Prévenir Flynn de ne pas sortir de sa salle commune cette nuit : check. Laisser un parchemin signé de la main de Rosendale pour donner rendez-vous à Decker après le couvre-feu : check. Evidemment, il s'était assuré auparavant que Rosendale ne croiserait pas de nouveau Decker d'ici là, grâce au planning des rondes préfectorales. Le plan était parfait, il ne lui restait plus qu'à le mettre en place. Et pour ça, il lui fallait encore un peu de reconnaissance. Enfin, plus que ça, un peu d'entraînement. 

Voilà pourquoi il se trouvait dans un couloir si peu emprunté, à à peine une heure du couvre-feu. Il espérait être suffisamment tranquille pour s'entraîner, et s'assurer qu'il n'aurait pas à s'y reprendre à plusieurs fois une fois la nuit tombée. Il n'avait nullement l'intention de se faire prendre : ça, c'était bon pour Decker. Lui était totalement innocent de tout ce qu'on pouvait lui reprocher. L'autre allait regretter son sortilège en cours de métamorphose.

Parce que oui, c'était bien l'humiliation qui ne passait pas, plus que le nez cassé. Celui-là avait déjà eu sa vengeance devant la gueule de Decker quand Pope l'a viré de cours. Amplement suffisant, quoi qu'il aurait mieux fait de le virer de l'école directement, histoire de faire gagner du temps à tout le monde. Mais à Poudlard, on n'est jamais tranquille bien longtemps. Tu devrais le savoir mieux que n'importe qui. 

En entendant des bruits de pas, tu te retournes, pour voir une gamine de Poufsouffle, qui doit avoir à peu près l'âge de ton frère. Et elle a pas l'air bien à l'aise de te croiser. Autant en jouer un peu.

- Qu'est-ce que tu fais là à cette heure-ci ? Le couvre-feu va pas tarder, tu devrais retourner à ta salle commune, non ? A moins que... Tu prépares un mauvais coup ?

Tu te rapproches d'elle, sourire en coin, un peu arrogant, juste pour l'embêter un peu. 

Nikolaï avait répondu à la salutation silencieuse de Basil. De façon presque imperceptible, il avait incliné le menton en sa direction, tout en lui octroyant un regard franc, avant de reprendre sa posture habituelle. C'était là une chose qu'il n'accordait à personne d'autre qu'à Basil Banks. D'ailleurs, les autres élèves ne s'approchaient guère de lui, et n'essayaient jamais de lui adresser la parole. Cela ne le dérangeait pas outre mesure, conscient qu'il était de venir d'un monde totalement différent du leur. Cependant, lorsque son ami vint vers lui pour lui demander s'il aurait le droit à un entraînement moins difficile s'il parvenait à gravir le mur, le russe jeta à peine un oeil à son camarade en répondant.

- Non. Si toi pas pouvoir, toi avoir un tour en plus, lâcha-t-il d'une voix basse, presque grondante sans même qu'il ne s'en rende compte.

Le professeur Pope prit alors la parole. Et comme à chaque cours, Nikolaï donnait l'impression d'écouter religieusement les consignes des professeurs, comme s'il s'agissait là de ses instructeurs de l'armée. Il devait cependant se concentrer pour comprendre parfaitement ce qui était attendu, et certains mots restaient un mystère pour lui. Enthousiasme, indispensable, branchies, branchiflore. Il ne comprenait pas l'intérêt d'un tel exercice, puisqu'il suffisait de récupérer une quelconque plante creuse pour servir de tuba afin de traverser sans remonter à la surface. Lui se débrouillait bien mieux sans magie qu'avec, et il était presque désolé pour la fille qui se retrouvait en équipe avec lui et devrait subir ses sortilèges aux effets étranges et plus qu'aléatoires.

Cependant, il obéissait toujours à ses professeurs. Alors il s'approcha du bassin, ainsi que de sa binôme du jour, la posture toujours aussi droite, l'air toujours aussi distant. Il désigna le bassin d'un signe de tête.

- Toi aller dans l'eau. Moi lancer sort, dit-il platement.

Il allait du moins essayer. Il préférait se débarrasser immédiatement de cette partie, afin d'aller lui-même dans le bassin. Il se demandait même s'il ne parviendrait pas à le traverser sans la moindre aide. Il avait envie d'essayer. Mais ses envies n'entraient jamais en jeu. Lui se contentait d'obéir. Il sortit donc sa baguette magique pour la pointer sur sa binôme.

- Branchia Ventosa.

De petites branchies apparurent alors sur Flora. Rien de bien impressionnant, c'était même si discret qu'on pourrait les louper, mais c'était probablement suffisant pour qu'elle respire sous l'eau. Pendant un petit temps du moins. Enfin il l'espérait. 

Plus il approchait de la rive et plus le froid gagnait chacun de ses muscles, saisissant, dangereux, même. Il savait très bien que quelques minutes de plus dans l'eau glacée du lac auraient parfaitement pu très mal finir. Par chance, il arrive bientôt au niveau de la berge. Pile au moment où le cri de Sam s'élève, en même temps qu'un bruit d'éclaboussures. Elle l'avait rejoint dans le lac, et il cessa aussitôt de nager pour se tourner vers elle, afin de s'assurer qu'elle n'aurait pas besoin de son aide. En voyant qu'elle se démenait dans l'eau avec autant de volonté que lui, il finit par rejoindre la rive, trempé jusqu'aux os, frissonnant sous le vent qui secouait à peine ses vêtements alourdis par l'eau.

Sam paniquait, à cause de sa baguette, et il se fendit d'un sourire un peu gêné pour toute réponse.

- C'est que... j'la prends jamais pour nos délires à balai... avoua-t-il finalement.

Mais il leur restait toujours la manumagie. Après tout, bien qu'il gérait bien mieux la magie avec baguette, il s'efforçait depuis sa troisième année à s'améliorer toujours plus sans l'outil, bien conscient des risques que cela amenait de devoir s'en référer en permanence à un objet si facile à perdre... Mais avant toute chose, il fallait que Sam se calme.

- Calme-toi, Sam, on va la récupérer ta baguette. Déjà, faut qu'on se sèche avant d'finir en glaçons, après, on s'occupe de ça, ok ? temporisa-t-il avec son bon sens habituel.

Il se concentra un instant, pour déposer ses mains sur les épaules de Sam, toute aussi glacée que lui. S'il voulait qu'elle reprenne ses esprits, c'était bien elle qu'il fallait mettre au chaud au plus vite, il en était tout à fait conscient. Alors, se concentrant au maximum malgré les frissons qui lui parcouraient le corps, il lança un Consectetuer Dryer.

Aussitôt, les vêtements de Sam séchèrent, la laissant dans une douce sensation de chaleur des plus agréables, parfaite pour reprendre ses esprits.

