Homme
17 ans
Sang-mêlé
Ukrainienne






Identité
-
- Sixième année
- Surnoms : Sashou
- Nationalité : Ukrainienne
Capacités & Statuts

Groupes

L’Art du Combat Transmuté [Cours]
Message publié le 26/02/2025 à 21:49
Au fond, qu'est-ce qui pouvait arriver de pire que son principal concurrent le dénommé Spike Ryder, réussît tranquillement, sans effort apparent, le sortilège qu'il venait de rater ?
Sasha sentait son corps tendu par la colère et l'humiliation, mais il avait eu la sagesse de détourner le regard le plus tôt possible du Serpentard, histoire de ne pas être tenté de donner une suite au travail artistique que Ferguson avait vaillamment commencé en refaisant le nez de l'arrogant joueur de Quidditch.
Les yeux du Gryffondor se braquèrent de nouveau sur le mannequin au moment où la volée d'oiseaux qui les protégeaient se changea en sable pour les assaillir. Se prendre une vague de sable serait désagréable mais Sasha était prêt à l'endurer : il leva son bras devant ses yeux instinctivement pour se protéger.
Vraiment donc, que pouvait-il arriver de pire que d'être humilié par Spike Ryder ?
Peut-être d'être humilié par une jolie coupe de cheveux - un carré roux - gentiment offert par Alison en personne.
Sur le moment, Sasha ne remarqua pas les effets du sortilège : il avait senti la jeune femme se réfugier dans son dos tandis qu'il avait levé ses deux mains. Le sable le heurta de plein fouet mais l'attaque n'était pas assez puissante pour les faire souffrir - probablement ralentie par le professeur, ou bien les mannequins n'étaient pas ensorcelés au point de pouvoir blesser les élèves. Il sentit les picotement désagréables sur sa peau, mais le sable s'étala ensuite à leurs pieds, laissant juste ses vêtements plein de grains insidieux.
Rires. Excuse d'Alison.
Sasha tourna la tête, étonné : ses cheveux heurtèrent ses joues, sa frange caressa son front, au moment où il se rendait compte qu'il attirait des regards hilares. Sasha porta sa main à sa tête... Sentant la coupe de cheveux dont il était affublé. Aussitôt, il fusilla Alison du regard.
- Mais qu'est-ce t'as fait ?!
Stupidement, il tira sur ses cheveux - ils étaient bien en place sur son crâne cependant, et c'était inutile.
- Ca t'amuse de me recoiffer pendant que j'me prends les attaques de notre adversaire ? gronda-t-il.
Le mannequin, lui levait déjà la main pour préparer une autre attaque - et Sasha en profita pour serrer les dents et lui faire face, tournant le dos à son binôme qui avait décidément choisi de lui mener la vie dure.
- Gelata, fit-il sèchement pour déstabiliser le mannequin en ramollissant le sol comme lors de sa toute première tentative.
Le sort percuta le sol et aussitôt, la pierre se ramollit, devenant collante comme un chewing gum encore chaud et humide. Le sort déstabilisa efficacement le mannequin, mais Sasha ne s'intéressa pas le moins du monde à cette réussite. Il s'était aussitôt retourné vers Alison de nouveau, le regard dur, des grains de sable dégoulinant encore de ses nouveaux cheveux à la mode Carter.
- Si tu détestes autant faire équipe avec moi tu pouvais l'dire ! asséna-t-il froidement.
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Sortilège de la Gelée
- Difficulté
- 7
- Résultat D20
- 14
- Interprétation
- Réussite
- XP gagnée
- 3
Le sort percuta le sol et aussitôt, le sol se mit à être mou et collant comme un chewing gum encore chaud et humide. Le sort déstabilisa efficacement le mannequin, mais Sasha ne s'intéressa pas le moins du monde à cette réussite. Il s'était aussitôt retourné vers Alison de nouveau, le regard dur, des grains de sable dégoulinant encore de ses nouveaux cheveux à la mode Carter.
Autres résultats possibles
Mais Sasha n'avait même pas l'air d'avoir remarqué les effets collatéraux de son sortilège. Il s'était aussitôt retourné vers Alison de nouveau, le regard dur, des grains de sable dégoulinant encore de ses nouveaux cheveux à la mode Carter.
- Raaah ! cria-t-il, passablement contrarié que l'humiliation se poursuivît si terriblement.
Comme si elle était responsable de cela aussi, Sasha jeta un regard assassin à Alison par-dessus son épaule.
Gelata
Sortilège de la Gelée
Message publié le 26/02/2025 à 20:54
Une voix féminine lui était parvenue, d'abord floue. Sasha avait la vision brouillée, et quand un cri de douleur s'était échappé de ses lèvres, il n'avait d'abord peu reconnu sa propre voix : c'était comme le jappement d'un chien ébouillanté.
Mais bientôt, la douleur du morceau de métal que le garçon pressait sur son ventre s'évanouit subitement. Les coups qui avaient plu sur son visage et ses côtes s'étaient aussi interrompus, et Sasha, le souffle court, avait rouvert les yeux, pour essayer d'apercevoir ce qui se passait. Une dispute. Il l'entendait plus qu'il ne la discernait véritablement : les silhouettes se fondaient, déformée, dans son champ de vision brouillé par la potion qu'il avait ingurgité de force.
Puis les silhouettes reculèrent, se tassèrent vers le fond de la pièce et disparurent une à une.
A l'exception d'une seule : celle d'une jeune femme aux cheveux bouclés, dont il devinait vaguement les formes.
- Aaah.
Encore ce jappement ridicule. Aussitôt libéré de ses entraves, Sasha se recroquevilla sur lui-même, porta ses mains à son visage comme pour se libérer de cette vision déformée. Mais s'essuyer les yeux ne servaient à rien : c'était son cerveau qui était brouillé. Alors il les laissa fermé, le temps de palper son corps. Quelqu'un avait tiré sur sa chemise, avait dénudé son torse où apparaissaient les grandes estafilades noires, et par réflexe il tira sur les pans de son vêtement pour dissimuler sa peau meurtrie. A part le goût de sang qui lui indiquait qu'ils avaient dû le faire saigner du nez et de la bouche, il lui semblait qu'il était entier. Vivant.
Le commentaire d'Anya lui confirma la présence de la Serpentard. Par instinct, il se traîna loin d'elle - à quelques pas seulement, jusqu'à toucher le mur pour y appuyer son épaule, le souffle court.
- Blyad, jura-t-il d'une voix tremblante. (Merde.)
Il ne savait que répondre. En vérité : elle avait raison. C'était ridicule de s'être fait prendre par des gosses plus jeunes que lui. Pire : c'était parce qu'il s'était fait prendre bêtement par l'ennemi qu'il s'était retrouvé sauvé par les sorciers de la Communauté Internationale... Et qu'on l'avait arrachée à sa guerre.
- Va te faire foutre, croassa-t-il.
Sasha tira sur sa manche pour s'essuyer le visage, les traits déformés par une moue amère. Il avait rouvert les yeux, mais il était obligé de froncer les sourcils pour essayer d'apercevoir, du coin d'un regard dépité, le visage d'Anya. Il lui semblait qu'il la discernait un peu mieux, mais qu'il restait incapable de se lever. Hors de question de se mettre sur ses jambes pour s'écrouler devant elle comme un misérable.
Il renifla bruyamment.
- Pourquoi tu leur as dit d'arrêter ? s'énerva-t-il soudain - tâchant de l'accuser d'un regard incertain, un peu comme si étrangement, il lui en voulait pour ça. Si c'est par pitié t'as pas b'soin de te fatiguer.
Il ramena ses jambes contre lui - serrant les dents dans l'espoir de contrôler les tremblements qui l'agitaient. La sensation du métal s'enfonçant dans son ventre ne cessait de l'effrayer, comme si le supplice n'était pas terminé : il gardait une main serrant sa chemise derrière ses genoux, comme s'il pouvait empêcher un deuxième assaut semblable.
Ses yeux suspicieux allèrent jusqu'à la porte close - elle restait immobile et silencieuse. Le groupe de gamins avait dû partir pour disparaître dans leurs dortoirs avant le couvre-feu. Lui ne serait pas à l'heure. Mais c'était à l'instant le cadet de ses soucis.
Son regard retourna à Anya et il cracha par terre - plus pour se débarrasser du sang qui avait sinué désagréablement dans sa bouche que par provocation.
- Ca t'fait plaisir j'espère, il gronda.
