Harry Potter RPG

Liste des messages de Sasha Shevchen

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Et demain ?

Message publié le 21/07/2025 à 18:07

Sasha avait levé le poignet à hauteur de ses yeux pour l'admirer avec une satisfaction certaine : il trouvait que le bijou décontracté donnait à son bras une allure d'un garçon branché sortant d'un festival de musique avec un souvenir, comme ces jeunes perçus comme cools à Poudlard car ils arboraient les couleurs de la Jamaïque - des idéalistes aux yeux de Sasha, certes, mais auquel il ressemblait un tout petit peu plus grâce à Charlie, et en même temps il conservait ce lien avec ses propres combats. Un sourire aux lèvres pincés lui creusa un bref instant des fossettes que l'on voyait rarement.

 

- T'es l'anglaise avec le plus grand coeur, Charlie, confia-t-il. Et ta soeur la deuxième avec le plus grand coeur d'Angleterre.

 

Il parlait de Freya, évidemment. Peut-être en troisième position viendraient Fenella avec ses parents. Sasha sentait son coeur bondir dans sa poitrine de quelque chose de nouveau, qui le remplissait d'une manière rarement vécue. Il suivit du regard les mouvements de la jeune fille en laissant son bras retomber sur ses genoux, puis il se pencha pour refaire le plein de munitions rondes et juteuses à son tour - bon prétexte pour détourner le regard et masquer ce qu'il en pensait, d'Owen et ses consignes brèves passées à ses filles par écrit, et qui laissait Freya tout gérer même quand il était là.

Pour une fois qu'il était sur la même longueur d'onde avec Alison.

Il prit le temps de déguster une mûre avec lenteur, histoire de choisir ses mots. Il haussa les épaules, baissant les yeux sur le creux de sa main, où les baies étaient sagement entassées, tâchant sa paume et ses doigts, délivrant leur odeur doucereuse.

 

- Tu sais, à chaque fois que mon père promettait quelque chose, ma mère disait toujours : mieux vaut un chaudron fumant que les promesses d'un sorcier !

 

Il la visualisait parfaitement : les poings sur les hanches devant son chaudron, spatule dans une main baguette dans une autre (il n'était pas rare que lorsqu'elle rouspétait, elle tournât le ragoût avec sa baguette et tentât un sortilège avec sa spatule tout en vociférant), son visage rond trahissant une espèce d'agacement, au fond bienveillant, envers son époux.

 

- Comme ça, Kalina et moi on n'était jamais déçus, parce qu'on savait que l'important c'était d'être contents de ce qu'on avait déjà, et que tout ce qu'on pouvait nous promettre par ailleurs, c'étaient que des hypothèses auxquelles il valait mieux pas trop penser... mais je sais, c'est pas si simple que ça, ajouta-t-il d'une voix éteinte.

 

Sasha fit tourner une mûre entre son index et son pouce. L'animation se poursuivait dans la boutique, et le garçon se remémorait parfaitement le fils du brasseur, finalement. Un type plus vieux que lui. Assez séducteur dans le genre. Sûrement qu'il tenterait sa chance avec Alison s'il en avait l'occasion ; mais sûrement qu'elle était trop jeune pour oser sortir avec lui. Sûrement qu'elle flirterait volontiers néanmoins.

Sasha prit une mine faussement offensée.

 

- Je lui cours pas après, d'abord, ronchonna-t-il, veillant à ne pas parler trop fort, malgré sa voix grave qui couvait facilement comme un grondement au fond du brouhaha. Simplement, j'aime pas perdre, et j'ai pas encore abattu toutes mes cartes, voilà tout.

 

Enigmatique, Sasha fit sauter la mûre vers le plafond avant de lever la tête : le fruit retomba dans sa bouche.

 

- Mmh, reprit-il en la dégustant. Je l'ai invitée à dîner avant la fin de l'année scolaire, mais elle m'a pas encore dit oui. Elle a l'air de préférer traîner avec des crâneurs qui pensent qu'à son c-

 

Sasha s'étouffa avec la mûre suivante. Il toussota.

 

- Hem, qui pensent qu'à des choses sales, je veux dire, corrigea-t-il, l'air sombre. Et moi ça m'énerve qu'elle tombe entre ces mains-là.

 

Oh oui, bien sûr, chevalier servant, c'est uniquement pour la tirer des griffes des méchants que toi tu l'invites à dîner, lui souffla une petite voix intérieure, sarcastique, qu'il fit taire en lançant la mûre suivante - le fruit monta en cloche et retomba droit dans son gosier.

 

- A toi, il dit, et il lança une mûre vers le plafond, qui retomberait bientôt sur le crâne de Charlie.


Et demain ?

Message publié le 19/07/2025 à 20:47

Sasha parut pris de cours par la question de Freya, mais il acquiesça bientôt d'un mouvement de tête pudique en la fixant d'un regard franc : oui, il repartirait en août.


A aucun moment il ne s'était attendu, en réalité, à ce que Freya fusse déjà au courant. De son côté, il vivait des instants avec chacune des soeurs dans des espaces-temps séparés qui lui donnaient l'impression de relations uniques ; tout se passait comme s'il oubliait, tout simplement, que les soeurs se parlaient entre elles et l'idée même qu'elles pussent parler de lui le laissait relativement pantois.

 

  • - Merci - désolé, balbutia-t-il, loin de se détendre malgré le poids qu'il sentait subitement quitter sa poitrine en entendant que Freya le soutenait dans sa démarche. C'est une super idée, pour la chambre à la ferme.

 

La suite fut interrompue par l'arrivée subite d'une Charlie enthousiaste - et Sasha resta un bref instant interdit, jetant un coup d'oeil à Freya qui passait déjà à autre chose : que voulait-elle dire ? Qu'il devait le lui dire pour la préparer, ou ne devait rien dire pour la préserver ? Trop tard.

 

  • - Sa... lut-Charlie, l'accueillit-il, et il profita de la conversation entre les deux soeurs pour replier sa lettre à la hâte, même si la Serdaigle l'avait bien sûr déjà vue. Naaan, protesta-t-il en la faisant disparaître dans sa poche. C'est un truc d'administration que je dois écrire pour continuer à travailler un peu cet été. Au cas où tu croyais pouvoir te débarrasser de moi bientôt !

 

Il donna un léger coup de coude à la gamine tandis qu'elle grimpait sur l'accoudoir, pour marquer sa taquinerie tant que, en réalité, son plaisir de la voir. En attendant, Alison était dehors (avec un autre garçon, bien sûr), et si son coeur lui avait semblé manquer un battement de sa poitrine, il retint sa curiosité envers la cadette pour se concentrer sur le cadeau de Charlie.

 

  • - Oooh, c'est... C'est vraiment gentil Charlie, merci beaucoup.

 

Il essaya de l'attacher autour de son poignet, profitant de pouvoir baisser la tête pour masquer qu'il était un peu ému que la petite fille s'intéressât toujours, même très discrètement, au sort de son peuple. Elle semblait être la seule pour qui cette guerre lointaine comptait, et malgré la culpabilité qu'il en tirait d'attirer une petite fille sur des sujets si violents et complexes, il trouvait aussi dans cet intérêt de Charlie un certain réconfort. Comme un secret qu'il ne partageait plus qu'avec elle, depuis qu'il avait décidé d'essayer d'être un élève normal à Poudlard. 

Le silence se prolongea, un peu étrange, tandis qu'il se concentrait sur les deux fils - comme s'il avait oublié qu'il aurait suffi d'un coup de baguette pour les nouer.

