Harry Potter RPG
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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les couloirs du château, Samedi 09 Novembre 2024

 

Une horde de Gryffondors ne dépassant pas la hauteur de l'encolure d'un Sombral se pressaient dans la salle commune. Et parmi eux dépassaient le corps massif et la tête blasée de Sasha, les mains enfoncées dans ses poches, à toiser le grand blond qui s'adressait à la marmaille.

Ri-di-cule.

 

A quel moment s'était-il mis dans une situation pareille ?

 

Malgré les réticences générales de Sasha, Gryffondor était une maison accueillante, dont il respectait les valeurs. Il avait beau avoir repoussé la sympathie de ses camarades de chambrée, quand il avait compris qu'il était dans la maison du Courage, Sasha en avait tiré une certaine fierté. A bien y regarder, il n'aurait aimé ni être un Poufsouffle, ni un Serdaigle, et encore moins un Serpentard.

Et qui disait Courage disait Honneur.

Sasha était d'accord avec ça.

Et qui disait Honneur disait Code d'Honneur.

Et Sasha était d'accord avec ça aussi.

Et qui disait Code d'Honneur disait épreuve pour être accepté par les plus anciens du Club.

Et Sasha n'avait pas trouvé d'argument contre ça.

 

Et puis, quand l'un des plus âgés des Gryffondors lui avait expliqué qu'il faudrait qu'il se soumette à l'épreuve auquel tous les lions se confrontaient pour faire officiellement partie de la maison, Sasha avait trouvé qu'il s'agissait d'une opportunité pour prouver effectivement sa valeur aux autres. Il n'avait simplement pas réfléchi au fait que tous les autres participants à l'épreuve... aurait onze ou douze ans à tout casser.

 

Enfin, il était trop tard, alors il écoutait, la mine renfrognée, les explications de l'aîné.

 

  • - ... alors vous devrez vous confronter aux peurs les plus communes des élèves de Poudlard, mais que vous, les Gryffondors, vous saurez braver, au contraire des Serpents, des Aigles ou des Blaireaux ! L'Obscurité, les Hauteurs, les Eaux Profondes ou encore les Insectes vous attendent ! clama le garçon d'une voix mystérieuse, et des chuchotements fébriles et effrayés parcoururent l'assemblée d'enfants.

 

Pour se rassurer, deux filles se mirent à se tenir par la main devant Sasha, tremblantes, tandis que celui-ci se tenait de marbre. Il y avait là une quinzaine d'enfants, et bientôt les portes de la salle commune s'ouvrirent sur un château sombre et silencieux.

 

Sasha supposait que la soirée organisée par les Préfets avait reçue une autorisation spéciale de la part de la Direction : il n'y avait donc certainement rien à craindre de particulier. On leur distribua de petits morceaux de parchemin, sur lequel s'inscrivaient les consignes d'un itinéraire spécialisé pour chaque binôme. Alors les enfants se mettaient deux par deux, le nom de leur camarade une fois trouvé à la fin du parchemin, tandis que Sasha, en queue de file, lisait le sien :

 

Pour vous confronter à la première épreuve, vous devrez monter au sixième étage. Empruntez l'escalier au fond de l'aile est, dans la petite tour d'observation. Une fois au sixième, traversez la salle des armures et tournez à droite là où la Lune rencontre le Soleil. Faites dix pas vers le Sud. Entre deux Lions majestueux, trouvez la porte secrète.

Votre binôme est Charli Blackburn.

 

Sasha releva le nez de son bout de parchemin avec un soupir. La soirée allait être longue. Plusieurs binômes s'étaient déjà élancés dans les couloirs, partant dans des directions différentes, n'ayant visiblement pas les mêmes instructions.

 

  • - C'est qui Charli Blackburn, tonna Sasha pour couvrir le vacarme des enfants surexcités.

 

Plusieurs d'entre eux sursautèrent en s'écartant.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Derrière les racines du saule cogneur, Lundi 05 Mars 2125

Le nez à demi dans la terre, Sasha écoutait la lecture qu'elle lui faisait. Il aurait aimé qu'elle lui contât une histoire, ou tout autre chose : sa voix enfantine était berçante, et mêlée aux odeurs qu'elle dégageait, il trouvait dans cette proximité avec la petite fille une forme de sérénité, douce et tranquille.

Mais son esprit humain interprétait bien les mots qui tombaient dans ses oreilles les yeux fermés.

 

 

 

La voix était tremblante, et racontait les terribles angoisses d'une petite fille, qui dégoulinaient dans son sommeil - maintenant, elle rêvait de lui sous la forme de cauchemars sanglants. Il s'y mélangeait la guerre et l'absence du père, les informations sensationnelles des journaux qui cherchaient à vendre et les injonctions d'une soeur qui voulait la protéger.

 

Ça va pas du tout Sasha.

 

Je sais, il aurait voulu répondre.

 

 

 

La panthère roula sur le dos en rouvrant les yeux. Son torse se gonfla et un souffle puissant s'échappa de sa gueule - malgré toute l'animalité détendue de la posture, le souffle avait eu l'air d'un gros soupir.

 

Et puis, les poils changèrent de couleur, la tête prit un peu moins de place, et à la place des oreilles, une tignasse emmêlée se retrouva au sol.

Sasha avait repris forme humaine, mais il resta étendu, les mains sur le ventre, à regarder la voûte qui leur servait de plafond protecteur.

Il resta un moment silencieux, parce qu'il savait qu'il fallait dire quelque chose, mais il ne savait toujours pas quoi.

 

Sasha s'était toujours dit qu'il devrait réfléchir à ce qu'il raconterait, notamment à sa petite soeur. Qu'il devrait anticiper quels mots emprunter, quelles anecdotes raconter et lesquelles passer sous silence. Qu'il devrait être le plus honnête possible, parce que Kalina n'était pas idiote, et qu'il devait être le plus précautionneux aussi, parce que Kalina ne méritait pas de faire des cauchemars la nuit en rêvant que son frère déchiquetait des gens.

 

A cet instant, il se rendait compte de la difficulté d'une telle tâche.

 

Il déglutit.

 

- Charlie, il dit soudain.

 

Et il se redressa. Son dos et ses cheveux étaient parsemés de débris de feuilles et de branches mortes, mais il n'y fit pas attention. Il s'assit à côté de la Serdaigle, et s'humecta les lèvres le temps de se lancer.

 

- Quand je suis parti, je savais pas ce que c'était la guerre. Je croyais partir pour le bien, parce que je savais pas ce qui allait se passer.

 

Ou plutôt, il en avait une vision déformée. Il savait sans l'avoir vu que lorsqu'il avait quitté son foyer, Kalina avait dû pleurer des nuits entières, parce que c'était dans son lit qu'elle venait se réfugier quand ils entendaient trop d'histoires qui faisaient peur ou le bruit des bombes dans le lointain. Il savait aussi que sa mère et son père avaient dû violemment se disputer. Il entendait presque la voix de sa mère crier que c'était son père qui lui avait mis ces idées d'honneur dans la tête, à cause de toutes les fois où il parlait des russes à table en commentant l'actualité alors que ça n'aurait pas dû être évoqué devant les enfants - et son père aurait rétorqué qu'on ne pouvait pas leur cacher une vérité aussi brutale parce qu'ils en entendraient de toute façon parler par d'autres familles, à l'école, chez les copains, dans les gazettes.

 

Mais il était , maintenant, auprès d'une jeune fille que son histoire avait contaminé jusque dans son sommeil, et il n'était plus possible de revenir en arrière.

 

- L'Angleterre va pas faire la guerre. T'es dans un pays sûr, Charlie. Ici tout va bien, tu as beaucoup de chance d'être née ici. L'Ukraine et la guerre, c'est très, très, très loin.

 

Sa gorge s'était noué un peu, et il ramena ses jambes pour se mettre en tailleur et se pencher en avant, absent quelques secondes, ses doigts cherchant quelque brin d'herbe à triturer. Il contempla, ce faisant, le dos de ses mains striées de cicatrices noires et épaisses, disgracieuses.

 

- J'ai pas eu le choix de devenir Animagus, et surtout, j'ai pas eu le choix de cet animal-là, précisa-t-il, avant de secouer la tête. Mais c'est pas vrai que les Veilleurs torturent des enfants. Les journaux écrivent des trucs pour vendre.

 

Enfin, je crois pas. De drôles de doutes s'étaient parfois insinués en lui depuis qu'il avait consulté les journaux d'Anya, dans lesquels des faits odieux étaient relatés. Il s'était convaincu que ce n'était qu'un tissu de mensonges. Mais il savait aussi que certaines brigades avaient dérapé, comme il avait entendu quelques grands discuter. Il n'avait pas vraiment compris, alors. Il avait cru que c'étaient des sorciers qui avaient raté des missions. Maintenant, avec l'âge, il se demandait à quel genre de dérapage les aînés faisaient à l'époque référence. Ce qu'il avait vu de ses propres yeux lui suffisait déjà largement, et il s'efforça de mettre cela de côté. Il soupira - un soupir semblable à celle de la panthère - avant de relever les yeux vers Charlie.

 

- Je suis désolé de t'avoir évitée. J'en ai pas envie, pas envie du tout, mais regarde : à peine tu connais un peu mon histoire que ça t'empêche de dormir. Si je suis pas la panthère qui te protège de tes cauchemars, il vaut probablement mieux que je sois pas là du tout, tu crois pas ? En tout cas moi, je veux pas t'en apporter de nouveaux.

 

Il y eut un silence qui le fit se sentir misérable. Est-ce qu'il y arriverait ? Il ne songeait pas à reprocher à Charlie son escapade à l'extérieur - ç'aurait été Sainte-Mangouste qui se moquerait de la charité - mais si elle se promenait dehors la nuit, il aurait dû mal à ne pas la suivre. Sasha haussa les épaules, reporta son attention sur la petite branche qu'il réduisait petit à petit en morceaux, avec application.

Freya avait raison : il pouvait profondément affecter Charlie, et pas vraiment dans un sens positif.

Sa respiration s'accéléra subitement, et il dût cligner des yeux plusieurs fois pour digérer l'émotion étrange qui l'envahissait. Soudain il comprenait pourquoi il s'était évertué à se rapprocher d'elles. Alison, Charlie, puis Freya : elles étaient des tests. Avec systématiquement le même résultat. Elles étaient la preuve. Il déglutit de nouveau.

 

- Tu sais, il dit subitement au bout de longues secondes, et sa voix comme ses mains tremblaient un peu, peut-être que si ton père rentre pas, c'est parce qu'il veut vous protéger. Peut-être qu'il vous aime très, très fort, mais qu'il pense que c'est mieux pour vous s'il rentre pas. 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha n'avait pu s'empêcher de ressentir une pointe d'orgueil concernant le cours de soutien au tournoi ; surtout que ses faits - pas des hauts faits, mais au moins des faits dont on pouvait être fier - avaient été ainsi mentionnés devant Fenella et Freya. Voilà qui lui permettait quand même de garder la tête haute.

Il manipulait toujours le petit Vif d'Or, un moment perdu dans ses pensées. Spike ne pensait pas beaucoup à Alison. Les remarques de Charlie sur le message le tirèrent de ses réflexions et il fronça les sourcils en la regardant.

 

- Toi t'es vraiment une Serdaigle, grommela-t-il. L'idée c'est plus comme une promesse tu vois : je pense à toi encore plus à toi aujourd'hui qu'hier et demain j'y penserai encore plus fort, en gros. C'est ce qu'on essaie de faire, pas une mesure précise.

 

Il haussa les épaules, un moment perdu, pas très sûr de sa propre interprétation - il finit par refermer les doigts sur le porte-clé : il prendrait ça quand même : ça avait la bonne taille, et à peu près le bon message. Sasha adressa un clin d'oeil à Charlie en la regardant de nouveau, attendri qu'elle eût choisi une panthère pour la protéger, même de façon imaginaire.

 

- T'as bien fait. Les panthères sont fiables, on peut toujours compter sur elles, approuva-t-il à voix basse - leur contact les connectant un bref instant, et il ressentit un vague écho de la fois où Charlie avait posé sa main sur son front, comme une caresse adressé à un animal qu'on apprivoisait.

 

Il y avait quelque chose de spécial chez les Carter, qui lui donnait parfois cette sensation insaisissable de bien-être. C'était toujours fugace : un instant il la ressentait, puis le moment d'après la sensation avait soudain disparue ; il n'en restait qu'un vague souvenir dont il ne savait plus si c'était réel ou seulement le fruit de son imagination. Chez lui, on disait que les chats choisissaient leur maison, et pas l'inverse ; il avait toujours considéré cette déclaration comme une idiotie : sûrement que les chats allaient là où on leur servait à manger. Mais maintenant, il n'en était plus très sûr : peut-être que les félins avaient cette connexion étrange à certains lieux, certaines familles, qui faisaient qu'ils décidaient de s'installer là comme un appel de l'instinct profond. Peut-être était-il tant félin désormais qu'il vivait la même chose, dans son propre environnement.

