Homme
17 ans
Sang-mêlé
Ukrainien






Identité
-
- Sixième année
- Surnoms : Sashou
- Nationalité : Ukrainien
Capacités & Statuts

Groupes

L’Art du Combat Transmuté [Cours]
Message publié le 19/02/2025 à 17:15
Après le sort de gelée au sol, le coup des rats était plutôt une réussite - en tout cas selon Sasha. Ce n'était certes pas ses manières préférées d'attaquer l'adversaire, mais en cas d'ennemi peu dangereux, ce serait suffisamment déstabilisant à son goût.
Mais de toute évidence, là était bien le problème : il n'avait pas les mêmes goûts que les autres. Entre Alison qui râlait sur lui et Julian qui trouvait que ses bestioles la dégoûtaient, Sasha se renfrogna. Il jeta un regard noir à son ex-fausse-petite-amie avant de se tourner vers Julian.
- Ben c'est pas un cours d'élégance que j'sache, il grommela pour protester, non sans sentir sur sa nuque ses poils se hérisser à la vue des rats qui s'éparpillaient pour disparaître sous les meubles, pendant que Julian saucissonnait son mannequin comme un rôti de porc. (Oui, Sasha avait déjà faim.)
Lui les voyait comme d'innocentes créatures, impulsives, qui essayaient juste de survivre. Il comprenait ça. Il les comprenait certainement mieux que ces humaines qui cherchaient à tout prix à élaborer des apparences sociales qui lui échappaient totalement. A son côté, Ambrose avait lancé un sortilège qui transforma le mannequin. Un magnifique oiseau coloré s'envola, et Sasha le suivit des yeux - tel un prédateur fasciné.
Blyad, c'était ça, que les filles recherchaient. C'était évidemment plus beau que les mammifères velus dont il se sentait une parenté proche. C'était moins dégoûtant. Sasha jeta un oeil à Ambrose, qui ne paraissait pourtant pas fier de son coup. A sa place, Spike aurait sûrement gonflé le torse de suffisance. L'ukrainien approuva d'un mouvement du menton.
- Pas mal.
Est-ce qu'il pouvait, lui, faire quelque chose d'aussi élégant ? Qu'est-ce qu'aimaient les filles ?
Sasha se tourna vers la table voisine, où traînait un drap qui avait dû servir à couvrir les cages des animaux pour ne pas les effrayer. Alors, pris d'une inspiration soudaine, il saisit le drap et le lança vers le mannequin.
Le tissu s'étira dans les airs et avant qu'il ne recouvrît le faux adversaire, Sasha lança un Herbifors ! déterminé.
Oui mais viser une cible en mouvement, comme l'avait fait remarquer le professeur n'était pas si aisé : d'ailleurs le jet produit par la baguette de Sasha frôla le drap, la tête du mannequin, pour aller percuter une étagère.
Une triste orchidée fleurit sur un livre, et Sasha fit une grimace dépitée.
C'était une mauvaise idée dès le départ, de toute façon.
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Enchantement Fleuri
- Difficulté
- 3
- Résultat D20
- 2
- Interprétation
- Échec
- XP gagnée
- 3
Le tissu s'étira dans les airs et avant qu'il ne recouvrît le faux adversaire, Sasha lança un Herbifors ! déterminé.
Oui mais viser une cible en mouvement, comme l'avait fait remarquer le professeur n'était pas si aisé : d'ailleurs le jet produit par la baguette de Sasha frôla le drap, la tête du mannequin, pour aller percuter une étagère.
Une triste orchidée fleurit sur un livre, et Sasha fit une grimace dépitée.
C'était une mauvaise idée dès le départ, de toute façon.
Autres résultats possibles
Sasha se tourna vers Julian.
- T'es moins dégoûtée là ? fit-il, vaguement provocateur.
Sasha se tourna vers Julian.
- C'est mieux là ?
Oui mais viser une cible en mouvement, comme l'avait fait remarquer le professeur n'était pas si aisé : d'ailleurs le jet produit par la baguette de Sasha frôla le drap, la tête du mannequin, pour aller percuter monsieur Pope, dont les cheveux grisonnants se couvrirent de jolies edelweiss argentées.
- Oh, oups, Sir. Heu...
Sasha désigna d'un index les cheveux du professeur.
- J'ai pas fait exprès, fit-il avec une grimace d'excuse.
C'était une mauvaise idée dès le départ, de toute façon.
Herbifors
Enchantement Fleuri
L’Art du Combat Transmuté [Cours]
Message publié le 18/02/2025 à 16:13
La satisfaction de voir Ambrose et Julian ne pas s'en sortir aussi bien que lui ne dura guère longtemps pour Sasha : le duo Spike-Ferguson avait décidé de se faire remarquer, captant toute l'attention de la pièce aussi bien que la sienne. Il toisa la bagarre naissante, partagé entre l'agacement de les voir si dissipés (alors que pour lui, un tel entraînement était tout à fait sérieux) et la satisfaction de voir Ryder le nez ensanglanté. Peut-être même qu'un petit sourire avait commencé à se dessiner au coin de ses lèvres - mais il fût aussitôt douché. Miss Carter, en binôme avec Ryder.
Sasha se retourna résolument vers son mannequin, les dents serrées. Blyad. Ca n'aurait dû rien lui faire du tout. Le mannequin avait retrouvé l'équilibre, car le sortilège qu'il avait lancé au sol s'était dissipé avec l'interruption provoquée par les garçons de l'atelier Précision, mais il s'était mis en posture de garde, comme s'il avait pu attaquer s'il était doté d'une baguette.
Sasha expira un sourire agacé par le nez avant de lever la sienne, réfléchissant un instant. Est-ce que ces exercices lui servaient à quelque chose ? S'il devait attaquer quelqu'un en situation de combat réel, ce ne serait certainement pas sur sa baguette qu'il compterait. Mais c'était l'exercice, et malgré la colère qui bouillonnait en lui, il se concentra donc.
Il leva les yeux vers le lustre au-dessus du mannequin : c'était un gros chandelier à bougies et à pampilles, dont les couleurs chaudes réchauffaient l'atmosphère. Les flammes étaient nombreuses sur les bâtonnets de cire - suffisamment pour créer une attaque surprenante pour un adversaire qui ne s'y attendait pas.
- Rongifors, déclara-t-il, les dents serrées. Rongifors.
Plusieurs des bougies du gros lustre s'éteignirent, plongeant une partie de la pièce dans une demi-pénombre que le temps écossais, en ce samedi matin gris, n'éclairait guère. Quelques bâtons de cire se gonflèrent et se modelèrent en de gros rats blancs qui se mirent à circuler sur les branches du lustre. Une à une, elles petites créatures se mirent à tomber - certaines sur le mannequin qui gigota pauvrement, d'autres carrément au sol.
L'un des rats s'enfuit d'ailleurs, subitement, pour aller se réfugier entre les pieds de...
Réponse par les dés !
1 - Alison
2 - Sam
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Sortilège de la souris
- Difficulté
- 3
- Résultat D20
- 16
- Interprétation
- Réussite
- XP gagnée
- 3
Plusieurs des bougies du gros lustre s'éteignirent, plongeant une partie de la pièce dans une demi-pénombre que le temps écossais, en ce samedi matin gris, n'éclairait guère. Quelques bâtons de cire se gonflèrent et se modelèrent en de gros rats blancs qui se mirent à circuler sur les branches du lustre. Une à une, elles petites créatures se mirent à tomber - certaines sur le mannequin qui gigota pauvrement, d'autres carrément au sol.
L'un des rats s'enfuit d'ailleurs, subitement, pour aller se réfugier entre les pieds de...
Réponse par les dés !
1 - Alison
2 - Sam
Autres résultats possibles
Le tout, sous le regard de Sasha qui était resté baguette en l'air, étonné par la réussite inattendue de son sortilège : l'obscurité et des rats qui vous couraient entre les jambes, n'était-ce pas excitant ?
C'était sûr, c'étaient Ryder et Alison qui le déconcentraient.
C'était sûr, c'étaient Ryder et Alison qui le déconcentraient.
Sauf qu'une bougie avait effectivement réussi sa transformation... Ou presque : un gros surmonté d'une flamme s'élança, paniqué, du lustre, pour atterrir au sol, sous les yeux éberlués de Sasha. Le rongeur s'enfuit aussitôt pour se réfugier au fond de la pièce, sous les étagères chargés de parchemin...
Une volute de fumée commença à s'élever de ce coin de la pièce.
- Blyad. Sir ! Mon rat est en train de mettre le feu !