 

  • - Faut qu'tu m'aides à le mettre, j'suis pas doué avec mes gros doigts d'une seule main, maugréa-t-il avant de lever le poignet pour que Charlie pût lui attacher le bracelet.

 

Derrière eux, au-delà du rideau, des éclats de voix joyeux trahissaient l'enthousiasme d'une discussion entre Fenella et une paire de clients, tandis que Freya accueillait quelqu'un d'autre. Sasha jeta un coup d'oeil en direction du rideau, mais décida que la boutique n'avait pas urgemment besoin de lui à cet instant. Son attention retourna à la petite fille - qui changeait vite, malgré tout, en une jeune femme. Bientôt, elle rattraperait Alison en taille et en formes, peut-être un peu au regret du garçon.

 

  • - Pourquoi t'attends des nouvelles de ton père soudain, il s'est passé un truc ? demanda-t-il à voix basse - non sans tendre la main vers les baies et les biscuits, l'appétit ouvert par le regain soudain d'espoir que lui procurait l'assurance de Freya d'agir en sa faveur.

 

Même les fruits avaient un goût plus sucré et doux que d'ordinaire. Par réflexe, il leva les yeux vers la pendule - Owen Carter était effectivement en déplacement. Est-ce que ce n'était pas le cas depuis longtemps ? Il avait un doute, son souvenir de la première fois qu'il avait observé l'horloge était flou, et il fronça les sourcils.

 

  • - S'il revient, c'est lui qui reprend la boutique, tu crois ?

 

On entendit la clochette de la porte d'entrée. Un client qui venait de sortir ou bien quelqu'un entrait ? Sasha plissa les yeux, se pencha vaguement vers l'épaule de Charlie.

 

  • - Dis-moi qu'il est moche et bête comme un chaudron le fils du brasseur s't'euh plaît, plaisanta-t-il à voix très basse, la voix faussement sombre.


Esprits clairs, gestes sûrs [Cours SACM]

Message publié le 14/07/2025 à 16:04

Sasha fut forcé de battre en retraite avec Spike, pour sortir de l'enclos avec un gros soupir. Il lança un regard vers le professeur, afin de voir si celui-ci leur viendrait en aide - mais les autres groupes s'agitaient avec des résultats qui n'avaient pas non plus l'air fantastiques, alors il supposa que c'était tout le but de l'exercice : leur apprendre une certaine patience envers des créatures qui n'avaient ni envie d'être enfermées dans des enclos, ni manipulées pour faire ce que l'on attendrait d'elles.

 

- On n'est pas sortis du chaudron, maugréa Sasha à voix basse à destination de son partenaire, qui au moins semblait partager sa lassitude.

 

Ils attendirent quelques instants que l'hippogriffe se calmât. La créature reprit en effet une posture plus neutre une fois qu'elle fut de nouveau seule, et au bout d'un moment se mit même à leur tourner le dos, ou plutôt le fessier, façon fort peu polie, certes, de leur faire savoir sa propension à se plier à l'exercice.

Sasha attendit quelques instants avant de poser une main sur la clôture, tout en la longeant avec lenteur. L'objectif était de se rapprocher de l'animal tout en restant à l'extérieur. L'hippogriffe tourna un peu plus sur lui-même, s'obstinant à présenter son arrière-train orné d'une queue à la fourrure blanche.

 

- Ca va, grommela le Gryffondor, on a compris le message. Si tu nous laisses juste te toucher, on te laisse tranquille après, on essaiera pas une chevauchée, ok ?

 

L'hippogriffe resta immobile, ne donnant aucune indication de sa compréhension hypothétique du message. Sasha finit par se retirer, et revint à l'entrée de l'enclos. Avec un geste lent, il l'ouvrit pour mettre un pied à l'intérieur. Il referma derrière lui, pour ne plus bouger, respectant la décision de l'hippogriffe.

 

 

 

 

[1-5] : L'hippogriffe fait volte-face et charge ! Sasha se jette par-dessus la barrière et atterrit de l'autre côté en s'écrasant pitoyablement par terre.
[6-10] : L'hippogriffe se met à donner quelque coup de sabot au sol, mais Sasha ne ressort pas de l'enclos, cette fois, même si c'est inquiétant.
[11-15] : L'hippogriffe ne daigne pas se retourner. Il se contente de jeter un coup d'oeil de biais, vers Sasha, ne l'autorisant guère formellement à s'approcher. Sasha reste immobile.
[16-20] : L'hippogriffe se retourne et reste calme. Finalement, peut-être qu'il suffisait de lui expliquer...


Et demain ?

Message publié le 14/07/2025 à 15:44

Depuis le dîner chez les Carter, Sasha avait soigneusement évité d'aborder les sujets liés à son passé et à ses origines lorsqu'il était à la boutique. En réalité, même en dehors d'OCQ, il avait évité d'évoquer le conflit et son pays avec quiconque, quand il l'avait pu, même s'il continuait à se faire livrer l'un des quotidiens dans sa langue qui lui permettait d'en avoir des nouvelles.

D'ailleurs, Fenella n'avait pas cherché à lui en reparler non plus et il lui en était reconnaissant : dans sa jovialité naturelle, elle évoquait plutôt ce qui se passait ici ; faisait remarquer les nouveautés de la Grand Rue, posait des questions sur les activités de Sasha à Poudlard, et bien sûr commentait l'actualité du Quidditch avec un humour qui faisait oublier au Gryffondor qu'il n'était que de passage. Bien qu'il restât réservé, Sasha avait peu à peu appris à partager avec elle des discussions au déjeuner quand Freya était absente, à commenter les dernières cartes à collectionner à l'effigie des joueurs célèbres, et se chamaillait même gentiment avec la jeune femme sur les équipes à soutenir pour la saison prochaine. Enfin, même en l'absence de Freya, ils arrivaient à se coordonner pour que la boutique fonctionnât correctement, et cela était principalement dû au leadership de Fenella, qui avait vite compris que Sasha avait des défauts, mais qu'il était bon à une chose : obéir aux ordres.

 

Début mai arrivait avec son lot d'éclaircies ensoleillées entrecoupées d'averses printannières, qui réveillaient les fleurs au bord du chemin qu'empruntait Sasha pour venir de Poudlard, les mains dans les poches, les yeux se promenant sur les poignées de coquelicots qui ouvraient leurs pétales carmines encore timides, annonciateurs d'une nouvelle saison - une dernière en Ecosse.

Sasha, lui, ne changeait pas beaucoup ; il avait simplement retiré ses pulls pour rester dans les chemises qu'on lui avait remises à son arrivée à Poudlard, veillant à ne pas en retrousser les manches. Fenella avait eu le tact d'éviter de poser des questions au sujet des cicatrices sur ses mains, mais il ne voulait pas rendre trop visibles ses avant-bras au risque de déclencher les regards des clients. Mais dès qu'il arrivait, de toutes les façons, chacun était pris dans le tourbillon des activités de la boutique qui ne désemplissait plus et il s'absorbait facilement dans le travail de réassort, de rangement, d'indications à donner aux clients.

 

Ce jour-là pourtant, il avait été moins détendu que d'habitude. Sasha avait trouvé le courage de demander à Freya, en arrivant, une discussion en tête à tête - Fenella avait entendu la requête, mais s'était contentée d'un regard vers lui suivi d'un clin d'oeil encourageant, faisant mine l'instant suivant de n'avoir pas même entendu la brève conversation. En réalité, elle était déjà au courant du projet du garçon, et n'y était peut-être pas pour rien dans la démarche de celui-ci de vouloir s'adresser directement à Freya au cours d'un entretien.

