Harry Potter RPG

Liste des messages de Sasha Shevchen

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Les Frontières

Message publié le 16/05/2025 à 13:38

Contrôle et régulation des animaux magiques. Sasha avait dégluti en ouvrant grand les yeux, et son sang soudain glacé sembla se suspendre dans ses veines.

 

- Bonjour.

 

Sasha n'avait pas réussi à grimacer le moindre sourire face à l'inconnue - il l'avait toisée peut-être de façon peut-être un peu trop surpris pour qu'elle commenta sa tête, et il se hâta de détourner le visage.

 

Un garçon normal. Il était un garçon normal. Il n'avait pas envie d'être régulé du tout. Comporte-toi normalement, durnyy. Que ferait un garçon de son âge ?

 

- Mmh, ouais, glapit-il en rougissant jusqu'aux oreilles à cause du compliment, mais pour admettre qu'effectivement, il s'était battu.

 

Sasha se déroba rapidement, trop heureux de ne pas rester sous le regard attentif de Fenella. La jeune femme avait un capital sympathie plutôt élevé, mais son caractère volubile et surtout ses ambitions effrayaient le russe qui s'en retourna astiquer ses vitrines.

 

La tâche lui permit au moins de calmer son coeur qui tambourinait désormais dans sa poitrine. Elle allait travailler avec eux tous les samedis. Elle le trouvait mignon. Elle voulait réguler les créatures magiques. Sasha avait peine à voir cette arrivée comme une nouvelle positive : il aimait bien les jours où il était seul avec Freya, même si le rythme était ardu.

Au bout d'un moment, il se résigna à aller retrouver les deux écossaises dans l'arrière-boutique, obéissant, un peu penaud, pour aller s'asseoir dans l'un des fauteuils désignés.

 

- Je me suis battu avec des Serpentards, expliqua Sasha en levant le nez, histoire de se soumettre aux mains de l'aînée des Carter.

 

Il se demanda un moment ce qu'en penserait Freya. A coup sûr, elle craindrait à ses soeurs. Elle s'inquiéterait probablement qu'à cause des réfugiés, Poudlard fusse devenu un environnement violent. Il évita donc de mentionner le caractère politique de son altercation. Mais tout de même, il devait rétablir une vérité.

 

- Mais c'est pas moi qui ai été les chercher, ils étaient plusieurs et ils m'ont tendu un piège dans les cachots, expliqua-t-il en serrant les points et en carrant les mâchoires.

 

Pas la peine de préciser que la moyenne d'âge devait tourner autour de 12 ans, jugea Sasha, il se sentait bien assez observé comme ça. Il s'était fait rétamer par des gosses. La honte. Puis avait été sauvé par une fille - russe, autrement plus ridicule. Sa bouche se pinça en une moue amère, mais il retint les mots qui lui venaient. Ce venin qu'il avait parfois dans la bouche lui avait déjà coûté une Carter et il le savait très bien. Alors, il ne dirait rien de plus. Il coinça ses poings contre son ventre et fixa le vide devant lui, jetant juste parfois un regard en coin vers la jeune femme aux cheveux cuivrés. Pendant ce temps, la douleur qui l'avait élancé toute la nuit à sa tempe s'apaisa.

 

- Merci, il balbutia, un peu gêné.

 

Il passa la langue sur la coupure de sa lèvre inférieure : la plaie avait séché et ne picotait plus. C'était la deuxième fois qu'une Carter le soignait, décidément. Il ne se voyait pas dans un miroir, mais ses blessures se verraient sûrement moins, et cela éviterait peut-être aux clients, effectivement, de poser des questions. Le regard de Sasha s'attarda brièvement de nouveau sur Fenella avant de consulter Freya.

 

- Si on me pose des questions, il vaut mieux que je dise autre chose ?

 

Sasha savait que certains avaient commenté le choix de Freya de prendre un réfugié pour travailler dans sa boutique, à cause effectivement du manque de discrétion de certains locaux, qui ne se cachaient pas pour évoquer à haute voix leurs idées politiques - qu'ils fussent ou non au courant de qui il était. Il ne savait pas à quel point on pouvait lui être hostile, mais il avait déjà vu une mère tirer un enfant par le coude pour ne pas qu'il s'approchât de lui, ou des gens qui lui parlaient comme à quelqu'un qui n'avait jamais utilisé une plume de sa vie. Au début, il n'en avait conçu qu'une colère passive, enfermant ces drôles de souvenirs au fond d'une boîte, qu'il verrouillait proprement avant de la ranger au fond à droit de son esprit, histoire de faire comme si elle n'existait pas.

Mais parfois, quand il entendait qu'un client questionnait Freya à voix basse à son sujet, il se demandait dans quelle mesure ces incidents n'apportaient pas, en réalité, du discrédit à la boutique. Alors, que diraient les voisins d'OCQ si on commençait à dire que l'un des vendeurs était un garçon violent à l'école ?

Sasha afficha une moue découragée.

 

- J'vais quand même pas dire que j'suis tombé en cours de vol dans un magasin de Quidditch, grommela-t-il, bougon - petit coup d'oeil vers Fenella de nouveau. Mais j'peux dire que c'est un petit accident avec les hippogriffes. Ils sont souvent un peu turbulents, quand on les maîtrise pas bien.

 

Ce qui n'était pas son cas, mais ça, il n'en dirait rien : il n'avait rien à voir avec les animaux magiques, voyons.


Les Frontières

Message publié le 15/05/2025 à 17:07

Si Sasha ne connaissait guère beaucoup les joueurs de Quidditch célèbres d'Angleterre en arrivant à Poudlard, depuis janvier, il avait appris à identifier les visages et les noms de beaucoup d'entre eux désormais. Parmi eux, bien sûr, les stars du moment comme Elliot Blackburn et celles du passé comme Owen Carter. Ni l'un ni l'autre ne lui inspirait beaucoup d'admiration : le premier attirait beaucoup trop l'attention des jeunes filles dans la boutique ; quant au second, il trouvait étrange de ne l'avoir jamais vu à la boutique après presque deux mois passés à y travailler. Non que ça le chagrinât outre-mesure : il n'avait guère envie de se confronter au père des filles dont il avait inutilement mis la vie en danger dans la Forêt Interdite de l'une et fantasmé sur la seconde après s'être retrouvé un peu trop collé contre elle à quelques reprises. (Pour la troisième, au moins, il n'avait encore fait aucune bêtise particulière.)

Toujours était-il qu'il s'était habitué à la présence étrange de toutes ces personnalités dont les posters s'étalaient sur les murs, à qui Freya parlait parfois comme si elle se rendait à peine compte qu'ils n'étaient pas réels.

 

Il avait accueilli avec soulagement la liste des premières tâches, se dérobant à la vue de la jeune femme pour aller enchanter un balai et une pelle pour récupérer les copeaux enchantés. Il fallut user de quelque stratégie pour éviter à certains de s'enfuir de l'atelier pendant que Freya avait rejoint la boutique, après quoi il se dirigea vers les vitrines.

A la main ou avec des enchantements, Sasha n'était jamais mécontent d'être affecté aux tâches d'entretien, bien au contraire. Ce qui le gênait le plus, c'était de devoir gérer des clients. S'il fallait renseigner sur où se trouvait un article, il n'y avait pas de problème, mais il devenait maladroit dès lors que la discussion devenait trop technique. S'il fallait une spécialiste, il renvoyait vers Freya. Il gardait un oeil sur les enfants, aidait les petites filles à saisir ce qui était trop haut pour elles, surveillait les garçons plus âgés qui louchaient sur les paquets de cartes à collectionner. Bref, nettoyer la vitrine lui convenait très bien, et lui-même n'avait même pas remarqué les regards des posters - il s'était habitué à leurs gesticulations sans interagir avec eux.

 

Mais quand Freya intervint, Sasha accroupit près de la vitrine sursauta. Il leva vers elle une mine surprise, avant de comprendre.

 

- Ah, ça. C'est rien du tout, il dit en portant une main à sa tempe, et se hâta de détourner le visage pour reprendre sa tâche - astiquer la vitrine de l'intérieur - il sortirait dans quelques instants faire l'extérieur.

 

Malheureusement, il avait senti que Freya s'était approchée, et il sentit un certain malaise le gagner. Zut. Il avait cru pouvoir s'en sortir plus simplement. Alors il la regarda de nouveau, se redressant, un peu déconfit. Sasha n'avait jamais vu l'aînée des Carter s'intéresser à lui de si près - il déglutit, reculant malgré lui face au regard automnal, mais un peu trop fixe, de Freya. 

 

- Ca va gêner pour les clients c'est ça ? il admit, réalisant un peu tardivement qu'il ne serait en effet pas très accueillant - déjà que ce n'était pas exactement son fort.

 

Il faillit proposer de rester dans l'arrière-boutique, mais se ravisa. Il n'était pas là pour se cacher et il le savait : Freya avait besoin de lui autant à l'avant qu'à l'arrière ; c'était un navire qui prenait sacrément la houle les week-ends et on ne pouvait vraiment pas aller se cacher dans les cabines. Sasha eut une moue contrite.

 

- J'suis désolé, j'ai pas eu le temps d'arranger ça, s'excusa-t-il.


Les Frontières

Message publié le 14/05/2025 à 20:10

Sasha s'était ausculté dans le miroir.