Rongifors
Sortilège de la souris
L’Art du Combat Transmuté [Cours]
Message publié le 16/02/2025 à 09:40
Sasha avait fusillé Ferguson du regard. Il ne connaissait pas ce type - sauf à avoir croisé sa gueule d'imbécile ici et là dans les couloirs sans lui prêter grande attention. Mais visiblement, son attention à lui aussi avait été attirée par Alison Carter, même si cette dernière semblait avoir jeté son dévolu sur Spike - un des Serpentards avec qui il avait eu cours, qui débordait d'arrogance à cause de ses performances au Quidditch. L'ukrainien crevait d'envie d'intervenir pour remettre le Poufsouffle à sa place, mais il rongea son frein en silence, ses yeux mauvais allant de l'un des prétendants d'Alison à l'autre.
Heureusement, l'intervention du professeur l'arracha un instant à ses réflexions pour l'affecter... A l'atelier concernant l'offensive. Parfait. Avec Julian et Ambrose. Moins parfait. Une pointe de déception lui picota les entrailles : ce ne serait peut-être pas aujourd'hui qu'il pourrait directement se mesurer à l'un de ses concurrents. Avec un soupir discret, toutefois, il s'exécuta pour aller vers l'atelier où des mannequins enchantés se dressaient, leur tête sans visage semblant les narguer avant même que ne commençât l'exercice. Sasha se dirigea vers le premier des mannequins pour lui faire face. Il lui semblait que celui-ci frémissait... A moins que ce ne fût son imagination ?
Il avait déjà sorti sa baguette, près à intervenir dès le top départ. Il n'avait pas besoin des cinq minutes de réflexion. Sur un vrai champ de bataille, vous ne les aviez pas. Mais cela, dans ce groupe d'élèves, il était le seul à le savoir pour l'avoir vécu. Certes, Sasha n'était pas meilleur sorcier, ni sur le papier ni en pratique que ses camarades, mais il avait conscience que toute sa force résidait dans son mental : son expérience était un atout, et le sang qui battait à ses oreilles une autre : naturellement, l'adrénaline venait à lui en situation de combat, amenant une forme de clarté à son esprit, une concentration qui n'était que parasitée par les regards qu'il avait envie de lancer à l'atelier voisin.
Mais il ne fallait pas. Il était là pour faire ses preuves.
Alors, dès que les cinq minutes se furent écoulées, Sasha dressa sa baguette.
- Gelata, annonça-t-il avec un mouvement ferme du poignet, en direction du sol.
Un fin jet vaporeux s'écrasa aux pieds du mannequin, touchant autour toute la surface en pierre. Le faux adversaire se mit à gigoter sur place en tâchant de garder son équilibre. Il soulevait un pied puis l'autre en essayant vainement de s'y arracher. Sasha en profita pour jeter un coup d'oeil vers Ambrose et Julian, histoire de voir le niveau qu'ils avaient.
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Sortilège de la Gelée
- Difficulté
- 7
- Résultat D20
- 7
- Interprétation
- Réussite
- XP gagnée
- 3
- Gelata, annonça-t-il avec un mouvement ferme du poignet, en direction du sol.
Un fin jet vaporeux s'écrasa aux pieds du mannequin, touchant autour toute la surface en pierre. Le faux adversaire se mit à gigoter sur place en tâchant de garder son équilibre. Il soulevait un pied puis l'autre en essayant vainement de s'y arracher. Sasha en profita pour jeter un coup d'oeil vers Ambrose et Julian, histoire de voir le niveau qu'ils avaient.
Autres résultats possibles
Un fin jet vaporeux s'écrasa aux pieds du mannequin, touchant autour toute la surface en pierre... jusqu'à Ambrose et Julian, dont les pieds se retrouvèrent subitement pris dans la gelée qu'était devenu le pavé de l'arène.
Le mannequin lui-même se mit à gigoter sur place en tâchant de garder son équilibre. Il soulevait un pied puis l'autre en essayant vainement de s'y arracher, mais Sasha n'y prêtait guère attention. Il avait tourné son regard vers ses deux voisins qui partageaient son atelier, et il haussa les épaules.
- Oh, pardon, dit-il sans avoir l'air le moins du monde désolé, constatant que presque toute l'arène, sauf l'endroit où il se tenait, était devenue molle et collante comme du chewing-gum.
Un ridicule jet de vapeur s'échappa du bout de sa baguette tandis qu'il essayait de masquer tant sa quinte de toux que son embarras derrière une main qui cachait son visage.
Mais quel crétin...
Un fin jet vaporeux s'échappa tout de même de sa baguette qu'il avait trop abaissée : le sortilège toucha le sol à ses pieds dont la texture changea brusquement : elle devint molle, aussi collante que du chewing-gum, si bien que Sasha perdit l'équilibre et tomba en avant, s'y collant les mains par la même occasion.
- Pizdets ! couina-t-il en se rendant compte qu'il venait de se piéger avec son propre sortilège... devant tout le monde.
Gelata
Sortilège de la Gelée
Message publié le 15/02/2025 à 08:33
Violence
Depuis plusieurs semaines, désormais, Sasha ne descendait plus aux cachots que pour les cours de Potions - et parfois pour trouver un raccourci la nuit dans le but de traîner à proximité des cuisines, lorsque la faim le poussait dans cette direction.
Mais la plupart du temps, il l'évitait : passer devant l'entrée des quartiers des Serpentards ne lui rappelait que des mauvais souvenirs dont il essayait vainement de se départir : les mauvaises nouvelles du dernier journal qu'il avait volé, et bien sûr Alison Carter qui n'avait plus donné de nouvelles. Il avait fini par comprendre qu'elle fréquentait déjà un autre garçon - certainement moins bestial que lui.
Aussi, lorsqu'il avait reçu une missive de Daryl Brooks l'invitant à un entretien dans sa salle de cours après le dîner, Sasha était descendu les mains dans les poches, en traînant presque les pieds, le regard morne braqué sur les longs couloirs et leurs torches lumineuses - dont certaines, pour la soirée, avaient étrangement été éteintes, plongeant les cachots dans une demi-obscurité qu'il aurait préféré affronter sous sa forme animale. Ses pensées étaient presque toutes tournées vers les issues possibles de l'entretien auquel on le conviait : était-ce pour mettre fin à son contrat chez OCQ ? Ou pour parler de ses notes ? Il n'osait croire que c'était parce qu'on lui annoncerait qu'il avait enfin le niveau pour rejoindre définitivement les sixième années : ses dernières fabrications n'avaient pas été catastrophiques, mais il atteignait péniblement la moyenne de ses camarades de cinquième années, parmi lesquelles certaines filles décrochaient avec aisance des Optimal sans qu'il comprît ce qu'elles pouvaient bien faire de différent de lui.
Toc, toc, toc.
Sasha s'éclaircit la gorge après avoir frappé à la porte. Un silence de plomb lui répondit, et il baissa les yeux vers le bas du panneau de bois, pour constater qu'aucune lumière ne semblait transparaître dans le jour qui séparait la porte du sol de pierre.
Se pouvait-il que monsieur Brooks eût oublié leur entrevue ?
Il fronça les sourcils, leva la main pour toquer de nouveau.
Son poing ne toucha jamais la porte une seconde fois : un cri avait retenti dans son dos et avant même qu'il n'en comprit le sens (Petrificus Totalus !) il sentit une douleur vive percuter sa nuque qui le paralysa tout entier : son corps soudain rigide heurta le montant de bois et il se vit tomber, raide, face contre terre, lui arrachant un gémissement de douleur. La pierre contre sa joue était glacée, et son champ de vision obscurcit par la proximité d'un mur à la pierre humide.
Voilà pourquoi les torches éteintes. Voilà pourquoi le silence de l'autre côté de la porte.
Même si aucun son ne pouvait sortir de sa gorge, il sentait son coeur tambouriner follement dans sa poitrine. Un instant, une vraie panique s'empara de Sasha : il était soudain sûr qu'il s'agissait des représailles des familles de ceux qu'il avait tué sur le champ de bataille. Etaient-ils venus avec les Inferis ? Allaient-ils le torturer avant de le tuer ? Sa respiration était devenue courte, gémissante, et soudain il sentit des cordes se resserrer autour de ses poignets et de ses pieds. Ses mains se retrouvèrent nouées dans son dos par un sort, et une multitude de pas légers se firent entendre, et l'entourèrent. L'instant suivant, il était tiré, toujours face contre terre, à ramasser la poussière de son corps que l'on traînait par terre. Des éclats de voix légers, comme des chuchotements catastrophés, flottaient au-dessus de lui. En Russe.
- Быстрее, быстрее! Это долго не продлится ! (Vite, vite, ça va pas durer longtemps !)
- Он слишком тяжёлый ! (Il est trop lourd !)
Des voix d'enfants. Dans le coeur de Sasha, la panique laissa peu à peu place à la colère. C'étaient ces putains de Serpentards. Ne lui avaient-ils pas assez fait de mal comme ça, cette maison maudite ? Il voulut rugir pour les couvrir d'insulte, mais seul un grondement sourd s'échappa de ses mâchoires serrées.
