Homme
17 ans
Sang-mêlé
Ukrainien
Identité
-
- Septième année
- Surnoms : Sashou
- Nationalité : Ukrainien
Capacités & Statuts
Groupes
Message publié le 28/10/2024 à 21:11
Sasha retira les gants d'un geste rageur, les jetant sur un coin de la table. Dès qu'Alison se fut retournée à son chou, il en profita pour faire une grimace, censée reproduire la mimique hautaine de la jeune fille, version caricature slave, quand elle lui avait signalé qu'elle ne ramasserait pas pour lui. Il n'en restât pas moins qu'après un gros soupir, et sous des regards discrets qui les épiaient des tables voisines, le Gryffondor s'empara d'un brosse avec laquelle il repoussa la terre au sol dans un coin. Nettoyer le sol d'une serre, quelle idée ridicule. A la fin du cours, il y aurait tout autant de terre partout, alors pourquoi ?
Mais obéir pour le simple fait d'obéir, il savait faire. Au moins quelque chose de familier dans ce château et son parc à thème pour enfants de maternelle. Pendant ce temps, Alison n'avait qu'à se débrouiller avec sa délicatesse de petite bourge, si c'était cela qui convenait au professeur. Pas sûr qu'ils réussissent à remporter les six chous avant la fin des deux heures, mais apparemment c'étaient davantage les apparences que l'efficacité qui comptait dans ce fichu...
Sasha releva le nez de son balai à l'exclamation de son binôme, pour la découvrir penchée en avant la tête étrangement inclinée sur le côté tandis qu'une mèche de ses précieux cheveux étaient inexorablement mastiquée par des rangées de dents végétales.
Alors le slave grimaça enfin un sourire en s'appuyant sur le balai pour pencher la tête aussi, histoire d'avoir le visage dans la même direction que la pauvre élève prisonnière par les cheveux.
- Désolée, je pas comprendre ce que tu veux. Tu sais, moi pas parler anglais...
Il s'attendait à lire la fureur dans les yeux d'Alison. C'était bien mérité. Mais les yeux agrandis, marrons comme des feuilles d'automne, n'avaient pas tant l'air furieux que paniqués.
- Oh my God ! cria une fille à la table voisine.
D'autres exclamations fusèrent ici et là. Suffisamment intenses pour que Sasha comprît qu'Alison n'était vraiment pas en mesure de se sortir de là toute seule. Quant aux autres élèves paniqués qui les regardaient, pas un n'avait la présence d'esprit de bouger le petit doigt. Est-ce qu'en plus les Serpentards n'avaient aucun esprit d'équipe ?
- Tchort, croassa-t-il, avant de lâcher brusquement le balai. (Bordel.)
Sasha avala la distance entre eux en deux pas précipités avant de se pencher sur le pot. Il attrapa d'une main la mèche de cheveux, et de l'autre enfonça sa paume sur le chou pour extirper la tignasse rousse. Le chou tenta d'abord de résister, et Sasha dût tirer plus fort. L'arrachage provoqua soudain un crépitement désagréable, libérant brusquement Alison tandis que le Gryffondor et elle reculaient.
- Oy, blyad ! jura Sasha avec vigueur. (Oh, putain !)
Il avait battu en retraite par réflexe, emmenant de sa main libre Alison avec lui - Sasha secoua son autre main devant lui avec douleur : sa paume avait été perforée de toutes parts, et déjà des gouttes de sang se formaient et dégoulinèrent devant eux. Un drôle de silence les entourait tandis que les autres élèves restaient figés à les regarder.
Bien évidemment, les cris puis ce silence avaient alerté la professeure. Celle-ci revenait vers l'arrière de la serre d'un pas pressé, se frayant un chemin entre les tables en se hissant parfois sur ses pointes comme pour mieux y voir. Sasha se dépêcha de retourner à leur table... pour mieux cacher sa main sous celle-ci.
- Que se passe-t-il ici ?
Evidemment, c'était à lui qu'elle s'adressait. Sasha avait retrouvé instantanément sa moue désagréable.
- Rien, rétorqua-t-il sèchement.
Le visage de la professeure resta immobile, à le fixer telle une chouette épervière affamée, en attente d'une réponse plus satisfaisante. Sasha soutint son regard un moment, mais ne put empêcher un coup d'oeil vers le chou : ce dernier avait quelques dents qui s'emmêlaient encore dans quelques cheveux roux. L'air de rien, Sasha prit une motte de terre de sa main valide pour la jeter sur le chou.
- On rempote, c'est tout, gronda-t-il.
- Monsieur Shevchen, vous voudrez bien me parler sur un autre ton ! Que. S'est. Il. Passé ?