 

Les samedis matins, les salles de bain des maisons étaient plutôt vides jusqu'à tard, grâce à ces hordes d'élèves qui voulaient profiter de leurs précieuses grasses matinées du week-end. Pour Sasha, c'était l'un de ses jours de travail et il faisait d'habitude un passage sommaire dans la douche avant de se rendre à Pré-au-Lard. Mais cette fois, il s'était regardé d'un peu plus près. Il connaissait quelques bases de médicomagie, qui avait pu lui permettre de recoudre plutôt proprement l'entaille que les réfugiés de Serpentard avait creusée au-dessus de son nombril. Mais pour ce qui était de son visage, il n'osait pas vraiment se lancer un sortilège à la figure : sa tempe droite était violette et enflée, et sa lèvre inférieure fendue.

S'il passait à l'infirmerie, on lui donnerait un onguent qui apaiserait tout cela.

S'il passait à l'infirmerie, on lui poserait des questions.

Donc, il ne passerait pas à l'infirmerie.

Il envia un instant ces filles qui se partageaient des sortilèges pour rendre le teint uniforme et dissimuler les imperfections, puis se dit que d'ici lundi, cela serait sûrement beaucoup moins visible. Il fallait juste espérer qu'il n'y eût pas trop de visites d'élèves à la boutique OCQ, histoire de ne pas avoir à essuyer des moqueries - et Sasha plongea sous l'eau pour se frotter frénétiquement le corps, le visage, les cheveux - comme pour faire disparaître toute trace supplémentaire de ce qui s'était produit la nuit précédente.

 

 

 

 

 

- ... alors j'ai préparé des tracts que vous pourriez mettre sur votre comptoir pour sensibiliser les gens sur le dégnomage massif des jardins avec les techniques modernes, qui relèvent purement et simplement de la torture de créatures vivantes.

- Heu... C'est pas encore ouvert, madame.

 

A peine arrivé à la boutique, par un temps venteux à en arracher les couvre-chefs des pauvres passants matinaux, Sasha était tombé nez à nez avec une petite dame enveloppée dans un épais gilet bleu, des cheveux gris bouclant sauvagement un visage rond et vindicatif, qui avait sauté sur l'occasion de voir le garçon ouvrir la porte de la boutique.

 

- Je sais, je sais, claironna-t-elle en agitant un tas de papiers sur lesquels le portrait d'elle-même, encadré des mots Gnomes Sans Frontières, mugissait en silence, agitant les poings. Mais nous faisons une réunion publique à ce sujet lundi soir et votre magasin a pour clientèle plein de gens qui achètent des balais pour s'en servir dans leurs jardins...

- C'est pas ma boutique, casa Sasha avec hésitation, le ton morne, mais la femme semblait à peine entendre sa voix.

- ... ce qui veut dire qu'ils ont des jardins qu'ils dégnoment certainement. Alors je n'dis pas qu'ils le font avec plaisir, hein, attention, je dis qu'il existe des solutions alternatives moins cruelles. Et ces solutions il suffit de les connaître, si seulement les gens voulaient bien s'y intéresser. Les gnomes sont d'ailleurs essentiels à la vie des jardins, c'est juste la régulation de leur population qu'il faut renforcer, et figurez-vous que ce n'est vraiment pas si compliqué d'établir avec eux des quotas à respecter par exemple au mètre carré et alors...

- Je vais en parler à ma patronne, pour les tracts.

 

Sasha se retrouva avec le tas de papiers brusquement pressé contre sa poitrine et le rattrapa juste à temps pour que ça ne lui glissât pas entre les doigts. La femme repartait déjà au trot, à cause du propriétaire de la boutique voisine qui venait juste d'ouvrir sa propre porte pour permettre à un hibou d'entrer - elle courut pour l'interpeler, au grand soulagement de Sasha qui se hâta de disparaître à l'intérieur du QG d'OCQ.

 

L'intérieur de la boutique lui était devenu familier : les cliquetis des jouets enchantés dans les bocaux et les odeurs de cire à balai et des bonbons Vif d'Or (goût citron-vanille avec des paillettes acides) lui étaient devenues parfaitement agréables. Il n'était jamais en retard : non pas parce qu'il était exemplaire, mais parce que c'était l'heure la plus calme de la boutique, avant le rush des clients qui voulaient toucher à tout, derrière qui il fallait passer pour remettre de l'ordre, qui voulaient savoir s'ils avaient reçu du spray Aéro-Polish, si l'Impervius Plus serait suffisant pour protéger un balai qu'on utilisait souvent sous la pluie, et s'ils ne pouvaient pas avoir une ristourne sur les Souafles Reviens-Vite parce que c'était le troisième qu'ils achetaient depuis le début de l'année - autant de questions qui donnaient à Sasha le tournis et le faisaient parfois battre en retraite dans l'arrière-boutique, où on avait heureusement plus besoin de son énergie physique que de son cerveau.

A part le calme avant la tempête, ce qu'il aimait aussi, à cette heure-ci, c'était qu'on entendait les bruits de la maison : la vie des Carter qui s'animait ; des pas pressés, des échos de voix. La maison des Carter semblait avoir une vie propre, avec son rythme intimement lié à celui de la boutique. Sasha n'était jamais vraiment entré à l'intérieur, il n'avait eu que des aperçus - Charlie qui déboulait les cheveux encore humides, Alison qui claquait une porte au loin, Freya qui apparaissait, déjà un carton sous le bras et une liste à demi-raturée dans l'autre main pour le suivi des commandes. 

C'était un peu comme être proche de la frontière d'un pays enchanté, aux odeurs alléchantes mais interdites.

 

Ce matin-là, Freya était déjà dans l'arrière-boutique : il l'entendait s'affairer et elle avait dû, de son côté, percevoir les clochettes de la porte d'entrée tinter à son passage. Sasha passa timidement la tête dans la pièce arrière.

 

- Salut Freya.

 

Il n'avait jamais tout à fait réussi à se détendre avec l'aînée des Carter. Elle faisait naître en lui un genre de boule au niveau de l'estomac qui le rendait confus, et parfois curieux de l'observer à la dérobée quand elle était trop occupée pour s'en apercevoir. Alors il demeurait généralement laconique.

 

- Y'a une femme de Gnomes Sans Frontières qui veut qu'on mette ça sur le comptoir. J'en fais quoi ?

 

Il leva le paquet de tracts devant lui. Histoire qu'elle s'intéressât à ça plutôt qu'à lui de trop près, pour aujourd'hui. Après ça, il pourrait retourner se réfugier dans ses tâches - mais pas avant d'avoir reçu la liste des choses urgentes à faire en priorité, que Freya dressait pour lui tous les samedis matins en fonction de ce qui s'était passé dans la semaine.

 


Jusqu'où nos pas peuvent nous porter

Message publié le 13/05/2025 à 11:33

Sasha peinait à rester calme. Il s'agrippait un peu trop à la taille d'Alison, comme si elle avait pu lui échapper avant la fin de la musique ; il sentait ses joues chauffer - heureusement les lumières sans cesse changeantes provenant des enchantements de la Grande Salle dissimulaient un peu son teint qui, en plein jour, aurait donné l'impression qu'il venait de courir un marathon. Ses yeux captèrent Charlie, à quelques pas de là - la petite fille lui sourit, et il étira ses propres lèvres en les pinçant, façon sourire contrit. La petite fille était encourageante ; ils avaient beau ne pas se voir souvent, c'était probablement la personne la plus innocente que Sasha connaissait ici, et donc, celle à qui il pouvait peut-être faire un peu confiance.

Il s'intéressa de nouveau à Alison, surpris par le fait qu'elle lui posait une question personnelle, sur lui, en Ukraine. Ca, c'était nouveau. Alison ne s'était jamais intéressée à lui autrement que lorsque ça avait un lien direct avec elle-même. Il chercha une réponse adéquate, des souvenirs désordonnés affluant dans son esprit.

 

- Un peu. On danse pas mal dans les fêtes de village, là-bas, mais y'a moins de... De cérémonie, quoi.

 

En somme, chez lui, c'était viens comme tu es, danse comme ça te chante, et le résultat était beaucoup plus chaotique que ce que l'on pouvait voir ce soir à Poudlard. Il craignit un instant que sa réponse trahît ses origines : la campagne profonde de son pays, qui mélangeait moldus et sorciers, animaux et humains, le tout secoués, dans un grand panier vert de forêts et de plaines, par une histoire de frontières mouvantes, de langues et de cultures obsédées par leur survie au milieu de celles des autres. Sasha avait l'impression que dans sa main, Alison avait des doigts blancs et délicats, qui appartenaient à une autre caste que la sienne. Sa mère aurait sûrement pensé que la rousse était trop propre sur elle pour les comprendre, et il se rangeait de cet avis.

Il acquiesça en silence. Un grand voyage cet été. Lui aussi en ferait peut-être un, d'un autre genre. Il ne savait pas.

 

Cela faisait un moment qu'ils tournoyaient. Une éternité. Une poignée de secondes. Trois fois qu'il entendait la même phrase dans la chanson : ça allait être la fin. Il y avait des filles qui se dévissaient le cou sur la piste de danse pour se lancer des clins d'oeil ou pour trouver le partenaire suivant. Il ne pouvait pas garder Alison. Mais ses derniers propos le troublaient étrangement. Elle cherchait pas.