Il fallut encore quelques instants pour que le groupe d'élèves parvinssent à attirer Sasha à l'intérieur d'un vieux cachot désaffecté. Ils se dépêchèrent de refermer la porte derrière eux, puis d'allumer une torche : alors Sasha aperçut les vieilles tables d'écoliers repoussées contre les murs, et à côté, l'entourant comme une meute curieuse, la petite horde d'élèves - petits comme les lutins démoniaques des histoires de son enfance. Ils s'étaient tous affublés de masques colorés à l'effigie de créatures magiques qui avaient été utilisés pendant les spectacles du bal de fin d'année de Poudlard, mais Sasha savait parfaitement qu'il s'agissait des gamins de Serpentard : depuis l'épisode avec Anya, il y avait un groupe de jeunes russes qui n'avaient cessé de lui jeter des regards caustiques, de cracher sur son passage. Il les avait ignoré : on ne s'attaquait pas à des enfants qui ne vous arrivaient même pas à l'épaule. Mais il regretta instantanément de ne pas leur avoir donné une leçon plus tôt et d'être si facilement tombé dans le piège : encore une fois, il prit une inspiration pour les couvrir d'insultes - seuls des grognements sourds jaillirent de nouveau et ses muscles rigides refusaient de lui répondre.
- Когда заклинание исчезнет, он может освободиться от верёвок ! fit une voix féminine. (Quand y'aura plus le sortilège, il risque de se libérer des cordes !)
- Моё заклинание может держаться долго ! (Mon sortilège il peut tenir longtemps !)
L'un d'entre eux s'avança d'un pas pour répondre à celui qui avait fièrement clamé être l'auteur du Petrificus Totalus, que Sasha toisait de son mieux, quand bien même il était allongé par terre.
- Ты должен был целиться в спину, но по счастливой случайности попал в шею ! Ты не умеешь целиться, из-за тебя мы чуть всё не провалили ! (Tu devais viser le dos, ça a touché sa nuque par chance ! Tu sais pas viser, on a failli tout rater par ta faute !)
- Чушь! Я знал, что делаю ! (N'importe quoi, je savais ce que j'faisais !)
- Прекратите, идиоты ! Когда заклинание перестанет действовать, кто знает, сможет ли он атаковать без своей палочки ? Он для этого обучен. (Arrêtez, imbéciles ! Quand le sortilège ne fera plus effet, qui sait s'il ne peut pas attaquer sans sa baguette ? Il est entraîné pour ça.)
Oh que oui, voulut lui répondre Sasha, mais il ne put qu'émettre un regard menaçant, une nouvelle fois, en direction de la fille masquée par les traits colorés d'un hippogriffe. Mais il hésitait déjà à se transformer : s'il le faisait, il dévoilerait sa carte la plus précieuse à l'intégralité du château. En même temps, qui savait si Alison n'avait pas déjà trahi son secret ?
- Правда, дайте ему выпить зелье и заберите у него палочку. (C'est vrai, faites-lui boire la potion, et retirez-lui sa baguette.)
Les petites silhouettes s'agitèrent autour de lui, le plongeant dans une brève obscurité chaque fois qu'elles passaient devant la torche. L'endroit sentait la poussière, et tandis qu'un élève s'agenouillait près de lui, il en aperçut un autre qui décrochait d'une étagère de grosses chaînes en métal qui tintèrent bruyamment.
Quatre petites mains s'affairèrent sur son visage. On lui ouvrit la bouche, on lui pinça le nez. Quelque chose s'écoula dans sa gorge : une liquide visqueux et tiède, dont il sentait le picotement soudain. Avec volonté, il tâcha de ne pas déglutir pour ne rien avaler - mais cela impliquait de ne plus respirer. Il se retint longuement. Il entendit des exclamations rageuses, sa vue se brouilla. Quelqu'un lui donna un coup au visage, puis dans le ventre. Des cris. Ils se disputaient. Ils frappèrent encore. Les yeux clos, Sasha était dans un brouillard agrémenté de voiles lumineux intermittents. Puis l'obscurité totale quand quelqu'un se pencha sur lui, lui attrapa la tête des deux mains et la secoua, lui frappant le crâne contre la pierre - Sasha eut un hoquet de douleur, et le liquide s'immisça dans sa gorge.
Le monde devint flasque. Ses muscles se détendirent, ne provoquant qu'un soulagement bref : Sasha rouvrit les yeux. Il n'entendait plus correctement, mais il voyait que les élèves retiraient leurs masques. En dessous, il voyait leurs visages complètement déformés de sourires moqueurs. Là, de longs cheveux blonds, ici un petit brun coupé court qui tapait dans ses côtes devenues molles. Il avait beau avoir une perception altérée, la douleur était là quand même. Sasha sentait l'arrière de son crâne pulser et chaque coup de pied reçu dans les membres et le tronc étaient des pointes plus affolantes que véritablement douloureuses.
Le petit brun au sourire mauvais s'avança au-dessus de lui - ce devait être lui qui avait réussi à lui faire avaler la potion qu'il le rendait si impuissant : il avait l'air d'un chef de meute enorgueilli par la victoire que les autres encourageaient en levant le poing.
Le garçon avait sorti un pic de métal, et il en déposa la pointe sur le ventre de Sasha. Il en sentit la pointe froide à travers sa chemise, et les mots du garçon lui parvenaient déformés.
- Итак, сколько ты убил? Можешь ответить ? (Alors, combien t'en as tué ? Tu peux répondre ?)
- Что ты с ними сделал до этого ? Скажи нам, чтобы мы сделали с тобой то же самое ! clama un autre dont le visage s'allongeait d'une telle manière dans le champ de vision de Sasha qu'il semblait s'écouler impossiblement jusqu'au sol. (Tu leur as fait quoi, avant ! Dis-nous qu'on te fasse pareil !)
- Тебя болят эти шрамы ? А если я дотронусь ? (Elles te font mal, tes marques là ? Si je touche ?)
Le garçon exécuta un mouvement, et un autre gamin se pencha sur Sasha pour arracher les boutons de sa chemise en l'ouvrant de toutes ses forces. Le torse du Gryffondor fut dévoilé ; musculeux mais strié de cicatrices multiples et noires qui s'étiraient de sa ceinture jusqu'à son coeur. Le garçon au pic de métal gratta l'une d'entre elles, mais Sasha ne sentait plus la souffrance : son supplice était la peur panique qui l'avait envahi. Ces gosses iraient-ils jusqu'à le tuer ? En étaient-ils capables ? Tout semblait possible maintenant qu'il était leur merci, incapable de se défendre. Il peinait à croire qu'il marchait tranquillement, serein dans les couloirs de Poudlard, à peine quelques minutes auparavant, et qu'il trouvait là brutalement sa fin aux mains de quelques gosses vengeurs et inconscients de ce qu'ils étaient en train de faire. Il ne voyait pas les quelques autres élèves qui, eux, effarés par la tournure de la situation, s'étaient éloignés de la scène, engourdis par l'effroi, toujours masqués des têtes d'hippogriffes, de niffleurs ou de trolls.
Et comme Sasha ne réagissait pas aux questions et provocations du garçon brun qui le dominait, ce dernier perdit son sourire et se mit à grimacer de rage. Alors, il enfonça lentement le pic au niveau de l'estomac de Sasha, qui sentit la compression douloureuse et invasive lui couper le souffle.
- Сделай с ним то же, что они сделали с моим отцом, criait l'un. (Fais-lui pareil qu'ils ont fait à mon père.)
- И посмотри на это ! cria un autre qui décocha un coup de pied dans la joue de l'ukrainien. (Et regarde ça !)
L’Art du Combat Transmuté [Cours]
Message publié le 11/02/2025 à 16:17
Les vacances de Noël avaient été longues et mornes. Sasha avait cru qu'il serait soulagé quand la grande majorité des élèves auraient quitté le château et qu'il serait tranquille pour se promener où il le souhaitait, mais le vide qui avait rempli Poudlard avait été étrangement contagieux : il s'était trouvé bien vide lui aussi, à errer, évitant Pré-au-Lard pour ne pas être dépité de ne pouvoir acheter la moindre babiole à envoyer en Ukraine puisqu'il n'avait pas trouvé de travail.
Mais de fil en aiguille, les jours étaient passés et la nouvelle année avait vu se réveiller en lui une détermination nouvelle : si les anglais ne le trouvaient pas fréquentable - pour preuve, Alison l'avait évité sans plus d'explication, rompant leur binôme en cours de potions par la même occasion - alors qu'à cela ne tînt : il ferait avec eux comme avec les Russes. C'était à dire qu'avec la rage au ventre et les crocs serrés, il continuerait à se battre, et il finirait par leur prouver qu'il méritait plus que ce mépris condescendant qu'on lui réservait. Il le démontrerait aux anglais et aux russes de Poudlard en général - et à une rouquine en particulier.
