Harry Potter RPG
Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Saï Don
Message publié Samedi 08 Février 2025 à 08:00

Deb, créature sauvage du Morbihan, 

Est apparue un jour dans mes contacts Discord

A la manière d'un pirate qui aborde

Avec un sourire, des blagues, et sans accent.

 

Avec elle, tel un compagnon de pillage

Un Stitch criait que je ne les reverrai pas

J'ai eu peur, mais heureusement Deb était là

Sereine et les pieds nus plantés sur le rivage.

 

Elle faisait genre elle aussi était Serpentard !

Elle aussi pouvait se moquer, et dépouiller

Le premier venu qui se laisserait duper !

Tout en brillant dans le ciel breton comme un phare.

 

J'ai décidé d'embarquer, le temps a passé

Les mauvais vents et les monstres de la mer

Nous les avons combattus, vaillantes et fières

Gardant Stitch sous contrôle et après nous la paix

 

Ce fut un périple parsemé d'aventures

Mais je n'ai jamais vu le serpent annoncé

Mais la bravoure d'une Gryffondor ignorée

Et la bonté d'une Pouffy, je vous l'assure

 

Alors certes si vous ajoutez un accent

Elle peut ruer bien aussi fort qu'un caribou

Mais j'empêcherai que vous rendiez coup pour coup

Car je veux garder ma Pouffy du Morbihan.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Pour détendre l'atmosphère, et inviter plus facilement les élèves à s'approprier la piste de danse, une musique de rock'n'roll aux sonorités magiques, pleine de clochettes et autres choeurs de Noël, emplissait maintenant la Grande Salle. Des élèves se massaient autour des buffets ; les plus téméraires se lançaient déjà au milieu pour se déhancher en gloussant comme autant de dindons paniqués, les plus timides frôlaient les murs et disparaissaient presque derrière les hauts sapins qui décoraient les quatre coins de l'immense pièce.

Sasha s'était posté près de l'un d'eux, un énième jus de citrouille à la main, maudissant intérieurement l'administration de Poudlard qu'ils n'eussent pas accès à de l'alcool : il en aurait eu bien besoin. Des filles passèrent devant lui en lui jetant quelques regards et il se tint raide, prêt à rétorquer à la moindre attaque ou moquerie, mais aucune ne vînt. Malgré tout, il capta un groupe de Serpentards discuter à voix basse, des sourires mauvais aux lèvres, et décida que c'étaient sûrement eux qui se moquaient le plus.

Aussi, quand une boule bleue et rousse apparut subitement devant lui, Sasha sursauta, manquant de s'étouffer avec son jus de citrouille, qu'il se hâta de reposer. La petite fille s'était faite aussi belle que les grandes, et les tissus vaporeux de sa robe rappelaient son caractère doux et rêveur. Sasha mit les poings sur les hanches pour mimer l'admiration surprise.

 

- Oh, wahou, ben t'es drôlement jolie toi, on dirait une fée !

 

Charlie parlait bien plus vite que lui. Elle avait déjà raconté tout un tas de choses quand il réussit à se sentir un peu moins brûlant et essouflé. Son coeur avait ralenti, et il acquiesçait en écoutant d'une oreille, intérieurement reconnaissant envers Charlie de lui donner l'occasion de ne pas avoir l'air du vilain petit canard qui ne faisait que se goinfrer seul à une table.

Il se laissa tomber sur une chaise en l'écoutant. Charlie s'était retournée vers la foule, prête à profiter de la soirée en bourdonnant d'un groupe à l'autre, tandis que Sasha s'occupait les mains en triturant une serviette en papier bleue pailletée entre ses doigts. La couleur lui faisait penser à celle arborée par Charlie.

 

Au commentaire concernant Alison, Sasha s'était contenté de grimacer un sourire gêné. Il avait essayé de ne plus penser à elle, ces dernières semaines : il estimait qu'il avait fait ce qu'il avait pu pour le deal ; être le petit ami parfait, ce n'était sûrement pas dans ses cordes pour les standards de la jeune Carter. Et pourtant, il avait du mal à abandonner et accepter la défaite : ce n'était pas tant pour la fille en question, se convainquait-il, que parce qu'il n'aimait pas ne pas parvenir à ses fins. Et puis, ses notes avaient plongé depuis qu'ils ne travaillaient plus ensemble, alors, il caressait encore de temps à autre l'idée d'avoir un binôme, une équipe, peu importe. Quelque chose qui lui permît de surmonter les épreuves. A la guerre, il avait appris quelque chose : face à un ennemi, seul, on ne vaut pas grand chose. Notre vie repose sur nos camarades. Ici, Alison était la forme la plus proche de cette sensation de faire partie d'une escouade qu'il avait pu connaître à Poudlard.

Alors, il décida, comme ça, sur un coup de tête : ce soir, il jouerait sa dernière carte pour tenter de sauver l'équipe. Et si ça ne fonctionnait pas... Il faudrait sûrement apprendre à faire cavalier seul, finalement.

 

Juste avant que Charlie ne disparût, Sasha lui tendit ce qui restait de sa serviette en papier : il l'avait plusieurs fois replié ; humidifié la base du pliage et déchiqueté les bouts de feuillets qui s'ouvraient désormais comme une fleur bleue et ronde, en forme de cloche.

 

- Tiens, c'est pour aller avec ta tenue. C'est une... Er, une dzvonyky, fit-il en haussant les épaules : je connais pas le nom en anglais. Mais elle porte chance chez moi.

 

Sur ce, Charlie disparut, et il se mit à scruter la salle. A l'autre bout, sur un banc, la brochette entière s'était constituée - le vert et l'argent l'emportaient de loin sur les couleurs favorites des Serpentards, et on voyait les filles s'échanger des messes basses. Il ne fallait pas qu'il se fît d'illusion : à Halloween, il avait attendu toute la soirée qu'elle fut seule, et finalement, il avait gaspillé son temps. Alison ne quitterait probablement pas sa brochette. Il prit la serviette suivante, pour faire une autre fleur, puis une autre. Il les aligna sur la table.

Trois, et Alison ne se levait toujours pas.

Quatre : aucun garçon pour l'inviter n'avait commencé à se battre.

Cinq : s'il tardait trop, le slow qui débutait pouvait peut-être la convaincre.

 

 

Sasha se leva, un peu raide, et délaissa la sixième fleur à demie fabriquée, qui se déplia sur le coin de la table, tâchée de jus de citrouille.

Les clochettes de Noël résonnaient dans la musique, mais il ne les entendait pas. Il avait décidé de traverser la salle sans tergiverser : qu'elle dît oui ou non, le résultat serait le même : il serait fixé, il pourrait décider s'il l'ignorerait ensuite, elle ne pourrait pas dire qu'il n'avait pas été galant, qu'il n'avait pas joué le jeu du deal. Et qu'importait les jugements de la brochette ? Il avait trop souvent affronté leurs regards pour savoir que les amies d'Alison ne lui étaient pas favorables de toute façon. Qu'elles se moquassent un peu plus ou un peu moins ne changerait rien.

 

Malheureusement, la Grande Salle n'était pas si grande : en quelques secondes à peine, il l'avait traversée, pour se retrouver planté devant la brochette, et il se maudit de ne pas avoir préparé exactement ce qu'il allait dire. Il se trouva subitement à l'étroit dans son costume, comme si de nouveau il était un ours en uniforme - une allure absurde, probablement hilarante. Trop tard, de toute façon.

 

- Tu veux danser, il dit à Alison.

 

Ca aurait dû être une question, mais ça ne sonnait pas vraiment comme tel ; c'était un genre de constat pas très assuré qu'il lançait, à mi-chemin entre un ordre et une hypothèse. Il tendit la main vers elle, le coeur battant, sentant sur sa nuque et ses joues les regards des élèves alentours qui observaient la scène, certains cachant derrière leurs mains leurs sourires goguenards.

 

You could be happy, s'était mise à chanter la voix dans la musique, et Sasha se prépara à recevoir le refus qui mettrait, enfin et définitivement, un terme à ce combat stupide qui consistait à sauver un deal qui n'avait pas de sens.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Bibliothèque, Mercredi 27 Septembre 2124

Sasha avait planté ses talons dans le sol quand le bibliothécaire l'avait saisi par les épaules aussi sûrement qu'un âne enfonçait ses sabots dans la boue lorsqu'il refusait d'avancer. Malheureusement, l'enthousiasme de Beckett eut raison de sa posture et il se sentit propulsé en avant, jetant vers l'arrière quelques regards absolument désespérés : mais des quelques élèves regroupés dans des poufs, il n'obtint pas la moindre aide sinon des rires à peine dissimulés.

 

Le pire était que la séance de danse n'était pas prévue en privé : le bureau de monsieur Beckett n'était autre qu'un gros comptoir d'angle en bois massif qui croulait sous divers objets, parchemins et ouvrages, offert à la vue de tous les élèves - et autres personnels - qui avaient décidé de fréquenter l'endroit à cet instant-là. Sasha ne put s'empêcher d'offrir un regard de supplication silencieuse au bibliothécaire ; mais, imperméable à sa détresse et plongé dans sa propre démonstration, ce dernier n'y fit guère attention.

 

- Non mais vous savez moi l'art c'est pas trop mon...

 

Sa voix s'éteignit dans un soupir affligé, ses yeux examinant la posture étrange du danseur improvisé : Beckett tremblait comme un arbre qu'on aurait secoué, toutes ses branches et ses feuilles remuant frénétiquement. Un peu plus et Sasha aurait pu voir les gouttes et les fruits se décrocher pour s'écraser par terre.

 

Alors, n'écoutant que son courage qui ne lui disait rien qui vaille, Sasha sortit les mains de ses poches - à contrecoeur, striées de balafres noires, mais à demi enfoncées dans ses manches, pour les laisser retomber le long de son corps. Il lui semblait que la bibliothèque était devenue étrangement silencieuse, comme si les bouquins eux-mêmes retenaient leur souffle pour savoir ce qu'il allait faire.

