Harry Potter RPG

Liste des messages de Sasha Shevchen

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Le murmure des orchidées

Message publié le 08/01/2025 à 10:28

Sasha ne savait pas pourquoi, mais soudain, il avait chaud. Ce devait être cette atmosphère tropicale. Ou la vue du thé fumant. Ou Alison en débardeur dont le maquillage se troublait qui lui rappelait qu'il n'aurait pas dû être autant habillé.

Bref, il finit par retirer sa robe de sorcier épaisse pour la déposer sans précaution sur un établi, avant de passer la main dans son col pour que sa cravate se desserrât ne serait-ce qu'un peu. Il jetait ce faisant quelques regards en biais vers la jeune fille.

 

Ah. Donc j'arrête tout, c'était j'arrête le deal. Il aurait peut-être dû poser la question tout de suite, finalement, grommela sa petite voix intérieure, qui lui reprochait la peine qu'il s'était donnée pour répondre aux exigences de La Fouine. Ce dernier désormais avait développé une obsession pour Alison : le jeune Serpentard bavait depuis quelques jours à la vue de la cadette des Carter, et visiblement était définitivement convaincu que Sasha et elle faisaient des choses pas catholiques dans les placards. Il ne savait pas si Alison s'en était rendue compte. Le boutonneux était déjà bizarre habituellement, sans avoir besoin de l'aide de Sasha.

 

Ce dernier, mal à l'aise - cette atmosphère était si différente des conditions dans lesquelles il avait l'habitude de rencontrer Alison - s'appuya sur le bord d'un plan de travail. Par un mimétisme inconscient, lui aussi se mit à toucher une plante. Elle avait des feuilles rugueuses et épaisses et il n'avait aucune idée de ce dont il s'agissait, sinon que cela occupait ses doigts. Les égratignures de sa chute sur les escaliers avaient déjà complètement disparu.

 

- Mmnon, balbutia-t-il, une moue déçue sur le visage. C'était pas que j'voulais qu'on arrête, c'était juste que j'voulais pas qu'on se fasse remarquer des professeurs. Et tu sais pourquoi, maintenant. Je préfère autant qu'ils s'intéressent pas trop à moi.

 

Ce n'était pas parfaitement vrai. Mais ça l'était partiellement. Ca lui convenait à peu près que les élèves croient qu'Alison se mettait régulièrement sous la table pour s'occuper de son entrejambe. Enfin ça le mettait un peu mal à l'aise comme idée, mais il l'acceptait. C'était une image qu'il pouvait renvoyer, si elle le voulait vraiment. Mais si les professeurs le trouvaient trop entreprenant avec des plus jeunes, et qu'en plus ils découvraient qu'il était un animal, il doutait qu'on le laissât tranquille.

Mais cela voulait-il dire qu'il fallait renoncer au deal ?

 

- Moi je voudrais bien qu'on continue.

 

Il avait parlé à voix basse, un peu comme s'il n'assumait qu'à moitié ses propos. Il regarda la tasse qu'elle avait déposé près de lui maintenant qu'elle s'était rapprochée, et il s'en saisit pour s'occuper les mains. Les odeurs qui s'en échappaient se mêlaient à celles d'Alison, se mariaient d'une manière agréable. Sasha osa la regarder : elle lui paraissait différente. Peut-être que c'était parce qu'il n'y avait aucun autre élève pour les épier, mais Alison n'avait pas l'air obnubilée par sa frange, cette fois. Les ondulations qui s'invitaient dans ses cheveux rappelaient la tignasse plus naturelle de Charlie, dans une version moins épaisse, et le maquillage troublé par l'humidité lui donnait un visage plus naturel, moins apprêté. Il la préférait bien comme ça : un peu plus sauvage. Peut-être que c'était parce qu'elle lui ressemblait un peu plus ainsi, lui qui n'était jamais tout à fait net ? Peut-être que c'était exactement le problème : il ne renvoyait justement pas l'image qu'elle voulait.

Par réflexe, Sasha baissa les yeux sur son accoutrement : en-dessous de sa chemise, un jean et des baskets pas très soignée. Mais au moins, pour une fois, il n'était pas plein de boue. Il releva les yeux vers Alison, plongea ses lèvres dans le thé pour se donner une contenance. Mais il eut un mouvement brusque et secoua une main.

 

- Ah ! Mais c'est trop chaud ce truc !

 

Avec un geste agacé, il reposa la tasse sur l'établi. Il perdait patience. A quoi ça lui servait de jouer constamment les doux agneaux pour elle si elle ne reconnaissait même pas les efforts qu'il faisait ?

 

- Qu'est-ce que tu veux, à la fin ? s'énerva-t-il. Dis-moi ! Sois claire quoi, puis je le ferai !

 

L'écho de sa voix était à demi étouffée par l'atmosphère surchauffée et saturée d'humidité de la serre. Il la regarda, de pied en cap. Ses cheveux défaits, les bretelles de son débardeur qui laissait voir sa peau laiteuse, laissée en évidence. De drôles d'idées lui venaient. Il écarta les bras.

 

- J'peux faire plus évident, dit-il en tâchant d'avoir l'air convaincant. Si c'est c'que tu veux, à la soirée d'Halloween j't'embrasse de façon très... Er, très entreprenante devant tout le monde. J'te dévore, avec les mains sur les fesses et les baisers dans le cou et tout. J'pourrai prétendre que j'avais bu et que j'me contrôlais plus, tu pourras prétendre qu'on est comme ça tout le temps quand personne nous regarde.

 

Sasha tâcha de rester stoïque, mais il se sentait fébrile. Sûr que s'il devait faire un truc pareil devant tout le monde, il faudrait réellement qu'il trouvât de l'alcool.

Il était resté les mains écartées, incertain. La réponse d'Alison mettait beaucoup trop de temps à venir à son goût. Il se passa une main dans ses cheveux en soupirant - les décoiffant plus encore que d'habitude si c'était possible, mais son visage était devenu rouge.

 

- Il fait trop chaud ici. Enfin bref. Si c'est autre chose, on fait autre chose, juste tu me l'expliques, ok ? Tu me dis et je fais, c'est simple. Tu veux que je vienne me planter devant la salle commune des Serpentards tous les jours pour te demander ? Je fais. Que je menace de fracasser les mecs qui t'ont regardée en ma présence ? Je fais. Tu vois ? C'est pas compliqué. Tu dis, je fais.

 

Son coeur tambourinait dans sa poitrine. Ses propos dépassaient un peu sa pensée sous l'effet de la frustration de perdre ce deal qui lui avait sauvé la mise sur quelques-uns de ses cours. Or, maintenant qu'ils étaient déjà à presque deux mois de la rentrée, si Alison changeait de binôme, il serait fichu. Personne n'accepterait de la remplacer parmi les cinquième années et il ne se sentait plus la capacité d'obtenir des bonnes notes par lui-même. 

 

- St'euh plaît, il ajouta avec une mine déconfite, façon léopard-potté. 


Le murmure des orchidées

Message publié le 07/01/2025 à 20:55

Sasha se tenait là, les mains enfoncées dans les poches de sa robe de sorcier qui lui tenait trop chaud dans l'atmosphère étouffante que la professeure de botanique avait réussi à créer pour ses précieuses orchidées. Le garçon faisait mine d'être intéressé par les premières couleurs qui se devinait dans les gros bourgeons prêts à éclore, mais le moment était particulièrement désagréable. Il était à deux doigts de lui obéir : retourner faire ce qu'il s'apprêtait à faire... Mais comme il s'apprêtait à ne rien faire du tout, autant rester un peu. Et si ça faisait les pieds à Alison, tant mieux.

 

La dernière semaine ne s'était pas particulièrement bien écoulée. Après l'épisode désagréable et les informations déplorables qu'il avait arrachées du journal d'Anya, il avait été carrément privé des nouvelles du front, tout comme de compagnie : il n'avait pas revu Charlie ni Alison. Il avait délibérément évité la dernière comme elle l'avait fait avec lui depuis leur dernière entrevue, poussé par un ressentiment qui l'avait enfoncé dans un mutisme plus prononcé que d'ordinaire. Mais peu à peu, Alison lui semblait moins coupable, et sa colère s'était dissoute progressivement. Juste avant le cours de potions pour la semaine suivante, il s'était même armé de courage pour tenter une discussion - mais ses espoirs avaient été douchés quand il avait été mis devant le fait accompli : Alison avait choisi un autre binôme, prétextant que la Potion de Croissance qu'elle préparerait avec sa copine de brochette était critique parce qu'elle devait être utilisée pour les fameuses Orchidées d'Halloween, dont la floraison avait pris du retard. Comme ils étaient un nombre impair dans la classe, Sasha avait dû faire sa potion seul.

 

Et avait récolté un beau Troll, parce qu'il avait malencontreusement mis beaucoup trop de Lierre-en-flamme dans le chaudron, provoquant une éruption subite dont les éclats avaient brûlé, par projection, la blouse d'une élève de la paillasse voisine. Heureusement, Brooks était intervenu immédiatement avec un sortilège apaisant, mais Sasha avait dû subir ensuite une leçon sonore sur les préconisations concernant le Lierre-en-Flamme. Le professeur avait bien insisté sur le fait que pour la séance, il aurait dû lire tout le chapitre de l'ouvrage "Floramens et Filagraines : L’Art des Plantes en Potion" d'Esmeralda Cottenthorne qui décrivait parfaitement les problématiques de mésusage du Lierre-en-Flamme. Sasha s'était contenté d'acquiescer en silence et de renvoyer à qui l'observait trop intensément des regards furieux et menaçants.

 

La vérité, c'était qu'effectivement, il n'avait pas beaucoup travaillé ces derniers jours. Il mangeait tôt après les cours pour s'échapper aussi vite que possible dans le parc et y passer sa soirée et une grande partie de la nuit sous sa forme animale, délaissant ses devoirs et ses révisions. Pourtant, il avait plutôt réussi à étudier régulièrement depuis le début de l'année, mais les derniers évènements ne lui avaient que donné envie de ne plus réfléchir à rien, et les rares moments passés assis sur une chaise l'ennuyaient profondément. Et plus son humeur morne se renforçait, plus il fuyait sous sa forme animale, et plus il rentrait tard au dortoir, et moins il dormait.

Tant et si bien qu'il avait fini par récolter une retenue pour s'être endormi au cours d'histoire de la magie.

 

Aussi, maintenant qu'il se retrouvait là devant Alison, Sasha était comme apathique, avec des cernes sous les yeux et sa cravate mal nouée pour laquelle il avait visiblement décidé d'apporter encore moins de soin que d'ordinaire. Cette fatigue ne l'aidait en rien à trouver les mots justes : même des mots tout courts étaient sacrément difficiles à trouver pour exprimer ce qu'il voulait dire, parce qu'il ne le savait pas vraiment lui-même. Le discours qu'il avait préparé pour le cours de potions ne tenait plus vraiment la route, avec le recul.

 

Mais comme il devait commencer, il finit par hausser les épaules avant de se lancer.

 

- J'ai des mauvaises notes sans toi.

 

Voilà, il avait dit l'essentiel. Il braqua sur Alison un regard franc, sans dévier.

 

- Tu veux plus du deal ?


