Harry Potter RPG
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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

Le premier exercice était terminé et avec lui vit le retour du non-violent. Sasha ruminait déjà sur le binôme qu'il allait former avec Alison quand, contre toute attente, cette dernière le rejoignit, lui. Il la regarda étonné - persuadé que s'il avait eu le choix, elle aurait opté pour un autre binôme. Mais les deux Poufsouffles et les deux autres Serpentardes s'étaient mises ensemble. Sam avait rejoint l'ami avec qui elle était venue, se lançant dans un pertinent fulgari qui n'eut pas les effets escomptés, provoquant l'intervention immédiate du professeur.

 

- Bon, tu m'fais confiance ?

- C'pas moi qui devrait te poser cette question-là ? grommela-t-il en réponse, son attention revenant à Alison. Pis j'sais pas pourquoi ça a fait une orchidée, j'ai pas choisi.

 

Sasha ponctua son propos d'un regard grognon vers Alison, mais elle se lançait déjà dans une défense.

 

- Attends ! T'veux pas que -

 

Trop tard. Une nuée d'oiseaux s'envola devant eux, plutôt bien exécutée, même si l'electrocorpus traversa légèrement l'envolée. Sasha émit un sifflement entre ses lèvres, comme s'il avait été touché lui-même.

 

- ... j'm'occupe de la défense, finit-il sa phrase sur un ton plat, un brin trop tard.

 

Coup d'oeil vers Alison, puis vers Spike planté un peu plus loin.

 

- Tu t'en sors pas mal, admit-il.

 

Sasha avança d'un pas. Si Alison avait été sa botte secrète en potions et en botanique, pouvait-il lui montrer qu'en retour il pouvait lui permettre d'atteindre un meilleur niveau ?

 

- Fulgari ! cria-t-il à son tour pour devancer le mannequin qui levait déjà sa baguette.

 

 

Des cordes s'échappèrent de la baguette de Sasha mais elles tombèrent au sol devant lui comme de pauvres serpentins dans une fête déjà terminée. Le mannequin leva aussitôt sa baguette pour enchaîner sur une nouvelle attaque. 

 

- Attention !

 

Par réflexe, Sasha se mit entre Alison et le mannequin.

 

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Sasha peinait à rester calme. Il s'agrippait un peu trop à la taille d'Alison, comme si elle avait pu lui échapper avant la fin de la musique ; il sentait ses joues chauffer - heureusement les lumières sans cesse changeantes provenant des enchantements de la Grande Salle dissimulaient un peu son teint qui, en plein jour, aurait donné l'impression qu'il venait de courir un marathon. Ses yeux captèrent Charlie, à quelques pas de là - la petite fille lui sourit, et il étira ses propres lèvres en les pinçant, façon sourire contrit. La petite fille était encourageante ; ils avaient beau ne pas se voir souvent, c'était probablement la personne la plus innocente que Sasha connaissait ici, et donc, celle à qui il pouvait peut-être faire un peu confiance.

Il s'intéressa de nouveau à Alison, surpris par le fait qu'elle lui posait une question personnelle, sur lui, en Ukraine. Ca, c'était nouveau. Alison ne s'était jamais intéressée à lui autrement que lorsque ça avait un lien direct avec elle-même. Il chercha une réponse adéquate, des souvenirs désordonnés affluant dans son esprit.

 

- Un peu. On danse pas mal dans les fêtes de village, là-bas, mais y'a moins de... De cérémonie, quoi.

 

En somme, chez lui, c'était viens comme tu es, danse comme ça te chante, et le résultat était beaucoup plus chaotique que ce que l'on pouvait voir ce soir à Poudlard. Il craignit un instant que sa réponse trahît ses origines : la campagne profonde de son pays, qui mélangeait moldus et sorciers, animaux et humains, le tout secoués, dans un grand panier vert de forêts et de plaines, par une histoire de frontières mouvantes, de langues et de cultures obsédées par leur survie au milieu de celles des autres. Sasha avait l'impression que dans sa main, Alison avait des doigts blancs et délicats, qui appartenaient à une autre caste que la sienne. Sa mère aurait sûrement pensé que la rousse était trop propre sur elle pour les comprendre, et il se rangeait de cet avis.

Il acquiesça en silence. Un grand voyage cet été. Lui aussi en ferait peut-être un, d'un autre genre. Il ne savait pas.

 

Cela faisait un moment qu'ils tournoyaient. Une éternité. Une poignée de secondes. Trois fois qu'il entendait la même phrase dans la chanson : ça allait être la fin. Il y avait des filles qui se dévissaient le cou sur la piste de danse pour se lancer des clins d'oeil ou pour trouver le partenaire suivant. Il ne pouvait pas garder Alison. Mais ses derniers propos le troublaient étrangement. Elle cherchait pas.

C'était pas l'impression qu'elle donnait. Ni même qu'il avait été son deal exclusif, aux dires de Lucian. Alison se tapait une réputation sulfureuse, en partie à cause de lui. Est-ce qu'elle n'en était pas consciente ? Lui seul savait qu'en réalité, quand les choses devenaient sérieuses, elle se dérobait. Jusqu'ici en tout cas. Quel garçon ivre trouverait un de ces jours qu'elle ne pouvait pas l'allumer puis s'en aller comme ça ? La pousserait à l'action même si ce n'était pas ce qu'elle voulait vraiment ? Sasha eut un drôle de frisson, un souvenir des paroles de Charlie, à propos de ce que le père d'Alison n'aimerait pas qu'elle fît. Il s'imaginait des situations catastrophes. Mais est-ce qu'il y pouvait quelque chose, sans deal ?

 

- Je sais.

 

Elle ne mentait pas. Alison pouvait être peste, mais il savait qu'elle ne mentait pas sur le deal exclusif, tout simplement parce qu'il avait compris qu'il était un genre de bouclier humain, précisément pour ne pas avoir à passer aux actes. Pourquoi n'avait-elle plus besoin de lui, alors ? Les mecs continueraient à la harceler jusqu'à ce qu'elle cédât. Il le savait : il avait fréquenté des adolescents en rût de très près, en particulier pendant qu'il était engagé chez les Veilleurs. Ils pouvaient être prêts à promettre n'importe quoi à une fille pour des faveurs charnelles. Ca le faisait rire, à l'époque. Il avait participé à ces jeux stupides. Et puis maintenant, ça n'avait plus la même saveur.

Il haussa les épaules en baissant les yeux, fataliste. La musique avait ralenti. C'étaient cette fois les dernières notes. Des couples s'étaient déjà séparés, des filles couraient dans leurs jupons pour traverser la piste et rejoindre leurs groupes d'amies comme autant de bourdons colorés. Mais Sasha ne lâchait pas Alison. Sa main ne voulait pas se détacher de sa robe, comme si elle y était collée. Il ne savait plus pourquoi. Le deal c'était fini. Deux mois pour comprendre, qu'en fait, elle n'en voulait vraiment plus. Il se sentait idiot d'avoir voulu sauver ce qui était déjà mort.

 

- En même temps, tu mérites sûrement mieux qu'un deal, même exclusif. T'as eu raison d'arrêter.

 

Il fallait qu'il se rendît à l'évidence : Alison était destinée à danser au bras d'un type de la même caste qu'elle. Lui n'était qu'un outil sur son chemin. C'était logique. Le deal, ça n'aurait que renforcé son idée stupide qu'il se passait quelque chose entre eux, alors que tout était clair depuis le début : il n'était là que pour faire semblant.

 

- C'était... C'était agréable, mais j'suis pas un très bon acteur.

 

Sasha se pencha en avant. La musique s'était arrêtée. Les lumières s'étaient tamisées, le temps que la suivante débutât - deux secondes où les murmures de la pièce se firent de nouveau entendre. Le Gryffondor avait approché brièvement son nez du cou dégagé d'Alison. Deux secondes pour fermer les yeux et sentir cette odeur de près. Deux secondes pour déposer, avec un effleurement discret, à peine humide, un baiser à la naissance de son épaule dénudée, dans le creux formé par une clavicule habituellement dissimulée.

 

- J'aurais pas pu faire semblant longtemps, il chuchota à son oreille, avant de se redresser pour la libérer.

 

Définitivement.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha avait d'abord senti son coeur s'alléger. Se savoir le bienvenu quelque part n'était plus une sensation familière, et la pénombre de la nuit dissimula à peine le sourire qui étira le coin de ses lèvres.

Mais peu à peu, la conversation prit un autre tour - complètement inattendu pour lui, cette fois-ci. Son sourire s'effaça peu à peu. Son coeur s'était mis à tambouriner subitement dans sa poitrine, faisant battre le sang à ses tempes - comme un rappel brutal d'un danger qu'il courait à chaque instant, qui le guettait au coin d'une rue, au détour d'une conversation, mais qu'il n'arrivait pas à identifier clairement.

 

Il ouvrit la bouche et la referma. S'humecta les lèvres, préféra regarder ailleurs. Il sentait sa peau chauffer de son cou jusque ses oreilles, et malheureusement la rougeur qui en résultait n'était probablement pas invisible. Sasha aurait voulu fuir, mais il resta planté là. Les lumières scintillantes des devantures des commerces lui paraissaient subitement absurdes, déplacées par leur optimisme dans une nuit si sombre et froide.

Il dut faire un effort pour parler, après avoir secoué négativement la tête.