 

Mollement, Sasha secoua un peu les mains.

 

Il rencontra le regard du bibliothécaire et comprit que ce n'était pas suffisant. Alors il secoua un peu le buste et les épaules, dans une pâle imitation de Beckett. Des élèves pouffèrent de rire un peu loin, et cette fois Sasha s'épargna la contorsion (et la déconvenue) de se retourner pour les voir se moquer de lui. Mais un nouveau regard avec le professeur de danse l'informait que ce n'était toujours pas suffisant.

 

Alors, Sasha prit une grande inspiration, comme s'il allait se jeter à l'eau. Et puis il fit ce qui lui semblait le plus instinctif et qui devait (peut-être, ou pas) ressembler à l'exercice demandé : il s'ébroua brutalement. Ses cheveux volèrent autour de son visage, tout son corps fut pris d'une série de spasmes, secouant ses vêtements lâches sur lui comme un pelage bigarré - d'une façon fort peu naturelle pour un humain.

 

L'instant suivant, il était revenu à son apparence habituelle - ses cheveux juste complètement dérangés, ses yeux attentifs pour savoir s'il était débarrassé de ce premier exercice.

 

- J'suis vraiment pas sûr, Sir, il chuchota comme une supplication, implorant du regard l'abandon de cette punition.

 

Mais bizarrement, les rires s'étaient arrêtés dans son dos. Ils ne tarderaient pas à reprendre, c'était évident : tout le monde attendait la suite.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 16 Décembre 2124

Au moins une chose était sûre : il ne s'était pas trompé de famille : la jeune femme qui était apparue devant ses yeux avait le visage couvert de tâches de rousseur et la chevelure aussi flamboyante qu'Alison et Charlie. Avec - heureusement, songea Sasha - des traits dont émanaient effectivement la spontanéité et la gentillesse de la benjamine et moins la sévérité de la cadette.

 

- Hhuummm... Bon-jour... Mais je viens pas pour acheter.

 

Sasha cligna de ses yeux arrondis par la surprise. Derrière le comptoir qui le cachait à demi, il avait rassemblé ses doigts pour les assembler machinalement, comme pour s'aider à se concentrer. Le regard de Freya et son naturel épanoui étaient si loin de ce à quoi il s'était attendu qu'il se sentait soudain intimidé. Peut-être était-il insuffisamment civilisé, au fond, et que c'était là le problème que les autres avaient perçu. Mais il n'avait pas encore dit son dernier mot et il s'humecta les lèvres en s'efforçant de soutenir le regard de la rousse.

 

- Je m'appelle Sasha, élève en sixième année à Poudlard, et je cherche du travail.

 

Il avait fait de son mieux pour masquer son accent, en articulant lentement, tout en se demandant si Alison ou Charlie avaient pu prononcer son nom dans leur famille. De toute façon, il était trop tard pour revenir en arrière. Comme il vit, à peine perceptiblement, l'expression de la jeune femme changer, il reprit subitement une inspiration pour enchaîner :

 

- Je peux faire plein de choses que les autres ont pas envie de faire ! Tant pis pour l'accent. Je peux nettoyer les sols et déneiger le trottoir, et...

 

Les yeux de Sasha se promenèrent désespérément autour de la jeune femme - repérèrent les listes de commandes et d'adresses griffonnées sur des morceaux de parchemin, les pots de cire formant une pyramide à côté de son épaule.

 

- ... et recompter des articles pour les mettre dans des boîtes ou cirer des balais et livrer des trucs ou aller faire des courses. Ou aller distribuer des publicités ou coller des affiches, puis je sais bien réparer les machines qui marchent pas. Je me lève tôt et j'suis disponible toutes les vacances de Noël tous les jours, et...

 

Depuis la rue, les éclats de voix d'une conversation leur parvinrent, annonçant que la rue allait doucement commencer à s'animer malgré le froid qui dissuadait encore les lève-tards de s'aventurer dehors. Mais ces bruits, troublés par les secousses discrètes d'un Cognard un peu trop enthousiaste de démontrer ses fonctions malgré les sangles qui le retenaient fermement dans son coffret de cuir, semblaient subitement souligner l'embarras du garçon dont les joues s'étaient peu à peu empourprées. Pourquoi était-ce encore plus compliqué face à une Carter ? Les Carter brouillaient tout.

Sasha réalisa soudain que son coeur battait à tout rompre. C'était sûrement la dernière boutique à laquelle il oserait se présenter pour aujourd'hui. Si ça ne fonctionnait pas...

 

- J'peux faire un essai gratuit, il ajouta précipitamment avant qu'elle ouvrit la bouche, comme si c'était sa dernière chance de produire un argument convaincant.

 

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 16 Décembre 2124

C'était un samedi matin orné d'un soleil froid, qui jetait sur la Grand Rue de Pré-au-Lard une clarté glacée semblable aux gelées de janvier - sauf que les décorations de Noël ornaient les devantures des magasins, des bougies réchauffant artificiellement le coeur des passants qui se presseraient bientôt pour poursuivre leurs emplettes avant les célébrations de fin d'année. Une neige épaisse était tombée pendant la nuit, mais la rue était déjà dégagée. Les trottoirs étaient flanqués de bordures de neige empilée, à demi-boueuse, qui disparaîtrait bientôt sous les bottes des promeneurs, encore rares à cette heure-ci. Il devait être près de 8h, et à cette heure, Pré-au-Lard était surtout animée des commerçants qui déneigeaient de quelques coups de baguettes devant leur devanture, mettant en place ici et là les animations qui rendraient attractive leur boutique pour la journée. Leurs gestes rapides trahissaient à la fois l'habitude de ces mouvements répétés chaque matin sur les derniers jours autant que l'urgence que tout fût prêt à cette époque de l'année.

 

A priori, Sasha avait pensé que c'était le meilleur moment pour les aborder : pas encore dans le feu de l'action à répondre aux exigences des clients, ni harassés après une journée intense de travail. Pourtant, il lui semblait désormais qu'il avait mal calculé : les réponses qu'on lui avait faites étaient brusques, lapidaires. Ils ne voulaient rien avoir à faire avec lui. Sasha avait tenté de varier sa présentation, avant de finir par enfoncer les mains dans ses poches - les sortir, les laisser dans ses poches, telle était toujours une question insoluble car les deux induisaient toujours un résultat négatif. Quant à savoir ce que son allure et son accent trahissaient de son origine et de son histoire, et de la façon dont cela influençait les interactions qu'il avait, il préférait ne pas trop y penser. Il avait poursuivi son chemin sur le trottoir, le nez à contempler le bout de ses baskets qui avançaient l'une après l'autre.

 

Peut-être qu'on voyait qu'il était pauvre, comme il avait cru qu'Alison l'avait remarqué. Peut-être qu'il ne parlait pas si bien anglais. Peut-être que ce n'était tout simplement pas le bon moment, pas la bonne solution. Ou bien il y avait un problème avec lui.

 

Cette question devenait plus récurrente à mesure qu'il évoluait à Poudlard. Presque la moitié de l'année s'était écoulée, et le bilan de ses réussites étaient bien maigres, tant sur le plan académique que social. Pas un ami à l'horizon. Ou peut-être Charlie Carter, mais Sasha n'assumait pas beaucoup qu'une petite fille de treize ans fusse la seule personne qui l'eût trouvé fréquentable.

 

Carter.

 

Comme dans Owen Carter Quidditch, ces grandes lettres qui s'alignaient au-dessus du n°76.

 

Sasha s'arrêta pour relever le nez devant la façade qui paraissait encore endormie.

 

Il n'ignorait pas qu'il y avait un lien entre les soeurs Carter et cette boutique, tout simplement parce que les férus de Quidditch avaient plusieurs fois mentionné l'endroit pendant les cours de Vol - qu'il suivait, Merlin merci, avec les 6ème années, car Sasha était meilleur dans cette pratique qu'en potions ou en botanique. On disait que les Carter tenaient une marque de renom, que les balais de la boutique étaient fabriqués à la main et faisaient concurrence à des balais de notoriété internationale.

 

Evidemment, il y avait pensé. Mais en raison de sa non-relation avec Alison, il avait soigneusement évité de s'y présenter.

 

Sauf que si personne ne voulait de lui... Le reste des Carter était peut-être davantage comme Charlie que comme Alison. Que perdait-il à tenter ?

 

Après un coup d'oeil autour de lui - comme si quelqu'un avait eu l'idée saugrenue de le suivre à Pré-au-Lard un week-end, Sasha poussa la porte.

 

Une petite clochette émit un bruit discret, et puis il se retrouva dans un environnement plutôt chaud. Des étagères regorgeaient de produits en tous genre d'un côté, des balais s'alignaient de l'autre. Des décorations suspendues étaient soigneusement disposées, faisant certainement rêver les jeunes enfants par cette liberté incroyable qu'offrait d'échapper à la gravité terrestre en enfourchant un morceau de bois. Sasha se hâta de remettre les mains dans ses poches : non pas pour les cacher, mais parce qu'il avait l'impression que sa carrure un peu large et ses mains maladroites auraient sûrement tôt fait de détruire les choses délicates qui étaient si proprement organisées à ses yeux.

 

Le comptoir était vide. Sasha se trouvait là, seul, dans la boutique, avec ses baskets mouillées par la neige et ses cheveux décoiffés. Après quelques secondes, il se décida à avancer un peu plus, pour aller jusqu'à la banque où se presseraient les clients dans quelques heures, et osa sortir un index pour appuyer sur la petite clochette.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 16 Décembre 2124

Sasha avait suivi des yeux les déplacements et les gestes machinaux de la jeune femme. Les décorations lumineuses et les animations des objets donnaient à l’endroit une joyeuseté qui créait un cocon dans lequel il pivota, faisant vaguement vaquer son regard le nez en l’air vers les minuscules balais qui parcouraient le plafond comme autant d’étoiles filantes. Bientôt, il baissa les yeux pour regarder de nouveau la gérante tandis que son visage se décomposait.