La proposition de Charlie le tira de ses réflexions au moment où les lettres ESY se formaient au-dessus de sa tête. Il leva le nez avant de consulter Freya du regard : sa proposition avait l'air sincère. Il eut un sourire gêné.

 

- J'veux bien, finit-il par dire, se promettant intérieurement d'essayer de manger dans des quantités semblables à celles que consommeraient les filles présentes à table. Mais je vais te payer ça d'abord.

 

Sasha s'était approché du comptoir pour y déposer le petit porte-clé.

 

- Haaan, c'est pour qui ? Ta future chérie ? glissa Fenella avec un clin d'oeil complice vers Charlie.

 

Le Gryffondor secoua négativement la tête.

 

- Nan, nan, grommela-t-il.

- Oh. Pour ton futur chéri alors, fit-elle en haussant les sourcils, espiègle, pour lui tirer les vers du nez.

 

Sasha leva les yeux au ciel.

 

- Mais nan, c'est pour quelqu'un à la maison, répliqua-t-il en déposant sur le comptoir les mornilles qu'il avait gagné en travaillant dans ce même endroit.

 

La maison, c'était dans cette autre dimension qu'était son pays, et il n'était pas sûr que le hibou qu'il enverrait ne serait pas intercepté. Ca se tentait quand même.

 

Il y avait quelques tâches à exécuter avant de pouvoir considérer que la boutique était pleinement fermée ; mais entre Freya, Fenella et lui, le ménage et les rangements pour remettre le magasin à jour pour la prochaine ouverture avaient été vite exécutés. Bientôt, l'aînée des Carter était montée à l'étage, suivie de Charlie. Fenella se déchaussait au bas des escaliers, avec tranquillité, et Sasha l'imita en s'humectant anxieusement les lèvres.

 

- On... On va chez elles, là, demanda-t-il, comme un constat qui nécessitait une confirmation.

- Ben oui, fit-elle en s'engagea devant lui.

 

Sasha tendit le cou pour apercevoir le logement au-delà de Fenella, un peu intimidé. Il se demanda vaguement s'il verrait la chambre d'Alison. Si elle la partageait avec Charlie. S'il y avait une chambre de parents, voire des photos de la famille entière. Il avait l'impression d'entrer dans une antre qui aurait dû lui être interdite - un peu sacrée, trop privée, mais dont les odeurs qui lui parvenaient, à mesure qu'il gravissait les marches silencieusement, lui étaient familières. Les vêtements d'Alison et de Charlie avaient les mêmes effluves, les mêmes touches olfactives que celles qu'il sentait ici soudain à plein nez. Des odeurs qui lui donnaient envie de se rouler dans leurs draps.

 

- Qu'est-ce que t'aimes comme matière à Poudlard ? demanda Fenella, loin de se douter que Sasha avait la tête déjà bien remplie de pensée.

- Les Soins aux Créatures Magiques, dit-il d'une voix absente - avant que son esprit n'exécutât soudain un atterrissage plus brutal dans l'escalier. Tu sais, celles que tu veux réguler.

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

Sasha et MicMac s'étaient regardé en chiens de faïence l'espace d'un instant. Puis l'un et l'autre avaient décidé en silence d'un début de relation pacifique - au moins pour la soirée, si ça pouvait tenir.

 

Sasha n'avait rien contre les rapaces : il les utilisait lui-même à la volière pour obtenir son journal depuis qu'il avait pu gagner et dépenser quelques mornilles grâce à son travail à la boutique OCQ ; c'étaient plutôt les rapaces qui avaient une tendance à être particulièrement méfiants avec lui, lui réservant des airs supérieurs et parfois menaçants.

L'adolescent se désintéressa de MicMac, plus attiré par les cadres photos qui ornaient quelques murs. Il s'absorba dans ces souvenirs de famille : il y avait bien eu un père et un mère ici, mais la seule preuve lui en semblait être les photos. Il trouva une image intéressante, sur laquelle quatre personnes souriaient et faisaient signe : Une jeune fille rousse aux cheveux longs et sauvages près d'une femme visiblement athlétique, et à côté, il reconnaissant le grand Owen sur les épaules duquel trônait une toute petite fille visiblement très excitée d'être sur le toit du monde. Alison. Clairement, pas la même qu'il connaissait de Poudlard.

Il se détacha de la photo pour jeter quelques coups d'oeil autour de lui. La maison des Carter n'était pas ce à quoi il s'était attendu. Il s'était toujours imaginé qu'Alison vivait dans un endroit parfaitement rangé, où on vérifiait que les fleurs étaient aussi bien alignées que les cheveux de sa frange, mais finalement, l'endroit ressemblait à un logement sorcier désordonné et chaleureux. Il s'humecta les lèvres avant de rejoindre la cuisine, où les conversations allaient déjà bon train. Il jeta un coup d'oeil à l'horloge.

 

Kate était en voyage et Owen en déplacement. Il se demanda de quel genre de voyage il s'agissait. Peut-être que quelqu'un avait mis "voyage" pour ne pas perturber Charlie, et que le voyage en question se passait dans l'au-delà. Mais peut-être aussi qu'il se faisait des idées.

 

Sasha se glissa sur une chaise en marmonnant un remerciement à l'attention de Freya. Les odeurs qui commençaient à emplir la pièce firent gronder son estomac, mais il tâcha de l'ignorer - en espérant que ça ne s'entendît pas trop. Charlie avait déjà bondi sur une chaise voisine, à lui poser des questions, renforçant Fenella. Il était pris en tenaille par des filles. Y'avait pire. Il haussa les épaules, ses doigts jouant sans y penser avec le bout des couverts pour s'occuper les mains.

 

- Ben heu...

 

Coup d'oeil vers Charlie. Il n'était pas sûre qu'elle pût vraiment comprendre, à son âge. Et en même temps, paradoxalement, c'était peut-être celle qui comprendrait le mieux.

 

- J'ai pas trop de nouvelles, en fait, car les hiboux sont souvent hum... Capturés.

 

Abattus aurait été le terme approprié, mais Sasha connaissait l'affection particulière de Charlie pour les animaux.

 

- Mais oui, tout le monde est sorcier chez moi, à part ma grand-mère qui était moldue mais qui savait, du coup.

 

Le pain fut servi sur la table, et Sasha saliva. Il sentait la paume de ses mains devenir humide, et la chaleur lui envahir le cou, mais il se concentra sur ce qu'il disait.

 

- On vit dans un village moldu mais on n'est pas les seuls sorciers, hein ! Il y a une autre famille.

 

Il pensa à son camarade, l'enfant de la famille en question ; se demanda vaguement ce qu'il avait pu devenir. S'il était vivant.

 

- Mais on vit bien, je veux dire, mélangés avec les moldus. Ils nous prennent un peu pour des tordus, mais avec la magie mon père répare tellement de trucs pour les fermiers qu'on s'entend bien avec eux quand même. Un jour, j'ai fait léviter un mouton de chez le voisin, pouffa-t-il. Il a fallu que ma mère invente que c'était un phénomène météorologique rare pour les calmer, et elle a dû sacrément broder pour qu'on la croie. Puis c'est devenu tout un truc, y'a un autre voisin qui a été témoin, et qui veut maintenant étudier "l'électricité statique ovine" depuis des années à cause de ça. Il essaie de reproduire des expériences, il écrit des livres à la main et tout. De temps en temps, mon père en fait discrètement léviter un, histoire de le relancer un peu, pour rigoler.

 

Le souvenir lui arracha un sourire amer, et son regard descendit de nouveau vers Charlie. Il eut l'air triste.

 

- C'est un peu compliqué, la politique internationale. Mais en gros, les sorciers n'ont pas le droit de passer d'un pays à l'autre comme ça, surtout quand ils sont en guerre. Il faut des autorisations, tout ça. Les sorciers des grandes villes y arrivent mais nous...

 

Sasha avait perdu son sourire et il serra les dents.

 

- De toute façon mes parents seraient jamais partis. Les moldus, ils peuvent pas partir non plus. Et mes parents sont utiles là-bas, tu vois ? Ils vont pas les abandonner.

 

Et pendant ce temps-là, il était ici, à devoir apprendre à transformer des lustres en nuées de perruches élégantes. Il soupira, avant de relever le nez vers Freya.

 

- Et vous, alors ? Il est , le reste de votre famille ?

 

Fenella lui glissa un regard alerte, sur le qui vive. Sasha s'était déjà fait vertement remballer par Alison pour avoir mentionné son père, mais il ne voyait pas le problème à poser une question si on lui en posait à lui aussi. Et lui s'était efforcé de répondre, même si parler de sa famille ne lui était pas sans peine. Il ignora Fenella et MicMac qui, depuis qu'il avait prononcé le mot Capturé, semblait étrangement sur ses gardes.

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Boutique OCQ, Samedi 10 Février 2125

- Ils ont rendu ça poétique parce que les gens là-bas ont besoin d'espoir, rétorqua Sasha, sur la défensive, à l'attention de Fenella.

 

Dans le fond, lui aussi avait de l'amertume envers les Veilleurs. La guerre n'était pas ce qu'ils lui avaient fait croire. Mais même avec cette expérience pénible, cela n'enlevait rien au fait qu'il pensait que les Veilleurs se battaient pour la bonne cause. La fin justifiait seulement les moyens.

Mais Fenella eut un air compréhensif, et il s'en voulut d'avoir répliqué si brusquement. Il préféra détourner le regard, et Fenella adressa un regard magnanime à Freya. Sasha haussa les épaules au compliment de cette dernière, puis il glissa un regard vers Charlie.

 

- Et ma soeur s'appelle Kalina.

 

Il fut soulagé que la conversation évolue davantage vers les Carter. La cadette lui faisait de la peine, mais il ne trouva rien de bien réconfortant à lui dire. Lui se souvenait parfaitement de sa mère et bizarrement, parfois, il souhaitait ne plus avoir aucun souvenir de sa famille. Tout serait plus simple alors. Mais Charlie parut tout à fait enthousiaste d'aller chercher l'album une fois son repas terminé. Sasha en profita pour chiper un dernier morceau de pain et saucer le fond de l'assiette de Charlie avec. MicMac rouvrit un oeil en le regardant faire, tandis que Freya profitait de l'éloignement de la plus jeune de toutes pour en dire un peu plus à propos d'Alison. Sasha était tout ouïe, captivé par le récit de cette famille plus déchirée que la sienne, alors même qu'ils vivaient dans un pays en paix. Qui l'eût cru ? Les gens dans les démocraties libres n'étaient pas beaucoup plus heureux que ceux qui craignaient de voir une bombe tomber sur leur toit.

 

- Ah ouais.

 

Sasha essaya de se représenter une Alison de cinq ans, boudeuse dans son coin, à ruminer que le monde entier l'avait abandonnée. Une petite fille qui avait dû penser qu'on ne pouvait donc finalement faire confiance à personne. Ca expliquait peut-être son tempérament d'aujourd'hui. Qu'en savait-il ? Il n'était pas sûr de savoir faire le lien entre l'attitude de l'Alison qu'il connaissait avec le récit de Freya. Mais il acquiesça quand même.

 

- Des fois c'est plus simple de rejeter les gens avant qu'ils vous jettent à leur tour, dit Sasha subitement, parce que soudain, il comprenait que lui aussi, à Poudlard, il préférait être constamment sur la défensive.

 

Même s'il essayait de se convaincre que c'était pour de bonnes raisons, une part de lui ne maîtrisait tout simplement pas cette colère profonde qui le poussait à être menaçant avec les autres élèves, même quand ils ne l'avaient pas mérité, et encore plus quand ils essayaient d'être sympathiques avec lui. Alison vivait-elle la même chose à sa manière ? Tout cela était bien compliqué pour lui. D'autant plus qu'il y avait des élèves avec qui il ne ressentait pas cela, et qu'ici, entouré des trois filles, il n'avait plus non plus envie d'être agressif.

Sasha baissa les yeux sur l'album que Charlie venait de déposer sur la table et d'ouvrir. Les clichés étaient presque tous animés. Les couleurs s'étaient ternies avec le temps, mais il y avait beaucoup de photos aux paysages très différents : là, Kate sur la banquise, ici, à la manoeuvre sur une petite embarcation qui traversait la jungle, portée par des eaux tranquilles. Il avait du mal à saisir quel genre de mère aurait pu être Kate : elle était tant différente de la sienne. Sa mère à lui, d'autant qu'il s'en souvenait, n'était jamais partie bien loin du village. Était-elle tant moins une héroïne ? Il fronça les sourcils, perplexe devant cette vie tumultueuse que les parents Carter avaient l'air d'avoir vécu. Et de ce qu'il en restait : trois filles aux caractères si différents.

Dans l'album, Sasha s'attarda sur les photos où on voyait Freya et Alison enfants. Il y avait très peu de clichés avec Charlie. Cette dernière commentait parfois un cliché ou deux, et Sasha acquiesçait, visiblement à l'écoute, mais en réalité tout à ses pensées.

 

Comme Freya lui rappelait le couvre-feu, il releva le nez.