C'était pas l'impression qu'elle donnait. Ni même qu'il avait été son deal exclusif, aux dires de Lucian. Alison se tapait une réputation sulfureuse, en partie à cause de lui. Est-ce qu'elle n'en était pas consciente ? Lui seul savait qu'en réalité, quand les choses devenaient sérieuses, elle se dérobait. Jusqu'ici en tout cas. Quel garçon ivre trouverait un de ces jours qu'elle ne pouvait pas l'allumer puis s'en aller comme ça ? La pousserait à l'action même si ce n'était pas ce qu'elle voulait vraiment ? Sasha eut un drôle de frisson, un souvenir des paroles de Charlie, à propos de ce que le père d'Alison n'aimerait pas qu'elle fît. Il s'imaginait des situations catastrophes. Mais est-ce qu'il y pouvait quelque chose, sans deal ?

 

- Je sais.

 

Elle ne mentait pas. Alison pouvait être peste, mais il savait qu'elle ne mentait pas sur le deal exclusif, tout simplement parce qu'il avait compris qu'il était un genre de bouclier humain, précisément pour ne pas avoir à passer aux actes. Pourquoi n'avait-elle plus besoin de lui, alors ? Les mecs continueraient à la harceler jusqu'à ce qu'elle cédât. Il le savait : il avait fréquenté des adolescents en rût de très près, en particulier pendant qu'il était engagé chez les Veilleurs. Ils pouvaient être prêts à promettre n'importe quoi à une fille pour des faveurs charnelles. Ca le faisait rire, à l'époque. Il avait participé à ces jeux stupides. Et puis maintenant, ça n'avait plus la même saveur.

Il haussa les épaules en baissant les yeux, fataliste. La musique avait ralenti. C'étaient cette fois les dernières notes. Des couples s'étaient déjà séparés, des filles couraient dans leurs jupons pour traverser la piste et rejoindre leurs groupes d'amies comme autant de bourdons colorés. Mais Sasha ne lâchait pas Alison. Sa main ne voulait pas se détacher de sa robe, comme si elle y était collée. Il ne savait plus pourquoi. Le deal c'était fini. Deux mois pour comprendre, qu'en fait, elle n'en voulait vraiment plus. Il se sentait idiot d'avoir voulu sauver ce qui était déjà mort.

 

- En même temps, tu mérites sûrement mieux qu'un deal, même exclusif. T'as eu raison d'arrêter.

 

Il fallait qu'il se rendît à l'évidence : Alison était destinée à danser au bras d'un type de la même caste qu'elle. Lui n'était qu'un outil sur son chemin. C'était logique. Le deal, ça n'aurait que renforcé son idée stupide qu'il se passait quelque chose entre eux, alors que tout était clair depuis le début : il n'était là que pour faire semblant.

 

- C'était... C'était agréable, mais j'suis pas un très bon acteur.

 

Sasha se pencha en avant. La musique s'était arrêtée. Les lumières s'étaient tamisées, le temps que la suivante débutât - deux secondes où les murmures de la pièce se firent de nouveau entendre. Le Gryffondor avait approché brièvement son nez du cou dégagé d'Alison. Deux secondes pour fermer les yeux et sentir cette odeur de près. Deux secondes pour déposer, avec un effleurement discret, à peine humide, un baiser à la naissance de son épaule dénudée, dans le creux formé par une clavicule habituellement dissimulée.

 

- J'aurais pas pu faire semblant longtemps, il chuchota à son oreille, avant de se redresser pour la libérer.

 

Définitivement.


Jusqu'où nos pas peuvent nous porter

Message publié le 12/05/2025 à 21:04

D'abord, un regard noir pour Gwen. Et puis, Sasha s'était éloigné sur la piste de danse, avec l'impression subite d'avoir des jambes en coton. Il s'était imaginé un refus sec, ou bien un refus moqueur, un refus outré, un refus froid, voire pourquoi pas une absence même de réponse. Et de tous les scénarios possibles, Alison avait opté pour l'impossible : elle avait accepté.

Le Gryffondor sentait son coeur se réveiller subitement, faisant battre à ses tempes un sang chaud au rythme inapproprié pour un slow, et il se demanda un instant s'il ne venait pas de faire une erreur capitale. Mais s'éloigner de la brochette le soulageait déjà, et il se concentra pour éviter de marcher sur les pieds d'Alison. Les odeurs de la jeune fille étaient pleinement perceptibles de nouveau. Elle s'était apprêtée, avec une robe mettant en valeur ses formes nouvellement acquises, mais Sasha évitait de trop baisser les yeux sur le corps en question. Il soutenait parfois son regard, parfois trouvait un point d'ancrage au loin, derrière elle - une absence de vision, réellement, puisqu'il n'y avait rien à voir au-delà.

 

- Toi non plus, t'es pas obligée de faire semblant.

 

Il avait mis une main sur la robe, au creux des reins d'Alison, espérant ne pas trop transpirer de ses paumes. Leur danse était quelque peu maladroite : ils étaient un peu raides, et les mouvements lents à laquelle la musique incitait n'étaient qu'une copie des autres couples, tout aussi peu habiles qu'eux, mais Sasha ne savait pas faire mieux. Il fronça les sourcils pour lui-même. Pourquoi était-il si empoté dès lors qu'il s'agissait d'Alison ?

 

- On manque un peu d'entraînement, tâcha-t-il de plaisanter en grimaçant un sourire pas très engageant. Tu rentres chez toi pour Noël ?

 

Il fallait bien qu'il posât une question, n'importe laquelle. Danser en silence était hautement embarrassant. Il réalisa qu'elle habitait à Pré-au-Lard. Elle rentrait n'importe quel week-end, si elle le voulait. Il s'humecta les lèvres.

 

- 'Fin j'veux dire, vous partez pas pour Noël ou quoi ?

 

Parce que moi je s'rai là, mais pourvu qu'elle pose pas la question. De ce qu'il avait entendu, les familles riches de Poudlard fêtaient Noël en Egypte, à New York ou à Tokyo. Les classes moyennes rentraient chez eux. Sasha était partagé entre la hâte d'être quelques temps libéré des cours et du regard des autres élèves, et la gêne que lui causait le fait que lui, comme les autres réfugiés, resteraient au château.

Ils tournèrent sur eux-mêmes, un peu plus tranquillement, se laissant porter. La robe d'Alison flottait, frôlait parfois les jambes de Sasha. Au détour d'une circonvolution, Sasha capta les regards d'un groupe de Serpentards goguenards - Lucian se tenait là, avec d'autres, et le Gryffondor leur réserva, à eux aussi, un regard dissuasif. Il finissait par les détester, ces Serpentards. Peut-être pour les provoquer, Sasha resserra sa prise, se rapprochant sensiblement d'Alison - leurs corps se touchaient maintenant, et c'était plus facile de suivre le mouvement, de guider la jeune fille - la forçant, en accélérant légèrement le mouvement, à s'accrocher davantage à lui. Ne pas réfléchir, ne pas réfléchir. Pour danser, pour se transformer.

Leurs souffles se percutaient presque, mais s'humectant les lèvres, Sasha préféra orienter son regard vers le main, prétextant se concentrer sur leur danse.

 

- Tu cherches toujours quelqu'un pour faire semblant ? Ou c'est pour de vrai maintenant qu'tu veux un prétendant ?

 

Il tâchait de garder un ton détaché, comme s'il prenait de ses nouvelles. Comme ça, pour savoir. De la part d'une vieille connaissance.

Mais au fond, il voyait bien, depuis leur séparation, comment Alison se comportait. Il avait beau ne pas vouloir l'observer, il avait vu le soin qu'elle mettait à plaire, à arranger sa frange, à serrer ses vêtements autour de ses formes, à mettre ce soir du rouge à lèvres, à lisser ses cheveux qui n'étaient pas comme ça quand on enlevait les enchantements, à rire aux blagues immatures de Ryder le fameux joueur de Quidditch pendant les cours de potions.

Son coeur battait fort, il n'aurait pas dû poser la question. C'était bien trop évident. Mais le mal était fait.


Jusqu'où nos pas peuvent nous porter

Message publié le 10/05/2025 à 16:36

Pour détendre l'atmosphère, et inviter plus facilement les élèves à s'approprier la piste de danse, une musique de rock'n'roll aux sonorités magiques, pleine de clochettes et autres choeurs de Noël, emplissait maintenant la Grande Salle. Des élèves se massaient autour des buffets ; les plus téméraires se lançaient déjà au milieu pour se déhancher en gloussant comme autant de dindons paniqués, les plus timides frôlaient les murs et disparaissaient presque derrière les hauts sapins qui décoraient les quatre coins de l'immense pièce.

Sasha s'était posté près de l'un d'eux, un énième jus de citrouille à la main, maudissant intérieurement l'administration de Poudlard qu'ils n'eussent pas accès à de l'alcool : il en aurait eu bien besoin. Des filles passèrent devant lui en lui jetant quelques regards et il se tint raide, prêt à rétorquer à la moindre attaque ou moquerie, mais aucune ne vînt. Malgré tout, il capta un groupe de Serpentards discuter à voix basse, des sourires mauvais aux lèvres, et décida que c'étaient sûrement eux qui se moquaient le plus.

Aussi, quand une boule bleue et rousse apparut subitement devant lui, Sasha sursauta, manquant de s'étouffer avec son jus de citrouille, qu'il se hâta de reposer. La petite fille s'était faite aussi belle que les grandes, et les tissus vaporeux de sa robe rappelaient son caractère doux et rêveur. Sasha mit les poings sur les hanches pour mimer l'admiration surprise.

 

- Oh, wahou, ben t'es drôlement jolie toi, on dirait une fée !

 

Charlie parlait bien plus vite que lui. Elle avait déjà raconté tout un tas de choses quand il réussit à se sentir un peu moins brûlant et essouflé. Son coeur avait ralenti, et il acquiesçait en écoutant d'une oreille, intérieurement reconnaissant envers Charlie de lui donner l'occasion de ne pas avoir l'air du vilain petit canard qui ne faisait que se goinfrer seul à une table.