 

A quoi pensait-il, quand il avait fièrement annoncé à Freya et Fenella qu'il s'était enrolé dans l'armée ? Qu'elles l'applaudiraient ? Imbécile.

 

- J'suis pas un monstre, j'ai jamais fait de mal à aucune de tes soeurs et ça arrivera pas, il dit fermement, mais sa voix tressauta et il s'en voulut.

 

Il y eut un silence, et Sasha ne voulait plus regarder Freya en face. Le vent balayait la rue, déplaçant sèchement des feuilles mortes le long de la chaussée. Il les suivait des yeux sans les voir.

 

- C'est pas ta faute, que tu connaissais pas mon histoire. J'évite d'en parler parce que je sais c'que ça fait aux gens.

 

C'était aussi bien quand elle ne posait pas de questions, finalement. Il comprit soudain que jusqu'ici, Freya lui avait donné sa chance parce qu'elle avait cru qu'il était un genre d'enfant perdu, juste déplacé par la guerre. Il s'était bien gardé, de son côté, de lui raconter quoique ce fût, parce que c'était confortable : il y avait eu une espèce d'accord tacite et inconscient, qui consistait à ne pas trop poser de questions pour éviter d'avoir à répondre à d'autres questions en retour. Mais ce statu quo ne pouvait pas durer pour toujours. Il se dit qu'il aurait peut-être dû rester vague, plutôt que d'être emporté par sa fierté d'avoir été se porter volontaire pour aller au combat. Et pourquoi, en plus ? Pour finir dans une école de magie à l'autre bout du continent.

Etrangement, il se souvint du visage d'Alison lorsqu'elle l'avait entendu, dégoûtée, évoquer toute la violence qu'il souhaitait aux russes. Il refaisait toujours les mêmes erreurs, se morigéna-t-il. Sasha serra les dents. Freya aurait peut-être la même réaction. Au moins il en disait, au mieux c'était.

 

- J'y suis resté trois ans. Mais y'a vraiment rien là-dedans qui vaille la peine d'être raconté. J'ai jamais rien dit ni à Alison ni à Charlie là-dessus.

 

Sasha déglutit. Il dut faire un gros effort pour la regarder de nouveau et prononcer quelque chose de plus. Freya avait l'air très sérieuse. Très courageuse aussi. On sous-estimait les Poufsouffles - mais c'était moins agréable de les avoir en face de soi qu'à ses côtés. Il contempla son visage déterminé. Elle aussi défendait sa famille. Il aurait peut-être fait pareil à sa place. Alors il baissa les yeux.

 

- Mais si tu préfères que je reste loin d'elles, je comprendrai.

 

Il lui sembla que les mots lui avaient découpé les lèvres. Il tourna son visage vers la route, en direction de Poudlard. Une manière avantageuse d'éviter d'affronter le regard de Freya de nouveau.

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Sasha Shevchen

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Dans les collines non loin de Pré-Au-Lard, Samedi 17 Février 2125

Depuis le précédent cours, Sasha, avait eu le temps de digérer les prestations qu'il avait fourni au cours donné par monsieur Edwin Pope, qui l'avaient beaucoup déçu. Qu'à cela ne tînt : quand il était parti chez les Veilleurs, il était loin d'être le meilleur, et tous ceux qui crânaient d'avoir plus d'expérience en magie n'avaient pas réussi, comme lui, à finalement devenir un animagus, et un animagus utile, qui plus était. La persévérance était tout ce qui lui restait, et le Tournoi l'une des seules choses sur lesquelles il pouvait se concentrer de positif. Après tout, il restait un an avant les véritables épreuves, et il avait bien l'intention de mettre ce temps-là à profit.

 

Il rejoignait une équipe de deux élèves qu'il connaissait à peine ; deux filles. Julian Rosenberg, dont il se méfiait un peu - les morsures des Serpentards n'étaient pas des plus agréables et il en avait suffisamment expérimenté depuis le début de l'année pour en sentir encore la brûlure - dans ses côtes, à sa tempe droite, dans son ventre. Sur ses lèvres.

Sam Chadwick, elle, avait l'air plus sympathique, alors il s'était spontanément posté à côté d'elle, échangeant un vague regard pour partager son scepticisme avec elle quand le professeur d'astronomie annonça que Julian devrait les gérer.

 

Sasha s'était habitué, depuis septembre, à une forme de solitude : même lorsqu'il était avec les autres, il faisait équipe seul en cours, il ignorait les conversations des autres, il répondait toujours de façon laconique. Aussi, quand Julian engageât la conversation, il fut d'abord si surpris que, les mains enfoncées dans les poches, il eut un moment de silence, les sourcils haussés.

 

- Huum... Le Tournoi doit pas les intéresser, supposa-t-il du bout des lèvres - mais au fond, il pensait que certains de ses camarades pensaient tout simplement ne pas avoir besoin d'entraînement. Ils les voyaient tous comme des Spike Ryder imbus d'eux-mêmes, et cela dissuadait encore chez lui toute envie de se mêler aux anglais.

 

Il haussa les épaules, avant de se concentrer de nouveau sur le professeur d'astronomie. Les consignes étaient claires et le fait que l'exercice fut organisé à l'extérieur lui donnait un peu de courage : même s'ils finissaient parmi les dernières équipes, être sous la voûte céleste malgré la fraîcheur de la nuit écossaise était une expérience plus positive que de ne pas trouver le sommeil dans un lit étroit à baldaquin qui grinçait à chaque fois que vous vous retourniez. L'appel du frôlement des hautes herbes contre ses jambes, des odeurs de terre mouillée, la lumière des étoiles qui apparaissait entre les nuages était de nature à calmer la bête intérieure qui aurait voulu grogner à la constitution des équipes, dans le hall.

 

Une fois sur le terrain qui les accueillerait pour la nuit, Julian prit naturellement le leadership de leur équipe. Sasha se contenta d'approuver d'un grognement d'assentiment - suivre les ordres ne le dérangeait sûrement pas, tant qu'ils étaient efficaces. D'ailleurs, il n'avait même pas eu besoin de regarder la carte lui-même : Julian s'était déjà lancée dans un sortilège d'astronomie pour s'orienter et indiquait le chemin à prendre. Alors sans attendre, il prit la tête du groupe, en éclaireur, les mains dans les poches mais le pas rapide. Ses yeux habitués à l'obscurité cherchaient dans la nuit les petits signes qui lui permettraient de s'orienter : le clapotis de l'eau de la rivière qu'ils étaient censés traverser selon la carte, l'écho des voix des groupes voisins charriés par un vent frais.

 

Sasha fermait parfois les yeux, rêvant de pouvoir se laisser porter par son instinct. Son sens de l'orientation était plutôt bon, et il était confiant sur la direction qu'il donnait à son groupe en progressant rapidement.

 

[HRP : Dé 20 pour chercher la balise à partir de l'orientation donnée par Julian]

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Salle de classe de Métamorphose, Samedi 03 Février 2125

Sasha était encore tout renfrogné de ce qui venait de lui arriver. Edwin Pope avait beau l'avoir débarrassé de sa coupe de cheveux ridicule, plus rien ne semblait avoir la moindre importance : ni la transformation de Spike (il avait haussé les épaules pour toute réponse au regard d'Alison) ni le nouvel exercice qui animait tant les autres élèves. Il se contenta de croiser les bras en écoutant les consignes du professeur, avant de jeter un oeil vers les deux Serpentards qui s'étaient rapprochés l'un de l'autre, leurs messes basses ne venant que confirmer ce qu'il s'était déjà figuré par ailleurs : elle était , la vraie raison de la fin du deal : Alison avait trouvé mieux ailleurs, pour il ne savait quel raison.

 

Autour d'eux, les autres élèves aussi enchaînaient les échecs, malgré, pour certains, un enthousiasme qu'il ne partageait plus.

 

Il tâcha de prendre une inspiration, pour pouvoir à son tour lancer le sortilège indiqué par le professeur, et leva sa baguette :

 

- Mutante Clypeus, dit-il, sans y croire, quand un morceau de bois fonça vers lui.

 

 

Il n'y avait aucune surprise dans le résultat : maintenant, il savait qu'il n'avait rien de plus que les autres, et si les autres n'y parvenaient pas, il n'en était sûrement pas capable non plus : un arc fumeux s'échappa de sa baguette, mais sans effet, et le morceau de bois ne fut retenu qu'in extremis par la protection du professeur.

 

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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha s'était ausculté dans le miroir.

 

Les samedis matins, les salles de bain des maisons étaient plutôt vides jusqu'à tard, grâce à ces hordes d'élèves qui voulaient profiter de leurs précieuses grasses matinées du week-end. Pour Sasha, c'était l'un de ses jours de travail et il faisait d'habitude un passage sommaire dans la douche avant de se rendre à Pré-au-Lard. Mais cette fois, il s'était regardé d'un peu plus près. Il connaissait quelques bases de médicomagie, qui avait pu lui permettre de recoudre plutôt proprement l'entaille que les réfugiés de Serpentard avait creusée au-dessus de son nombril. Mais pour ce qui était de son visage, il n'osait pas vraiment se lancer un sortilège à la figure : sa tempe droite était violette et enflée, et sa lèvre inférieure fendue.

S'il passait à l'infirmerie, on lui donnerait un onguent qui apaiserait tout cela.