Dix minutes, songea-t-il.

 

- Une demi-heure, dit-il cependant.

 

Trois quart d'heures, c'était plutôt le temps que mettaient les élèves pour s'y rendre, mais Sasha voulait grappiller quelques derniers instants, s'il le pouvait. Il était bien ici : les effluves de nourriture, les petits recoins de la pièce, les sons claudiquant des objets magiques, les attentions de toutes ces filles autour de lui. 

Sasha referma l'album, avant de se lever.

 

- Tu peux m'dire où sont les toilettes ? il demanda à Charlie, qui lui indiqua.

 

Sasha suivit les instructions, puis se perdit volontiers dès lors qu'il ne fut plus à la vue des trois filles. Il passa une tête dans quelques pièces, curieux de pouvoir apercevoir la chambre d'Alison. C'était comme s'il voulait voir où est-ce que la petite Alison avait boudé dans son coin pendant tant d'années. Comme si les lieux, les affaires et leurs odeurs, pouvaient lui raconter des choses que ses soeurs ne pourraient lui dire.

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Sasha Shevchen

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Hall de Poudlard, Mardi 06 Mars 2125

Sasha ouvrit la bouche, éberlué, avant de suivre Alison à l'extérieur.

 

- Mais... !

 

La Serpentard l'entraînait dehors, visiblement fâchée. Est-ce que personne ne comprenait donc jamais qu'il avait de bonnes intentions ?!

 

- Je voulais pas dire ma copine dans ce sens-là ! Comment j'suis censé dire alors !

 

Il parlait avec les mains écartées, tâchant malgré tout de maîtriser sa voix - la dernière chose qu'il souhaitait était que ces adultes refissent leur apparition. Sasha suivit les enjambées fâchées d'Alison à l'extérieur, et les cheveux raides et roux qui se balançaient devant lui ne lui avaient jamais semblé aussi lointains et hostiles.

 

- C'est elle qui s'en est pris à toi et moi j'voulais juste te défendre !

 

Pourquoi est-ce qu'Alison pensait toujours qu'il était mal intentionné ? Pourquoi est-ce que tout le monde partait du principe qu'il était violent quand c'étaient les autres qui commençaient les hostilités ? Anya lui avait lancé un sortilège alors qu'il était au sol, terrassé par une bande de gamins. Et quand dans les sous-sols il l'avait plaqué à terre sous sa forme animale, c'était parce qu'elle lui avait sauté dessus la première. Mais une drôle de tournure des évènements, c'était lui qui était considéré coupable.

 

Il n'avait toutefois plus d'autres arguments : il voyait bien que tout ce qu'il disait se retournait contre lui, et la mention de Charlie le rappela brutalement à l'ordre : c'était peut-être la seule personne qui l'acceptait tel qu'il était, et aller dans cette direction ne ferait qu'aggraver les barrières qu'il y avait déjà entre elle et lui.

 

Dehors, le parc lui sembla odieux de beauté claire et verdoyante, comme si le contraste avec ce qu'il avait à l'intérieur n'était qu'une preuve supplémentaire que l'Ecosse, depuis le début, se moquait de lui.

 

 

Ils se retrouvèrent face à la Russe. La jolie Russe par laquelle il s'était senti si attiré. Acculé par les questions d'Alison. La jolie Alison dont il avait cru pouvoir remplir un petit coin de vie. Sasha encaissa le coup d'Alison sans broncher, se laissant repousser. Ses lèvres se déformèrent en une moue blessée, et aux propos d'Anya, il se contenta de secouer négativement la tête. Pourtant elle avait raison, d'une certaine manière. Il les regarda tour à tour, et il lui sembla qu'elles étaient liguées contre lui, et qu'il ne pourrait rien faire contre ça. Mais que pouvait-il faire ? Mentir ? Sûrement pas. Il avait déjà essayé ça, et ça n'avait fait qu'empirer la situation. Après tout, s'il était un monstre, autant assumer.

 

- J'l'ai blessée, il s'entendit dire subitement, la voix aigre, mais sans hausser le ton. J'voulais pas, mais elle m'a attaqué, et comme elle m'avait déjà attaqué auparavant un jour que j'étais sans défense, j'ai réagi par réflexe et j'l'ai griffée. Mais j'voulais pas. Alors j'l'ai ramenée à son dortoir, et on a croisé Gwen et Lucian, et voilà, ça s'est arrêté là.

 

Il se sentait subitement étrangement calme, dans cet espace boisé. C'était finalement si simple, de s'en remettre au destin. Qu'est-ce qui pouvait de toute façon lui arriver de pire que d'être rejeté par tous ? Il l'était déjà. Il se rendait compte, soudain, comme il était épuisé de protéger son secret, en vain. La violence qui l'avait animé un peu plus tôt s'était soudain évanouie, comme un ballon dans laquelle on aurait planté une aiguille. A quoi servait-il de se battre si fort, et si longtemps ? Sa vie était devenue un enchaînement d'absurdités solitaires.

 

- Vous avez qu'à me dénoncer, il annonça, et ses yeux s'attardèrent sur les baguettes de l'une et de l'autre.

 

Voilà à quel point elles se sentaient en sécurité lorsqu'il était là. Il serra les dents.

 

- Ou m'attaquer quand j'aurais le dos tourné.

 

Il secoua la tête, pinça les lèvres, et ses yeux allèrent, cette fois, d'Anya à Alison, affrontant une dernière fois leurs regards accusateurs.

 

- J'vous ennuierai plus, dit-il à voix basse. Ni l'une ni l'autre. J'ai compris.

 

Il enfonça ses mains dans ses poches avant de tourner les talons pour s'en aller. Il tâcha de garder le dos droit et le pas raide, mais il devait serrer les dents très fort pour empêcher des larmes idiotes d'inonder son visage.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les couloirs du château, Samedi 09 Novembre 2024

 

Finalement, cette soirée n'était pour le moment pas si désagréable. On l'avait collé avec une espèce de corsaire piqué à la cocaïne qui nécessitait probablement bien, vu son énergie débordante, qu'un élève plus âgé veillât sur lui. Impossible de savoir si c'était l'intention des préfets, bien sûr, mais Sasha avait décidé que ce serait donc sa mission pour la soirée.

 

  • - J't'ai pas entendu du tout, tu t'débrouilles comme un chef.

 

Bon, c'était pas tout à fait vrai, et puis de toute façon le gosse fonçait déjà devant à la recherche de la salle aux armures... Qu'ils finirent donc par trouver après plusieurs tentatives échouées.

 

En vrai, Sasha aussi avait eu un instant les yeux ronds comme des gallions. Il ne connaissait pas encore tous les recoins de Poudlard et il ne s'était pas attendu à ces silhouettes de métal dont certains, le casque probablement enchanté, tournaient la tête vers eux à leur arrivée, si bien que même lui eut un frisson dans le dos. Le grand Gryffondor continua à suivre le plus petit, non sans jeter des regards suspects vers les armures aux carrures massives.

 

  • - Si j'serai toi j'les touch'rai p...

 

Trop tard. Son mauvais pressentiment se dissipa toutefois : l'armure n'eût aucune réaction. Sasha haussa les épaules : Charli était déjà en train de chercher le Sud, avec un résultat plutôt correct pour son âge. Le gamin était sacrément débrouillard, à défaut d'être discret. Une tête au-dessus de lui, Sasha tendit le cou pour mieux apercevoir ce qu'il y avait de l'autre côté de la porte.

 

D'abord, ils ne virent rien. La pièce semblait juste plongée dans l'obscurité, alors au bout d'un bref instant, Sasha poussa le gosse à l'intérieur pour pouvoir entrer à sa suite. Derrière eux, la porte se referma lourdement avec un grincement sinistre, au moment où des torches illuminèrent la pièce. Par réflexe, Sasha jeta un regard derrière lui, prêt à ressortir si besoin, mais c'était impossible : de ce côté-là, la porte n'avait tout simplement pas de poignée. Sans avoir besoin de pousser pour vérifier, il le savait déjà : ils étaient enfermés. Alors, comme Charlie, il regarda devant lui.

 

C'était une salle de Poudlard ordinaire, qui ressemblait à une bibliothèque ancienne, ou plutôt une salle d'archives empoussiérée : des appliques soutenaient des bougies qui éclairaient le long des murs des rangées et des rangées de vieux ouvrages aux couvertures sombres, comme oubliées. C'était une pièce toute en longueur, avec un haut plafond et de l'autre côté, comme dans une symétrie parfaite, une autre porte semblable à celle qu'ils venaient de franchir se présentait dans le mur - celle-ci dotée d'une poignée dorée et brillante.

Une pièce parfaitement ordinaire, sauf que...

 

Un vent frais monta du sol et joua dans les vêtements des deux garçons, dérangeant leurs cheveux tandis qu'ils baissaient les yeux : une pièce parfaitement ordinaire, sauf qu'il n'y avait pas de parquet. Ou plutôt, celui-ci s'arrêtait abruptement un pas devant eux, et en-dessous, un gouffre qui plongeait à travers les étages : on discernait la pièce en-dessous, mais sans sol ni plafond, puis la suivante, puis la suivante... Et cela jusqu'aux cachots que l'on devinait à peine, à des dizaines de mètres en contrebas.

 

  • - Ca... ça doit être une illusion, souffla Sasha à voix basse, pour rassurer le gosse - ou lui-même peut-être.

 

Mais si c'en était une, elle était particulièrement bien faite. On avait le vertige rien qu'à sentir le courant d'air qui grondait entre les étages.

Sasha tendit un index par-dessus l'épaule de Charli.

 

  • - Y'a un fil !

 

Ou plutôt un câble épais de métal, tendu entre eux et l'autre côté de la pièce. Le fil traversait le vide, et même si rien n'était écrit, l'épreuve était claire : il fallait prendre son courage à deux mains et jouer au funambule.

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Sasha Shevchen

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Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les couloirs, Mardi 31 Octobre 2124

Un instant, Sasha avait cru qu'Alison se laissait aller contre lui, qu'elle acceptait ce nouveau deal. Leurs lèvres s'étaient frôlées. Il n'avait pas rêvé : il avait senti la chaleur de son souffle et la texture légèrement suintante du rouge-à-lèvres. Il avait retenu le sien, un bref instant - juste avant que le corps de la jeune fille se mît à glisser doucement. Etait-ce une manière de s'abandonner ?

 

Non.

 

Avec un réflexe fébrile, Sasha tâcha de rattraper le corps d'Alison qui s'effondrait entre le mur et lui, un bref instant ahuri.

 

  • - Heu, Alison ?

 

Pas de réponse, sinon cette voix stridente qui avait subitement retenti. Les deux mains de Sasha s'aggripèrent aux épaules d'Alison pour tenter de la retenir, la secouait légèrement pour la réveiller - en vain. Il s'adressa à la nouvelle venue - il ne savait plus qui elle était dans la brochette, et encore moins si elle avait un prénom.

  •  

  • - Hein ?! Mais c'est pas moi ! Elle est tombée dans les pommes ! Va chercher l'infirmière !

 

La fille fit volte-face pour s'éloigner mais aussitôt, elle se retourna de nouveau vers Sasha, le regard accusateur.

 

  • - Et la laisser seule avec toi pour que tu en prof... HAAAN.

 

Elle pointa du doigt Sasha qui avait fini par accompagner Alison par terre. Il était agenouillé, occupé à desserrer les lacets du corset - peut-être un peu plus sauvagement que les rubans délicats l'auraient apprécié. Le corps d'Alison reposait sur son torse, le visage de la jeune fille enfoui sous ses cheveux dévalant l'épaule du garçon tandis qu'il la soutenait d'une main et de l'autre, s'acharnait à défaire ce ruban plus solide qu'il n'en avait l'air.

 

  • - Tu en profites pour de bon ! J'vais te dénoncer au directeur !

  • - Elle peut pas respirer correctement, idiote ! cria-t-il. Va chercher de l'aide à l'infirmerie je te dis !

 

C'était la seule explication qu'il avait. Ca, ou l'émotion ? Est-ce qu'il lui avait fait peur à ce point-là ? Non, ce n'était pas possible. Lorsqu'il l'avait suivie sous sa forme animale, il avait entendu le souffle irrégulier, trop court, plus court que d'ordinaire. Et maintenant tout se mettait en place : Alison qui picorait plus qu'elle ne mangeait, sa taille qui paraissait toujours plus étroite, pire encore serrée dans un tel vêtement. Quelle drôle d'idée prenait la rouquine, de se priver d'air et de nourriture ?

 

  • - Lâche-la ! répéta la fille d'une voix blanche. Ou je...

 

Et quand Sasha tourna la tête, il vit la baguette de la sorcière dressée en l'air, le visage blême. Elle avait reculé plutôt que de venir aider son amie. Pour Sasha, son comportement était incompréhensible.

Sauf si, réellement, elle le croyait dangereux.

Alison avait-elle raconté qu'il était une bête sauvage ? Ou bien était-ce seulement ainsi que tout le monde le voyait ?

