T'as presque envie qu'elle réussisse avant toi. Juste pour voir ce qu'elle te demanderait. Y'a plein d'idées qui te passent par la tête, et franchement, toutes sont plutôt tentantes dès lors qu'elles incluent une absence totale de vêtements et des mains baladeuses. Alors tu acceptes le deal sans souci, persuadé que l'un de vous deux finira forcément par réussir ce foutu sortilège. Et désormais, tu te fous royalement que ce soit toi ou elle. Dans tous les cas, l'après-midi sera des plus intéressantes.

Et tandis que tu l'observes se foirer, et que tu t'apprêtes à retenter ta chance, Pope annonce la fin du cours, te laissant baguette brandie vers des projectiles disparus. Tu pensais pas que ça arriverait si vite, la fin du cours. Tu vois soudainement ton après-midi de rêve te passer sous le nez, tandis qu'Alison mentionne des révisions sages. Tu pinces les lèvres un instant, avant de ranger ta baguette dans ta poche d'un air renfrogné.

- J'vais m'entraîner alors.

C'est sûrement plus important pour ton avenir que d'améliorer tes performances sexuelles. N'empêche que le changement de programme t'emmerde profondément. Peut-être que tu devrais juste chercher une autre meuf qu'Alison qui serait prête à ce petit arrangement elle aussi. Histoire d'avoir toujours une meuf de libre quand t'as envie. Mais t'as un peu la flemme de chercher. Et puis, faut vraiment que tu t'entraînes si tu veux pas prendre du retard sur le reste de l'équipe. 

- Au r'voir M'sieur Pope.

C'est balancé sans réel entrain. Tu lui en veux toujours un peu pour la façon dont il t'a traité après l'excès de violence de Decker. Il aurait dû être clairement de ton côté. Au lieu de quoi, il t'a puni injustement, que ce soit en te forçant à aller à l'infirmerie, ou en te laissant gérer le mannequin seul par la suite. Sans ça, t'aurais probablement pas foiré ton sort au point qu'il se retourne contre toi. Tu t'es tapé la honte à cause de lui, et c'est pas près d'être oublié. Tous ces sorts... T'es carrément vidé de ton énergie lorsque tu te barres de la salle de classe. Et pourtant, t'es bien décidé à retrouver ton cher balai.

Ambrose éclata de rire à la réplique de Sam. Il se doutait qu'elle ne se laisserait pas faire si facilement et que la lutte serait acharnée entre eux pour parvenir à faire plier l'autre à sa volonté. Mais leurs duels étaient toujours faits dans la joie et la bonne humeur, et surtout, ils n'avaient pour but que de leur permettre de dépasser leurs limites dans un affrontement sain entre amis. 

- Mes pancakes sont déjà absolument délicieux, t'as juste jamais mérité de les goûter, voilà tout ! répondit-il en ayant bien du mal à faire taire son rire.

Il essaya cependant de reprendre son sérieux afin de ne pas déconcentrer sa camarade : une victoire n'avait de valeur que si elle était obtenue à la loyale, et il n'avait pas l'intention de voler la sienne. Malheureusement, il fallait croire que l'idée d'avoir Ambrose Rosendale à son service pendant vingt-quatre heures n'était pas suffisante pour se transformer en parfait petit génie de la métamorphose avancée. Mais avant que qui que ce soit puisse essayer de nouveau, le Professeur Pope mit fin au cours. Ambrose rangea sa baguette. Il eut une légère grimace en haussant les épaules.

- Dommage, j'aurais adoré un bon massage après l'entraînement de Quidditch, chuchota-t-il à Sam, en laissant volontairement un blanc avant d'ajouter avec un immense sourire Un massage des pieds, évidemment.

Le préfet donna une légère tape sur l'épaule de son amie afin de donner l'impulsion pour quitter la salle, non sans saluer chaleureusement le professeur Pope au passage, le remerciant pour son cours. Il aurait pu être pleinement satisfait de tout cela si seulement Gus n'avait pas été viré. Et qu'il n'avait pas fait perdre cinquante points à leur maison en cédant aux provocations de Ryder. 

Ambrose adorait les cours qui se déroulaient en dehors des salles de classe. Il y avait quelque chose de particulièrement excitant là-dedans, d'autant plus lorsqu'il s'agissait d'un double cours. Il se demandait ce que les professeurs avaient prévu pour eux, d'autant plus que le Professeur Bramblethorn et le Professeur Wickerson n'avait, au premier abord, pas grand chose en commun. Il fut cependant déçu d'apprendre que Sam ne ferait pas partie de leur petit groupe, bien qu'heureux de se trouver en la présence de Gus et Dylan. Les deux cartes en main, les professeurs à peine disparus, voilà qu'il se faisait voler lesdites cartes par un Gus surexcité.

Qui avait l'air bien décidé à prouver ce qu'il valait. C'était d'ailleurs étonnant qu'il n'ait pas cherché d'embrouille avec Ryder alors même qu'il avait tout le chemin les menant là pour le faire. Sans doute avait-il appris de ses erreurs, et s'était-il décidé à se donner toutes les chances de pouvoir ne serait-ce que s'inscrire au tournoi. Cependant, la direction indiquée par Gus ne devait pas plaire aux professeurs, puisque, d'un coup, ils se trouvèrent tous avec l'impression de peser environ quatre tonnes chacun.