Il se laissa tomber sur une chaise en l'écoutant. Charlie s'était retournée vers la foule, prête à profiter de la soirée en bourdonnant d'un groupe à l'autre, tandis que Sasha s'occupait les mains en triturant une serviette en papier bleue pailletée entre ses doigts. La couleur lui faisait penser à celle arborée par Charlie.

 

Au commentaire concernant Alison, Sasha s'était contenté de grimacer un sourire gêné. Il avait essayé de ne plus penser à elle, ces dernières semaines : il estimait qu'il avait fait ce qu'il avait pu pour le deal ; être le petit ami parfait, ce n'était sûrement pas dans ses cordes pour les standards de la jeune Carter. Et pourtant, il avait du mal à abandonner et accepter la défaite : ce n'était pas tant pour la fille en question, se convainquait-il, que parce qu'il n'aimait pas ne pas parvenir à ses fins. Et puis, ses notes avaient plongé depuis qu'ils ne travaillaient plus ensemble, alors, il caressait encore de temps à autre l'idée d'avoir un binôme, une équipe, peu importe. Quelque chose qui lui permît de surmonter les épreuves. A la guerre, il avait appris quelque chose : face à un ennemi, seul, on ne vaut pas grand chose. Notre vie repose sur nos camarades. Ici, Alison était la forme la plus proche de cette sensation de faire partie d'une escouade qu'il avait pu connaître à Poudlard.

Alors, il décida, comme ça, sur un coup de tête : ce soir, il jouerait sa dernière carte pour tenter de sauver l'équipe. Et si ça ne fonctionnait pas... Il faudrait sûrement apprendre à faire cavalier seul, finalement.

 

Juste avant que Charlie ne disparût, Sasha lui tendit ce qui restait de sa serviette en papier : il l'avait plusieurs fois replié ; humidifié la base du pliage et déchiqueté les bouts de feuillets qui s'ouvraient désormais comme une fleur bleue et ronde, en forme de cloche.

 

- Tiens, c'est pour aller avec ta tenue. C'est une... Er, une dzvonyky, fit-il en haussant les épaules : je connais pas le nom en anglais. Mais elle porte chance chez moi.

 

Sur ce, Charlie disparut, et il se mit à scruter la salle. A l'autre bout, sur un banc, la brochette entière s'était constituée - le vert et l'argent l'emportaient de loin sur les couleurs favorites des Serpentards, et on voyait les filles s'échanger des messes basses. Il ne fallait pas qu'il se fît d'illusion : à Halloween, il avait attendu toute la soirée qu'elle fut seule, et finalement, il avait gaspillé son temps. Alison ne quitterait probablement pas sa brochette. Il prit la serviette suivante, pour faire une autre fleur, puis une autre. Il les aligna sur la table.

Trois, et Alison ne se levait toujours pas.

Quatre : aucun garçon pour l'inviter n'avait commencé à se battre.

Cinq : s'il tardait trop, le slow qui débutait pouvait peut-être la convaincre.

 

 

Sasha se leva, un peu raide, et délaissa la sixième fleur à demie fabriquée, qui se déplia sur le coin de la table, tâchée de jus de citrouille.

Les clochettes de Noël résonnaient dans la musique, mais il ne les entendait pas. Il avait décidé de traverser la salle sans tergiverser : qu'elle dît oui ou non, le résultat serait le même : il serait fixé, il pourrait décider s'il l'ignorerait ensuite, elle ne pourrait pas dire qu'il n'avait pas été galant, qu'il n'avait pas joué le jeu du deal. Et qu'importait les jugements de la brochette ? Il avait trop souvent affronté leurs regards pour savoir que les amies d'Alison ne lui étaient pas favorables de toute façon. Qu'elles se moquassent un peu plus ou un peu moins ne changerait rien.

 

Malheureusement, la Grande Salle n'était pas si grande : en quelques secondes à peine, il l'avait traversée, pour se retrouver planté devant la brochette, et il se maudit de ne pas avoir préparé exactement ce qu'il allait dire. Il se trouva subitement à l'étroit dans son costume, comme si de nouveau il était un ours en uniforme - une allure absurde, probablement hilarante. Trop tard, de toute façon.

 

- Tu veux danser, il dit à Alison.

 

Ca aurait dû être une question, mais ça ne sonnait pas vraiment comme tel ; c'était un genre de constat pas très assuré qu'il lançait, à mi-chemin entre un ordre et une hypothèse. Il tendit la main vers elle, le coeur battant, sentant sur sa nuque et ses joues les regards des élèves alentours qui observaient la scène, certains cachant derrière leurs mains leurs sourires goguenards.

 

You could be happy, s'était mise à chanter la voix dans la musique, et Sasha se prépara à recevoir le refus qui mettrait, enfin et définitivement, un terme à ce combat stupide qui consistait à sauver un deal qui n'avait pas de sens.


Jusqu'où nos pas peuvent nous porter

Message publié le 09/05/2025 à 19:04

Un mois et demi s'était écoulé plus vite que Sasha ne s'y était attendu : entre les cours de 5ème année qu'il essayait de rattraper - péniblement - et ceux qu'il devait suivre en sixième année, et des nuits écourtées par des escapades nocturnes qui étaient devenues incontournables, Sasha occupait ses rares temps libres en trois activités essentielles : manger, dormir et... danser.

Contre toute attente, être guidé par Bartholomew Beckett avait rendu la première épreuve plus facile qu'il ne s'y était attendu, et la perspective du bal de Noël avait rendu à Sasha le goût d'atteindre un objectif : s'il devait se retrouver habillé comme un pingouin pour danser en guise de punition infligée pour avoir quelques fois abimé les beaux visages des Serpentards, autant qu'il ne se ridiculisât pas et dansât correctement. Alors, il s'était investi. Bouger sans trop réfléchir, c'était finalement quelque chose d'accessible. Il avait bientôt découvert que les autres danseurs du groupe, pour certains, n'étaient pas bien plus assurés que lui - et même, qu'au beaucoup d'un certain temps, il appréciait certaines répétitions : les mouvements simultanés réussis, la légèreté de la musique qui faisait oublier certains soucis, et l'humour sans cesse renouvelé des deux aînés qui menaient le cours de danse faisaient finalement une expérience hors du temps, légère, comme si ni la guerre, ni Poudlard, ni ces élèves qui le trouvaient pauvres ou sauvages n'avaient existé.

 

Il n'en restait pas moins que le jour du bal, il s'était senti nerveux comme à son tout premier jour d'école quand sa mère avait dû le pousser en avant pour qu'il suivît le troupeau d'enfants. Howard et Bartholomew avaient fait en sorte qu'ils aient chacun un costume qui leur allât correctement - aussi, au lieu de se retrouver en robe de soirée - tenue qu'il ne possédait pas de toute façon - s'était-il retrouvé engoncé dans une chemise blanche et une veste noire, avec un noeud papillon qui lui serrait le cou. Sa tête avec ses joues rougies et ses cheveux en bataille qui sortaient de ce costume lui paraissaient, dans le miroir, tout à fait déplacés et inappropriés, aussi avait-il essayé de mettre de l'ordre avec ses doigts dans ses mèches - sans grand succès : des épis se redressaient toujours automatiquement sur son crâne.

 

 

A cause de l'ouverture du bal, à laquelle il participait avec la fameuse carioca, Sasha fut à l'avance dans la Grande Salle, et passa de longues minutes ébahi devant les décors grandioses de l'école : si Poudlard l'avait impressionné lors d'Halloween, les décorations de Noël étaient plus sensationnelles encore, et la variété des mets battaient tous les records de ce qu'il avait jamais pu rêver dans ses périodes les plus affamées. Pourtant, une fois n'était pas coutume : Sasha n'avait pas faim. Son estomac lui donnait l'impression d'avoir avalé un boule de bowling au déjeuner sans avoir pu la digérer depuis. Alors il restait planté là, un jus de citrouille à la main, à côté d'une certaine Lina - troisième année, dans le groupe de danse, qui n'arrêtait pas de tirer sur sa robe en demandant à sa voisine si elle n'était pas trop courte.

Les élèves affluaient peu à peu. Pour Sasha, les filles étaient toutes belles : c'était un arc-en-ciel de robes et de chevelures, de parfums et de peau dévoilée qui lui aurait donné l'envie de les renifler l'une après l'autre s'il en avait eu le loisir - plus que jamais il aurait voulu que son animal d'animagus fut un chat pour pouvoir se promener entre elles et recueillir les caresses des unes et des autres - mais la panthère aurait fait fuir tout le monde, aussi chassa-t-il cette drôle d'idée de son esprit.

De toute façon, Alison était arrivée : à peine aperçut-il sa chevelure flamboyante qu'il détourna le regard, comme si cela aurait pu trahir quelque chose de lui-même.

 

 

Quelques instants plus tard, les lumières de la Grande Salle changèrent. Les arbres de Noël s'assombrirent, et des projecteurs illuminèrent le centre de la pièce. Bartholomew, puis Howard, ouvrirent le bal sous des applaudissements tonitruants. Et puis, c'était au tour de Lina et d'Alicia de les rejoindre. Quentin, Erik et Miles suivirent. Et alors, ce fut au tour de Sasha.

 

 

Ne pas réfléchir. Le corps sait mieux que l'esprit. C'était vrai pour la panthère, c'était vrai aussi pour la danse.