C'était ainsi qu'il s'était inscrit à l'entraînement au Tournoi d'une part, et que d'autre part il avait commencé à travailler au magasin OCQ. Il n'y ménageait pas ses efforts : il s'y rendait tôt chaque dimanche, ne comptait pas ses heures, et aider à tout ce qu'il pouvait pendant les heures d'affluence. Il avait eu quelques déconvenues ; renseigner les clients n'était pas vraiment son fort et il avait eu quelques maladresses qui avait conduit à un peu de matériel à remettre en ordre. Mais en dehors de ces quelques bêtises ponctuelles, pour lesquelles Freya avait eu la patience de lui réexpliquer quelques bases, Sasha mettait un point d'honneur à travailler correctement du soir au matin. Il lui restait le défaut ne pas être très souriant avec la clientèle, mais au moins n'aboyait-il plus sur les enfants qui tiraient sur les rubans enchantés des nouveaux modèles. Freya lui confiait des tâches de manutention, où il était particulièrement minutieux pour compter et recompter les produits à placer dans des commandes. A l'occasion, il avait croisé Alison, qui s'était contentée de lui jeter des regards noirs qu'il avait bravement ignoré. Après tout, c'était Freya qui l'avait recruté, alors il se trouvait chez OCQ tout à fait légitime, que cela plût à la Serpentard ou non. Contrairement à ce qu'elle avait l'air de penser, il n'avait pas postulé pour se rapprocher d'elle.
Aussi, quand il se présenta dans la salle de Métamorphose pour la voir déjà présente, Sasha eut un bref mouvement d'hésitation. Il avait, comme toujours, sa cravate des Gryffondors nouée un peu de travers. Il croisa son regard mais il glissa sur elle pour aller vers le professeur.
- Sir.
Il agrémenta sa salutation d'un bref mouvement de tête avant de se diriger vers le fond de la classe, sac à l'épaule, la démarche bourrue.
Sasha s'installait toujours au fond des salles de classe, mais pas pour les mêmes raisons que les autres. Quand les élèves cherchaient à s'éloigner du professeur, lui voulait surtout garder un oeil sur l'ensemble des personnes présentes dans une pièce, étant particulièrement dérangé par la présence d'élèves dans son dos. Quelques mésaventures vécues à Poudlard depuis son arrivée en septembre lui donnaient raison ; désormais, depuis le fond de la salle et quand des élèves voulaient se moquer de lui, ils se retournaient et lui pouvait les fusiller d'un regard dissuasif - qui fonctionnait suffisamment bien la plupart du temps pour qu'on le laissât tranquille.
Pour autant, il n'avait pas les mauvaises notes des cancres qui partageaient avec lui certains fonds de classe. Sasha s'appliquait à l'école, surtout depuis janvier. Ses notes n'étaient pas toujours excellentes lorsqu'il s'agissait de rédiger des choses sur parchemin, notamment à cause de difficultés liées à l'anglais, mais sa détermination à réussir les exercices pratiques - même s'il était souvent un peu brutal - lui valait quelques excellentes notes qui rattrapaient ses moyennes.
En métamorphose, il avait d'ailleurs une facilité particulière - comme si son esprit était à l'aise avec l'idée de transmuter des choses en d'autres, mais il regardait toujours le professeur Pope avec une certaine distance ; la même attitude qu'il avait d'ailleurs avec tout le personnel de Poudlard, comme si la confiance ne pouvait être de mise dans ce simulacre d'éducation ouverte que représentait l'accueil de sorciers réfugiés dans l'école.
Cette fois-là, donc, Sasha laissa tomber son sac sur l'une des dernières chaises et s'appuya à un pupitre, loin derrière la chevelure blonde d'une autre Serpentard de son âge, pour qui il n'avait pas eu un regard - par pudeur bien plus que par désintérêt par ailleurs. Il se mit à toiser la porte, comme si chaque nouvelle âme qui se présenterait aurait droit à un scan rigoureux et menaçant de sa part.
La patience est un plat qui se mange sans sauce.
Message publié le 07/02/2025 à 15:12
Le lundi à midi, monsieur Brooks devait terminer son cours avec les 4ème années.
Non pas que l'emploi du temps du professeur de potions intéressât Sasha d'une manière ou d'une autre... Sauf que voilà, cette fois, il avait besoin de lui parler. Un tel besoin qu'il avait même exceptionnellement retardé sa course à la Grande Salle, prenant le risque odieux de laisser tous les morceaux de poulet aux autres. A la place, et comme le lundi matin il n'avait pas cours, il avait soigneusement réfléchi à ce qu'il allait dire. Bien qu'il n'était pas du genre très soigneux, cette fois il avait décidé de se préparer : il avait collecté les différentes notes obtenues dans les matières - quelqu'un lui avait dit que ce serait important, et il avait même rédigé une petite lettre sur un parchemin, qui disait quelque chose comme ceci :
Cher mister Brooks,
Sir,
Je souhaite vous demander officiellement l'autorisation de pouvoir travailler à Pré-au-Lard à côté de mes études à Poudlard. Ce serait seulement le dimanche. C'est important pour moi de pouvoir gagner un peu d'argent pendant les week-ends ou les vacances quand les autres seront dans leur famille.
Très respectueusement,
Sasha Shevchen, 6ème année.
A la bibliothèque où il était allé rédiger sa lettre, une autre sixième année Serdaigle, très timide et disparaissant à moitié derrière un rideau de cheveux noirs, avait accepté de corriger ses fautes d'orthographe. Après avoir recopié proprement la version sans faute, il avait fallu attendre jusqu'à la fin de la matinée. Il avait bien essayé de réviser pour le test que le professeur d'Histoire de la Magie leur réservait pour le lendemain, Sasha n'avait pas réussi à se concentrer. Il s'en était donc allé rejoindre les cachots pour attendre devant la porte de la salle de Potions pendant vingt bonnes minutes. De l'autre côté du panneau de bois, on entendait la voix grave du Directeur de Gryffondor qui donnait ses instructions - Tournez 15 fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre ! - et quelques murmures provenant des élèves. Les cachots étaient légèrement humides, et Sasha ne pouvait s'empêcher de jeter régulièrement des coups d'oeil vers le couloir : au fond de la coursive, il y avait l'entrée des quartiers privés des Serpentards. Il ne s'en était plus approché ces derniers temps, et il redoutait de voir l'une ou l'autre des Serpentards qu'il connaissait en devant s'expliquer quant aux raisons qui l'amenaient là.
Heureusement, la fin du cours arriva sans que la moindre souris traversât le couloir, et bientôt la porte s'ouvrit pour déverser un flot d'élèves. Aucun d'eux ne lui prêtèrent la moindre attention, et bientôt, la salle de classe était redevenue silencieuse. Sasha osa entrer d'un seul pas. Monsieur Brooks était en train d'observer une potion dans une fiole qu'il tenait à hauteur d'yeux, assis sur son bureau, une plume en main. Sûrement pour noter le travail des quatrième années. Sasha s'éclaircit la gorge, puis il toqua à la porte ouverte.
- M'sieur Brooks ? J'peux vous parler une minute ?
Il attendit d'avoir un signe d'assentiment avant de s'avancer et de rejoindre le bureau qui séparer alors l'élève et le professeur. Sasha roulait des épaules inconsciemment, trahissant sa gêne, mais il finit par s'humecter les lèvres et se lancer.
- Voilà, j'vous ai apporté mes notes, puis une lettre. Comme vous êtes mon directeur de maison, j'voulais savoir si vous pouviez me donner une autorisation pour travailler de temps en temps à Pré-au-Lard.
Il déposa les documents sur le bureau, devant lui, à côté des fioles qui s'alignaient proprement, toutes remplies d'un liquide rosâtre dont la teinte variait d'un contenant à l'autre. Sasha était incapable de dire ce dont il s'agissait. Les Potions n'étaient clairement pas son point fort, mais il espérait que ses notes en Soins aux Créatures Magiques notamment pouvaient démontrer qu'il pouvait travailler correctement.
Message publié le 07/02/2025 à 13:24
- Oh, waouh.
C'était donc le père des Carter qui avait emmené sa famille dans le Quidditch, à commencer par la gérante qui connaissait si bien les noms des joueurs de toutes les équipes, y compris celle de Bulgarie, que Sasha en resta un bref instant bouche bée. L'exercice que la jeune femme s'imposait avait l'air drôle, mais ça devait nécessiter une sacrée passion pour rester constamment à jour. Une pensée lui traversa l'esprit - le père d'Alison, celui qui n'aurait sûrement pas voulu qu'elle déboutonnât sa chemise pour attirer les garçons dans une serre de botanique, n'était donc autre qu'un grand joueur professionnel de Quidditch. Voilà pourquoi Charlie voulait qu'il surveillât Alison en son absence : sûrement qu'Owen Carter parcourait le monde pour jouer encore de grands matchs, ou peut-être même pour dénicher les nouveaux talents pour une équipe nationale ou une autre. Sasha se l'imaginait grand, habillé comme un sorcier d'affaire avec de grandes robes noires et une petite sorcière qui lui courait après en prenant des notes et en lui annonçant qui il allait rencontrer à son prochain rendez-vous.