- Par Merlin... Un sort de gravité variable ! lâcha-t-il à destination de ses deux camarades.

Difficilement, il attrapa sa baguette magique. Ce simple geste lui demandait un temps fou, et lorsqu'enfin, il put lancer le sortilège, le mouvement nécesaire se fit à vitesse si réduite qu'il en vint à se demander si vraiment, ça allait fonctionner.

Il faisait bien de se poser la question, parce que visiblement, ça jouait pas mal sur l'effet du sortilège. La gravité fut à peine modifiée, ils se sentaient toujours aussi lourds. Et lents.

- A ce rythme on aura pas trouvé une seule balise qu'il fera jour, grommela-t-il.

Patient, Daryl attendit que le gamin se décida à parler. Il savait d'expérience que les pousser à en dire trop risquait simplement de les pousser à ne pas en dire suffisamment, et il préférait que Basil finisse de lui dire tout ce qu'il désirait avant de prendre lui-même la parole. Il prit d'ailleurs sur lui de garder un air totalement impassible afin de ne pas l'influencer inconsciemment. Pourtant, à l'intérieur, il sentait une colère froide monter. Un gamin de sa maison se faisait harceler depuis Merlin seul savait combien de temps, et il était au courant seulement maintenant. Il planta son regard dans celui de son élève, visiblement on ne peut plus sérieux.

- Tu fais la bonne chose en m'en parlant, Basil, commença-t-il lentement, pleinement conscient que cela devait demander un courage extrême de la part du gamin pour venir se plaindre à un adulte. Et pour une situation aussi sérieuse que celle-ci, le prénom et le tutoiement venaient d'eux-mêmes. Cependant, tu ne peux pas me dire cela et n'attendre  rien de moi.

Il était hors de question que Brooks resta les bras croisés alors même que des harceleurs arpentaient les couloirs de Poudlard dans la plus grande des impunités. Il avait toujours été particulièrement à cheval sur la justice, et bien qu'il détestait revêtir son ancien rôle d'agent de police face à des adolescents, il savait qu'il n'en avait parfois pas le choix. 

- S'en prennent-ils à toi uniquement verbalement ou aussi physiquement et magiquement ? demanda-t-il, bien décidé à aller au fond de cette histoire. Il était désormais évident que Basil Banks ne sortirait pas du bureau de Daryl avant d'avoir donné tout ce qu'il pouvait concernant ses bourreaux.

Il trouvait tout de même ça étonnant de la part de Basil d'oser ainsi en parler. Le garçon était du genre plutôt renfermé. Evidemment, Daryl appréciait pleinement cette initiative, il en était simplement surpris. Se penchant légèrement en avant, les coudes appuyés sur son bureau, Brooks posa alors la question qui lui brûlait les lèvres. La plus importante de toutes pour faire cesser tout cela, finalement.

- Tu vas devoir me donner des noms. Je sais que ce n'est pas facile, mais j'ai besoin de savoir. Pour qu'ils ne recommencent pas envers toi, mais aussi envers d'autres, expliqua-t-il patiemment.

Parce qu'il savait que les harceleurs se lassaient souvent de s'en prendre encore et toujours à la même personne. Si Basil était une cible, il devait y en avoir d'autres. Qui n'avaient pas la force de venir en parler.

Tandis que la guérisseuse lui dévoilait son plus grand secret, la réaction de Daryl ne se fit pas attendre. Ses sourcils se froncèrent, ses yeux se plissèrent, et sa bouche forma un "hou" des plus douloureux comme s'il venait là d'obtenir l'information la plus compromettante de tous les temps. Il articula alors silencieusement "le jus de citrouille", comme pour s'assurer de la véracité de ce terrible secret avant de faire mine de sceller ses lèvres à clé tout en rangeant celle-ci précieusement dans sa poche, preuve s'il en fallait que son secret était en sécurité avec lui.

Evidemment, jamais il ne se serait attendu à ce qu'elle révèle quelque chose de réellement compromettant à son sujet, mais simplement pouvoir échanger à propos d'autre chose que sa fichue lycanthropie lui faisait du bien. Et il apprenait tout de même qu'elle préférait se sentir unique et avoir un rapport privilégié avec ses patients plutôt que de n'être qu'un numéro dans un hôpital surchargé. Alors, tandis qu'elle annonçait que certaines cicatrices ne se refermaient jamais, Daryl haussa les épaules, fataliste.

- Et certains pensent oublier les leurs en s'occupant de celles des autres. Quelle cruelle ironie, n'est-ce pas ? demanda-t-il, soudainement aussi sérieux que son interlocutrice.

Il n'était pas dupe. Personne ne décidait de dédier sa vie aux autres pour rien. Il avait suffisamment d'expérience dans le domaine pour le savoir. Il finit par lui adresser un nouveau sourire, avant de lui tendre la main afin de la serrer.

- Nous nous verrons donc le mois prochain, Adaline. 

Son ton était doux, dénué de toute ironie, contrairement à la majorité de leur échange. Le répondant de la jeune femme à son égard avait quelque chose qu'il trouvait plutôt plaisant, et il ne doutait pas qu'il aurait pu tomber sur bien pire guérisseuse pour s'occuper de son dossier professionnel. Cependant, si elle semblait désireuse de faire son métier, lui n'oubliait pas celui qui avait été le sien durant des années, et avait bien l'intention de savoir ce qui l'avait poussé à entrer dans cette voie.