Hello Jenn !

Si t'es intéressée pour RP avec un de mes persos hésite pas à passer me voir sur Discord. Petit topo pour que tu t'y retrouves dans mon armée :

- Alaric Bloodworth, directeur du département des transports magiques, un peu bourru, pas très avenant, pas méchant pour autant, mais j'pense pas que ce soit le plus logique pour rp avec ta Jennifer.

- Ambrose Rosendale, Poufsouffle de cinquième année, demi-vélane, super chill, attrapeur de Poufsouffle, avenant, du genre à s'entendre bien avec tout le monde mais plutôt dans les liens superficiels (il a un peu peur des vrais liens sociaux)

- Balthazar Grimfire, Poufsouffle de cinquième année, super pote d'Ambrose, un punk complètement débile mais sympa, il gère de ouf en skate.

- Bartholomew Beckett, bibliothécaire de Poudlard, Animagus, du genre super sympa avec les élèves qu'il considère comme ses propres gamins, c'est un peu le tonton cool mais gênant.

- Daryl Brooks, dirlo de Gryffondor, prof de potions, Loup-garou, du genre cynique, ironique, qui aime bien charrier les élèves. Lui son but c'est de les intéresser, pas de les foutre dans la merde, mais si tu le cherches tu le trouves. 

- Lysander Bramblethorn, prof de runes, méprisant, élitiste, il se balade en costume sorcier de luxe sur mesure avec une canne ouvragée, c'est pas franchement le gars le plus avenant du monde mais pour les élèves vraiment intéressés par sa matière il va être moins froid.

- Nikolaï Polyanski, Gryffondor de troisième année, obscurus (mais ça les élèves le savent pas), ancien enfant soldat russe, le gamin se comporte clairement toujours comme un militaire, il parle un anglais approximatif, et il fait franchement tâche dans Poudlard.

- Spike Ryder, Serpentard de cinquième année, joueur de Quidditch professionnel, arrogant, insolent, manipulateur, moqueur, bref, une tête à claques.

Voilà, j'te laisse me dire !

Azaël

Qu'est-ce qu'il croyait, voilà une bonne question à laquelle il était incapable de répondre. C'était bien plus que de l'empathie qu'il fallait pour se mettre à la place d'Aldebert étant donné l'étendue de la situation dans laquelle il se retrouvait. Découvrir une paternité avec quinze ans de retard était une chose, découvrir que le fruit de ladite paternité n'était nul autre que Balthazar Grimfire en était définitivement une autre, et ne pouvait que laisser place à de l'improvisation.

- C'est sûrement la meilleure solution avec n'importe quel adolescent, finit-il par convenir.

Lui-même laissait énormément de place à l'improvisation durant ses cours, bien conscient qu'à partir de la quatrième année les étudiants avaient tendance à tout faire sauf suivre le fil conducteur qu'il essayait de mettre en place. Et les braquer s'avérait non seulement être une perte de temps considérable, mais surtout totalement contre-productif. Il leva alors son verre en miroir à celui de son collègue pour trinquer avant de s'octroyer une gorgée bien méritée. Le rhum brûle légèrement son oesophage, et il claqua sa langue sur son palais, plus que satisfait du goût de celui-ci.

Ceci dit, le petit sourire qu'il affichait disparut bien vite tandis qu'Aldebert lui annonçait dans le plus grand des calmes qu'il savait pour sa malédiction. Une fois n'était pas coutume, cela laissa Daryl sans voix, à fixer son interlocuteur un peu bêtement avant de reprendre un tant soit peu contenance. Il se racla la gorge et avala une nouvelle gorgée de rhum comme pour gagner un peu de temps.

- Je pensais être discret... Il faut croire que rien ne t'échappe du haut de ta tour, se moqua-t-il avec une pointe d'amertume.

Il n'aimait pas l'idée que sa condition se sache. Il n'avait pourtant rien à se reprocher, et il mettait tout en oeuvre pour ne représenter aucun danger. Pourtant, l'histoire prouvait bien que les siens n'avaient jamais eu très bonne presse, et l'incident qui avait fait de lui un homme maudit n'avait clairement pas arrangé les choses de ce côté-là. 

- Je pense que ça reste tout de même moins pire que de découvrir une paternité cachée à la mort de la mère du gamin. 'Fin, tu me diras, d'un côté comme de l'autre c'est une condamnation à perpet', ironisa-t-il sans le moindre sourire.

Il se retint d'ajouter que Grimfire était quand même plus con que la plupart des ados. Aldebert n'avait pas franchement besoin d'entendre ça. Et, quelque part dans son déni, il devait bien le savoir. 

Ah ouais. Balt' pensais pas au type refroidi dans le coin quand il parlait de faire du savon avec de la graisse humaine. Juste aux savons sauteurs. Est-ce que le gars a vraiment été buté pour finir en gel douche ? Y'a de quoi se poser la question maintenant que Jimmy mentionne le truc. Est-ce que c'était vraiment un gars, d'ailleurs ? Peut-être que c'était une meuf. Il arrive pas bien à se rappeler. N'empêche que l'ambiance dans la Cabane elle a pas mal changé. Il sait pas trop si c'est parce qu'ils sont que deux, ou parce qu'il y avait eu un macchabée qu'a squatté avant eux. 

- P'têt. Ou ptêt y'a juste un gars qu'est passé lui dire "T'endors pas, c'est l'heure de mourir" pis il l'a écouté. T'sais, la mort a une  curieuse façon d'faire le tri parmi les priorités...

Il y avait réfléchi. Depuis un sacré bout de temps. Depuis que sa mère était partie, en fait. Parce qu'il avait quand même du mal à accepter qu'elle soit plus là. Qu'il arrivait pas à comprendre pourquoi elle était partie, alors que des types qui en butent d'autres eux, ont le droit de rester. C'est un truc qui le retourne un peu de l'intérieur, qui fourraille suffisamment ses entrailles pour le faire se sentir mal. C'est juste pas juste.

Et puis, il a bien l'intention d'avoir tout perdu. Mais il se sent pas plus libre du tout. C'est comme si au contraire on avait réduit le champ de sa vie en lui arrachant sa mère. Il se colle alors une poignée de gnome au poivre dans la bouche, la menthe forte venant lui piquer légèrement les yeux. A moins que ce ne soit pas la menthe. Il hausse encore les épaules.

- Nah. J'crois que c'dans ses rêves que l'homme trouve la liberté. Mais j'suis persuadé d'une chose. Faut toujours dire "je t'aime" aux personnes qu'on aime.

Il esquisse un sourire, un peu triste d'abord. Puis un peu débile.

- Alors j't'aime, Jimmy. Mais fais tourner c'foutu pétard.

Parce qu'il le pense. Mais qu'il a vraiment besoin de fumer. Juste pour oublier un peu d'être triste.