 

  • - CASSE TOI A L'INFIRMERIE ! hurla-t-il brutalement, et son cri se répercuta comme un rugissement dans le couloir, si fort que la fille paniqua.

 

Elle fit demi-tour et détala dans l'obscurité. Le silence était brutalement revenu, comme si le reste du château, impressionné par ce rugissement d'outre-tombe, avait décidé de se taire entièrement. Et avec lui l'obscurité.

 

Sasha resta là, quelques instants, à ne savoir quoi faire.

 

  • - A-Alison ? il tenta pauvrement, mais elle ne se réveillait pas.

 

Il tira davantage sur le corset, faisant apparaître les bordures en dentelle noire d'un soutien-gorge. Il avait bien rêvassé de la déshabiller - mais pas exactement dans ces conditions-là.

 

Au loin, il entendit des pas précipités. Sasha s'humecta les lèvres, prêt à la redresser. A la porter s'il fallait. Il la secoua encore légèrement, la tête d'Alison bringuebalant contre son épaule.

 

  • - Alison, s't'euh plaît !

 

Sous ses doigts, la peau de la jeune fille était froide et moite. Sûrement que le couloir devait être glacial, pour quelqu'un qui n'était pas envahi de cette adrénaline qui battait aux tempes de Sasha. Maladroitement, il tâcha d'enrouler ses bras autour d'elle pour la réchauffer.

 

Faites que ce soit l'infirmière.

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Sasha Shevchen

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Hall de Poudlard, Mardi 06 Mars 2125

Il ne s'était pas attendu à être retenu, mais la main d'Alison le força à rester là, et à écouter, effectivement, ce qu'Anya avait à dire. Sa vision de leurs échanges. C'est à dire, un mélange d'insultes et d'une version des faits qui ne pouvaient être que teintée de la propre rancoeur de la russe à son égard. Il aurait dû se sentir énervé, se défendre - mais c'était tellement plus facile quand Anya insultait les autres que lui.

 

La voix d'Anya remplissait l'espace et certainement qu'Alison absorberait cette vision-là. A quoi servait-il de rétorquer ? Il ne rétablirait pas une vérité qui n'était visiblement que la sienne. Et comme disait Alison, il n'était jamais sans défense. Et par conséquent, coupable par défaut.

 

- J'ai pas joué avec toi, s'entendit-il dire malgré tout, amer. J'voulais juste des informations sur ce qui se passait là-bas parce que - et il jeta un rapide coup d'oeil à Alison malgré lui (t'as de l'argent au moins ?) avant de se rappeler qu'il ne servait plus à rien de sauver les apparences - j'avais pas une noise pour acheter le journal. Toi t'as un gouvernement qui t'envoie de quoi vivre, moi y'a même plus de gouvernement pour s'inquiéter de si je suis vivant ou non.

 

Il se rendit compte de ce qu'il s'enfonçait dans une posture de victime qu'il n'appréciait pas, incapable de ne pas ramener leur altercation au conflit entre leurs deux pays. Il balaya d'un geste ses propres propos, de la main qu'Alison n'immobilisait pas, pour signaler que ça n'avait pas d'importance - mais ça en avait pour lui, qu'elles fussent capables de le comprendre ou non.

 

- J'ai jamais voulu te voler tes photos personnelles, je me doutais que ça devait compter pour toi parce que si j'en avais eu elles auraient compté pour moi. C'est pour ça que je te les ai ramenées, pas parce que j'avais peur de qui que ce soit. Et quand ils m'ont...

 

Sasha tendit un doigt vers le château mais les mots ne suivirent pas. Que lui avaient-ils fait, ces gosses, au juste ? Ils l'avaient tabassé, s'étaient amusés avec lui après avoir amoindri ses facultés. Ce n'était pas grand chose, ou bien ça ne devait pas être considéré comme tel : c'étaient des gosses qui avaient dérapé, terrassés par les récits qu'ils entendaient et qui concernaient leurs familles et leur pays, et Sasha était une cible idéale et isolée pour soulager cet imaginaire qui dévorait leurs nuits. Mais dans l'instant, il avait eu l'impression, dans ce cachot, d'être propulsé dans des situations antérieures, et bien plus morbides. Mais comment Anya ou Alison auraient pu comprendre ? Elles ne savaient pas ce que les sorciers se faisaient entre eux, à quelques milliers de kilomètres de la vie paisible de Poudlard. Comment la cruauté remplissait les sous-sols des prisons qu'ils improvisaient dans chaque camp, jusqu'à déborder à en vomir dans les campements où l'on entraînait des gosses comme lui.

Freya avait raison, se rappela-t-il à l'ordre : il fallait laisser la guerre là-bas. Mais personne ne prenait en compte une chose : la guerre ne se laissait pas faire, et elle était résolument assise dans le même wagon que lui sans qu'il pût rien y faire.

Sasha déglutit, s'efforça de reprendre, mais sa voix tremblait - il ne savait plus quelle émotion l'animait. Un mélange de tout, probablement. Son corps en était tout entier secoué, faisant frémir ses membres.

 

- Quand ils m'ont piégé, tu m'as pas soigné, tu m'as lancé une décharge ou je sais pas quoi. Si c'était pas pour m'humilier, c'était pour quoi ? Tu croyais que j'allais juste oublier et me laisser faire ?

 

Il se dégagea de l'emprise d'Alison, pour mieux se passer les mains dans les cheveux, à la recherche de quelque chose de mieux à dire, mais il savait que tous ces arguments ne pouvaient être contrés. Il pinça de nouveau les lèvres.

 

- J'voulais pas changer, éclata sa voix, comme un hoquet fataliste.

 

C'était vrai. Il avait paniqué, certes. Mais si elles savaient, elles auraient compris pourquoi il avait eu ce réflexe. Sauf qu'elles ne pouvaient pas savoir. Ne le pourraient jamais. 

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Sasha Shevchen

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Une salle désaffectée, Dimanche 11 Février 2125

 

Plus le temps passait, et plus il n'y avait qu'une seule chose qui permettait à Sasha de tromper les pensées désagréables qui menaçaient de l'engloutir, en particulier la nuit.

 

Poudlard aurait pu, aurait lui apporter des souvenirs nocturnes plus doux que ceux de la guerre, et il était vrai que vivre ici était moins difficile en pratique. Pourtant, pendant les heures où le Soleil prenait congé, de désagréables images l'assaillaient et pas seulement celles laissées par la guerre : aussi celles d'enfants armés de morceaux de métal, aux rires désincarnés, ou encore celles de créature comme des araignées géantes qui essayaient de l'enrouler dans sa toile. Ou bien, tout simplement, des armées d'élèves qui le prenaient pour ennemi. Bref, la nuit, tout prenait une autre couleur, un autre sens. Un sens qu'il ne voulait pas regarder en face.

 

Cette seule chose qui lui permettait d'échapper à toutes ces images, c'était tout simplement d'errer sous sa forme animale. Il y passait toujours de plus longues heures, parfois à ne pas rentrer du tout au dortoir. Un jour, il se doutait que ses camarades de dortoir le dénonceraient, mais c'était devenu plus fort que lui. Et pour l'instant, ses déboires l'opposaient principalement aux Serpentards, chez qui il passait pour un menteur, un sauvage, et un faible geignard, probablement, depuis la veille.

Sous sa forme animale, cette réalité s'effaçait pour être réduite à l'essentiel de ses sens. Les souvenirs étaient là, et sa raison aussi bien sûr, mais elle était comme mise de côté, parce qu'il pouvait se laisser porter par ses pulsions félines : l'envie de suivre une trace olfactive dans la forêt, de se rouler dans la neige pour nettoyer son pelage. Les nuits où il pleuvait trop abondamment, il se contentait de rester à l'intérieur du château, comme ce soir-là. Il en avait exploré bien des recoins à cette époque de l'année, et effectuait une espèce de ronde qui consistait à passer en revue les endroits les plus intéressants découverts.

 

Une odeur.

 

C'était comme cela qu'il l'avait trouvée. Certains passages récents laissaient une trace olfactive à laquelle il s'intéressait - ou non, c'était selon. S'il identifiait l'odeur du concierge, il prenait le chemin inverse.

Mais là, c'était autre chose. Une odeur qu'il avait déjà sentie. Qu'il avait haï. Qu'il avait... peut-être un peu désiré, aussi, étiré sous un buisson à regarder la silhouette d'une slave aux boucles généreuses.

Mais maintenant, il fallait surtout la haïr. Que faisait-elle hors de son lit si près de l'aube ? Sasha avait humé les effluves, avait longé un couloir, tourné à un angle. Ses pattes s'appuyaient sur le sol comme si cela avait été du velours : il s'appliquait à garder ses griffes les plus rétractes possibles, car il savait que sinon elles tintaient sur la pierre froide d'une manière qui pouvait le trahir.

Et quand il avait trouvé l'origine de l'odeur, il était seulement resté à observer dans l'entrebaîllement de la porte.

 

Anya s'entraînait. Elle était sage. Plus sage que lui : il aurait dû travailler plus dur et il le savait, plutôt que de vivre comme un désoeuvré. Mais plutôt que d'en tirer leçon, il resta là, à continuer à l'observer.

 

Après avoir transformé les objets, Anya se mit à travailler sur elle-même, sous les yeux curieux mais discrets de Sasha. Il s'était douté de sa métamorphomagie : les cheveux d'Anya changeaient parfois de couleur, assez subtilement, mais visible tout de même. Mais il ne la savait pas capable de... Changer de nez, de forme du visage, de couleur de peau. Il frissonna un bref instant. Ce genre de don était bien plus dangereux que le sien. Elle pouvait si facilement manipuler quelqu'un en prenant une apparence qui n'était pas la sienne, songeait-il - quand la transformation d'Anya se fit plus rapide, plus... Désordonnée.

 

Quand le mannequin éclata, Sasha fit un tel bond, qu'il se retrouva un mètre plus loin, dans le couloir, à détaler, le poil hérissé - mais encore deux mètres plus tard et il s'était retourné, le regard vissé sur la porte, le souffle court, les pattes tendues prêtes à repartir pour s'enfuir le plus vite possible.

Mais de l'autre côté de la porte, pas d'Anya qui débarquait pour l'attaquer. Elle avait juste dérapé avec sa magie, ça n'avait rien à voir avec lui.

 

C'était une opportunité pour faire quelque chose d'idiot et il le savait parfaitement. Sasha jeta un oeil d'un côté du couloir et puis de l'autre, vérifiant que ni créature vivante ni portrait ne pourrait le voir passer d'une forme à une autre.

 

L'instant suivant, il entrait dans la pièce, parfaitement humain.

En silence, il referma le panneau derrière lui pour les isoler, son regard interdit courant sur les débris qui gisaient au sol, un peu partout, puis sur la silhouette d'Anya, dans un état... Probablement proche de celui dans lequel elle l'avait trouvé lui-même, la veille. Il en portait toujours quelques traces au visage, d'ailleurs. Il n'était pas allé à l'infirmerie, s'était soigné lui-même et le résultat n'était pas vraiment parfait. L'une de ses lèvres et sa tempe droite portaient des marques bleuies. 

 

Il s'efforça de grimacer un sourire en s'approchant, à pas lents. Ce n'était pas un sourire rassurant : il fallait qu'elle comprît qu'il n'avait certainement pas oublié. Comme elle avait profité d'un moment de faiblesse pour l'humilier un peu plus. Alors même qu'il lui avait rendu ses photos, malgré la haine qu'il avait pour les Russes. Pourquoi avait-il fait ça ? Il s'en voulait maintenant. Il devait montrer qu'il était au moins aussi dur qu'elle. Non ? Il fallait s'en convaincre.

 

Sasha déglutit, tâcha de surmonter son malaise pour s'accroupir devant la silhouette échouée de la Russe. Il planta ses coudes sur ses genoux, tout en la toisant.

 

  • - Et pourquoi j'dégag'rais ? il demanda d'une voix rauque. Pourquoi j'profiterais pas de la faiblesse des autres ? Comme vous savez si bien faire, vous les Serpentards.

 

Ca ne pouvait pas être une coïncidence qu'autant des russes réfugiés avaient été envoyés dans la maison des serpents. La bouche de Sasha affichait une moue dégoûtée. Il pencha la tête un peu sur le côté, fronça les sourcils.

 

- T'as... vraiment pas la même allure que quand tu f'sais la fière hier, remarqua-t-il, et son étonnement n'était que partiellement artificiel. L'apparence d'Anya, de près, le laissait circonspect. 

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Deuxième étage du château, Dimanche 04 Mars 2125

Sasha avait remarqué le ton défensif concernant Ferguson, mais il ne dit rien. Sam faisait seulement preuve de la loyauté qui était la sienne envers son groupe d'amis, et il respectait ça. Il la suivit dans les escaliers, sans savoir vraiment où ils se dirigeaient - mais avoir une compagnie bienveillante le changeait de son quotidien. Il répondit d'un grognement.

 

- Ouais, ça pourrait être cool.