L'Odeur des Carter

Message publié le 07/01/2025 à 17:43

Soudain, les voix des deux filles le surplombaient. Se mélangeaient à des sons parasites, plus aigus et discrets, que l'oreille humaine ne pouvait pas détecter. Il remua d'ailleurs une oreille, la tournant légèrement vers le château, lorsqu'il capta un bruit lointain - mais ce n'était qu'une fenêtre au troisième étage dont l'espagnolette grinçait quand quelqu'un avait dû l'ouvrir pour aérer une pièce. L'attention de la panthère revint à Alison et Charlie. Sasha avait fini par s'asseoir, et son corps trapu avait cette posture tranquille qui tranchait avec son allure intimidante : il était une masse de muscles dotée de griffes et de dents si tranchantes que les pointes de ses longues canines se dévoilaient lorsqu'il bougeait le museau. Et de la créature émanait un grondement régulier, des vibrations gutturales et profondes : Sasha ronronnait depuis que Charlie s'était mis à le caresser entre les oreilles.

 

Il n'aurait certainement pu décrire cette sensation une fois redevenu humain : son crâne, son museau, ses moustaches et ses babines étaient extrêmement sensibles lorsqu'il était sous cette forme, et leur stimulation provoquait une sensation relaxante qu'il ne maîtrisait pas vraiment. Cela lui déclencha un baillement bref mais terrible : il dévoila des dents et énormes et une longue langue qui s'enroula avant de refermer sa gueule avec un claquement sonore.

 

Sasha se sentait soudain beaucoup plus détaché de la situation. Alison lui semblait beaucoup moins méprisante et insultante - mais c'était peut-être parce que malgré la nuit, il la voyait désormais beaucoup mieux. Il distinguait les traits fins de son visage, son expression contenue malgré ses bras croisés. Les yeux de Sasha continuaient de la fixer même pendant que Charlie s'adressait à lui : la voix de la benjamine était une musique douce à ses oreilles, et pour tout signe d'acquiescement, il se contenta de cligner doucement des yeux.

 

La panthère se leva lourdement pour repartir, non sans frôler une dernière fois les jambes frêles de Charlie : pas trop fort ; avec sa carrure, il l'aurait aisément renversée. Puis il se faufila doucement dans les ronces, ses pattes étonnamment silencieuses tandis qu'il quittait le chemin - et leur champ de vision. La seconde suivante, il n'y avait plus aucune trace d'une telle créature, si bien qu'on eût pu croire qu'elle n'avait jamais existé.

 

 

 

Sasha, lui, se laissait fondre dans son environnement minéral et végétal. Se glissait entre les racines à pas de fauve, contournait les troncs en résistant à l'envie d'y planter ses griffes pour soulager ses bouillonnements intérieurs. 

Alison pouvait bien ramener Charlie. Il y veillerait de loin, certainement, avant de contourner le château dans l'espoir de récupérer le vêtement laissé à proximité du grand escalier.

 

Mais pour cette nuit, il avait eu son lot de confrontations humaines. Il serait bien mieux dans sa peau de félin, à tout oublier sinon les mouvements et les odeurs de la forêt.


L'Odeur des Carter

Message publié le 07/01/2025 à 13:04

Bon, hé bien ce n'était visiblement pas ça. Au moment où il croyait enfin avoir une solution, la situation se montrait encore plus désespérée. Sasha avait pris la tête de la compagnie, en s'imaginant déjà toutes les conséquences de ce qu'il se passerait lorsqu'Alison annoncerait qu'il rôdait comme un prédateur autour du château toutes les nuits et qu'il n'avait pas ramené Charlie directement quand il l'avait rencontrée. Il avait entendu dire que l'un des élèves de Russie, lui aussi revenu de la guerre, avait été isolé dans une chambre à part en plus d'avoir été fait prisonnier d'un sceau magique. Serait-ce le sort que lui réserverait le Ministère, à lui aussi ? Est-ce qu'on pouvait l'empêcher à tout jamais d'être la bête qu'il devenait la nuit ?

 

Ces pensées lui donnaient le vertige, et il lui semblait que l'énergie le quittait. A quoi bon fuir les professeurs, maintenant qu'il était fichu ?

 

- Charlie, non !

 

Il n'avait eu d'autre choix que de suivre les deux soeurs quand la plus petite des deux avait pris la fuite. Pour une fois, il était d'accord avec Alison.

 

- Qu'est-ce qu'y te prend !

 

Sasha s'était courbé pour passer sous les branches, mais il jeta tout de même un regard en arrière. Aucune lumière ne s'approchait. Le couvert des arbres leur dissimulait maintenant une grande partie du château, et la boue noyait leurs chaussures. Il pesta à voix basse sur les traces qu'ils laissaient. Il faudrait repasser pour les effacer. Un petit sortilège d'oblitération suffirait, s'il avait le temps de s'appliquer pour ne laisser aucun indice. Mais pour l'heure, il ne fallait pas perdre Charlie de vue.

 

Heureusement, la petite avait enfin décidé de freiner des quatre fers et les deux autres adolescents en firent autant. Sasha attrapa le premier tronc venu pour s'y appuyer, prêt à repartir s'ils étaient poursuivis. Mais le silence répondit aux échanges de deux soeurs, charriant seulement les cliquetis des branches autour d'eux.

 

- Quoi ?

 

Le garçon les regarda tour à tour, puis ses yeux se fixèrent sur Alison et sa frange décoiffée.

 

- Tu croyais QUOI ?! répéta-t-il, outré.

 

C'était bien la première fois qu'il était si en colère contre Alison. Sur l'instant, il lui semblait que c'était pire que d'être intolérante envers les animagus.

 

- Quel genre de type est-ce que tu crois que je suis ? Pour toi les Ukrainiens sont des pédophiles, c'est ça ?! Tu crois la propagande russe maintenant ?

 

Il s'efforçait de ne pas crier, mais il avait pointé un index dans une direction aléatoire, censée désigner la Russie et ses méchants dirigeants qui tordaient la vérité pour les faire passer pour des sauvages. Mais Charlie le pressait encore, et il sentait bien, à la voix tremblante de celle-ci, que des trois, c'était elle qui vivait le plus mal la dispute. Alors il laissa retomber sa main le long de son corps, non sans un dernier regard déçu pour Alison.

 

Sasha soupira.

 

Il lui suffisait de se transformer.

 

Un instant, Sasha se sentit comme quand il devait faire pipi dans les toilettes lors de sa toute première année à l'école : s'il y avait un autre petit garçon à côté de lui, il n'arrivait pas à faire pipi. C'était idiot.

 

Alors il préféra regarder ailleurs histoire d'échapper à leurs yeux rivés sur lui. Il fit quelques pas en fermant les paupières - le processus était devenu simple, avec le temps. Il lui suffisait de se rappeler les sensations qu'il avait lorsqu'il était félin : le sol froid et dur sous ses coussinets, les milles odeurs qui chatouillaient son museau, l'air qui flattait agréablement sa fourrure...

 

... subitement ses vêtements fusionnèrent avec sa peau tandis qu'il se courbait en avant, des poils apparaissant sur toute la surface de son corps quand ses pattes avant touchèrent le sol. Sa poitrine enfla et s'arrondit, des griffes poussèrent et s'ancrèrent dans le sol en même temps que son visage s'allongeait bizarrement...

 

Pour laisser place à un léopard énorme, plus gros qu'un chien, aux pattes massives. Pourtant, en hauteur, il ne dépassait pas le coude de Charlie derrière laquelle, pris d'une pudeur subite, il était parti se cacher. Il frotta son corps à ses jambes sans réfléchir, à la recherche d'une forme de protection maintenant qu'il ne pouvait plus rien dire pour sa défense. Sa tête apparut derrière la petite rousse - une gueule massive surmontée d'oreilles tâchetées de noir.

 

De Sasha l'adolescent, il ne restait plus que deux yeux verts dont les pupilles fixaient Alison, guettant sa réaction.


L'Odeur des Carter

Message publié le 07/01/2025 à 10:44

Les yeux de Sasha allaient de l'une à l'autre, tel le regard d'un chat suivant une balle de ping-pong. De temps à autre, il jetait quand même un regard en arrière : à ce moment, quelqu'un avait dû réussir à ouvrir la porte - en espérant que cette personne crût seulement que la porte avait gonflé avec la pluie, comme chez lui quand il faisait trop mauvais temps et qu'il fallait donner des coups de pied dans la porte du garage pour pouvoir sortir les balais. Avaient-ils laissé derrière eux des indices ? Que dirait-il si quelqu'un retrouvait son pull ?

La conversation étrange la ramena à écouter les propos des deux filles.

 

- Heu, c'est pas vrai hein, la plupart du temps j'suis tout seul, le parc est vide la n... essaya-t-il de caser, mais les filles parlaient vachement plus vite que lui et il laissa tomber. J'suis là, hein.

 

Mais quelles pipelettes. Enfin...

 

- Alison !

 

Il s'était insurgé, en essayant toutefois de garder la voix basse, les sourcils froncés en une expression exaspéré. Par réflexe, il avait ramené Charlie près de lui d'une main sur son épaule. Il faudrait quand même pas qu'Alison se mît à lui maquiller l'autre joue.

 

- Arrête de crier, tu veux vraiment qu'on nous trouve ou quoi ? Et puis, comment tu parles à ta soeur ? Elle a dit qu'elle sortirait plus le soir, ça te suffit pas ? Tu devrais déjà être contente que j'étais là pour m'occuper d'elle quand elle l'a fait, même si c'est vrai que j'aurais dû la ramener tout de suite plutôt que de jouer avec elle.

 

Il y eut un silence chargé d'accusations réciproques. Visiblement, Alison ne s'attendait pas à ce qu'il reconnût son erreur. Mais Sasha n'arrivait pas à décrypter l'expression de son visage : pourquoi n'était-elle pas toujours pas satisfaite ? A la place, il avait l'impression qu'elle avait eu un mouvement de recul dégoûté, même s'il avait peu d'indices dans l'obscurité quant à l'expression du visage de la jeune fille. Il comprenait qu'elle le trouvât repoussant, mais pourquoi se mettait-elle dans une colère pareille ?

 

- Charlie a rien fait de mal. Si elle sort la nuit, c'est probablement parce que personne d'autre s'occupe d'elle à ce moment-là, tu vois, grommela-t-il un peu vexé du mouvement de recul d'Alison, qui enfonçait dans sa poitrine les fléchettes qu'elle avait planté plutôt de ses mots accusateurs. Espèce d'animal. Au pire, j'pourrai surveiller moi-même le parc pour le vérifier et te tenir au courant si je l'ai vue elle ou un autre élève. De toute façon il faudra que je sorte, je pourrai pas faire autrement ! Je...

 

Il chercha ses mots un instant. Mais rien ne paraissait tout à fait approprié. D'une main, il balaya l'air en détournant le regard, puis son bras retomba le long de son corps. Il déglutit et sa main sur l'épaule de Charlie se serra un peu, involontairement, bien qu'il s'adressa à Alison.

 

- Je... J'en ai besoin, tu comprends ? C'est pas ma faute, c'est... C'est plus fort que moi, croassa-t-il d'une voix blême.

 

Mais il savait déjà qu'elle ne comprendrait pas. Pas vu la façon dont elle l'avait regardé, un peu plus tôt. Tes pulsions, là. Il scella ses lèvres en un pincement amer, à la pensée soudaine que même s'il se sortait de cette situation épineuse, il n'aurait plus jamais l'autorisation de s'approcher de Charlie. Ce n'était pas tout à fait juste. Et en même temps, c'était sûrement mieux pour la petite, se raisonna-t-il avec dépit. Mais quel deal accepterait Alison pour au moins ne pas le dénoncer ? Que pouvait-elle bien tirer de tout ça ?

Une drôle de pensée lui traversa tout à coup l'esprit.

 

Mais bien sûr. Il y avait un malentendu. Il comprenait, maintenant. Evidemment, les querelles entre soeurs. C'était parfaitement logique. Pourquoi ne l'avait-il pas compris plutôt ? Ca n'avait pas tant à voir avec sa forme animale, finalement. Une bouffée d'espoir lui emplit la poitrine.