Nikolaï n'avait pas vraiment prévu quoi que ce soit pour les entraînements qu'il avait promis à Basil. Il savait simplement qu'il en avait besoin, et qu'il allait le pousser dans ses retranchements afin qu'il en ressorte plus fort, physiquement comme moralement. Il ne lui ferait aucun cadeau, puisque la vie, elle, n'en faisait pas. Il était grand temps de montrer à ces anglais ce qu'était la discipline russe. A peine la porte passée, dans son survêtement gris, il vit sans peine Basil arriver vers lui. Satisfait de constater sa ponctualité, il acquiesça d'un signe de tête.

- Bonjour, le salua-t-il avec son accent prononcé et cette étrange intonation militaire qui donnait toujours l'impression qu'il ordonnait plus qu'il ne parlait.

Ce simple mot annonçait sans peine la couleur de ce qui allait suivre. Il désigna d'un geste du menton le lac, au loin.

- Courir autour du lac. Trois fois. 

Et aussitôt, il se mit en route, à une bonne foulée. Le froid ne semblait pas avoir d'emprise sur lui, ni même sur son souffle dont la vapeur s'élevait dans les lueurs matinales. Il savait que Basil le suivait. D'ailleurs, il se porta bientôt à sa hauteur, essayant de caler son rythme sur le sien. Au bout du premier tour, cependant, il avait déjà ralenti l'allure. Son souffle était plus erratique, il semblait peinait tandis que Nikolaï faisait preuve d'une constance évidente.

- Pas ralentir, plus vite ! dit-il sévèrement en retournant chercher Basil et le tirer par sa manche avec force.

Il devait comprendre qu'il n'allait pas pouvoir déclarer forfait. Pourtant, au deuxième tour terminé, Basil crachait déjà ses poumons, sous le regard froid de Nikolaï qui daigna enfin s'arrêter.

- Pas bon. Toi faire cinquante pompes pour punition. Allez.

Et aussitôt, il se mit en position, intimant du regard à Basil de faire de même pour commencer lesdites pompes. Evidemment, une fois celles-ci terminées, il n'y aurait aucun repos accordé pour reprendre la course autour du lac. Ils devaient faire trois tour. 

Ton nez réparé, la gueule nettoyée, l'uniforme remis correctement, tu finis par reprendre la route du cours de Pope, bien décidé à montrer que t'es le plus apte à remporter ce tournoi. Et c'est pas cet abruti de Ferguson Decker qui t'enlèvera ça. Tu passes une main dans tes cheveux avant de frapper à la porte du cours et de revenir à l'atelier que tu as délaissé plus tôt. Un léger sourire aux lèvres, tu peux pas t'empêcher une petite fanfaronnade.

- Vous inquiétez pas, j'suis en pleine forme !

Notamment pour les potes de Decker. Qu'ils captent bien que le seul à prendre dans cette histoire, c'est l'autre. Tu jettes un oeil à Alison, devant qui se balade un rat aux pattes palmées. Visiblement, elle a pris exemple sur celui qu'il fallait pas. Tu hausses un sourcil.

- Tu devrais pas utiliser les mêmes sorts que l'autre débile, ça va pas t'faire gagner des points.

Mais tu peux bien convenir d'une chose.

- Même si t'as l'air de le maîtriser.

Toi, t'as pas grand chose à prouver. Pas après le Gonflus que t'as lancé auparavant. Mais y'a bien un sort que t'as toujours eu envie d'essayer. Alors tu pointes ta baguette vers une grenouille pour lancer un Inanimatus Apparitus vers son crâne.

Un petit chapeau pointu apparait sur la tête de la grenouille, qui saute un peu plus loin.

Il avait été décidé que tu commencerais à te barrer les week end pour tes entraînements avec les Catapultes à partir de la semaine d'après, histoire que tu te fasses un peu à ton emploi du temps à Poudlard avant de tout chambouler. Parce que c'est quand même une année charnière, l'année des BUSES, et t'es le premier à refuser d'abandonner tes études sous prétexte que t'as une carrière toute tracée dans le Quidditch. Parce que tu peux pas t'empêcher de te dire que ça dure jamais longtemps. Même quand on a de la chance, ça dure jamais une vie une carrière de sportif. Et quand on en a pas, on risque de tout gâcher pour la moindre blessure. Alors toi, t'as prévu d'avoir un plan B, et un bon. De toute façon, si tu veux obtenir la garde de Flynn, t'as plutôt intérêt à mettre toutes les chances de ton côté.

Et comme la coupe de Quidditch a été annulée pour cette année, votre capitaine a décidé d'espacer les entraînements. Une belle connerie si on te demande ton avis, mais tout le monde s'en tamponne. Alors tu continues de t'entraîner tout seul. Histoire de prouver que t'as ta place chez les pros. Et en ce dimanche, t'as ramené la grosse malle avec les balles de Quidditch, avant de te lancer dans les airs à toute vitesse. Sans rien d'autre que ton balai pour commencer, un échauffement en bonne et due forme. Mais tu remarques bien vite une silhouette immobile dans le ciel.
 

Tu t'approches à toute vitesse, t'arrêtes à sa hauteur en un dérapage parfaitement maîtrisé, pour voir un gamin tout petit et tout figé. 

- Ben alors t'vas rester planté là ? Faut bouger mon p'tit pote, sinon ça sert à rien d'être sur un balai, hein.

Sauf que le gamin a l'air tout tremblant et tout paniqué. Du genre paralysé par la peur.

- M'dis pas qu't'es v'nu jusqu'ici avec le vertige, t'es pas si couillon quand même ?

Et tu plisses un peu les paupières. Sa gueule te dit un truc. Et tu mets bien quelques secondes avant de le remettre. Bordel.

- Mais t'es l'p'tit Blackburn ! Bordel, il t'apprend quoi ton frangin ? Allez, viens, tiens-toi bien.

D'une main, t'attrapes le manche de son balai pour entamer une descente à vitesse plus que réduite.

Assise dans la salle d'attente, Jules a bien du mal à tenir en place. Elle sait qu'elle doit passer cet entretien avec brio pour avoir une chance de retrouver la garde de sa fille. Au-delà de sa stabilité mentale, elle allait devoir prouver que ses problèmes d'addictions étaient derrière elle, et qu'ils y resteraient. Sa vie en Angleterre n'était qu'une bataille sans fin qu'elle menait tant bien que mal, tentant de garder la tête hors de l'eau alors même qu'elle avait toujours l'impression d'en avoir plein les poumons. Mais elle ne lâcherait rien. Elle avait fait le plus dur en mettant sa fille dans cet avion. Maintenant, il lui fallait la sortir de cette famille d'accueil chez qui elle était.