S'il passait à l'infirmerie, on lui poserait des questions.

Donc, il ne passerait pas à l'infirmerie.

Il envia un instant ces filles qui se partageaient des sortilèges pour rendre le teint uniforme et dissimuler les imperfections, puis se dit que d'ici lundi, cela serait sûrement beaucoup moins visible. Il fallait juste espérer qu'il n'y eût pas trop de visites d'élèves à la boutique OCQ, histoire de ne pas avoir à essuyer des moqueries - et Sasha plongea sous l'eau pour se frotter frénétiquement le corps, le visage, les cheveux - comme pour faire disparaître toute trace supplémentaire de ce qui s'était produit la nuit précédente.

 

 

 

 

 

- ... alors j'ai préparé des tracts que vous pourriez mettre sur votre comptoir pour sensibiliser les gens sur le dégnomage massif des jardins avec les techniques modernes, qui relèvent purement et simplement de la torture de créatures vivantes.

- Heu... C'est pas encore ouvert, madame.

 

A peine arrivé à la boutique, par un temps venteux à en arracher les couvre-chefs des pauvres passants matinaux, Sasha était tombé nez à nez avec une petite dame enveloppée dans un épais gilet bleu, des cheveux gris bouclant sauvagement un visage rond et vindicatif, qui avait sauté sur l'occasion de voir le garçon ouvrir la porte de la boutique.

 

- Je sais, je sais, claironna-t-elle en agitant un tas de papiers sur lesquels le portrait d'elle-même, encadré des mots Gnomes Sans Frontières, mugissait en silence, agitant les poings. Mais nous faisons une réunion publique à ce sujet lundi soir et votre magasin a pour clientèle plein de gens qui achètent des balais pour s'en servir dans leurs jardins...

- C'est pas ma boutique, casa Sasha avec hésitation, le ton morne, mais la femme semblait à peine entendre sa voix.

- ... ce qui veut dire qu'ils ont des jardins qu'ils dégnoment certainement. Alors je n'dis pas qu'ils le font avec plaisir, hein, attention, je dis qu'il existe des solutions alternatives moins cruelles. Et ces solutions il suffit de les connaître, si seulement les gens voulaient bien s'y intéresser. Les gnomes sont d'ailleurs essentiels à la vie des jardins, c'est juste la régulation de leur population qu'il faut renforcer, et figurez-vous que ce n'est vraiment pas si compliqué d'établir avec eux des quotas à respecter par exemple au mètre carré et alors...

- Je vais en parler à ma patronne, pour les tracts.

 

Sasha se retrouva avec le tas de papiers brusquement pressé contre sa poitrine et le rattrapa juste à temps pour que ça ne lui glissât pas entre les doigts. La femme repartait déjà au trot, à cause du propriétaire de la boutique voisine qui venait juste d'ouvrir sa propre porte pour permettre à un hibou d'entrer - elle courut pour l'interpeler, au grand soulagement de Sasha qui se hâta de disparaître à l'intérieur du QG d'OCQ.

 

L'intérieur de la boutique lui était devenu familier : les cliquetis des jouets enchantés dans les bocaux et les odeurs de cire à balai et des bonbons Vif d'Or (goût citron-vanille avec des paillettes acides) lui étaient devenues parfaitement agréables. Il n'était jamais en retard : non pas parce qu'il était exemplaire, mais parce que c'était l'heure la plus calme de la boutique, avant le rush des clients qui voulaient toucher à tout, derrière qui il fallait passer pour remettre de l'ordre, qui voulaient savoir s'ils avaient reçu du spray Aéro-Polish, si l'Impervius Plus serait suffisant pour protéger un balai qu'on utilisait souvent sous la pluie, et s'ils ne pouvaient pas avoir une ristourne sur les Souafles Reviens-Vite parce que c'était le troisième qu'ils achetaient depuis le début de l'année - autant de questions qui donnaient à Sasha le tournis et le faisaient parfois battre en retraite dans l'arrière-boutique, où on avait heureusement plus besoin de son énergie physique que de son cerveau.

A part le calme avant la tempête, ce qu'il aimait aussi, à cette heure-ci, c'était qu'on entendait les bruits de la maison : la vie des Carter qui s'animait ; des pas pressés, des échos de voix. La maison des Carter semblait avoir une vie propre, avec son rythme intimement lié à celui de la boutique. Sasha n'était jamais vraiment entré à l'intérieur, il n'avait eu que des aperçus - Charlie qui déboulait les cheveux encore humides, Alison qui claquait une porte au loin, Freya qui apparaissait, déjà un carton sous le bras et une liste à demi-raturée dans l'autre main pour le suivi des commandes. 

C'était un peu comme être proche de la frontière d'un pays enchanté, aux odeurs alléchantes mais interdites.

 

Ce matin-là, Freya était déjà dans l'arrière-boutique : il l'entendait s'affairer et elle avait dû, de son côté, percevoir les clochettes de la porte d'entrée tinter à son passage. Sasha passa timidement la tête dans la pièce arrière.

 

- Salut Freya.

 

Il n'avait jamais tout à fait réussi à se détendre avec l'aînée des Carter. Elle faisait naître en lui un genre de boule au niveau de l'estomac qui le rendait confus, et parfois curieux de l'observer à la dérobée quand elle était trop occupée pour s'en apercevoir. Alors il demeurait généralement laconique.

 

- Y'a une femme de Gnomes Sans Frontières qui veut qu'on mette ça sur le comptoir. J'en fais quoi ?

 

Il leva le paquet de tracts devant lui. Histoire qu'elle s'intéressât à ça plutôt qu'à lui de trop près, pour aujourd'hui. Après ça, il pourrait retourner se réfugier dans ses tâches - mais pas avant d'avoir reçu la liste des choses urgentes à faire en priorité, que Freya dressait pour lui tous les samedis matins en fonction de ce qui s'était passé dans la semaine.

 

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Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

D'abord, un regard noir pour Gwen. Et puis, Sasha s'était éloigné sur la piste de danse, avec l'impression subite d'avoir des jambes en coton. Il s'était imaginé un refus sec, ou bien un refus moqueur, un refus outré, un refus froid, voire pourquoi pas une absence même de réponse. Et de tous les scénarios possibles, Alison avait opté pour l'impossible : elle avait accepté.

Le Gryffondor sentait son coeur se réveiller subitement, faisant battre à ses tempes un sang chaud au rythme inapproprié pour un slow, et il se demanda un instant s'il ne venait pas de faire une erreur capitale. Mais s'éloigner de la brochette le soulageait déjà, et il se concentra pour éviter de marcher sur les pieds d'Alison. Les odeurs de la jeune fille étaient pleinement perceptibles de nouveau. Elle s'était apprêtée, avec une robe mettant en valeur ses formes nouvellement acquises, mais Sasha évitait de trop baisser les yeux sur le corps en question. Il soutenait parfois son regard, parfois trouvait un point d'ancrage au loin, derrière elle - une absence de vision, réellement, puisqu'il n'y avait rien à voir au-delà.

 

- Toi non plus, t'es pas obligée de faire semblant.

 

Il avait mis une main sur la robe, au creux des reins d'Alison, espérant ne pas trop transpirer de ses paumes. Leur danse était quelque peu maladroite : ils étaient un peu raides, et les mouvements lents à laquelle la musique incitait n'étaient qu'une copie des autres couples, tout aussi peu habiles qu'eux, mais Sasha ne savait pas faire mieux. Il fronça les sourcils pour lui-même. Pourquoi était-il si empoté dès lors qu'il s'agissait d'Alison ?

 

- On manque un peu d'entraînement, tâcha-t-il de plaisanter en grimaçant un sourire pas très engageant. Tu rentres chez toi pour Noël ?

 

Il fallait bien qu'il posât une question, n'importe laquelle. Danser en silence était hautement embarrassant. Il réalisa qu'elle habitait à Pré-au-Lard. Elle rentrait n'importe quel week-end, si elle le voulait. Il s'humecta les lèvres.

 

- 'Fin j'veux dire, vous partez pas pour Noël ou quoi ?

 

Parce que moi je s'rai là, mais pourvu qu'elle pose pas la question. De ce qu'il avait entendu, les familles riches de Poudlard fêtaient Noël en Egypte, à New York ou à Tokyo. Les classes moyennes rentraient chez eux. Sasha était partagé entre la hâte d'être quelques temps libéré des cours et du regard des autres élèves, et la gêne que lui causait le fait que lui, comme les autres réfugiés, resteraient au château.

Ils tournèrent sur eux-mêmes, un peu plus tranquillement, se laissant porter. La robe d'Alison flottait, frôlait parfois les jambes de Sasha. Au détour d'une circonvolution, Sasha capta les regards d'un groupe de Serpentards goguenards - Lucian se tenait là, avec d'autres, et le Gryffondor leur réserva, à eux aussi, un regard dissuasif. Il finissait par les détester, ces Serpentards. Peut-être pour les provoquer, Sasha resserra sa prise, se rapprochant sensiblement d'Alison - leurs corps se touchaient maintenant, et c'était plus facile de suivre le mouvement, de guider la jeune fille - la forçant, en accélérant légèrement le mouvement, à s'accrocher davantage à lui. Ne pas réfléchir, ne pas réfléchir. Pour danser, pour se transformer.