 

- Attends...

 

Un voile de stupéfaction avait habillé le visage de Sasha, qui se vit même dans la nuit à ses yeux arrondis comme des soucoupes.

 

- T'es... T'es pas jalouse de ta soeur, quand même ?

 

Silence.

 

- Parce que si c'est ça, heu... Bon, j'peux... On peut sûrement trouver un arrangement, tu vois.


L'Odeur des Carter

Message publié le 06/01/2025 à 18:46

Sasha n'avait eu le temps que d'ouvrir les yeux pour voir en face de lui l'éclat lumineux qui jaillissait de la baguette magique d'Alison. Le sortilège le percuta en pleine poitrine et même si l'impact n'était pas douloureux, le choc le fit basculer brutalement en arrière et il s'étala dans les marches avec un glapissement de surprise. Il se hâta de rouler pour se remettre debout, comme pris d'un réflexe - ses sens lui hurlaient de se transformer et de courir, son coeur tambourinait à ses tempes, mais non, non, tu es à Poudlard, se raisonna-t-il, les joues rouges et la respiration haletante.

Les cris de Charlie le rappelaient à l'instant présent - saugrenu et étrange.

 

Un animal.

 

Voilà, elle savait. Et à la façon dont elle le disait, c'était évident : elle trouvait cela dégoûtant.

 

 

Dans les longues heures qu'il passait étendu dans le parc ou dans les arbres, à profiter du soleil sur son visage humain ou félin pour fermer les yeux indolemment comme il aimait le faire, il s'était parfois imaginé qu'un jour, il rencontrerait une fille, avec des belles formes comme celles d'Anya Niktalova, mais avec l'intelligence d'une ukrainienne, le sourire d'une chanteuse américaine et la gentillesse enveloppante de sa propre mère. Et cette fille-là s'étendrait dans l'herbe avec lui, et quand elle apprendrait qu'il était à demi une créature prédatrice et sanguinaire, elle le cajolerait quand même.

 

Mais quel con il était.

 

 

Sasha ne pensa pas à riposter - sa baguette était dans son pull de toute façon. Il serra les dents - ces coups-là, on ne pouvait que les encaisser. Il avait levé les mains - des paumes incrustées de petites égratignures héritées de sa chute dans les escaliers qui n'étaient rien à côté des balafres noires qu'elle avait déjà vu de toute façon. A quoi bon les cacher, maintenant qu'il savait ce qu'elle pensait de lui ?

 

- O-k, il articula lentement, et ces deux syllabes lui coupèrent les lèvres en passant la barrière de sa bouche.

 

Malgré les protestations de Charlie, il capitulait en soutenant le regard furieux d'Alison, en dépit aussi du gouffre noir qui semblait se creuser dans sa poitrine et menaçait d'anéantir ses entrailles. Il aurait peut-être réagi pareil, à sa place.

 

- Laisse, Charlie, ta soeur peut pas compr...

 

Il s'interrompit, ses yeux subitement attirés par une fenêtre qui venait de s'éclairer non loin de la grande porte.

 

- Chut ! souffla-t-il. Mais taisez-vous !

 

Une deuxième fenêtre s'alluma, un peu plus près. Le coeur de Sasha se remit à tambouriner dans sa poitrine. Alors soudain, il se jeta sur son pull pour en extraire sa baguette - puis il jeta le vêtement en boule dans les fourrés à côté de l'escalier.

 

- Collaporta ! s'écria-t-il.

 

 

Le sortilège frappa la grande porte de Poudlard et un léger bruit de succion se fit entendre - désagréable, mais caractéristique d'un sortilège de scellement qui avait à peu près fonctionné : le double-battant du château était particulièrement imposant et Sasha doutait que cela ne tînt plus de quelques secondes. Précieuses, malgré tout.

 

 

- Si on nous trouve ici, on aura tous des ennuis, ok ? Alors on se tire. J'connais d'autres endroits pour entrer dans le château en faisant le tour. Vite !

 

En deux enjambées, il grimpa les marches pour attraper la main de la petite fille - mais si l'on pouvait s'attendre à ce que Charlie coopérât, ce n'était pas le cas de la grande soeur.

 

- Alison !

 

Sasha la supplia du regard - une seule et unique seconde. Au-delà, il ne pouvait pas attendre. Alors il lâcha Charlie pour attraper la grande soeur par le coude - le bras qui tenait sa baguette - et l'embarquer brutalement en la poussant devant lui. Il plaqua son autre main sur la bouche de la jeune fille.

 

Ils dévalèrent les escaliers, trébuchèrent et manquèrent de tomber, mais se rétablirent dans les gravillons humides aux pieds des vieilles marches.

 

- Psst, par ici ! indiqua Sasha à Charlie.

 

Ils longèrent le grand mur froid. L'ombre d'une petite fille qui courait maladroitement à cause de ses chaussons s'étirait devant eux, ainsi que celle étrange d'un monstre à quatre pieds et deux têtes - dont l'une n'avait pas l'air de franchement apprécier le voyage. Ils coururent néanmoins jusqu'à l'angle, Sasha veillant à ce qu'ils marchassent tous dans les copeaux de bois qui couvraient les plates bandes, histoire de ne pas laisser la trace de leurs pas dans la boue. Puis ils contournèrent la courbe de la tour Est et cette fois, privés de la lumière des torches, ils furent engloutis par une obscurité presque totale.

Sasha progressait un peu à l'aveugle, peu dérangé par la noirceur fraîche de la nuit - mais il percuta vite la silhouette de Charlie qui s'était figée après quelques pas dans l'obscurité.

Il ne pouvait guère la réconforter : Alison résistait entre ses mains - mais Sasha avait bien derrière lui bien des entraînements qui rendaient les efforts de la jeune fille inutiles. La proximité de leurs corps, d'une nature si différente de leurs baisers factices, lui arracha un soupir.

 

- J'vais t'lâcher, grogna-t-il à son oreille. Mais tu fais pas d'bruit, ok ? Parce qu'avec la trace de tes doigts sur ta soeur, t'es autant dans la merde que moi. Ok ? il répéta.

 

Il attendit un signe d'assentiment quelconque avant de la relâcher précautionneusement, prêt à l'empêcher de crier ou de s'enfuir si l'envie lui prenait.

Peu à peu, leurs yeux s'habituaient à l'obscurité : on devinait maintenant le contour des visages et des corps entre des arbustes qui les frôlaient de caresses iirégulières, poussés par le vent. Sasha scrutait Alison.

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Sortilège de Scellement
Difficulté
Résultat D20
14
Interprétation
Réussite
XP gagnée
3

Le sortilège frappa la grande porte de Poudlard et un léger bruit de succion se fit entendre - désagréable, mais caractéristique d'un sortilège de scellement qui avait à peu près fonctionné : le double-battant du château était particulièrement imposant et Sasha doutait que cela ne tînt plus de quelques secondes. Précieuses, malgré tout.

Autres résultats possibles

Le sortilège frappa la grande porte de Poudlard et un léger bruit de succion se fit entendre - désagréable, mais caractéristique d'un sortilège de scellement qui avait parfaitement fonctionné.
Le sortilège frappa la grande porte de Poudlard mais aucun bruit de succion ne se fit entendre : le double-battant du château était probablement trop imposant pour pouvoir être ensorcelé de la sorte. Sasha jura dans sa langue, à haute voix : ils avaient encore moins de temps qu'il le pensait.
Le sortilège frappa la grande porte de Poudlard mais échoua lamentablement : au lieu de sceller la porte, celle-ci fut secouée d'un soubresaut et le loquet s'ouvrit tout seul. Le lourd battant en bois commença à s'ouvrir en grinçant. Déjà, de la lumière apparaissait dans le hall et des pas précipités accouraient dans les escaliers.

L'Odeur des Carter

Message publié le 04/01/2025 à 22:44

Sasha avait fini par déposer son pull en boule sur les marches - quand bien même il était un peu déçu de s'être trompé de crapaud. Il ferait l'affaire quand même, s'était-il dit, avant d'assister, l'air désemparé, aux grosses larmes qui noyaient le visage de Charlie.

 

Mais le chagrin de la petite fille secouée par les sanglots était pour lui beaucoup moins impressionnant qu'Alison et ses remontrances glacées. Sasha afficha une simple grimace désolée, et il lui avait tendu un bras avant même qu'elle se pendît à son cou. Le geste lui semblait tout naturel, comme celui de refermer ses bras sur son corps de fille miniature, de l'accueillir même s'ils étaient tous les deux à moitié trempés. Au contraire de ces moments où il avait approché Alison, Sasha ne se sentait pas comme un ours hirsute au contact de Charlie, ou comme une créature odieuse dont les autres élèves de Poudlard ne voulaient pas s'approcher. Mais quand la petite fille gémit sur son épaule, mouillant sa joue de ses larmes salées, un flot brutal de souvenirs l'envahit - et il ne put rien faire d'autre que la serrer contre lui un peu plus fort.

 

Un instant, sous les lumières vacillantes des torches et les quelques gouttes qui fuyaient les rebords des fenêtres pour s'écraser autour d'eux, Sasha resta le souffle coupé, les yeux grand ouverts. Son coeur battait la chamade, à tel point qu'il lui semblait que les propos de Charlie ne voulaient plus rien dire.

 

Il hoqueta.

 

Aussitôt, comme elle s'écartait, se reprit. Fit mine de s'essuyer la joue d'une revers de manche, s'essuya le nez en même temps. Quelques gestes pour gagner quelques secondes, le temps que tous les mots prissent leur sens dans sa tête. Puis ses yeux verts croisèrent ceux, encore tous remplis de larmes, de la petite fille à la marque rouge sur la joue, et malgré la découverte piteuse que représentait la trace de la dispute, il s'efforça d'avoir un sourire rassurant.

 

- C'est pas ta faute Charlie, c'est moi qui lui ai dit que j'sortais la nuit, dit-il en haussant les épaules, l'air résigné.

 

Il passa le revers de l'index sur la joue de la petite fille, là où la trace rouge s'étendait, et son sourire se transforma en une grimace brève, comme s'il était pris d'un frisson.

 

- C'est moi qui suis désolé. Ca aurait pas dû retomber sur toi.

 

Il fronça les sourcils et sa main retomba sur la pierre froide et humide. Le silence les enveloppa tous les deux quelques secondes pendant lesquelles il pinça les lèvres. Le vent aux rafales discrètes secouait de temps à autre les grands arbres près de l'allée, donnant l'impression que les végétaux s'ébrouaient après la pluie, pour se débarrasser du surplus de gouttes laissées par l'averse. L'air était saturé des odeurs du gazon humide, et le château demeurait froid et silencieux. A être assis là, sur les grosses marches centenaires, Sasha avait l'impression que Charlie et lui étaient soudain aussi minuscules que des fourmis insignifiantes.

 

En réalité, la possibilité qu'on pût le virer de Poudlard ne lui était pas vraiment venue à l'esprit. Il avait imaginé bien des sanctions - d'une nuit passée pendu par les pieds dans les cachots du château au redoublement de sa sixième année, en passant par les odieux cours de danse du bibliothécaire en guise de retenue - mais il n'avait jamais réalisé qu'on pouvait tout aussi bien le mettre à la porte.

Ca ne pouvait pas être une bonne nouvelle. Un instant fugace, il s'était dit qu'il serait alors libre de s'envoler vers l'Ukraine - mais c'était une chimère et il le savait bien. S'il était viré de Poudlard, il serait envoyé, au mieux, dans un collège de moldus ; et au pire, dans une institution réservée aux sorciers délinquants. Ni l'une ni l'autre de ses alternatives n'étaient alléchantes, et aucune des deux ne lui permettrait probablement facilement de se transformer la nuit venue pour soulager ses drôles de pulsions animales.