 

 

Il ne vit pas la foule : ses repères étaient les autres danseurs, le poids de son pas, l'air qui filait entre ses doigts, ses muscles qui réagissaient d'eux-mêmes, en rythme - à peu près. Sasha ne serait jamais le danseur parfait et léger qu'étaient les deux hommes aux cheveux gris qui semblaient tant dans leur élément, mais il croisa le regard de Lina qu'il devait soulever à la fin de la danse : elle s'était retournée vers lui, le regard plein de détresse et d'espoir, alors pour la rassurer, il lui sourit. Elle répondit d'un sourire et courut se jeter dans ses bras, comme le firent les autres filles avec leur porteur, et il la souleva pour la figure finale.

 

 

Tonnerre d'applaudissements. Sueur qui dégoulinait sous la chemise. Lumières aveuglantes. La main de Lina dans la sienne tandis qu'il saluait la foule en se penchant en avant avec les autres.

 

 

Et puis la musique et les lumières changèrent de nouveau, enchanteresses, pour illuminer la salle. Sasha fuit du regard tous ces élèves qui le regardaient, pour battre en retraite au milieu des autres danseurs, dans le fond de la pièce. Il entendit à peine, le coeur battant, les félicitations des adultes, et rendit seulement une bourrade de Miles qui clamait qu'ils avaient fait leur meilleure prestation : Sasha sentait ses genoux sauter sous son pantalon, et prétexta avoir besoin de boire pour s'éclipser vers les grandes tables chargées de mets et de boissons.


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Message publié le 09/05/2025 à 14:51

Sasha mit un moment à réussir à sortir de la torpeur que le sortilège avait abattu sur lui. Il roula sur les fesses, les lueurs des bougies dansant dans ses cheveux châtains quand il secoua la tête pour essayer de reprendre conscience, après quoi il réserva à Gwen un regard mauvais pour toute réponse à la menace qu'elle proférait. Au moins, une chose était sûre : la Serpentard était finalement capable de passer à l'acte, et ragaillardie par le succès de son sortilège, et le fait qu'elle était désormais la seule qui pouvait physiquement tenir la route, elle avait pris une mine supérieure ; le menton haut, le regard couvant les uns et les autres tour à tour comme si elle était en contrôle de la situation. Sasha émit un sifflement entre ses dents en secouant la tête.

 

Pendant ce temps, Alison avait repris ses couleurs d'automne : son visage disparaissait à demi derrière de grosses mèches qui ondulaient de façon désordonnée - bien loin de la coupe raide et propre qu'elle arborait d'habitude. Sasha croisa son regard, mais il le fuit en même temps qu'elle. Lucian avait essayé d'attraper le bras de la jeune fille, ravivant subitement l'énergie du Gryffondor qui se remit sur ses pieds à son tour.

 

- Putain mais lâche-la, malenʹke layno ! s'énerva-t-il, non sans ressentir une pointe de satisfaction de voir qu'Alison ne faisait pas plus confiance à Lucian qu'à lui-même.

 

Ce dernier jeta un regard noir vers Sasha.

 

- Qu'est-ce t'as dit là ? Ca veut dire quoi ton truc ?

- Rien, éluda l'ukrainien, avant de désigner Alison du menton, à l'attention de Gwen. Il faut qu'tu la soutiennes, elle peut reperdre connaissance à tout moment.

- Parce que t'es médicomage maintenant ?

 

Gwen leva les yeux au ciel avant de lâcher un soupir en direction des deux garçons.

 

- Vous êtes chiants, là, les mecs. On va chacun rentrer à nos dortoirs. Ali tu viens avec nous, et toi là, tu retournes dans ta tour, t'avises pas de nous suivre.

- Non.

 

Gwen avait fait un pas vers Alison mais elle s'interrompit.

 

- Quoi, non ?

- J'la laisse pas rentrer avec ce porc.

- Parce que c'est moi l'animal ?

- Mais ta gueule avec ça !

 

Lucian allait pourtant rétorquer, mais sa bouche s'ouvrit sur un silence qui les glaça tous : un bruit était venu des couloirs - comme un cliquetis aigu. Ils se figèrent, les yeux ronds. Gwen et Lucian se consultèrent du regard, et la fille agita rapidement sa baguette avec un murmure : aussitôt toutes les bougies furent soufflées, et ils se retrouvèrent dans une obscurité chargée de l'odeur douceâtre du souffre.

 

- Ca doit être le concierge.

- Ou un fantôme.

- Anh la la, si jamais c'est... Une créature qui ne devrait pas être ici ?

- Arrête Gwen. C'est sûrement un préfet ou le concierge. S'il nous trouve on dit qu'on est venus chercher Alison et qu'on a eu peur de lui. Je vais pas perdre des points pour ce connard.

 

Sasha, lui, n'écoutait déjà plus. Il s'était glissé vers l'angle du couloir, pour jeter un coup d'oeil, mais il n'y vit goutte - la nuit était devenue trop épaisse. Sous sa forme animale, il aurait pu, mais... La proximité des Serpentard rendait l'opération trop risquée. Il s'engouffra de nouveau dans l'espace restreint qui accueillait les élèves - mais il percuta Gwen de plein fouet.

 

- Aouh ! Mais qu'est-ce tu f... Il essaie de m'agresser ! Lucian il es-saie... !

- Mais arrête putain, grogna Sasha en levant les paumes, pour montrer - inutilement vu qu'on ne le voyait pas - qu'il ne faisait rien du tout. J't'ai pas vue c'est tout !

- Chut ! les reprit Lucian. On avance !

 

Sasha s'écarta juste à temps pour les laisser passer. Gwen avait attrapé le poignet d'Alison et il la sentit passer devant lui plus qu'il ne la vit. Shampooing, sueur, parfum. Signature. Lucian leur emboîta le pas et Sasha suivit.

Après quelques pas dans le couloir, ils purent discerner les contours de quelques fenêtres, que la nuit éclairait pauvrement - et de nouveau, le cliquetis se fit entendre, plus proche. Ils se figèrent tous de nouveau : qui que ce fut, créature ou humain, quelqu'un se rapprochait, exactement dans cette direction. Il y eut des murmures confus comme Gwen faisait demi-tour, percutant Lucian et Sasha, emportant toujours Alison avec elle.

 

- Où tu vas ?! chuchota Sasha à Gwen. C'est bouché par là !

- On va trouver un autre chemin.

- Mais pas par là, tu vas nous foutre dans une impasse et...

- Shht !

 

Gwen, tremblante, s'élança dans un couloir voisin. Tandis que Lucian percutait maintenant Alison.

 

- Ali avance ! Ali ?

 

Pas de réponse. Sasha s'alarma - voyant vaguement la silhouette découpée dans l'obscurité de la Serpentard qui s'amollisait contre Lucian. Sasha la rattrapa brusquement pour l'arracher au garçon qui battit l'air des mains, ne comprenant pas ce qu'il se passait.

 

- Vous allez nous faire repérer ! s'énerva Gwen quelques pas plus loin. C'est encore Ali qui veut pas bouger ?

- Elle ... Elle a disparu, fit bêtement Lucian qui la cherchait en tendant les bras à l'aveugle autour de lui.

 

Sasha avait reculé de plusieurs pas, l'emportant avec lui. Elle était à demi-consciente, supposa-t-il, alors il la plaqua dos contre un mur.

 

- Fais-moi confiance. J't'en prie fais-moi confiance, lui chuchota-t-il avant de la lâcher.

 

Alison glissa contre le mur. Avec un réflexe à demi-inconscient, elle tendit les mains vers le sol - chuta sur une grosse masse velue qui s'ébranla aussitôt au petit trot.

Derrière eux, les Serpentard paniquaient avec force de murmures indignés.


Templum Maledictum

Message publié le 07/05/2025 à 20:42

Tu réfléchis trop.

 

Sasha fronça les sourcils, mais tâcha de balancer ses bras en rythme en refaisant les pas indiqués, l'esprit un peu perturbé.

 

Tu réfléchis trop, c'était ce qu'on lui disait lorsqu'il peinait à prendre sa forme animale. Avec le temps, le processus était devenu parfaitement naturel : il se remémorait les sensations d'être félin et aussitôt, son corps suivait son esprit pour prendre cette forme animale. Mais les premiers jours après avoir réussi tout le procédé pour devenir animagus, les transformations, en plus d'être douloureuses, n'étaient pas aussi fluides : il pensait à l'animal, serrait les poings et tendait son corps pour encaisser la soufffrance induite, mais rien ne se produisait la plupart du temps. Il lui avait fallu du temps avant d'accepter de ne pas contrôler parfaitement le processus, de laisser faire quelque chose en lui de plus spontané, plus instinctif.

Ce devait être pareil avec la musique, supposa-t-il donc, mais ce constat ne lui permit néanmoins pas de devenir instantanément un bon danseur. Il soupira, jeta un oeil circonspect vers le vieil homme que semblait être le bibliothécaire.

 

  • - Peut-être, admit Sasha du bout des lèvres, peu désireux de prendre un engagement ferme pour avoir d'autres leçons de danse - et en même temps, mieux valait s'infliger ça et ne pas ressembler à un épouvantail le fameux jour de la représentation.

 

Quelques pas supplémentaires, et la démarche de Sasha devenait plus naturelle. Pas encore le rythme dans la peau - ce serait sûrement difficile d'obtenir cela de lui, mais c'était au moins un peu plus acceptable. Le garçon accueillit avec soulagement la fin de l'exercice. Il opina positivement du chef pour accepter le jus de citrouille, se rendant compte qu'il avait soif, soudain. Il avait en effet transpiré - moins à cause de l'intensité de l'intensité de l'exercice qu'à cause de sa nervosité de réaliser des mouvements qui lui étaient si inconnus.