L’Art du Combat Transmuté [Cours]
Message publié le 21/02/2025 à 22:40
Le premier exercice était terminé et avec lui vit le retour du non-violent. Sasha ruminait déjà sur le binôme qu'il allait former avec Alison quand, contre toute attente, cette dernière le rejoignit, lui. Il la regarda étonné - persuadé que s'il avait eu le choix, elle aurait opté pour un autre binôme. Mais les deux Poufsouffles et les deux autres Serpentardes s'étaient mises ensemble. Sam avait rejoint l'ami avec qui elle était venue, se lançant dans un pertinent fulgari qui n'eut pas les effets escomptés, provoquant l'intervention immédiate du professeur.
- Bon, tu m'fais confiance ?
- C'pas moi qui devrait te poser cette question-là ? grommela-t-il en réponse, son attention revenant à Alison. Pis j'sais pas pourquoi ça a fait une orchidée, j'ai pas choisi.
Sasha ponctua son propos d'un regard grognon vers Alison, mais elle se lançait déjà dans une défense.
- Attends ! T'veux pas que -
Trop tard. Une nuée d'oiseaux s'envola devant eux, plutôt bien exécutée, même si l'electrocorpus traversa légèrement l'envolée. Sasha émit un sifflement entre ses lèvres, comme s'il avait été touché lui-même.
- ... j'm'occupe de la défense, finit-il sa phrase sur un ton plat, un brin trop tard.
Coup d'oeil vers Alison, puis vers Spike planté un peu plus loin.
- Tu t'en sors pas mal, admit-il.
Sasha avança d'un pas. Si Alison avait été sa botte secrète en potions et en botanique, pouvait-il lui montrer qu'en retour il pouvait lui permettre d'atteindre un meilleur niveau ?
- Fulgari ! cria-t-il à son tour pour devancer le mannequin qui levait déjà sa baguette.
Des cordes s'échappèrent de la baguette de Sasha mais elles tombèrent au sol devant lui comme de pauvres serpentins dans une fête déjà terminée. Le mannequin leva aussitôt sa baguette pour enchaîner sur une nouvelle attaque.
- Attention !
Par réflexe, Sasha se mit entre Alison et le mannequin.
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Maléfice Immobilisant
- Difficulté
- 8
- Résultat D20
- 6
- Interprétation
- Échec
- XP gagnée
- 3
Des cordes s'échappèrent de la baguette de Sasha mais elles tombèrent au sol devant lui comme de pauvres serpentins dans une fête déjà terminée. Le mannequin leva aussitôt sa baguette pour enchaîner sur une nouvelle attaque.
- Attention !
Par réflexe, Sasha se mit entre Alison et le mannequin.
Autres résultats possibles
Le Gryffondor ne put empêcher un sourire de victoire de creuser des fossettes habituellement inapparentes.
Sasha expira un soupir insatisfait par le nez, mais ça ferait l'affaire. Au moins, Alison aurait le temps de préparer correctement sa prochaine défense.
- Attention !
Par réflexe, Sasha se mit entre Alison et le mannequin, mais ce faisant il glissa sur les pauvres cordes restées au sol et il tomba lourdement sur son séant avec un hoquet de stupeur.
- Blyad ! jura-t-il, oubliant les convenances.
Non seulement il ridiculisait leur groupe, mais en plus Alison était à la merci du prochain sort.
Fulgari
Maléfice Immobilisant
La vie de ceux qu'on ne voit pas
Message publié le 21/02/2025 à 21:30
Les vacances de Noël étaient un moment plus mornes qu'il ne s'y était attendu. Le château s'était vidé de presque tous ses occupants. Mais au lieu d'être soulagé, Sasha sentait le poids d'une solitude nouvelle, comme si les vents et la neige qui cinglaient les hauts murs de Poudlard l'isolaient plus encore du reste du monde - et plus particulièrement de son monde, celui qu'il avait laissé à des milliers de kilomètres de là.
Le seul réconfort qu'il trouvait, surtout depuis qu'il avait compris que s'approcher d'Alison n'était plus envisageable, était de trouver quelques interactions utiles auprès des animaux que le professeur de Soin aux Créatures Magiques leur avait fait découvrir. C'était certainement la seule matière dans laquelle Sasha excellait : il lui semblait que lorsqu'il posait la main sur l'encolure d'un hippogriffe, il ressentait la même envie de liberté que l'animal ; que lorsqu'il dénichait des botrucs, il sentait la même envie de se fondre dans le décor naturel ; que lorsqu'il nourrissait les sombrals, il partageait leur faim gloutonne, peu élégante.
Sans surprise, Sasha faisait partie des élèves qui les voyaient. Si d'aucuns trouvaient ces créatures décharnées plutôt hideuses, le fait qu'ils fussent invisibles à bon nombre des habitants du château donnait au Gryffondor une plus opportunité de les affectionner malgré leur inélégance. Lui, il les trouvait fort malgré leurs membres tortueux, déterminés malgré leur nature qui faisait que le reste du monde les ignorait la plupart du temps.
Aussi, après les avoir découverts en cours, il avait fini par retourner les voir pendant les vacances de Noël. En cette journée ensoleillée, plutôt rare à Poudlard mais qui rendait le paysage enneigé plus noble que d'ordinaire, Sasha s'était donc rendu auprès d'eux. Mains dans les poches pour les protéger du froid, il avait fait lentement le tour de l'enclos. L'un des animaux était effondré contre la barrière, la poitrine soulevée par une respiration sifflante et rapide. Sasha alla s'accroupir à son côté, avant de lui gratter le crâne pour tenter de la rassurer.
- Hey, shcho z toboiu, souffla-t-il dans sa langue natale. (Hé, qu'est-ce qui t'arrives.)
Ce qui lui arrivait était plutôt évident : le ventre du Sombral était énorme. Une femelle.
- Ow, fit Sasha en écarquillant les yeux.
Message publié le 21/02/2025 à 21:22
Si ça n'avait été parce que le deal était toujours en suspens, Sasha n'aurait certainement pas mis les pieds à la soirée d'Halloween. Tout le monde parlait de cet évènement depuis plus d'une semaine ; les filles spéculaient sur les plus belles tenues qui seraient portées, les garçons préparaient les farces les plus gores dont ils étaient capables. Et rien que d'entendre leurs conversations, le Gryffondor n'avait qu'une idée : disparaître loin de ces pelletées d'imbéciles.
Oui mais voilà, il y avait le deal. Alison ne l'avait pas brisé officiellement, et tant qu'il n'était pas officiellement terminé, Sasha s'était dit qu'il y avait encore une possibilité de le sauver. Après tout, vu les dernières séances en Potions, il se rendait bien compte qu'elle était sa seule chance de se rattraper dans cette matière-là : laissé sans binôme, il ratait tous ses mélanges : dosages imprécis, manque de délicatesse dans les rotations, feu trop attisé ; bref, il passait littéralement à côté des subtilités de l'art des potionnistes.
Bien sûr, c'était seulement pour cela qu'il voulait maintenir le deal.
Et peut-être un poil parce qu'il aurait l'air ridicule s'il était plaqué par une fille de cinquième année, et qu'il tenait à son honneur.
Mais rien d'autre.
Enfin, peut-être encore un petit peu aussi parce que Charlie l'avait chargé de surveiller Alison pour qu'elle ne fît rien de contraire à ce que son père aurait voulu, et qu'il aimait bien Charlie, il était donc logique qu'il tînt la promesse qu'il n'avait pas faite.
Mais c'était tout.
Et peut-être un tout petit peu quand même parce que, quand il s'était glissé entre les cuisses de la jeune fille, il avait senti toutes les possibilités que la proximité de leurs deux corps engendraient. La chaleur. La moiteur. La sensation de soif intense. L'envie d'être plus près. De sentir. De toucher. De goûter. De mordre.
A part ça, donc, c'était vraiment que pour le cours de potions.
Sasha s'était rendu tardivement à la soirée, histoire de ne pas être parmi les premiers. Il n'avait pas pris la peine de se déguiser : il n'en voyait pas l'intérêt. Les autres Gryffondors qui s'étaient maquillés s'étaient peinturlurés d'un faux sang qu'il ne trouvait même pas réaliste. Le vrai sang était plus visqueux, il dégoulinait partout sans que vous ne puissiez décider qu'il resterait là, sur une fausse coupure sur la tempe. Mais cela, les élèves de Poudlard ne pouvait pas le savoir.
Lorsqu'il s'était glissé dans la Grande Salle, il avait d'abord été époustouflé par les décorations : c'était sa première soirée officielle dans cette école, et il était resté bouche bée devant les énormes citrouilles qui volaient au-dessus d'eux, les fantômes qui dansaient en vire-voltant au milieu de la piste de danse, et les milliers de bougies aux flammes tressautantes, qui diffusaient une lueur chaude partout dans la pièce. Les buffets ne cessaient de se remplir de mets décorés de mille façons : bonbons en forme de mygales qui couraient véritablement sur les nappes, citrouilles ouvertes sur des vers et autres insectes grillés et salés, ou encore gâteaux à la crème de cerise qui dégoulinait comme du sang quand vous en découpiez une part. Ce fut bien évidemment par là que Sasha s'égara d'abord : pour une fois, davantage pour se donner contenance en mangeant et en buvant quelque chose que par véritablement faim.