Comment n'avait-il pas pu réaliser qu'on pouvait le virer ?

 

- T'es pas bête, il murmura comme pour lui-même. T'es même vachement plus intelligente que moi.

 

Sasha finit par secouer le tête, comme pour retrouver pied dans la réalité. Charlie était toujours là, à le regarder avec des yeux mi-interrogateurs, mi-désespérés, et il ne put s'empêcher de sourire de nouveau devant la naïveté de la petite fille. C'était étrange, de sourire sincèrement. Il lui semblait que ça n'était pas arrivé depuis des années. Les traits de son visage s'étiraient d'une façon qui lui était presque douloureuse.

Il frictionna ses mains contre les épaules de Charlie.

 

- T'inquiète, je vais aller lui parler. Avant qu'elle aille voir la direction demain. J'suis sûr que j'vais pouvoir la convaincre. Ou presque sûr. Ok ? Comment tu fais pour la voir, toi, tu vas dans la salle commune des Serpentards ?

 

Il jeta un coup d'oeil, instinctivement, vers les fenêtres basses qui faisaient office de puits de lumière pour les cachots et donc, s'imaginait-il, la salle commune des Serpentards. Son regard revint à la petite fille.

 

- Alison t'a donné le mot de passe ? il souffla à voix basse. Tu crois que tu pourrais me faire rentrer chez les Serpentards sous ma forme animale ? Ou bien on la fait venir dans un endroit isolé ?

 

Sasha fronça les sourcils, haussa les épaules.

 

- Si t'as un plan meilleur que le mien vas-y, c'est toi le cerveau de l'équipe ! Bon. Un gros câlin pour effacer cette mauvaise dispute et après on y va, ok ?

 

Il aurait pu dire une dernière minute du film avant d'aller se coucher, ou bien une dernière cuillère d'épinards avant le dessert que son encouragement n'aurait pas sonné différemment. Et d'un geste il l'entoura de nouveau de ses bras, pour l'étreindre contre son torse trapu.

Il la serra fort.

Aussitôt, la sensation qu'il avait ressenti plus tôt rejaillit presque comme si quelqu'un avait appuyé sur un interrupteur à l'intérieur de ses entrailles : son coeur qui se remettait à battre follement, sa poitrine qui s'écrasait d'une douleur sourde à lui en couper le souffle, à tel point que Sasha devait fermer les yeux pour ne pas oublier de respirer.


L'Odeur des Carter

Message publié le 03/01/2025 à 21:04

J'arrête tout.

 

Ca voulait dire quoi, au juste ? Alison arrêtait ses efforts pour qu'ils ressemblassent à un couple ? Ou elle arrêtait totalement le deal ? Ou bien c'était une de ces expressions anglaises qu'il avait du mal à comprendre, comme quand ses voisins de chambrée disaient qu'ils prendraient a rain check concernant les devoirs ? Sasha avait mis à peu près un mois à comprendre qu'il n'y avait rien de littéral dans cette expression, et il avait régulièrement des expériences similaires avec cette langue dont il avait pourtant vite maîtrisé, au demeurant, les formes les plus argotiques.

Toujours était-il que sur le moment, il n'avait pas osé poser la question à la Serpentard. Après s'être renfrogné dans le silence à son tour, Sasha s'était résolument convaincu qu'Alison lui en voulait simplement pour des sottises : parce qu'il avait mal choisi les couleurs des orchidées, par exemple. Après tout, elle-même lui avait dit qu'il était coupable par défaut, même s'il ne savait pas pourquoi.

 

Malgré tout, les jours qui avaient suivi, Sasha s'était surpris à s'inquiéter de temps à autre. Le deal pouvait-il faire partie du tout ? Non, non, elle avait dit ça comme ça, c'était juste une formule pour dire qu'elle boudait. Systématiquement, il repoussait soigneusement la désagréable pensée en se concentrant sur autre chose. Son dîner, par exemple. Mais assis à la table des Gryffondors, il n'avait pu s'empêcher de jeter un oeil vers la table des Serpentards, où Alison ne se montrait guère. Encore sa lubie de sauter les repas.

 

Comme leur absence de nouveaux échanges ne pouvait lui permettre de trancher véritablement, Sasha avait fini par décider une bonne fois pour toutes ce soir-là, en dévorant des crevettes, qu'il fallait continuer à investir dans le projet qui devait consister à lui faire accéder aux cours de sixième année intégralement. Il n'y avait bien sûr pas que l'intérêt des cours qui le poussait à poursuivre ce but : il craignait que s'il ne validait pas les cours de sixième année à la fin de l'année, on ne le considérât pas comme majeur à 17 ans, comme les autres. Et tant qu'il était mineur ou considéré comme tel, les adultes décidaient de son destin - et surtout de sa présence au château, loin de là où il devait être. Aussi décida-t-il de ne pas remonter à la salle commune, histoire d'enfin donner à la Fouine ce qu'elle rêvait d'avoir sans le savoir.

Le Serpentard l'avait en effet déjà croisé deux fois depuis le cours de Botanique, et commençait à craindre que Sasha ne fisse juste traîner l'échéance - au risque de perdre la primeur de cette information visiblement capitale pour les cinquième années : Sasha et Alison ne formaient pas un vrai couple.

Demain au plus tard, il lui donnerait ce qu'il devait.

 

 

 

 

 

 

L'air était frais. Chaque soir, il devenait un peu plus froid, au point qu'au coeur de la forêt, des flaques s'étaient gelées, déjà, à cause des températures nocturnes qui chutaient en Ecosse bien plus tôt qu'en Ukraine. Sous sa forme animale, Sasha ne redoutait pas vraiment les surfaces glacées. Il les préférait même à cette pluie battante qu'il avait dû subir à l'aller, avant de recevoir le couvert des arbres. Il avait vagabondé assez longuement, dès la tombée de la nuit. Ce qui était bien, lorsqu'il était transformé, c'était que son esprit ne s'attachait plus à s'inquiéter outre mesure ni du passé, ni de l'avenir. Tout était instantanément important : ce mulot qui couinait sous un buisson, le vent qui chuintait dans les feuilles, une goutte qui tombait sur son pelage. L'effet apaisant de sa propre langue rugueuse sur ses pattes quand il se nettoyait par automatisme après s'être tâché de résine en grimpant un sapin malade. Et puis les odeurs, ah !, les humains ordinaires ne savaient ce à quoi ils n'avaient pas accès. Les sécrétions des insectes sous l'écorce poivrée qu'il grattait avec ses griffes ; les senteurs terreuses des champignons qui poussaient dans la mousse suave ; l'odeur fraîche de l'eau qui bruissait dans son lit sauvage, où un rongeur avait laissé la marque de ses phéromones, auxquelles se mélangeaient les effluves âcres d'un...

 

... crapaud.

 

 

 

 

 

 

Plif, plof, plif, plof.

 

La pluie avait cessé, mais Sasha avait retrouvé sa forme humaine et traversait dans la nuit la pelouse inondée et boueuse qui le ramenait vers les portes du château, son pull drôlement roulé en boule dans ses bras. Sa chemise était humide et ses cheveux trempés au point qu'ils gouttaient sur son visage et ses épaules - signe qu'il n'avait pas dû vraiment pouvoir s'abriter avant la fin de l'averse. A l'extérieur du château, de grosses torches appliquées sur les murs de pierre sombre éclairaient le parc, lui-même baigné de la lueur blanche qu'offrait une Lune presque pleine entre deux nuages épais. Certaines grandes fenêtres du rez-de-chaussée et des étages étaient encore colorés par les lustres montés de bougies, aux lueurs chaudes et vacillantes, qui indiquaient que Poudlard ne s'était pas encore tout à fait endormi. Il ne devait pas être très tard, encore. Il n'aurait qu'à monter directement dans les étages, et il prétexterait avoir dû sortir en catastrophe après avoir oublié quelque chose d'important dehors.

 

Plof-plif.

 

Sasha s'était immobilisé subitement à la vue d'une silhouette assise sur les marches. Son coeur s'était mis à battre durement mais se calma aussitôt : ce n'était qu'une élève à la longue chevelure rousse détachée. Il s'élança en avant.

 

- Alis...

 

Sa voix mourut tandis qu'il ralentit aussitôt l'allure. Idiot. Alison ne sortirait jamais par un temps pareil : elle ne se montrerait sûrement pas en pyjama. Mais finalement, il jugea que ce n'était pas une mauvaise nouvelle. Il soupira en s'approchant des marches, et bientôt la lumière des torches l'inonda lui aussi, réchauffant même vaguement la chemise mouillée qui lui collait à la peau.

 

- Charlie ? C'est marrant, parce que j'allais justement monter te...

 

Il s'interrompit de nouveau en s'immobilisant devant la petite fille recroquevillée sur les marches. Un instant, il la revit quand il l'avait ramenée ici après une nuit qui avait dû être la pire qu'elle avait dû vivre ici - du moins, c'était ce que Sasha s'imaginait. Après ça, elle n'aurait sûrement plus jamais voulu ressortir la nuit et se retrouver là, surtout par un temps pareil. Et les marches de l'escalier sur lesquelles elle était assise qui étaient trempées.

 

- Qu'est-ce qui se passe ? il demanda, quelques marches sous elle.

 

Mais Charlie restait derrière un rideau de cheveux roux, beaucoup plus sauvages et entortillés que ceux d'Alison. Décidément, les filles étaient jamais claires. A moins que ce ne fut spécifiquement les Carter.

Sasha exécuta un pas pour grimper, puis il s'accroupit pour poser un genou sur la marche suivante, tendant son pull roulé en boule devant lui.

 

- Hé, il souffla. Regarde qui j'ai ram'né.

 

Dans l'amoncellement de tissu épais et usé, un gros crapaud était tassé, à demi caché par une capuche dont il ne voulait pas sortir, terrifié par le voyage qui venait d'être le sien. Sasha haussa les épaules avant de se laisser tomber séant sur la marche en dessous de Charlie.

 

- Enfin, j'suis pas sûr que c'est lui en fait... Mais il ressemble nan ? A l'odeur, on aurait dit...


Les Orchidées Explosives

Message publié le 02/01/2025 à 22:46

Sasha avait haussé un sourcil, interloqué par la question étrange d'Alison.

 

- Hum, ben... J'sais pas, douze ans ?

 

Il n'avait aucune idée de l'âge de Charlie. Lui avait-elle dit ? Peut-être. Ses souvenirs de la nuit où il avait trouvé la petite Carter étaient confus, mélangés avec mille sensations et la seule chose qui lui revenait facilement en mémoire, c'étaient ces odeurs multiples qu'il avait senti sur elle et dont certaines lui avaient rappelé Alison elle-même. Pourquoi son cerveau animal ne se souvenait-il jamais des choses importantes ?

Il sentait son coeur battre la chamade : c'était sûr, Alison savait. Sinon, elle ne lui aurait jamais demandé jusqu'où il allait, non ? Peut-être que Charlie lui avait dit qu'elle l'avait rencontré la nuit, sans lui en dire plus. Sasha secoua la tête.

 

- Ah non mais pas loin. Pas loin du tout. Genre dans le parc, quoi, rarement plus loin ! Comme tout le monde tu vois ?