Sasha s'empara du verre pour le boire presque d'un trait, puis le reposa aussitôt en arrondissant soudain ses yeux devant le sourire malicieux du bibliothécaire. Le garçon eut un sourire gêné, pris de court, et passa d'un pied sur l'autre - comme s'il devait lui-même faire un effort pour passer d'une langue à l'autre. Il haussa les épaules, indécis.

 

  • - Як сказала б мені моя мама, "якщо у вас ще є чоботи, значить, ви не зовсім голі на снігу", il ironisa, avant de secouer la tête. Це вислів з нашої країни, це означає, що ми завжди могли скаржитися на гірше. (Comme ma mère m'aurait dit, "si t'as encore tes bottes, c'est que t'es pas tout nu dans la neige". C'est une expression de chez nous, ça veut dire qu'on pourrait toujours se plaindre de pire.)

 

Il reposa le verre près du pichet : celui-ci s'activa aussitôt pour lui servir un deuxième verre, que Sasha accueillait volontiers. Il fit tourner le liquide orange dans le contenant, comme pour en observer la surface mousseuse, pour s'occuper les mains plus qu'autre chose.

 

  • - Англійці рідко розмовляють моєю мовою, il reprit. Як ви про це дізналися ? (C'est rare les anglais qui parlent ma langue. Comment ça se fait que vous l'avez apprise ?)

 

Un instant, il se tendit, releva les yeux vivement vers le visage de Bartholomew, qui devenait pourtant peu à peu familier.

 

  • - У вас російська сім'я ? (Vous avez de la famille russe ?)


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Message publié le 07/05/2025 à 12:08

Ce message fait l'objet d'un avertissement de contenu :

Langage cru

- Mais j'ai rien fait ! rétorqua vertement le Gryffondor, même si plus il le martelait, plus il se sentait coupable. Et toi c'est les points qui t'inquiètent là maintenant, sérieusement ? MAIS NAN elle est pas morte !

 

Déjà qu'il n'avait pas une grande estime de certaines des filles de la Brochette, Sasha décréta cette fois intérieurement qu'il s'agissait de la pire sorte d'élèves du château - peut-être même après les russes, c'est pour dire.

 

- Je lui ai RIEN donné, gronda-t-il encore en se redressant, emportant avec lui le corps d'Alison dans un mouvement de recul - mais il décida bientôt d'ignorer la baguette de Gwen pointée sur lui.

 

Malgré tout, il décida d'obéir. Peut-être plus pour prouver aux deux autres que lui pouvait parfaitement la soulever, mince ou pas. Sasha eut quand même un grognement en se remettant sur ses jambes. Il avait passé un bras sous les genoux d'Alison pour la soulever et suivit sans un mot les deux Serpentards. Ils réussirent à dénicher une petite pièce qui, vu le décor, avait dû être plusieurs fois occupé par des élèves en vadrouille clandestine au vu des mégots et autres fioles qui traînaient au sol. Gwen avait utilisé un sortilège pour allumer quelques bougies, qui jetaient sur l'endroit des lueurs tremblotantes, vaguement inquiétantes. Sasha jeta un coup d'oeil derrière lui, mais les couloirs assombris restaient désespérément silencieux.

 

Sasha obéit une nouvelle fois ; mais au lieu de déposer Alison simplement, il s'assit avec, la gardant contre lui en laissant les jambes nues de la Serpentard reposer sur le reste de la banquette - il avait suffisamment connu des situations dangereuses pour savoir que garder un otage avec soi était toujours sage quand on n'avait pas l'avantage numérique. Gwen gardait tendue sa baguette vers lui, pas encore consciente qu'il lui serait difficile de lancer le moindre sortilège sans risquer de toucher Alison. Il régnait une odeur de tabac froid, peu agréable, et le Gryffondor regardait les deux Serpentards qui lui faisaient face, tour à tour. Le garçon sembla réfléchir un instant - ses yeux coulèrent sur les jambes d'Alison, dont les genoux blancs, sans conscience, gisaient vaguement écartés. Sasha les rassembla d'une main, sans quitter des yeux le Serpentard.

 

- Finis ce que t'avais commencé, il dit.

- Quoi donc ?

- Défais-lui la robe.

- Je vois pas trop à quoi...

- Il faut qu'on vérifie qu'il lui a rien fait, coupa le Serpentard vertement. Tu peux lui faire confiance toi ?!

- Nan, nan, minauda Gwen timidement.

 

Sasha refusa d'un mouvement de tête négatif gardant ses mains sur le corps d'Alison. Le silence se tendit. Le serpentard sourit.

 

- Regarde, il veut la garder pour lui. Dommage qu'on n'a pas de quoi faire une photo pour prouver à tout le monde.

- On a nos souvenirs ! fit Gwen. On pourra toujours les extraire. Ca se fait.

- Bien vu, fit le garçon, même s'il ne connaissait pas le sortilège pour récolter sa propre mémoire, et son sourire s'élargit. Soit tu la déshabilles, Shevchen, soit Gwen te raccompagne à ton dortoir. Dans les deux cas, on a des souvenirs de toi avec elle inconsciente sur les genoux, et on pourra les partager aux profs pour t'accuser si t'obéis pas. Tu pourras rien nier.

 

Sasha serra les poings et les mâchoires, un moment paralysé. Il tourna son regard vers Gwen.

 

- Le laisse pas faire, c'est lui qui veut en profiter !

- Moi ?! s'offusqua l'autre. J'suis de sa maison !

 

Mais Gwen avait tourné vers lui un regard incertain. Le serpentard afficha une moue dépitée en retour.

 

- Tu vas quand même pas croire ce qu'il dit ! Alison est le genre de fille qui suce sur demande, elle attend que ça, tous les mecs le disent et tu l'sais très bien, j'vois pas pourquoi j'aurais besoin de profiter d'elle quand elle est inconsciente s'il m'avait suffi de lui demander dans les toilettes !

- Quoi ?!

- Ben oui Shevchen, y'a des gens qu'ont pas besoin d'empoisonner les filles pour pouvoir les tripoter ! T'sais quand t'es un mec propre les filles sont naturellement d'accord pour s'laisser sauter !

- Connard !

 

Tout se passa très vite. Sasha s'était levé brutalement, laissant glisser Alison sur le sofa mollement tandis qu'il se jetait sur le Serpentard. Gwen s'était mise à émettre des petits bruits paniqués, n'osant d'abord pas intervenir.

 

- Ah ! A-Arrêtez ! fit-elle en agitant sa baguette sans sortilège, comme une menace inutile.

 

Les deux garçons ne la regardaient pas : Sasha avait fait basculer le Serpentard au sol dans un crissement de fioles écrasées, et celui-ci avait perdu sa baguette tombée par terre, insuffisamment réactif pour s'en servir. Il tâcha de se défendre avec ses pieds et poings, mais en vain - le poids du Gryffondor empêchait tout coup puissant tandis que Sasha écrasa son poing large sur la pommette du garçon, lui arrachant un cri de douleur - tirant Gwen hors de sa torpeur.

 

- Stupéfix ! cria-t-elle.

 

Le sort frappa le dos de l'ukrainien - il fut projeté contre le mur avec une grimace de colère et de confusion. Le Serpentard se hâta de se libérer en gémissant, et Gwen se précipita sur lui pour l'aider à se relever.

 

- Oh my God, Lucian, ça va ?! Tu as mal ?


L'Odyssée Nocturne

Message publié le 03/05/2025 à 11:52

 

Ils n'avaient ni été les meilleurs, ni les moins bons. Si Sasha était venu pour gagner, à mesure que la nuit s'était avancée, il avait un peu perdu de vue cet objectif-là, au profit d'une simple course dans les hautes herbes à traquer des runes avec Sam. Julian s'était comportée de façon plus détachée d'eux, intervenant de temps à autre, mais Sam avait vraiment fait équipe avec lui, et c'était peut-être ça qui lui avait fait oublier son combat amer contre le reste du monde, quelques instants.

 

Lorsqu'ils furent tous réunis devant le professeur Bramblethorn, Sasha avait beau être déçu de ne pas avoir rapporté les meilleurs scores, il était plutôt insensible aux critiques de l'adulte. Il était habitué à la dureté des instructeurs, et au fond, il donnait raison à l'enseignant : ils n'étaient clairement pas assez bons. Mais de son côté, son souffle était encore porté par la course dans un espace ouvert, frais et sauvage - un espace agréable, une échappatoire légère qui n'avait rien à voir avec les salles de cours dans lesquelles il se sentait en cage. Mais cette décontraction n'était pas partagée des autres élèves : beaucoup repartaient la tête basse d'avoir échoué, ou au contraire la tête haute pour regonfler un ego blessé. Le cortège d'étudiants s'avança dans la nuit, vers le château. Sasha enfonça les mains dans ses poches, suivant silencieusement Sam et Julian qui suivaient le cortège.

 

A quelques pas devant eux, la silhouette d'Alison Carter attira momentanément son attention : elle se penchait vers son désormais évident confident, et Sasha préféra baisser les yeux vers le bout de ses baskets.

 

  • - On a fait une bonne équipe quand même, il dit à Sam, à voix basse, pour lui remonter le moral, au cas où elle serait dans le même état que les autres.

 

Il haussa les épaules, se demandant si ce qu'il disait était vrai, et selon quels critères. Peut-être que ce n'était pas exactement ce qu'il avait voulu dire.