Leurs souffles se percutaient presque, mais s'humectant les lèvres, Sasha préféra orienter son regard vers le main, prétextant se concentrer sur leur danse.

 

- Tu cherches toujours quelqu'un pour faire semblant ? Ou c'est pour de vrai maintenant qu'tu veux un prétendant ?

 

Il tâchait de garder un ton détaché, comme s'il prenait de ses nouvelles. Comme ça, pour savoir. De la part d'une vieille connaissance.

Mais au fond, il voyait bien, depuis leur séparation, comment Alison se comportait. Il avait beau ne pas vouloir l'observer, il avait vu le soin qu'elle mettait à plaire, à arranger sa frange, à serrer ses vêtements autour de ses formes, à mettre ce soir du rouge à lèvres, à lisser ses cheveux qui n'étaient pas comme ça quand on enlevait les enchantements, à rire aux blagues immatures de Ryder le fameux joueur de Quidditch pendant les cours de potions.

Son coeur battait fort, il n'aurait pas dû poser la question. C'était bien trop évident. Mais le mal était fait.

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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Si Sasha ne connaissait guère beaucoup les joueurs de Quidditch célèbres d'Angleterre en arrivant à Poudlard, depuis janvier, il avait appris à identifier les visages et les noms de beaucoup d'entre eux désormais. Parmi eux, bien sûr, les stars du moment comme Elliot Blackburn et celles du passé comme Owen Carter. Ni l'un ni l'autre ne lui inspirait beaucoup d'admiration : le premier attirait beaucoup trop l'attention des jeunes filles dans la boutique ; quant au second, il trouvait étrange de ne l'avoir jamais vu à la boutique après presque deux mois passés à y travailler. Non que ça le chagrinât outre-mesure : il n'avait guère envie de se confronter au père des filles dont il avait inutilement mis la vie en danger dans la Forêt Interdite de l'une et fantasmé sur la seconde après s'être retrouvé un peu trop collé contre elle à quelques reprises. (Pour la troisième, au moins, il n'avait encore fait aucune bêtise particulière.)

Toujours était-il qu'il s'était habitué à la présence étrange de toutes ces personnalités dont les posters s'étalaient sur les murs, à qui Freya parlait parfois comme si elle se rendait à peine compte qu'ils n'étaient pas réels.

 

Il avait accueilli avec soulagement la liste des premières tâches, se dérobant à la vue de la jeune femme pour aller enchanter un balai et une pelle pour récupérer les copeaux enchantés. Il fallut user de quelque stratégie pour éviter à certains de s'enfuir de l'atelier pendant que Freya avait rejoint la boutique, après quoi il se dirigea vers les vitrines.

A la main ou avec des enchantements, Sasha n'était jamais mécontent d'être affecté aux tâches d'entretien, bien au contraire. Ce qui le gênait le plus, c'était de devoir gérer des clients. S'il fallait renseigner sur où se trouvait un article, il n'y avait pas de problème, mais il devenait maladroit dès lors que la discussion devenait trop technique. S'il fallait une spécialiste, il renvoyait vers Freya. Il gardait un oeil sur les enfants, aidait les petites filles à saisir ce qui était trop haut pour elles, surveillait les garçons plus âgés qui louchaient sur les paquets de cartes à collectionner. Bref, nettoyer la vitrine lui convenait très bien, et lui-même n'avait même pas remarqué les regards des posters - il s'était habitué à leurs gesticulations sans interagir avec eux.

 

Mais quand Freya intervint, Sasha accroupit près de la vitrine sursauta. Il leva vers elle une mine surprise, avant de comprendre.

 

- Ah, ça. C'est rien du tout, il dit en portant une main à sa tempe, et se hâta de détourner le visage pour reprendre sa tâche - astiquer la vitrine de l'intérieur - il sortirait dans quelques instants faire l'extérieur.

 

Malheureusement, il avait senti que Freya s'était approchée, et il sentit un certain malaise le gagner. Zut. Il avait cru pouvoir s'en sortir plus simplement. Alors il la regarda de nouveau, se redressant, un peu déconfit. Sasha n'avait jamais vu l'aînée des Carter s'intéresser à lui de si près - il déglutit, reculant malgré lui face au regard automnal, mais un peu trop fixe, de Freya. 

 

- Ca va gêner pour les clients c'est ça ? il admit, réalisant un peu tardivement qu'il ne serait en effet pas très accueillant - déjà que ce n'était pas exactement son fort.

 

Il faillit proposer de rester dans l'arrière-boutique, mais se ravisa. Il n'était pas là pour se cacher et il le savait : Freya avait besoin de lui autant à l'avant qu'à l'arrière ; c'était un navire qui prenait sacrément la houle les week-ends et on ne pouvait vraiment pas aller se cacher dans les cabines. Sasha eut une moue contrite.

 

- J'suis désolé, j'ai pas eu le temps d'arranger ça, s'excusa-t-il.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Une salle désaffectée, Dimanche 11 Février 2125

Le sourire de Sasha s'était effacé. Il s'efforçait de se concentrer. Il avait serré les poings, les jointures de ses mains devenant blanches malgré les striures noires qui les parcouraient inélégamment. Ses lèvres se pincèrent et se tordirent tandis qu'il serrait les mâchoires, résistant à la pulsion de l'attraper par le cou pour y resserrer ses doigts et la faire taire.

 

Etait-ce la raison qui le retenait, ou la stupéfaction de ce qui se passait sur ce corps, habituellement si parfait, désormais en proie au chaos ? Anya donnait en vérité un spectacle qui l'effrayait au-delà de ce qu'il l'aurait admis : sa peau miroitait de couleurs et de textures changeantes, jusque sur son visage aux traits pourtant relativement intacts ; ses cheveux s'allongaient et se défrisaient, gigotaient telles mille queues de lézard abandonnées dans la fuite. L'expérience était troublante, et Sasha respirait fort, sans s'en rendre compte, juste parce que c'était nécessaire pour encaisser tout ce qui se passait tant visuellement que dans les mots d'Anya. Ses paroles étaient autant de flèches qui le clouaient à la réalité, lui rappelant l'identité de celle qu'il regardait à terre.

 

Quand elle se redressa, il se leva aussi mais pour avoir un mouvement de recul, incertain. Il la scrutait toujours, les yeux écarquillés de stupéfaction. Bientôt il prit un air mauvais.

 

- Zatknysya ! (Ta gueule !) rétorqua-t-il aussi vertement qu'il le pouvait, dans une expression bien ukrainienne, et probablement haïe des russes. Parle pas de c'que tu connais pas !

 

Elle fit un pas en avant en avant, Sasha fit un pas en arrière. Ses doigts s'étaient resserrés sur sa baguette, mais en cas de danger véritable, ce n'était pas sous cette forme qu'il se défendrait. Mais comment justifierait-on d'avoir retrouvé le cadavre d'une élève lacérée de griffes et de crocs ?

Le pas suivant, et Sasha se retrouva contre le mur, le souffle court. Anya était si proche, avec son teint de fantôme, et il sentait son sang vivant battre follement dans ses veines. Il en avait vu, des choses, sur le champ de bataille, mais cela était encore inédit.

 

Mais il n'était pas question qu'il s'en allât. Il serra les lèvres de nouveau, rassemblant de l'oxygène, du courage, et tout ce qui pouvait traîner en lui avec.

 

- Qu'est-ce que t'as ?

 

Il avait demandé ça froidement. Comme s'il exigeait de savoir, si elle exigeait qu'il partît.

 

- Qu'est-ce que t'es ?

 

Une vague moue de dégoût s'était peinte sur son visage. Ses mains étaient moites et ses doigts tripotaient sa baguette, mais il l'avait gardée baissée. Elle n'avait pas fait la guerre. Si elle l'attaquait, il aurait tôt fait de répliquer. Il maîtrisait la situation, se convainquait-il intérieurement. Il maîtrisait.

 

- T'es le résultat de quel genre d'expérience ratée ? persifla-t-il.

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Sasha Shevchen

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Contrôle et régulation des animaux magiques. Sasha avait dégluti en ouvrant grand les yeux, et son sang soudain glacé sembla se suspendre dans ses veines.

 

- Bonjour.

 

Sasha n'avait pas réussi à grimacer le moindre sourire face à l'inconnue - il l'avait toisée peut-être de façon peut-être un peu trop surpris pour qu'elle commenta sa tête, et il se hâta de détourner le visage.

 

Un garçon normal. Il était un garçon normal. Il n'avait pas envie d'être régulé du tout. Comporte-toi normalement, durnyy. Que ferait un garçon de son âge ?

 

- Mmh, ouais, glapit-il en rougissant jusqu'aux oreilles à cause du compliment, mais pour admettre qu'effectivement, il s'était battu.

 

Sasha se déroba rapidement, trop heureux de ne pas rester sous le regard attentif de Fenella. La jeune femme avait un capital sympathie plutôt élevé, mais son caractère volubile et surtout ses ambitions effrayaient le russe qui s'en retourna astiquer ses vitrines.

 

La tâche lui permit au moins de calmer son coeur qui tambourinait désormais dans sa poitrine. Elle allait travailler avec eux tous les samedis. Elle le trouvait mignon. Elle voulait réguler les créatures magiques. Sasha avait peine à voir cette arrivée comme une nouvelle positive : il aimait bien les jours où il était seul avec Freya, même si le rythme était ardu.