Un long moment, il observa les groupes d'élèves qui s'amusaient en chahutant et en dansant, et il ne parvenait pas à trouver Alison. Peut-être qu'elle n'était pas venue, finalement. Son imagination galopa : elle s'était déjà éclipsée avec un autre garçon. Ou bien, elle avait rejoint les dortoirs parce qu'elle avait cru qu'elle ne viendrait pas.
Mais au bout d'un moment, à la faveur d'un rire qu'il reconnut à sa droite - un rire de la brochette - il scruta un groupe de filles et enfin, la reconnut. Alison était si méconnaissable qu'il laissa l'araignée qu'il avait saisie s'échapper d'entre ses doigts le temps de l'observer : ses longs cheveux roux étaient complètement blancs, son teint tout à fait pâle comme de la porcelaine et ses lèvres noires paraissaient plus charnues que d'ordinaire. Elle portait une jolie robe qui dénudait ses genoux, et - seule preuve qu'il s'agissait bien d'Alison - elle portait régulièrement ses doigts à sa frange blanche pour la replacer. Sasha fourra une poignée de vers grillés dans sa bouche sans détacher ses yeux de la silhouette monochrome.
Si la Serpentard l'avait remarqué, elle n'en montra jamais la moindre trace. Le projet qu'il avait conçu devant tout le monde s'était évanoui dans l'esprit de Sasha : il n'oserait jamais. Pas sans qu'elle lui eût donné au moins un signe qu'elle était heureuse de le voir. Et s'il faisait ça, et qu'il gâchait sa soirée ? Elle avait l'air de s'amuser. D'être heureuse.
Quand la soirée toucha à sa fin, il avait décidé de prendre son temps. Probablement de la suivre à distance jusqu'à ce qu'elle eût rejoint son dortoir, à la manière d'un chat qui aime bien observer, lascivement, la danse inatteignable mais élégante des poissons du fond du bassin.
Mais la brochette ne prît pas la direction des dortoirs, mais d'une aile du premier étage. Alors il prit lui aussi la direction de l'aile du premier étage, à distance. Pour une fois, le personnel de Poudlard avait décidé de lâcher un peu de bride, et se promener la nuit dans ces couloirs noirs lui changeaient des visites qu'il en avait fait sous forme animale : il avait l'impression de n'y rien voir, et les filles devant lui avaient fini par se mettre à courir en criant, effrayée par il ne savait quoi.
Il risquait de perdre sa trace.
A l'angle d'un couloir sombre, Sasha changea de forme. Ses pattes légères se mirent à trotter silencieusement sur la pierre froide. La vue lui revenait : les angles de couloirs se dessinaient nettement, et surtout les odeurs lui parvenaient subitement. La poussière. Là, la trace olfactive de quelques rongeurs qui profitaient de la faible présence humaine dans l'aile défendue. Mais surtout, les humaines qui étaient passées par là.
Sasha reconnaissait désormais sans peine l'odeur d'Alison maintenant qu'il l'avait approchée de si près. Sous sa forme animale, il en avait une perception plus précise ; il s'y mélangeait les effluves des produits qu'elle utilisait à des odeurs sécrétées plus naturellement par sa peau, exhalée par sa respiration. C'était une signature et son odorat avait été entraîné à cela : repérer sa trace n'en était que plus aisée.
Or, Alison s'éloignait de son groupe d'amies. Il la suivit. Un autre garçon aussi. Sasha l'effraya aisément à l'angle d'un couloir : un Poufsouffle de cinquième année qui crût voir le fantôme d'un molosse et qui détala en faisant demi-tour, en prenant ses jambes à son cou. Très bien.
Au bout d'un moment, Alison s'était égarée. Prévisible. Les Carter s'égaraient-elles toutes si aisément ?
- Devine.
Il avait repris forme humaine, et quand Alison se retourna, elle se retrouva face à lui : si près qu'elle faillit le percuter, mais il ne bougea pas. Dans la pénombre, ils se devinaient seulement l'un et l'autre, grâce à la Lune qui éclairaient le parc, laissant transparaître quelques rayons blancs par les hautes fenêtres du couloir voisin.
- On est perdue ? ironisa-t-il.
Message publié le 21/02/2025 à 21:20
Sasha cligna des yeux plusieurs fois en scrutant le bibliothécaire après sa tirade concernant les autres élèves. Il n'avait pas eu besoin de se retourner pour comprendre que la menace de monsieur Beckett avait eu l'effet escompté : il n'entendait dans son dos plus aucun rire, plus aucun souffle moqueur mal dissimulé. Alors à la place, il scrutait le visage du vieil homme comme s'il le voyait pour la première fois : derrière ses lunettes et sa barbe blanche et grise, au-delà des plis de l'âge qui affaissaient son visage, il distinguait les petites rides en pattes de doigts qui habillaient des yeux profondément gentils, comme s'ils avaient été ceux d'un enfant naïf, prêt à s'amuser avec le prochain instrument qu'on lui mettrait entre les mains. C'était une vision troublante : peut-être tout simplement parce que Sasha avait d'emblée catégorisé le personnel de Poudlard comme du personnel froid qui ne comprendraient rien à sa vie, il ne s'était pas figuré que ce pouvait être lui-même qui s'intéresserait à la vie de ces énergumènes-là : des anglais empoussiérés dans de vieux châteaux plein d'adolescents idiots. Parce que ce qui le troublait, c'était un fait tout simple : c'était bien la première fois qu'un personnel de Poudlard prenait sa défense.
Le garçon resta interdit, à cligner de ses yeux ronds sous sa tignasse démêlée, tandis que le bibliothécaire, lui, commençait lentement les pas. Un, deux, trois, quatre.
Sasha s'exécuta. Après s'être mélangé les pieds une fois, il recommença. Ce n'était pas si dur : un pied devant, l'autre qui le rejoignait, un pied à droit, l'autre qui le rejoignait. Il avait l'impression de marcher sur des cases invisibles, sans bien savoir quoi faire de ses mains qu'il tenait en l'air comme s'il avait été dans la ligne de mire d'un policier.
- - Heu... M'sieur, c'est quoi comme danse, croassa-t-il.
Soudain il écarquilla les yeux.
- - Et hum... Quand vous dites il vous manque un garçon. J'serai pas le seul garçon, hein ?
Par automatisme, il refit les quelques pas démontrés, pour les mémoriser. Jusqu'ici, refaire des mouvements lui rappelait la première fois que les aînés des Veilleurs leur avaient montré les gestes à exécuter pour se libérer d'une emprise moldue.
- - On s'ra habillé normal, hein ?
L’Art du Combat Transmuté [Cours]
Message publié le 19/02/2025 à 17:15
Après le sort de gelée au sol, le coup des rats était plutôt une réussite - en tout cas selon Sasha. Ce n'était certes pas ses manières préférées d'attaquer l'adversaire, mais en cas d'ennemi peu dangereux, ce serait suffisamment déstabilisant à son goût.
Mais de toute évidence, là était bien le problème : il n'avait pas les mêmes goûts que les autres. Entre Alison qui râlait sur lui et Julian qui trouvait que ses bestioles la dégoûtaient, Sasha se renfrogna. Il jeta un regard noir à son ex-fausse-petite-amie avant de se tourner vers Julian.
- Ben c'est pas un cours d'élégance que j'sache, il grommela pour protester, non sans sentir sur sa nuque ses poils se hérisser à la vue des rats qui s'éparpillaient pour disparaître sous les meubles, pendant que Julian saucissonnait son mannequin comme un rôti de porc. (Oui, Sasha avait déjà faim.)
Lui les voyait comme d'innocentes créatures, impulsives, qui essayaient juste de survivre. Il comprenait ça. Il les comprenait certainement mieux que ces humaines qui cherchaient à tout prix à élaborer des apparences sociales qui lui échappaient totalement. A son côté, Ambrose avait lancé un sortilège qui transforma le mannequin. Un magnifique oiseau coloré s'envola, et Sasha le suivit des yeux - tel un prédateur fasciné.
Blyad, c'était ça, que les filles recherchaient. C'était évidemment plus beau que les mammifères velus dont il se sentait une parenté proche. C'était moins dégoûtant. Sasha jeta un oeil à Ambrose, qui ne paraissait pourtant pas fier de son coup. A sa place, Spike aurait sûrement gonflé le torse de suffisance. L'ukrainien approuva d'un mouvement du menton.