Les images s'effacèrent de son esprit et le garçon reporta son regard sur les derniers morceaux de cuir qu'il arrangeait, avant de se lever à son tour à cause du ton solennel qu'elle prenait. Dans un geste nerveux, il épousseta son pantalon - alors que pour une fois, il n'était pas sali - pour se concentrer sur ce qu'elle avait à dire, les yeux fixés sur elle comme un félin aurait braqué son regard sur un objet qui avait bougé de façon inattendue.
- Ah.
Il avait eu du mal à masquer sa déception. Dans les premières idées qui l'avaient amené à arpenter la Grand Rue de Pré-au-Lard ce matin, il s'était imaginé pouvoir faire ne serait-ce que quelques mornilles sur les premiers jours des vacances. Mais vu les refus qu'il avait essuyé avant d'entrer chez OCQ, la proposition de miss Carter faisait figure de miracle. Alors il secoua subitement la tête de haut en bas.
- Oui oui, ça me va, se dépêcha-t-il de répondre, tâchant de faire bonne figure. Puis ça m'laissera le temps de réviser les équipes, alors.
L'interruption de Madame Forbes le sauva d'une conversation conclusive qu'il n'aurait pas su mener élégamment de toute façon.
- Gryffondor. J'vais aller voir mon directeur lundi.
Madame Forbes s'avançait dans la boutique d'un pas pressé, revêtue d'une grosse fourrure dans lequel son long cou disparaissait, et elle posa sur Sasha un regard absent.
- Bon, j'vous laisse travailler alors, déclara-t-il avant de s'effacer vers la sortie, désireux de s'échapper lui aussi même s'il aurait aimé continuer à rester au chaud à ranger la boutique.
Même gratuitement, songea-t-il étrangement tandis qu'il ouvrait la porte - déclenchant de nouveau le tintement. Alors avant de disparaître, il lança par-dessus son épaule.
- Et si jamais Noël c'est compliqué et vous avez b'soin d'aide appelez-moi hein ! Votre soeur saura m'trouver on s'connait !
Il referma la porte à la hâte et sa silhouette disparut derrière le rideau de fausse neige.
Message publié le 06/02/2025 à 21:24
- Ah, fit-il, la voix légèrement déçue.
Sasha s'en retourna au sac de Vifs d'Or, en resserra la fermeture pour éviter d'en perdre un autre. Il s'accroupit pour observer ce qu'il y avait au bas de l'étagère, pour y trouver des affiches enroulées sur elle-même. Probablement les versions miniatures de celles qui étaient exposées à côté du comptoir, dont les protagonistes baillaient en attendant d'avoir un public digne de ce nom avant d'enfourcher leur balai et faire leur numéro impressionnant.
- Heu, ouais, ouais.
Chez toi. Bon, elle avait donc deviné. Il ne servait à rien de se cacher. Et chez lui, il s'était intéressé au Quidditch, en effet. Comme tous les gamins sorciers, probablement. Mais alors qu'accroupi, il s'intéressait à la grosse malle remplie de morceaux de cuir - une étiquette indiquait : Enchanté pour une meilleure prise du manche. Prix et fixation sur votre balai à déterminer en fonction de la taille et du modèle - il jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule pour observer la gérante.
- Hum... Carter comme vous ? demanda-t-il d'une petite voix.
L'envie de donner une image de valeur à la jeune femme se disputait à la nécessité d'être honnête. Sa mère n'aimait pas qu'il mentît, et il ne savait pas pourquoi il pensait à elle subitement. Peut-être parce que Freya avait cette autorité naturelle malgré sa gentillesse, qui lui rappelait un peu les manières de sa propre famille.
Alors il finit par secouer le nez de gauche à droite.
- Désolé. Mais je me renseignerai. Chez moi la star, c'est Yuriy Zaitsev. Vous connaissez ? On l'appelle la... Tornade, en anglais je crois. Il joue dans l'équipe nationale bulgare, mais c'est un ukrainien à l'origine !
Il n'avait pas pu s'empêcher de préciser. Il fallait dire que les joueurs de Quidditch ukrainiens célèbres à l'international étaient aussi rares que des hyppogriffes roses, et l'équipe nationale de son pays faisait figure d'amateurs maladroits lors des rencontres internationales. Sasha baissa la tête sur la grosse malle aux morceaux de cuir. Il se mit à essayer de les regrouper en fonction des tailles et des motifs, mais il y en avait beaucoup et il fronça les sourcils. L'instant suivant, cependant, son visage s'éclaira.
- Vous l'avez sûrement déjà vu, c'est celui qui se met des flammes vertes sur la tête à chaque fois qu'il attrape un Vif d'Or !
Le monde du Quidditch était aussi un monde de spectacle. Sasha se souvenait des soirées à commenter les résultats de la gazette sportive à laquelle était abonné son voisin sorcier du village, Bohdan, sur lesquelles de grandes images représentaient les joueurs en pleine action. Ils lisaient à voix haute des paragraphes entiers des descriptions, en particulier quand Yuriy mettait fin à un match de façon toujours spectaculaire. Alors Bohdan montait sur son lit en imitant l'action, clamant qu'il serait lui aussi un jour un joueur professionnel, et Sasha riait aux éclats parce que Bohdan avait le vertige dès qu'ils montaient pour marcher en funambule sur les barrières avec lesquelles les moldus enfermaient leurs vaches.
- J'connais pas trop mal les équipes roumaines, polonaises et turques. Mais j'ai quand même quelques notions des autres équipes avec le dernier championnat du monde il y a deux ans.
Ca, c'était quand il était dans son tout premier camp sur le terrain des Veilleurs de l'Aube, avec d'autres jeunes comme lui, qui ne trouvaient pas le sommeil une fois tassés dans leurs tentes savamment masquées dans le paysage. Jusque tard dans la nuit, laissés seuls avec les perspectives terrifiantes du lendemain, ils s'occupaient en discutant à bâtons rompus des résultats des matchs. Finalement, deux de ses camarades de fortune avaient fini par se fâcher au sujet de ce qu'il fallait ou non soutenir la Lettonie plutôt que l'Irlande, et le sujet du Quidditch avait été évité pour les jours suivants.
Finalement, c'était peut-être dommage que les matchs de Poudlard fussent annulés cette année ; peut-être que cela lui aurait mis du baume au coeur. Ou pas. Il haussa les épaules comme pour lui-même, et continua à organiser les cuirs pour occuper ses mains un peu fébriles.
- Ils viennent à quelle heure, vos employés ?
Sasha jeta un coup d'oeil vers la porte, vaguement inquiet soudain de voir débarquer d'autres élèves de Poudlard qui travailleraient déjà ici. Peut-être que bien d'autres élèves plus mordus de Quidditch que lui s'étaient présentés des semaines plus tôt. C'était clair qu'ils étaleraient alors leur science et qu'on verrait que lui n'avait qu'une connaissance superficielle. Et si c'était pour vivre ici les mêmes regards qu'il avait à Poudlard...
Il baissa les yeux vers le travail qu'on ne lui avait pas donné, silencieux subitement.
Message publié le 06/02/2025 à 14:53
Sasha avait suivi des yeux les déplacements et les gestes machinaux de la jeune femme. Les décorations lumineuses et les animations des objets donnaient à l’endroit une joyeuseté qui créait un cocon dans lequel il pivota, faisant vaguement vaquer son regard le nez en l’air vers les minuscules balais qui parcouraient le plafond comme autant d’étoiles filantes. Bientôt, il baissa les yeux pour regarder de nouveau la gérante tandis que son visage se décomposait.
Les parents ou le directeur de maison.
- J’peux demander une autorisation à mon directeur de maison !
Que le directeur de maison en question acceptât relevait d’une autre incertitude, mais il pouvait toujours demander. Il s’humecta les lèvres, fit disparaître ses mains dans ses poches en passant d’un pied sur l’autre.
- Heu, ouais, j’suis nouveau. Depuis septembre.
Sasha ne savait pas s’il devait développer. Le fait de ne pas avoir déjà reçu une réponse négative était plutôt encourageant, mais la jolie rousse avait visiblement d’autres préoccupations en tête. Machinalement, l’ukrainien se remit à observer autour de lui. Il se dévissa le cou pour jeter un œil vers l’arrière-boutique silencieuse. Était-elle seule ici ? Ça ne pouvait être la mère d’Alison, elle était beaucoup trop jeune. (Et jolie, l’a-t-on déjà dit ?) Donc c’était une sœur, ou une tante. Il ne parvenait pas vraiment à lui donner un âge. Peut-être suffisamment jeune pour qu’elle se fût effectivement attendue à l’avoir déjà croisé dans les murs du château…. Donc qu’elle avait au moins 17 ans quand il en aurait eu 11. Elle devait donc avoir à peine plus de 20 ans. Sasha prit une inspiration, puis il alla lui aussi vers une étagère, choisie un peu au hasard. Des figurines animées s’étaient entassées dans un coin à force de mouvements enchantés répétés et il les réaligna pour rendre l’exposition plus agréable à l’œil.