Au bout d'un moment, il se résigna à aller retrouver les deux écossaises dans l'arrière-boutique, obéissant, un peu penaud, pour aller s'asseoir dans l'un des fauteuils désignés.

 

- Je me suis battu avec des Serpentards, expliqua Sasha en levant le nez, histoire de se soumettre aux mains de l'aînée des Carter.

 

Il se demanda un moment ce qu'en penserait Freya. A coup sûr, elle craindrait à ses soeurs. Elle s'inquiéterait probablement qu'à cause des réfugiés, Poudlard fusse devenu un environnement violent. Il évita donc de mentionner le caractère politique de son altercation. Mais tout de même, il devait rétablir une vérité.

 

- Mais c'est pas moi qui ai été les chercher, ils étaient plusieurs et ils m'ont tendu un piège dans les cachots, expliqua-t-il en serrant les points et en carrant les mâchoires.

 

Pas la peine de préciser que la moyenne d'âge devait tourner autour de 12 ans, jugea Sasha, il se sentait bien assez observé comme ça. Il s'était fait rétamer par des gosses. La honte. Puis avait été sauvé par une fille - russe, autrement plus ridicule. Sa bouche se pinça en une moue amère, mais il retint les mots qui lui venaient. Ce venin qu'il avait parfois dans la bouche lui avait déjà coûté une Carter et il le savait très bien. Alors, il ne dirait rien de plus. Il coinça ses poings contre son ventre et fixa le vide devant lui, jetant juste parfois un regard en coin vers la jeune femme aux cheveux cuivrés. Pendant ce temps, la douleur qui l'avait élancé toute la nuit à sa tempe s'apaisa.

 

- Merci, il balbutia, un peu gêné.

 

Il passa la langue sur la coupure de sa lèvre inférieure : la plaie avait séché et ne picotait plus. C'était la deuxième fois qu'une Carter le soignait, décidément. Il ne se voyait pas dans un miroir, mais ses blessures se verraient sûrement moins, et cela éviterait peut-être aux clients, effectivement, de poser des questions. Le regard de Sasha s'attarda brièvement de nouveau sur Fenella avant de consulter Freya.

 

- Si on me pose des questions, il vaut mieux que je dise autre chose ?

 

Sasha savait que certains avaient commenté le choix de Freya de prendre un réfugié pour travailler dans sa boutique, à cause effectivement du manque de discrétion de certains locaux, qui ne se cachaient pas pour évoquer à haute voix leurs idées politiques - qu'ils fussent ou non au courant de qui il était. Il ne savait pas à quel point on pouvait lui être hostile, mais il avait déjà vu une mère tirer un enfant par le coude pour ne pas qu'il s'approchât de lui, ou des gens qui lui parlaient comme à quelqu'un qui n'avait jamais utilisé une plume de sa vie. Au début, il n'en avait conçu qu'une colère passive, enfermant ces drôles de souvenirs au fond d'une boîte, qu'il verrouillait proprement avant de la ranger au fond à droit de son esprit, histoire de faire comme si elle n'existait pas.

Mais parfois, quand il entendait qu'un client questionnait Freya à voix basse à son sujet, il se demandait dans quelle mesure ces incidents n'apportaient pas, en réalité, du discrédit à la boutique. Alors, que diraient les voisins d'OCQ si on commençait à dire que l'un des vendeurs était un garçon violent à l'école ?

Sasha afficha une moue découragée.

 

- J'vais quand même pas dire que j'suis tombé en cours de vol dans un magasin de Quidditch, grommela-t-il, bougon - petit coup d'oeil vers Fenella de nouveau. Mais j'peux dire que c'est un petit accident avec les hippogriffes. Ils sont souvent un peu turbulents, quand on les maîtrise pas bien.

 

Ce qui n'était pas son cas, mais ça, il n'en dirait rien : il n'avait rien à voir avec les animaux magiques, voyons.

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Sasha Shevchen

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Derrière les racines du saule cogneur, Lundi 05 Mars 2125

Depuis le dîner chez les Carter, Sasha ne s'était plus ouvert auprès d'aucune des trois filles. Ni sur son passé, ni sur son intégration difficile à Poudlard. Il saluait Charlie, faisait son travail en écoutant les consignes de Freya, essayait de ne pas épier Alison qui jouait toujours à attirer les regards. Et une seule chose permettait de supporter ce quotidien vide de sens : la perspective de s'en échapper chaque nuit.

 

Toujours un peu plus longtemps.

 

Sous sa forme animale, il avait arpenté l'entièreté de la lisière de la Forêt Interdite qui entourait Poudlard, en connaissait parfaitement les contours, les recoins, sans s'aventurer beaucoup plus loin de peur d'oublier de revenir au château - et si cela arrivait, il attirerait trop l'attention. Il fallait qu'il fût présent au cours du lendemain, même les paupières lourdes, même l'esprit embrumé de sommeil. Les journées étaient longues et la fatigue marquait ses traits, mais étrangement, dès qu'il avait repris sa forme de panthère à la tombée de la nuit, il se sentait plein d'énergie.

 

La pénombre du crépuscule éveillait autour de lui mille sons, mille odeurs, et en lui, autant d'excitation à traquer, à humer, à contrôler des passages pourtant déjà examinés cent fois.

Les nuits où les nuages étaient suffisamment épais et la visibilité presque nulle pour les humains, il passait plus de temps dans le parc, à tourner autour des Sombrals qui lui jetaient des regards méfiants, ou bien à provoquer le Saule Cogneur en s'asseyant sur un talus, à quelques centimètres à peine de la portée de la dernière branche qui fouettait l'air rageusement sans pouvoir l'atteindre. De temps à autre, il profitait de cet arbre aux propriétés si étranges pour s'entraîner durement : il s'élançait dans le territoire du Saule et s'efforçait d'en éviter les coups sauvages ; il contre-attaquait en lacérant l'une ou l'autre branche de longues et profondes griffures qui enrageaient l'arbre plus encore ; et le jeu violent se répétait jusqu'à épuisement.

Alors, Sasha déclarait forfait, et partait se réfugier sous un bosquet ou dans un arbre de la Forêt, pour y reprendre son souffle, se tasser dans une posture de repos où il somnolerait quelques heures, les yeux mi-clos, à surveiller ce qui était visible, jusqu'à l'heure où il s'efforcerait de rentrer.

 

 

 

 

Cette nuit-là, c'était un programme similaire qui l'attendait. Sasha s'était approché du Saule Cogneur, dont les branches restaient immobiles encore. Il n'osait déclencher trop tôt sa fureur ; certains professeurs et élèves veillaient tard, et auraient pu apercevoir l'arbre de leur fenêtre malgré la brume qui flottait sur l'herbe et engloutissait largement les reflets de sa propre fourrure. Tapi dans la verdure, son poil se mêlait aux nuances d'ombre d'un sol inégal, le rendant invisible pour un observateur du château, et sa démarche lente, louvoyante, disparaissait dans les vagues formées sur l'herbe qui se pliait à chaque souffle de vent. Une brise qui charriait une odeur d'écorce humide, de feuilles mortes en décomposition, et de cire chaude qui consumait.

 

La panthère s'immobilisa en chemin. Le saule cogneur paraissait sur ses gardes. Sasha respira de nouveau : l'odeur avait disparu. Une odeur de bougie. Inhabituel à cet endroit. Il resta longuement immobile : au bout d'un moment, très fugace, l'odeur revint de nouveau - avant de la perdre, il avança - il la perdit tout de même. Ses oreilles et ses yeux apparurent au-dessus de la verdure tandis qu'il cherchait tout autour de lui - un signe visuel, ou auditif, mais le chuintement du vent masquait cette partie de ses perceptions. En revanche, sous le Saule Cogneur, une faible lueur, que ses yeux perçants uniquement étaient en mesure de deviner - quelqu'un se cachait là-bas.

 

Il hésita.

 

Si c'était un groupe d'élèves qui bravaient le règlement pour aller fumer discrètement, il valait mieux ne pas croiser leur route.

 

Son coeur se mit à battre.

 

Et si c'était Alison ? Qui avait suivi un garçon ?

 

Ca ne le regardait pas, si c'était le cas. Et puis, les chances étaient si maigres.

 

Il fallait qu'il vérifiât tout de même.

 

Sasha traversa le territoire du Saule en quelques bonds rapides et silencieux - pour la forme, le Saule Cogneur cingla les herbes hautes, sans succès : l'instant suivant, la panthère louvoyait déjà entre les racines, pour se tapir derrière l'une d'elles, près de la lumière.

 

Un passage dissimulé. De toutes les fois qu'il avait approché l'arbre, il n'avait jamais songé à fureter si près des racines. Il aurait pu se morigéner d'avoir manqué une telle opportunité d'exploration - mais cette fois les odeurs l'avaient détourné vers une autre préoccupation : aux senteurs diffusées par la lanterne se mêlaient les résidus d'encre et de papier humide, de cire Polish d'OCQ, de vêtements de Carter. Et une signature familière.

Charlie.

 

Sans attendre, la panthère descendit dans le passage.

 

Charlie l'entendit - malgré son agilité, son poids et le humus qui couvrait le sol provoquèrent des craquements sous ses pattes, et il s'immobilisa quand il la vit en pleine lumière : recroquevillée là, avec des larmes sur les joues qui luisaient sous l'effet de la lanterne. Sasha la contempla sans bouger un poil quelques instants - le temps, en réalité, qu'elle put le reconnaître à son tour. Il hésita à se transformer en humain.