Les Chapman sont des gens biens, elle n'en doute pas une seule seconde. Et Mila semblait heureuse avec eux. Bien plus qu'elle ne l'était à Millinocket. Mais ils n'étaient pas ses parents, et Jules refusait de laisser sa fille grandir loin d'elle plus longtemps. Les derniers mois ont été les plus longs de sa vie, malgré le droit de visite hebdomadaire qu'elle avait. Les services sociaux et le tribunal avaient cependant été clairs sur ce qu'elle devait faire pour récupérer sa fille : reprendre sa vie personnelle et professionnelle en main.

Elle avait trouvé un travail, et une maison, le tout grâce à une association pour les femmes comme elle. Et elle n'aurait pas pu rêver mieux. Il lui fallait simplement mener quelques rénovations dans la maison afin de pouvoir y accueillir Mila dans de bonnes conditions. Le chenil était adjacent à la propriété, et elle avait eu tous les permis nécessaires pour y accueillir les croups qu'elle souhaitait sauver avant de les remettre à l'adoption. Il ne lui manquait plus que l'aval de la psychomage assermentée, et c'était aujourd'hui qu'elle espérait l'obtenir. 

Dès que la porte s'ouvrit, elle bondit sur ses pieds, son sac à main serré contre elle, avant de serrer la main de la femme à l'allure sévère qui détenait bien trop de pouvoir sur son avenir. Mais Jules était confiante. Pour sa fille, elle l'était toujours. Elle était sa raison de vivre. Sa raison de se battre. Sans elle, elle n'aurait jamais eu le courage de partir. Elle lui devait sa vie, et elle se devait de lui en offrir une plus décente que celle qu'elle avait eu jusqu'ici. A peine eut-elle passé le seuil du bureau que la porte se referma. Son avenir se jouait ici.

Une simple chute ? Balt' a franchement pas l'impression qu'il s'agit là d'une simple chute. Est-ce qu'elle a seulement vu l'angle que fait sa cheville ? Est-ce qu'elle a la moindre idée de la douleur lancinante qui y règne ? Il a l'habitude de se casser la gueule avec son skate, notamment lorsqu'il tente de nouvelles choses. Il s'est déjà pété un bras, ouvert le menton - ça pisse le sang comme endroit, franchement, il aurait jamais cru - fait quelques entorses, ou luxations. Mais là, vraiment, c'est la même douleur que lorsqu'il avait eu le bras pété. Sauf que c'est dans la cheville, faut suivre un peu.

N'empêche qu'il est pas contre l'idée d'avoir encore plusieurs années devant lui. Ça lui plait même beaucoup. Parce que mourir, ça a l'air vraiment chiant. Il est pas trop sûr qu'il y ait des skatepark au paradis. Alors il obéit, Balt. Il reste assis bien sagement, en regardant sa cheville comme si ça allait la remettre dans le bon sens. Il a vraiment super mal, mais il dit trop rien. Il est pas du genre à se plaindre. Juste du genre à attendre que les choses se règlent d'elles-mêmes.

Jusqu'ici, ça fonctionne plutôt bien. Sa mère règle les choses. A Poudlard, les profs règlent les choses. Et la dame a l'air de savoir régler les choses aussi. Peu importe où il est, y'a toujours quelqu'un pour régler les choses. Lui, il a juste à laisser faire, et ça, il le fait super bien. 

- C'est un métier de siroter des cafés ? qu'il demande, visiblement intéressé par la carrière professionnelle mentionnée.

Sûrement que c'était pas la bonne question à poser dans la situation. Qu'il devrait plutôt savoir ce que c'était vraiment que son métier. Mais au fond, il s'en fout. Parce qu'elle a l'air de savoir régler les choses. D'ailleurs, alors qu'elle lance un sort, il sent la douleur diminuer un peu. Suffisamment pour se dire que c'est pas si grave, cette cheville bousillée. Il écoute la dame d'une oreille un peu distraite. Sûrement qu'il a pas tout capté, sauf qu'elle veut bien le laisser dans les escaliers. Il secoue la tête de gauche à droite.

- Nan ! Nan j'viens ! Z'allez régler ça, pas vrai ? il demande en essayant tant bien que mal de se relever en s'accrochant à la rambarde de l'escaliers. 

Son regard parcourt quand même l'auberge, et il désigne son skate qui a roulé un peu plus loin.

- J'peux l'avoir ? 

Un client qui avait observé toute la scène avec curiosité lui rapporte alors sa planche, qu'il chope de sa main libre, l'autre toujours fermement accroché à la rampe de l'escalier tandis qu'il ne laisse pas son pied toucher le sol.

- Merci M'sieur ! 

Il plonge alors son regard à l'idiotie évidente dans celui de la femme qui l'a aidé jusque là.

- C'rigolo, z'avez pas l'air sympa, mais en fait ça va.

Les jours passaient, et se ressemblaient. Jules évoluait dans une morne litanie qui paraissait sans fin. Pourtant, elle continuait d'avancer, inlassablement, comme si sa volonté seule lui permettait d'affronter cette vie semée d'embûches qui était la sienne. Elle n'avait qu'une idée en tête : récupérer sa fille. Pour cela, elle avait lancé son élevage de croups le plus rapidement possible, en retapant elle-même le chenil attenant à la petite maison qu'elle avait loué. Il lui fallait de l'argent pour accueillir Mila dans les meilleures conditions qui soient, et il était hors de question qu'elle s'occupe elle-même des travaux de la maison qui servirait de toit à sa fille. 

Les mises aux normes demandaient un savoir faire qu'elle n'avait pas, et la sécurité de Mila passerait toujours avant toute autre chose. Cependant, tous les devis qui lui avaient été faits étaient bien au-delà de son budget, et elle se devait donc de trouver cet argent au plus vite. Pour cela, son meilleur moyen restait encore les quelques Croups qu'elle avait pu sauver. Certains avaient déjà trouvé nouveau maître, mais l'un d'entre eux en particulier avait bénéficié d'un dressage absolument calamiteux qu'elle essayait tant bien que mal d'arranger depuis maintenant plusieurs semaines. 

Malheureusement, l'animal restait récalcitrant, et n'avait rien trouvé de mieux à faire que de s'échapper purement et simplement durant sa balade quotidienne. Qu'elle prenait pourtant la peine de faire sans la présence des autres créatures. Elle parcourait donc les rues du village à grands pas, à la recherche de Spook qui, évidemment, ne répondait pas à l'appel de son nom. Il n'y avait pas âme qui vivait pour l'aider dans ses recherches, pas même un témoin. Jusqu'à ce qu'une silhouette se dessine dans la brume, vers laquelle elle s'élança à petite foulée.

- Monsieur ? Monsieur ? Bonjour, excusez-m... Elle se coupa nette. L'homme s'était tourné vers elle, et ce visage, bien qu'il ait pris quinze ans, elle le reconnaîtrait entre mille. Et jamais elle n'aurait pensé le trouver là. A... Alec ? souffla-t-elle, complètement bouchée bée.