 

Les parents ou le directeur de maison.

 

-    J’peux demander une autorisation à mon directeur de maison !

 

Que le directeur de maison en question acceptât relevait d’une autre incertitude, mais il pouvait toujours demander. Il s’humecta les lèvres, fit disparaître ses mains dans ses poches en passant d’un pied sur l’autre.

 

-    Heu, ouais, j’suis nouveau. Depuis septembre.

 

Sasha ne savait pas s’il devait développer. Le fait de ne pas avoir déjà reçu une réponse négative était plutôt encourageant, mais la jolie rousse avait visiblement d’autres préoccupations en tête. Machinalement, l’ukrainien se remit à observer autour de lui. Il se dévissa le cou pour jeter un œil vers l’arrière-boutique silencieuse. Était-elle seule ici ? Ça ne pouvait être la mère d’Alison, elle était beaucoup trop jeune. (Et jolie, l’a-t-on déjà dit ?) Donc c’était une sœur, ou une tante. Il ne parvenait pas vraiment à lui donner un âge. Peut-être suffisamment jeune pour qu’elle se fût effectivement attendue à l’avoir déjà croisé dans les murs du château…. Donc qu’elle avait au moins 17 ans quand il en aurait eu 11. Elle devait donc avoir à peine plus de 20 ans. Sasha prit une inspiration, puis il alla lui aussi vers une étagère, choisie un peu au hasard. Des figurines animées s’étaient entassées dans un coin à force de mouvements enchantés répétés et il les réaligna pour rendre l’exposition plus agréable à l’œil.

 

-    Heu… ça doit être chargé avec Noël.

 

Ben oui, dourak, se morigéna-t-il, mais il n’avait rien trouvé de mieux à dire. Un faux vif d’or s’éleva d’un sac voisin et il l’attrapa en un réflexe soudain pour le replonger dans son sac d’appartenance. Quelle idée de vendre autant de choses enchantées. Est-ce qu’elle n’en perdait pas la moitié à chaque fois que quelqu’un ouvrait la porte ?

 

-    Il y a des voleurs ? Je peux surveiller, aussi. Vous êtes toute seule ?

 

Il se retourna vers la gérante et sentit ses joues s’empourprer de nouveau, et il se hâta de désigner d'un geste du menton la boutique qui les entourait.

 

-    J’veux dire, pour gérer tout ça, quoi.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 16 Décembre 2124

- Oh, waouh.

 

C'était donc le père des Carter qui avait emmené sa famille dans le Quidditch, à commencer par la gérante qui connaissait si bien les noms des joueurs de toutes les équipes, y compris celle de Bulgarie, que Sasha en resta un bref instant bouche bée. L'exercice que la jeune femme s'imposait avait l'air drôle, mais ça devait nécessiter une sacrée passion pour rester constamment à jour. Une pensée lui traversa l'esprit - le père d'Alison, celui qui n'aurait sûrement pas voulu qu'elle déboutonnât sa chemise pour attirer les garçons dans une serre de botanique, n'était donc autre qu'un grand joueur professionnel de Quidditch. Voilà pourquoi Charlie voulait qu'il surveillât Alison en son absence : sûrement qu'Owen Carter parcourait le monde pour jouer encore de grands matchs, ou peut-être même pour dénicher les nouveaux talents pour une équipe nationale ou une autre. Sasha se l'imaginait grand, habillé comme un sorcier d'affaire avec de grandes robes noires et une petite sorcière qui lui courait après en prenant des notes et en lui annonçant qui il allait rencontrer à son prochain rendez-vous.

 

Les images s'effacèrent de son esprit et le garçon reporta son regard sur les derniers morceaux de cuir qu'il arrangeait, avant de se lever à son tour à cause du ton solennel qu'elle prenait. Dans un geste nerveux, il épousseta son pantalon - alors que pour une fois, il n'était pas sali - pour se concentrer sur ce qu'elle avait à dire, les yeux fixés sur elle comme un félin aurait braqué son regard sur un objet qui avait bougé de façon inattendue.

 

- Ah.

 

Il avait eu du mal à masquer sa déception. Dans les premières idées qui l'avaient amené à arpenter la Grand Rue de Pré-au-Lard ce matin, il s'était imaginé pouvoir faire ne serait-ce que quelques mornilles sur les premiers jours des vacances. Mais vu les refus qu'il avait essuyé avant d'entrer chez OCQ, la proposition de miss Carter faisait figure de miracle. Alors il secoua subitement la tête de haut en bas.

 

- Oui oui, ça me va, se dépêcha-t-il de répondre, tâchant de faire bonne figure. Puis ça m'laissera le temps de réviser les équipes, alors.

 

L'interruption de Madame Forbes le sauva d'une conversation conclusive qu'il n'aurait pas su mener élégamment de toute façon.

 

- Gryffondor. J'vais aller voir mon directeur lundi.

 

Madame Forbes s'avançait dans la boutique d'un pas pressé, revêtue d'une grosse fourrure dans lequel son long cou disparaissait, et elle posa sur Sasha un regard absent.

 

- Bon, j'vous laisse travailler alors, déclara-t-il avant de s'effacer vers la sortie, désireux de s'échapper lui aussi même s'il aurait aimé continuer à rester au chaud à ranger la boutique.

 

Même gratuitement, songea-t-il étrangement tandis qu'il ouvrait la porte - déclenchant de nouveau le tintement. Alors avant de disparaître, il lança par-dessus son épaule.

 

- Et si jamais Noël c'est compliqué et vous avez b'soin d'aide appelez-moi hein ! Votre soeur saura m'trouver on s'connait !

 

Il referma la porte à la hâte et sa silhouette disparut derrière le rideau de fausse neige.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de Potions, Lundi 18 Décembre 2124

Le lundi à midi, monsieur Brooks devait terminer son cours avec les 4ème années.

Non pas que l'emploi du temps du professeur de potions intéressât Sasha d'une manière ou d'une autre... Sauf que voilà, cette fois, il avait besoin de lui parler. Un tel besoin qu'il avait même exceptionnellement retardé sa course à la Grande Salle, prenant le risque odieux de laisser tous les morceaux de poulet aux autres. A la place, et comme le lundi matin il n'avait pas cours, il avait soigneusement réfléchi à ce qu'il allait dire. Bien qu'il n'était pas du genre très soigneux, cette fois il avait décidé de se préparer : il avait collecté les différentes notes obtenues dans les matières - quelqu'un lui avait dit que ce serait important, et il avait même rédigé une petite lettre sur un parchemin, qui disait quelque chose comme ceci :

 

 

Cher mister Brooks,

Sir,

 

Je souhaite vous demander officiellement l'autorisation de pouvoir travailler à Pré-au-Lard à côté de mes études à Poudlard. Ce serait seulement le dimanche. C'est important pour moi de pouvoir gagner un peu d'argent pendant les week-ends ou les vacances quand les autres seront dans leur famille.

 

Très respectueusement,

 

Sasha Shevchen, 6ème année.

 

 

A la bibliothèque où il était allé rédiger sa lettre, une autre sixième année Serdaigle, très timide et disparaissant à moitié derrière un rideau de cheveux noirs, avait accepté de corriger ses fautes d'orthographe. Après avoir recopié proprement la version sans faute, il avait fallu attendre jusqu'à la fin de la matinée. Il avait bien essayé de réviser pour le test que le professeur d'Histoire de la Magie leur réservait pour le lendemain, Sasha n'avait pas réussi à se concentrer. Il s'en était donc allé rejoindre les cachots pour attendre devant la porte de la salle de Potions pendant vingt bonnes minutes. De l'autre côté du panneau de bois, on entendait la voix grave du Directeur de Gryffondor qui donnait ses instructions - Tournez 15 fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre ! - et quelques murmures provenant des élèves. Les cachots étaient légèrement humides, et Sasha ne pouvait s'empêcher de jeter régulièrement des coups d'oeil vers le couloir : au fond de la coursive, il y avait l'entrée des quartiers privés des Serpentards. Il ne s'en était plus approché ces derniers temps, et il redoutait de voir l'une ou l'autre des Serpentards qu'il connaissait en devant s'expliquer quant aux raisons qui l'amenaient là.

 

Heureusement, la fin du cours arriva sans que la moindre souris traversât le couloir, et bientôt la porte s'ouvrit pour déverser un flot d'élèves. Aucun d'eux ne lui prêtèrent la moindre attention, et bientôt, la salle de classe était redevenue silencieuse. Sasha osa entrer d'un seul pas. Monsieur Brooks était en train d'observer une potion dans une fiole qu'il tenait à hauteur d'yeux, assis sur son bureau, une plume en main. Sûrement pour noter le travail des quatrième années. Sasha s'éclaircit la gorge, puis il toqua à la porte ouverte.

 

- M'sieur Brooks ? J'peux vous parler une minute ?

 

Il attendit d'avoir un signe d'assentiment avant de s'avancer et de rejoindre le bureau qui séparer alors l'élève et le professeur. Sasha roulait des épaules inconsciemment, trahissant sa gêne, mais il finit par s'humecter les lèvres et se lancer.

 

- Voilà, j'vous ai apporté mes notes, puis une lettre. Comme vous êtes mon directeur de maison, j'voulais savoir si vous pouviez me donner une autorisation pour travailler de temps en temps à Pré-au-Lard.

 

Il déposa les documents sur le bureau, devant lui, à côté des fioles qui s'alignaient proprement, toutes remplies d'un liquide rosâtre dont la teinte variait d'un contenant à l'autre. Sasha était incapable de dire ce dont il s'agissait. Les Potions n'étaient clairement pas son point fort, mais il espérait que ses notes en Soins aux Créatures Magiques notamment pouvaient démontrer qu'il pouvait travailler correctement.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

Sasha avait fusillé Ferguson du regard. Il ne connaissait pas ce type - sauf à avoir croisé sa gueule d'imbécile ici et là dans les couloirs sans lui prêter grande attention. Mais visiblement, son attention à lui aussi avait été attirée par Alison Carter, même si cette dernière semblait avoir jeté son dévolu sur Spike - un des Serpentards avec qui il avait eu cours, qui débordait d'arrogance à cause de ses performances au Quidditch. L'ukrainien crevait d'envie d'intervenir pour remettre le Poufsouffle à sa place, mais il rongea son frein en silence, ses yeux mauvais allant de l'un des prétendants d'Alison à l'autre.