Mais Sasha avait décidé de sceller ses lèvres à la manière d'un enfant refusant de manger sa bouillie.
Message publié le 28/10/2024 à 15:17
Combien de temps fallait-il pour aller chercher quatre branches d'aubépine ? A peine Alison s'était-elle éloignée que Sasha trouvait qu'elle aurait dû revenir. De son côté, il alignait les pots. Les autres groupes d'élèves avaient soigneusement sélectionné un seul chou, qu'ils examinaient précautionneusement, quand lui en avait stocké six, déposés les uns après les autres avec la douceur d'un poissonnier du siècle dernier abattant une anguille sur le bord d'une table.
Ses gestes agacés avaient peut-être à voir avec la remarque d'Alison. Son chien ? Quel rapport ? Il n'avait fait que répéter les consignes du professeur puisqu'elle ne s'était pas encore mise au travail. Est-ce qu'il était tombée sur la fainéante de la classe ?
Il enfila les gants, ne pensant même pas à leur odeur ni à ce à quoi elles avaient pu servir avant.
- Parfait, rétorqua-t-il à Alison quand il se mit au travail.
Autant qu'elle ne le gênat pas : plus vite il agissait, plus vite ils seraient tous deux débarrassés.
Et puis cela lui évitait de la regarder. Il avait bien vu et entendu le petit ricanement auquel il n'était certainement pas étranger. Mais au diable s'il se laisserait impressionner par une petite peste anglaise qui aurait peur de se faire des ampoules aux doigts en cueillant une myrtille.
Sasha entreprit d'enfoncer des morceaux d'aubépine dans les pots, faisant couiner de rage les choux. Ils s'attaquèrent à l'aubépine comme si la branche était l'autrice d'une attaque éclair, avec force de crachotements et de mordillements furieux. Le Gryffondor profita de ce que cela les occupait pour en saisir un à pleins gants pour l'arracher de force à son pot : une gerbée de terre se répandit autour de lui lorsque les racines lâchèrent. Suspendu dans sa main, le chou gigotait du bout des racines, essayant de mordre tout qu'il pouvait trouver sous ses dents : restes d'aubépine, les gants de Sasha, et même ses propres feuilles, dans une crise âpre et silencieuse. Sasha se hâta d'enfoncer le petit monstre végétal dans un grand pot, sans ménagement. Puis il prit à deux mains une grosse poignée de terre pour l'enfoncer dessus - un peu comme on aurait essayé de noyer un lutin de Cornouailles au fond d'un seau glacée.
Aussitôt fait, aussitôt oublié : Sasha passa au chou suivant avec la même douceur.
- Huuummm... fit une voix hésitante à proximité.
La professeure de botanique était une femme au visage plein de gentillesse, un peu ronde, les joues rouges avec des boucles brunes sauvages qui lui descendaient sur les épaules en mèches épaisses et embrouillées à la manière d'un lierre envahissant. Elle avait de grands yeux noisettes qui parurent plus ronds encore que les noisettes elles-mêmes quand elle avisa la table de Sasha et Alison. Le Gryffondor continuait le rempotage, non sans attirer quelques gloussements d'une table voisine quand la professeure se passa une main sur le menton en l'observant.
- Alors, les choux mordeurs de Chine sont plutôt délicats malgré leur caractère, essaya-t-elle de dire en agitant le bout de ses doigts comme des fleurs dans lequel le vent chahuterait. Leurs feuilles sont très utiles notamment pour confectionner des potions aux propriétés protectives, et...
Sasha relevait de temps à autre le nez, parce qu'il sentait bien qu'elle le fixait en disant cela. Mais il savait tout cela, aussi se concentrait-il de nouveau. Il enfonça une autre branche d'aubépine dans un chou qui se rétracta aussitôt douloureusement - le geste tira à la professeure une grimace qu'elle ne put dissimuler.
- CE QUI VEUT DIRE QU'IL NE FAUT PAS NON PLUS LES MALMENER !
Sasha suspendit ses mouvements, cette fois sincèrement étonné par l'éclat de voix proche de l'hystérie. Le visage de la professeure était devenu tout rouge. Elle avait les lèvres pincées, mais était visiblement satisfaite que le Gryffondor eût décidé d'arrêter son travail de boucher. Lorsqu'elle reprit la parole, elle avait même retrouvé un petit sourire à demi-encourageant, à demi-menaçant.
- Voilà. Merci de poursuivre avec davantage de délicatesse, décréta-t-elle avant de s'éloigner vers le duo suivant.
A la table voisine de la leur, deux jeunes filles toisaient Sasha et les pots alignés devant lui avec une mine interdite.