C'était la meilleure chose à faire. Mais pour lui dire quoi ?

 

Charlie était triste.

 

Sous sa forme humaine, il la comprendrait mieux.

Mais sous sa forme humaine, il la comprendrait trop.

Et il ne fallait pas qu'elle le fréquentât vraiment, n'était-ce pas ce que Freya voulait ?

 

- Roâ.

 

Un feulement rauque, mais non menaçant. Sasha observa un moment les alentours - aucune autre odeur non naturelle, aucun autre bruit suspect. Ils étaient seuls.

Alors tranquillement, il vint laisser choir son corps massif à côté d'elle. Avoir le ventre dans la terre ne le gênait pas. Il rassembla ses pattes sous lui, posa son museau de côté, sur le sol, mais le dessus de sa tête contre la hanche de Charlie.

 

Moi non plus, je sais pas, il aurait voulu dire, mais il se contenta de fixer une feuille morte à demi déchirée devant ses yeux verts - la seule chose qui semblait encore vaguement humaine en lui sous cette forme.

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Sasha Shevchen

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Sasha avait pu respirer l'espace d'un instant, quand Anya s'était détournée. Il observa sa démarche douloureuse, toujours perturbé par le désordre visible qui animait la Serpentard et auquel il ne pouvait donner aucun nom. Sa seule hypothèse était celle d'une expérience - parce qu'on disait que les Russes faisaient des expériences même sur les femmes pour les rendre utiles à la guerre, et parce que les Veilleurs aussi tentaient leurs propres manipulations de la magie pour obtenir des avantages stratégiques. Est-ce qu'Anya avait menti sur son passé ? Quand ils étaient pseudo-amis, elle avait vaguement évoqué une vie de famille, mais pas être investie elle-même dans quoi que ce fût lié à la guerre. Mais il ne voyait pas d'autre explication.

Sasha s'humecta les lèvres, cherchant quoi dire : il avait vu ses larmes, et même s'il ne voulait en concevoir aucune compassion, il voulait aussi mettre un terme à cet affrontement dans lequel elle ne pouvait pas se mesurer à lui - encore moins dans son état de souffrance visible.

 

Mais elle n'était pas de cet avis.

 

Elle fit volte-face d'une manière si brutale et haineuse que Sasha lâcha sa baguette.

 

L'instinct prit le dessus.

 

Pris d'un réflexe pour se défendre, le corps de Sasha se mua brusquement : son visage s'allongea vers l'avant ses bras raccourcirent, comme absorbé par un torse trapu et ses vêtements se changèrent en un poil dru marqué de tâches rondes et noires.

 

L'instant d'après, la panthère était là. Les griffes de Sasha renversèrent la jeune femme avec brutalité pour la faire tomber au sol. Il était bien plus lourd sous cette forme - au moins vingt kilos de plus, et c'était une masse dont le cuir ne souffrirait pas de la pression médiocre des mains d'Anya. Sa gueule énorme se retrouva, grondante au-dessus du visage de la russe, les oreilles rabattues en arrière et les crocs dehors - mais ses yeux, ses prunelles étaient humaines, et leurs regards se confrontèrent, tous les deux figés dans la haine et l'horreur.

 

 

 

 

 

Que diable avait-il fait.

 

 

 

Sasha la relâcha et bondit sur la porte. La poignée céda facilement et il se faufila hors de la pièce, détalant à toute allure.

 

Que diable avait-il fait.

 

Il détala ventre à terre, tourna à l'angle du couloir, à gauche. Gauche encore.

 

Quel putain d'imbécile. Il ne pouvait pas la laisser savoir. Ce n'était pas un témoin en qui il pouvait faire confiance.

 

Gauche, et gauche encore.

 

Sasha réapparut dans la pièce à la vitesse de course. Anya n'avait eu le temps que de se redresser sur les coudes - visiblement sonnée par la chute et la tournure des évènements - et il bondit sur elle. Ses griffes se plantèrent dans ses épaules pour la plaquer de nouveau au sol et un grondement menaçant acheva de la tenir , prisonnière et immobile.

 

Un coup de crocs et c'en était fini d'elle.

 

Pourtant, il retrouva immédiatement forme humaine - les mains appuyées sur les épaules d'Anya, à califourchon sur elle, la respiration haletante et le front en sueur. Il saisit sa baguette et la pointa immédiatement sur le visage de la jeune femme.

 

- Zabuty, prononça-t-il, le souffle court. (Oubliettes.)

 

De la baguette de Sasha jaillit une pauvre lumière qui percuta le front d'Anya. Elle parut confuse, et un instant le Gryffondor lui-même fut connecté à un mélange de ses souvenirs - comme probablement, elle le vivait aussi. La situation ne dura qu'une poignée de secondes, mais il vit une famille, un foyer, une coupure de journal et un torrent d'émotions qui lui nouèrent la gorge. Simultanément, il savait qu'il avait malencontreusement déversé des souvenirs en elle - mais lesquels ? 

Et se souvenait-elle qu'il venait de l'attaquer sous la forme d'une panthère ? Avec un peu de chance, toute la confusion générée serait un écran contre la vérité qu'il essayait de protéger. 

 

Mais il haletait, perturbé, toujours à califourchon sur elle. Ses yeux allaient du visage d'Anya à sa baguette dressée - il ne la pointait plus sur Anya, comme s'il avait lui-même oublié pourquoi il était là. 

 

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- Nan, nan pas la classe d'Alison, précisa rapidement Sasha, peu désireux de mêler la soeur de Freya à tout ça.

 

Et aux questions suivantes, il secoua tout autant la tête négativement.

 

- Ils voulaient juste montrer qu'ils sont des durs, grommela-t-il en haussant les épaules, et il balaya le lien avec la direction d'une main. Je leur en parlerai pas. Déjà je sais me défendre, pis ça va m'attirer que des ennuis si j'en parle.

 

C'était vrai de bien des manières : d'une part, parce que pour ses premières altercations avec les Serpentards, il n'avait pas été tout à fait irréprochable de son côté et qu'attirer de nouveau la lumière sur de telles bagarres ne ferait que finir par convaincre son directeur de maison qu'il cherchait les ennuis - directeur de maison dont il dépendait pour pouvoir travailler ici. D'autre part, parce qu'il n'était pas une balance : s'il l'était, il se ferait deux fois plus harceler et il le savait très bien.

Comme il n'avait rien dit de plus, les filles étaient déjà passées à autre chose, et le tablier où les lettres de son prénom étaient brodées lui tirèrent un sourire un peu embarrassé mais content.

 

 

 

 

La matinée passa relativement vite, grâce aux petites tâches et aux clients qui défilaient. Sasha s'occupa des badges comme convenu, puis il dût aller vérifier pour un client s'il ne restait pas des sweatshirt à l'effigie de l'équipe d'Ecosse en taille 12 ans dans l'arrière-boutique. Il fallut aussi rattraper un faux Vif d'Or qui s'était échappé de son sachet et réachalander certains produits pendant que Fenella faisait essayer un balai à un jeune adolescent.

Toutefois, il y avait de temps à autre des temps plus calmes, pendant lesquels la boutique se vidait quelques minutes, et tout en poursuivant leurs tâches, Fenella continuait de faire la conversation à Sasha. Au début, il était resté très laconique : oui il aimait la boutique, non il n'avait pas de petite amie. Il sera majeur l'été prochain, il ne sait pas encore s'il pourra passer son permis de transplanage rapidement.

Fenella aussi partageait un peu de sa vie à elle, avec une bonne humeur qui finissait par aider Sasha à se détendre. Un peu avant le début d'après-midi, après une dernière vague de clients qui passaient en sortant de leur travail, Fenella se percha sur un haut tabouret derrière le comptoir avec une tasse de thé, et fit signe à Sasha de venir lui tenir compagnie. Ce dernier avalait déjà le contenu de ce qui serait son déjeuner : une pomme et un petit sandwich composé de ce qu'il avait pu trouver de facile à caser dans du pain à la table du petit déjeuner dans la Grande Salle. Il se posa sur un autre tabouret, engloutissant ses vivres à grandes bouchées pour profiter du moment où la boutique était vide, avant que d'autres clients n'entrassent.

 

- Dis donc, quel appétit, commenta Fenella en riant. Tu dois faire honneur aux mets de Poudlard, toi au moins ! Tu as des frères et soeurs à Poudlard ?

 

Sasha fit non de la tête.

 

- Ma famille est restée en Ukraine.

- Je vois. Ca ne doit pas être facile d'être si loin. Tu leur écris des fois ?

 

Sasha botta en touche en haussant les épaules.

 

- Bon, j'espère au moins que tu t'es fait des amis ici. A moins que tu viennes juste d'arriver ? Tu te débrouilles bien avec l'anglais.

- J'suis arrivé pour la rentrée en Septembre. Pour les amis c'est...

 

Il prit le temps d'avaler une dernière bouchée, pour se donner peut-être aussi le temps de réfléchir, et de collecter du bout de la langue les miettes éventuelles au coin de ses lèvres.

 

- C'est un peu comme pour les filles. Disons que personne n'a très envie de s'approcher des gens qui viennent d'un pays en guerre, résuma-t-il.