 

Quand l'heure fut venue d'avoir ce moment de discussion, Sasha s'essuya machinalement les mains sur son jean pour suivre Freya dans le petit coin confortable qu'elle avait aménagé dans l'arrière-boutique - précisément où elle l'avait soigné, quelques mois plus tôt, quand il s'était montré avec des entailles disgracieuses au visage. Mais depuis, il n'était pas reparu avec de quelconques traces de bagarre.

Sasha s'installa où la jeune femme lui indiqua, évitant son regard - il avait beau avoir pris l'habitude de travailler avec elle, il lui semblait toujours que les yeux de Freya avait quelque chose d'intimidant, peut-être surtout depuis qu'ils avaient eu cette conversation après le dîner. Du thé émanait une odeur chaude et douce, mais pour une fois, Sasha ne se jeta pas sur la nourriture.

 

  • - Heu, oui, alors... C'est parce que...

 

Sasha cherchait ses mots autant que quelque chose dans ses poches avec des gestes maladroits. Il finit par en extirper un petit morceau de parchemin plusieurs fois plié sur lui-même, qu'il commença à ouvrir entre ses doigts un peu tremblants. Il se doutait que Freya se rendrait compte de sa fébrilité, mais tant pis. Qui ne tentait rien n'avait rien. Il prit une inspiration.

 

  • - Voilà, c'est parce que je prépare une lettre pour le Ministère. Mais c'est un brouillon, précisa-t-il rapidement en se rendant compte de l'allure froissée et tâchée du parchemin en question, qui avait visiblement été raturé plusieurs fois, plié et déplié, trimballé depuis un moment dans les poches du garçon. Fen' a dit qu'elle m'aiderait à la corriger.

 

Sasha s'humecta les lèvres en contemplant l'écriture en pattes de mouche qui couvrait le papier. Il la gardait entre ses mains, comme une preuve plus que pour la faire lire à Freya, avant d'oser affronter, donc, ce regard déterminé encadré de tâches de rousseur. Celui sur lequel reposait toute la famille Carter. Et peut-être un peu lui aussi, désormais.

 

  • - Je vais demander une autorisation spéciale, d'avancer ma majorité, ou au moins d'avoir un droit d'agir comme si j'étais majeur, le temps que j'aie vraiment dix-sept ans mi-août.

 

Trois mois et il serait, en quelque sorte, libre de faire ses propres choix. Une partie de ce temps serait couverte par sa scolarité à Poudlard. L'autre moitié de ce temps était ce qui posait réellement problème. Le cliquetis de l'horloge marqua un rythme qui sembla comme un compte à rebours, et rappela à Sasha qu'il faudrait peut-être donner plus d'explications que cela.

 

  • - Je veux dire, je vais demander à pouvoir rester à Pré-au-Lard ou pas loin. Je sais que le château ferme, et si je ne fais pas cette démarche, bon, hum...

 

Sasha se passa une main sur la mâchoire. Avec les rasages répétés, quand bien même magiques, elle était devenue un peu râpeuse, comme si le corps du garçon s'était précipité pour devenir celui d'un homme avant qu'il fut tout à fait prêt - en témoignait des attitudes et des regards plus juvéniles.

 

  • - Bon, ils nous ont pas encore dit où on allait aller fin juin. Quand je dis nous, je veux dire les réfugiés.

 

Le mot avait l'air de lui cisailler les lèvres, mais c'était celui qui était employé par le personnel de Poudlard, la Gazette des Sorciers et souvent l'administration du Ministère, qui préférait parfois employer le terme "déplacés", ce qui ne lui semblait pas beaucoup mieux.

 

  • - Mais sûrement qu'on va nous mettre dans un bus ou un train pour nous stocker quelque part. Tous ensemble, tout l'été. En attendant la rentrée prochaine.

 

Sasha eut une drôle de mimique, rentrant la tête dans les épaules, ouvrant la bouche pour la refermer sans que d'autres mots ne sortissent. Est-ce que Freya comprendrait le problème ? Il eut un bref mouvement négatif de la tête. Ce n'était pas vraiment important.

 

  • - Ce serait mieux si j'y allais pas, résuma-t-il. J'préfèrerais pas. Alors, j'ai écrit que comme je travaillais déjà un peu, et que j'étais vraiment pas loin de la majorité, j'pourrais peut-être rester dans le coin et passer mon été à travailler.

 

Sasha guettait les réactions de Freya avec une appréhension visible sur ses traits.

 

  • - J'veux dire, enchaîna-t-il un peu précipitamment, pas forcément à la boutique parce que j'sais que c'est pas prévu comme ça, j'trouverai d'autres trucs ailleurs pour la semaine, mais si quelqu'un pouvait dire aussi au Ministère que j'suis apte à travailler et que j'ai déjà un emploi, ce serait un genre de preuve que je me débrouille déjà de toute façon, tu vois ?

 

Il lui semblait que l'atmosphère était soudain lourde, chaude et humide dans la pièce que seul le rideau épais séparait de la boutique, d'une manière plus désagréable que d'ordinaire. Sasha fit courir son regard sur les grosses boîtes qui contenaient les articles qui n'avaient pas encore été mis en rayon, comme si l'une d'elles contenait un argument supplémentaire qu'il aurait pu utiliser.

 

  • - J'veux dire, je sais que j'étais pas prévu à la boutique cet été de toute façon, et peut-être que vous allez partir en vacances ou je sais pas. Même si j'y travaille plus du tout, c'est pas grave je me débrouillerai, mais si tu pouvais, heu, juste certifier par écrit que pour l'instant j'reste employé, ça aurait l'air plus sérieux, quoi.

 

Il y avait un hic et Sasha le savait très bien : Freya ne voudrait sûrement pas attirer l'attention du Ministère sur sa propre situation. Mais qui d'autre pouvait écrire quelque chose de bien à son sujet, sinon elle ?


Boys & Girls

Message publié le 14/07/2025 à 15:12

Les rayonnages représentaient finalement des couloirs confortables pour discuter sans avoir l'impression de subir un interrogatoire - sensation que Sasha avait la plupart du temps lorsqu'il acceptait la conversation avec un camarade ou un adulte. Il était plus simple de suivre Sam, même lorsqu'une fois les bras chargés, ils commencèrent à rebrousser chemin. Il opina du chef, positivement.

 

- Ouais, enfin moi non plus, mais j'ai été demander et ils m'ont pris, alors que je suis pas super calé en Quidditch non plus, il expliqua simplement, évitant de mentionner que cela s'était produit après un énième refus des autres commerçants de la Grand Rue de Pré-au-Lard. Aw...

 

Sasha haussa les sourcils, l'air franchement pas très convaincu.

 

- J'sais pas. Il coûte 59 gallions, quand même, raconta-t-il à voix basse, comme si parler d'argent n'était pas permis dans une bibliothèque. Pas le genre de somme que j'pourrai rembourser si jamais on l'abime, quoi.

 

Sasha n'avait aucune idée de la propension de Freya à prêter un tel matériel, en réalité. Il était simplement mal à l'aise à l'idée de demander une telle faveur, déjà qu'il se sentait redevable d'avoir cet emploi.

Il s'installa à son tour à la table pour ouvrir le premier livre pour le feuilleter - avec ses mains, de son côté. Mais l'écriture dans L'Éclipse sur vos maléfices lui semblait alambiquée et floue. Il revint au sommaire, chercha un titre qui lui semblait correspondre avec la thématique de son devoir, distrait d'une oreille par les propos de Sam. Il redressa le nez pour approuver d'un mouvement de tête franc.