 

Heureusement, l'intervention du professeur l'arracha un instant à ses réflexions pour l'affecter... A l'atelier concernant l'offensive. Parfait. Avec Julian et Ambrose. Moins parfait. Une pointe de déception lui picota les entrailles : ce ne serait peut-être pas aujourd'hui qu'il pourrait directement se mesurer à l'un de ses concurrents. Avec un soupir discret, toutefois, il s'exécuta pour aller vers l'atelier où des mannequins enchantés se dressaient, leur tête sans visage semblant les narguer avant même que ne commençât l'exercice. Sasha se dirigea vers le premier des mannequins pour lui faire face. Il lui semblait que celui-ci frémissait... A moins que ce ne fût son imagination ?

 

Il avait déjà sorti sa baguette, près à intervenir dès le top départ. Il n'avait pas besoin des cinq minutes de réflexion. Sur un vrai champ de bataille, vous ne les aviez pas. Mais cela, dans ce groupe d'élèves, il était le seul à le savoir pour l'avoir vécu. Certes, Sasha n'était pas meilleur sorcier, ni sur le papier ni en pratique que ses camarades, mais il avait conscience que toute sa force résidait dans son mental : son expérience était un atout, et le sang qui battait à ses oreilles une autre : naturellement, l'adrénaline venait à lui en situation de combat, amenant une forme de clarté à son esprit, une concentration qui n'était que parasitée par les regards qu'il avait envie de lancer à l'atelier voisin.

 

Mais il ne fallait pas. Il était là pour faire ses preuves.

 

Alors, dès que les cinq minutes se furent écoulées, Sasha dressa sa baguette.

 

- Gelata, annonça-t-il avec un mouvement ferme du poignet, en direction du sol.

 

Un fin jet vaporeux s'écrasa aux pieds du mannequin, touchant autour toute la surface en pierre. Le faux adversaire se mit à gigoter sur place en tâchant de garder son équilibre. Il soulevait un pied puis l'autre en essayant vainement de s'y arracher. Sasha en profita pour jeter un coup d'oeil vers Ambrose et Julian, histoire de voir le niveau qu'ils avaient. 

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les collines non loin de Pré-Au-Lard, Samedi 17 Février 2125

Tout n'est pas ce qu'il semble être.

 

Ca, c'était toujours vrai. Lui-même, par exemple, était-il vraiment un garçon ? Probablement pas. Probablement plus.

Une fois de plus, Sasha n'avait qu'envie de se transformer. Sous sa forme animale, rien ne trompait jamais son odorat : tout ce qui ne semblerait pas être serait ainsi démasqué. Mais il ne pouvait tout simplement pas révéler aux autres sa carte maîtresse. C'était mieux ainsi, se convainquit-il, les pas portés par la voix de Sam qui, après que Sasha les eût à tort amenés sur une butte où aucune balise ne se trouvait.

 

  • - Wahou, t'as l'oeil, souffla le Gryffondor en emboitant le pas à la Poufsouffle.

 

En effet, ils s'enfoncèrent entre quelques buissons pour découvrir un pieu. Il s'accroupit silencieusement aux côtés de Sam, les mains sur les genoux. Sowilo, il n'avait aucune idée de ce dont il s'agissait, mais il approuva comme si elle maîtrisait parfaitement le sujet.

En réalité, il n'était pas mécontent d'avoir la Poufsouffle dans leur équipe. De tous les élèves avec qui il avait partagé un cours, c'était bien la seule et l'unique dont il se souvenait avoir reçu un vrai mot de gentillesse. Sam était fidèle à ce que l'on disait des Poufsouffles : une vraie bonté, sans arrière pensée apparente. Le monde des blaireaux paraissait plus simple que celui des autres, faits de moins d'apparences et faux semblants.

 

  • - Hum...

 

Sasha leva le nez au ciel après avoir longuement observé la rune. Ils n'étaient pas censés directement trouver la constellation au-dessus de leurs têtes, certainement ; ils devaient puiser dans leurs connaissances de l'astronomie, mais enfin, cela l'aidait à se concentrer sur l'objet de leur quête : les étoiles.

Sasha aimait les étoiles. En fait, il aimait souvent tout ce qui se rapportait à la nuit : c'était un univers dans lequel il était à l'aise. Mais il avait beau avoir passé de longues à contempler a voûte céleste, à l'autre bout de l'Europe, l'Ecosse permettait rarement une observation tout à fait sans nuage. Cette fois, pour autant, ils avaient la chance d'avoir une belle nuit. Sasha laissait son regard parcourir les enchaînements lumineux qu'il redessinait de mémoire, dans sa tête.

Ici, le Cygne. Là, Pégase. Un peu plus loin, Cassiopée, et en-dessous, la Ceinture d'Orion, qu'il voyait souvent les soirs d'été, de la fenêtre de sa chambre, là-bas, même s'il n'en avait appris le nom que des années plus tard. Ses yeux remontèrent vers la constellation précédente et il pointa un index au-dessus de lui. Finalement, les avoir sous les yeux avait tout à fait du bon.

 

  • - Je pense que ça pourrait être Cassiopée, il énonça avec une certaine assurance.
Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

Une voix féminine lui était parvenue, d'abord floue. Sasha avait la vision brouillée, et quand un cri de douleur s'était échappé de ses lèvres, il n'avait d'abord peu reconnu sa propre voix : c'était comme le jappement d'un chien ébouillanté.

 

Mais bientôt, la douleur du morceau de métal que le garçon pressait sur son ventre s'évanouit subitement. Les coups qui avaient plu sur son visage et ses côtes s'étaient aussi interrompus, et Sasha, le souffle court, avait rouvert les yeux, pour essayer d'apercevoir ce qui se passait. Une dispute. Il l'entendait plus qu'il ne la discernait véritablement : les silhouettes se fondaient, déformée, dans son champ de vision brouillé par la potion qu'il avait ingurgité de force.

Puis les silhouettes reculèrent, se tassèrent vers le fond de la pièce et disparurent une à une.

A l'exception d'une seule : celle d'une jeune femme aux cheveux bouclés, dont il devinait vaguement les formes.

 

  • - Aaah.

 

Encore ce jappement ridicule. Aussitôt libéré de ses entraves, Sasha se recroquevilla sur lui-même, porta ses mains à son visage comme pour se libérer de cette vision déformée. Mais s'essuyer les yeux ne servaient à rien : c'était son cerveau qui était brouillé. Alors il les laissa fermé, le temps de palper son corps. Quelqu'un avait tiré sur sa chemise, avait dénudé son torse où apparaissaient les grandes estafilades noires, et par réflexe il tira sur les pans de son vêtement pour dissimuler sa peau meurtrie. A part le goût de sang qui lui indiquait qu'ils avaient dû le faire saigner du nez et de la bouche, il lui semblait qu'il était entier. Vivant.

 

Le commentaire d'Anya lui confirma la présence de la Serpentard. Par instinct, il se traîna loin d'elle - à quelques pas seulement, jusqu'à toucher le mur pour y appuyer son épaule, le souffle court.

 

  • - Blyad, jura-t-il d'une voix tremblante. (Merde.)

 

Il ne savait que répondre. En vérité : elle avait raison. C'était ridicule de s'être fait prendre par des gosses plus jeunes que lui. Pire : c'était parce qu'il s'était fait prendre bêtement par l'ennemi qu'il s'était retrouvé sauvé par les sorciers de la Communauté Internationale... Et qu'on l'avait arrachée à sa guerre.

 

  • - Va te faire foutre, croassa-t-il.

 

Sasha tira sur sa manche pour s'essuyer le visage, les traits déformés par une moue amère. Il avait rouvert les yeux, mais il était obligé de froncer les sourcils pour essayer d'apercevoir, du coin d'un regard dépité, le visage d'Anya. Il lui semblait qu'il la discernait un peu mieux, mais qu'il restait incapable de se lever. Hors de question de se mettre sur ses jambes pour s'écrouler devant elle comme un misérable.

Il renifla bruyamment.

 

  • - Pourquoi tu leur as dit d'arrêter ? s'énerva-t-il soudain - tâchant de l'accuser d'un regard incertain, un peu comme si étrangement, il lui en voulait pour ça. Si c'est par pitié t'as pas b'soin de te fatiguer.

 

Il ramena ses jambes contre lui - serrant les dents dans l'espoir de contrôler les tremblements qui l'agitaient. La sensation du métal s'enfonçant dans son ventre ne cessait de l'effrayer, comme si le supplice n'était pas terminé : il gardait une main serrant sa chemise derrière ses genoux, comme s'il pouvait empêcher un deuxième assaut semblable.

Ses yeux suspicieux allèrent jusqu'à la porte close - elle restait immobile et silencieuse. Le groupe de gamins avait dû partir pour disparaître dans leurs dortoirs avant le couvre-feu. Lui ne serait pas à l'heure. Mais c'était à l'instant le cadet de ses soucis.

Son regard retourna à Anya et il cracha par terre - plus pour se débarrasser du sang qui avait sinué désagréablement dans sa bouche que par provocation.

 

  • - Ca t'fait plaisir j'espère, il gronda.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

Au fond, qu'est-ce qui pouvait arriver de pire que son principal concurrent le dénommé Spike Ryder, réussît tranquillement, sans effort apparent, le sortilège qu'il venait de rater ?

 

Sasha sentait son corps tendu par la colère et l'humiliation, mais il avait eu la sagesse de détourner le regard le plus tôt possible du Serpentard, histoire de ne pas être tenté de donner une suite au travail artistique que Ferguson avait vaillamment commencé en refaisant le nez de l'arrogant joueur de Quidditch.

