sur l'occasion de voir le garçon ouvrir la porte de la boutique.

 

- Je sais, je sais, claironna-t-elle en agitant un tas de papiers sur lesquels le portrait d'elle-même, encadré des mots Gnomes Sans Frontières, mugissait en silence, agitant les poings. Mais nous faisons une réunion publique à ce sujet lundi soir et votre magasin a pour clientèle plein de gens qui achètent des balais pour s'en servir dans leurs jardins...

- C'est pas ma boutique, casa Sasha avec hésitation, le ton morne, mais la femme semblait à peine entendre sa voix.

- ... ce qui veut dire qu'ils ont des jardins qu'ils dégnoment certainement. Alors je n'dis pas qu'ils le font avec plaisir, hein, attention, je dis qu'il existe des solutions alternatives moins cruelles. Et ces solutions il suffit de les connaître, si seulement les gens voulaient bien s'y intéresser. Les gnomes sont d'ailleurs essentiels à la vie des jardins, c'est juste la régulation de leur population qu'il faut renforcer, et figurez-vous que ce n'est vraiment pas si compliqué d'établir avec eux des quotas à respecter par exemple au mètre carré et alors...

- Je vais en parler à ma patronne, pour les tracts.

 

Sasha se retrouva avec le tas de papiers brusquement pressé contre sa poitrine et le rattrapa juste à temps pour que ça ne lui glissât pas entre les doigts. La femme repartait déjà au trot, à cause du propriétaire de la boutique voisine qui venait juste d'ouvrir sa propre porte pour permettre à un hibou d'entrer - elle courut pour l'interpeler, au grand soulagement de Sasha qui se hâta de disparaître à l'intérieur du QG d'OCQ.

 

L'intérieur de la boutique lui était devenu familier : les cliquetis des jouets enchantés dans les bocaux et les odeurs de cire à balai et des bonbons Vif d'Or (goût citron-vanille avec des paillettes acides) lui étaient devenues parfaitement agréables. Il n'était jamais en retard : non pas parce qu'il était exemplaire, mais parce que c'était l'heure la plus calme de la boutique, avant le rush des clients qui voulaient toucher à tout, derrière qui il fallait passer pour remettre de l'ordre, qui voulaient savoir s'ils avaient reçu du spray Aéro-Polish, si l'Impervius Plus serait suffisant pour protéger un balai qu'on utilisait souvent sous la pluie, et s'ils ne pouvaient pas avoir une ristourne sur les Souafles Reviens-Vite parce que c'était le troisième qu'ils achetaient depuis le début de l'année - autant de questions qui donnaient à Sasha le tournis et le faisaient parfois battre en retraite dans l'arrière-boutique, où on avait heureusement plus besoin de son énergie physique que de son cerveau.

A part le calme avant la tempête, ce qu'il aimait aussi, à cette heure-ci, c'était qu'on entendait les bruits de la maison : la vie des Carter qui s'animait ; des pas pressés, des échos de voix. La maison des Carter semblait avoir une vie propre, avec son rythme intimement lié à celui de la boutique. Sasha n'était jamais vraiment entré à l'intérieur, il n'avait eu que des aperçus - Charlie qui déboulait les cheveux encore humides, Alison qui claquait une porte au loin, Freya qui apparaissait, déjà un carton sous le bras et une liste à demi-raturée dans l'autre main pour le suivi des commandes. 

C'était un peu comme être proche de la frontière d'un pays enchanté, aux odeurs alléchantes mais interdites.

 

Ce matin-là, Freya était déjà dans l'arrière-boutique : il l'entendait s'affairer et elle avait dû, de son côté, percevoir les clochettes de la porte d'entrée tinter à son passage. Sasha passa timidement la tête dans la pièce arrière.

 

- Salut Freya.

 

Il n'avait jamais tout à fait réussi à se détendre avec l'aînée des Carter. Elle faisait naître en lui un genre de boule au niveau de l'estomac qui le rendait confus, et parfois curieux de l'observer à la dérobée quand elle était trop occupée pour s'en apercevoir. Alors il demeurait généralement laconique.

 

- Y'a une femme de Gnomes Sans Frontières qui veut qu'on mette ça sur le comptoir. J'en fais quoi ?