 

Les escaliers semblèrent se mouvoir sous eux, mais c'était une illusion de cette partie du château à laquelle les deux élèves étaient habitués, et ils s'orientèrent relativement aisément. Cette petite distraction donna à Sasha quelques instants pour réfléchir à quoi répondre.

 

T'es pas... forcé d'rester tout seul tout le temps.

 

Il avait ressenti un léger malaise, habilement dissimulé derrière une attitude nonchalante. Comme il l'avait dit à Fenella, c'était juste plus simple de ne pas nouer d'amitié. C'étaient autant de relations dont il n'aurait pas à subir la rupture, d'une manière ou d'une autre. Mais il avait envie de faire durer l'échange, pour une fois. Après tout, Sam avait l'air d'être le genre de personne qui ne se formaliserait pas. On pouvait discuter avec elle sans qu'il y eût de sous-entendu sur ce à quoi cela l'engagerait plus tard. Il ne prenait finalement pas de grand risque en allant réviser avec elle.

 

- Ouais, admit-il, j'vais venir avec toi.

 

Et puis, la bibliothèque était peu à peu devenu un endroit plus familier, maintenant qu'il s'était habitué à l'enthousiasme bienveillant de monsieur Beckett, et qui était le seul adulte avec qui il avait pu échanger quelques mots en russe.

 

- J'ai des devoirs en sortilèges aussi, je suis censé faire trente centimètres de parchemin sur l'influence de la phase lunaire sur l'efficacité des maléfices... Pour demain, maugréa-t-il.

 

Le professeur leur avait donné deux semaines entières pour faire ce travail, histoire de leur donner le temps de consulter différents ouvrages et de réfléchir au plan de leur dissertation. Mais Sasha avait bien sûr attendu jusqu'au dernier moment pour s'y mettre, et s'il n'avait pas croisé la route de Sam, il aurait sûrement repoussé encore de quelques heures cette échéance. Il fronça le nez tandis qu'ils s'engageaient dans un nouveau couloir au bout duquel les portes de la bibliothèque étaient ouvertes, invitant quiconque souhaitait venir passer un morceau de son dimanche entre les rayonnages chargés de livres.

 

- La théorie c'est pas trop mon rayon, mais si j'peux aider sur la pratique, hésite pas.

 

Ils purent s'installer facilement dans la bibliothèque : elle était plutôt désertée, à l'exception de quelques élèves zélés qui voulaient réviser davantage ou de quelques amoureux des livres qui s'étaient installés dans des poufs. On reconnaissait, sur la disposition du mobilier, la patte de Beckett lui-même, mais Sasha ne le trouva pas après avoir fouillé les lieux du regard. Il alla s'installer à une table pour sortir plume et parchemin de son sac, animé de cette étrange effervescence intérieure que provoquait la situation de ne pas être seul, pour une fois. A quel moment Sam se lasserait-elle ?

 

- Beckett est sympa, commenta-t-il à voix basse. Et avec le concierge, ils organisent toujours des trucs détendus. J'suis sûr ça devait être des Poufsouffles. Vous êtes carrément les moins chiants de l'école.

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Deuxième étage du château, Dimanche 04 Mars 2125

- Ah ouais.

 

Beckett n'était donc pas un Poufsouffle mais un Serdaigle. Il était vrai que cela faisait sens : un bibliothécaire qui parlait plusieurs langues, ce devait forcément être quelqu'un d'assez versé dans l'érudition, maintenant qu'il y pensait. Sam avait l'air de bien les connaître, et Sasha envia quelques instants cette intimité qu'elle pouvait avoir avec l'environnement qui était le leur, et au sein duquel il se sentait toujours étranger. Les remarques de la jeune fille, d'ailleurs, le rappelaient à l'ordre sur ce qu'elle tolérait ou non : en croyant faire un compliment sur les Poufsouffles, il indiquait clairement moins apprécier les autres maisons, ce que Sam désapprouvait. Sasha baissa le nez sur ses propres affaires, qu'il installait, tout à sa réflexion.

 

En quelques minutes, cela faisait deux fois que Sam lui montrait qu'il rejetait des gens par défaut. Il eut envie de se justifier à lui-même que c'était parce que ces personnes en question étaient coupables de quelque chose qui lui permît une telle hostilité, comme le fait que Ferguson eût proféré des provocations envers Alison pendant un cours ou ses expériences déplorables avec plusieurs Serpentards, mais la vérité était que les Serdaigle ne lui avaient rien fait et que les Gryffondors, même s'il n'avait noué aucune amitié particulière, l'avait accueilli sans jugement dans leur propre maison.

Sasha installa son propre parchemin, tout à ses pensées, mais il ne déboucha pas son propre encrier. Avant d'écrire, il lui fallait rassembler des informations et donc chercher des ouvrages. La question de Sam le tira de ses réflexions, et il haussa les épaules.

 

Sa première impulsion aurait été de critiquer l'école qui l'avait accueillie. Effectivement, c'était un réflexe. Il chercha un instant ses mots.

 

- J'ai été dans un genre d'école alternative pour les sorciers, pendant deux ans. On n'était pas assez nombreux pour être séparés en maison. Mais je pouvais rentrer chez moi souvent.

 

Comme pour s'occuper les mains, il se saisit de sa plume - un peu semblable à celle de Sam, elle avait un peu vécu, sans être trop abimée. C'était une plume toute simple, dont il caressa pensivement le crin entre son index et son pouce.

 

- C'était tellement petit qu'on se connaissait vraiment tous, mais on n'avait pas beaucoup de professeurs différents comme ici. Du coup, le niveau était... pas aussi élevé qu'ici. Mais les gens étaient solidaires.

 

Les grands aidaient les petits, c'était prioritairement ce dont il se souvenait. C'était aussi là qu'il avait commencé à entendre plus sérieusement parler des Veilleurs de l'Aube, mais il mit soigneusement cette information de côté, essayant de se remémorer des souvenirs plus anodins de ce début de scolarité sorcière. Il sourit.

 

- S'ils voyaient que vous avez une telle bibliothèque ici, ils en tomberaient par terre.

 

Peut-être qu'il y avait un peu de cela dans le fait qu'il était si irrité par les gens qu'il rencontrait à Poudlard : ils ne mesuraient pas leurs chances d'avoir accès à une telle école. Il supposa que ce devait être la plus belle académie de sorcellerie du monde.

Ses yeux tombèrent sur le parchemin de Sam. Il le désigna du menton.

 

- Pense à organiser vite une zone de repli qui restera sûre, dit-il. T'as déjà des idées ?

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Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Parc du château, Mardi 26 Septembre 2124

L'instant moelleux s'était soudain déchiré, et brusquement la réalité froide s'était imposée : l'humidité lui glaçait le dos, le soleil lui brûlait la rétine. Il n'était pas une créature inaperçue comme un lézard, à contempler, distant, le monde. Le monde l'avait rattrapé de ses crochets sinistres.

 

Sasha avait émit un long grognement, encaissant malgré tout les remarques acides d'Anya. Il roula sur le côté pour échapper aux branches qui le dissimulaient, peut-être aussi pour décrocher son regard de celui, chargé d'un jugement implacable, de la Serpentard. Décidément, les filles de cette maison aimaient piétiner sa dignité. En même temps, il se rappela qu'il n'en avait pas vraiment.

Quand il se redressa, basculant à genoux puis sur ses fesses, cette fois libéré de tout artifice qui aurait pu le dissimuler, le soleil éclaira sa chemise détrempée collée à son dos, tâchée d'herbe et de boue. Il essuya ses mains, elles aussi mouillées, sur le devant de son jean, avant de les passer vigoureusement sur son visage comme dans l'espoir de se réveiller.

 

- J'étais si bien fondu dans le décor que tu t'es mise là sans m'avoir vu, rétorqua-t-il avec amertume. C'est toi qui est aveugle.

 

Sasha n'avait pas su quoi répondre à ce qu'elle avait dit plus tôt. Comment savait-elle déjà, pour Carter ? Ce n'était pas le premier commentaire qu'on lui glissait à ce sujet, alors même qu'il avait dû l'embrasser pour la première fois quelques jours plus tôt. La moitié de l'école semblait déjà au courant. N'avaient-ils rien d'autre à discuter ? S'il y avait bien une chose qui le surprenait, c'était qu'un tel fait eût pu intéresser autant de monde : même des plus jeunes de Gryffondor l'avaient regardé bizarrement, entre désapprobation et admiration. Il aurait juré que c'était parce qu'ils l'imaginaient passer son temps à chasser la Femelle Serpent.

Sasha avait plié ses genoux écartés pour y déposer ses coudes, faire disparaître sa tête au milieu de ses membres avec un gros soupir. Sa bouille féroce réapparut quand il se redressa subitement.

 

- J'suis pas un chien-chien pour Carter, c'était juste comme ça pour lui rendre un service, mais en vrai y'a rien entre nous. C'est pas sérieux, же ! (hein !)

 

Ca lui avait semblé important à préciser, si important qu'il n'avait pas pu empêcher ces paroles de s'échapper de ses lèvres. Il ne savait pas bien pourquoi, mais c'était pressant qu'Anya sût.

 

A la réflexion : si, il savait pourquoi, et c'était peut-être évident pour elle. Sasha scella ses lèvres, un peu piqué au vif d'avoir eu cette réaction subite, qui trahissait trop de lui-même. Pour s'occuper, il se mit à triturer entre ses doigts humides des brins d'herbe arrachés entre ses pieds, le regard tourné vers le lac. La surface parfaite de l'étendue d'eau reflétait le soleil matinal, l'obligeant à plisser les yeux, sa pupille rétractée au maximum. Encore une journée à endurer.

 

Il coula un regard à côté, comme pour vérifier qu'Anya était restée.

 

- Pourquoi ça t'importe autant qu'on s'fasse pas remarquer ? Si t'en as autant rien à foutre des autres, pourquoi tu veux tous qu'on soient invisibles pour eux ?

 

On aurait dit un petit frère accusant sa grande soeur. Ils étaient liés malgré eux, par une histoire invisible et pourtant qui semblait gravée sur leur front à tous.

 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Parc du château, Mardi 26 Septembre 2124

- Pourquoi, t'es intéressée ?

 

Sasha avait répondu du tac au tac à la première question d'Anya, comme pour la défier. Et pourquoi pas, si elle disait oui, il dirait pas non. Mais ce n'étaient que des pensées en l'air, qui s'envolèrent avec les feuilles mortes repoussées par le petit vent frais qui se levait. Il frissonna, se contenta de scruter de nouveau les brins d'herbe qu'il déchiquetait en morceaux minuscules entre ses doigts abîmés.

 

Il n'empêchait, il écoutait attentivement Anya. Sa tirade lui déplut au début, parce qu'elle l'accusait plus ou moins directement de ne rien comprendre, mais bientôt, il sentit son coeur battre plus fort, plus vite. Elle avait raison. Les anglais parlaient sur eux tout le temps, et pas dans les termes les plus tendres. Du moins c'était ce que Sasha s'imaginait, parce qu'il n'entendait que rarement ces propos échangés à voix basse. Mais il croyait Anya sur parole. Et leur manie des apparences l'agaçait aussi - Alison en était l'exemple parfait. Ils pensaient tous, comme Alison, qu'ils étaient des rustres, bons qu'à arracher des têtes et massacrer des plantes.

Alors Sasha resta silencieux, les lèvres pincées. C'était sa manière d'acquiescer. Une mine pas bien différente de lorsqu'il n'était pas d'accord. Mais son absence de grognement devait peut-être se comprendre. Ce n'était peut-̂etre pas encourageant, mais pas décourageant non plus.

Il s'humecta les lèvres, releva le nez pour attraper le regard d'Anya, méfiant.

 

Elle l'enhardissait avec ses beaux discours, puis elle posait une question personnelle. A quel point devait-il considérer ça suspect ? Il baissa les yeux sur ses mains.

 

Ses cicatrices étaient des entailles noires, plus ou moins profondes, qui lui zébraient les doigts, les paumes et le dos de chaque main, de façon désordonnée. Elles boursouflaient sa peau, conféraient à ses mains des allures de pattes animales, griffues. Pourtant, il les avait mille fois lavées, avait taillé ses ongles le plus court possible, avait jeté des sortilèges de retrouver l'apparence de sa peau d'origine : rien n'avait fonctionné. Elles restaient ainsi, marbrées.

Il les fit rentrer dans son pull comme un chat aurait rétracté ses griffes. Il sembla réfléchir.

 

- Des griffures de... de créatures ennemies.

 

Assez précis pour la contenter, jugeait-il. Assez flou pour ne pas la laisser imaginer quoi que ce fut. Il déglutit, la mine fermée, adressant de nouveau à Anya un regard en coin. Elle n'était toujours pas partie. Pourquoi ?

 

- T'es méta, il dit comme une constatation.

 

Evidemment, il ne lui apprenait rien. Lui l'avait soupçonné, mais c'était plus clair maintenant qu'il avait vu ses cheveux changer de couleur au niveau des pointes. Sasha s'humecta les lèvres en continuant de la scruter, comme avec hésitation, ou prudence. Comme s'il n'avait pas voulu la faire fuir, quand bien même il avait lui-même rentré la tête dans les épaules, vigilant.