 

Il haussa les épaules en pinçant les lèvres, histoire de rattraper les prochains mots qui lui étaient venus à l'esprit et qui mentionnaient la Forêt Interdite. Il ne pouvait pas mentir, au cas où elle savait déjà. Mais Alison semblait s'être désintéressée de lui. Avec un peu de chance elle ne relèverait pas qu'il n'y avait justement pas tout le monde qui sortait la nuit. Avec un soupir de dépit, il lâcha un dernier galet vers l'une des orchidées pour obéir et s'en aller chercher deux autres pots de fleur. Il préférait vachement ça : quand elle donnait des ordres, plutôt que quand elle lui posait des questions. Il s'en sortait beaucoup mieux sur les exercices pratiques qu'à l'oral - ça c'était clair, songea-t-il les mains enfoncées dans les poches tandis qu'il s'immobilisa devant la rangée d'orchidées pleines de boutons. Il n'avait strictement aucune idée de la couleur à choisir. Et il n'avait pas non plus la tête à ça. Un élève lui parla à sa droite et il mit un moment avant de réaliser ce que le garçon était en train de lui dire.

Il tourna la tête vers lui : c'était un petit roux qui avait sagement décidé de garder un mètre de distance avec l'ukrainien. Derrière l'élève, deux filles se tenaient, comme mal cachées derrière lui, jetant vers Sasha des oeillades intéressées. Le Gryffondor les regarda tour à tour.

 

- Tu m'suis ? aboya-t-il vers le Serpentard.

 

Ce dernier eut un mouvement de recul et un petit sourire mauvais. Ca lui rappelait encore les garçons avec Dmitri quand il était gosse. Cette fois c'était sûr : Alison et lui avaient réussi à se mettre la classe à dos et un nouveau nez cassé ne suffirait pas.

 

- Tu m'as suivi ? Quand ça ? répéta-t-il plus agressivement, comme il n'obtenait pas de réponse.

 

L'une des filles plaqua une de ses mains contre sa bouche.

 

- T'as vu comment il réagit ? lui glissa sa voisine en faisant une moue dégoûtée, comme si Sasha était incapable de les entendre. C'est vrai qu'c'est une brute. Comment elle peut lui faire confiance pour choisir les bonnes couleurs ?

 

Sasha lui jeta un coup d'oeil mais ne réagit pas. Il serrait les dents à s'en faire mal aux mâchoires, tâchant de se concentrer sur le Serpentard qui avait perdu un peu de son sourire et avait tant de mal à trouver une réponse.

 

- P'tet bien, finit-il par laisser entendre d'une voix geignarde. Et bientôt tout le monde va l'savoir.

 

Sasha haussa les sourcils, interrogateur. Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Il était généralement sur ses gardes, mais quand il se promenait avec la main d'Alison dans la sienne, il était vrai qu'il devenait tête en l'air. Devant l'air dépité de Sasha, le Serpentard retrouva son sourire qui s'élargit en fendant un champ de tâches de rousseur moins élégant que celui qui décoraient les visages des Carter.

 

- Et pourquoi ?

- Dis donc la fouine, tu t'dépèches d'en ramener une ?! entendit-on un peu plus loin - le binôme du Serpentard qui tenait le crachoir à Sasha s'impatientait effectivement.

- Parce que tu dis pas qu'c'est faux, fit-il comme s'il n'avait pas entendu.

- Ben c'est faux.

- Trop tard !

 

Le Serpentard hoqueta en un rire si désagréable que Sasha n'avait qu'envie de le gifler. Mais il ne pouvait décemment pas se retrouver en retenue systématiquement, sinon il ne repasserait jamais rapidement en sixième année comme il l'espérait.

 

- Pourquoi ils t'appellent La Fouine. T'aimes fouiner ?

 

Le Serpentard se tortilla d'une drôle de manière, toujours avec ce sourire étrange. Il avait l'air de jubiler à avoir cette conversation saugrenue, tandis que les deux filles avaient fini par les contourner pour aller choisir des orchidées en prenant garde à ne pas s'approcher trop près de l'Ukrainien, mais il voyait bien qu'elles traînaient pour suivre leur conversation.

 

- Ouais, finit par admettre le petit roux. Et j'suis le meilleur pour faire passer les rumeurs.

 

Cette fois, Sasha comprit l'attitude bizarre du garçon, et ne put empêcher une grimace.

 

- Qu'est-ce tu veux ? il gronda en baissant la voix, espérant que les filles ne l'entendraient pas - et aussitôt les yeux du petit roux flamboyèrent.

- S'tu me ramènes un de ses sous-vêtements, j'dis que vous baisez comme des bêtes. Que j'vous ai vus et entendus.

- Tsss, siffla Sasha, mais c'était à son tour d'avoir un petit sourire en coin sans joie, et cette fois il se pencha vers le Serpentard pour lui faire une confidence. J'vais t'ramener beaucoup mieux. Et tu verras que t'auras pas besoin de mentir : on baise comme des bêtes et t'auras la preuve en échantillon.

 

La Fouine entrouvrit la bouche, dans un mélange d'espoir et d'étonnement, tandis que Sasha lui faisait un clin d'oeil en retournant vers les pots. Il les sélectionna au hasard.

 

 

 

 

 

- On a un problème chef, annonça Sasha très sérieusement en déposant Rose Chewing-Gum et Bleu Néon sur le plan de travail devant lui. Il y a des élèves qui mettent en doute notre... Hum. Relation.

 

Fini, les oreilles rouges : le Gryffondor semblait avoir complètement oublié leur précédente conversation. Il avait même l'air d'avoir trouvé une nouvelle assurance tandis qu'il poursuivit :

 

- T'inquiète pas, je nous ai fait gagner du temps, mais il va falloir être plus convaincants les jours prochains.

 

Sasha se concentra sur les pierres devant lui, préparant un troisième nid sans paraître se rendre compte de la posture froide d'Alison.

 

- Je te propose qu'on disparaisse ensemble dans un placard une fois de temps en temps. Et si tu veux, j'peux te prêter un pull pour dormir.

 

Il décocha un regard vers la Serpentard retranchée derrière sa frange. Il eut l'air déçu que sa proposition ne fisse pas mouche. C'était pourtant un truc de couple, de dormir avec les vêtements de l'autre, non ? Mais Alison paraissait froide comme la pierre. Qu'est-ce qui lui prenait tout à coup ? Sasha lui donna un petit coup de coude, comme pour la réveiller.

 

- Dis donc, Lu'eńka - et le mot roula dans la bouche de Sasha plus légèrement et naturellement que de l'anglais. T'as perdu ta langue ?

 

Mais la plaisanterie ne lui attira visiblement aucune indulgence de la jeune fille, aussi le Gryffondor se renfrogna-t-il à son tour en se préoccupant de ses pierres, de nouveau.

 

- Ben quoi, tu voulais un surnom ukrainien, non ?


Les Orchidées Explosives

Message publié le 30/12/2024 à 12:15

Sasha n'avait encore jamais entendu le mot weirdo, mais il en saisit malgré tout approximativement le sens, ses épaules se tassant tandis qu'il renfonça ses mains dans ses poches - qu'elle se débrouille avec ses fleurs si Madame avait les talents de ses ambitions. Il laissa promener son regard morne sur le reste de la classe : pour une fois, on les oubliait peu à peu, principalement parce que les discussions sur les orchidées allaient bon train et que les élèves étaient inquiets de mal faire. Ils se concentraient maintenant sur leurs propres nids, tandis qu'Alison annonçait qu'elle ne voulait pas être transparente.

Sasha haussa les sourcils en lui jetant un coup d'oeil.

 

Comment ça, ne pas être transparente ? C'était une maladie magique, ça ? Par défaut, ne pas poser la question. Les propos sur le père d'Alison l'avaient dissuadé de toute façon de poursuivre dans cette direction, pour mieux se concentrer sur l'essentiel : couvrir ses petites sorties nocturnes, dont il craignait que récemment, elles eussent été remarquées.

 

En effet, sortir des salles communes n'était pas excessivement difficile. Ce qui l'était davantage, c'était bien sûr de déjouer la surveillance des portraits qui ne dormaient pas ainsi que les rondes du personnel. Mais sous sa forme animale, l'exercice était presque pour lui un entraînement un peu trop facile : sa vitesse et la trace olfactive des surveillants lui permettaient d'emprunter régulièrement des chemins différents sans jamais se faire prendre pour atteindre une sortie ; et même si un portrait l'apercevait, il ne verrait qu'une ombre furtive et féline, sans pouvoir reconnaître l'élève en question pour le dénoncer. La traversée du parc était encore plus simple : dans la nuit, Sasha se fondait totalement.

 

Mais les erreurs survenaient toujours quand l'on se sentait trop en confiance, et même si Sasha le savait, il avait fini par en commettre une. Une nuit au cours des jours précédents, il s'était aventuré dans les cachots sous sa forme animale - principalement attiré par les odeurs de cuisine, parce qu'à cause d'une nouvelle retenue à la bibliothèque, il était arrivé trop tard au dîner pour profiter des principaux plats et manger à sa faim. Il n'avait eu dans l'idée que de voler une petite carcasse de poulet - ou peut-être bien le rôti auquel la table des Serpentards n'avait pas touché - quand il s'était retrouvé, à l'entrée des cuisines, nez à nez avec...

 

- AAAAAH ! UN ANIMAAAL SAUVAAAAGE !

 

Sasha avait glissé sur ses coussinets pour freiner sa progression et exécuter un demi-tour instinctif. En quelques bonds, il avala les escaliers pour remonter vers le hall, mais Peeves, dénudé de toutes les frictions du monde réel, traversa les murs et les palliers pour le retrouver en train de gratter de ses griffes maladroites le loquet de la grosse porte extérieure. Un coup de patte un peu plus virulent le vit sauter et la porte s'entrouvrir suffisamment pour que Sasha y coinça son museau, puis son cou, et enfin son corps tout entier pour détaler dans la nuit.

 

Cette fois, Peeves ne l'avait pas suivi. Un fantôme pouvait-il s'éloigner tant que cela des lieux où il était mort ? Probablement pas. Son fantôme devait s'affaiblir, ou bien Peeves avait peur des autres fantômes qu'il pouvait rencontrer à l'extérieur. Toujours était-il que Sasha avait passé la presque intégralité de la nuit dehors, craignant de se retrouver de nouveau face au fantôme s'il revenait trop tôt. Mais pendant toute cette journée, il n'avait cessé de penser aux conséquences de cette rencontre : Peeves allait-il parler de l'animal qu'il avait vu à la Direction ? Et le croirait-on ? Y allait-il avoir une enquête pour découvrir qui était l'animagus en question ?

Et s'il était pris, que se passerait-il quand le personnel saurait qu'il se transformait en cette bête sauvage ? On lui interdirait certainement ses escapades. Pire, on lui interdirait ses transformations sans surveillance. Personne ne devait savoir.

Mais... Il était trop tard. Charlie savait.

 

Aussi, quand entre un sortilège et une apparition de la professeure, Alison lui demanda s'il voyait quelqu'un, Sasha pensa immédiatement à la petite soeur rousse. Ses oreilles se mirent à rougir, tandis qu'il s'intéressa brusquement à la préparation d'un second nid pour la deuxième orchidée, le temps que l'enseignante s'éloignât vers la paillasse suivante - décidément, elle avait décidé de les suivre de près, ce jour-là.

 

- Ben... c'est à dire que ça m'arrive de... De croiser quelqu'un, pourquoi ?

 

Charlie avait-elle cafté ? Etait-ce pour cela qu'Alison posait la question ? Sasha se mordit la lèvre en sélectionnant au hasard d'autres galets. Il essayait de réfléchir à toute allure : si Alison savait, pour Charlie, il valait mieux éviter de mentir. Mais s'il se faisait des idées, alors il ne devait pas vendre Charlie à son tour.