 

Les yeux du Gryffondor se braquèrent de nouveau sur le mannequin au moment où la volée d'oiseaux qui les protégeaient se changea en sable pour les assaillir. Se prendre une vague de sable serait désagréable mais Sasha était prêt à l'endurer : il leva son bras devant ses yeux instinctivement pour se protéger.

 

Vraiment donc, que pouvait-il arriver de pire que d'être humilié par Spike Ryder ?

 

Peut-être d'être humilié par une jolie coupe de cheveux - un carré roux - gentiment offert par Alison en personne.

Sur le moment, Sasha ne remarqua pas les effets du sortilège : il avait senti la jeune femme se réfugier dans son dos tandis qu'il avait levé ses deux mains. Le sable le heurta de plein fouet mais l'attaque n'était pas assez puissante pour les faire souffrir - probablement ralentie par le professeur, ou bien les mannequins n'étaient pas ensorcelés au point de pouvoir blesser les élèves. Il sentit les picotement désagréables sur sa peau, mais le sable s'étala ensuite à leurs pieds, laissant juste ses vêtements plein de grains insidieux.

 

Rires. Excuse d'Alison.

 

Sasha tourna la tête, étonné : ses cheveux heurtèrent ses joues, sa frange caressa son front, au moment où il se rendait compte qu'il attirait des regards hilares. Sasha porta sa main à sa tête... Sentant la coupe de cheveux dont il était affublé. Aussitôt, il fusilla Alison du regard.

 

  • - Mais qu'est-ce t'as fait ?!

 

Stupidement, il tira sur ses cheveux - ils étaient bien en place sur son crâne cependant, et c'était inutile.

 

  • - Ca t'amuse de me recoiffer pendant que j'me prends les attaques de notre adversaire ? gronda-t-il.

 

Le mannequin, lui levait déjà la main pour préparer une autre attaque - et Sasha en profita pour serrer les dents et lui faire face, tournant le dos à son binôme qui avait décidément choisi de lui mener la vie dure.

 

  • - Gelata, fit-il sèchement pour déstabiliser le mannequin en ramollissant le sol comme lors de sa toute première tentative.

 

Le sort percuta le sol et aussitôt, la pierre se ramollit, devenant collante comme un chewing gum encore chaud et humide. Le sort déstabilisa efficacement le mannequin, mais Sasha ne s'intéressa pas le moins du monde à cette réussite. Il s'était aussitôt retourné vers Alison de nouveau, le regard dur, des grains de sable dégoulinant encore de ses nouveaux cheveux à la mode Carter.

 

  • - Si tu détestes autant faire équipe avec moi tu pouvais l'dire ! asséna-t-il froidement.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Bibliothèque, Mercredi 27 Septembre 2124
  • - Han-han, approuva-t-il, vaguement anxieux.

 

Il n'avait aucune idée de qui était Horace, en réalité, mais il s'imaginait volontiers un autre vieillard sautillant plein d'enthousiasme. Visiblement, c'était comme ça que les anglais occupaient leur troisième âge. Au moins ces vieux-là ne causaient pas trop de problème. Même, ils restaient actifs physiquement, pas comme les pépés qu'on laissait décrépir sur leurs bancs en Ukraine.

Instinctivement, Sasha repoussa vivement cette pensée dans sa tête. L'Ukraine était mieux que l'Angleterre et que tout autre pays d'ailleurs, il n'y avait pas à penser autrement. Son trouble fronça ses sourcils, mais il se reconcentra aussitôt sur ses pieds. Il avait détourné le regard à la tape sympathique dont l'avait gratifié Bartholomew, comme si le geste l'avait vaguement gêné, pudique qu'il était.

 

  • - La carioca, il répéta bêtement. Jamais entendu parler.

 

Le garçon releva les yeux vers le bibliothécaire qui s'était mis à chanter et Sasha arrondit ses yeux comme des soucoupes. Il ne put empêcher un soupir, et avant de reprendre l'entraînement, se passa une main sur le visage.

You-pi, songea-t-il, morne.

 

Puis avec les pas. You. Pi. Dan-sons la ca-ri-o-ca. Bien. Fai-sez tous com-me moi. You. Pi.

Pas si compliqué. Il jeta de nouveau un oeil sur le bibliothécaire, qui le suivait attentivement, re-mimait les pas avec lui, les mains et les doigts perchés comme sur un nuage - ce n'était pas un geste naturel pour lui.

 

  • - J'fais quoi avec mes bras ?

 

-son la ca-ri-o-ca.

 

  • - Si les autres ont eu plus de temps que moi pour s'entraîner, j'pourrais être derrière ?

 

Tous com-me moi.

 

  • - C'est qui les autres élèves ? Pas des premières années hein ?

 

Il s'imagina avec horreur, sa tête dépassant de tous les autres sous le feu de projecteurs magiques, à danser un spectacle pour enfant, déguisé en fleur géante. Ses traits blêmirent d'effroi et il interrompit les pas.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les couloirs, Mardi 31 Octobre 2124

Alison semblait étrange : ce n'était pas seulement ses cheveux translucides et son maquillage, bien que tout cela lui donnait un air fascinant de poupée de porcelaine, attirante et sinistre à la fois, articulée par des gestes tremblants comme les membres d'un pantin mal maîtrisé. Il y avait autre chose. Le ton de sa mal assuré de sa voix, si différent des airs qu'elle se donnait habituellement. Sa respiration brève. Il ne savait si c'était dû à sa transformation récente, mais il semblait à Sasha qu'il percevait les choses plus aisément, d'autant plus précisément que l'obscurité ne leur permettait pas de s'observer si facilement que d'habitude.

 

- ... Si, fit-il au bout d'un long silence morne. Plus invisible qu'un spectre, pour l'occasion d'Halloween.

 

C'était bien sûr ironique : Alison ne l'avait pas cherché au point de ne pas l'avoir vu. Il s'en sentait vaguement vexé, mais refusait volontiers de se l'admettre.

 

Dans les couloirs, des échos de voix leur parvenaient, lointains. Difficile de distinguer ce qui se disait exactement. C'étaient des cris qui auraient pu aussi bien appartenir à de vieux fantômes s'éveillant la nuit, hurlant leur terreur éternellement renouvelée d'avoir été tués ici, ou là.

Sasha les écoutait sans vraiment s'en préoccuper : il gardait les yeux rivés sur le visage d'Alison, qui le fascinait toujours, comme s'il réalisait qu'il ne le reverrait plus jamais sous ces couleurs étranges, et qu'il fallait s'en imprimer la rétine, pour être sûr de s'en souvenir.

Il fit non de la tête, lentement.

 

- C'est tes copines. Elles te cherchent parce qu'elles seraient jalouses que toi tu vives encore des choses intéressantes, et pas elles.

 

Il avait dit ça sans réfléchir. C'était la première chose qui lui était venue à l'esprit, et probablement relativement proche de la réalité. Alison allait sûrement les rejoindre. Mais elle avait le choix. C'était peut-être l'occasion de sauver le deal : prouver devant les filles de la brochette qu'il était là, qu'il apparaissait si Alison était perdue. Est-ce que ce n'était pas ce que faisait un petit ami ?

Sasha ouvrit la bouche, mais il la referma aussitôt, interloqué par l'attitude d'Alison dont il croyait soudain avoir déniché un détail.

 

- Attends.

 

Il pencha curieusement la tête.

 

- T'as peur de moi, là ?!

 

A mesure que le temps passait, Sasha ne savait parfois plus si les interprétations qu'il formait étaient ou non filtrées de ses perceptions de prédateur. Un instant fugace, il avait pourtant cru percevoir - un léger mouvement de recul, un à peine perceptible écarquillement de l'oeil, une fissure à peine audible dans la voix d'Alison : la peur du prédateur.

Ce constat le conduisit à écarquiller les yeux à son tour. Il eut un demi-sourire - davantage une mimique d'incompréhension qu'une manifestation de joie.

 

Il fit un pas en avant, pour se rapprocher d'elle.

 

Juste pour voir.

 

Si elle reculait d'instinct, il aurait sa réponse.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les couloirs, Mardi 31 Octobre 2124

Le bruit de la lanterne qui tomba au sol avait sonné pour Sasha comme un gong révélateur. Elle avait peur.

 

Il ne savait pas pourquoi, cette révélation l'excitait autant qu'elle le consternait. Si elle avait peur, c'était un argument contre le deal. Mais il y avait aussi cette drôle d'impression de domination, cette drôle de certitude d'être le chasseur et non le chassé.

Sasha ne l'accula pas davantage. Il s'était immobilisé, et se mordit la lèvre dans l'obscurité, troublé par ses propres dilemmes intérieurs autant que par la vulnérabilité de la situation dans laquelle Alison se trouvait. Ne l'avait-elle pas humilié, en l'ignorant devant ses amies ? En lui demandant s'il était pauvre ? En le faisant languir avec son corps pour mieux se refuser à lui ? Et maintenant, elle était là, sans défense, comme une proie à saisir.

Mais les propos d'Alison le glacèrent plus sûrement que toute la fraîcheur des couloirs abandonnés de Poudlard.

 

Sasha resta un moment silencieux, les mâchoires serrées. Sans avancer. Sans reculer. Lui n'avait pas peur d'elle. Pas peur de son venin. Il eut une pulsion de la gifler pour ce qu'elle lui infligeait avec ses mots : mais à la place, il leva une main. D'un index qu'il posa sur la joue d'Alison, il redressa son visage vers lui puisqu'elle refusait de le regarder - dans la pénombre, il devinait les contours de son maquillage blanc et de sa chevelure atypique, dont la clarté était le seul repère dans l'obscurité. Il y avait peut-être un éclat discret au fond des pupilles d'Alison, mais il n'en était pas sûr. Il devinait le contour de ses lèvres aussi sûrement que celui de la brûlure qu'elle lui infligeait, quelque part dans sa poitrine.

 

  • - J'ai jamais manipulé les filles et encore moins ri sur les morts, ni en Ukraine ni ici, dit-il d'une voix grave. Tu me prends pour un sauvage.