Elle semblait totalement figée, devant celui qui avait été un ami proche durant toute sa scolarité. Peut-être même un peu plus que cela. Son coeur avait toujours battu un peu plus vite à son approche. Il avait toujours su la faire rire. La faire se sentir en confiance. Mais à présent, il n'était plus qu'un inconnu déguisé en fantôme du passé. Ils n'avaient jamais gardé contact après leur remise de diplôme. Elle n'avait gardé contact avec personne. Elle en aurait été bien incapable. 

- Ça alors... Qu'est-ce que... Tu fais là ? 

Elle avait l'étrange impression qu'il ne s'agissait là que d'un mirage dans la brume.

@Jenn 

La voix de Horace Milbourne avait pour elle une puissance certaine dès lors qu'il s'agissait de s'étendre à propos d'une révélation quelconque - et l'esprit fertile du concierge y était très régulièrement soumis, incapable d'arrêter ne serait-ce quelques secondes les rouages d'un cerveau aussi enthousiaste que celui d'un enfant, si ce n'était même plus. C'était bien là ce que Bartholomew aimait le plus chez son ami de longue date : à ses côtés, comme à ceux des étudiants, il avait l'impression de n'être toujours qu'un enfant. Alors l'ouvrage qu'il consultait fut repoussé du dos de la main pour accueillir pleinement l'arrivée du meilleur ami qu'il n'ait jamais eu. 

Et comme de raison, son intuition ne l'avait pas trahi. Le tonitruant "Lord Beckett" n'était qu'une introduction à l'illumination du jour qui était, il fallait bien l'admettre, une nouvelle preuve du génie de Horace Milbourne. Le sourire du bibliothécaire s'agrandit doucement, tandis qu'il voyait déjà quelques mises en scène des moments forts de cette pièce de théâtre, et, finalement, il se leva en claquant le plat de sa main sur la couverture du bouquin.

- Ainsi soit-il ! proclama-t-il avec une emphase qui n'avait probablement rien à faire dans une bibliothèque, mais que les élèves étaient habitués à subir dans la sienne.  Peut-être même qu'un des fantômes du château pourrait jouer le rôle du spectre... Je verrai bien le vieux Jasper nous prêter main forte s'il accepte de quitter la réserve.

Le vieux Jasper n'était autre que le fantôme d'un bibliothécaire d'un temps reculé. Nul ne savait de quoi il était mort, mais il continuait de hanter la réserve pour souffler sur la nuque des élèves un peu trop bruyants. Bartholomew avait eu l'occasion d'échanger un nombre incalculables de fois avec lui, bien heureux de trouver un compagnon aussi féru de livres en tous genres que lui, et surtout... Aussi fantasque. Le vieux Jasper ne se prenait pas au sérieux, et il trainait avec lui cette odeur que renfermaient les pages des vieux livres, aussi étrange que cela puisse paraître pour un fantôme.

- On peut déjà prévenir notre petite troupe ! J'ai hâte de me remettre à la couture, les costumes seront bien plus réussis que ceux de l'époque ! annonça-t-il, plutôt fier des progrès qu'il avait pu faire dans le domaine.

Il s'interrompit cependant en voyant une jeune fille les observer, comme si elle voulait leur parler de quelque chose sans oser les interrompre. 

- Miss Wilson ! Puis-je vous aider ? Venez, venez, n'ayez pas peur ! l'encouragea-t-il d'un sourire.

Le bibliothécaire regarda l'adolescent suivre enfin ses instructions à la lettre avec une satisfaction évidente : le gamin semblait enfin comprendre qu'il n'y avait là rien de ridicule, mais bien un art qu'il serait bien dommage de ne pas maîtriser. Du moins n'était-il pas aussi rebuté qu'au début de leur petite séance, ce qui sonnait comme une victoire pour Bartholomew qui se contentait toujours de peu avec les adolescents : les brusquer n'apportait jamais rien de bon. Et le simple fait que le garçon lui demandait de quelle danse il s'agissait suffisait à mettre Bartholomew en joie.

Il ne répondit cependant pas tout de suite, puisque les questions s'enchaînaient, prouvant qu'il venait de trouver là sa perle rare : le dernier garçon qu'il leur manquait. Il parlait déjà de l'ouverture du bal en lui-même, et si ce n'était peut-être que par résignation, c'était déjà un sacré pas en avant. L'homme ne doutait pas un seul instant que Sasha se détendrait au fil des répétitions avec ses camarades, et qu'il finirait même par s'amuser, ce qui était bien le but premier de tout cela.

- Un costume tout simple fera l'affaire, ne t'inquiète pas, j'ai prévu de restreindre Horace sur les tenues, lui répondit-il sur le ton de la conspiration, sachant pertinemment que si son ami demandait à un adolescent réticent de base de se transformer en arlequin les choses n'iraient pas plus loin. 

- Et non, tu ne seras pas le seul garçon ! Déjà, Horace et moi. Je peux t'assurer que nous sommes bien des hommes. Mais je suppose que tu veux savoir pour les garçons de ton âge plus que pour nous autres vieux fossiles, soupira-t-il avec bien trop de théâtralité pour sembler réellement affecté à cette pensée. Quatre garçons et quatre filles, les meilleurs des meilleurs, et tu en fais partie, toutes mes félicitations, s'exclama-t-il en donnant une petite tape affectueuse sur l'épaule de l'adolescent.

Et comme ce dernier n'avait pas l'air plus convaincu que cela, Bart insista.

- T'as déjà les bases, le reste c'est juste de l'entraînement. Et en ce qui concerne la danse en elle-même... C'est la carioca ! dit-il d'un geste du bras, comme s'il la présentait. Et puisque rien ne s'arrêtait jamais là avec l'homme, il se mit à refaire les pas lui-même, au bon rythme cette fois-ci, tout en chantant joyeusement. Youpi, dansons la carioca ! C'est bien, faisez tous comme moi ! Un clin d'oeil amusé s'envola vers Sasha en même temps qu'un rire. Bartholomew s'amusait comme un petit fou.

Se mettre en binôme avec Sam était l'évidence même pour Ambrose qui se rapprocha de son amie sans chercher à comprendre davantage. Au moins ils allaient pouvoir faire équipe. Exactement comme sur le terrain. Et s'il faisait confiance à Sam avec une batte pour empêcher tout cognard de l'atteindre, il lui faisait tout autant confiance en cas de duel. Alors il lui sourit, essayant de mettre définitivement de côté tout le fiasco avec Gus pour se concentrer sur le reste de ce cours.