 

- Freya est super. Elle gère tout de A à Z, elle connaît tout par coeur, c'est super impressionnant, raconta-t-il. Et elle est patiente avec les gens, même quand les enfants font beaucoup de bruit et touchent à tout.

 

Sasha jeta un coup d'oeil autour d'eux, comme s'il avait pu craindre qu'on les entendît, avant de se pencher un peu plus, pour poursuivre à voix basse.

 

- Et en fait, elle est vachement jeune, précisa-t-il, parce que la mention de "Madame Carter" par Sam l'avait interpelé. Elle est...

 

Il hésita, s'humecta les lèvres, baissa les yeux en espérant ne pas rougir.

 

- 'Fin, elle m'impressionne, quoi.

 

Sasha tâcha de se concentrer de nouveau sur le sommaire. Son index s'arrêta sur le Chapitre II : Corrélations Entre Phases Lunaires et Efficacité Magique, et il fit avancer les pages devant lui pour rejoindre la page 34. Mais encore une fois, il lui était difficile de se concentrer pour lire. Il regarda de nouveau Sam, qui avait l'air d'avancer légèrement sur son plan contre les farfadets.

 

- J'peux peut-être demander à emprunter autre chose, si tu veux. Quelque chose de moins coûteux, pour une après-midi, tenta-t-il, ses pensées ramenées vers le Cognard qu'il n'oserait pas demander, un vague battement de coeur tambourinant dans sa poitrine. Ou bien si tu viens un samedi, peut-être tu peux demander à tester dans le champ d'à côté, et je me porte garant qu'on le ramène, et on voit ce qu'elle en dit.


L'art de disparaitre

Message publié le 14/07/2025 à 14:39

- Ah, poule mouillée, c'est peut-être une expression que de chez moi, reprit-il, sans avoir conscience qu'il s'agissait surtout d'une expression de moldus. Ca veut dire, hum, froussard, quoi.

 

Et s'il y avait bien un crime qu'un Shevchen ne commettait pas, c'était de celui de céder à la peur, avait-il plus ou moins décidé avec lui-même.

Sasha remit ses coudes sur ses genoux, et à la mention de Ferguson Decker, il renfonça son menton entre ses mains, l'air morne.

 

- J'me souviens même pas c'que j'ai fait pour la Saint-Valentin, grommela-t-il, comme si ça n'avait pas beaucoup d'importance, mais il visualisa vaguement le Poufsouffle tourner autour d'Alison comme un vautour au bec dégoulinant de bave, et l'image lui fit retrousser le nez.

 

Evidemment, Alison n'avait pas donné une franche acceptation à l'invitation au dîner, comme elle avait balayé sa proposition de danser. Il contempla les troncs devant lui, grands et durs comme les barreaux d'une prison. Si elle ne donnait pas de franc accord, elle ne donnait pas non plus un refus. Il prendrait ce qu'on voudrait bien lui donner avant de partir, décida-t-il, parce qu'il ne fallait rien regretter.

La question suivante de la cadette Carter lui fit baisser les yeux un bref instant, comme pour capter, dans son champ de vision, les genoux clairs d'Alison. Il s'humecta les lèvres, le temps de trouver les mots.

 

- Je serai majeur le 11 août prochain.

 

Ca ne voulait pas dire grand chose pour les élèves d'ici, à part le permis de transplaner et quelques autres avantages logistiques dont il bénéficierait lui aussi. Sasha prit une inspiration, mais préféra ne pas changer de position, comme on aurait voulu éviter de faire peur à un petit animal qui se serait, pour une fois, approché.

 

- Je retournerai là-bas, où je suis utile.

 

Où il avait véritablement sa place. Il ne valait pas vraiment la peine d'expliquer à Alison comment il se rendrait utile, elle en tirerait les conclusions qu'elle voudrait : dégoûtantes si c'était ainsi qu'elle voyait sa réalité, nobles si elle voulait bien voir autre chose que l'univers polissé de Poudlard.

Sasha resta un moment silencieux, conscient que la discussion n'irait probablement pas davantage en sa faveur s'ils poursuivaient dans cette direction.

 

Il finit par tourner la tête de nouveau, pour rencontrer le regard de la jeune fille. Elle avait réarrangé sa frange, et bizarrement, l'expression de son visage lui fit penser à Kate dans l'album photo, surtout quand elle ne souriait pas parce qu'elle était préoccupée par autre chose, par exemple retenir Charlie qui essayait de se mettre debout sur un sentier écossais. Sasha eut un sourire triste en détournant le regard.

 

- Bon, ben t'y réfléchiras, pour le dîner, conclut-il en se levant finalement. A moins qu'tu préfères attendre que Ryder ou Decker vienne chanter sous ton balcon, mais tu risques d'avoir des mauvaises surprises, railla-t-il en enfonçant ses mains dans ses poches.


Templum Maledictum

Message publié le 14/07/2025 à 13:50

Sasha s'était senti moins raide, et un poids avait quitté sa poitrine. Monsieur Beckett parlait sa langue parce qu'il était curieux et qu'il apprenait beaucoup de choses. Sasha haussa brièvement les sourcils, plutôt admiratif. Apprendre l'anglais avait été une nécessité de son côté, pendant de longs mois passés dans un centre humanitaire où c'était la seule langue qui pouvait vraiment être utilisée. Puis au château, où ses propres pensées peu à peu se muaient aussi dans la langue britannique, avec parfois cette vague culpabilité de ne plus avoir les mêmes réflexes dans son propre esprit. Il se souvenait la première fois qu'il s'était éveillé d'un rêve en anglais. Il s'était senti traître au-delà de sa propre conscience, et le souvenir lui en était encore désagréable.

 

- Hé бэи, vоцs paяlэz vяaimэиt біэи, admit-il avec un ton d'étonnement. Vоцs paяlэz бэацcоцp d'ацtrэs laиgцes ?

 

Les yeux du garçon se baissèrent sur les chocogrenouilles amenées magiquement par le bibliothécaire, et comme ce dernier se servait déjà, il en fit autant. Il ouvrit un paquet et se hâta de fourrer la petite créature faussement vivante dans sa bouche. Il posa les yeux sur la carte - un homme vêtu d'un accoutrement bouffé et coloré tenait une épée qu'il faisait reposer sur son épaule, des moustaches fines surmontant ses lèvres qui s'étirait sur un sourire enjôleur. Dans sa main, un bâton de bois se transformait en sceptre d'or, avant de revenir à sa forme initiale sans même que le sorcier utilisât la moindre baguette. Au dos de la carte, quelques explications annonçaient :

 

Aldric le Transformateur

[vers 1185-1267]

Célèbre pour son don en métamorphomagie, notamment pour avoir transformé les chaînes de fer du donjon de Glamis en vignes fleuries pour en libérer des prisonniers innocents.

"La vraie magie ne consiste pas à changer l'apparence des choses, mais leur essence même."

 

Sasha déposa la carte sur la table - il n'en faisait pas la collection, contrairement à beaucoup de ses camarades. D'une part, parce que la plupart d'entre eux possédaient des centaines de cartes avec des années de consommation, d'autre part parce qu'il n'arrivait pas vraiment à se concentrer sur un tel loisir. Il était toujours intéressant toutefois de découvrir ces personnages célèbres pour les anglais mais pas forcément pour lui. Il se disait parfois que cela pourrait lui servir en cours d'Histoire de la Magie - mais il oubliait presque aussitôt les informations lues.

 

Sasha grimaça un sourire gêné à l'attention du bibliothécaire, et il haussa les épaules.