 

  • - En tout cas moi j'ai bien aimé faire équipe avec toi, corrigea-t-il à voix plus basse encore, presque comme pour lui-même.

 

Pour une fois que quelqu'un l'avait juste traité comme n'importe qui.


Caméléon

Message publié le 31/03/2025 à 21:50

 

Plus le temps passait, et plus il n'y avait qu'une seule chose qui permettait à Sasha de tromper les pensées désagréables qui menaçaient de l'engloutir, en particulier la nuit.

 

Poudlard aurait pu, aurait lui apporter des souvenirs nocturnes plus doux que ceux de la guerre, et il était vrai que vivre ici était moins difficile en pratique. Pourtant, pendant les heures où le Soleil prenait congé, de désagréables images l'assaillaient et pas seulement celles laissées par la guerre : aussi celles d'enfants armés de morceaux de métal, aux rires désincarnés, ou encore celles de créature comme des araignées géantes qui essayaient de l'enrouler dans sa toile. Ou bien, tout simplement, des armées d'élèves qui le prenaient pour ennemi. Bref, la nuit, tout prenait une autre couleur, un autre sens. Un sens qu'il ne voulait pas regarder en face.

 

Cette seule chose qui lui permettait d'échapper à toutes ces images, c'était tout simplement d'errer sous sa forme animale. Il y passait toujours de plus longues heures, parfois à ne pas rentrer du tout au dortoir. Un jour, il se doutait que ses camarades de dortoir le dénonceraient, mais c'était devenu plus fort que lui. Et pour l'instant, ses déboires l'opposaient principalement aux Serpentards, chez qui il passait pour un menteur, un sauvage, et un faible geignard, probablement, depuis la veille.

Sous sa forme animale, cette réalité s'effaçait pour être réduite à l'essentiel de ses sens. Les souvenirs étaient là, et sa raison aussi bien sûr, mais elle était comme mise de côté, parce qu'il pouvait se laisser porter par ses pulsions félines : l'envie de suivre une trace olfactive dans la forêt, de se rouler dans la neige pour nettoyer son pelage. Les nuits où il pleuvait trop abondamment, il se contentait de rester à l'intérieur du château, comme ce soir-là. Il en avait exploré bien des recoins à cette époque de l'année, et effectuait une espèce de ronde qui consistait à passer en revue les endroits les plus intéressants découverts.

 

Une odeur.

 

C'était comme cela qu'il l'avait trouvée. Certains passages récents laissaient une trace olfactive à laquelle il s'intéressait - ou non, c'était selon. S'il identifiait l'odeur du concierge, il prenait le chemin inverse.

Mais là, c'était autre chose. Une odeur qu'il avait déjà sentie. Qu'il avait haï. Qu'il avait... peut-être un peu désiré, aussi, étiré sous un buisson à regarder la silhouette d'une slave aux boucles généreuses.

Mais maintenant, il fallait surtout la haïr. Que faisait-elle hors de son lit si près de l'aube ? Sasha avait humé les effluves, avait longé un couloir, tourné à un angle. Ses pattes s'appuyaient sur le sol comme si cela avait été du velours : il s'appliquait à garder ses griffes les plus rétractes possibles, car il savait que sinon elles tintaient sur la pierre froide d'une manière qui pouvait le trahir.

Et quand il avait trouvé l'origine de l'odeur, il était seulement resté à observer dans l'entrebaîllement de la porte.

 

Anya s'entraînait. Elle était sage. Plus sage que lui : il aurait dû travailler plus dur et il le savait, plutôt que de vivre comme un désoeuvré. Mais plutôt que d'en tirer leçon, il resta là, à continuer à l'observer.

 

Après avoir transformé les objets, Anya se mit à travailler sur elle-même, sous les yeux curieux mais discrets de Sasha. Il s'était douté de sa métamorphomagie : les cheveux d'Anya changeaient parfois de couleur, assez subtilement, mais visible tout de même. Mais il ne la savait pas capable de... Changer de nez, de forme du visage, de couleur de peau. Il frissonna un bref instant. Ce genre de don était bien plus dangereux que le sien. Elle pouvait si facilement manipuler quelqu'un en prenant une apparence qui n'était pas la sienne, songeait-il - quand la transformation d'Anya se fit plus rapide, plus... Désordonnée.

 

Quand le mannequin éclata, Sasha fit un tel bond, qu'il se retrouva un mètre plus loin, dans le couloir, à détaler, le poil hérissé - mais encore deux mètres plus tard et il s'était retourné, le regard vissé sur la porte, le souffle court, les pattes tendues prêtes à repartir pour s'enfuir le plus vite possible.

Mais de l'autre côté de la porte, pas d'Anya qui débarquait pour l'attaquer. Elle avait juste dérapé avec sa magie, ça n'avait rien à voir avec lui.

 

C'était une opportunité pour faire quelque chose d'idiot et il le savait parfaitement. Sasha jeta un oeil d'un côté du couloir et puis de l'autre, vérifiant que ni créature vivante ni portrait ne pourrait le voir passer d'une forme à une autre.

 

L'instant suivant, il entrait dans la pièce, parfaitement humain.

En silence, il referma le panneau derrière lui pour les isoler, son regard interdit courant sur les débris qui gisaient au sol, un peu partout, puis sur la silhouette d'Anya, dans un état... Probablement proche de celui dans lequel elle l'avait trouvé lui-même, la veille. Il en portait toujours quelques traces au visage, d'ailleurs. Il n'était pas allé à l'infirmerie, s'était soigné lui-même et le résultat n'était pas vraiment parfait. L'une de ses lèvres et sa tempe droite portaient des marques bleuies. 

 

Il s'efforça de grimacer un sourire en s'approchant, à pas lents. Ce n'était pas un sourire rassurant : il fallait qu'elle comprît qu'il n'avait certainement pas oublié. Comme elle avait profité d'un moment de faiblesse pour l'humilier un peu plus. Alors même qu'il lui avait rendu ses photos, malgré la haine qu'il avait pour les Russes. Pourquoi avait-il fait ça ? Il s'en voulait maintenant. Il devait montrer qu'il était au moins aussi dur qu'elle. Non ? Il fallait s'en convaincre.

 

Sasha déglutit, tâcha de surmonter son malaise pour s'accroupir devant la silhouette échouée de la Russe. Il planta ses coudes sur ses genoux, tout en la toisant.

 

  • - Et pourquoi j'dégag'rais ? il demanda d'une voix rauque. Pourquoi j'profiterais pas de la faiblesse des autres ? Comme vous savez si bien faire, vous les Serpentards.

 

Ca ne pouvait pas être une coïncidence qu'autant des russes réfugiés avaient été envoyés dans la maison des serpents. La bouche de Sasha affichait une moue dégoûtée. Il pencha la tête un peu sur le côté, fronça les sourcils.

 

- T'as... vraiment pas la même allure que quand tu f'sais la fière hier, remarqua-t-il, et son étonnement n'était que partiellement artificiel. L'apparence d'Anya, de près, le laissait circonspect. 


Cache-cache

Message publié le 31/03/2025 à 21:36

Un instant, Sasha avait cru qu'Alison se laissait aller contre lui, qu'elle acceptait ce nouveau deal. Leurs lèvres s'étaient frôlées. Il n'avait pas rêvé : il avait senti la chaleur de son souffle et la texture légèrement suintante du rouge-à-lèvres. Il avait retenu le sien, un bref instant - juste avant que le corps de la jeune fille se mît à glisser doucement. Etait-ce une manière de s'abandonner ?

 

Non.

 

Avec un réflexe fébrile, Sasha tâcha de rattraper le corps d'Alison qui s'effondrait entre le mur et lui, un bref instant ahuri.

 

  • - Heu, Alison ?

 

Pas de réponse, sinon cette voix stridente qui avait subitement retenti. Les deux mains de Sasha s'aggripèrent aux épaules d'Alison pour tenter de la retenir, la secouait légèrement pour la réveiller - en vain. Il s'adressa à la nouvelle venue - il ne savait plus qui elle était dans la brochette, et encore moins si elle avait un prénom.

  •  

  • - Hein ?! Mais c'est pas moi ! Elle est tombée dans les pommes ! Va chercher l'infirmière !

 

La fille fit volte-face pour s'éloigner mais aussitôt, elle se retourna de nouveau vers Sasha, le regard accusateur.

 

  • - Et la laisser seule avec toi pour que tu en prof... HAAAN.

 

Elle pointa du doigt Sasha qui avait fini par accompagner Alison par terre. Il était agenouillé, occupé à desserrer les lacets du corset - peut-être un peu plus sauvagement que les rubans délicats l'auraient apprécié. Le corps d'Alison reposait sur son torse, le visage de la jeune fille enfoui sous ses cheveux dévalant l'épaule du garçon tandis qu'il la soutenait d'une main et de l'autre, s'acharnait à défaire ce ruban plus solide qu'il n'en avait l'air.

 

  • - Tu en profites pour de bon ! J'vais te dénoncer au directeur !

  • - Elle peut pas respirer correctement, idiote ! cria-t-il. Va chercher de l'aide à l'infirmerie je te dis !

 

C'était la seule explication qu'il avait. Ca, ou l'émotion ? Est-ce qu'il lui avait fait peur à ce point-là ? Non, ce n'était pas possible. Lorsqu'il l'avait suivie sous sa forme animale, il avait entendu le souffle irrégulier, trop court, plus court que d'ordinaire. Et maintenant tout se mettait en place : Alison qui picorait plus qu'elle ne mangeait, sa taille qui paraissait toujours plus étroite, pire encore serrée dans un tel vêtement. Quelle drôle d'idée prenait la rouquine, de se priver d'air et de nourriture ?