- Pas mal.
Est-ce qu'il pouvait, lui, faire quelque chose d'aussi élégant ? Qu'est-ce qu'aimaient les filles ?
Sasha se tourna vers la table voisine, où traînait un drap qui avait dû servir à couvrir les cages des animaux pour ne pas les effrayer. Alors, pris d'une inspiration soudaine, il saisit le drap et le lança vers le mannequin.
Le tissu s'étira dans les airs et avant qu'il ne recouvrît le faux adversaire, Sasha lança un Herbifors ! déterminé.
Oui mais viser une cible en mouvement, comme l'avait fait remarquer le professeur n'était pas si aisé : d'ailleurs le jet produit par la baguette de Sasha frôla le drap, la tête du mannequin, pour aller percuter une étagère.
Une triste orchidée fleurit sur un livre, et Sasha fit une grimace dépitée.
C'était une mauvaise idée dès le départ, de toute façon.
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Enchantement Fleuri
- Difficulté
- 3
- Résultat D20
- 2
- Interprétation
- Échec
- XP gagnée
- 3
Le tissu s'étira dans les airs et avant qu'il ne recouvrît le faux adversaire, Sasha lança un Herbifors ! déterminé.
Oui mais viser une cible en mouvement, comme l'avait fait remarquer le professeur n'était pas si aisé : d'ailleurs le jet produit par la baguette de Sasha frôla le drap, la tête du mannequin, pour aller percuter une étagère.
Une triste orchidée fleurit sur un livre, et Sasha fit une grimace dépitée.
C'était une mauvaise idée dès le départ, de toute façon.
Autres résultats possibles
Sasha se tourna vers Julian.
- T'es moins dégoûtée là ? fit-il, vaguement provocateur.
Sasha se tourna vers Julian.
- C'est mieux là ?
Oui mais viser une cible en mouvement, comme l'avait fait remarquer le professeur n'était pas si aisé : d'ailleurs le jet produit par la baguette de Sasha frôla le drap, la tête du mannequin, pour aller percuter monsieur Pope, dont les cheveux grisonnants se couvrirent de jolies edelweiss argentées.
- Oh, oups, Sir. Heu...
Sasha désigna d'un index les cheveux du professeur.
- J'ai pas fait exprès, fit-il avec une grimace d'excuse.
C'était une mauvaise idée dès le départ, de toute façon.
Herbifors
Enchantement Fleuri
L’Art du Combat Transmuté [Cours]
Message publié le 18/02/2025 à 16:13
La satisfaction de voir Ambrose et Julian ne pas s'en sortir aussi bien que lui ne dura guère longtemps pour Sasha : le duo Spike-Ferguson avait décidé de se faire remarquer, captant toute l'attention de la pièce aussi bien que la sienne. Il toisa la bagarre naissante, partagé entre l'agacement de les voir si dissipés (alors que pour lui, un tel entraînement était tout à fait sérieux) et la satisfaction de voir Ryder le nez ensanglanté. Peut-être même qu'un petit sourire avait commencé à se dessiner au coin de ses lèvres - mais il fût aussitôt douché. Miss Carter, en binôme avec Ryder.
Sasha se retourna résolument vers son mannequin, les dents serrées. Blyad. Ca n'aurait dû rien lui faire du tout. Le mannequin avait retrouvé l'équilibre, car le sortilège qu'il avait lancé au sol s'était dissipé avec l'interruption provoquée par les garçons de l'atelier Précision, mais il s'était mis en posture de garde, comme s'il avait pu attaquer s'il était doté d'une baguette.
Sasha expira un sourire agacé par le nez avant de lever la sienne, réfléchissant un instant. Est-ce que ces exercices lui servaient à quelque chose ? S'il devait attaquer quelqu'un en situation de combat réel, ce ne serait certainement pas sur sa baguette qu'il compterait. Mais c'était l'exercice, et malgré la colère qui bouillonnait en lui, il se concentra donc.
Il leva les yeux vers le lustre au-dessus du mannequin : c'était un gros chandelier à bougies et à pampilles, dont les couleurs chaudes réchauffaient l'atmosphère. Les flammes étaient nombreuses sur les bâtonnets de cire - suffisamment pour créer une attaque surprenante pour un adversaire qui ne s'y attendait pas.
- Rongifors, déclara-t-il, les dents serrées. Rongifors.
Plusieurs des bougies du gros lustre s'éteignirent, plongeant une partie de la pièce dans une demi-pénombre que le temps écossais, en ce samedi matin gris, n'éclairait guère. Quelques bâtons de cire se gonflèrent et se modelèrent en de gros rats blancs qui se mirent à circuler sur les branches du lustre. Une à une, elles petites créatures se mirent à tomber - certaines sur le mannequin qui gigota pauvrement, d'autres carrément au sol.
L'un des rats s'enfuit d'ailleurs, subitement, pour aller se réfugier entre les pieds de...
Réponse par les dés !
1 - Alison
2 - Sam
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Sortilège de la souris
- Difficulté
- 3
- Résultat D20
- 16
- Interprétation
- Réussite
- XP gagnée
- 3
Plusieurs des bougies du gros lustre s'éteignirent, plongeant une partie de la pièce dans une demi-pénombre que le temps écossais, en ce samedi matin gris, n'éclairait guère. Quelques bâtons de cire se gonflèrent et se modelèrent en de gros rats blancs qui se mirent à circuler sur les branches du lustre. Une à une, elles petites créatures se mirent à tomber - certaines sur le mannequin qui gigota pauvrement, d'autres carrément au sol.
L'un des rats s'enfuit d'ailleurs, subitement, pour aller se réfugier entre les pieds de...
Réponse par les dés !
1 - Alison
2 - Sam
Autres résultats possibles
Le tout, sous le regard de Sasha qui était resté baguette en l'air, étonné par la réussite inattendue de son sortilège : l'obscurité et des rats qui vous couraient entre les jambes, n'était-ce pas excitant ?
C'était sûr, c'étaient Ryder et Alison qui le déconcentraient.
C'était sûr, c'étaient Ryder et Alison qui le déconcentraient.
Sauf qu'une bougie avait effectivement réussi sa transformation... Ou presque : un gros surmonté d'une flamme s'élança, paniqué, du lustre, pour atterrir au sol, sous les yeux éberlués de Sasha. Le rongeur s'enfuit aussitôt pour se réfugier au fond de la pièce, sous les étagères chargés de parchemin...
Une volute de fumée commença à s'élever de ce coin de la pièce.
- Blyad. Sir ! Mon rat est en train de mettre le feu !
Rongifors
Sortilège de la souris
L’Art du Combat Transmuté [Cours]
Message publié le 16/02/2025 à 09:40
Sasha avait fusillé Ferguson du regard. Il ne connaissait pas ce type - sauf à avoir croisé sa gueule d'imbécile ici et là dans les couloirs sans lui prêter grande attention. Mais visiblement, son attention à lui aussi avait été attirée par Alison Carter, même si cette dernière semblait avoir jeté son dévolu sur Spike - un des Serpentards avec qui il avait eu cours, qui débordait d'arrogance à cause de ses performances au Quidditch. L'ukrainien crevait d'envie d'intervenir pour remettre le Poufsouffle à sa place, mais il rongea son frein en silence, ses yeux mauvais allant de l'un des prétendants d'Alison à l'autre.
Heureusement, l'intervention du professeur l'arracha un instant à ses réflexions pour l'affecter... A l'atelier concernant l'offensive. Parfait. Avec Julian et Ambrose. Moins parfait. Une pointe de déception lui picota les entrailles : ce ne serait peut-être pas aujourd'hui qu'il pourrait directement se mesurer à l'un de ses concurrents. Avec un soupir discret, toutefois, il s'exécuta pour aller vers l'atelier où des mannequins enchantés se dressaient, leur tête sans visage semblant les narguer avant même que ne commençât l'exercice. Sasha se dirigea vers le premier des mannequins pour lui faire face. Il lui semblait que celui-ci frémissait... A moins que ce ne fût son imagination ?
Il avait déjà sorti sa baguette, près à intervenir dès le top départ. Il n'avait pas besoin des cinq minutes de réflexion. Sur un vrai champ de bataille, vous ne les aviez pas. Mais cela, dans ce groupe d'élèves, il était le seul à le savoir pour l'avoir vécu. Certes, Sasha n'était pas meilleur sorcier, ni sur le papier ni en pratique que ses camarades, mais il avait conscience que toute sa force résidait dans son mental : son expérience était un atout, et le sang qui battait à ses oreilles une autre : naturellement, l'adrénaline venait à lui en situation de combat, amenant une forme de clarté à son esprit, une concentration qui n'était que parasitée par les regards qu'il avait envie de lancer à l'atelier voisin.