- Heu… ça doit être chargé avec Noël.
Ben oui, dourak, se morigéna-t-il, mais il n’avait rien trouvé de mieux à dire. Un faux vif d’or s’éleva d’un sac voisin et il l’attrapa en un réflexe soudain pour le replonger dans son sac d’appartenance. Quelle idée de vendre autant de choses enchantées. Est-ce qu’elle n’en perdait pas la moitié à chaque fois que quelqu’un ouvrait la porte ?
- Il y a des voleurs ? Je peux surveiller, aussi. Vous êtes toute seule ?
Il se retourna vers la gérante et sentit ses joues s’empourprer de nouveau, et il se hâta de désigner d'un geste du menton la boutique qui les entourait.
- J’veux dire, pour gérer tout ça, quoi.
Message publié le 05/02/2025 à 16:15
Au moins une chose était sûre : il ne s'était pas trompé de famille : la jeune femme qui était apparue devant ses yeux avait le visage couvert de tâches de rousseur et la chevelure aussi flamboyante qu'Alison et Charlie. Avec - heureusement, songea Sasha - des traits dont émanaient effectivement la spontanéité et la gentillesse de la benjamine et moins la sévérité de la cadette.
- Hhuummm... Bon-jour... Mais je viens pas pour acheter.
Sasha cligna de ses yeux arrondis par la surprise. Derrière le comptoir qui le cachait à demi, il avait rassemblé ses doigts pour les assembler machinalement, comme pour s'aider à se concentrer. Le regard de Freya et son naturel épanoui étaient si loin de ce à quoi il s'était attendu qu'il se sentait soudain intimidé. Peut-être était-il insuffisamment civilisé, au fond, et que c'était là le problème que les autres avaient perçu. Mais il n'avait pas encore dit son dernier mot et il s'humecta les lèvres en s'efforçant de soutenir le regard de la rousse.
- Je m'appelle Sasha, élève en sixième année à Poudlard, et je cherche du travail.
Il avait fait de son mieux pour masquer son accent, en articulant lentement, tout en se demandant si Alison ou Charlie avaient pu prononcer son nom dans leur famille. De toute façon, il était trop tard pour revenir en arrière. Comme il vit, à peine perceptiblement, l'expression de la jeune femme changer, il reprit subitement une inspiration pour enchaîner :
- Je peux faire plein de choses que les autres ont pas envie de faire ! Tant pis pour l'accent. Je peux nettoyer les sols et déneiger le trottoir, et...
Les yeux de Sasha se promenèrent désespérément autour de la jeune femme - repérèrent les listes de commandes et d'adresses griffonnées sur des morceaux de parchemin, les pots de cire formant une pyramide à côté de son épaule.
- ... et recompter des articles pour les mettre dans des boîtes ou cirer des balais et livrer des trucs ou aller faire des courses. Ou aller distribuer des publicités ou coller des affiches, puis je sais bien réparer les machines qui marchent pas. Je me lève tôt et j'suis disponible toutes les vacances de Noël tous les jours, et...
Depuis la rue, les éclats de voix d'une conversation leur parvinrent, annonçant que la rue allait doucement commencer à s'animer malgré le froid qui dissuadait encore les lève-tards de s'aventurer dehors. Mais ces bruits, troublés par les secousses discrètes d'un Cognard un peu trop enthousiaste de démontrer ses fonctions malgré les sangles qui le retenaient fermement dans son coffret de cuir, semblaient subitement souligner l'embarras du garçon dont les joues s'étaient peu à peu empourprées. Pourquoi était-ce encore plus compliqué face à une Carter ? Les Carter brouillaient tout.
Sasha réalisa soudain que son coeur battait à tout rompre. C'était sûrement la dernière boutique à laquelle il oserait se présenter pour aujourd'hui. Si ça ne fonctionnait pas...
- J'peux faire un essai gratuit, il ajouta précipitamment avant qu'elle ouvrit la bouche, comme si c'était sa dernière chance de produire un argument convaincant.
Message publié le 04/02/2025 à 19:43
C'était un samedi matin orné d'un soleil froid, qui jetait sur la Grand Rue de Pré-au-Lard une clarté glacée semblable aux gelées de janvier - sauf que les décorations de Noël ornaient les devantures des magasins, des bougies réchauffant artificiellement le coeur des passants qui se presseraient bientôt pour poursuivre leurs emplettes avant les célébrations de fin d'année. Une neige épaisse était tombée pendant la nuit, mais la rue était déjà dégagée. Les trottoirs étaient flanqués de bordures de neige empilée, à demi-boueuse, qui disparaîtrait bientôt sous les bottes des promeneurs, encore rares à cette heure-ci. Il devait être près de 8h, et à cette heure, Pré-au-Lard était surtout animée des commerçants qui déneigeaient de quelques coups de baguettes devant leur devanture, mettant en place ici et là les animations qui rendraient attractive leur boutique pour la journée. Leurs gestes rapides trahissaient à la fois l'habitude de ces mouvements répétés chaque matin sur les derniers jours autant que l'urgence que tout fût prêt à cette époque de l'année.
A priori, Sasha avait pensé que c'était le meilleur moment pour les aborder : pas encore dans le feu de l'action à répondre aux exigences des clients, ni harassés après une journée intense de travail. Pourtant, il lui semblait désormais qu'il avait mal calculé : les réponses qu'on lui avait faites étaient brusques, lapidaires. Ils ne voulaient rien avoir à faire avec lui. Sasha avait tenté de varier sa présentation, avant de finir par enfoncer les mains dans ses poches - les sortir, les laisser dans ses poches, telle était toujours une question insoluble car les deux induisaient toujours un résultat négatif. Quant à savoir ce que son allure et son accent trahissaient de son origine et de son histoire, et de la façon dont cela influençait les interactions qu'il avait, il préférait ne pas trop y penser. Il avait poursuivi son chemin sur le trottoir, le nez à contempler le bout de ses baskets qui avançaient l'une après l'autre.
Peut-être qu'on voyait qu'il était pauvre, comme il avait cru qu'Alison l'avait remarqué. Peut-être qu'il ne parlait pas si bien anglais. Peut-être que ce n'était tout simplement pas le bon moment, pas la bonne solution. Ou bien il y avait un problème avec lui.
Cette question devenait plus récurrente à mesure qu'il évoluait à Poudlard. Presque la moitié de l'année s'était écoulée, et le bilan de ses réussites étaient bien maigres, tant sur le plan académique que social. Pas un ami à l'horizon. Ou peut-être Charlie Carter, mais Sasha n'assumait pas beaucoup qu'une petite fille de treize ans fusse la seule personne qui l'eût trouvé fréquentable.
Carter.
Comme dans Owen Carter Quidditch, ces grandes lettres qui s'alignaient au-dessus du n°76.
Sasha s'arrêta pour relever le nez devant la façade qui paraissait encore endormie.
Il n'ignorait pas qu'il y avait un lien entre les soeurs Carter et cette boutique, tout simplement parce que les férus de Quidditch avaient plusieurs fois mentionné l'endroit pendant les cours de Vol - qu'il suivait, Merlin merci, avec les 6ème années, car Sasha était meilleur dans cette pratique qu'en potions ou en botanique. On disait que les Carter tenaient une marque de renom, que les balais de la boutique étaient fabriqués à la main et faisaient concurrence à des balais de notoriété internationale.
Evidemment, il y avait pensé. Mais en raison de sa non-relation avec Alison, il avait soigneusement évité de s'y présenter.
Sauf que si personne ne voulait de lui... Le reste des Carter était peut-être davantage comme Charlie que comme Alison. Que perdait-il à tenter ?
Après un coup d'oeil autour de lui - comme si quelqu'un avait eu l'idée saugrenue de le suivre à Pré-au-Lard un week-end, Sasha poussa la porte.
Une petite clochette émit un bruit discret, et puis il se retrouva dans un environnement plutôt chaud. Des étagères regorgeaient de produits en tous genre d'un côté, des balais s'alignaient de l'autre. Des décorations suspendues étaient soigneusement disposées, faisant certainement rêver les jeunes enfants par cette liberté incroyable qu'offrait d'échapper à la gravité terrestre en enfourchant un morceau de bois. Sasha se hâta de remettre les mains dans ses poches : non pas pour les cacher, mais parce qu'il avait l'impression que sa carrure un peu large et ses mains maladroites auraient sûrement tôt fait de détruire les choses délicates qui étaient si proprement organisées à ses yeux.
Le comptoir était vide. Sasha se trouvait là, seul, dans la boutique, avec ses baskets mouillées par la neige et ses cheveux décoiffés. Après quelques secondes, il se décida à avancer un peu plus, pour aller jusqu'à la banque où se presseraient les clients dans quelques heures, et osa sortir un index pour appuyer sur la petite clochette.