 

- C'est... très utile, sur le terrain, souffla-t-il lentement.

 

Sur le terrain, c'était évidemment à la guerre. Prendre l'apparence de l'ennemi était un avantage extrêmement recherché. Pour pouvoir collecter des informations, pour pouvoir en disséminer de fausses. Pour aller déposer une bombe.

Sasha s'ébroua, bien conscient que ce n'était probablement pas des choses qu'elle envisageait. Mais lui avait entendu parler des métamorphomages, quand il était engagé. Tout le monde les admirait. Les copains racontaient des histoires folles à leur sujet. Le camp qui en avait le plus pouvait complètement désorienter l'autre. Certains disaient que les gouvernements locaux pratiquaient de drôles de rituels pour augmenter la probabilité que la conception entre sorciers donnassent lieu à des enfants métamorphomages. Il frissonna à cette idée, et son regard s'en retourna fixer le lac loin devant eux.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Parc du château, Mardi 26 Septembre 2124

Il avait enfoncé un peu plus la tête entre ses épaules, si c'était encore possible, en détournant le regard. Il sentait une drôle de brûlure au fond de l'estomac, un truc qui tordit sa bouche quelques instants, lui donnait un goût amer tandis qu'il s'obstinait à rester silencieux.

La vérité, c'était que Sasha n'en savait rien, de ce qui se disait en dehors des grottes que lui avait traversé. Il venait d'un petit village, et ce qui se disait là-bas et sur le front n'était sûrement pas ce qui se disait de là où venait Anya. Il voyait bien, qu'elle était plus cultivée que lui, et que ce ne devait sûrement pas être seulement parce qu'elle était restée plus longtemps que lui sur les bancs de l'école.

 

Alors il resta silencieux de nouveau. Décidément, leurs conversations étaient comme ça : remplies de silence.

 

Ce fut elle qui parla de nouveau, et Sasha dut se concentrer pour ne rien laisser transparaître de sa surprise sur son visage. Il risqua néanmoins un regard, parce qu'elle s'était accroupie de lui, et de nouveau son coeur se mit à battre avec sa suspicion habituelle. Est-ce que ce frère qu'elle évoquait, c'était un prétexte pour percer ses défenses ? On lui en avait tant dit sur les femmes russes que l'on utilisait comme espionnes. Autant que sur les métamorphomages, mais soudain il se demandait si tout cela était vrai, ou si c'étaient des choses que les sorciers se racontaient entre eux pour s'occuper pendant les nuits trop longues et trop noires.

Pourtant, la confession de la jeune femme sonnait vrai. Il avait envie d'y croire. C'était peut-être à cause de son visage si harmonieux, de son mouvement souple lorsqu'elle s'était accroupie. Tu es faible, tu es faible, tu es faible, se répéta-t-il intérieurement, mais cela ne changeait rien. C'était trop tard.

Il s'humecta les lèvres. La millième fois depuis qu'elle était arrivée. C'était comme un tic qu'il ne pouvait empêcher.

 

- Ты ничего не пропустил, il finit par croasser à voix basse, tâchant de dire cela avec suffisamment d'assurance, mais il ne savait pas s'il donnait le change. (T'as rien manqué.)

 

Est-ce qu'il devait lui dire, pour les créatures ? Que risquait-il ? Il ne donnait aucune information capitale. Il baissa les yeux, pour regarder ses mains, mais elles n'apparurent pas. A peine le bout de ses phalanges se montraient-elles, mais pour mieux verrouiller l'entrée de ses manches à la manière de griffes refermées sur un tissu trop tendre.

 

- Инферис, ты знаешь, что они такое ? (Les inferis, tu sais ce que c'est ?)

 

Est-ce qu'on étudiait cela, à Poudlard ? Est-ce qu'on parlait de ce genre de créatures aux enfants qui étaient si inquiets pour leurs coiffures et leurs chaussures ?

Sasha s'obstina à contempler l'espace entre lui et ses manches, comme s'il s'y était trouvé quelque chose d'invisible. Il déglutit avant de prendre une inspiration, comme pour mieux tasser des choses au fond de lui, être sûr qu'elles ne sortiraient pas avec les mots qui s'échapperaient de ses lèvres.

 

- Это мертвецы на поле боя. Есть колдуны, которые их завораживают, а потом нападают, с... деформированными руками. Как когти. (C'est les morts du champ de bataille. Il y a des sorciers qui les ensorcèlent, et après ils attaquent, avec des... des mains déformées. Comme des griffes.)

 

C'était l'un des milles cadeaux de la Magie Noire apportée dans la guerre par les sorciers de cette partie du monde. Sasha serra les dents, osa un regard prudent vers le visage d'Anya.

 

- Твой брат еще здесь ? (Il y est encore ton frère ?)

 

Il se doutait bien que c'était la question à ne pas poser. Mais c'était mieux qu'il sût.

 

- Колдуют в основном маглы, il se hâta d'ajouter. (C'est surtout des moldus, qu'ils ensorcèlent.)

 

Il préférait préciser. Parce que si son frère n'était pas revenu de là-bas, ou si elle n'avait plus de nouvelles, elle savait ce qu'elle s'imaginerait.

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Saï Don
Message publié Vendredi 14 Février 2025 à 09:45

Hello, 

 

Je suis une des clampines évoquées ci-dessus. On m'a forcée sinon j'seras pas v'nue ! (Non c'est faux, il suffit de deux jolies images pour que je m'inscrive sur un forum c'est n'importe quoi)

 

J'aime bien RP, le chocolat, l'université (oui, kessiya) et les histoires belles et complexes et nuancées. Sans grande prétention c'est ce que j'essaie de faire en RP. Pis on m'a demandé de modérer, alors je vais jeter un oeil à ce que vous écrivez, faites attention à vous. 

J'aime pas les grosbill ni les épinards.

 

Toujours open pour expérimenter des choses avec mon perso préféré du moment, à savoir Sasha Shevchen. Donc soyez les bienvenus sur le forum et dans ma messagerie privée, moi j'suis prête à jouer !

 

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Katherine Dennison

Auror 62 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Au fond du couloir du troisième étage, à droite après la salle d'Histoire de la Magie, Lundi 18 Septembre 2124

Clac, clac, clac, faisaient les talons de Miss Dennison, sur un rythme régulier. Lorsqu'elle arpentait ainsi les couloirs de Poudlard, la pierre du château semblait avoir perdu encore quelques degrés, si c'était possible : ses pas résonnaient avec la même austérité que renvoyait sa tenue : des bottes noires en cuir à talons à demi dissimulées par une jupe longue et grise. Par dessus un chemisier blanc, sa robe de sorcière pesait lourd et s'envolait derrière elle en un traîne impérieuse. C'était un tissu visiblement lourd et cher, qu'elle avait l'habitude de porter, et qui rappelait aux professeurs qui la croisaient qu'ils n'avait pas le même salaire. C'était vrai, pourquoi s'en cacher ?

 

- Votre bureau se trouvera ici, Miss Dennison, fit la voix mielleuse de l'intendant - un petit homme aux cheveux grisonnants qui se pressait à la suite de l'Auror comme s'il s'était agi du Ministre de la Magie en personne. Le précédent Auror est parti en catastrophe, je ne sais pas ce qui s'est passé, j'espère que ce n'est pas un problème avec Poudlard.

- Mais non, voyons, avait-elle coupé sèchement en découvrant le placard à balai qui lui servirait de bureau.

 

De toute façon, si ça avait quoique ce fut à voir avec Poudlard, ce ne serait pas à l'intendant qu'elle en parlerait. Kate se planta devant l'encadrement de la porte avec une moue passablement dépitée.

 

- Vous voulez que je vous apporte quelque chose ? Peut-être du bois pour le feu ? Ou...

- Ca ira, merci. Je vais aménager correctement tout ça moi-même.

- Bon, bon, fit l'intendant, visiblement déçu. La chambre du petit est juste de l'autre côté de cette porte, mais il est encore en cours à cette heure-ci.

 

Kate darda ses yeux sur une lourde porte en bois sertie de gros verrous en métal. Il faudrait donc traverser son bureau pour atteindre l'enfant, si toutefois quelqu'un était assez fou pour vouloir braver la sécurité de Poudlard et venir le chercher jusqu'ici.

 

- C'est parfait, approuva-t-elle devant les moyens sur lesquels la Direction de Poudlard n'avait visiblement pas lésiné. Vous pouvez me laisser.

 

Déjà elle s'emparait de la porte de son bureau pour la refermer, histoire de s'isoler du couloir, et l'intendant se retrouva face à un panneau de bois, dans le couloir, immobile. A l'intérieure, Kate jeta un regard circulaire sur l'endroit : une cheminée, un gros bureau en bois, un lit et une armoire. C'était rudimentaire. Entre l'armoire et le bureau, l'énorme porte. D'un coup de baguette, sans avoir le besoin de formuler à voix haute le sort, Kate fit s'ouvrir le battant épais : de l'autre côté, une petite chambre était dotée d'un lit comme le sien, un bureau très petit et une grosse malle. Il y avait un coin sanitaire. Et c'était tout. Mais sûrement un luxe pour un enfant soldat russe, jugea-t-elle, car au moins, c'était propre et il y avait même des livres, des parchemins et des fournitures scolaires de toute sorte empilées sur le bureau. Aucune fenêtre cependant. 

 

- Katherine.

 

Kate sursauta en se tournant vers le feu : dans l'âtre, une tête était apparue. C'était Austin Fuchs, le coordinateur qui lui avait affecté sa mission. C'était un homme à la peau sombre, incorrigiblement flegmatique, mais plutôt agréable au demeurant.

 

- Austin. Je ne pensais pas que tu serais là pour le plaisir de guetter ma réaction. Quel voyeurisme.

 

L'homme leva les yeux au ciel - ou plutôt vers le conduit de la cheminée au-dessus de lui.

 

- Contrairement à ce que tu penses, je ne me réjouis pas de te voir t'installer ici, même si j'aime t'affecter des missions qui te déplaisent.

- Pauvre de moi, soupira Kate.

- Pauvre gosse, tu veux dire. Tu as lu son dossier ?

- Evidemment.

- Lenhart était ici avant toi.

- Il a eu peur d'un gamin ?

- Non, il ne pouvait pas dormir la nuit. Rapport à l'une de ses anciennes missions où toute son équipe est morte à cause d'un obscurial. Il a failli faire un arrêt cardiaque une nuit, alors on l'a autorisé à sortir en urgence, et il n'a plus voulu revenir. On a prétexté un problème de santé auprès de la Direction de Poudlard.

- Oh ! s'exclama Katherine en croisant les bras. C'est le risque de mettre des vieux à ce genre de mission. J'espère que tu as un autre sexagénaire après moi, je risque de mourir d'ennui pour ma part.

- Arrête. Tu sais qu'au fond c'est une mission plus importante qu'il n'y paraît.

- Si il a du potentiel. Ce que je demande à voir.

- Tu le sauras bien assez vite. Bref, je devais te prévenir que de nouveaux enfants russes et ukrainiens ont rejoint Poudlard aussi cette année. Ce pourrait être problématique, entre de potentiels espions qui risqueraient de l'approcher et... On ne sait jamais, si les gosses décident de nous faire un remake local de ce qui se passe à quelques milliers de kilomètres d'ici. On n'est pas à l'abri, et un incident pourrait avoir des conséquences sur nos relations diplomatiques avec un camp comme un autre. Je te fais pas un dessin...

- Ce ne sera pas nécessaire, merci. Je garderai l'oeil ouvert.

- Bien. Bonne chance, Kate.

 

 

 

 

 

Quelques heures plus tard, quand l'enfant finit par toquer, apparaissant dans un joli uniforme de Gryffondor, Katherine lui ouvrit et l'invita à entrer avec le sourire plus aimable qu'elle pouvait produire. Il avait intérêt à en profiter, car il apprendrait vite qu'elle ne souriait pas si souvent que cela.

 

- Entrez, monsieur Polyanski. Veuillez vous asseoir.

 

Une chaise était apparue devant le gros bureau de bois. Dans l'âtre ronflait un feu tranquille, qui réchauffait quelque peu la pièce aux meubles qui s'étaient magiquement habillés de quelques babioles collectionnées par Katherine : des tablettes gravées, ici une médaille, là un bouquet de fleurs dans un vase. A part ces quelques souvenirs, il n'y avait dans ces effets personnels ni photo du passé, ni même le moindre objet qui aurait pu être un souvenir d'une vie affective passée. L'endroit donnait l'impression d'être dans un musée. Katherine tendit la main au garçon, pour serrer la sienne avec solennité.

 

- Je suis Katherine Dennison. Vous pourrez m'appeler Miss Dennison. Je serai l'Auror qui veillera sur vous désormais, suite au malheureux accident dont a été victime votre précédent gardien.