 

Il leva le paquet de tracts devant lui. Histoire qu'elle s'intéressât à ça plutôt qu'à lui de trop près, pour aujourd'hui. Après ça, il pourrait retourner se réfugier dans ses tâches - mais pas avant d'avoir reçu la liste des choses urgentes à faire en priorité, que Freya dressait pour lui tous les samedis matins en fonction de ce qui s'était passé dans la semaine.

 

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Sasha Shevchen

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Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

D'abord, un regard noir pour Gwen. Et puis, Sasha s'était éloigné sur la piste de danse, avec l'impression subite d'avoir des jambes en coton. Il s'était imaginé un refus sec, ou bien un refus moqueur, un refus outré, un refus froid, voire pourquoi pas une absence même de réponse. Et de tous les scénarios possibles, Alison avait opté pour l'impossible : elle avait accepté.

Le Gryffondor sentait son coeur se réveiller subitement, faisant battre à ses tempes un sang chaud au rythme inapproprié pour un slow, et il se demanda un instant s'il ne venait pas de faire une erreur capitale. Mais s'éloigner de la brochette le soulageait déjà, et il se concentra pour éviter de marcher sur les pieds d'Alison. Les odeurs de la jeune fille étaient pleinement perceptibles de nouveau. Elle s'était apprêtée, avec une robe mettant en valeur ses formes nouvellement acquises, mais Sasha évitait de trop baisser les yeux sur le corps en question. Il soutenait parfois son regard, parfois trouvait un point d'ancrage au loin, derrière elle - une absence de vision, réellement, puisqu'il n'y avait rien à voir au-delà.

 

- Toi non plus, t'es pas obligée de faire semblant.

 

Il avait mis une main sur la robe, au creux des reins d'Alison, espérant ne pas trop transpirer de ses paumes. Leur danse était quelque peu maladroite : ils étaient un peu raides, et les mouvements lents à laquelle la musique incitait n'étaient qu'une copie des autres couples, tout aussi peu habiles qu'eux, mais Sasha ne savait pas faire mieux. Il fronça les sourcils pour lui-même. Pourquoi était-il si empoté dès lors qu'il s'agissait d'Alison ?

 

- On manque un peu d'entraînement, tâcha-t-il de plaisanter en grimaçant un sourire pas très engageant. Tu rentres chez toi pour Noël ?

 

Il fallait bien qu'il posât une question, n'importe laquelle. Danser en silence était hautement embarrassant. Il réalisa qu'elle habitait à Pré-au-Lard. Elle rentrait n'importe quel week-end, si elle le voulait. Il s'humecta les lèvres.

 

- 'Fin j'veux dire, vous partez pas pour Noël ou quoi ?

 

Parce que moi je s'rai là, mais pourvu qu'elle pose pas la question. De ce qu'il avait entendu, les familles riches de Poudlard fêtaient Noël en Egypte, à New York ou à Tokyo. Les classes moyennes rentraient chez eux. Sasha était partagé entre la hâte d'être quelques temps libéré des cours et du regard des autres élèves, et la gêne que lui causait le fait que lui, comme les autres réfugiés, resteraient au château.

Ils tournèrent sur eux-mêmes, un peu plus tranquillement, se laissant porter. La robe d'Alison flottait, frôlait parfois les jambes de Sasha. Au détour d'une circonvolution, Sasha capta les regards d'un groupe de Serpentards goguenards - Lucian se tenait là, avec d'autres, et le Gryffondor leur réserva, à eux aussi, un regard dissuasif. Il finissait par les détester, ces Serpentards. Peut-être pour les provoquer, Sasha resserra sa prise, se rapprochant sensiblement d'Alison - leurs corps se touchaient maintenant, et c'était plus facile de suivre le mouvement, de guider la jeune fille - la forçant, en accélérant légèrement le mouvement, à s'accrocher davantage à lui. Ne pas réfléchir, ne pas réfléchir. Pour danser, pour se transformer.

Leurs souffles se percutaient presque, mais s'humectant les lèvres, Sasha préféra orienter son regard vers le main, prétextant se concentrer sur leur danse.

 

- Tu cherches toujours quelqu'un pour faire semblant ? Ou c'est pour de vrai maintenant qu'tu veux un prétendant ?

 

Il tâchait de garder un ton détaché, comme s'il prenait de ses nouvelles. Comme ça, pour savoir. De la part d'une vieille connaissance.