 

- Eяя.. j'sцis pas sûя, fut sa première réaction.

 

Qu'est-ce qu'il aimait faire dans sa vie aujourd'hui ? Humer la terre fraîche le soir à la recherche d'une piste. Grimper aux arbres en plantant ses griffes dans l'écorce. Sommeiller sur une branche, un oeil sur les lumières du château.

 

Sasha soupira. Il se laissa tomber sur une chaise à proximité, le temps de réussir à réfléchir. Qu'est-ce qu'il aimait, avant ? Embêter sa petite soeur. Aller pêcher des grenouilles. Donner à manger aux veaudelunes. Il haussa une nouvelle fois les épaules, incapable de résumer ça en un passe-temps semblable à ceux des autres élèves de Poudlard.

 

- Êtяэ dэhояs, jэ sцppфse ? il finit par dire, et il récupéra l'autre carte que le bibliothécaire lui tendait, sans savoir vraiment qu'en faire.

 

C'était une énième version de Merlin l'Enchanteur. Celle-ci, même sans la collectionner, il devait déjà l'avoir quelque part dans l'un de ses sacs et il sourit d'un air contrit.

 

- Мэrci, мais jэ fais pдs la cфllectioи.

 

Sasha s'humecta les lèvres, hésita un instant, avant de se lancer, gardant malgré tout son regard fixé sur le visage de Merlin, qui lui souriait avec confiance.

 

- J'vфus ai vц vфus trдnsforмer.

 

Il en avait même entendu parler avant de le voir de ses propres yeux, un jour, dans un couloir.

 

- Эst-ce qцe vфus en pяofitэz pour allэr lфin ? Poцr explфreя ?


Esprits clairs, gestes sûrs [Cours SACM]

Message publié le 08/07/2025 à 16:01

Sasha était ressorti de l'enclos avec un soupir, tâchant de ne pas répondre aux commentaires de Spike. L'hippogriffe se tenait de toute sa hauteur, et visiblement la personnalité de la créature n'était pas des plus faciles : monsieur Bowers leur avait choisi une créature qui représentait un défi réel. Sans un mot, avec un regard sombre, Sasha récupéra la fiche, sans savoir vraiment quoi griffonner dessus. Alors il inscrivit leurs noms, et le sujet de l'exercice, en s'appuyant sur la barrière le temps que Spike démontra ses talents pour amadouer la créature.

 

Comme lui, il s'inclina, mais à l'extérieur : le résultat fut moins mauvais que son approche. Au moins l'hippogriffe ne les attaquait pas, mais Sasha avait l'impression que c'était seulement parce qu'il était resté à l'extérieur qu'il tolérait la présence des deux garçons.

Un coup d'oeil du Gryffondor alentours lui apprit qu'Ambrose et Sam ne s'en sortaient pas beaucoup mieux avec le chaporouge, et Sasha soupira. Il eut un regard vers Spike, et décréta à contre-coeur :

 

- J'crois qu'il faut qu'on s'incline tous les deux, sinon ça lui conviendra pas.

 

Après tout, à la place de l'hippogriffe, il n'aurait pas du tout apprécié être enfermé dans un enclos face à un duo dont l'un prenait des notes, clairement. Sasha posa donc la feuille et le stylo par terre, à l'extérieur de l'enclos, pour pouvoir donner toute son attention à l'animal.

 

- T'es prêt ? demanda-t-il à Spike.

 

Et sans l'attendre guère plus longtemps il s'inclina respectueusement.

 

 

 

 

1-5 : L'hippogriffe donne plusieurs coups de sabot dans le sol. Décidément, il n'aime pas le Gryffondor !

6-10 : L'hippogriffe reste immobile, toujours sans réagir, l'air méfiant. Sasha soupire, ne sachant pas quoi faire de plus pour le moment.

11-15 : L'hippogriffe met un temps avant de décider d'incliner légèrement la tête, mais très prudent. Sasha décide d'entrouvrir lentement l'enclos pour leur permettre de s'approcher en duo.

16-20 : L'hippogriffe rend enfin une révérence respectueuse aux garçons qui, soulagés, s'avancent ensemble dans l'enclos.


Les Epreuves des Courageux

Message publié le 06/07/2025 à 15:52

Sasha avait un sourire en coin en rangeant sa baguette.

 

- Ouais, ouais, bien sûr, on a géré...

 

Il n'en voulait pas au gosse. Il était plutôt satisfait de constater que son idée avait fonctionné. Les épreuves légères demandées par les aînés des Gryffondor étaient un peu faciles pour lui, mais représentait un défi suffisant pour retrouver cette espèce d'excitation qu'il avait quand lui-même avait onze ou douze ans et qu'il fallait relever des challenges - certes beaucoup moins bien faits que ceux auxquels avaient droit ici les Gryffondors. Bref, il avait vaguement l'impression de redevenir un gamin.

Sasha haussa les épaules.

 

- Nan, pas vraiment, il confirma, avant de se diriger vers la sortie, sans autre explication, le poussant gentiment par l'épaule. Allez, viens.

 

 

 

 

 

Trouver l'épreuve suivante n'eût rien de très compliqué. Au-delà de la porte qu'ils franchirent, une enveloppe à leur nom reposait sur un petit meuble, dans laquelle une petite phrase les félicitait. Au dos, il y avait un plan du château avec des flèches, et ils n'eurent aucun mal à s'orienter. Sur leur chemin, ils croisèrent d'autres Gryffondor, dont un duo de filles qui tremblaient comme des feuilles mortes - elle venait de sortir de l'épreuve de l'Obscurité et se dirigeaient vers celle des Insectes, effarées de n'avoir encore réussi qu'une seule épreuve sur quatre.

Quant à Charli et Sasha, ils durent dévaler des escaliers jusqu'aux cachots, pour finalement pousser la lourde porte de l'un d'entre eux...

 

De l'autre côté, une piscine. Sasha cligna des yeux.

 

- C'est nouveau, ça, nan ?

 

Il n'avait en effet jamais eu connaissance d'un tel bassin dans les cachots malgré ses promenades récentes pour découvrir les lieux. Mais peut-être cette porte était-elle habituellement fermée ? Ou bien était-ce encore une installation propre aux épreuves des Gryffondor ?

La porte du cachot se referma derrière eux. L'eau n'était pas bleu claire comme celle d'une piscine municipale, mais d'un vert sombre qui faisait qu'on voyait à peine le fond de l'eau. Le bassin emplissait toute la pièce, et des clapotis humides retentissaient contre la voûte au-dessus de leur tête. Sasha grimaça.

 

- Bon, heu... S'il faut aller chercher une clé au fond de l'eau, je te préviens, cette fois c'est toi qui t'y colle, grommela-t-il, peu désireux d'avoir à se déshabiller pour se glisser dans l'eau froide.

 

Il avait espéré que l'épreuve des Eaux Profondes les conduisissent à l'extérieur, pour une épreuve dans le lac, mais maintenant qu'il y réfléchissait, il était vrai que c'était probablement trop dangereux de laisser les élèves sans surveillance aux abords du lac. Sasha mit les poings sur les hanches. Il ne semblait pas y avoir d'autres issues à cette pièce, à moins que...

 

- J'arrive pas à voir le fond. Il y a sûrement quelque chose à récupérer au fond. Tu sais nager, dis ?


L'art de disparaitre

Message publié le 04/07/2025 à 19:49

Sasha avait froncé les sourcils, jet un regard d'incompréhension à la jeune fille. Il émit un sifflement agacé, malgré lui.

 

  • - Stupide ? Pff. Aucune Carter n'est stupide, décréta-t-il, comme aucun Shevchen n'est une poule mouillée.