Mais il ne fallait pas. Il était là pour faire ses preuves.
Alors, dès que les cinq minutes se furent écoulées, Sasha dressa sa baguette.
- Gelata, annonça-t-il avec un mouvement ferme du poignet, en direction du sol.
Un fin jet vaporeux s'écrasa aux pieds du mannequin, touchant autour toute la surface en pierre. Le faux adversaire se mit à gigoter sur place en tâchant de garder son équilibre. Il soulevait un pied puis l'autre en essayant vainement de s'y arracher. Sasha en profita pour jeter un coup d'oeil vers Ambrose et Julian, histoire de voir le niveau qu'ils avaient.
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Sortilège de la Gelée
- Difficulté
- 7
- Résultat D20
- 7
- Interprétation
- Réussite
- XP gagnée
- 3
- Gelata, annonça-t-il avec un mouvement ferme du poignet, en direction du sol.
Un fin jet vaporeux s'écrasa aux pieds du mannequin, touchant autour toute la surface en pierre. Le faux adversaire se mit à gigoter sur place en tâchant de garder son équilibre. Il soulevait un pied puis l'autre en essayant vainement de s'y arracher. Sasha en profita pour jeter un coup d'oeil vers Ambrose et Julian, histoire de voir le niveau qu'ils avaient.
Autres résultats possibles
Un fin jet vaporeux s'écrasa aux pieds du mannequin, touchant autour toute la surface en pierre... jusqu'à Ambrose et Julian, dont les pieds se retrouvèrent subitement pris dans la gelée qu'était devenu le pavé de l'arène.
Le mannequin lui-même se mit à gigoter sur place en tâchant de garder son équilibre. Il soulevait un pied puis l'autre en essayant vainement de s'y arracher, mais Sasha n'y prêtait guère attention. Il avait tourné son regard vers ses deux voisins qui partageaient son atelier, et il haussa les épaules.
- Oh, pardon, dit-il sans avoir l'air le moins du monde désolé, constatant que presque toute l'arène, sauf l'endroit où il se tenait, était devenue molle et collante comme du chewing-gum.
Un ridicule jet de vapeur s'échappa du bout de sa baguette tandis qu'il essayait de masquer tant sa quinte de toux que son embarras derrière une main qui cachait son visage.
Mais quel crétin...
Un fin jet vaporeux s'échappa tout de même de sa baguette qu'il avait trop abaissée : le sortilège toucha le sol à ses pieds dont la texture changea brusquement : elle devint molle, aussi collante que du chewing-gum, si bien que Sasha perdit l'équilibre et tomba en avant, s'y collant les mains par la même occasion.
- Pizdets ! couina-t-il en se rendant compte qu'il venait de se piéger avec son propre sortilège... devant tout le monde.
Gelata
Sortilège de la Gelée
Message publié le 15/02/2025 à 08:33
Violence
Depuis plusieurs semaines, désormais, Sasha ne descendait plus aux cachots que pour les cours de Potions - et parfois pour trouver un raccourci la nuit dans le but de traîner à proximité des cuisines, lorsque la faim le poussait dans cette direction.
Mais la plupart du temps, il l'évitait : passer devant l'entrée des quartiers des Serpentards ne lui rappelait que des mauvais souvenirs dont il essayait vainement de se départir : les mauvaises nouvelles du dernier journal qu'il avait volé, et bien sûr Alison Carter qui n'avait plus donné de nouvelles. Il avait fini par comprendre qu'elle fréquentait déjà un autre garçon - certainement moins bestial que lui.
Aussi, lorsqu'il avait reçu une missive de Daryl Brooks l'invitant à un entretien dans sa salle de cours après le dîner, Sasha était descendu les mains dans les poches, en traînant presque les pieds, le regard morne braqué sur les longs couloirs et leurs torches lumineuses - dont certaines, pour la soirée, avaient étrangement été éteintes, plongeant les cachots dans une demi-obscurité qu'il aurait préféré affronter sous sa forme animale. Ses pensées étaient presque toutes tournées vers les issues possibles de l'entretien auquel on le conviait : était-ce pour mettre fin à son contrat chez OCQ ? Ou pour parler de ses notes ? Il n'osait croire que c'était parce qu'on lui annoncerait qu'il avait enfin le niveau pour rejoindre définitivement les sixième années : ses dernières fabrications n'avaient pas été catastrophiques, mais il atteignait péniblement la moyenne de ses camarades de cinquième années, parmi lesquelles certaines filles décrochaient avec aisance des Optimal sans qu'il comprît ce qu'elles pouvaient bien faire de différent de lui.
Toc, toc, toc.
Sasha s'éclaircit la gorge après avoir frappé à la porte. Un silence de plomb lui répondit, et il baissa les yeux vers le bas du panneau de bois, pour constater qu'aucune lumière ne semblait transparaître dans le jour qui séparait la porte du sol de pierre.
Se pouvait-il que monsieur Brooks eût oublié leur entrevue ?
Il fronça les sourcils, leva la main pour toquer de nouveau.
Son poing ne toucha jamais la porte une seconde fois : un cri avait retenti dans son dos et avant même qu'il n'en comprit le sens (Petrificus Totalus !) il sentit une douleur vive percuter sa nuque qui le paralysa tout entier : son corps soudain rigide heurta le montant de bois et il se vit tomber, raide, face contre terre, lui arrachant un gémissement de douleur. La pierre contre sa joue était glacée, et son champ de vision obscurcit par la proximité d'un mur à la pierre humide.
Voilà pourquoi les torches éteintes. Voilà pourquoi le silence de l'autre côté de la porte.
Même si aucun son ne pouvait sortir de sa gorge, il sentait son coeur tambouriner follement dans sa poitrine. Un instant, une vraie panique s'empara de Sasha : il était soudain sûr qu'il s'agissait des représailles des familles de ceux qu'il avait tué sur le champ de bataille. Etaient-ils venus avec les Inferis ? Allaient-ils le torturer avant de le tuer ? Sa respiration était devenue courte, gémissante, et soudain il sentit des cordes se resserrer autour de ses poignets et de ses pieds. Ses mains se retrouvèrent nouées dans son dos par un sort, et une multitude de pas légers se firent entendre, et l'entourèrent. L'instant suivant, il était tiré, toujours face contre terre, à ramasser la poussière de son corps que l'on traînait par terre. Des éclats de voix légers, comme des chuchotements catastrophés, flottaient au-dessus de lui. En Russe.
- Быстрее, быстрее! Это долго не продлится ! (Vite, vite, ça va pas durer longtemps !)
- Он слишком тяжёлый ! (Il est trop lourd !)
Des voix d'enfants. Dans le coeur de Sasha, la panique laissa peu à peu place à la colère. C'étaient ces putains de Serpentards. Ne lui avaient-ils pas assez fait de mal comme ça, cette maison maudite ? Il voulut rugir pour les couvrir d'insulte, mais seul un grondement sourd s'échappa de ses mâchoires serrées.
Il fallut encore quelques instants pour que le groupe d'élèves parvinssent à attirer Sasha à l'intérieur d'un vieux cachot désaffecté. Ils se dépêchèrent de refermer la porte derrière eux, puis d'allumer une torche : alors Sasha aperçut les vieilles tables d'écoliers repoussées contre les murs, et à côté, l'entourant comme une meute curieuse, la petite horde d'élèves - petits comme les lutins démoniaques des histoires de son enfance. Ils s'étaient tous affublés de masques colorés à l'effigie de créatures magiques qui avaient été utilisés pendant les spectacles du bal de fin d'année de Poudlard, mais Sasha savait parfaitement qu'il s'agissait des gamins de Serpentard : depuis l'épisode avec Anya, il y avait un groupe de jeunes russes qui n'avaient cessé de lui jeter des regards caustiques, de cracher sur son passage. Il les avait ignoré : on ne s'attaquait pas à des enfants qui ne vous arrivaient même pas à l'épaule. Mais il regretta instantanément de ne pas leur avoir donné une leçon plus tôt et d'être si facilement tombé dans le piège : encore une fois, il prit une inspiration pour les couvrir d'insultes - seuls des grognements sourds jaillirent de nouveau et ses muscles rigides refusaient de lui répondre.
- Когда заклинание исчезнет, он может освободиться от верёвок ! fit une voix féminine. (Quand y'aura plus le sortilège, il risque de se libérer des cordes !)
- Моё заклинание может держаться долго ! (Mon sortilège il peut tenir longtemps !)
L'un d'entre eux s'avança d'un pas pour répondre à celui qui avait fièrement clamé être l'auteur du Petrificus Totalus, que Sasha toisait de son mieux, quand bien même il était allongé par terre.