 

- Mais pas souvent, hein, il précisa précipitamment, à voix basse. Et puis, rarement des petites, elles ont trop peur de sortir, tu vois. Elles sont sages !

 

Parce que les petites filles, elles, devaient rester en sécurité dans leur dortoir, et d'ailleurs si on en trouvait une la nuit dans une forêt interdite, on ne jouerait pas à la suivre en filature comme un ennemi ; pas du tout, on la ramènerait immédiatement en sécurité au château, comme un homme responsable, et ce bien avant que la situation ne pusse devenir dangereuse.

Sasha sentit une bouffé de culpabilité l'envahir, et il eut l'impression qu'il était devenu cramoisi au niveau des oreilles et du cou. A la hâte, après avoir rassemblé ses galets, il sortit lui aussi sa baguette pour imiter Alison, histoire de s'occuper les mains, l'esprit, et celui d'Alison si possible.

 

- Calidum.

 

Le sortilège fonctionna correctement, et Sasha plaça la seconde orchidée au centre du nid improvisé, faisant mine d'être concentré sur sa tâche. 

 

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Enchantement Réchauffant
Difficulté
Résultat D20
9
Interprétation
Réussite
XP gagnée
3

Le sortilège fonctionna correctement, et Sasha plaça la seconde orchidée au centre du nid improvisé,faisant mine d'être concentré sur sa tâche. 

Autres résultats possibles

Le nid fut réchauffé parfaitement, si bien que lorsque Sasha plaça la seconde orchidée, celle-ci frissonna de plaisir. 

 

- Très bien monsieur Shevchen ! claironna la professeure avec un sourire encourageant. 

 

Sasha resta interdit, ayant vaguement l'impression qu'on le prenait pour un enfant. Mais l'enseignante semblait ravie : elle avait joint ses deux mains pour un petit applaudissement silencieux. 

Du bout de la baguette, un léger jet de fumée s'échappa, inoffensif, et les pierres restèrent froides. Sasha jeta un regard vexé vers Alison.

 

- Vos sortilèges en latin valent rien, il gronda.

Le sortilège jaillit de la baguette, beaucoup trop puissant. Les pierres chauffèrent certes, mais réchauffèrent aussi leurs voisines qui contenaient Honey, la fleur déjà installée par les soins d'Alison. Soudain, ses bourgeons gonflèrent, et gonflèrent encore, prêts à éclater. 

 

- Blyad, souffla Sasha.

 

Il repoussa Alison d'un geste brutal pour l'écarter de la fleur. 


Les Orchidées Explosives

Message publié le 27/12/2024 à 10:39

- Croire à quoi ? il avait demandé bêtement.

 

Sasha avait baissé les yeux sur le jeu de mains rapide d'Alison qui arrangeait sa cravate, un peu déçu de ne pas avoir droit à une nouvelle séance de respiration guidée. Evidemment, les yeux et les commentaires des autres Serpentards les accompagnaient dans chacun de leurs mouvements. Sasha ne s'expliquait pas la fascination que le groupe de 5ème années avait pour le couple fallacieux qu'ils formaient, Alison et lui. S'il s'était dit les premiers jours que ce n'était qu'un jeu d'adolescents curieux des intrigues amoureuses - à défaut d'avoir plus intéressant avec quoi s'occuper - désormais plus le temps passait, et plus il avait l'impression que l'attention qu'on leur portait devenait une obsession. Un peu comme quand les copains et lui avaient vu Dmitri manger un escargot à l'école quand il était petit : de camarade un peu bizarre, il était vite devenu le bouc émissaire de la classe et les efforts de tous les autres élèves pour l'humilier histoire d'être en haut de la hiérarchie sociale. Ces drôles de souvenirs lui semblaient émerger d'un autre monde, d'une autre vie ancienne et partiellement oubliée. Toujours était-il que l'attention croissante des Serpentards envers leur binôme l'inquiétait plus qu'il ne voulait l'admettre.

 

Alors, quand Alison soudain frôla son pantalon de sa main avant de s'accroupir jusqu'à disparaître sous leur plan de travail, Sasha sentit soudain son corps s'engourdir d'une paralysie étrange. Ses yeux s'arrondirent et il eut l'air tout aussi étonné que ceux qui les regardaient. Certes il fallait donner le change : il lui traversa l'esprit qu'il pouvait sourire histoire de crâner, mais ça n'aurait certainement pas l'air naturel dans l'état où il était. Alors il serra les dents en renvoyant des regards courroucés, priant pour qu'Alison se relevât le plus vite possible. Heureusement, l'arrivée de la professeure détourna l'attention et il se sentit soulagé quand la rousse réapparut à ses côté. Pendant qu'elle déplaçait ici et là des galets, lui se chargea de lui en faire passer d'autres, non sans sentir une tension confuse dans tout son corps. Il déglutit.

 

- Des p'tits noms, c'est vraiment ça qui compte pour toi là maintenant ?

 

Il avait grondé à voix basse, les mâchoires serrées et les sourcils froncés, tout en jetant des regards autour d'eux, dissuasifs, à l'attention de quiconque s'intéressait à leur conversation. Les odeurs des orchidées, même encore au stade de boutons, diffusaient des odeurs douces et florales, dont s'enchantaient les filles du premier rang avec force d'exclamations joviales. Sasha profitait du brouhaha général pour poursuivre, jetant ses mots en direction de l'épaule d'Alison, qu'il surplombait.

 

- Tu nous fais trop remarquer, poursuivit-il d'un ton péremptoire.

 

Non, il n'était pas détendu du tout.

Il ne voyait pas le visage de la jeune femme, mais seulement ses cheveux qui dansaient à quelques centimètres de lui tandis qu'elle composait un premier nid, formant un cercle avec des pierres autour de la plante à l'étiquette Honey. La rousseur lumineuse et l'odeur d'un shampooing féminin lui parurent familières. Charlie piquait-elle parfois les cosmétiques d'Alison ?

 

- Qu'est-ce qu'il dirait ton père s'il te voyait, hein, bougonna-t-il, espérant faire mouche, cette fois.

 

Sûrement qu'il dirait qu'elle ne devait pas traîner avec des animaux de son espèce, en premier lieu. Mais ce n'était pas lui qui forçait Alison à avoir un tel comportement. Et en l'absence du père en question, n'était-ce pas lui qui devait la rappeler à l'ordre ?

Il soupira, un instant soulagé de sentir la tension qui s'évaporait de son corps, le laissant plus à même de lui aussi construire un second nid à côté du premier, qui ressembla vite à une forteresse. La professeure était passée devant eux, posant les yeux sur leurs premières réalisations. Au soulagement de Sasha, elle ne trouva pour le moment rien à redire à leurs premiers gestes et elle s'éloigna. Le Gryffondor put reprendre ses messes basses.

 

- Au fait, souffla-t-il. J'vais avoir besoin d'un petit service.

 

Il croisa le regard irrité d'Alison. Pas favorable.

 

- Enfin pas vraiment un service. C'est juste ; si quelqu'un te demande, un professeur ou quoi. Tu peux dire que je viens te voir la nuit des fois ?

 

Il tâcha d'avoir l'air neutre. D'avoir une voix parfaitement innocente. Ce n'était qu'une formalité. Ou, enfin, elle devrait le croire.


Les Orchidées Explosives

Message publié le 21/12/2024 à 15:13

Le cours n'avait pas encore commencé que Sasha avait rouvert les yeux, troublé dans sa recherche vaine d'un peu de quiétude au soleil à cause des discussions dont certaines subtilités lui échappaient. Enfin, pas au point de ne pas saisir les allusions qui le concernaient lui, ainsi qu'Alison et leur supposée activité sexuelle. Etrangement, il ne s'en sentait pas plus que cela offusqué : il avait juste rempli ses poumons d'air, gonflant la poitrine, histoire d'être prêt si Ryan franchissait la ligne invisible qui déclencherait son courroux, qui avait moins à voir avec le respect que l'on accordait à Alison qu'avec les allusions avec les Russes et les Ukrainiens qui, ce jour, n'avaient pas encore émergé dans les discussions. Sasha s'en félicitait : peut-être que Ryan et ses copains avaient compris qu'il valait mieux éviter ce terrain-là avec lui. C'était d'ailleurs sur cette réflexion que le Gryffondor avait sagement suivi Alison au fond de la classe pour rejoindre leur plan de travail - en dessous duquel Alison jugea bon de cacher une petite provision pour plus tard.

 

- Mais je suis caaal...

 

La fin du mot s'était évanoui au fond de sa gorge. Son envie de protester contre les suppositions d'Alison concernant son état intérieur avait fondu comme neige au soleil quand elle avait eu cette subite idée absurde d'ouvrir sa robe devant lui pour lui présenter sa poitrine. Il n'avait pas d'autre choix que de regarder, non ? Trop tard, de toute façon. Sasha ouvrit la bouche en haussant les sourcils, l'air de réfléchir deux minutes - mais il constata vite qu'il ne trouverait rien de pertinent dans son cerveau à cet instant et referma les lèvres aussitôt.

 

- Mmh.

 

Silence. Sasha fut pris d'un frisson et il s'ébroua brièvement.

 

- Ouais, tâcha-t-il d'approuver avec un air convaincu.

 

Il mima une grande inspiration, puis une grande expiration. Aussi incroyable que cela pût lui paraître, la stratégie fonctionna : Alison sembla satisfaite, et elle se plongea dans les directives que la professeure donnait pour qu'ils débutassent le travail. Sasha attendit derrière elle, hébété quelques secondes, avant de retrouver ses esprits.

 

- ... cinq plantes par groupe, à classer en fonction de la taille des bourgeons. Commencez par leur préparer un petit nid que vous chaufferez avec des galets tiédis à l'aide d'un petit Calidum ! claironnait-elle.

 

Il régnait dans l'air une petite odeur de fraise dont il ne savait plus si elle provenait d'Alison ou des fleurs, mais Sasha se concentra sur l'ordre implicite simple qui était donné : ramasser des galets. Alors il partit en quête des grands bacs où étaient stockés les galets en question. Déjà, quelques élèves se pressaient pour en ramasser quelques uns. Sasha empila les siens en tendant son pull devant lui.

 

- Hé Sasha, t'as cru qu'il fallait construire un barrage ou quoi ?

 

Des élèves pouffèrent de rire, faisant redescendre Sasha du nuage où il s'était drôlement perdu dans ses pensées.

 

- Quoi ?

- Ben laisses-en pour les autres, hé !

 

Il baissa les yeux sur son pull et constata qu'effectivement il l'avait tant rempli que celui-ci formait un gros sac lourd et rempli. Il haussa les épaules en décidant de les emporter quand même, le bout de sa cravate enfouie dans les pierres disparaissant dans son chargement.

 

- Arrête il va les revendre au marché de Pré-au-Lard le pauvre ! entendit-il dans son dos, et les ricanements reprirent.

 

Sasha sentit revenir sa haine pour le groupe de Serpentard, mais il s'efforça de serrer les dents pour revenir à pas lourd vers leur plan de travail. Il versa les galets qui s'empilèrent brusquement dans un coin, non loin des trois premières orchidées qu'Alison avait choisie. De petites étiquettes plantées dans leur pot indiquait les couleurs prédites pour les fleurs et le garçon avait bien évidemment pris le soin de laisser Alison se charger de tels détails esthétiques. Son pull accusait désormais une légère déformation, mais il avait l'air de n'avoir rien remarqué.

 

- Ils m'énervent, il dit subitement. J'suis plus trop calme.

 

Bon, il se maîtrisait quand même. Mais un peu d'aide ne faisait jamais de mal, non ?