- T'es sûre que tu vas pouvoir gérer, Chadwick ? C'est une baguette magique que tu tiens, pas une batte de Quidditch, va falloir lancer des sorts plutôt que de jouer de tes gros muscles, la taquina-t-il malicieusement.

Mais il n'eut pas vraiment le temps d'ajouter quoi que ce soit, parce que le mannequin les attaquait déjà de trois flèches. Ambrose était persuadé qu'aucune attaque ne serait réellement dangereuse durant ce cours, et il se rendait compte qu'il se trompait lourdement. Et le sortilège de Sam n'avait pas l'air de vouloir fonctionner. Il se prépara à agir à son tour, mais le professeur fut plus rapide, les protégeant tous les deux en transformant les flèches en eau qui s'évapore, sous les regard admiratif d'Ambrose.

- Ben là on a eu chaud... T'inquiète Sam, la prochaine c'est la bonne, ok ?

Il ne voulait surtout pas que son amie reste sur son échec. Il la savait capable de gérer parfaitement ce genre de situation. D'ailleurs, il se devait de lui montrer l'exemple en attaquant lui-même le mannequin. Alors il leva sa baguette pour lancer un Gonflus. 

Aussitôt, le mannequin se mit à gonfler à toute vitesse pour s'élever dans les airs tel un ballon de baudruche rempli d'hélium d'une taille très impressionnante, le rendant incapable de faire quoi que ce soit d'autre que d'attendre l'intervention du professeur pour revenir au sol.

Visiblement décidé à ne pas en rester là, le mannequin une fois redevenu normal lança un Everte Statum vers eux.

Tu t'en sors vraiment bien pour l'instant. Et t'espères que ça continue ainsi. Parce que les autres, ça fait pas trop le même effet jusque là. Tu te sens carrément au niveau supérieur en les voyant tous se foirer pendant que toi tu enchaînes les réussites. Enfin, faut quand même admettre que le mannequin a pas l'air de vouloir te laisser t'en tirer si facilement. En voyant les trois chaises et le bureau arriver droit sur toi, ton premier réflexe est de tout simplement les éviter. 

C'est vraiment ce qui te vient naturellement à l'esprit, exactement comme lorsqu'un Cognard te prend pour cible sur le terrain. Mais contrairement à un Cognard, les meubles sont enchantés, et ils sont bien décidés à te faire la peau. Alors tu vas devoir faire autre chose que quelques pas de côté pour te sortir de cette mauvaise passe. Tu cesses donc de bouger, pour planter des pieds dans le sol, faire face à la menace, et pointer ta baguette sur le bureau qui file sur toi, pour lui lancer un Plasticinum.

Le bureau change de forme, pour un dôme de bois un peu cabossé, qui ne te protège pas complètement, mais il te suffit de le maintenir dans la bonne position pour que les chaises s'y éclatent sans te toucher. 

Chercher ma baguette de Sam était une activité que tout leur petit groupe devrait entrer officiellement dans leur emploi du temps de la journée tellement ça arrivait souvent. Et si elle paniquait à chaque fois comme s'il s'agissait de la pire chose qui pouvait arriver, Ambrose ne s'en préoccupait plus particulièrement, se contentant de l'aider dans ses recherches avec un calme olympien. Alors quand elle lui indiqua qu'ils pouvaient se séparer pour lesdites recherches, il fit claquer ses talons l'un contre l'autre pour se figer une seconde dans un salut militaire digne des meilleurs soldats.

- Cheffe, oui Cheffe ! Je vais tout donner, Cheffe ! cria-t-il avant de se fendre d'un de ses habituels sourires.

Si Sam se donnait en permanence un air détendu, il savait pertinemment qu'il n'en était rien, et qu'il s'agissait bien majoritairement de cela, un air. Voilà pourquoi il mettait un point d'honneur à essayer de la détendre en toute circonstance, même lorsqu'il se demandait sincèrement s'il était capable de récupérer une baguette au fond de l'eau par manumagie. Cependant, il réfléchit bien vite au fait qu'une baguette en bois devrait flotter à la surface, et qu'il lui suffirait donc de ratisser le lac pour la retrouver si c'était bien là que Sam l'avait perdue.

Il récupéra donc son balai qu'il enfourcha pour commencer à chercher, ses yeux balayant la surface sombre des eaux du lac noir, jusqu'à ce que la voix de son amie se fit entendre. Il la rejoignit alors à toute vitesse, atterrissant à côté d'elle dans une bourrasque.

- Je te jure, Sam, tu devrais faire comme les moldus avec leurs lunettes et te l'accrocher avec un cordon. T'auras l'air con mais tu gagneras du temps !

Il fit mine de réfléchir un instant, puis ajouta avec un sourire :

- Ou alors j'te la colle dans la main avec un sortilège de glu perpétuelle. Trois fois rien, presque pas dérangeant, tu dis juste quelle main tu préfères pour ta baguette et quelle main pour la batte de Quidditch et j'te gère le truc !

La déclaration de Jimmy lui fait chaud au coeur. C'est peut-être pas la plus belle du monde, n'empêche que Balt il sait que c'est sincère, et c'est bien tout ce qui compte. S'il avait pas ses amis, il sait pas trop où il en serait depuis l'été qu'il vient de vivre. Alors il tire sur le pétard avec un vrai sourire débile aux lèvres, l'air plus niais que jamais, tandis que son regard se perd sur un point fixe qui n'a strictement aucun intérêt mais qu'il ne parvient pas à quitter des yeux. Il aime bien phaser comme ça. Comme si son cerveau se mettait sur pause pour de vrai. C'est sûrement les moments où il est le moins con, ceux où il pense pas. 

N'empêche que le silence lui vrille les oreilles, et le fait sortir de cette petite transe. Même que Jimmy le ressent aussi, et qu'il y fout des mots. Peut-être pas dans le bon ordre, les mots, mais ça reste vachement la même chose qu'il ressent. Et puis, quand ils éclatent tous les deux de rire, le silence redevient plus acceptable. Avec le pétard, il a l'impression que son coeur bat pas toujours à la même allure. Même qu'il essaie des fois de compter les battements, mais qu'il arrive jamais à se concentrer assez. Alors finalement il retire dessus, parce que c'est encore ça le plus simple.

Et quand Jimmy part dans son délire, Balt explose de rire.

- Si tu veux t'asseoir sur mes g'noux dis-le direct hein, ça m'évite de penser que j'suis une chaise !

Et il se bouffe une chocogrenouille, en faisant un peu la gueule devant la carte d'Alguff le Fétide dont la gueule rappelle bien le nom. 

- T'crois que... Tuer c'est faire un choix ? 

Elle est pas mal glauque cette conversation. Et quand Balt cherche pourquoi ils l'ont, en plus de ce fichu corps qui a été trouvé dans la Cabane, il trouve une réponse un peu cheloue sous sa crête verte.