 

Ce n'était pas dit sur le ton du reproche. C'était juste un constat, neutre et réel. Alison avait peut-être de bonnes raisons : il lui en avait donné.

Il avança d'un nouveau pas - avec une lenteur extrême, supprimant entre eux quelques centimètres supplémentaires, jusqu'à ce que leur visage ne fusse plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, que leurs vêtements se frôlassent, que le bout de l'une des baskets touchasse l'une des bottines d'Alison. A cette distance, il humait de nouveau toutes les odeurs qu'il avait capté sous son autre forme. Shampooing, fluides, maquillage, signature corporelle.

Il ne se pencha pas pour l'embrasser malgré la proximité : il expérimentait juste d'être si près d'elle, et son index était resté doucement contre la joue blanche.

 

  • - Laisse-moi te prouver qu'c'est faux, il souffla, dans un murmure si bas qu'il était à peine audible. Que j'suis pas un sauvage.

 

Ils étaient si proches que leurs souffles se mélangeaient.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

La satisfaction de voir Ambrose et Julian ne pas s'en sortir aussi bien que lui ne dura guère longtemps pour Sasha : le duo Spike-Ferguson avait décidé de se faire remarquer, captant toute l'attention de la pièce aussi bien que la sienne. Il toisa la bagarre naissante, partagé entre l'agacement de les voir si dissipés (alors que pour lui, un tel entraînement était tout à fait sérieux) et la satisfaction de voir Ryder le nez ensanglanté. Peut-être même qu'un petit sourire avait commencé à se dessiner au coin de ses lèvres - mais il fût aussitôt douché. Miss Carter, en binôme avec Ryder.

 

Sasha se retourna résolument vers son mannequin, les dents serrées. Blyad. Ca n'aurait dû rien lui faire du tout. Le mannequin avait retrouvé l'équilibre, car le sortilège qu'il avait lancé au sol s'était dissipé avec l'interruption provoquée par les garçons de l'atelier Précision, mais il s'était mis en posture de garde, comme s'il avait pu attaquer s'il était doté d'une baguette.

 

Sasha expira un sourire agacé par le nez avant de lever la sienne, réfléchissant un instant. Est-ce que ces exercices lui servaient à quelque chose ? S'il devait attaquer quelqu'un en situation de combat réel, ce ne serait certainement pas sur sa baguette qu'il compterait. Mais c'était l'exercice, et malgré la colère qui bouillonnait en lui, il se concentra donc.

 

Il leva les yeux vers le lustre au-dessus du mannequin : c'était un gros chandelier à bougies et à pampilles, dont les couleurs chaudes réchauffaient l'atmosphère. Les flammes étaient nombreuses sur les bâtonnets de cire - suffisamment pour créer une attaque surprenante pour un adversaire qui ne s'y attendait pas.

 

- Rongifors, déclara-t-il, les dents serrées. Rongifors.

 

 

Plusieurs des bougies du gros lustre s'éteignirent, plongeant une partie de la pièce dans une demi-pénombre que le temps écossais, en ce samedi matin gris, n'éclairait guère. Quelques bâtons de cire se gonflèrent et se modelèrent en de gros rats blancs qui se mirent à circuler sur les branches du lustre. Une à une, elles petites créatures se mirent à tomber - certaines sur le mannequin qui gigota pauvrement, d'autres carrément au sol.

 

L'un des rats s'enfuit d'ailleurs, subitement, pour aller se réfugier entre les pieds de... 

 

Réponse par les dés !

1 - Alison

2 - Sam

 

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les couloirs du château, Samedi 09 Novembre 2024

 

Le garçon qui avait manifesté son identité - Charli Blackburn, donc - était déjà beaucoup trop enthousiaste à son goût. Sasha coula vers lui un regard descendant - mais pas con - à la mention de ses redoublements.

 

  • - Huit, il répondit, juste pour l'embrouiller, lassé à l'avance de devoir encore expliquer sa situation une énième fois.

 

Le gosse a un petit sourire en coin insupportable, mais son jeune âge rend la situation plus attendrissante qu'autre chose. S'il avait été son petit frère, Sasha l'aurait sûrement pendu par les pieds, histoire de lui faire la leçon, mais il n'avait pas de petit frère et il n'était pas sûr que les fratries anglaises eussent le même genre de passe-temps que les fratries ukrainiennes.

 

  • - Va devant, grogna Sasha, et il emboîta le pas à Charli, les mains dans les poches, le pas traînant.

 

Les portraits les voyaient passer dans les couloirs comme un duo incongru : devant, comme un conquérant, le pas enthousiaste d'un petit garçon ; à sa suite, les épaules lasses et le pas lourd, un mi-garçon mi-homme dont les baskets semblaient flotter passivement sur la pierre - comme s'il était là juste pour ne pas perdre le corsaire-en-chef de vue, juste au cas où.

Charli essayait d'être furtif - mais Sasha n'essayait vraiment pas. En même temps, les efforts du garçon pour être discrets étaient un peu inutiles. Il se surprit à penser que s'il l'avait chassé, il l'aurait trouvé et abattu en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Merlin.

 

  • - Ben au sixième, apparemment, répondit-il passivement au moment où ils arrivaient au pied des escaliers. J'crois pas qu'on soit suivi, mais si tu veux être un peu plus discret, commence par faire attention au bruit de tes pas. Reste sur l'avant des pieds pour être plus léger. Comme ça.

 

Cette fois, Sasha s'engagea le premier dans les escaliers en colimaçon, et il les grimpa quatre à quatre, le pas complètement silencieux : malgré ses baskets, il paraissait effleurer la pierre plutôt que d'y prendre appui. Bientôt, il disparut aux yeux du plus jeune.

Le château enveloppa Charli dans le noir et le silence. Dans les escaliers, les rares ouvertures vers l'extérieur étaient de minces meurtrières qui ne filtrait presque rien dans la nuit, et il fallait principalement se fier au toucher. On devinait à l'oeil nu seulement les paliers des étages suivants, où l'on devinait les longs couloirs dans lesquels brûlaient au loin deux ou trois torches. Puis c'était l'obscurité de nouveau jusqu'à l'étage suivant.

 

  • - Bouh, fit Sasha dans le dos de Charli quand celui-ci émergea à son tour au sixième étage.

 

Le sixième année était posté, une épaule contre le mur de pierre, les bras croisés.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

 

Sasha avait dégluti. Le goût du sang avait la note métallique du sang humain, une amertume qu'il connaissait pour l'avoir déjà expérimentée ; mais il s'y mêlait peut-être autre chose tandis qu'il détournait le regard d'Anya.

Elle n'avait pas pitié. Ca ne lui convenait pas. Si elle avait eu pitié, ça ne lui aurait pas convenu non plus, il le savait. Rien ne pouvait convenir dans sa position : il n'avait pas seulement été battu, il se trouvait humilié à être si faible devant elle, à dépendre de l'ennemi pour être ainsi libéré de quelques gosses stupides.

 

  • - Ils sont parfaitement conscients de leurs actes, rétorqua-t-il à voix basse, dans un grommellement grondeur à peine partagé.

 

Il le savait parce que quand il était parti à la guerre, il avait leur âge. Alors certes, il n'avait aucun sens des réalités. Mais on savait parfaitement ce que l'on faisait, même à cet âge, estimait-il.

 

  • - Comme si j'allais avoir de la peine pour eux, ajouta-t-il - les imaginer morts ne lui faisait rien du tout.

 

Pour lui, ce n'étaient plus des gosses : c'étaient des ennemis, et cette détermination à les haïr se percevait peut-être dans son regard où flamboyait le reflet des torches qui les éclairaient tous les deux de leur lumière chaude, dansante, sauvage. Un long moment, il les garda dardés droit devant lui - toujours sur cette porte qui restait immobile, dans laquelle il semblait voir une menace incarnée par ce panneau de bois massif orné de gonds noirs, aussi durs que sa mâchoire serrée semblait l'être à cet instant.

Peut-être réfléchissait-il. Allait-il les dénoncer ? Sûrement pas. Il n'y avait aucun doute là-dessus : il n'y aurait même pas pensé si Anya n'avait pas évoqué le sujet elle-même. Mais maintenant qu'elle l'avait fait, la situation paraissait inversée : s'il ne le faisait pas, alors c'était comme s'il lui obéissait ; et cela même était si difficile à accepter qu'il sentait l'humiliation lui picorer les yeux comme autant d'aiguilles invisibles. Anya le touchait exactement là où il ne pouvait pas céder : son honneur. S'il avait une seule chose à prouver, c'était bien sur ce point-là. Il n'avait trouvé dans les murs de Poudlard aucun autre Ukrainien avec qui faire équipe pour montrer qu'ils étaient plus forts ou plus intelligents, ou plus téméraires : seul, il n'en menait pas large, et il n'avait aucune qualité particulière qui lui permettait de représenter sa nation avec fierté et le savait bien.

Alors son honneur, c'était tout ce qu'il restait.

 

  • - J'suis pas une balance, il gronda, la voix rauque, au bout d'un long moment. J'vais pas aller pleurer aux professeurs et j'l'aurais pas fait qu'importe ce qu't'aurais dit.

 

Pas plus qu'il n'irait à l'infirmerie. Dans la salle d'eau commune du dortoir des Gryffondor, il se rafistolerait avec les moyens du bord. Ce n'étaient que des égratignures et des bleus.

Il jeta un coup d'oeil de biais, comme pour vérifier qu'elle tenait toujours en main sa baguette - oui, Anya le dominait, et il ne s'était jamais senti aussi misérable. L'avait-elle sauvé ou était-elle venue l'enfoncer davantage, finalement ? Le torturer d'une autre manière ?

 

  • - Avoue qu't'es fière d'eux, il persifla, à peine audible.

 

Il tremblait toujours, malgré son esprit qui se calmait peu à peu. Il fallait dire que l'épisode l'avait fait abondamment transpirer, et que sa chemise humide lui collait à la peau désormais et des frissons de froid l'étreignaient.