- Ты должен был целиться в спину, но по счастливой случайности попал в шею ! Ты не умеешь целиться, из-за тебя мы чуть всё не провалили ! (Tu devais viser le dos, ça a touché sa nuque par chance ! Tu sais pas viser, on a failli tout rater par ta faute !)
- Чушь! Я знал, что делаю ! (N'importe quoi, je savais ce que j'faisais !)
- Прекратите, идиоты ! Когда заклинание перестанет действовать, кто знает, сможет ли он атаковать без своей палочки ? Он для этого обучен. (Arrêtez, imbéciles ! Quand le sortilège ne fera plus effet, qui sait s'il ne peut pas attaquer sans sa baguette ? Il est entraîné pour ça.)
Oh que oui, voulut lui répondre Sasha, mais il ne put qu'émettre un regard menaçant, une nouvelle fois, en direction de la fille masquée par les traits colorés d'un hippogriffe. Mais il hésitait déjà à se transformer : s'il le faisait, il dévoilerait sa carte la plus précieuse à l'intégralité du château. En même temps, qui savait si Alison n'avait pas déjà trahi son secret ?
- Правда, дайте ему выпить зелье и заберите у него палочку. (C'est vrai, faites-lui boire la potion, et retirez-lui sa baguette.)
Les petites silhouettes s'agitèrent autour de lui, le plongeant dans une brève obscurité chaque fois qu'elles passaient devant la torche. L'endroit sentait la poussière, et tandis qu'un élève s'agenouillait près de lui, il en aperçut un autre qui décrochait d'une étagère de grosses chaînes en métal qui tintèrent bruyamment.
Quatre petites mains s'affairèrent sur son visage. On lui ouvrit la bouche, on lui pinça le nez. Quelque chose s'écoula dans sa gorge : une liquide visqueux et tiède, dont il sentait le picotement soudain. Avec volonté, il tâcha de ne pas déglutir pour ne rien avaler - mais cela impliquait de ne plus respirer. Il se retint longuement. Il entendit des exclamations rageuses, sa vue se brouilla. Quelqu'un lui donna un coup au visage, puis dans le ventre. Des cris. Ils se disputaient. Ils frappèrent encore. Les yeux clos, Sasha était dans un brouillard agrémenté de voiles lumineux intermittents. Puis l'obscurité totale quand quelqu'un se pencha sur lui, lui attrapa la tête des deux mains et la secoua, lui frappant le crâne contre la pierre - Sasha eut un hoquet de douleur, et le liquide s'immisça dans sa gorge.
Le monde devint flasque. Ses muscles se détendirent, ne provoquant qu'un soulagement bref : Sasha rouvrit les yeux. Il n'entendait plus correctement, mais il voyait que les élèves retiraient leurs masques. En dessous, il voyait leurs visages complètement déformés de sourires moqueurs. Là, de longs cheveux blonds, ici un petit brun coupé court qui tapait dans ses côtes devenues molles. Il avait beau avoir une perception altérée, la douleur était là quand même. Sasha sentait l'arrière de son crâne pulser et chaque coup de pied reçu dans les membres et le tronc étaient des pointes plus affolantes que véritablement douloureuses.
Le petit brun au sourire mauvais s'avança au-dessus de lui - ce devait être lui qui avait réussi à lui faire avaler la potion qu'il le rendait si impuissant : il avait l'air d'un chef de meute enorgueilli par la victoire que les autres encourageaient en levant le poing.
Le garçon avait sorti un pic de métal, et il en déposa la pointe sur le ventre de Sasha. Il en sentit la pointe froide à travers sa chemise, et les mots du garçon lui parvenaient déformés.
- Итак, сколько ты убил? Можешь ответить ? (Alors, combien t'en as tué ? Tu peux répondre ?)
- Что ты с ними сделал до этого ? Скажи нам, чтобы мы сделали с тобой то же самое ! clama un autre dont le visage s'allongeait d'une telle manière dans le champ de vision de Sasha qu'il semblait s'écouler impossiblement jusqu'au sol. (Tu leur as fait quoi, avant ! Dis-nous qu'on te fasse pareil !)
- Тебя болят эти шрамы ? А если я дотронусь ? (Elles te font mal, tes marques là ? Si je touche ?)
Le garçon exécuta un mouvement, et un autre gamin se pencha sur Sasha pour arracher les boutons de sa chemise en l'ouvrant de toutes ses forces. Le torse du Gryffondor fut dévoilé ; musculeux mais strié de cicatrices multiples et noires qui s'étiraient de sa ceinture jusqu'à son coeur. Le garçon au pic de métal gratta l'une d'entre elles, mais Sasha ne sentait plus la souffrance : son supplice était la peur panique qui l'avait envahi. Ces gosses iraient-ils jusqu'à le tuer ? En étaient-ils capables ? Tout semblait possible maintenant qu'il était leur merci, incapable de se défendre. Il peinait à croire qu'il marchait tranquillement, serein dans les couloirs de Poudlard, à peine quelques minutes auparavant, et qu'il trouvait là brutalement sa fin aux mains de quelques gosses vengeurs et inconscients de ce qu'ils étaient en train de faire. Il ne voyait pas les quelques autres élèves qui, eux, effarés par la tournure de la situation, s'étaient éloignés de la scène, engourdis par l'effroi, toujours masqués des têtes d'hippogriffes, de niffleurs ou de trolls.
Et comme Sasha ne réagissait pas aux questions et provocations du garçon brun qui le dominait, ce dernier perdit son sourire et se mit à grimacer de rage. Alors, il enfonça lentement le pic au niveau de l'estomac de Sasha, qui sentit la compression douloureuse et invasive lui couper le souffle.
- Сделай с ним то же, что они сделали с моим отцом, criait l'un. (Fais-lui pareil qu'ils ont fait à mon père.)
- И посмотри на это ! cria un autre qui décocha un coup de pied dans la joue de l'ukrainien. (Et regarde ça !)
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Message publié le 11/02/2025 à 16:17
Les vacances de Noël avaient été longues et mornes. Sasha avait cru qu'il serait soulagé quand la grande majorité des élèves auraient quitté le château et qu'il serait tranquille pour se promener où il le souhaitait, mais le vide qui avait rempli Poudlard avait été étrangement contagieux : il s'était trouvé bien vide lui aussi, à errer, évitant Pré-au-Lard pour ne pas être dépité de ne pouvoir acheter la moindre babiole à envoyer en Ukraine puisqu'il n'avait pas trouvé de travail.
Mais de fil en aiguille, les jours étaient passés et la nouvelle année avait vu se réveiller en lui une détermination nouvelle : si les anglais ne le trouvaient pas fréquentable - pour preuve, Alison l'avait évité sans plus d'explication, rompant leur binôme en cours de potions par la même occasion - alors qu'à cela ne tînt : il ferait avec eux comme avec les Russes. C'était à dire qu'avec la rage au ventre et les crocs serrés, il continuerait à se battre, et il finirait par leur prouver qu'il méritait plus que ce mépris condescendant qu'on lui réservait. Il le démontrerait aux anglais et aux russes de Poudlard en général - et à une rouquine en particulier.
C'était ainsi qu'il s'était inscrit à l'entraînement au Tournoi d'une part, et que d'autre part il avait commencé à travailler au magasin OCQ. Il n'y ménageait pas ses efforts : il s'y rendait tôt chaque dimanche, ne comptait pas ses heures, et aider à tout ce qu'il pouvait pendant les heures d'affluence. Il avait eu quelques déconvenues ; renseigner les clients n'était pas vraiment son fort et il avait eu quelques maladresses qui avait conduit à un peu de matériel à remettre en ordre. Mais en dehors de ces quelques bêtises ponctuelles, pour lesquelles Freya avait eu la patience de lui réexpliquer quelques bases, Sasha mettait un point d'honneur à travailler correctement du soir au matin. Il lui restait le défaut ne pas être très souriant avec la clientèle, mais au moins n'aboyait-il plus sur les enfants qui tiraient sur les rubans enchantés des nouveaux modèles. Freya lui confiait des tâches de manutention, où il était particulièrement minutieux pour compter et recompter les produits à placer dans des commandes. A l'occasion, il avait croisé Alison, qui s'était contentée de lui jeter des regards noirs qu'il avait bravement ignoré. Après tout, c'était Freya qui l'avait recruté, alors il se trouvait chez OCQ tout à fait légitime, que cela plût à la Serpentard ou non. Contrairement à ce qu'elle avait l'air de penser, il n'avait pas postulé pour se rapprocher d'elle.
Aussi, quand il se présenta dans la salle de Métamorphose pour la voir déjà présente, Sasha eut un bref mouvement d'hésitation. Il avait, comme toujours, sa cravate des Gryffondors nouée un peu de travers. Il croisa son regard mais il glissa sur elle pour aller vers le professeur.