 

Il fallait dire que l'intelligence n'était pas le fort de sa famille. Quoique Kalina se débrouillait probablement mieux dans les additions et les soustractions que ses parents et lui.

Sasha logea ses poings sous son menton, pour se mettre à contempler devant lui les rangées d'arbres qui noircissaint la vue jusqu'à devenir la forêt interdite. De jour, elle n'était pas si effrayante que cela. Au contraire même, de petits sentiers se distinguaient entre les troncs, probablement tracés par les nombreux animaux qui y circulaient la nuit. Est-ce que monsieur Beckett s'y aventurait ? Est-ce qu'il risquait de l'y rencontrer. Est-ce que ce serait un problème ?

 

  • - Je sais, je l'ai déjà vu. Des fois, il se transforme dans la bibliothèque devant tout le monde.

 

Lui ne se cachait pas. N'en avait pas besoin. Sa forme d'aigle était pourtant impressionnante, mais tout le monde connaissait la bonté de l'homme, qui n'aurait pas touché un cheveu d'un élève. Il n'en était pas de même pour les préjugés qu'on pouvait avoir sur Sasha même sous sa forme humaine. Alors, de là à imaginer qu'il pourrait faire ça un jour... Le garçon haussa les épaules, coula un nouveau regard en coin vers la jeune fille.

 

  • - C't'une question piège, ça, grommela-t-il. Il danse vachement bien, et au moins j'ai pas peur de lui écraser les orteils si je me trompe, mais j'préfère l'odeur de ton shampooing que celui de son après-rasage, si tu veux tout savoir.

 

Sasha haussa les épaules, un peu boudeur. La Saint-Valentin. Noël. Halloween. Le temps était passé si vite. Il avait l'impression de l'avoir gaspillé à courir ventre à terre, toutes griffes dehors, après des gens et des situations qui ne voulaient pas de lui, qui avaient peur de ses crocs et de ses rugissements. Seule la boutique OCQ était un lieu relativement neutre, dans laquelle il avait réussi à ne rien lacérer par inadvertance. Et ça ressemblait à un beau coup de chance : c'que tu veux pas faire impacte quand même les gens Sasha, peu importe ton intention. Un jour, Freya dirait sûrement qu'il posait problème, qu'il devrait partir, et ce seraient pas ses intentions qui changeraient quelque chose.

 

  • - Comme si t'aurais accepté, gronda-t-il à voix basse.

 

Le souvenir fugace mais tenace de voir Alison s'échapper volontairement avec Spike dès qu'ils avaient fini leur danse de Noël lui passa devant les yeux, éclipsant momentanément la forêt, le soleil. Puis la soirée catastrophique d'Halloween. Puis il y avait eu les rumeurs, et les cours partagés, où elle n'avait plus jamais fait binôme avec lui, préférant la compagnie de ses amies, de Spike, voir de cet étrange énergumène qu'était l'ami de Sam. Alison n'avait pas besoin de lui pour la Saint-Valentin. Mais au fond, il était surpris qu'elle se fusse réellement attendu à une invitation de sa part dans ces conditions. C'était pour le moins étrange.

Sasha prit subitement une inspiration, se redressa.

 

  • - J'te propose un truc, il dit subitement, mais il secoua la tête. Pas un deal, t'inquiète.

 

Une fois redressé, même assis, il dépassait Alison. Avec les pieds qui ne touchaient plus le sol, elle ressemblait un peu à une petite fille, et ce constat lui arracha un sourire en coin.

 

  • - A la fin de l'année, j't'invite à dîner. A Pré-au-Lard, ou ailleurs si tu veux. Ok ? Comme ça, au moins, la dernière fois qu'on se sera vus, on s'ra pas en froid, et tu garderas une image que les... Hem, les gens qui viennent de là-bas peuvent aussi être des gens civilisés.

 

Des fois, quoi. Son père se curait les dents avec les aiguilles à tricoter de sa mère, et il était pas sûr que ce fusse très civilisé, justement. Mais il donnerait le change. Il s'efforcerait. Il haussa les épaules.

 

  • - J'suis sûr que Gwen connaîtra pas un dîner aux chandelles avant ses 18 ans au moins, plaisanta-t-il, avant d'ajouter, plus sérieux, mais ça t'engage à rien d'autre, hein. C'est juste un dîner j'veux dire.

 

Il ne savait pas très bien pourquoi il faisait cette proposition. Pour compenser son mauvais comportement, peut-être. Pour essayer de faire comme les anglais, se montrer comme un gentleman, ce qui était l'inverse du sauvage qu'on voyait en lui, peut-être aussi. Pour se prouver qu'il pouvait être autre chose, précisément. Pour se donner l'illusion de faire un peu partie de la vie des Carter, malgré elles, c'était possible.

Pour ne pas quitter l'Angleterre sur un échec, peut-être encore, ou bien avoir une bonne raison pour essayer de se tenir à carreaux jusqu'à la fin de l'année.

 

Pour ne pas retourner à la guerre avant d'avoir connu ça, assez certainement.


Esprits clairs, gestes sûrs [Cours SACM]

Message publié le 04/07/2025 à 18:44

Sasha avait écouté attentivement le professeur, les bras croisés sur sa poitrine. Observer, pas de problème. Collaborer, ce serait une autre paire de manches. S'il tombait sur une fille, en l'occurence Alison ou Sam, il se débrouillerait sûrement. Mais collaborer avec les garçons de Poudlard était visiblement quelque chose qui lui donnait du fil à retordre. Sasha acquiesça néanmoins aux consignes, tâchant de ne pas prêter trop attention aux autres élèves, et s'empara de la fiche distribuéeé par le professeur.

 

  • - Mon binôme est Spike Ryder, lut-il à voix haute, sans grand enthousiasme, pour faire connaître son affectation au concerné.

 

Sasha ravala un soupir. Avant de s'en aller vers le garçon en question, il adressa seulement un regard blasé à Sam, la seule avec qui il pouvait probablement partager son désespoir d'être mis en binôme avec un Serpentard, et pas n'importe lequel : celui qu'ils détestaient. Son point commun avec le groupe de Poufsouffle, en somme. Mais il essayait toujours de tenir ses bonnes résolutions du printemps, à savoir essayer de ne plus déclarer les hostilités avec les autres élèves de Poudlard.

 

  • - On a l'hippogriffe, annonça-t-il au concerné en se dirigeant vers l'enclos.

 

C'était plutôt une bonne pioche. Sasha se présenta devant l'animal, et évalua celui-ci d'un regard : c'était une créature assez énorme, qui devait peser au moins deux fois plus lourd que Spike et Sasha réunis, avec un plumage majestueux. L'hippogriffe montrait une certaine impatience, piétinant la terre de temps à autre sous ses sabots puissants. A quelques pas de là, Sam parvenait déjà à attirer le Chaporouge hors de sa cachette, tandis que Ferguson et Alison se lançaient bruyamment dans des stratagèmes pour attirer le Niffleur, et Sasha tâcha de faire abstraction de leur enthousiasme pour se tourner vers Spike.

 

A quel point Spike en avait-il quelque chose à faire, de cette connivence entre leurs voisins ?

 

  • - J'vais tenter en premier, si ça t'va, lui dit-il, avant de lui tendre la fiche pour se libérer les mains.

 

Sans hésiter, ensuite, il entra dans l'enclos. L'hippogriffe redressa son cou pour toiser le Gryffondor de toute sa hauteur imposante, et ce dernier tâcha de ne pas se laisser impressionner : il s'inclina profondément.