- Qu'est-ce que vous r'gardez ? aboya le Gryffondor. C'est qu'une plante vous allez pas vous mettre à chialer parce que j'ai froissé des feuilles quand même !
Les deux filles se hâtèrent de baisser le nez sur leur propre pot, comme si le Gryffondor les avaient électrisées et qu'elles n'osaient rien répondre.
Message publié le 26/10/2024 à 13:01
Sasha avait fait l'objet d'une présentation que les professeurs auraient jugé dignes : debout devant la classe, à chaque nouvelle promotion à laquelle on l'intégrait, un enseignant racontait avec une voix solennelle que le jeune homme était issu "d'un pays en guerre" et qu'il fallait l'accueillir y compris dans des cours avec des sorciers plus jeunes pour rattraper son retard
Comme si l'Ukraine était sous-développée. Comme s'il était juste un pauvre enfant qui n'avait pas pu aller à l'école.
Toute cette dignité feinte n'était pour lui qu'humilation. Il n'était pas issu d'un pays en guerre, il était issu de la guerre elle-même. Pourquoi cacher le rôle qu'il y avait joué ? Oh, il savait bien pourquoi.
Sasha avait servi en retour, vers ces rangées de nouveaux "camarades" forcés, un regard tout à fait dissuasif. Ca avait plutôt bien marché : les élèves avaient évité de s'approcher de trop près. En particulier quand ils étaient plus jeunes, ça n'était pas trop compliqué.
La plupart des cours qu'il devait rattraper impliquait de la théorie, que l'on pouvait travailler seul, dans son coin, ce qui lui convenait parfaitement. Par malheur, il avait vite compris qu'il devrait aussi réaliser des travaux de groupe - à commencer par la botanique.
Le mois de septembre à Poudlard était particulièrement pluvieux. Une pluie régulière et légère, mais qui à force d'usure remplissait les sols d'une humidité constante. Autour de Poudlard, de larges flaques s'étaient formées, si bien que le parc ressemblait étrangement à un gruyère ou, comme y pensait Sasha à l'instant, à un champ labouré par les bombes qui auraient creusé des crevasses de surface, à peine visible et pourtant là, prêt à les enfermer dans la boue. Contrairement à d'autres sorciers, toutefois, il y était insensible. Il avait traversé le parc à la suite des autres, sans un mot, sans prendre la peine d'un sortilège pour rester au sec, sans non plus courir comme cette bande de filles de Serpentard qui voulaient se réfugier au plus vite sous la serre. S'il l'avait pu, il serait probablement resté à l'extérieur. La pluie le dérangeait moins que d'être enfermés avec des gamins immatures pendant deux longues heures interminables.
Il avait été affecté en binôme avec une certaine Alison, qu'il suivit sans rechigner. Une petite rousse qui était passée devant lui pour se rendre vers la table qui leur était affectée, tout au fond de la serre. Il ne put empêcher un regard lorsqu'elle remonta sa jupe, ostensiblement, mais son visage n'exprima rien. Les cheveux de cuivre se balançaient devant lui, attrapant quelques reflets de lumière au passage, mais il préféra se concentrer sur le crépitement de la pluie sur le toit de la serre. Les gouttes régulières rappelaient des grains de café écrasés dans une machine étouffée, mise au service des humains qui essayaient de rester éveillés dans un monde brumeux.
Il fallait faire des efforts pour rester concentré. Sasha imita Alison : enfiler une blouse, choisir une paire de gants. Jusqu'ici, rien de bien trop compliqué. Il décocha à la Serpentard un regard hostile.
- Si ça peut t'épargner de m'adresser la parole, alors non, je comprends rien à l'anglais, rétorqua-t-il, la voix rauque comme un gros félin grondant à l'approche d'un concurrent pour sa proie.
- Vous avez à votre disposition des branches d'aubépine pour les coincer dans les dents de Choux, claironna la voix du professeur dans le dos d'Alison, et Sasha en profita pour détacher ses yeux du regard sauvage qui lui faisait face - la frange bien ordonnée d'Alison lui semblait en contraste trompeur avec l'expression de la jeune fille : indomptée, rebelle. Ils sont particulièrement grincheux si vous ne leur donnez rien à mordiller, alors prenez vos précautions parce qu'ils pourraient s'en prendre à vous !
Autour d'eux s'élevèrent des murmures de désapprobation - c'était la première fois que les étudiants manipuleraient des choux mordeurs de Chine et certains n'étaient pas rassurés à l'idée d'y laisser un doigt ou deux. Sasha lâcha un soupir avant de se mettre à ramasser les pots qui leur avaient été affectés et les déposer avec brutalité sur la table. Cela réveilla un des choux qui se mit aussitôt à... chouiner.