- C'bizarre. En c'moment j'm'intéresse aux choses commençant par la lettre M. Morue, mutinerie, meurtre, malice... 

Et ce, sans avoir la moindre idée de ce que peut-être une mutinerie.

Ambrose ne s'attendait pas vraiment à une telle réussite de son sortilège. C'était comme s'il avait été incapable d'en contrôler la puissance, Et ce fut simplement la petite chanson de Sam qui le sortit de son observation de l'étrange ballon qu'il venait de créer. Il rit doucement, de bon coeur, avant de reprendre son sérieux, non sans avoir adresser un clin d'oeil familier à son amie. Amie qui sacrifia un pauvre lapin pour leur sauver la mise.

- Wah j'te savais pas si cruelle avec une pauvre petite bête, s'exclama-t-il avec une légère pointe d'admiration quand même.

En attendant, voir que Ryder réussit tout ce qu'il entreprend à quelque chose de vraiment frustrant pour Ambrose, surtout après tout ce qu'il a fait pour faire sortir Gus de ses gonds. Et puis, il voyait bien autour de lui que c'était celui qui s'en sortait le mieux face aux mannequins. Le karma n'avait visiblement pas décidé de frapper en ce jour. Mais il n'avait pas vraiment le temps de s'attarder sur le sujet. 

- Vas-y, je l'attaque encore une fois, fais gaffe à toi, Sam, prévint-il sa partenaire.

Parce que la dernière chose qu'il voulait, c'était que le sortilège qu'il destinait au mannequin ne la frappe elle. Prenant une profonde inspiration, il se concentra le temps de lancer un Inanimatus Apparitus.

Une cage apparaît, pour emprisonner le mannequin. Ce dernier peut cependant encore bouger un peu dedans, et peut-être contre-attaquer.

Nikolaï ne semblait éprouver aucune empathie pour son camarade qui avait un mal fou à obéir à ses ordres. Pourtant, malgré des pompes peu orthodoxes, il ne fit aucun commentaire, ni même ne força Basil à recommencer correctement. C'était bien là la preuve qu'il se rendait compte de ce qu'il demandait au garçon, et qu'il ne pouvait pas non plus attendre de lui d'être aussi performant que lui ou que ses camarades militaires avec qui il avait pour habitude de s'entraîner en Russie. Mais sa compassion s'arrêtait là, et ne transparaissait nullement sur les traits fermés et durs de son visage.

Puisque Basil était bien plus long que lui pour effectuer autant de pompes, il combla ce temps avec quelques séries d'abdos qui ne semblèrent pas entamer son énergie puisqu'il les réalisait avec le même rythme militaire que le reste. Il ressentait pourtant la fatigue, au même titre que n'importe quel être humain. Il avait simplement été habitué à ne pas la laisser paraître, et à passer outre lorsqu'on le lui ordonnait. C'était bien là ce qu'il avait l'intention d'inculquer à Basil qui faisait désormais l'étoile de mer sur le sol.

Nikolaï se dressa donc devant lui, son ombre recouvrant son camarade tandis qu'il se penchait au-dessus en fronçant les sourcils.

- Pas pouvoir abandonner. Encore un tour.

Et sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit, Nikolaï le saisit par les vêtements pour le tirer vers le haut, le remettant ainsi sur pieds. Basil chancelait, et semblait à peine capable de tenir sur ses jambes, mais le russe parut satisfait puisqu'il esquissa un sourire.

- Demain, plus facile. Allez.

Il attrapa le bras de Basil pour le passer par-dessus son épaule, le soutenant ainsi d'un côté. Difficile de dire si c'était réellement pour l'aider ou pour l'empêcher de ne pas faire le dernier tour qui semblait tant lui tenir à coeur, mais Nikolaï soutint ainsi son camarade tout en forçant une foulée qu'il estimait suffisamment correcte, avant de laisser Basil s'écrouler au sol pour de bon une fois le dernier tour effectué.

- Tu vois, toi pouvoir faire, indiqua-t-il comme s'il ne lui était pas du tout venu en aide pour qu'il y parvienne.

Oui, Ambrose pensa, pendant un instant, qu'il avait bel et bien flingué le mannequin. Cependant, cet espoir fut de courte durée en le voyant bouger, et finalement parvenir à se défaire du cercueil. Etait-il possible d'énerver un mannequin d'entraînement au point qu'il refuse de se laisser abattre ? Parce qu'il commençait sérieusement à penser que c'était exactement ce qui était en train de se passer. Pendant qu'eux s'échinaient à enchaîner les sortilèges, en s'épuisant au passage, lui ne semblait pas montrer la moindre trace de fatigue. 

Par chance, Sam géra la défense avec brio - et il ne s'agissait pas là du nom donné à la chaise dupliquée. En attendant, le sortilège restait suffisamment puissant pour laisser un léger goût de désespoir à Ambrose qui se disait qu'ils allaient finir par passer leur vie à attaquer un mannequin à coup de métamorphoses plus ou moins réussie. Mais Sam n'abandonnait pas, alors il se remit en position.

- Mais il va nous lâcher un peu ? Ça fait une éternité que j'essaie de le bousiller il se relève à chaque fois ! Je te jure, cette fois-ci il va pas s'en remettre, asséna-t-il, déterminé.

Il ne sortit toujours pas sa baguette, bien décidé à gérer tout aussi bien avec la manumagie qu'avec elle. Et puisqu'il commençait à sérieusement être à court d'idée, il revint aux bases des bases pour un Avifor.

Le mannequin se transforma en une nuée de petits moineaux qui se répandent dans la salle de classe.

La honte est totale. Tu te débrouillais vachement bien jusque là, et voilà qu'une putain de métamorphose tout ce qu'il y a de plus basique s'est retournée contre toi. Faut dire que la fatigue commençait à se faire sacrément sentir, à combattre ce mannequin infatigable à toi tout seul. Mais t'aurais jamais cru pouvoir te foirer autant. Surtout pas en métamorphose. Le pire dans l'histoire, c'est que t'étais juste incapable de reprendre ta forme normale. Ni même de comprendre ce qu'il se passait autour de toi. L'espace de quelques minutes, tu n'étais pas toi dans un corps de rat, mais bien un rat, purement et simplement. Et ça a de quoi faire flipper.

Dire que tu réussissais mieux que tout le monde jusque là. T'as juste l'impression que quelqu'un t'a saboté consciemment. Sûrement Chadwick ou Rosendale. Tu vois bien les regards qu'ils jettent vers toi depuis le début de l'exercice. Ouais, c'est sûrement ça. T'as pas pu te foirer aussi magistralement sans intervention extérieure. Autant dire que t'es pas trop dans ton assiette quand Pope fait ses démonstrations. Habituellement, t'aurais trouvé ça trop stylé. T'y serais même allé de ton petit commentaire arrogant. Mais là, y'a plus que l'ombre de Spike Ryder dans la fin de ce cours.