 

 

--

 

1-5 : L'hippogriffe se met à battre des ailes violemment avec un cri strident, et Sasha est forcé de reculer, surpris.

6-10 : L'hippogriffe reste immobile, sans réagir, l'air méfiant. Sasha sent qu'il ne vaut mieux pas forcer le destin et préfère patienter un peu.

11-15 : L'hippogriffe met un temps avant de décider d'incliner légèrement la tête, mais très prudent. Sasha fait un pas vers l'animal, sans oser le toucher, car il le sent tendu.

16-20 : L'hippogriffe rend une révérence respectueuse à Sasha qui, soulagé, s'avance pour poser calmement une main sur le front de l'animal.


L'art de disparaitre

Message publié le 04/07/2025 à 14:02

Il s'était attendu à ce qu'elle s'en allât, fâchée qu'il eût fait sur elle un nouveau commentaire comme s'ils se connaissaient davantage. Mais peut-être qu'Alison aussi était lasse de se battre. Sasha la suivit du regard, mais le détourna lorsqu'elle s'assit à côté de lui. Lui aussi contempla leurs pieds. Alison portait de jolies chaussures vernies, trop propres à côté de ses baskets mal entretenues. Ils étaient mal assortis. Mais Alison semblait redevenue sage, à la lisière de la vulnérabilité. Bizarrement, elle ressemblait beaucoup plus, à cet instant, aux deux autres Carter qu'il connaissait. A cette heure, il lui semblait mieux connaître Charlie qu'Alison. Il repensa brièvement aux instants qu'il avait passés en compagnie de la plus jeune, quelques heures plus tôt à peine. Une vague culpabilité l'envahit ; si Alison savait, sûrement qu'elle se redresserait soudain pour le fusiller à nouveau du regard. Mais il ne lui avait pas fait de mal. Il avait voulu la consoler. Peut-être que c'était Charlie qui l'avait davantage consolé lui, sans le savoir. Ou en le sachant parfaitement : la petite fille avait une jugeotte plus avancée que la sienne, il fallait le reconnaître.

 

Sasha secoua négativement la tête.

 

- Non. Toi et moi c'est pas pareil, répondit-il à sa deuxième question.

 

Il n'était pas lui-même quand il se fâchait. Avant la guerre, il ne se fâchait jamais. Du moins jamais méchamment. Tout cela était venu plus tard. Sasha fronça les sourcils, essayant de trouver des mots qui ne s'alignaient pas correctement.

 

- Moi c'est...

 

Même en Ukrainien, en réalité, il ne les aurait pas eu. Sa colère à lui avait moins de sens pour lui que pour celle des autres. Il l'avait apprise.

 

- Être agressif c'était la règle du jeu, là-bas. Alors j'ai appris, tu vois ?

 

Et soudain, ici, ça ne servait plus à rien. Ca l'énervait certains jours. D'autres, ça le décourageait. Plus le temps passait, moins ça lui faisait quelque chose, et plus ça le laissait vide de ne pas avoir vraiment d'autres alternatives. Il soupira. Le son du souffle se mélangea au vent qui jouait dans les branches, comme pour l'effacer, le taire.

 

- Pour toi, j'sais pas.

 

Sasha s'était penché pour s'accouder sur ses propres genoux. Mais il tourna la tête pour jeter un coup d'oeil vers Alison. Est-ce qu'elle était plus elle-même quand elle était en colère ? Il avait l'impression que oui. Que c'était un éclat de vérité, quand elle se fâchait. Qu'il en sortait quelque chose de l'intérieur, d'authentique. Ou bien peut-être était-ce tout simplement que c'était quelque chose qui lui était familier. Qu'il acceptait plus facilement qu'une tendresse factice. Il haussa les épaules.

 

- Y'a que toi qui sait.

 

Elle avait l'air morose. Il lui asséna un léger coup de coude, pour la dérider.

 

- Tu veux danser ? Entre amis, j'veux dire. M'sieur Beckett m'a appris des pas de valse.

 

C'était pas agressif, de danser. Il apprenait ça à Poudlard, au moins, qui n'avait plus rien à voir avec le fait d'être efficace sur un champ de bataille. A quoi ça pouvait servir exactement, sinon donner le change, essayer d'avoir l'air aussi civilisé que les autres ?


L'art de disparaitre

Message publié le 03/07/2025 à 20:54

Les yeux de Sasha allèrent d'une fille à l'autre, hébété. Alison disait des choses vachement plus matures que ce qu'il entendait d'elle habituellement, et allait même jusqu'à mentionner sa mère. Quant à Anya, elle avait visiblement... Vraiment voulu l'aider. Il resta coi, mal à l'aise, détourna le regard pendant que la russe s'adressait à sa consoeur Serpentard, ayant vaguement l'impression d'être de trop dans cette discussion. Pourquoi diable était-il intervenu, à la fin ?

Ce qui lui paraissait étrange, c'était qu'Anya lui rétorquait presque ce que lui-même aurait voulu répondre à Alison : que lui aussi voulait bien retourner là-bas, qu'il travaillait pour y avoir sa place, loin de l'Angleterre. Que lui aussi, quand il retournerait là-bas, il pourrait enfin rendre les comptes. Ce miroir subitement réfléchissant lui arracha un frisson et il secoua négativement la tête pour toute réponse, parce qu'il n'allait quand même pas dire "moi aussi, tout pareil !" et que la baguette d'Anya, malgré tout, était suffisamment dissuasive.

 

De toute façon, Anya s'éloignait déjà et il la suivit du regard. Sa silhouette élégante - sans-visage ? - faisait danser ses cheveux dans un soleil déclinant et chaud.

 

Il resta un moment silencieux. Le temps que la russe eût tout à fait disparu, et que le sang cessât de battre à ses tempes comme des tambours sinistres. Alors, il se retrouva seul face à l'arbitre qui le toisait sous sa frange rousse. Un moment, il eut l'impression de reconnaître le même regard sévère qu'avait parfois Kate sur les photos de famille que Charlie lui avait montrées, mais il ne partagerait sûrement pas un détail qu'Alison interpréterait de nouveau comme une intrusion malsaine. Alors Sasha pinça les lèvres avec un soupir, puis il s'éloigna de quelques pas, histoire de pouvoir se laisser choir sur la vieille souche d'un sapin au moins trois fois centenaires.

Au loin, les discussions allaient bon train dans le parc. On n'en percevait guère les mots ; seulement les intonations enthousiastes de discussions naïves, et Sasha se sentit soudain fatigué. Aussi vieux que la souche. Il serait bien resté là le reste de la nuit.

 

Son regard finit par retourner se loger dans celui de l'arbitre.

 

- T'as sûrement raison, il admit au bout d'un moment.

 

Sur le fait que ce qu'il voulait ou ne voulait pas n'entrait pas en ligne de compte, par exemple. Sur un certain nombre d'autres choses, aussi. Inutile de revenir sur quoi. Il n'avait plus envie de se justifier. Le soleil jouait dans les feuillages, projetait sur leurs visages des éclats furtifs, comme des pièces d'or invisibles qui jouaient dans leurs cheveux, disparaissaient aussitôt.

 

- J'aurais pas dû. Ok ?

 

Ca suffirait pas. Quelqu'un comme lui ne suffirait jamais à Alison Carter. Et pourtant, il soutenait son regard. Un bref détour par le sol entre eux, puis il revint aux yeux d'Alison. Et puis soudain, un rire silencieux secoua ses épaules. Une seule fois.

 

- Au moins quand tu te fâches, j'ai affaire à la vraie Alison, déclara-t-il, amusé. C'est une version que les autres ont pas beaucoup.