- Va chercher l'aubépine, jappa Sasha à l'attention d'Alison, visiblement pressé d'en finir.
Il se concentra sur le pot devant lui. Regarder ce putain de chou et ce putain de chou uniquement.
- Zatkniess, râla-t-il à voix basse. (Ta gueule.)
Message publié le 23/10/2024 à 19:19
Sasha ressemblait sûrement à n'importe quel autre adolescent de Poudlard. Par-dessus la chemise et la cravate qu'on lui avait fournies - nouée de travers - il avait enfilé une robe noire qui tombait sur ses épaules larges comme un drap sur un vieux meuble qu'on aurait voulu cacher. Un sac à dos tenu par une seule lanière déséquilibrait sa silhouette tandis que, comme un piquet planté au milieu du hall, il levait le nez vers les bougies qui flottaient au-dessus de lui, son regard étrangement indigné face aux belles voûtes sculptées du château.
Les paroles prononcées en russe l'avait tiré de sa contemplation, mais pour poser sur la nouvelle arrivante deux prunelles émeraudes à l'air un peu creux. Ses tâches de rousseur restaient colorées d'un tapis carmin, presque aussi flamboyant que ses lèvres malgré des cernes qui fatiguaient son visage.
Un mélange de jeunesse et de vieillesse un peu incongru. C'était peut̂-être ça, ou bien sa nuque trapue et son air rigide qui trahissaient qu'il n'était finalement peut-être pas comme n'importe quel autre adolescent.
- Sasha, il s'était contenté de dire pour toute présentation de lui-même.
Il n'avait pas besoin de donner son nom de famille. Shevchen, c'était trop ukrainien, et on ne savait jamais à qui on parlait. Alors que Sasha, c'était passe-partout. Un prénom presque universel.
De toute façon, Anya Nikitovna savait déjà visiblement qui il était. Après un instant d'hésitation - ou un retard souhaité pour manifester sa méfiance - il la suivit quand même. Dehors, dans une brise automnale qui glissait sous leurs pieds des feuilles craquantes, il emboîta le pas d'Anya en gardant une distance saine, suivant à peine les indications qu'elle lui donnait. Un lac, il avait déjà vu. Une forêt aussi, des sombrals aussi. A part cette architecture hirsute, rien ne parut bien étonnant à ses yeux.
Il avait pris la résolution intérieure de raccourcir ce moment le plus possible. Faire la visite réglementaire, récupérer comme hier ce qu'on voulait bien lui fournir - vêtements de rechange, chaudron, fioles, parchemins, quelques plumes - stocker ça dans sa chambre et repartir se trouver des postes d'observation qui lui conviendraient. Il n'avait aucun projet de devenir ami avec qui que ce soit dans cette école de bourgeois.
Pourtant, à la vue de la cigarette, sa détermination flancha. Il passa d'un pied sur l'autre, se mordit la lèvre avant de tendre la main pour récupérer le petit échantillon de félicité qu'Anya lui offrait. En échange de quoi ?
Il darda sur elle des yeux inquisiteurs, avant de se hâter d'allumer sa cigarette à son tour de la pointe de sa baguette - éraflée. Il fuma en silence, avec l'avidité de celui qui a rêvé d'une cigarette depuis des années, isolé sur une île déserte, et qui retrouve le goût de la liberté.
De temps à autre, il jetait un regard circulaire. La forêt, le lac, les sombrals. Le paysage était si immobile qu'il avait l'impression d'épier une carte postale moldue. Ses yeux revenaient inlassablement vers Anya, pour se détourner aussitôt et se réintéresser à la cigarette.
La fille était jolie. Ce n'était pas censé être un argument dans la balance et il le savait parfaitement. Il en faisait juste le constat, voilà tout. Ca ne changeait rien à la situation.
Il jeta le mégot par terre dès qu'il eut enfin terminé de fumer, pour l'écraser sous sa semelle.
- Да, у меня есть вопрос (ouais, j'ai une question), dit-il finalement. Почему вы удосуживаетесь навестить меня, если вас это не устраивает? Вам пришлось? Есть ли пункт о принудительном перемирии или я не знаю что ? (Pourquoi tu te casses le cul à me faire la visite si ça t'va pas. Y t'ont obligée ? Y'a une clause de trêve forcée ou je sais pas quoi ?)
Sa voix ressemblait à des aboiements grondeurs. En colère contre qui, elle ou l'école, on ne savait pas vraiment. Ou peut-être que c'était juste sur ce ton-là qu'il avait appris à parler : avec un regard direct, presque menaçant, dissuadant de ne pas donner de réponse.