Message publié le 04/02/2025 à 19:05
Sasha avait planté ses talons dans le sol quand le bibliothécaire l'avait saisi par les épaules aussi sûrement qu'un âne enfonçait ses sabots dans la boue lorsqu'il refusait d'avancer. Malheureusement, l'enthousiasme de Beckett eut raison de sa posture et il se sentit propulsé en avant, jetant vers l'arrière quelques regards absolument désespérés : mais des quelques élèves regroupés dans des poufs, il n'obtint pas la moindre aide sinon des rires à peine dissimulés.
Le pire était que la séance de danse n'était pas prévue en privé : le bureau de monsieur Beckett n'était autre qu'un gros comptoir d'angle en bois massif qui croulait sous divers objets, parchemins et ouvrages, offert à la vue de tous les élèves - et autres personnels - qui avaient décidé de fréquenter l'endroit à cet instant-là. Sasha ne put s'empêcher d'offrir un regard de supplication silencieuse au bibliothécaire ; mais, imperméable à sa détresse et plongé dans sa propre démonstration, ce dernier n'y fit guère attention.
- Non mais vous savez moi l'art c'est pas trop mon...
Sa voix s'éteignit dans un soupir affligé, ses yeux examinant la posture étrange du danseur improvisé : Beckett tremblait comme un arbre qu'on aurait secoué, toutes ses branches et ses feuilles remuant frénétiquement. Un peu plus et Sasha aurait pu voir les gouttes et les fruits se décrocher pour s'écraser par terre.
Alors, n'écoutant que son courage qui ne lui disait rien qui vaille, Sasha sortit les mains de ses poches - à contrecoeur, striées de balafres noires, mais à demi enfoncées dans ses manches, pour les laisser retomber le long de son corps. Il lui semblait que la bibliothèque était devenue étrangement silencieuse, comme si les bouquins eux-mêmes retenaient leur souffle pour savoir ce qu'il allait faire.
Mollement, Sasha secoua un peu les mains.
Il rencontra le regard du bibliothécaire et comprit que ce n'était pas suffisant. Alors il secoua un peu le buste et les épaules, dans une pâle imitation de Beckett. Des élèves pouffèrent de rire un peu loin, et cette fois Sasha s'épargna la contorsion (et la déconvenue) de se retourner pour les voir se moquer de lui. Mais un nouveau regard avec le professeur de danse l'informait que ce n'était toujours pas suffisant.
Alors, Sasha prit une grande inspiration, comme s'il allait se jeter à l'eau. Et puis il fit ce qui lui semblait le plus instinctif et qui devait (peut-être, ou pas) ressembler à l'exercice demandé : il s'ébroua brutalement. Ses cheveux volèrent autour de son visage, tout son corps fut pris d'une série de spasmes, secouant ses vêtements lâches sur lui comme un pelage bigarré - d'une façon fort peu naturelle pour un humain.
L'instant suivant, il était revenu à son apparence habituelle - ses cheveux juste complètement dérangés, ses yeux attentifs pour savoir s'il était débarrassé de ce premier exercice.
- J'suis vraiment pas sûr, Sir, il chuchota comme une supplication, implorant du regard l'abandon de cette punition.
Mais bizarrement, les rires s'étaient arrêtés dans son dos. Ils ne tarderaient pas à reprendre, c'était évident : tout le monde attendait la suite.
Message publié le 11/01/2025 à 21:35
Sasha expira un soupir, ses épaules semblèrent s'affasser. Elle savait pas mieux. C'était sûr qu'il venait de tout gâcher, en même temps. A peine s'était-il mis en colère qu'il le regrettait aussitôt. Le regard sombre, il se tourna vers l'établi. Ses doigts jouèrent pensivement avec une bille d'engrais. Il la faisait rouler sous son index. Dans un sens, dans l'autre, en l'observant sans la voir, la mine déconfite.
Il n'avait pas eu un coup d'oeil pour les fleurs et il haussa les épaules. Clairement, les orchidées étaient le cadet de ses soucis. Alison les aimait et il aurait pu en prendre soin juste pour cette raison-là, mais à quoi servait d'être loyal à Alison si elle décidait de rompre le deal ? Il lui jeta un regard vexé.
- J'raconterai jamais un truc pareil à Charlie, rétorqua-t-il sombrement, sur la défensive. En même temps moi j'l'aurais jamais giflée non plus.
Il avait parlé tout bas, comme à lui-même, incertain qu'elle eût pu ou non entendre ce dernier commentaire.
Se raccrocher à l'image de la petite fille aux cheveux sauvages l'apaisait au moins un peu. S'il n'avait aucune idée de ce qui se tramait chez les Carter, il sentait que la tension entre les deux soeurs ne datait clairement pas de la sortie de Charlie dans la Forêt Interdite. Ce qui voulait dire qu'elles avaient leurs propres histoires, desquelles il restait étranger. Comme une peluche neutre, témoin privilégié sur une étagère des disputes familiales. Paradoxalement, cette faille qu'il percevait était comme une preuve que, tout sauvage qu'il était, Alison ne pouvait pas l'empêcher de voir Charlie à l'occasion : parce que parfaite, elle ne l'était pas. Alors comment aurait-elle pu interdire cela au prétexte que lui ne correspondait pas à l'idéal qu'elle se faisait d'une fréquentation pour elle ou pour Charlie ?
Sasha étira ses lèvres en une moue lasse, abandonna la bille sur le plan de travail en la faisant rouler une dernière fois, un peu plus loin. La bille percuta un pot encore intact avant de s'immobiliser, et le garçon releva les yeux.
- Si je m'assure qu'ils y croient, sans que t'aies rien à faire. Ca fonctionne ou ça fonctionne pas ?
Ses yeux étaient redevenus neutres. Malgré la chaleur qui gardait ses joues rouges et la lisière de ses cheveux vaguement suintante, la colère ne semblait plus l'animer. Ses jambes lui semblaient engourdies, et il demeurait dans son corps un vague écho de la convoitise que lui avait inspiré la proximité du corps féminin d'Alison.
Ce serait probablement sa dernière proposition. Il n'avait plus d'autres cartes en main. N'avait-il pas déjà assez supplié ?
- Si tu veux tu peux réfléchir. Je peux m'en aller, si tu préfères ça, et tu me dis plus tard.
Il ne savait, lui, où il irait. Peut-être se perdre aléatoirement vers le fond du parc, puis la forêt. Guetter les crapaux un à un au bord du ruisseau, en espérant que l'un d'entre eux lui rappelât quelque chose. Alors il pourrait aller voir Charlie pour lui montrer sa trouvaille.
Histoire de rencontrer quelqu'un qui serait content de le voir, pour une fois.
Comme elle tardait à répondre, il prit de lui-même la direction de la sortie. Mais une fois la poignée sur la porte, il jeta un coup d'oeil en arrière.
- J'fais pas ça aux filles. J'ai dit ça comme ça.
Une vague de fraîcheur s'engouffra dans la serre lorsqu'il ouvrit la porte.
Message publié le 09/01/2025 à 17:37
Il avait bien entendu le balbutiement d'Alison. Elle était gênée et il en profita pour la regarder d'autant plus - comme s'il avait voulu pousser à bout cet embarrassement qu'il faisait naître en elle très visiblement - un peu en miroir de ce qu'elle produisait chez lui en cet instant. Elle voulait jouer ? Il pouvait jouer.
Ainsi donc, Mademoiselle voulait avoir tout l'air d'une fille qui se faisait sauter tous les soirs, mais elle devenait toute hésitante à l'approche d'un garçon comme lui. Il avait du mal à décider si c'était toute la gente masculine qui lui faisait cet effet, ou bien lui personnellement.
Sasha la regarda néanmoins s'éloigner sans insister, restant une main appuyée sur l'établi avec une frustration qu'il ressentait de ses mâchoires serrées à son pantalon encombré, mais il ne regretta pas un instant son geste : maintenant Alison savait. S'il trouvait qu'elle se faisait trop remarquer, il pouvait donc tout à fait entrer dans son jeu et elle se rétractait presque instantanément. Ca commençait à être trop compliqué pour lui.
Il tâcha d'inspirer et d'expirer lentement. Il avait soudain tant de mal à se concentrer. Alison avait resserré la cravate, enfermant son col près de sa peau suintante. Elle avait aussi frôlé son pantalon, et il était presque sûr qu'elle avait senti la protubérance qu'il ne maîtrisait guère. Il s'en sentait à demi-honteux. Pour l'autre moitié, il ne savait pas ce que c'était : une espèce d'espoir, de revendication, peut-être, qu'elle avait décidé de laisser lettre morte.
Pourtant, malgré la chaleur ambiante, les derniers mots d'Alison lui firent l'effet d'une douche glacée.
- Quoi ?
Il fronça les sourcils et son visage se peignit d'une grimace désabusée.
- J'aime pas Anya Nikitovna ! rétorqua-t-il d'une voix qu'il aurait voulu plus nonchalante, moins alarmée, mais c'était trop tard.