Mais au fond, il voyait bien, depuis leur séparation, comment Alison se comportait. Il avait beau ne pas vouloir l'observer, il avait vu le soin qu'elle mettait à plaire, à arranger sa frange, à serrer ses vêtements autour de ses formes, à mettre ce soir du rouge à lèvres, à lisser ses cheveux qui n'étaient pas comme ça quand on enlevait les enchantements, à rire aux blagues immatures de Ryder le fameux joueur de Quidditch pendant les cours de potions.

Son coeur battait fort, il n'aurait pas dû poser la question. C'était bien trop évident. Mais le mal était fait.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Si Sasha ne connaissait guère beaucoup les joueurs de Quidditch célèbres d'Angleterre en arrivant à Poudlard, depuis janvier, il avait appris à identifier les visages et les noms de beaucoup d'entre eux désormais. Parmi eux, bien sûr, les stars du moment comme Elliot Blackburn et celles du passé comme Owen Carter. Ni l'un ni l'autre ne lui inspirait beaucoup d'admiration : le premier attirait beaucoup trop l'attention des jeunes filles dans la boutique ; quant au second, il trouvait étrange de ne l'avoir jamais vu à la boutique après presque deux mois passés à y travailler. Non que ça le chagrinât outre-mesure : il n'avait guère envie de se confronter au père des filles dont il avait inutilement mis la vie en danger dans la Forêt Interdite de l'une et fantasmé sur la seconde après s'être retrouvé un peu trop collé contre elle à quelques reprises. (Pour la troisième, au moins, il n'avait encore fait aucune bêtise particulière.)

Toujours était-il qu'il s'était habitué à la présence étrange de toutes ces personnalités dont les posters s'étalaient sur les murs, à qui Freya parlait parfois comme si elle se rendait à peine compte qu'ils n'étaient pas réels.

 

Il avait accueilli avec soulagement la liste des premières tâches, se dérobant à la vue de la jeune femme pour aller enchanter un balai et une pelle pour récupérer les copeaux enchantés. Il fallut user de quelque stratégie pour éviter à certains de s'enfuir de l'atelier pendant que Freya avait rejoint la boutique, après quoi il se dirigea vers les vitrines.

A la main ou avec des enchantements, Sasha n'était jamais mécontent d'être affecté aux tâches d'entretien, bien au contraire. Ce qui le gênait le plus, c'était de devoir gérer des clients. S'il fallait renseigner sur où se trouvait un article, il n'y avait pas de problème, mais il devenait maladroit dès lors que la discussion devenait trop technique. S'il fallait une spécialiste, il renvoyait vers Freya. Il gardait un oeil sur les enfants, aidait les petites filles à saisir ce qui était trop haut pour elles, surveillait les garçons plus âgés qui louchaient sur les paquets de cartes à collectionner. Bref, nettoyer la vitrine lui convenait très bien, et lui-même n'avait même pas remarqué les regards des posters - il s'était habitué à leurs gesticulations sans interagir avec eux.

 

Mais quand Freya intervint, Sasha accroupit près de la vitrine sursauta. Il leva vers elle une mine surprise, avant de comprendre.

 

- Ah, ça. C'est rien du tout, il dit en portant une main à sa tempe, et se hâta de détourner le visage pour reprendre sa tâche - astiquer la vitrine de l'intérieur - il sortirait dans quelques instants faire l'extérieur.

 

Malheureusement, il avait senti que Freya s'était approchée, et il sentit un certain malaise le gagner. Zut. Il avait cru pouvoir s'en sortir plus simplement. Alors il la regarda de nouveau, se redressant, un peu déconfit. Sasha n'avait jamais vu l'aînée des Carter s'intéresser à lui de si près - il déglutit, reculant malgré lui face au regard automnal, mais un peu trop fixe, de Freya. 

 

- Ca va gêner pour les clients c'est ça ? il admit, réalisant un peu tardivement qu'il ne serait en effet pas très accueillant - déjà que ce n'était pas exactement son fort.

 

Il faillit proposer de rester dans l'arrière-boutique, mais se ravisa. Il n'était pas là pour se cacher et il le savait : Freya avait besoin de lui autant à l'avant qu'à l'arrière ; c'était un navire qui prenait sacrément la houle les week-ends et on ne pouvait vraiment pas aller se cacher dans les cabines. Sasha eut une moue contrite.

 

- J'suis désolé, j'ai pas eu le temps d'arranger ça, s'excusa-t-il.