Tu lèves la tête vers les projectiles de différentes matières supposés vous tomber sur le coin de la tronche avec un air un peu dépité. Franchement, t'aurais cru à tes chances si tu t'étais pas ouvertement foiré sur un simple Rongifors. Mais là... Autant dire que tu tentes le coup sans grande conviction. 

Sans surprise, c'est bien la protection de Pope qui t'empêche de te bouffer un bout de métal sur la gueule. Il est vraiment temps de se tirer de ce cours.

Balt a l'habitude qu'on veuille pas de lui. Il en prend pas ombrage. C'est même une des rares choses qu'il peut comprendre sans qu'on ait besoin de lui expliquer pendant cinq heures entières. Alors même si Wickerson lui propose du thé, il sait qu'il est pas tellement le bienvenu. Et ça lui fait baisser la tête vers ses baskets. C'est rare de le voir aussi calme. Aussi silencieux. Mais là c'est un peu trop pour lui. Il relève la tête le temps de répondre pour le thé, quand même.

- Rien, merci.

Il a pas envie de thé. Il a pas envie d'être là, non plus, avec un type qu'a tout sauf envie d'être son père. Il a passé toute sa vie sans père, il peut bien continuer encore un peu.

- J'vais y aller j'crois.

Wickerson a pas envie. Lui n'a pas envie. Si aucun des deux n'a envie, il voit pas trop pourquoi les deux se forceraient. Franchement, les choses sont déjà assez cheloues comme ça, y'a pas besoin d'en rajouter. Il remonte la lanière de son énorme sac sur son épaule, ajuste la position de sa planche sous son bras, et se décide enfin à bouger pour se diriger vers la porte d'entrée.

- On s'voit à Poudlard t'façon.

C'est tout ce qu'il trouve à dire pour expliquer sans le dire qu'il a pas l'intention de revenir dans ce drôle d'appartement. Balt a beau avoir l'habitude de pas tellement se sentir à sa place, y'a quand même des limites à pas dépasser, et l'appartement du Professeur Wickerson en fait partie. Il trouvera bien quelques potes pour le dépanner d'ici la rentrée. Au pire, il retournera dans la petite maison de sa mère. Y'a pas de raison, c'est chez lui là-bas, après tout. Il est même prêt à faire l'inventaire des bouquins sans qu'elle lui demande.

Il a quand même du mal, avec ce poids qui pèse sur son coeur. C'est comme s'il avait pris cinquante kilos d'un coup. Et puis, il sent bien qu'il a les yeux qui piquent. Il veut pas que sa mère soit morte. Il veut qu'elle soit là, qu'elle lui fasse un bisou sur le front quand il rentre. Il veut foutre la musique à fond et l'inviter à danser avec un sourire de merde quand elle lui demande de baisser le son. Il veut sa vie d'avant. Il ouvre la porte d'entrée, et passe le seuil.

- A plus.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, t'as réussi à te défaire de cette situation relativement désespéré. T'es pas peu fier de toi sur ce coup-là, même si ton dôme de bois a pris un sacré coup avec ces chaises. T'as vraiment eu chaud. Et tu dois bien admettre que tu commences légèrement à fatiguer. Mais voir Shevchen avec une coupe au carré et une frange digne d'Alison te fait reprendre suffisamment d'énergie pour la suite du cours. Même s'il ne garde pas sa coupe suffisamment longtemps à ton goût.

Tu finis par te débarrasser de ton bouclier improvisé pour faire face de nouveau à ce fichu mannequin qui n'a pas l'air décidé à te foutre la paix si rapidement. T'as bien l'intention pourtant d'en venir à bout, et mieux encore, d'être le premier à le faire. Juste pour bien leur coller la haine à ces foutus poufsouffles et à Shevchen. D'ailleurs, ils ont l'air de se reprendre, vu que leurs attaques respectives fonctionnent plutôt bien. Même la défense de Chadwick fait l'affaire. Et ça te fait chier.

En attendant, tu pointes ta baguette sur le mannequin pour un simple Rongifors histoire de te laisser un peu reprendre tes forces avant de tester quoi que ce soit de plus compliqué.

Oups, c'était pas censé faire ça... 

A la main posée sur son épaule, Balt fait volte-face. Pas trop vite, faut pas déconner. Il se contente de faire face à l'homme supposé être son père, le regardant sans grande agitation. C'est vraiment bizarre, de le voir aussi calme. Mais il a la tête un peu ailleurs. Et c'est sûrement pas plus mal, parce que si elle était ici ça deviendrait sûrement bien trop tourbillonnant pour tout le monde. Il hausse les épaules avec indolence lorsque le type annonce qu'il est désolé pour sa mère.

- Pas autant qu'moi, il répond platement.

Bordel que oui, qu'il est désolé. Sûrement qu'il a jamais été aussi désolé de sa vie alors même qu'il passe pas mal de temps à s'excuser parce que, des conneries, qu'est-ce qu'il en fait. Pis l'ordre tombe, pas franchement enthousiasmant. Alors Balt secoue la tête.

- Nah, vraiment, savez, j'ai des trucs à faire. Un rendez-vous chez..., mais il a pas le temps de finir son énorme mytho que l'autre reprend, comme s'il était le seul à avoir le droit à la parole. Balt ferme sa bouche, ses épaules se haussent quand il lui fait remarquer de pas s'emmerder à inventer quelque chose. C'est dommage. Il est plutôt doué pour ça, Balt.

Qu'est-ce qu'il comprend pas, le Wickerson ? La dernière chose qu'il a envie de faire, c'est de prendre un thé dans son appartement encombré. C'est sûr que le type a même pas un PC pour jouer, ou une console, ou même juste une putain de télé et un abonnement wifi. Mater les étoiles toute la nuit avec son nouveau papa, c'est vraiment pas dans ses intentions. Alors, encore une fois, il secoue la tête de gauche à droit.

- Pas b'soin d's'y faire. Vous voulez pas, j'veux pas, on l'fait pas. Y'a qu'à oublier tout ça. J'ai pas b'soin d'un thé. Pis j'vais pas aller porter plainte parc'que j'dors pas ici, ok ? Pas b'soin d'vous faire d'bile. J'vais aller au skatepark. Pis après j'irai dormir chez un pote. Pas ici. S'vous voulez j'vous dirai où, comme ça s'ils débarquent pourrez leur dire. Pas b'soin qu'ce soit vrai. Voyez. J'vous arrange, vous m'arrangez, on est arrangés. C'beau la vie, hein ?

Il pousse le truc jusqu'à donner une tape sur l'épaule du type, en mode ils sont trop copains depuis un bail, le tout avec un sourire un peu pâle, un peu fatigué, et une énergie pas franchement là.