 


Boys & Girls

Message publié le 03/07/2025 à 20:05

Sasha avait laissé échapper un soupir de soulagement, tout en suivant Sam dans les rayonnages - elle connaissait mieux l'endroit que lui, visiblement, qui s'y serait perdu une bonne demi-heure au moins avant de mettre la main sur le moindre ouvrage qui aurait pu être intéressant.

De la part de Sam, ni de gros yeux effrayés, ni regards pincés suspicieux : elle semblait prendre tout comme c'était, accepter les choses telles quelles, comme si rien ne la surprenait jamais. Il comprenait bien comment elle avait pu se faire une bande d'amis si facilement, maintenant qu'il échangeait avec elle.

Il eut un sourire en coin.

 

- Un job moldu, franchement en vrai ça m'irait aussi. Mais toi, ce serait dommage de gâcher ta passion pour le Quidditch. Tu pourrais devenir... Mmh.

 

Sasha laissa courir son regard sur les différents livres alignés en hauteur, mais sans les voir, avant de revenir à Sam pour la scruter.

 

- J'te verrai bien en entraîneuse de Quidditch ! déclara-t-il subitement, plutôt sûr de lui. T'es patiente et forte au Quidditch, ça t'irait comme un gant.

 

Mais il haussa les épaules, bien conscient que Sam ferait bien ce qu'elle voudrait. Sasha jeta un oeil aux bouquins qu'elle avait extirpé des rayonnages et approuva d'un signe de tête avant de la décharger des ouvrages. Elle cherchait, il portait : ils faisaient rapidement une bonne équipe, trouvait-il, sans avoir beaucoup besoin de se consulter. Un peu comme lors du cours nocturne qu'ils avaient eu ensemble, finalement.

 

- En vrai, j'aime bien les métiers à l'extérieur, moi. J'aurais bien aimé, je sais pas, être magizoologiste, ou gardien de parc ou de montagne.

 

Il se gratta la tête de sa main libre.

 

- Er, j'sais même pas si ça existe. Ca doit exister chez les moldus. Dans les grandes villes ils ont des gens dont le métier, c'est de garer les voitures des autres. Garer des balais toute la journée, bonjour l'éclate...

 

Il secoua la tête avec un soupir, baissa le regard sur un livre qui le fit cligner des yeux.

 

- Tiens, regarde. Ethnographie des Farfadets : Sociétés Secrètes et Traditions Ancestrales. Ca pourrait peut-être te servir.

 

Il inclina le livre sur la tranche. Une étude comparative des clans farfadets d'Europe occidentale et de leurs structures socio-magiques, disait le sous-titre à demi effacé par le temps : personne n'avait emprunté un livre si compliqué depuis un paquet d'années, visiblement. Sasha l'ajouta à la pile de livres, tout en laissant s'éloigner les mirages d'une vie à se promener dans la nature pour seul métier, ne s'arrêtant que pour aider telle ou telle créature.

 

- J'travaille à la boutique OCQ tous les samedis, il laissa tomber subitement, à demi-mot comme si c'était inavouable, mais c'était au moins un terrain qui lui permettait d'échanger avec Sam sur des sujets communs - il se hâta d'ailleurs d'enchaîner, comme si cela pouvait éviter à Sam de faire des raccourcis entre sa déclaration et d'autres faits. Y'a un nouveau modèle de cognard d'entraînement qui est sorti, qui simule des conditions météo. Genre il devient glissant pour le mode pluie, ou bien très chaud pour le mode canicule. Mais v'là le prix ! C'est clairement pour des professionnels ou des gosses de riche.


Boys & Girls

Message publié le 21/06/2025 à 17:30

Sasha leva de nouveau les yeux du pâté que Sam avait fait sur sa feuille. On était loin des jolies boucles de l'écriture d'Alison, et quelque part, c'était plutôt rassurant. Le Gryffondor haussa de nouveau les épaules.

 

- Heu ben... Y'avait des enfants ukrainiens sorciers qui partaient vers Koldostoretv ou Durmstrang avant, mais c'est pas obligatoire, alors mes parents ont préféré m'envoyer pas trop loin de la maison, comme ça je pouvais rentrer le week end pour les aider. Je sais pas s'il y en a plusieurs, en vrai, mais sûrement. Y'a des familles très riches qui envoient leurs enfants à Beauxbâtons, mais sinon, on s'organise sur place.

 

Il se décida à déboucher son propre encrier pour y tremper sa plume et, à l'instar de Sam, au moins écrire le titre de son parchemin, finalement. Cela lui laissa aussi quelques instants pour réfléchir à comment formuler sa réponse.

 

Le souvenir de la façon dont avait été reçu sa fierté d'être parti à la guerre lors du dîner chez les Carter était encore fraîchement gravé dans sa mémoire. Mais il ne pouvait pas non plus mentir à Sam. Il réfléchit à une version édulcorée de son récit, mais rien ne collait vraiment.

 

- Avec la guerre, j'ai juste arrêté d'aller à l'école, il déclara finalement. Et j'ai rejoint... un groupe pour aller me battre contre les russes.

 

Voilà. C'était simple, et vrai. Inutile de mentionner les Veilleurs de l'Aube. Ceux qui en avaient entendu parler ici les voyaient comme des bandes de mercenaires, alors que pour les ukrainiens, c'était une genre de milice héroïque organisée pour soutenir l'armée officielle. Il se demanda si Sam déciderait elle aussi si ça faisait de lui quelqu'un de pas vraiment fréquentable. Par réflexe, il fit disparaître ses mains dans les manches de son pull, histoire de faire oublier les marques noires qui les striaient en cicatrices disgracieuses.

 

- Mais comme j'étais pas majeur, je me suis fait attraper par un genre de groupe humanitaire qui m'a amené ici et voilà.

 

Il poussa un soupir. La version simplifiée de sa vie lui semblait aussi insipide que des carottes trop cuites. Mais c'était peut-être celle qui était finalement la plus réaliste.

 

- Si ça te dérange pas, j'préfèrerai pas trop parler de ce sujet-là, justement. J'essaie de...

 

De quoi, au juste ? Ce n'était pas facile à expliquer et il s'humecta les lèvres.

 

- ... Je sais pas. D'être un élève lambda, maintenant, je suppose.

 

Tout le contraire de ce qu'il aurait voulu en septembre, lorsqu'il était arrivé, et qu'il avait dans l'idée de défendre ses opinions. Mais ça, c'était avant toutes ces interactions ratées, ces relations avortées, ces incompréhensions avec le personnel comme les élèves de l'école. Désormais, il aurait juste voulu rester anonyme jusqu'à la fin de l'année - à l'exception de ce jour du Tournoi hypothétique, donc. Une espèce de mise entre parenthèses de son histoire, qu'il ne chérirait que pour lui-même, dans un coin de sa tête.

 

- Mais ouais, j'veux bien un peu d'aide, déclara-t-il avec un sourire encourageant, et les deux se levèrent pour aller se promener dans les rayonnages. 

 

Sasha faisait confiance à Sam pour s'orienter, non sans parfois s'arrêter devant un ouvrage étrange - il y en avait un avec des poils qui n'arrêtait pas de se gratter contre les autres, par exemple - pour satisfaire sa curiosité.

 

- Tu veux devenir quoi, toi, après Poudlard ? Tu sais déjà ? demanda-t-il en la suivant dans le rayonnage suivant, sans pouvoir s'empêcher de gratouiller la tranche du livre à poils pour le soulager un peu avant de s'éloigner.

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