L'Ombrelangue

Message publié le 06/12/2024 à 11:50

Sasha avait senti la masse de Charlie disparaître entre lui et le tronc, lui laissant légèrement plus d'espace. Un moment, il paniqua légèrement : elle allait s'enfuir ! Il aurait voulu la retenir, mais ses bras et son torse étaient coincés dans la toile.

 

- Charlie ! glapit-il à voix basse, persuadé que la fin de la petite fille était proche si elle s'enfuyait.

 

Mais la petite fille était rudement intelligente : non seulement elle s'était glissée hors de sa robe pour s'échapper de sa prison, mais en plus elle trouva un sortilège à sa portée pour tâcher de ralentir la bête. Sasha jura à voix basse. Il fallait qu'il prît le relais. Et si Charlie avait pu se libérer en se glissant dans ses vêtements...

 

Sasha s'accroupit en gigotant, faisant des efforts pour se désolidariser de ses propres vêtements. A demi-humide, ils lui collaient chaudement à la peau, mais il parvint à glisser sur ses genoux, laissant au-dessus de lui son pull et sa chemise. Il tomba à quatre pattes à côté de la petite fille épuisée, torse nu. Il lui sembla que le froid dévorait sa peau humide et un frisson parcourut son dos. Sasha était musclé, mais tout comme ses mains, sa poitrine, son dos et ses épaules étaient par endroits striées de longues lacérations noires et anciennes, mal cicatrisées. Mais à cet instant, ça n'avait aucune importance : si Charlie mourait dans la Forêt Interdite, les agents du château auraient tôt fait de retrouver... leurs vêtements ensemble. Qu'est-ce qu'ils allaient s'imaginer ? Il faudrait revenir nettoyer ça, songea-t-il étrangement, comme pour se détourner, avec ces considérations techniques, du vrai danger qui aurait paralysé sa pensée autrement.

 

- Charlie, accroche-toi. Accroche-toi à moi, ok ?

 

Au-dessus, la créature avançait au ralenti, savamment influencée par le sortilège lancé par la petite fille. Sasha jeta un coup d'oeil vers elle, et constata avec une boule au ventre qu'elle avait ses quatre yeux fixés sur sa toile qui bougeait encore légèrement quand lui-même se mouvait, son jean encore à demi-accroché. Quand ils sortiraient, l'Acromentule aurait deux choix : les poursuivre, ou bien capturer ce qu'elle penserait être dans la toile, à savoir un tas de vêtements. Or, Sasha était suffisamment dans la peau d'un chasseur pour savoir que ce qui l'attirerait, ce serait ce qui gigoterait le plus : il faudrait donc dissimuler leur propre mouvement... Et au contraire activer celui de la toile. Sasha resserra ses doigts sur sa baguette, prêt à agir, mais Charlie n'avait pas bougé.

 

- Charlie ?

 

Il fut obligé de la secouer avec un peu de fermeté, comme il la voyait étrangement fermer les yeux. Blyad, le sortilège avait dû l'épuiser au point qu'elle frôlat l'inconscient. Il secoua son épaule un peu plus fort encore.

 

- Charlie ! Accroche-toi vite ! la pressa-t-il.

 

Sasha la prit contre lui, contre son torse, priant pour qu'elle eût le réflexe de le prendre dans ses bras. Enfin, il sentit les doigts froids de Charlie se croiser dans son dos, et ses jambes s'arrimer à ses hanches. Alors, il agita sa baguette, pour jouer leur dernière chance d'échapper au prédateur.

 

Il attrapa son pull pour le secouer vivement un instant, tandis que de son autre main, il agita sa baguette.

 

- Atramento !

 

 

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre épais, sous lequel ils se glissèrent, en même temps que le pull de Sasha tremblotait encore dans la toile, captivant suffisamment l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, dissimulé dans les ombres, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... La toile de l'araignée colla un peu à la jambe de Sasha tandis qu'il se transformait, et il y laissa une touffe de poils en s'en arrachant.

 

Alors, ils jaillirent hors de leur cachette pour détaler dans la nuit.

 

 

L'instinct de survie du léopard reprit immédiatement le dessus. L'adrénaline inonda ses veines, et son acuité visuelle et olfactive l'orientèrent immédiatement vers le chemin qu'ils avaient pris pour venir ici. Sasha galopa ventre à terre, en prenant garde à ne pas trop frôler le sol pour ne pas que Charlie fusse percutée par une racine, même si le voyage devait être rude pour elle.

 

Lancé à pleine allure, il ne lui fallut que quelques minutes pour atteindre la lisière. Soudain, la brume parsemée d'arbres et de buissons laissa place à la brume sans obstacle, et sous ses pattes griffues défilait l'herbe verte du parc. Bientôt, ils atteindraient l'allée de gravillons, mais...

 

- Raowhrrk !

 

Il trébucha avec un couinement, car Charlie venait de le lâcher, probablement d'épuisement. Il roula lui-même dans la terre, s'empressa de faire demi-tour pour revenir près d'elle. Il dérapa dans l'herbe - et instantanément reprit sa forme humaine.

 

Encore une fois, l'obscurité, les sens désorientés, le froid qui lui mordit la peau. Il avait le souffle court.

 

- Charlie !

 

Elle chouinait.

 

- Charlie, on y est presque. Viens. Viens là.

 

Il la reprit dans ses bras, s'efforça de la remettre debout. Elle chancelait, alors il la souleva de terre pour la tenir contre lui. Son propre coeur battait douloureusement à ses tempes, le pressant d'échapper encore au danger même s'il devait être loin, maintenant. Au moins, elle lui tenait chaud. Sa peau à nue le transirait de froid s'ils restaient ici. Les températures nocturnes frôlaient le négatif.

Alors il se remit à trotter, avec cette lenteur terrible de ses jambes humaines, pour atteindre l'allée de gravillons, et bientôt, ses pieds gravirent les escaliers de pierre. Mais Charlie était lourde, et lui-même venait de se fatiguer terriblement à cause de ce sprint chargé. La tête lui tournait. Alors il reposa la petite fille sur les marches, le temps de reprendre son souffle. Des appliques de part et d'autre de la grosse porte en bois surmontaient des bougies magiques qui jetaient des lueurs orange, les éclairant enfin un peu, eux et la brume, d'une lumière diffuse.

 

- On y est, glapit-il entre deux respirations sifflantes. Tu vas pouvoir rentrer jusqu'à ta salle commune, Charlie ? Ou je te ramène ?

 

S'ils croisaient quelqu'un, il était dans la merde. Gravement. Mais il n'avait plus l'énergie que de les traîner jusqu'à leurs dortoirs respectifs, certainement pas de lancer de nouveaux sortilèges. Mais il était probablement aussi perdu qu'elle. Il s'agissait juste de ne pas le montrer, pour ne pas l'effrayer davantage.

 

- Charlie ?

 

Elle tremblait. Elle avait les larmes aux yeux. Il ne savait pas quoi faire, et la culpabilité lui nouait l'estomac. Il déglutit. Il tremblait aussi, de froid. Alors il appliqua ses mains sur les épaules de la gamine, pour les lui frotter un peu, dans l'espoir de la réchauffer.

 

- Ca va aller, Charlie. On retournera trouver ton crapaud quand il fera jour. Ok ?

 

Il s'accroupit pour être à sa hauteur, sur la marche inférieure à celle sur laquelle elle s'était retrouvée assise, inconscient de sa propre apparence - des feuilles dans les cheveux, son torse abimé de ces lacérations noires et disgracieuses - probablement repoussante. Ses yeux, étrangement, étaient exactement ceux de la panthère : des pupilles rondes et vertes comme les feuilles qui fonçaient à l'automne.

 

- Charlie, il faut que ça reste notre secret, d'accord ? Personne nous croira, et on sera punis tous les deux très sévèrement si quelqu'un sait qu'on a été dans la forêt. Tu diras rien, ok ? 

 

Il déglutit, cligna de ses yeux épuisés.

 

- Charlie... ? 

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Sortilège du Nuage d'Encre
Difficulté
Résultat D20
6
Interprétation
Réussite
XP gagnée
3

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre épais, sous lequel ils se glissèrent, en même temps que le pull de Sasha tremblotait encore dans la toile, captivant suffisamment l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, dissimulé dans les ombres, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... La toile de l'araignée colla un peu à la jambe de Sasha tandis qu'il se transformait, et il y laissa une touffe de poils en s'en arrachant.

 

Alors, ils jaillirent hors de leur cachette pour détaler dans la nuit.

Autres résultats possibles

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre épais, sous lequel ils se glissèrent, en même temps que le pull de Sasha tremblotait encore dans la toile, captivant entièrement l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, dissimulé dans les ombres, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... 

 

Et ils jaillirent hors de leur cachette pour détaler dans la nuit.

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre trop pauvre pour les dissimuler, mais le pull de Sasha tremblotait encore dans la toile, captivant suffisamment l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... La toile de l'araignée colla un peu à la jambe de Sasha tandis qu'il se transformait, et il y laissa une touffe de poils en s'en arrachant.

 

Alors, ils jaillirent hors de leur cachette pour détaler dans la nuit. L'acromentule se mit à les poursuivre, mais Sasha était trop rapide.

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre trop pauvre pour les dissimuler, et le pull de Sasha qui tremblotait encore dans la toile, ne captivait pas suffisamment l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... La toile de l'araignée colla un peu à la jambe de Sasha tandis qu'il se transformait, et il y laissa une touffe de poils en s'en arrachant.

 

Et, quand ils jaillirent hors de leur cachette, l'acromentule abattit le crochet de l'une de ses pattes dans le dos de Sasha. Il émit un jappement de douleur, mais il s'en dégagea pour détaler dans la nuit, Charlie sous lui.


L'Ombrelangue

Message publié le 05/12/2024 à 11:27

La réalité était confuse, et pourtant parfaitement claire : l'odeur du lapin était forte, il y avait peut-être même plusieurs petits au fond de ce terrier : il le devinait par la chaleur des effluves qui en émanaient, par cette odeur musquée qui se mélangeait à la fragrance des feuilles mortes humides qu'il écrasait sous ses grosses pattes. Mais au-delà de l'excitation que provoquaient en lui toutes ces senteurs alléchantes, il entendait les cris étranges qui venaient d'au-dessus de lui : Arrête Sasha. Sasha. Redeviens Sasha.

 

Mais il était parfaitement Sasha, protestait son esprit : ces grosses pattes velues striées de cicatrices noires, ces griffes qui se plantaient dans la terre et la balafraient, ce grondement guttural qui faisait vibrer tout son corps, c'était bien Sasha.

 

Il savait pourtant ce que Charlie voulait dire : elle voulait la version humaine, que ses griffes meurtrières se rétractent, que ses dents rétrécissent, que sa colonne se rigidifie et que sa queue disparaisse.

 

Alors, quand elle tomba devant lui, à contrecoeur, il s'exécuta. Le grondement du fond de ses entrailles devint moins intense, et son corps vêtu d'un jean et d'une chemise épaisse et humide, apparut subitement sous dans un pull à fermerture éclair restée ouverte qui tinta quand il bougea. Ses mains aux ongles incrustés de terre se dégagèrent tandis qu'il émettait un soupir. Son jean était trempé aux genoux et il accusa un instant les douleurs qu'avait laissé pendant plusieurs longues minutes le poids d'une gamine de 13 ans et demi sur son dos.