 

Elle fit le tour de son bureau pour aller s'asseoir en face de lui. Entre eux, un parchemin était déroulé, et une plume sagement posée à côté ; mais Kate n'y toucha pas, préférant croiser les mains sur le bureau et darder sur l'enfant un regard scrutateur.

 

- Veuillez me résumer vos efforts dans les différentes matières à Poudlard et leurs résultats, je vous prie.

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Lyle Sørensen

18 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serdaigle
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Bibliothèque de Poudlard, Vendredi 15 Septembre 2124

Lyle poussa un soupir, se résignant à reposer sa plume et même à fermer le livre qu'il avait devant lui. Enfin, pas tout à fait : il avait glissé un index entre les deux pages qu'il étudiant jusqu'ici, histoire de pouvoir reprendre rapidement, une fois que ce petit interlude serait terminé. Impassible, il écouta l'intégralité des explications de Viviane sans l'interrompre.

 

Puis un silence s'écoula. A l'intérieur de la bibliothèque, il ne subsistait toujours que quelques sons feutrés, comme si le reste du château n'existait pas ; et probablement était-ce ce qui faisait le charme de l'endroit aux yeux d'un bon nombre de Serdaigle, y compris Lyle.

Ce dernier finit par incliner la tête de côté, légèrement, comme pour signifier l'évidence de ce qu'il allait dire.

 

- Si tu connaissais si bien tes informations, tu saurais que je n'ai nullement besoin d'argent, articula-t-il avec lenteur - un peu comme s'il faisait la leçon à la jeune fille.

 

Et c'était probablement ce qui était en train de se produire. Lyle secoua la tête. Déjà il était prêt à rouvrir son livre.

 

- Ravi d'être au goût des membres de ta famille, mais je ne me destine pas au mannequinat, désolé.

 

Un tel projet serait même incompatible avec sa carrière future. S'il prenait autant soin de lui, ce n'était pas pour séduire ; du moins pas au sens où on l'entendait habituellement. S'il voulait paraître tiré à quatre épingles, au-delà de l'habitude de son éducation, c'était tout simplement pour paraître le candidat le plus compétent. Son grand-père lui avait appris que le fond n'était rien sans la forme - et vice-versa, d'ailleurs.

Il eut un bref soupir, et cette fois-ci, rouvrit le livre pour bon. Pourtant, il continua à parler en baissant les yeux sur les pages.

 

- La seule chose qui pourrait m'intéresser à Paris serait l'Ambassade Magique britannique et éventuellement leur Centre de Documentation et de Recherche pour essayer d'y décrocher un stage pour l'été prochain. Alors, à moins que ton grand-père habille des gens dans ce genre d'endroit...

 

Lyle releva légèrement le regard et haussa les sourcils, l'expression un peu trop neutre pour être parfaitement innocente. Est-ce qu'elle serait suffisamment bien renseignée, cette fois ? Ses yeux gris comme de la pierre de Lune défièrent ceux, tout aussi froids, de Viviane. Bénéficiait-elle vraiment du statut social de sa famille au point de pouvoir obtenir des renseignements si précis.

 

Il sourit ; à demi-encourageant, à demi-narquois.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Hall de Poudlard, Samedi 02 Septembre 2124

 

Sasha ressemblait sûrement à n'importe quel autre adolescent de Poudlard. Par-dessus la chemise et la cravate qu'on lui avait fournies - nouée de travers - il avait enfilé une robe noire qui tombait sur ses épaules larges comme un drap sur un vieux meuble qu'on aurait voulu cacher. Un sac à dos tenu par une seule lanière déséquilibrait sa silhouette tandis que, comme un piquet planté au milieu du hall, il levait le nez vers les bougies qui flottaient au-dessus de lui, son regard étrangement indigné face aux belles voûtes sculptées du château.

Les paroles prononcées en russe l'avait tiré de sa contemplation, mais pour poser sur la nouvelle arrivante deux prunelles émeraudes à l'air un peu creux. Ses tâches de rousseur restaient colorées d'un tapis carmin, presque aussi flamboyant que ses lèvres malgré des cernes qui fatiguaient son visage.

Un mélange de jeunesse et de vieillesse un peu incongru. C'était peut̂-être ça, ou bien sa nuque trapue et son air rigide qui trahissaient qu'il n'était finalement peut-être pas comme n'importe quel autre adolescent.

 

- Sasha, il s'était contenté de dire pour toute présentation de lui-même.

 

Il n'avait pas besoin de donner son nom de famille. Shevchen, c'était trop ukrainien, et on ne savait jamais à qui on parlait. Alors que Sasha, c'était passe-partout. Un prénom presque universel.

De toute façon, Anya Nikitovna savait déjà visiblement qui il était. Après un instant d'hésitation - ou un retard souhaité pour manifester sa méfiance - il la suivit quand même. Dehors, dans une brise automnale qui glissait sous leurs pieds des feuilles craquantes, il emboîta le pas d'Anya en gardant une distance saine, suivant à peine les indications qu'elle lui donnait. Un lac, il avait déjà vu. Une forêt aussi, des sombrals aussi. A part cette architecture hirsute, rien ne parut bien étonnant à ses yeux.

 

Il avait pris la résolution intérieure de raccourcir ce moment le plus possible. Faire la visite réglementaire, récupérer comme hier ce qu'on voulait bien lui fournir - vêtements de rechange, chaudron, fioles, parchemins, quelques plumes - stocker ça dans sa chambre et repartir se trouver des postes d'observation qui lui conviendraient. Il n'avait aucun projet de devenir ami avec qui que ce soit dans cette école de bourgeois.

 

Pourtant, à la vue de la cigarette, sa détermination flancha. Il passa d'un pied sur l'autre, se mordit la lèvre avant de tendre la main pour récupérer le petit échantillon de félicité qu'Anya lui offrait. En échange de quoi ?

Il darda sur elle des yeux inquisiteurs, avant de se hâter d'allumer sa cigarette à son tour de la pointe de sa baguette - éraflée. Il fuma en silence, avec l'avidité de celui qui a rêvé d'une cigarette depuis des années, isolé sur une île déserte, et qui retrouve le goût de la liberté.

De temps à autre, il jetait un regard circulaire. La forêt, le lac, les sombrals. Le paysage était si immobile qu'il avait l'impression d'épier une carte postale moldue. Ses yeux revenaient inlassablement vers Anya, pour se détourner aussitôt et se réintéresser à la cigarette.

 

La fille était jolie. Ce n'était pas censé être un argument dans la balance et il le savait parfaitement. Il en faisait juste le constat, voilà tout. Ca ne changeait rien à la situation.

Il jeta le mégot par terre dès qu'il eut enfin terminé de fumer, pour l'écraser sous sa semelle.

 

- Да, у меня есть вопрос (ouais, j'ai une question), dit-il finalement. Почему вы удосуживаетесь навестить меня, если вас это не устраивает? Вам пришлось? Есть ли пункт о принудительном перемирии или я не знаю что ? (Pourquoi tu te casses le cul à me faire la visite si ça t'va pas. Y t'ont obligée ? Y'a une clause de trêve forcée ou je sais pas quoi ?)

 

Sa voix ressemblait à des aboiements grondeurs. En colère contre qui, elle ou l'école, on ne savait pas vraiment. Ou peut-être que c'était juste sur ce ton-là qu'il avait appris à parler : avec un regard direct, presque menaçant, dissuadant de ne pas donner de réponse.

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Lyle Sørensen

18 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serdaigle
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Vestiaires du terrain de Quidditch, Jeudi 05 Octobre 2124

 

Une pluie battante avait noyé le terrain de quidditch dans une boue visqueuse une grande partie de l'après-midi. Les Serpentards et les Poufsouffles n'avaient pas annulé leur entraînement commun - un match amical, sans spectateur ni arbitre, qui avait vite tourné au vinaigre pour les Blaireaux. Les Serpents s'étaient dotés de sortilèges anti-dérapants sur les manches à balai dont Lyle doutait qu'ils fussent autorisés dans une compétition officielle, mais il ne s'était jamais autant fiché de justice pour la maison jaune et noire qu'en ce jour. Il était lui-m̂ême venu à la fin estimée de la rencontre, un maléfice de Parasec qui avait gardé sa tenue impeccable jusqu'à l'entrée des vestiaires d'où sortaient déjà des colonnes de joueurs aux conversations animées. Ils étaient moins fâchés par la météo que par la récente annonce d'annulation du Tournoi de Quidditch de l'Académie. Il fallait vivre dans un trou de la forêt interdite pour ne pas être au courant tellement c'était le sujet de conversation de toutes les tablées ces derniers jours.

En ce qui concernait Lyle, il trouvait presque juste que l'on se préoccupât enfin de faire un moment de silence pour l'élève qui avait disparu en fin d'année dernièr, même s'il savait parfaitement que la décision de la Direction n'avait rien à voir avec cela.

 

Il attendit patiemment que le gros des troupes fut sorti pour se glisser dans les vestiaires masculins. Un poufsouffle essayait tant bien que mal de soigner l'un de ses camarades qui avait foncé dans l'un des anneaux en se démolissant une épaule au passage. Dans la pièce voisine, un seul Serpentard restait encore - un garçon aux cheveux noirs qui rangeait son balai. Lyle n'aurait pu imaginer cible plus simple : un jeune, isolé. Il referma la porte derrière lui, pour les isoler tous les deux. Le glissement feutré du loquet attira l'attention du Serpentard, aussi Lyle grimaça un sourire sans joie.

 

- Salut Ryder.

 

Il n'avait pas eu besoin de faire ses devoirs : l'équipe de Serpentard, il la connaissait bien pour avoir vu un paquet de matchs l'année précédente. Il était un des rares Serdaigles à soutenir Serpentard dans les rencontres qui opposaient les serpents aux blaireaux ou aux lions.

 

- Belle perf, il commenta en se détachant de la porte pour marcher d'un pas lent dans la pièce, comme s'il se baladait là, l'air de rien, laissant Ryder ranger tranquillement ses affaires. Même en amical, ils sont loin d'être à votre niveau.

 

C'était moins une question de technique en réalité qu'une question de sens de la compétitivité, bien plus développée chez les Serpentards. Mais là n'était pas la question. Pour une fois, il s'en fichait complètement que les verts gagnassent ou non leurs matchs. Ca se sentait peut-être, au son de sa voix, qu'il n'en avait rien à foutre. Mais il avait dardé sur l'autre adolescent des yeux attentifs. Mordrait, mordrait pas ?

Lyle prit une inspiration, avant de se laisser choir sur un banc. Il s'appuya sur un coude contre le casier voisin.

 

- Je t'invite à boire un verre, pour fêter ça ?

 

On ne pouvait pas dire qu'ils ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam. Percy avait été un sacré bon batteur pour les Serpentards avant de disparaître malgré sa carrure filiforme, et Lyle estimait que son ami avait dû plus ou moins être plutôt accueillant quand Spike avait rejoint l'équipe. Il n'en était pas tout à fait sûr, mais il fallait miser là-dessus. Toujours était-il que Lyle et Percy avaient fêté quelques victoires et ils avaient croisé Spike plus d'une fois à ces occasions, sans que les deux protagonistes encore vivants se fussent vraiment jamais parlé. Pourquoi, d'ailleurs ? Lyle n'en avait aucune idée. Les petits étaient des petits. Et il ne fréquentait pas les autres Serpentards, par principe. C'était différent pour Percy. Une exception pour confirmer la règle.

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Katherine Dennison

Auror 62 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Au fond du couloir du troisième étage, à droite après la salle d'Histoire de la Magie, Lundi 18 Septembre 2124

 

Une fois le sceau resserré, Katherine s'était redressée en réservant pour l'enfant un regard satisfait. Il se dessina sur ses lèvres fines un sourire indulgent pour la naïveté de l'enfant, avant de s'en retourner contourner son bureau.

 

  • - C'est parce que les sorciers anglais veillent toujours à la moindre faille potentielle qu'ils sont parmi les meilleurs au monde, voyez-vous ? Bien des choses dans la magie sont paradoxales, et celle-ci en fait partie : le meilleur des sorciers est celui qui sait qu'il peut faillir.

 

Katherine se réinstalla dans son fauteuil avec des gestes mesurés, posant à sa droite sa baguette, saisissant ensuite sa plume pour se remettre à gratter les éléments importants qu'il lui fallait noter après ses observations.

 

  • - ... Mais vous êtes peut-être encore un peu jeune pour comprendre ces subtilités, soupira-t-elle comme si elle se parlait à elle-même, à voix un peu plus basse.

 

Ni l'insolence à peine masquée de l'enfant, ni la douleur qu'elle avait vue transparaître dans ses mâchoires et ses poings serrés ne paraissait avoir affecté Katherine Dennison. Après que le sceau eût brillé si intensément, le bureau semblait soudain plus sombre, dissimulant presque les traits concentrés de la femme qui n'avait plus un regard pour Nikolaï.