Nouveau coup d'oeil vers Anya, vers son visage, cette fois. L'élégance dure de ses traits le gifla.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

Après le sort de gelée au sol, le coup des rats était plutôt une réussite - en tout cas selon Sasha. Ce n'était certes pas ses manières préférées d'attaquer l'adversaire, mais en cas d'ennemi peu dangereux, ce serait suffisamment déstabilisant à son goût.

 

Mais de toute évidence, là était bien le problème : il n'avait pas les mêmes goûts que les autres. Entre Alison qui râlait sur lui et Julian qui trouvait que ses bestioles la dégoûtaient, Sasha se renfrogna. Il jeta un regard noir à son ex-fausse-petite-amie avant de se tourner vers Julian.

 

- Ben c'est pas un cours d'élégance que j'sache, il grommela pour protester, non sans sentir sur sa nuque ses poils se hérisser à la vue des rats qui s'éparpillaient pour disparaître sous les meubles, pendant que Julian saucissonnait son mannequin comme un rôti de porc. (Oui, Sasha avait déjà faim.)

 

Lui les voyait comme d'innocentes créatures, impulsives, qui essayaient juste de survivre. Il comprenait ça. Il les comprenait certainement mieux que ces humaines qui cherchaient à tout prix à élaborer des apparences sociales qui lui échappaient totalement. A son côté, Ambrose avait lancé un sortilège qui transforma le mannequin. Un magnifique oiseau coloré s'envola, et Sasha le suivit des yeux - tel un prédateur fasciné.

 

Blyad, c'était ça, que les filles recherchaient. C'était évidemment plus beau que les mammifères velus dont il se sentait une parenté proche. C'était moins dégoûtant. Sasha jeta un oeil à Ambrose, qui ne paraissait pourtant pas fier de son coup. A sa place, Spike aurait sûrement gonflé le torse de suffisance. L'ukrainien approuva d'un mouvement du menton.

 

- Pas mal.

 

Est-ce qu'il pouvait, lui, faire quelque chose d'aussi élégant ? Qu'est-ce qu'aimaient les filles ?

 

Sasha se tourna vers la table voisine, où traînait un drap qui avait dû servir à couvrir les cages des animaux pour ne pas les effrayer. Alors, pris d'une inspiration soudaine, il saisit le drap et le lança vers le mannequin.

 

Le tissu s'étira dans les airs et avant qu'il ne recouvrît le faux adversaire, Sasha lança un Herbifors ! déterminé.

Oui mais viser une cible en mouvement, comme l'avait fait remarquer le professeur n'était pas si aisé : d'ailleurs le jet produit par la baguette de Sasha frôla le drap, la tête du mannequin, pour aller percuter une étagère.

Une triste orchidée fleurit sur un livre, et Sasha fit une grimace dépitée.

 

C'était une mauvaise idée dès le départ, de toute façon.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Un vieux cachot désaffecté, Vendredi 09 Février 2125

Sasha fronçait les sourcils et pinçait les lèvres, comme pour sceller, s'empêcher de rétorquer par de nouvelles sottises qu'il regretterait. La vérité était qu'il ne savait pas très bien si, en évoquant ces gamins persuadés qu'en étant de bons soldats on leur rendrait ce qu'ils ont perdu, Anya parlait des petits Serpentards qui l'avaient torturés ou si elle parlait de lui.

 

Il n'était pas comme ça, se répétait-il en son for intérieur. La preuve, c'était que lui n'avait attaqué personne. Il aurait clairement pu s'en prendre à eux depuis le début de l'année : sous sa forme animale, si la Direction ne connaissait pas ses aptitudes comme il le soupçonnait, il aurait pu les faucher un à un, et on aurait jamais su. Oh, on l'aurait soupçonné, lui, le seul Ukrainien. Mais il n'aurait laissé aucune preuve derrière lui, il aurait effacé ses traces, on n'aurait peut-être même pas retrouvé leurs corps s'il s'était bien débrouillé. Seules ses absences dans le dortoir seraient certes suspectes. Mais encore maintenant, il pouvait le faire.

 

Mais il ne l'avait pas fait, et ne le ferait pas. Il savait qu'on ne lui rendrait jamais ce qu'il avait perdu. En revanche, il s'efforçait vraiment de les haïr de toutes ses forces, pour être ce bon soldat. C'était ce qu'on lui avait appris, après tout ; et s'il ne pouvait plus se raccrocher à cela pour savoir quoi penser, alors à quoi ?

 

Sasha porta ses mains à son visage pour les presser, comme si ce geste pouvait supprimer toutes ces pensées. Anya était Serpentard. Elle jouait avec sa tête, et sa tête à lui était pas vraiment son point fort. Il ne fallait pas qu'il écoutât. Mais les mots s'imprimaient malgré lui dans ses oreilles.

Elle n'était pas fière, elle n'avait pas pitié. Elle ne devait simplement avoir aucune émotion, tout simplement. Ce devait être ça.

 

Il voulait juste attendre qu'elle s'en allât, alors il gardait les mains sur son visage, les yeux dissimulés. Ils n'avaient plus rien à se dire et ils le savaient.

 

 

La décharge le prit par surprise : d'une impulsion brève dans les côtes, un sortilège éveilla ses douleurs et il émit malgré lui un couinement. Le temps de relever la tête, et Anya partait déjà après lui avoir infligé cette dernière humiliation.

 

Il regarda encore longuement la porte après qu'elle fut partie, les genoux serrés entre ses bras. Il ne trouvait pas l'énergie de s'en aller malgré le froid qui le faisait grelotter.

 

Il se demandait si elle avait pris plaisir à ce dernier acte, malgré ce qu'elle avait dit. Si elle avait voulu elle aussi assouvir une forme de vengeance brève, ou bien si c'était seulement pour le mettre en garde de ce qu'elle pouvait le faire. Il essayait de lui en vouloir, mais il ne parvenait pas à trouver en lui la haine nécessaire pour cela, comme s'il n'en avait plus à disposition.

Peut-être était-ce à cause de ce doute lancinant qui l'abattait plus que ses blessures : est-ce qu'il n'avait pas mérité ce dernier sortilège, au fond ?

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha avait immédiatement reconnu la chambre de Freya. Par les vêtements simples qui étaient suspendus, mais aussi par les odeurs qui rappelaient celles du magasin. Le bandana jaune et noir lui rappela que la jeune femme était Poufsouffle : sans surprise, il avait pu jusqu'ici compter sur sa gentillesse, depuis son premier jour où il avait demandé à pouvoir travailler chez OCQ. Il songea qu'Owen avait eu de la chance de faire une Poufsouffle dès sa première fille : il avait tant pu compter sur elle depuis les deux ans de Charlie parce qu'elle était bien serviable pour mettre de côté sa vie pour sauver celle de sa famille.

Sasha observa un bref instant le groupe d'adolescents sur la photo - plissa les yeux en croyant reconnaître le fameux joueur de Quidditch star de la saison actuelle (et de la précédente, d'ailleurs). Ils se connaissaient donc vraiment ? Sasha n'avait jamais songé qu'ils avaient le même âge - et donc, la même scolarité. Puis il passa au couloir, tomba sur les photos d'Alison sur une porte fermée. La photo de la jeune fille maquillée lui fit l'effet d'une autre fille. Différente. Aguicheuse, mais d'une autre façon. Comme une enfant qui découvrait le maquillage et qui jouait aux grandes filles.

 

- T'es perdu ?

 

L'arrivée de Charlie le fit sursauter. Il s'humecta les lèvres.

 

- Oh je... J'ai juste vu les photos, c'est pour ça. Merci pour l'info.

 

Se retrouver avec le visage plein d'encre, très peu pour lui. Heureusement qu'il n'avait pas eu l'audace de l'ouvrir. Charlie tombait à pic, et il se retrouva emmené subitement dans un autre univers, faits de dessins et de peluches, de livres et d'objets en tous genre : ce qui sautait aux yeux, c'était bien sûr le thème récurrent du Quidditch et du ciel. L'endroit allait parfaitement bien à Charlie : la tête dans les nuages et le nez dans tout ce qui pouvait susciter sa curiosité. Sasha sourit en accueillant le cadeau.

 

- C'est vraiment gentil, elle sera super contente.

 

Si ça arrivait à bon port. Mais il avait espoir. Le bracelet porterait chance, se disait-il, même s'il savait cette idée absurde.

Freya arriva, et Sasha acquiesça, empochant le cadeau.

 

- Bonne chance pour cette nuit, il dit à Charlie avec un clin d'oeil, avant de suivre Freya vers la sortie, quittant à regret l'antre dans lequel il s'était enfoncé.

 

Il aurait de quoi penser pour la nuit, songea-t-il en descendant les escaliers. L'aînée des Carter le suivait - probablement pour refermer la porte de la boutique derrière lui. Sasha avait salué Fenella au passage, qui lui avait répondu qu'ils se reverraient samedi prochain, et il eut un petit soulagement en entendant le ton enjoué de sa voix - elle ne lui en voulait donc pas d'avoir été un peu brutal un peu plus tôt.

 

En bas, la boutique était silencieuse comme au petit matin, mais la pénombre avait envahi les affiches et les portants de vêtements. Les porte-clés magiques vrombissaient dans un coin, émettant comme un chuchotement tranquille. Elliot Blackburn faisait des pompes devant un crépuscule lumineux, Elliot Blackburn s'était assoupi les bras croisés contre le bord d'une affiche, Elliot Blackburn les regardait passer avec un intérêt limité tout en appliquant soigneusement de la cire sur son balai - le polish Plume-de-Foudre, précisément, vendu juste en-dessous.

L'instant d'après la porte s'ouvrit, et un froid mordant les enveloppa. Sasha avait hâte de se transformer - sa fourrure était une barrière contre la fraîcheur que nul vêtement ne pouvait imiter - mais il avait fourré ses mains dans ses poches avant de se retourner vers Freya.