- Sir.
Il agrémenta sa salutation d'un bref mouvement de tête avant de se diriger vers le fond de la classe, sac à l'épaule, la démarche bourrue.
Sasha s'installait toujours au fond des salles de classe, mais pas pour les mêmes raisons que les autres. Quand les élèves cherchaient à s'éloigner du professeur, lui voulait surtout garder un oeil sur l'ensemble des personnes présentes dans une pièce, étant particulièrement dérangé par la présence d'élèves dans son dos. Quelques mésaventures vécues à Poudlard depuis son arrivée en septembre lui donnaient raison ; désormais, depuis le fond de la salle et quand des élèves voulaient se moquer de lui, ils se retournaient et lui pouvait les fusiller d'un regard dissuasif - qui fonctionnait suffisamment bien la plupart du temps pour qu'on le laissât tranquille.
Pour autant, il n'avait pas les mauvaises notes des cancres qui partageaient avec lui certains fonds de classe. Sasha s'appliquait à l'école, surtout depuis janvier. Ses notes n'étaient pas toujours excellentes lorsqu'il s'agissait de rédiger des choses sur parchemin, notamment à cause de difficultés liées à l'anglais, mais sa détermination à réussir les exercices pratiques - même s'il était souvent un peu brutal - lui valait quelques excellentes notes qui rattrapaient ses moyennes.
En métamorphose, il avait d'ailleurs une facilité particulière - comme si son esprit était à l'aise avec l'idée de transmuter des choses en d'autres, mais il regardait toujours le professeur Pope avec une certaine distance ; la même attitude qu'il avait d'ailleurs avec tout le personnel de Poudlard, comme si la confiance ne pouvait être de mise dans ce simulacre d'éducation ouverte que représentait l'accueil de sorciers réfugiés dans l'école.
Cette fois-là, donc, Sasha laissa tomber son sac sur l'une des dernières chaises et s'appuya à un pupitre, loin derrière la chevelure blonde d'une autre Serpentard de son âge, pour qui il n'avait pas eu un regard - par pudeur bien plus que par désintérêt par ailleurs. Il se mit à toiser la porte, comme si chaque nouvelle âme qui se présenterait aurait droit à un scan rigoureux et menaçant de sa part.
La patience est un plat qui se mange sans sauce.
Message publié le 07/02/2025 à 15:12
Le lundi à midi, monsieur Brooks devait terminer son cours avec les 4ème années.
Non pas que l'emploi du temps du professeur de potions intéressât Sasha d'une manière ou d'une autre... Sauf que voilà, cette fois, il avait besoin de lui parler. Un tel besoin qu'il avait même exceptionnellement retardé sa course à la Grande Salle, prenant le risque odieux de laisser tous les morceaux de poulet aux autres. A la place, et comme le lundi matin il n'avait pas cours, il avait soigneusement réfléchi à ce qu'il allait dire. Bien qu'il n'était pas du genre très soigneux, cette fois il avait décidé de se préparer : il avait collecté les différentes notes obtenues dans les matières - quelqu'un lui avait dit que ce serait important, et il avait même rédigé une petite lettre sur un parchemin, qui disait quelque chose comme ceci :
Cher mister Brooks,
Sir,
Je souhaite vous demander officiellement l'autorisation de pouvoir travailler à Pré-au-Lard à côté de mes études à Poudlard. Ce serait seulement le dimanche. C'est important pour moi de pouvoir gagner un peu d'argent pendant les week-ends ou les vacances quand les autres seront dans leur famille.
Très respectueusement,
Sasha Shevchen, 6ème année.
A la bibliothèque où il était allé rédiger sa lettre, une autre sixième année Serdaigle, très timide et disparaissant à moitié derrière un rideau de cheveux noirs, avait accepté de corriger ses fautes d'orthographe. Après avoir recopié proprement la version sans faute, il avait fallu attendre jusqu'à la fin de la matinée. Il avait bien essayé de réviser pour le test que le professeur d'Histoire de la Magie leur réservait pour le lendemain, Sasha n'avait pas réussi à se concentrer. Il s'en était donc allé rejoindre les cachots pour attendre devant la porte de la salle de Potions pendant vingt bonnes minutes. De l'autre côté du panneau de bois, on entendait la voix grave du Directeur de Gryffondor qui donnait ses instructions - Tournez 15 fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre ! - et quelques murmures provenant des élèves. Les cachots étaient légèrement humides, et Sasha ne pouvait s'empêcher de jeter régulièrement des coups d'oeil vers le couloir : au fond de la coursive, il y avait l'entrée des quartiers privés des Serpentards. Il ne s'en était plus approché ces derniers temps, et il redoutait de voir l'une ou l'autre des Serpentards qu'il connaissait en devant s'expliquer quant aux raisons qui l'amenaient là.
Heureusement, la fin du cours arriva sans que la moindre souris traversât le couloir, et bientôt la porte s'ouvrit pour déverser un flot d'élèves. Aucun d'eux ne lui prêtèrent la moindre attention, et bientôt, la salle de classe était redevenue silencieuse. Sasha osa entrer d'un seul pas. Monsieur Brooks était en train d'observer une potion dans une fiole qu'il tenait à hauteur d'yeux, assis sur son bureau, une plume en main. Sûrement pour noter le travail des quatrième années. Sasha s'éclaircit la gorge, puis il toqua à la porte ouverte.
- M'sieur Brooks ? J'peux vous parler une minute ?
Il attendit d'avoir un signe d'assentiment avant de s'avancer et de rejoindre le bureau qui séparer alors l'élève et le professeur. Sasha roulait des épaules inconsciemment, trahissant sa gêne, mais il finit par s'humecter les lèvres et se lancer.
- Voilà, j'vous ai apporté mes notes, puis une lettre. Comme vous êtes mon directeur de maison, j'voulais savoir si vous pouviez me donner une autorisation pour travailler de temps en temps à Pré-au-Lard.
Il déposa les documents sur le bureau, devant lui, à côté des fioles qui s'alignaient proprement, toutes remplies d'un liquide rosâtre dont la teinte variait d'un contenant à l'autre. Sasha était incapable de dire ce dont il s'agissait. Les Potions n'étaient clairement pas son point fort, mais il espérait que ses notes en Soins aux Créatures Magiques notamment pouvaient démontrer qu'il pouvait travailler correctement.
Message publié le 07/02/2025 à 13:24
- Oh, waouh.
C'était donc le père des Carter qui avait emmené sa famille dans le Quidditch, à commencer par la gérante qui connaissait si bien les noms des joueurs de toutes les équipes, y compris celle de Bulgarie, que Sasha en resta un bref instant bouche bée. L'exercice que la jeune femme s'imposait avait l'air drôle, mais ça devait nécessiter une sacrée passion pour rester constamment à jour. Une pensée lui traversa l'esprit - le père d'Alison, celui qui n'aurait sûrement pas voulu qu'elle déboutonnât sa chemise pour attirer les garçons dans une serre de botanique, n'était donc autre qu'un grand joueur professionnel de Quidditch. Voilà pourquoi Charlie voulait qu'il surveillât Alison en son absence : sûrement qu'Owen Carter parcourait le monde pour jouer encore de grands matchs, ou peut-être même pour dénicher les nouveaux talents pour une équipe nationale ou une autre. Sasha se l'imaginait grand, habillé comme un sorcier d'affaire avec de grandes robes noires et une petite sorcière qui lui courait après en prenant des notes et en lui annonçant qui il allait rencontrer à son prochain rendez-vous.
Les images s'effacèrent de son esprit et le garçon reporta son regard sur les derniers morceaux de cuir qu'il arrangeait, avant de se lever à son tour à cause du ton solennel qu'elle prenait. Dans un geste nerveux, il épousseta son pantalon - alors que pour une fois, il n'était pas sali - pour se concentrer sur ce qu'elle avait à dire, les yeux fixés sur elle comme un félin aurait braqué son regard sur un objet qui avait bougé de façon inattendue.
- Ah.
Il avait eu du mal à masquer sa déception. Dans les premières idées qui l'avaient amené à arpenter la Grand Rue de Pré-au-Lard ce matin, il s'était imaginé pouvoir faire ne serait-ce que quelques mornilles sur les premiers jours des vacances. Mais vu les refus qu'il avait essuyé avant d'entrer chez OCQ, la proposition de miss Carter faisait figure de miracle. Alors il secoua subitement la tête de haut en bas.
- Oui oui, ça me va, se dépêcha-t-il de répondre, tâchant de faire bonne figure. Puis ça m'laissera le temps de réviser les équipes, alors.