Certes, il avait passé des moments étranges auprès d'elle. Elle était russe, mais elle avait une attitude mature, qui la montrait sous un jour profondément féminin à ses yeux et qu'il ne s'expliquait pas. Elle avait beau représenter tout ce qu'elle détestait, il avait le souvenir de ses poils qui s'étaient dressés sur ses bras quand elle l'avait frôlé en ouvrant les pages de son dossier remplis de journaux. Il voulait pourtant s'appliquer à la détester, maintenant plus que jamais ; mais quand il pensait à elle, c'était son regard profond et sévère, devant lequel il se sentait minuscule, et ses courbes suggestives qu'elle arborait sans même y penser qui s'imposaient à son esprit. Il se morigéna intérieurement : c'était comme si son corps le trahissait avec ces sensations de désir pour une femme du camp adverse.
- J'l'ai manipulée, il décréta sur un ton vindicatif. J'lui ai fait croire que j'étais russe et j'l'ai faite sortir tous les matins pour qu'elle m'apporte ses petites coupures de journal. Ses journaux russes dans lesquels il y a les nouvelles du front, et j'ai même vu les membres de sa famille sur ses petites photos idiotes, des gens laids qui sont morts à la guerre et c'est bien fait pour eux !
Il avait persiflé plus qu'il avait parlé, comme si de la bile avait envahi sa bouche, et il s'en voulait de vomir ces paroles-là subitement, dont il savait très bien qu'elles n'étaient pas tout à fait raisonnable. Surtout, il savait parfaitement qu'Alison ne pouvait pas comprendre. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. C'était comme si ces mots avaient tourné en pensée comme en vase clos dans sa tête depuis des jours, et qu'enfin quelqu'un avait ouvert une valve : désormais, ils s'échappaient comme une fuite irréparable.
- Et j'l'ai pas baisée, si c'est que tu t'demandes. Si j'l'avais fait ça aurait été pour me soulager comme un chien.
Dans sa main s'écrasa subitement une motte de terre et de plastique et il baissa les yeux : sans s'en rendre compte, il avait saisi un pot dans lequel une plante naissante peinait à sortir du terreau noir. Le pot avait été littéralement broyé par sa poigne furieuse, et fâché, Sasha s'en débarrassa d'un geste rageur sur l'établi. Il renfonça ses mains dans ses poches et s'éloigna de quelques pas.
La serre n'était pas très grande ; mais suffisamment pour qu'on pût y arranger plusieurs établis les uns à la suite des autres, pour pouvoir travailler à la chaîne, avec de grandes surfaces. La plupart des plantes matures étaient proprement organisées le long des parois de verre, là où elles bénéficieraient d'un maximum de lumière. Sasha circula, laissant le lierre lui caresser parfois les épaules tandis que ses yeux ne voyaient rien des gros bourgeons qui menaçaient d'éclore, odieusement indifférents à ses tracas.
Ce n'était pas bien, ce qu'il avait dit. Puis Alison n'avait rien à voir là-dedans. Oui mais c'était elle qui amenait une russe dans la conversation.
Des voix dans la tête de Sasha se disputaient. L'une d'entre elles faisait sournoisement la liste des choses obscènes qu'il pouvait faire à Anya pour la punir s'il la trouvait isolée. Mais c'était son érection qui le faisait penser comme ça. Il le savait bien. Il revint sur ses pas, bougons. Alison était toujours là, avec ses jambes nues, ses bras nus. Il fallait qu'il pensât à autre chose. Pourquoi était-il venu ici, déjà ?
- Tu sais mieux c'que tu veux pour le deal, maintenant ? il gronda. Si tu veux qu'je parle à un mec en particulier pour lui dire que t'es un bon coup, je peux.
Oui, Alison Carter. Qui est le type pour qui tu fais tout ça ?
Car si elle ne voulait pas aller plus loin avec lui, c'était qu'il y en avait un autre. Non ?
Dis-nous qui.
Message publié le 08/01/2025 à 14:18
Quand Alison s'était finalement écartée, elle avait laissé un Sasha tremblant de fébrilité poisseuse, qui tâchait de contrôler sa respiration. C'était comme quand il essayait de gérer ses pulsions sous sa forme animale, sauf qu'il était sous sa forme humaine. Garder le contrôle.
Il la regarda partir avec sa cravate, sans avoir un seul instant l'idée de protester pour la récupérer. Ses yeux suivaient attentivement les gestes de la jeune fille - de ses doigts qui enroulaient le tissu autour de son cou à ses bottines qui se balançaient dans le vide, tandis qu'il était resté planté là où elle l'avait laissé. La proximité brève de leurs corps avait provoqué en lui quelque chose d'aussi inconfortable qu'enivrant, et il déglutit pour tâcher de garder une voix détachée.
- Ben c'est que j'ai juste... J'ai juste cherché des trucs qui pourraient t'convenir, balbutia-t-il un peu maladroitement pour se justifier - une explication qu'elle n'attendait sûrement pas de toute façon, mais elle avait souri et il jugea que c'était probablement bon signe.
Puis vint le jeu des quatre choses qu'ils savaient l'un sur l'autre. Sasha mit ses mains dans ses poches le temps de réfléchir, mais dès qu'Alison commençât il les retira rapidement avec une moue un peu blasée.
- C'qu'une habitude, grommela-t-il à voix basse.
Même si l'habitude avait effectivement été prise pour cacher ses mains, certes. Il détourna le regard, sentant la chaleur de ses joues qui refusait de le quitter.
- Pis j'ai jamais vu tes seins, c'est toi qui t'amuses à les mettre sous mon nez. Et je cours pas après des balles pleines de grelots, t'avises pas de m'en lancer !
Parce que le pire, c'était que sous sa forme animale, il pourrait être intéressé. La honte.
Mais malgré ses grognements bougons, Sasha s'orienta directement vers elle quand Alison lui tendit la cravate, à la manière d'un animal domestique intéressé par la promesse d'une ration supplémentaire. Il s'immobilisa devant son bras sans prendre le vêtement, indécis. Il avait penché la tête de côté, comme pour évaluer la jeune fille et ses intentions. L'atmosphère lui semblait plus dégoulinante encore, rendant les lèvres d'Alison plus rouges que d'ordinaire, et sa peau plus... vivante. Il était sûr que s'il avait été transformé, il aurait senti l'odeur de la peau de la Serpentard exsudant les vapeurs uniques qui constituaient sa trace olfactive. Ces sensations - à demi réelles, à demi imaginées - rendaient sa réflexion confuse.
Qu'est-ce qu'elle aimait ? Il n'en avait aucune idée, au fond. Il ne s'était jamais posé la question en dehors de ce qu'il devait faire pour elle pour satisfaire les caprices étranges qu'elle avait introduit par leur deal.
- Je sais davantage ce que t'aimes pas que ce que t'aimes, il dit à voix basse, haussant brièvement les épaules. Ca compte ? T'aimes pas ne pas avoir l'air parfaite. T'aimes pas que tes copines voient la moindre erreur, la moindre faiblesse.
Il leva un instant les yeux au ciel : la regarder l'empêchait de réfléchir.
- T'aimes pas que ta frange soit décoiffée.
Assise ainsi sur l'établi, Alison paraissait plus grande : son visage était à hauteur du sien ; ses genoux pliés à celle de ses hanches. Et elle tenait toujours à hauteur de leurs épaules cette cravate à la boucle béante qu'elle resserrerait autour de son cou. Il eut une idée, à la fois séduisante et exécrable. Il n'allait quand même pas, finalement, se comporter réellement comme le petit chien que les Serpentards avaient vu en lui. Mais voulait-il sauver ce deal ou non, à la fin ?
Alors Sasha se rapprocha pour poser les mains sur l'établi, de part et d'autre d'Alison, plutôt que de prendre la cravate, et il se baissa un peu. Son torse se glissa contre les genoux entrouverts d'Alison - des jambes toutes fines, blanches et nues - comme pour s'y faire une place. Mais c'était pour mieux baisser la tête sous la main tendue de la jeune fille, glisser son front dans la boucle de la cravate. Ce faisant, sa tempe puis sa joue glissa le long du bras nu d'Alison - cette fois, il en avait toutes les odeurs, même sous sa forme humaine, et il ferma les yeux. Quand il se redressa, la main de la jeune fille fut emportée vers son cou, et il s'était logé le bassin entre ses genoux.
- T'aimes bien apprivoiser les mecs sauvages, chuchota-t-il.
Le regard de Sasha caressa la silhouette d'Alison - son cou et ses épaules nues, sa poitrine dont il devinait plus précisément que jamais les contours. Sa taille qui se resserrait au-dessus de ses hanches, ses cuisses à demi-dévoilées qui lui enserrait le bassin. Blyad, il jura intérieurement. Il se sentait tout moite. Tout faible, à la merci d'une gamine. Et tout plein d'idées idiotes que le père d'Alison n'aurait sûrement pas approuvé.