 

- Heu, merci pour le dîner. C'était vraiment gentil. Et très bon. 'Faut pas faire ça souvent parce que je mange pour deux, je l'sais bien, dit-il en tâchant de prendre le ton de la plaisanterie.

 

Il guettait sa réaction, son bref sourire contrit trahissant son embarras soudain. Il rentra sa tête dans ses épaules en enfonçant ses mains un peu plus profondément dans ses poches, dans un geste inconscient, qui lui donnait l'air d'un garçon pris en faute. Ce devait être le froid. Ou autre chose.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha avait acquiescé d'un mouvement de tête, silencieusement. Se savoir apprécié pour son travail était de toute façon la seule chose à laquelle il pourrait se raccrocher, puisqu'en Angleterre tout le monde voulait le voir laisser sa guerre loin d'ici, comme si cela aurait pu être une maladie contagieuse ; comme si demain, des moldus dotés d'armes à feu allaient tirer sur tout ce qui bougeait, juste parce qu'il avait sous-entendu que ça existait ailleurs sur le globe, et qu'il l'avait vu de ses propres yeux.

Donc, comme tous les bons anglais, les filles resteraient discrètes.

 

Il savait que Freya lui rendait service en réagissant ainsi ; pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une colère profonde, comme si un injustice était faite à son peuple alors que les anglais voulaient juste protéger leur monde - n'en aurait-il pas fait autant, à leur place ? Certainement. Il aurait peut-être même réagi bien plus brutalement que Freya si un individu tel que lui s'était approché de sa propre famille.

 

Sasha releva le nez, pour voir Freya réajuster son châle. Il faisait certes froid, mais il y échapperait bientôt. Il fronça un bref instant les sourcils.

 

Des choses pas claires ?

 

Il pensait qu'aucun soldat ne revenait de la guerre avec les idées parfaitement claires. Même si on n'avait pas, comme lui, ramené des aptitudes spéciales, on rentrait forcément avec un bagage invisible au regard des autres. Un bagage qui s'alourdissait à certaines heures, de façon imprévisible. Un bagage qui s'éveillait la nuit pour tenter de vous étouffer dans votre sommeil. Un bagage que pourtant Sasha se démenait pour emporter avec lui partout où il allait.

Il secoua la tête en un signe négatif, cette fois.

 

- Non, tout va bien ici pour moi. Je laisse ça là-bas.

 

Rien ne m'a suivi. C'était un mensonge et il en avait parfaitement conscience. Des enfants réfugiés à Poudlard, il faisait probablement partie de ceux qui suivaient le plus l'actualité du front de l'est ; même les russes avaient l'air d'avoir envie d'oublier le conflit, pour la plupart, désireux de se fondre dans un univers plein de promesses pour des adolescents qui rêvaient d'aventures amoureuses, de matchs de Quidditch ou d'avenir professionnel prestigieux.

Il avait voulu être honnête avec Freya : il était sincère avec les gens qu'il estimait, parce que c'était ce que sa mère lui avait appris. Quand on respectait quelqu'un, on lui disait la vérité. Sauf qu'il ne pouvait pas se permettre d'apparaître comme un danger trop grand pour les Carter. Cela aurait signifié perdre son travail, perdre une amie, et perdre de vue, aussi, la fille qui avait voulu faire semblant avec lui.

 

- Oui, c'est mieux que je rentre vite. A samedi prochain.

 

Sasha eut un dernier mouvement de tête entendu avant de tourner les talons. Il s'enfonça dans la nuit d'un pas vif, suivi par le regard tranchant du rapace perché sur la maison des Carter. Bientôt, il entendit la porte se refermer derrière lui, et l'obscurité l'engloutit à mesure que les lumières de la Grande Rue de Pré-au-Lard s'éloignaient. Les ombres ne lui faisaient pas peur. Ses pas réguliers le laissaient simplement seul avec lui-même, en proie à un silence rempli du brouhaha de ses pensées.

 

Elles doivent savoir si elles te fréquentent, pour leur sécurité. La phrase de Freya dansait dans son esprit, insidieuse. On aurait dit un propos que l'on tiendrait à quelqu'un qui avait fait de la prison. Ou qui avait un passé de pulsions incontrôlables. Dans tous les cas, ça voulait dire qu'il valait mieux garder ses distances avec lui.

Il voulait en vouloir à Freya, mais c'était impossible. Il voulait en vouloir à Alison aussi, pour l'avoir fait venir à elle et rejeté ensuite, mais c'était tout autant impossible. Ce soir, c'était devenu limpide : elles avaient tout simplement raison. Il s'en voulait à lui-même, de s'être bercé d'illusions. Sa guerre n'intéressait personne. Personne ne voulait voir ce bagage qu'il se trimballait partout. Il n'était pas beau. Pourquoi ne pouvait-il pas l'enterrer quelque part et faire comme s'il n'existait pas, comme tous les autres réfugiés de Poudlard ?

 

Lorsqu'il fut suffisamment loin des regards, Sasha se transforma en panthère et coupa à travers champs.

Il arriverait à l'heure.

Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Bibliothèque, Mercredi 27 Septembre 2124

Sasha cligna des yeux plusieurs fois en scrutant le bibliothécaire après sa tirade concernant les autres élèves. Il n'avait pas eu besoin de se retourner pour comprendre que la menace de monsieur Beckett avait eu l'effet escompté : il n'entendait dans son dos plus aucun rire, plus aucun souffle moqueur mal dissimulé. Alors à la place, il scrutait le visage du vieil homme comme s'il le voyait pour la première fois : derrière ses lunettes et sa barbe blanche et grise, au-delà des plis de l'âge qui affaissaient son visage, il distinguait les petites rides en pattes de doigts qui habillaient des yeux profondément gentils, comme s'ils avaient été ceux d'un enfant naïf, prêt à s'amuser avec le prochain instrument qu'on lui mettrait entre les mains. C'était une vision troublante : peut-être tout simplement parce que Sasha avait d'emblée catégorisé le personnel de Poudlard comme du personnel froid qui ne comprendraient rien à sa vie, il ne s'était pas figuré que ce pouvait être lui-même qui s'intéresserait à la vie de ces énergumènes-là : des anglais empoussiérés dans de vieux châteaux plein d'adolescents idiots. Parce que ce qui le troublait, c'était un fait tout simple : c'était bien la première fois qu'un personnel de Poudlard prenait sa défense.

Le garçon resta interdit, à cligner de ses yeux ronds sous sa tignasse démêlée, tandis que le bibliothécaire, lui, commençait lentement les pas. Un, deux, trois, quatre.

 

Sasha s'exécuta. Après s'être mélangé les pieds une fois, il recommença. Ce n'était pas si dur : un pied devant, l'autre qui le rejoignait, un pied à droit, l'autre qui le rejoignait. Il avait l'impression de marcher sur des cases invisibles, sans bien savoir quoi faire de ses mains qu'il tenait en l'air comme s'il avait été dans la ligne de mire d'un policier.

 

  • - Heu... M'sieur, c'est quoi comme danse, croassa-t-il.

 

Soudain il écarquilla les yeux.

 

  • - Et hum... Quand vous dites il vous manque un garçon. J'serai pas le seul garçon, hein ?

 

Par automatisme, il refit les quelques pas démontrés, pour les mémoriser. Jusqu'ici, refaire des mouvements lui rappelait la première fois que les aînés des Veilleurs leur avaient montré les gestes à exécuter pour se libérer d'une emprise moldue.

 

  • - On s'ra habillé normal, hein ?
Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative Ancre décorative
Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Parc du château, Mardi 02 Janvier 2125

Les vacances de Noël étaient un moment plus mornes qu'il ne s'y était attendu. Le château s'était vidé de presque tous ses occupants. Mais au lieu d'être soulagé, Sasha sentait le poids d'une solitude nouvelle, comme si les vents et la neige qui cinglaient les hauts murs de Poudlard l'isolaient plus encore du reste du monde - et plus particulièrement de son monde, celui qu'il avait laissé à des milliers de kilomètres de là.

 

Le seul réconfort qu'il trouvait, surtout depuis qu'il avait compris que s'approcher d'Alison n'était plus envisageable, était de trouver quelques interactions utiles auprès des animaux que le professeur de Soin aux Créatures Magiques leur avait fait découvrir. C'était certainement la seule matière dans laquelle Sasha excellait : il lui semblait que lorsqu'il posait la main sur l'encolure d'un hippogriffe, il ressentait la même envie de liberté que l'animal ; que lorsqu'il dénichait des botrucs, il sentait la même envie de se fondre dans le décor naturel ; que lorsqu'il nourrissait les sombrals, il partageait leur faim gloutonne, peu élégante.

Sans surprise, Sasha faisait partie des élèves qui les voyaient. Si d'aucuns trouvaient ces créatures décharnées plutôt hideuses, le fait qu'ils fussent invisibles à bon nombre des habitants du château donnait au Gryffondor une plus opportunité de les affectionner malgré leur inélégance. Lui, il les trouvait fort malgré leurs membres tortueux, déterminés malgré leur nature qui faisait que le reste du monde les ignorait la plupart du temps.

 

Aussi, après les avoir découverts en cours, il avait fini par retourner les voir pendant les vacances de Noël. En cette journée ensoleillée, plutôt rare à Poudlard mais qui rendait le paysage enneigé plus noble que d'ordinaire, Sasha s'était donc rendu auprès d'eux. Mains dans les poches pour les protéger du froid, il avait fait lentement le tour de l'enclos. L'un des animaux était effondré contre la barrière, la poitrine soulevée par une respiration sifflante et rapide. Sasha alla s'accroupir à son côté, avant de lui gratter le crâne pour tenter de la rassurer.

 

  • - Hey, shcho z toboiu, souffla-t-il dans sa langue natale. (Hé, qu'est-ce qui t'arrives.)

 

Ce qui lui arrivait était plutôt évident : le ventre du Sombral était énorme. Une femelle.

 

  • - Ow, fit Sasha en écarquillant les yeux.