L'interruption de Madame Forbes le sauva d'une conversation conclusive qu'il n'aurait pas su mener élégamment de toute façon.
- Gryffondor. J'vais aller voir mon directeur lundi.
Madame Forbes s'avançait dans la boutique d'un pas pressé, revêtue d'une grosse fourrure dans lequel son long cou disparaissait, et elle posa sur Sasha un regard absent.
- Bon, j'vous laisse travailler alors, déclara-t-il avant de s'effacer vers la sortie, désireux de s'échapper lui aussi même s'il aurait aimé continuer à rester au chaud à ranger la boutique.
Même gratuitement, songea-t-il étrangement tandis qu'il ouvrait la porte - déclenchant de nouveau le tintement. Alors avant de disparaître, il lança par-dessus son épaule.
- Et si jamais Noël c'est compliqué et vous avez b'soin d'aide appelez-moi hein ! Votre soeur saura m'trouver on s'connait !
Il referma la porte à la hâte et sa silhouette disparut derrière le rideau de fausse neige.
Message publié le 06/02/2025 à 21:24
- Ah, fit-il, la voix légèrement déçue.
Sasha s'en retourna au sac de Vifs d'Or, en resserra la fermeture pour éviter d'en perdre un autre. Il s'accroupit pour observer ce qu'il y avait au bas de l'étagère, pour y trouver des affiches enroulées sur elle-même. Probablement les versions miniatures de celles qui étaient exposées à côté du comptoir, dont les protagonistes baillaient en attendant d'avoir un public digne de ce nom avant d'enfourcher leur balai et faire leur numéro impressionnant.
- Heu, ouais, ouais.
Chez toi. Bon, elle avait donc deviné. Il ne servait à rien de se cacher. Et chez lui, il s'était intéressé au Quidditch, en effet. Comme tous les gamins sorciers, probablement. Mais alors qu'accroupi, il s'intéressait à la grosse malle remplie de morceaux de cuir - une étiquette indiquait : Enchanté pour une meilleure prise du manche. Prix et fixation sur votre balai à déterminer en fonction de la taille et du modèle - il jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule pour observer la gérante.
- Hum... Carter comme vous ? demanda-t-il d'une petite voix.
L'envie de donner une image de valeur à la jeune femme se disputait à la nécessité d'être honnête. Sa mère n'aimait pas qu'il mentît, et il ne savait pas pourquoi il pensait à elle subitement. Peut-être parce que Freya avait cette autorité naturelle malgré sa gentillesse, qui lui rappelait un peu les manières de sa propre famille.
Alors il finit par secouer le nez de gauche à droite.
- Désolé. Mais je me renseignerai. Chez moi la star, c'est Yuriy Zaitsev. Vous connaissez ? On l'appelle la... Tornade, en anglais je crois. Il joue dans l'équipe nationale bulgare, mais c'est un ukrainien à l'origine !
Il n'avait pas pu s'empêcher de préciser. Il fallait dire que les joueurs de Quidditch ukrainiens célèbres à l'international étaient aussi rares que des hyppogriffes roses, et l'équipe nationale de son pays faisait figure d'amateurs maladroits lors des rencontres internationales. Sasha baissa la tête sur la grosse malle aux morceaux de cuir. Il se mit à essayer de les regrouper en fonction des tailles et des motifs, mais il y en avait beaucoup et il fronça les sourcils. L'instant suivant, cependant, son visage s'éclaira.
- Vous l'avez sûrement déjà vu, c'est celui qui se met des flammes vertes sur la tête à chaque fois qu'il attrape un Vif d'Or !
Le monde du Quidditch était aussi un monde de spectacle. Sasha se souvenait des soirées à commenter les résultats de la gazette sportive à laquelle était abonné son voisin sorcier du village, Bohdan, sur lesquelles de grandes images représentaient les joueurs en pleine action. Ils lisaient à voix haute des paragraphes entiers des descriptions, en particulier quand Yuriy mettait fin à un match de façon toujours spectaculaire. Alors Bohdan montait sur son lit en imitant l'action, clamant qu'il serait lui aussi un jour un joueur professionnel, et Sasha riait aux éclats parce que Bohdan avait le vertige dès qu'ils montaient pour marcher en funambule sur les barrières avec lesquelles les moldus enfermaient leurs vaches.
- J'connais pas trop mal les équipes roumaines, polonaises et turques. Mais j'ai quand même quelques notions des autres équipes avec le dernier championnat du monde il y a deux ans.
Ca, c'était quand il était dans son tout premier camp sur le terrain des Veilleurs de l'Aube, avec d'autres jeunes comme lui, qui ne trouvaient pas le sommeil une fois tassés dans leurs tentes savamment masquées dans le paysage. Jusque tard dans la nuit, laissés seuls avec les perspectives terrifiantes du lendemain, ils s'occupaient en discutant à bâtons rompus des résultats des matchs. Finalement, deux de ses camarades de fortune avaient fini par se fâcher au sujet de ce qu'il fallait ou non soutenir la Lettonie plutôt que l'Irlande, et le sujet du Quidditch avait été évité pour les jours suivants.
Finalement, c'était peut-être dommage que les matchs de Poudlard fussent annulés cette année ; peut-être que cela lui aurait mis du baume au coeur. Ou pas. Il haussa les épaules comme pour lui-même, et continua à organiser les cuirs pour occuper ses mains un peu fébriles.
- Ils viennent à quelle heure, vos employés ?
Sasha jeta un coup d'oeil vers la porte, vaguement inquiet soudain de voir débarquer d'autres élèves de Poudlard qui travailleraient déjà ici. Peut-être que bien d'autres élèves plus mordus de Quidditch que lui s'étaient présentés des semaines plus tôt. C'était clair qu'ils étaleraient alors leur science et qu'on verrait que lui n'avait qu'une connaissance superficielle. Et si c'était pour vivre ici les mêmes regards qu'il avait à Poudlard...
Il baissa les yeux vers le travail qu'on ne lui avait pas donné, silencieux subitement.
Message publié le 06/02/2025 à 14:53
Sasha avait suivi des yeux les déplacements et les gestes machinaux de la jeune femme. Les décorations lumineuses et les animations des objets donnaient à l’endroit une joyeuseté qui créait un cocon dans lequel il pivota, faisant vaguement vaquer son regard le nez en l’air vers les minuscules balais qui parcouraient le plafond comme autant d’étoiles filantes. Bientôt, il baissa les yeux pour regarder de nouveau la gérante tandis que son visage se décomposait.
Les parents ou le directeur de maison.
- J’peux demander une autorisation à mon directeur de maison !
Que le directeur de maison en question acceptât relevait d’une autre incertitude, mais il pouvait toujours demander. Il s’humecta les lèvres, fit disparaître ses mains dans ses poches en passant d’un pied sur l’autre.
- Heu, ouais, j’suis nouveau. Depuis septembre.
Sasha ne savait pas s’il devait développer. Le fait de ne pas avoir déjà reçu une réponse négative était plutôt encourageant, mais la jolie rousse avait visiblement d’autres préoccupations en tête. Machinalement, l’ukrainien se remit à observer autour de lui. Il se dévissa le cou pour jeter un œil vers l’arrière-boutique silencieuse. Était-elle seule ici ? Ça ne pouvait être la mère d’Alison, elle était beaucoup trop jeune. (Et jolie, l’a-t-on déjà dit ?) Donc c’était une sœur, ou une tante. Il ne parvenait pas vraiment à lui donner un âge. Peut-être suffisamment jeune pour qu’elle se fût effectivement attendue à l’avoir déjà croisé dans les murs du château…. Donc qu’elle avait au moins 17 ans quand il en aurait eu 11. Elle devait donc avoir à peine plus de 20 ans. Sasha prit une inspiration, puis il alla lui aussi vers une étagère, choisie un peu au hasard. Des figurines animées s’étaient entassées dans un coin à force de mouvements enchantés répétés et il les réaligna pour rendre l’exposition plus agréable à l’œil.
- Heu… ça doit être chargé avec Noël.
Ben oui, dourak, se morigéna-t-il, mais il n’avait rien trouvé de mieux à dire. Un faux vif d’or s’éleva d’un sac voisin et il l’attrapa en un réflexe soudain pour le replonger dans son sac d’appartenance. Quelle idée de vendre autant de choses enchantées. Est-ce qu’elle n’en perdait pas la moitié à chaque fois que quelqu’un ouvrait la porte ?
- Il y a des voleurs ? Je peux surveiller, aussi. Vous êtes toute seule ?
Il se retourna vers la gérante et sentit ses joues s’empourprer de nouveau, et il se hâta de désigner d'un geste du menton la boutique qui les entourait.
- J’veux dire, pour gérer tout ça, quoi.