Pourtant, la réalité était qu'elle réfléchissait à sa dernière question. Le russe était loin d'être idiot. Il était arrivé aux mêmes conclusions que les adultes le concernant. Alors, elle finit par reposer sa plume sur le porte-plume après avoir terminé une dernière phrase, puis elle se laissa aller contre le dossier du fauteuil pour croiser les mains sur ses genoux. Elle l'observa de son regard perçant longuement : il lui semblait que la peau du garçon luisait encore de la sueur que lui avait arrachée l'épreuve, mais ses yeux étaient durs comme le fer. Comment les russes avaient-ils fait pour réprimer tant l'expression des émotions de Nikolaï au point qu'il n'en fut plus lui-même conscient ?

Katherine s'humecta les lèvres.

 

  • - Dites-moi, monsieur Polyanski. Si vous aviez le choix. Préfèreriez-vous être libéré de l'obscurus pour vivre une longue vie mais ne jamais retourner aux batailles de votre patrie, ou bien préfèreriez-vous retourner à la guerre en étant sûr que vous ne vivrez plus que quelques mois ?

 

Elle décolla son dos du fauteuil, comme pour l'observer d'un peu plus près.

 

  • - Что хуже, господин Полянский? Отказаться от войны или отказаться от жизни ? (Qu'est-ce qui est pire, monsieur Polyanski ? Renoncer à la guerre, ou renoncer à la vie ?)

 

L'accent britannique de Katherine était certainement perceptible, mais sa grammaire et son phrasé étaient parfaits.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Deuxième étage du château, Dimanche 04 Mars 2125

Sasha leva de nouveau les yeux du pâté que Sam avait fait sur sa feuille. On était loin des jolies boucles de l'écriture d'Alison, et quelque part, c'était plutôt rassurant. Le Gryffondor haussa de nouveau les épaules.

 

- Heu ben... Y'avait des enfants ukrainiens sorciers qui partaient vers Koldostoretv ou Durmstrang avant, mais c'est pas obligatoire, alors mes parents ont préféré m'envoyer pas trop loin de la maison, comme ça je pouvais rentrer le week end pour les aider. Je sais pas s'il y en a plusieurs, en vrai, mais sûrement. Y'a des familles très riches qui envoient leurs enfants à Beauxbâtons, mais sinon, on s'organise sur place.

 

Il se décida à déboucher son propre encrier pour y tremper sa plume et, à l'instar de Sam, au moins écrire le titre de son parchemin, finalement. Cela lui laissa aussi quelques instants pour réfléchir à comment formuler sa réponse.

 

Le souvenir de la façon dont avait été reçu sa fierté d'être parti à la guerre lors du dîner chez les Carter était encore fraîchement gravé dans sa mémoire. Mais il ne pouvait pas non plus mentir à Sam. Il réfléchit à une version édulcorée de son récit, mais rien ne collait vraiment.

 

- Avec la guerre, j'ai juste arrêté d'aller à l'école, il déclara finalement. Et j'ai rejoint... un groupe pour aller me battre contre les russes.

 

Voilà. C'était simple, et vrai. Inutile de mentionner les Veilleurs de l'Aube. Ceux qui en avaient entendu parler ici les voyaient comme des bandes de mercenaires, alors que pour les ukrainiens, c'était une genre de milice héroïque organisée pour soutenir l'armée officielle. Il se demanda si Sam déciderait elle aussi si ça faisait de lui quelqu'un de pas vraiment fréquentable. Par réflexe, il fit disparaître ses mains dans les manches de son pull, histoire de faire oublier les marques noires qui les striaient en cicatrices disgracieuses.

 

- Mais comme j'étais pas majeur, je me suis fait attraper par un genre de groupe humanitaire qui m'a amené ici et voilà.

 

Il poussa un soupir. La version simplifiée de sa vie lui semblait aussi insipide que des carottes trop cuites. Mais c'était peut-être celle qui était finalement la plus réaliste.

 

- Si ça te dérange pas, j'préfèrerai pas trop parler de ce sujet-là, justement. J'essaie de...

 

De quoi, au juste ? Ce n'était pas facile à expliquer et il s'humecta les lèvres.

 

- ... Je sais pas. D'être un élève lambda, maintenant, je suppose.

 

Tout le contraire de ce qu'il aurait voulu en septembre, lorsqu'il était arrivé, et qu'il avait dans l'idée de défendre ses opinions. Mais ça, c'était avant toutes ces interactions ratées, ces relations avortées, ces incompréhensions avec le personnel comme les élèves de l'école. Désormais, il aurait juste voulu rester anonyme jusqu'à la fin de l'année - à l'exception de ce jour du Tournoi hypothétique, donc. Une espèce de mise entre parenthèses de son histoire, qu'il ne chérirait que pour lui-même, dans un coin de sa tête.

 

- Mais ouais, j'veux bien un peu d'aide, déclara-t-il avec un sourire encourageant, et les deux se levèrent pour aller se promener dans les rayonnages. 

 

Sasha faisait confiance à Sam pour s'orienter, non sans parfois s'arrêter devant un ouvrage étrange - il y en avait un avec des poils qui n'arrêtait pas de se gratter contre les autres, par exemple - pour satisfaire sa curiosité.

 

- Tu veux devenir quoi, toi, après Poudlard ? Tu sais déjà ? demanda-t-il en la suivant dans le rayonnage suivant, sans pouvoir s'empêcher de gratouiller la tranche du livre à poils pour le soulager un peu avant de s'éloigner.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Serre n°2, Vendredi 15 Septembre 2124

Sasha avait fait l'objet d'une présentation que les professeurs auraient jugé dignes : debout devant la classe, à chaque nouvelle promotion à laquelle on l'intégrait, un enseignant racontait avec une voix solennelle que le jeune homme était issu "d'un pays en guerre" et qu'il fallait l'accueillir y compris dans des cours avec des sorciers plus jeunes pour rattraper son retard

 

Comme si l'Ukraine était sous-développée. Comme s'il était juste un pauvre enfant qui n'avait pas pu aller à l'école.

 

Toute cette dignité feinte n'était pour lui qu'humilation. Il n'était pas issu d'un pays en guerre, il était issu de la guerre elle-même. Pourquoi cacher le rôle qu'il y avait joué ? Oh, il savait bien pourquoi.

Sasha avait servi en retour, vers ces rangées de nouveaux "camarades" forcés, un regard tout à fait dissuasif. Ca avait plutôt bien marché : les élèves avaient évité de s'approcher de trop près. En particulier quand ils étaient plus jeunes, ça n'était pas trop compliqué.

 

La plupart des cours qu'il devait rattraper impliquait de la théorie, que l'on pouvait travailler seul, dans son coin, ce qui lui convenait parfaitement. Par malheur, il avait vite compris qu'il devrait aussi réaliser des travaux de groupe - à commencer par la botanique.

 

 

 

 

Le mois de septembre à Poudlard était particulièrement pluvieux. Une pluie régulière et légère, mais qui à force d'usure remplissait les sols d'une humidité constante. Autour de Poudlard, de larges flaques s'étaient formées, si bien que le parc ressemblait étrangement à un gruyère ou, comme y pensait Sasha à l'instant, à un champ labouré par les bombes qui auraient creusé des crevasses de surface, à peine visible et pourtant là, prêt à les enfermer dans la boue. Contrairement à d'autres sorciers, toutefois, il y était insensible. Il avait traversé le parc à la suite des autres, sans un mot, sans prendre la peine d'un sortilège pour rester au sec, sans non plus courir comme cette bande de filles de Serpentard qui voulaient se réfugier au plus vite sous la serre. S'il l'avait pu, il serait probablement resté à l'extérieur. La pluie le dérangeait moins que d'être enfermés avec des gamins immatures pendant deux longues heures interminables.

 

Il avait été affecté en binôme avec une certaine Alison, qu'il suivit sans rechigner. Une petite rousse qui était passée devant lui pour se rendre vers la table qui leur était affectée, tout au fond de la serre. Il ne put empêcher un regard lorsqu'elle remonta sa jupe, ostensiblement, mais son visage n'exprima rien. Les cheveux de cuivre se balançaient devant lui, attrapant quelques reflets de lumière au passage, mais il préféra se concentrer sur le crépitement de la pluie sur le toit de la serre. Les gouttes régulières rappelaient des grains de café écrasés dans une machine étouffée, mise au service des humains qui essayaient de rester éveillés dans un monde brumeux.

 

Il fallait faire des efforts pour rester concentré. Sasha imita Alison : enfiler une blouse, choisir une paire de gants. Jusqu'ici, rien de bien trop compliqué. Il décocha à la Serpentard un regard hostile.

 

- Si ça peut t'épargner de m'adresser la parole, alors non, je comprends rien à l'anglais, rétorqua-t-il, la voix rauque comme un gros félin grondant à l'approche d'un concurrent pour sa proie.

- Vous avez à votre disposition des branches d'aubépine pour les coincer dans les dents de Choux, claironna la voix du professeur dans le dos d'Alison, et Sasha en profita pour détacher ses yeux du regard sauvage qui lui faisait face - la frange bien ordonnée d'Alison lui semblait en contraste trompeur avec l'expression de la jeune fille : indomptée, rebelle. Ils sont particulièrement grincheux si vous ne leur donnez rien à mordiller, alors prenez vos précautions parce qu'ils pourraient s'en prendre à vous !

 

Autour d'eux s'élevèrent des murmures de désapprobation - c'était la première fois que les étudiants manipuleraient des choux mordeurs de Chine et certains n'étaient pas rassurés à l'idée d'y laisser un doigt ou deux. Sasha lâcha un soupir avant de se mettre à ramasser les pots qui leur avaient été affectés et les déposer avec brutalité sur la table. Cela réveilla un des choux qui se mit aussitôt à... chouiner.

 

- Va chercher l'aubépine, jappa Sasha à l'attention d'Alison, visiblement pressé d'en finir.

 

Il se concentra sur le pot devant lui. Regarder ce putain de chou et ce putain de chou uniquement.

 

- Zatkniess, râla-t-il à voix basse. (Ta gueule.)

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Lyle Sørensen

18 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serdaigle
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Vestiaires du terrain de Quidditch, Jeudi 05 Octobre 2124

Lyle leva les yeux au ciel. La blague ne lui avait pas tiré le moindre début de sourire. Raide, il se leva à la suite de Spike qui prenait la direction de la sortie. Mais quand Spike retira le loquet, Lyle appuya une épaule contre la porte. Il avait croisé les bras. Avec une certaine nonchalance qui n'en effaçait pas moins le regard acéré qu'il darda sur le Serpentard.

 

- Te parler de Percy.

 

Il y eut un silence morne. Bizarrement, personne à Poudlard ne voulait parler de Percy. Les Serpentards l'aimaient bien, il y avait même eu quelques hommages à sa mort, avant le départ officiel pour les vacances. Mais d'une part les autres maisons ne l'appréciaient guère, d'autre part semblait-il que depuis la rentrée, tant les élèves que les professeurs avaient décidé qu'il fallait passer à autre chose. L'enterrer purement et simplement dans les mémoires.

Lyle n'était pas de ceux-là. Si Spike ne voulait pas perdre de temps, ce n'était pas si mal : lui non plus. Il irait droit au but.

 

- Percy consommait des choses. Il testait. Et je sais que dans votre équipe, vous étiez au courant.

 

Il avait martelé ces derniers mots. Histoire d'être bien clair, même s'il n'avait pas eu besoin de hausser le ton de sa voix. Spike lui faisait l'effet d'un gamin qui se la jouait gros dur mais qui pouvait être facilement impressionné. Se trompait-il ? Peut-être. Ca n'avait pas la moindre importance.

 

- Il testait des substances considérées comme du dopage. Je veux savoir qui d'autre prend quelque chose dans votre équipe, et quelles sont ces substances.

 

Lyle aperçut les sourcils de Spike se hausser, sans qu'il ne sût si c'était de surprise ou d'affolement. Le Serpentard n'avait pas l'air prompt à paniquer, mais que savait-il de lui, au fond ?

 

- Te bile pas : ton cas m'intéresse absolument pas, tu prends bien ce que tu veux. Mais je veux savoir ce qui est disponible, et où se fournir. Ca sortira pas de ce vestiaire.

 

Lyle s'humecta les lèvres, un bref instant.

 

- Disons que c'est juste pour ma culture personnelle, ok ?

 

C'était évidemment faux. Spike ne goberait pas ça. Mais c'était une façon d'annoncer qu'il le garderait en dehors de tout ça. Ryder n'avait pas besoin d'être mêlé à son enquête, de toute façon. C'était juste qu'il fallait bien commencer quelque part, et qu'il ne se risquerait pas à passer par le Capitaine de l'équipe qui pouvait à tout moment donner consigne aux autres de ne pas lui adresser la parole. Quant à parier sur le fait que Ryder évoquerait cette discussion autour de lui, Lyle était plutôt prêt à parier que non. Spike était sûrement trop je-m'en-foutiste pour réfléchir longuement aux tenants et aux aboutissants de cette conversation. Il ne l'avait pas choisi par hasard.

 

Lyle inclina légèrement la tête.

 

- Au plus vite tu me dis ce que je veux savoir, au plus vite t'es libéré.