 

Fenella parut sincèrement surprise.

 

- Quand même, c'est pas ça qui te définit. Tu es un sorcier à l'école, après tout. Ca, c'est quelque chose que tu partages avec eux.

 

Sasha baissa les yeux. Fenella avait raison : ce n'était sûrement pas juste que les élèves n'étaient pas sympathiques. D'ailleurs, quelques Poufsouffles étaient plutôt ouverts avec lui. Il laissa retomber ses mains sur ses genoux en réfléchissant quelques instants.

 

- Je fais pas trop d'efforts en fait.

- Oh, je vois.

- J'ai pas envie.

- Pas envie d'avoir des amis ?

 

Il haussa les épaules. Songea vaguement à Alison, à la façon dont la soirée s'était conclue, le soir du Bal de Noël. Un baiser, puis elle était partie avec un autre garçon. Ca avait été si facile, pour elle, supposait-il. Fermer une page pour en ouvrir une autre.

 

- Ca sert pas à grand chose, grommela-t-il au bout d'un moment. Dans quelques mois, sûrement que je vais repartir. Alors à quoi bon.

 

Fenella haussa les sourcils et détourna le regard pour réfléchir à son tour quelques instants, trempant ses lèvres dans un thé bien chaud.

 

- C'est marrant. Quand j'étais en sixième année, il y avait une fille qui venait de Côte d'Ivoire. On est devenues très amies, mais seulement quelques semaines avant qu'elle reparte en Afrique. Du coup, depuis, on s'écrit. Et c'est plutôt chouette d'avoir une amie qui vit une vie différente de la mienne : elle me raconte les soirées chaudes sur la plage et comme les mariages sont plein de magnifiques couleurs, là-bas, rêvassa Fenella à voix haute.

- C'pas vraiment ce que je pourrai raconter d'Ukraine, répliqua Sasha, le ton morne, tandis qu'il s'était remis à mordre dans son sandwich pour le terminer pour de bon.

 

Fenella, dont l'humeur joviale paraissait inébranlable, trouva la réponse bougonne de Sasha plutôt amusante, et elle pouffa. Elle lui donna un petit coup de coude dans les côtes, pour essayer de le dérider.

 

- Ce serait sûrement super chouette d'avoir une fille à qui écrire quand t'y seras retourné, s'amusa-t-elle, arrachant à Sasha un demi-sourire gêné.

 

Ils retombèrent un moment dans le silence. Puis une fois que Sasha eût fait un sort à sa pomme, il passa le bout de ses doigts un à un entre ses lèvres, pour en faire disparaître définitivement le jus sucré qui s'y était déposé.

 

- Tu l'as déjà vu, toi, Owen Carter ? il demanda, comme ça, sans la regarder.

 

Fenella coula un regard vers lui, avant de faire "non" de la tête.

 

- Pourquoi ?

- Comme ça, répondit Sasha. J'trouve ça bizarre. C'est lui la star, mais y'a que ses filles qui triment ici, et pas un homme pour les protéger.

 

La jeune fille fit les gros yeux.

 

- J'crois pas que c'est un sujet qu'elles veulent aborder. Puis tu sais, elles se débrouillent bien toutes seules. On est au vingt-deuxième siècle quand même ! C'est pas pour te vexer, mais ça fait un bail que les hommes, on a appris à faire sans.

 

Sasha fit une grimace. Il se souvenait très bien chez lui, comment c'était plus son père qui avait besoin de sa mère et pas vraiment du contraire. Mais quand même.

 

- J'sais, c'est pas c'que je voulais dire. C'est juste que...

 

Il hésita. Jeta un regard vers l'arrière-boutique, dont l'entrée demeurait silencieuse.

 

- J'me fais sûrement des idées, mais j'sais pas. Entre la caisse et tous ces beaux balais, même s'il y a sûrement de bons enchantements de protection, j'serais pas tranquille moi, de savoir mes filles toutes seules comme ça tout le temps.

 

Fenella haussa les épaules.

 

- C'est Pré-au-Lard, tu sais. C'est calme ici.

- Mmh, fit-il, peu convaincu, avant d'ajouter à voix basse. J'sais bien qu'elles sont toutes les trois courageuses, mais ça m'embêterait qu'il leur arrive un truc.

- T'en as de drôles d'idées, se moqua Fenella - et soudain, elle bondit sur ses pieds, car un client venait d'entrer. Bonjouuur ! claironna-t-elle.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Une salle désaffectée, Dimanche 11 Février 2125

Il y a un rire, dans sa tête. Le rire d'une fille qu'il n'a jamais connue, et pour laquelle il éprouve pourtant un sentiment de familiarité douce.

 

Ce n'est pas son amie à lui, réaliste-t-il. C'est celle d'Anya.

 

Il la relâcha brusquement, avec un mouvement de recul, confus. Des bribes de souvenirs étaient encore éparpillés ça et là - On lui montre un cerf. - quand il se laissa tomber sur son séant, sur la pierre froide, à côté de la russe. Il la libéra en retirant la jambe qui restait en travers d'elle, plus préoccupé en réalité par la volonté de retrouver ses propres souvenirs que par l'envie de la laisser vraiment tranquille. Ses propres souvenirs avaient fui vers elle, en partie. Il le savait, sans savoir comment ni pourquoi.

 

Le ton d'Anya le tira toutefois de sa torpeur, et il la contempla : elle avait retrouvé sa forme habituelle : son visage doux, ses cheveux bouclés. Même sa voix élégante, quand bien même elle était blanche, aussi pâle que sa peau blême à cet instant.

 

- J'ai... C'est...

 

Quoi, une erreur ?

 

- Un accident, il balbutia, le souffle court, sans y croire lui-même. C'était un accident.

 

Il ne savait plus ce qu'Anya savait. C'était pire que de savoir qu'elle connaissait son secret. Pourquoi n'avait-il pas proprement terminé le travail, comme on le lui avait appris en cas de compromission ? Sasha secoua la tête en un signe négatif. Elle avait peur, très visiblement. Il n'était plus question de le provoquer. La baguette d'Anya tremblait, pointée sur lui dans un geste faible, et il déglutit. Ses yeux se posèrent au sol, puis sur Anya de nouveau. Il crut voir encore son amie, son père, son frère. La coupure de journal qu'il identifiait désormais comme celle qu'il avait vu dans les documents rassemblés de la russe. Il secoua la tête encore.

 

- J'peux pas. Tu saignes.

 

Il désigna la tâche sombre au sol. Pas trop importante pour que sa vie fut en danger, jugea-t-il. Suffisamment pour qu'elle dût être emmenée à l'infirmerie, normalement. Mais qu'est-ce qu'il dirait alors ?

 

- J'vais t'soigner, il dit.

 

Il leva les paumes pour marquer son innocence : elles étaient marquées de striures noires, semblant vouloir dire le contraire, mais il l'avait oublié.

 

- J'te jure. Laisse-moi faire. J'partirai pas. Ok ?

 

Autour d'eux, le château les enveloppait d'un silence de plomb. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être. Du temps qui leur restait de tranquillité. Mais il savait qu'il fallait agir vite.

Alors il déposa sa baguette au sol, comme une preuve de sa bonne volonté. Il avait basculé à genoux. Voilà, il était à la merci de la baguette d'Anya.

 

- Tu peux pas rester comme ça. C'est trop risqué pour nous deux, insista-t-il, se persuadant intérieurement qu'avec ce qu'il avait vu, si elle détenait un secret sur lui, il détenait en retour un secret sur elle également. Laisse-moi faire. Je sais faire. J'ai été formé à ça.

 

Ainsi qu'à d'autres choses, certes. Mais était-on toujours obligé de retenir les pires de ses qualités ?

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les collines non loin de Pré-Au-Lard, Samedi 17 Février 2125

 

Ils n'avaient ni été les meilleurs, ni les moins bons. Si Sasha était venu pour gagner, à mesure que la nuit s'était avancée, il avait un peu perdu de vue cet objectif-là, au profit d'une simple course dans les hautes herbes à traquer des runes avec Sam. Julian s'était comportée de façon plus détachée d'eux, intervenant de temps à autre, mais Sam avait vraiment fait équipe avec lui, et c'était peut-être ça qui lui avait fait oublier son combat amer contre le reste du monde, quelques instants.

 

Lorsqu'ils furent tous réunis devant le professeur Bramblethorn, Sasha avait beau être déçu de ne pas avoir rapporté les meilleurs scores, il était plutôt insensible aux critiques de l'adulte. Il était habitué à la dureté des instructeurs, et au fond, il donnait raison à l'enseignant : ils n'étaient clairement pas assez bons. Mais de son côté, son souffle était encore porté par la course dans un espace ouvert, frais et sauvage - un espace agréable, une échappatoire légère qui n'avait rien à voir avec les salles de cours dans lesquelles il se sentait en cage. Mais cette décontraction n'était pas partagée des autres élèves : beaucoup repartaient la tête basse d'avoir échoué, ou au contraire la tête haute pour regonfler un ego blessé. Le cortège d'étudiants s'avança dans la nuit, vers le château. Sasha enfonça les mains dans ses poches, suivant silencieusement Sam et Julian qui suivaient le cortège.

 

A quelques pas devant eux, la silhouette d'Alison Carter attira momentanément son attention : elle se penchait vers son désormais évident confident, et Sasha préféra baisser les yeux vers le bout de ses baskets.