 

  • - Lâche-la ! répéta la fille d'une voix blanche. Ou je...

 

Et quand Sasha tourna la tête, il vit la baguette de la sorcière dressée en l'air, le visage blême. Elle avait reculé plutôt que de venir aider son amie. Pour Sasha, son comportement était incompréhensible.

Sauf si, réellement, elle le croyait dangereux.

Alison avait-elle raconté qu'il était une bête sauvage ? Ou bien était-ce seulement ainsi que tout le monde le voyait ?

 

  • - CASSE TOI A L'INFIRMERIE ! hurla-t-il brutalement, et son cri se répercuta comme un rugissement dans le couloir, si fort que la fille paniqua.

 

Elle fit demi-tour et détala dans l'obscurité. Le silence était brutalement revenu, comme si le reste du château, impressionné par ce rugissement d'outre-tombe, avait décidé de se taire entièrement. Et avec lui l'obscurité.

 

Sasha resta là, quelques instants, à ne savoir quoi faire.

 

  • - A-Alison ? il tenta pauvrement, mais elle ne se réveillait pas.

 

Il tira davantage sur le corset, faisant apparaître les bordures en dentelle noire d'un soutien-gorge. Il avait bien rêvassé de la déshabiller - mais pas exactement dans ces conditions-là.

 

Au loin, il entendit des pas précipités. Sasha s'humecta les lèvres, prêt à la redresser. A la porter s'il fallait. Il la secoua encore légèrement, la tête d'Alison bringuebalant contre son épaule.

 

  • - Alison, s't'euh plaît !

 

Sous ses doigts, la peau de la jeune fille était froide et moite. Sûrement que le couloir devait être glacial, pour quelqu'un qui n'était pas envahi de cette adrénaline qui battait aux tempes de Sasha. Maladroitement, il tâcha d'enrouler ses bras autour d'elle pour la réchauffer.

 

Faites que ce soit l'infirmière.


Les Epreuves des Courageux

Message publié le 31/03/2025 à 21:31

 

Finalement, cette soirée n'était pour le moment pas si désagréable. On l'avait collé avec une espèce de corsaire piqué à la cocaïne qui nécessitait probablement bien, vu son énergie débordante, qu'un élève plus âgé veillât sur lui. Impossible de savoir si c'était l'intention des préfets, bien sûr, mais Sasha avait décidé que ce serait donc sa mission pour la soirée.

 

  • - J't'ai pas entendu du tout, tu t'débrouilles comme un chef.

 

Bon, c'était pas tout à fait vrai, et puis de toute façon le gosse fonçait déjà devant à la recherche de la salle aux armures... Qu'ils finirent donc par trouver après plusieurs tentatives échouées.

 

En vrai, Sasha aussi avait eu un instant les yeux ronds comme des gallions. Il ne connaissait pas encore tous les recoins de Poudlard et il ne s'était pas attendu à ces silhouettes de métal dont certains, le casque probablement enchanté, tournaient la tête vers eux à leur arrivée, si bien que même lui eut un frisson dans le dos. Le grand Gryffondor continua à suivre le plus petit, non sans jeter des regards suspects vers les armures aux carrures massives.

 

  • - Si j'serai toi j'les touch'rai p...

 

Trop tard. Son mauvais pressentiment se dissipa toutefois : l'armure n'eût aucune réaction. Sasha haussa les épaules : Charli était déjà en train de chercher le Sud, avec un résultat plutôt correct pour son âge. Le gamin était sacrément débrouillard, à défaut d'être discret. Une tête au-dessus de lui, Sasha tendit le cou pour mieux apercevoir ce qu'il y avait de l'autre côté de la porte.

 

D'abord, ils ne virent rien. La pièce semblait juste plongée dans l'obscurité, alors au bout d'un bref instant, Sasha poussa le gosse à l'intérieur pour pouvoir entrer à sa suite. Derrière eux, la porte se referma lourdement avec un grincement sinistre, au moment où des torches illuminèrent la pièce. Par réflexe, Sasha jeta un regard derrière lui, prêt à ressortir si besoin, mais c'était impossible : de ce côté-là, la porte n'avait tout simplement pas de poignée. Sans avoir besoin de pousser pour vérifier, il le savait déjà : ils étaient enfermés. Alors, comme Charlie, il regarda devant lui.

 

C'était une salle de Poudlard ordinaire, qui ressemblait à une bibliothèque ancienne, ou plutôt une salle d'archives empoussiérée : des appliques soutenaient des bougies qui éclairaient le long des murs des rangées et des rangées de vieux ouvrages aux couvertures sombres, comme oubliées. C'était une pièce toute en longueur, avec un haut plafond et de l'autre côté, comme dans une symétrie parfaite, une autre porte semblable à celle qu'ils venaient de franchir se présentait dans le mur - celle-ci dotée d'une poignée dorée et brillante.

Une pièce parfaitement ordinaire, sauf que...

 

Un vent frais monta du sol et joua dans les vêtements des deux garçons, dérangeant leurs cheveux tandis qu'ils baissaient les yeux : une pièce parfaitement ordinaire, sauf qu'il n'y avait pas de parquet. Ou plutôt, celui-ci s'arrêtait abruptement un pas devant eux, et en-dessous, un gouffre qui plongeait à travers les étages : on discernait la pièce en-dessous, mais sans sol ni plafond, puis la suivante, puis la suivante... Et cela jusqu'aux cachots que l'on devinait à peine, à des dizaines de mètres en contrebas.

 

  • - Ca... ça doit être une illusion, souffla Sasha à voix basse, pour rassurer le gosse - ou lui-même peut-être.

 

Mais si c'en était une, elle était particulièrement bien faite. On avait le vertige rien qu'à sentir le courant d'air qui grondait entre les étages.

Sasha tendit un index par-dessus l'épaule de Charli.

 

  • - Y'a un fil !

 

Ou plutôt un câble épais de métal, tendu entre eux et l'autre côté de la pièce. Le fil traversait le vide, et même si rien n'était écrit, l'épreuve était claire : il fallait prendre son courage à deux mains et jouer au funambule.


Piège de Crotales

Message publié le 21/03/2025 à 18:46

Sasha fronçait les sourcils et pinçait les lèvres, comme pour sceller, s'empêcher de rétorquer par de nouvelles sottises qu'il regretterait. La vérité était qu'il ne savait pas très bien si, en évoquant ces gamins persuadés qu'en étant de bons soldats on leur rendrait ce qu'ils ont perdu, Anya parlait des petits Serpentards qui l'avaient torturés ou si elle parlait de lui.

 

Il n'était pas comme ça, se répétait-il en son for intérieur. La preuve, c'était que lui n'avait attaqué personne. Il aurait clairement pu s'en prendre à eux depuis le début de l'année : sous sa forme animale, si la Direction ne connaissait pas ses aptitudes comme il le soupçonnait, il aurait pu les faucher un à un, et on aurait jamais su. Oh, on l'aurait soupçonné, lui, le seul Ukrainien. Mais il n'aurait laissé aucune preuve derrière lui, il aurait effacé ses traces, on n'aurait peut-être même pas retrouvé leurs corps s'il s'était bien débrouillé. Seules ses absences dans le dortoir seraient certes suspectes. Mais encore maintenant, il pouvait le faire.

 

Mais il ne l'avait pas fait, et ne le ferait pas. Il savait qu'on ne lui rendrait jamais ce qu'il avait perdu. En revanche, il s'efforçait vraiment de les haïr de toutes ses forces, pour être ce bon soldat. C'était ce qu'on lui avait appris, après tout ; et s'il ne pouvait plus se raccrocher à cela pour savoir quoi penser, alors à quoi ?

 

Sasha porta ses mains à son visage pour les presser, comme si ce geste pouvait supprimer toutes ces pensées. Anya était Serpentard. Elle jouait avec sa tête, et sa tête à lui était pas vraiment son point fort. Il ne fallait pas qu'il écoutât. Mais les mots s'imprimaient malgré lui dans ses oreilles.

Elle n'était pas fière, elle n'avait pas pitié. Elle ne devait simplement avoir aucune émotion, tout simplement. Ce devait être ça.

 

Il voulait juste attendre qu'elle s'en allât, alors il gardait les mains sur son visage, les yeux dissimulés. Ils n'avaient plus rien à se dire et ils le savaient.

 

 

La décharge le prit par surprise : d'une impulsion brève dans les côtes, un sortilège éveilla ses douleurs et il émit malgré lui un couinement. Le temps de relever la tête, et Anya partait déjà après lui avoir infligé cette dernière humiliation.

 

Il regarda encore longuement la porte après qu'elle fut partie, les genoux serrés entre ses bras. Il ne trouvait pas l'énergie de s'en aller malgré le froid qui le faisait grelotter.

 

Il se demandait si elle avait pris plaisir à ce dernier acte, malgré ce qu'elle avait dit. Si elle avait voulu elle aussi assouvir une forme de vengeance brève, ou bien si c'était seulement pour le mettre en garde de ce qu'elle pouvait le faire. Il essayait de lui en vouloir, mais il ne parvenait pas à trouver en lui la haine nécessaire pour cela, comme s'il n'en avait plus à disposition.

Peut-être était-ce à cause de ce doute lancinant qui l'abattait plus que ses blessures : est-ce qu'il n'avait pas mérité ce dernier sortilège, au fond ?

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