Pendant quelques instants, son esprit ne retrouva pas tout de suite le chemin des mots. Les odeurs alléchantes s'évanouissaient, et il cherchait à ne pas les perdre - pourtant elles disparurent, comme de l'eau qu'il aurait voulu tenir entre ses doigts. Sa vision s'assombrit - soudain il réalisa qu'ils étaient dans une nuit épaisse. La brume n'était plus un écran gris, mais un écran noir opaque, qui les enveloppait au pied d'un arbre mort, sinistre. Que fichait-il là avec une enfant ? Ils étaient partis beaucoup trop loin.

 

- Blyad, croassa-t-il, la voix enrouée, et il jeta à Charlie un regard hagard en basculant sur son séant.

 

Bizarrement, il pensa à sa mère, qui l'aurait grondé d'avoir émis un tel juron. Avec l'humidité qui avait imprégné une partie de ses vêtements, le froid lui mordait soudain les membres et il frissonna. Pauvre gamine, où l'avait-il emmenée ?

 

- Quoi ? 

Les mots de Charlie faisaient enfin à peu près sens. Elle avait posé une question, un peu plus tôt. C'était entré dans son esprit sans qu'il avait pu y répondre. Il se passa une main sur le visage, qu'il frotta un peu sèchement, comme pour se faire violence. 

 

- Les monstres des cauchemars, il se souvint soudain et il ramena ses jambes sous lui, prêt à se relever. Ca m'connaît, figure-toi.

 

C'était bien qu'il lui parlât d'autre chose que de cette foutue nuit qui ne lui inspirait soudain rien qui vaille. Si elle n'était pas en mesure de se rendre compte du danger dans lequel ils se trouvaient, autant continuer à parler comme si de rien n'était. Pour l'occuper, elle. Et peut-être lui, aussi.

 

- T'auras qu'à penser que t'as un léopard dans tes cauchemars pour te défendre, ok ?

 

Mais à la place de la réponse de Charlie, cli-clic, entendirent-ils discrètement.

 

Sasha se figea. Il leva lentement les yeux, et ils purent voir le bout d'une patte pointue et velue qui se posait sur le tronc au-dessus.

 

Oups. Une Acromentule.

 

Une autre patte s'allongea pour approcher, et bientôt ils virent le début d'une tête d'arachnée. Immense. Elle était pourvue de deux grosses mandibules noires et frémissantes, de quatre yeux dont deux plus gros que les autres, parfaitement lisses et sans pupille : pourtant Sasha eut la certitude que les quatre yeux les fixaient intensément. Le garçon déglutit, et il se leva doucement pour faire disparaître Charlie sous lui. Elle se retrouva bloquée sous ses vêtements humides - et légèrement transpirants, mais au moins, elle était protégée par son corps. Charlie gémissait. De fatigue, de protestation ou de terreur, il ne savait pas : lui-même ne pouvait détacher ses yeux de l'insecte immense. Beaucoup trop immense.

 

Allons, ce n'était qu'une bête, comme une autre. Mais même en léopard, la taille de cette araignée l'aurait effrayé. Il ne se serait jamais aventuré à attaquer une créature trois ou quatre fois plus grosse que lui comme celle-ci - surtout sans l'appel d'un sang juteux entre ses crocs comme récompense à la clé.

Une drôle de langueur s'était emparée de lui, mais il se cramponna contre l'arbre et Charlie pour qu'elle n'eût pas l'idée de s'enfuir - déclenchant alors certainement l'instinct de chasseuse de l'acromentule. De son autre main libre, il parvint à retrouver sa baguette. Il suffisait de la manipuler, comme la chouette. Mais elle était bien plus grosse qu'une chouette.

 

- B-bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Mais bientôt, elle sembla retrouver ses esprits. 

 

AIors, elle continua vers eux sa descente, indifférente au sort qu'il avait essayé de jeter. Sasha esquissa un geste pour s'extirper, mais trop tard : l'acromentule fit un mouvement de balancier avec son corps et envoyer vers eux un large filet visqueux, plein de filaments blancs qui les englua tous les deux contre l'arbre, incapables de bouger. 

 

 

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Sortilège de Domestication
Difficulté
Résultat D20
5
Interprétation
Réussite
XP gagnée
3
- B-bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Et puis,subitement, elle s'enfuit - déposant derrière elle un long filament blanc, à la fois élégant et visqueux, qui retomba sur eux deux en les emprisonnant à demi l'un contre l'autre. 

 

- Eurr... gémit Sasha, dégoûté, en essayant de lever le bras qui emprisonnait Charlie. 

Autres résultats possibles

- Bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Et puis, avec docilité, elle descendit de son perchoir, pour se poser à côté d'eux. Un long filament blanc se déposait contre le tronc, visqueux et élégant simultanément. Sasha repoussa Charlie pour éviter qu'ils fussent pris dedans.

- B-bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Mais bientôt, elle sembla retrouver ses esprits. 

 

AIors, elle continua vers eux sa descente, indifférente au sort qu'il avait essayé de jeter. Sasha esquissa un geste pour s'extirper, mais trop tard : l'acromentule fit un mouvement de balancier avec son corps et envoyer vers eux un large filet visqueux, plein de filaments blancs qui les englua tous les deux l'un contre l'autre, incapables de bouger. 

- B-bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Mais bientôt, elle sembla retrouver ses esprits : elle émit un sifflement aigu, et crachota de fureur. 

 

Alors, brutalement, elle envoya une patte pointue sur Sasha. Le crochet se planta durement dans son dos et il glapit de douleur. L'instant suivant, elle arrachait son arme, déchirant les vêtements et la peau, et une gerbe de sang éclaboussa le visage de Charlie. 

 

Sasha se sentait tout engourdi. Il serra les dents, la douleur lui lacérant le dos. Etait-ce venimeux ? Il resserra sa prise autour de Charlie, à cause de cet instinct étrange qui lui disait que si elle fuyait, l'acromentule se jetterait à sa poursuite. 

 

- N... ne bouge... pas.


L'Ombrelangue

Message publié le 04/12/2024 à 15:11

Le félin avait légèrement ployé sous le poids qui avait subitement chuté sur son dos. Il lui fallut quelques secondes pour s'adapter, retrouver son équilibre pour que la petite fille ne glissât pas sur son pelage. Comme un être organique nouvellement créé, après des instants d'inconfort, ils trouvèrent une sorte de synergie : elle avait resserré ses genoux autour de ses reins, et allongé son corps vers l'avant relativement naturellement.

 

A la question de savoir si c'était bien lui, Sasha n'avait pu répondre : une fois transformé, ses mâchoires, sa langue, même sa gorge n'étaient plus pareils et il ne lui était plus possible d'articuler. Même ses pensées étaient différentes ; il comprenait parfaitement, avec un discernement presque plus aigu, ce que disait Charlie.

 

Charlie.

 

C'était un joli prénom. C'était doux quand il l'avait répété dans sa tête, et finalement, c'était sur un détail comme celui-ci qu'il décidait de lui faire confiance.

 

Charlie donc, avait saisi ses oreilles. Par réflexe, il les avait faites frémir, mais finalement il s'habitua à cette drôle de prise. C'était la première fois qu'il portait un humain sur son dos : Charlie était lourde, mais ses muscles les soutenaient bien tous les deux. Certes, il ne pourrait pas sauter aussi loin, ni courir aussi vite, mais quand il avança, ses omoplates roulant entre les bras de la petite fille et ses griffes se plantant stratégiquement pour équilibrer sa prise, il prit une assurance pour aller un peu plus vite. Il sentit Charlie s'accrocher plus fermement, puis plus fermement encore quand il sauta sur la branche inférieure, puis sur la suivante, avec des hoquets parfois de surprise. Les atterrissages étaient certes un peu brutaux, mais Charlie rebondissait sur ses flancs et ils repartaient de plus belle.

 

Tout en bas de l'arbre, les pattes du grand félin s'enfonçaient dans la mousse aux pieds des arbres dans un silence presque absolu. Il louvoyait entre les buissons, grimpait avec aisance sur un rocher sur lequel il s'arrêta quelques instants, le temps de baisser la tête en avant. Son museau humide et frémissant huma la pierre.

 

Le humus, Charlie, la fouine, Charlie, les relents âcres d'un groupe d'insectes, Charlie... et de l'amphibien. Les moustaches de Sasha frémirent.

 

- Raô, fit-il dans un grondement guttural, étrange de profondeur et de discordance avec l'environnement : on aurait dit un bruitage provenant de la jungle là où les bruits de l'Ecosse se cantonnaient aux grillons et au vent dans les feuilles mortes.

 

Evidemment, Charlie ne pouvait pas comprendre. Elle empestait, brouillant ses pistes olfactives avec ses odeurs de shampooing, de peau humaine, et toutes les touches qu'elle apportait avec elle, y compris celle de graisses provenant du dîner de Poudlard et même quelqu'odeur qui lui rappelait Alison. Mais il pouvait quand même discerner l'odeur de Ribbit qui était passé par là.

 

La baguette, elle, fut très simple à trouver. Elle avait roulé au bord de la rivière, là où les odeurs les avaient amenés, et Sasha se baissa pour que Charlie pût tendre la main et l'attraper sans glisser. Il en profita pour s'allonger quelques instants, pour reposer ses pattes un peu endoloris par l'effort inhabituelle. Puis il étira soudain sa mâchoire dans un grand bâillement, dévoilant une longue série de crocs pointus, sa longue langue passant rapidement ensuite sur ses babines avant de retrouver une expression plus calme.

 

- Raaaaô.

 

Il se redressa lorsqu'elle eût récupéré sa baguette, puis ils avancèrent encore, le long de l'eau. C'était par là que l'odeur s'en allait. Ribbit avait dû être attiré par l'eau. Il étaiit vraisemblablement dissimulé quelque part sous un buisson, terrorisé par les malheureuses aventures qu'il avait vécu. Aussi Sasha prenait-il son temps : il approchait son museau des plantes, reniflant ici et là, poussant parfois un gros soupir qui, vu sa cage thoracique énorme, provoquait un souffle chaud et grave qui soulevait les feuilles mortes. Ils déambulèrent ainsi longuement, et Sasha ne réfléchissait plus vraiment, porté par son esprit animal - dans lequel Poudlard s'effaçait peu à peu, ainsi que tous les soucis du château et des nouvelles du front qui venaient au compte-goutte.

Quelques insectes fuyaient à leur approche, et d'autres amphibiens plongeaient dans l'eau avec de discrets plouf! qui résonnaient à leurs oreilles. Le son du vent chuintait aux oreilles du félin, d'une manière si différente de lorsqu'il était sous sa forme humaine qu'il avait l'impression que les bourrasques étaient chargés de chuchotements.

D'autres chuintements provenaient d'ici et là, des ultrasons qu'il ne percevait que sous cette forme. D'ailleurs, qu'entendait-il ?

 

Il releva subitement la tête.

 

Oublié, Seigneur Kvakva, quelque chose de beaucoup plus intéressant était à portée.

Sasha avança en baissant le dos, presque à ras du sol. Contourna rapidement un tronc malgré la charge inconvenante de Charlie sur son dos, puis il s'immobilisa. Un rongeur passa si vite qu'il n'eut que le temps d'abattre un patte - sur la terre. Le lapin fila devant eux, indemne. En une impulsion, Sasha s'élança à sa suite, emportant avec lui tout son poids qui retomba avec lourdeur devant un arbre - juste en dessous, la queue du lapin venait de disparaître dans son terrier. Le félin plongea le museau dedans - l'odeur, AH, L'ODEUR ! Et les petits couinements tout au fond !

Il ressortit le museau, y inséra sa patte. Ses griffes mordirent la terre, sans succès.

 

- RRRRRrrrrrrrrrrrrrr... gronda-t-il, mâchoire fermée.

Liste des messages de Sasha Shevchen