 

  • - On a fait une bonne équipe quand même, il dit à Sam, à voix basse, pour lui remonter le moral, au cas où elle serait dans le même état que les autres.

 

Il haussa les épaules, se demandant si ce qu'il disait était vrai, et selon quels critères. Peut-être que ce n'était pas exactement ce qu'il avait voulu dire.

 

  • - En tout cas moi j'ai bien aimé faire équipe avec toi, corrigea-t-il à voix plus basse encore, presque comme pour lui-même.

 

Pour une fois que quelqu'un l'avait juste traité comme n'importe qui.

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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha accueillit la fin de la journée avec un certain soulagement, et l'arrivée de Charlie avec un plaisir doux-amer : concernant l'épisode sur ses cheveux au carré, il fit une grimace pour désapprouver les moqueries.

 

- Ah-ah, fit-il pour imiter un rire sans joie, non sans une oeillade blasée vers Charlie. Comme les nouvelles vont vite. C'est donc ça qu'Alison a retenu de son cours ?

 

Qu'Alison ne rentrât pas le week-end n'était pas surprenant pour Sasha. Il l'avait parfois croisée à la boutique - ils s'étaient tous deux tenus à distance l'un de l'autre - mais c'était rare et l'ambiance y était électrique quand Freya s'y trouvait aussi. Il supposait que la Serpentard préférait rester au château - mais était-ce pour étudier avec le reste de la brochette, ou pour en profiter pour voir son joueur de Quidditch préféré ?

Toujours était-il que la vivacité de Charlie apportait une ambiance agréable et il fut content qu'elle, au moins, fusse rentrée pour le week-end. A son commentaire, Sasha secoua la tête, et afficha un sourire penaud.

 

- Nan. Ca sert à rien, elle est passée à autre chose. Avec un autre garçon, expliqua-t-il avec un haussement d'épaules contrit, un peu désolé de décevoir Charlie. J'ai raté mon coup, ou alors elle préfère juste les joueurs de Quidditch aux créatures poilues.

 

Joueurs de Quidditch avec qui elle faisait des choses que le père de Charlie n'aurait sûrement pas voulu si tôt, songea Sasha en gardant pour lui cette arrière-pensée. Les soeurs Carter se racontaient sûrement beaucoup de choses, mais lui, il avait vu comme Spike et Alison se tournaient autour pendant les cours. Comment ils s'en échappaient parfois ensemble à la fin, comme après le baiser du bal. Il ne se faisait pas d'illusion sur le fait que les deux 5ème années ne faisaient sûrement pas semblant : c'était pas le genre de l'un des Serpentards les plus populaires de l'école de s'embêter à faire ça. Charlie ne pouvait probablement pas savoir ça. Pourtant, savoir que personne n'avait encore rien proposé à Alison pour la Saint-Valentin provoquait en lui une légère humeur positive qu'il tâcha d'ignorer, tout comme il essayait d'ignorer l'amertume que son amour-propre devait encaisser depuis.

Pensivement, Sasha raccrocha une paire de gants de sport après l'avoir examinée : "Je n'ai peur de rien, sauf de toi" ne lui convenait pas.

 

- Je vais peut-être prendre ça, mais pas pour une petite amie, il dit en décrochant un porte-clé en forme de Vif d'Or minuscule : quand on pressait un petit bouton, l'objet s'ouvrait pour laisser apparaître un petit ruban rouge carmin sur lequel un message brodé apparaissait : Je pense à toi, disait-il, avant de se transformer en Plus qu'hier, moins que demain. Qu'est-ce que t'en penses, c'est joli ou pas ?

 

Il n'en avait clairement aucune idée lui-même, aussi comptait-il sur Charlie pour l'orienter dans ses goûts, maintenant qu'il avait enfin quelque argent pour acheter quelque chose. Sasha jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule. Freya et Fenella étaient toutes les deux occupées, alors il en profita pour poursuivre à voix basse.

 

- Et ces monstres la nuit alors ? Ils t'embêtent plus j'espère, sinon je vais devoir venir leur faire peur à mon tour.

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Dans les couloirs du château, Samedi 09 Novembre 2024

Sasha n'avait pas besoin de chercher un balai pour savoir qu'il n'y en avait pas : l'épreuve deviendrait alors beaucoup trop facile, même pour un deuxième année comme Charli. Le Gryffondor regarde le plus jeune chercher malgré tout, puis il haussa les sourcils.

 

- Désactiver l'illusion ? Pour que plus personne ne puisse passer l'épreuve ensuite ? J'suis pas sûr que les organisateurs seraient enchantés, railla-t-il avec un sourire en coin.

 

Il n'en restait pas moins que lui non plus n'était pas très tenté par une traversée façon funambule. L'important était de passer de l'autre côté, et ils pouvaient peut-être faire preuve d'inventivité pour y parvenir. Sasha jeta un nouveau regard au gamin - visiblement pas mal décontenancé par cette première épreuve. Il lui donna une petite bourrade - un coup de coude amical dans l'épaule, histoire de lui redonner un peu de poil de la bête.

 

- Allons, on est Gryffondor, on va pas se laisser intimider par une illusion, j'suis sûr qu'on peut traverser. C'est tout le principe d'agir malgré ta peur face au danger, pas de faire disparaître le danger. Ca ce serait le fuir, tu vois ?

 

Pas certain que le gosse voyait. Sasha haussa les épaules.

 

- Tiens, tu connais le sortilège Ascensio ?

 

Sasha sortit sa baguette. Une nouvelle bouffée de vent rapide remonta vers eux, ébouriffant quelque peu les cheveux des garçons et sifflant à leurs oreilles, mais le sixième année n'y prêta pas grande attention.

 

- Ca te permet de te propulser en hauteur. Et si tu le fais en courant en avant... Tu seras de l'autre côté facile ! Ok ?

 

Il suffisait de faire cela lui-même. C'était un sortilège qu'il avait déjà utilisé par le passé, et il était plutôt confiant sur la réussite. Alors, il fit un mouvement du poignet, qui ressembla à un geste de chef d'orchestre, pour se rappeler le mouvement exact. Parfait.

 

Sasha recula d'un pas. Puis, il s'élança en avant, effectuant de nouveau le geste.

 

- Ascencio ! cria Sasha. 

 

Lancé au pas de course, son premier pied battit le sol tandis que dès le suivant, il était propulsé dans un saut vers l'avant. Un peu mal calibré, le sortilège le fit atterrir si près du bord de l'autre côté que Sasha s'écroula sur le parquet avec un hoquet de stupeur - mais au moins, il avait réussi sa traversée. Il roula sur les fesses avec une grimace. 

 

- Bon, je maîtrise pas vraiment l'atterrissage mais je t'assure que ça marche bien !

 

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Sasha Shevchen

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Une salle désaffectée, Dimanche 11 Février 2125

Elle refusait, et refusait encore. Sasha secouait la tête négativement, refusant d'y croire. Soudain Anya n'avait plus rien à voir avec la créature étrange et effrayante qu'il avait vue un peu plus tôt : elle était une jeune femme sans défense, avec des larmes plein les yeux et rassemblant son courage pour combattre un ennemi qu'elle savait trop puissant pour elle. Elle résistait, et plus elle résistait, plus Sasha avait l'impression qu'elle était une chose à protéger et non à détruire. C'était injuste. Il devait détester les russes. Et elle, depuis le premier jour, s'acharnait à être jolie, sérieuse et brave, à se comporter noblement - sauf quand elle avait compris qu'ils étaient dans deux camps séparés, bien sûr.

Les traits de Sasha se déformèrent. Maintenant, elle ne le rejetait pas uniquement par principe des origines, mais parce qu'elle avait vu ce qu'il était vraiment.

 

Il allait d'échec en échec, ici.

 

Il serra les dents et lentement, baissa les bras. Il se pencha pour récupérer sa baguette, précautionneusement pour ne pas déclencher de la peur chez Anya qui pourrait la faire attaquer de nouveau, puis il se leva. Il ne prit pas la peine d'épousseter son jean qui avait traîné dans la poussière : il recula d'un pas, les bras le long de son corps, vers la porte. Il s'humecta les lèvres, s'efforça de prendre un ton dur.

 

- Très bien. Tu as raison. Personne saura. Sinon je me débrouillerai pour venir finir le travail.

 

Sasha espéra que la menace sonnait suffisamment intimidante. Maintenant qu'Anya avait peur de lui, elle ferait son effet, se persuada-t-il. Il n'avait pas besoin qu'Anya restât silencieuse à vie : seulement quelques mois. Il saurait la maintenir silencieuse, se répéta-t-il en quittant la pièce, mais tous ses membres tremblaient.

 

Il repoussa la porte derrière lui, sans la refermer totalement pour produire le moins de bruit possible. Le couloir l'accueillit avec une lumière douce de fin de nuit : le soleil bientôt allait reprendre tous ses droits sur le château, illuminant chacun des recoins, les terrassant de réalité crue et froide.

 

Sasha ne fit que quelques pas avant de ranger sa baguette. Il s'adossa contre un mur et se laissa choir lentement le long de celui-ci. Le sol froid et dur l'accueillit en silence, et il fit reposer lourdement son crâne contre la pierre, l'oreille à l'affût, un oeil tourné vers la porte.