Harry Potter RPG

Liste des messages de Sasha Shevchen

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Le Philtre de Paix

Message publié le 09/11/2024 à 16:00

Sasha ouvrit grand les yeux, fixant l'emplacement vide où s'était tenu, l'instant précédent, un chaudron plein d'un liquide rose. Alison n'eut pas l'air tant affolée que ça, passant déjà à l'étape suivante qui consistait... A remplacer le chaudron par un autre. Il la regarda faire, hébété, jusqu'à être interrompu par le professeur.

 

Ca, il s'y était attendu. Sasha fronça le nez, se consolant de la vision tout de même satisfaisante de voir le Serpentard qui couinait toujours s'échapper vers l'infirmerie avec, même, une aide pour trouver son chemin. Ces anglais, c'étaient de vraies fillettes. Certes, c'était un cours raté, il en avait bien conscience, mais ce serait aussi désormais clair pour les cinquième années qu'il n'était pas de bon ton de venir se frotter à lui - et encore moins de le désigner comme un Russe.

 

Pendant le petit tour que le professeur fit réaliser à Alison, Sasha resta silencieux, la regardant exécuter le petit numéro, non sans une pointe de peine pour elle : probablement qu'il y était pour quelque chose dans le sort qu'elle était en train de subir. En ce qui le concernait, il ne se sentait pas plus que cela humilié : des sanctions idiotes, il en avait vécues d'autres, et des bien pires que celles-ci. Alors il s'exécuta, non sans un dernier coup d'oeil d'avertissement aux deux Serpentards devant lui qui avaient le bon goût, cette fois, de rester silencieux.

 

 

 

 

Regarder la pierre sombre et froide des cachots, les mains sur la tête et pendant près d'une heure, c'était certes long. Mais Sasha prenait l'exercice plutôt tranquillement : il avait glissé ses doigts les uns dans les autres, pour maintenir sans efforts ses paumes sur ses cheveux, et par moments ses yeux se fermaient, presque somnolent, et il était obligé régulièrement de prendre une grande inspiration pour se réveiller, histoire de ne pas risquer de faiblir et s'endormir sur place. C'était le genre d'exercice qui lui rappelait un peu ceux, stupides, qu'on lui faisait parfois faire pendant son entraînement, quand il s'était engagé auprès des Veilleurs : attendre immobile dans un bain d'eau froide, tenir suspendu par les mains à une échelle le plus longtemps possible, et toutes ces joyeusetés qu'ils avaient tant critiqué avec les camarades qui avaient eu la même idée folle que lui : s'engager beaucoup trop tôt dans leur vie. Il lui venait de ces souvenirs une drôle de nostalgie. Aussi, même s'il glissait de temps à autre un regard vers Alison, le temps passa pour lui visiblement plus vite que pour elle : il devinait dans ses traits la consternation et la rougeur, si bien qu'à un moment, il crut même qu'elle allait abandonner. Pourrait-elle faire une chose stupide et faible, comme se retourner et se mettre à pleurer que ce n'était pas elle, mais lui qui était à l'origine de tous leurs problèmes ?

 

Sasha regarda le mur, avant de jeter de nouveau un coup d'oeil vers Alison. Cette fois-ci, il la regarda longtemps, attendant patiemment le moment où elle jetterait elle aussi un regard vers lui. Au bout d'un moment, cela arriva effectivement. Leurs regards se croisèrent, et Sasha se rendit compte qu'il ne savait pas comment l'encourager : l'expression de son visage resta figé. Il se contenta de soutenir le regard de la jeune fille, de la façon la plus neutre possible, pour qu'elle ne détournât pas immédiatement ses propres yeux. Alors, il bougea lentement le poignet : le reflet de sa montre dessina une tâche qui courut vers Alison, qui s'éloigna aussitôt. Il recommença en suivant la tâche du regard, pour qu'elle en fît autant. Est-ce qu'elle l'avait enfin vue ? Il haussa les sourcils en une question.

 

Puis, comme elle fronçait les siens mais qu'elle avait suivi des yeux la tâche dorée qui courait sur la pierre, il actionna de nouveau son poignet. Une longue fois, puis deux fois plus rapidement. Trois fois rapidement. Une fois rapidement, une fois longue, deux fois rapidement.

 

Il savait bien qu'il n'avait aucune chance qu'elle comprît ce qu'il était en train de faire. Mais enfin, ça l'occupait. L'heure d'attente était presque terminée.

 

 

 

 


Le Philtre de Paix

Message publié le 08/11/2024 à 20:07

- Ben non, j'ai pas b'soin de potions pour tuer des...

 

Sasha se ravisa subitement, avala les derniers mots autant qu'il put, comme pour les rattraper, avant de se mordre la langue pour détourner le regard, braquer ses yeux devant lui, vers les garçons qu'il ne voyait même pas. Quel imbécile il faisait de vouloir parler à voix haute comme elle, raconter en quoi il était bon lui aussi, alors qu'il était censé la boucler, se morigéna-t-il les poings serrés. Sasha prit une bouffée d'air pour passer à autre chose, tâcher malgré l'ennui profond que lui inspiraient ces cours de se concentrer à la fois sur leurs potions et sur les propos de la jeune fille. Le cachot était animé, rempli d'un brouhaha enthousiaste qui tranchait avec son air contenu. Les fumées des chaudrons peinaient pourtant à réchauffer l'atmosphère qui restait humide et froid.

 

- Evidemment que j'connais des moldus, grommela-t-il rapidement, trop heureux de changer de conversation. Mon village était plein de moldus. On n'était que deux familles de sorciers, alors, on n'allait pas rester qu'entre nous. Pourquoi, t'en as jamais vu ?

 

C'était l'évidence. Est-ce que les sorciers vivaient à part, en Angleterre ? Il paraissait qu'en Russie, ils faisaient des villes entières de sorciers. Mais il n'y avait probablement pas assez de sorciers en Ukraine pour en faire autant. En fait ; il n'en savait rien. Ses souvenirs de l'école étaient flous. Sasha se souvenait que sa mère lui disait bien de ne pas faire de magie à l'école, mais qu'il avait quand même mis le feu aux cheveux d'un garçon, une fois, sans faire exprès. Il se demanda vaguement si ces copains de l'époque le reconnaitraient. Il n'avait pas tant envie de s'en souvenir, finalement, et il soupira en se concentrant sur sa tâche.

Sasha avait saisi la grande cuillère en bois, et il remuait avec lenteur, non sans continuer de jeter régulièrement autour d'eux quelque regard alerte - au cas où.

 

Etrangement, la menace vint du devant. Lui qui pensait s'être débarrassé de ces trois idiots. Sasha leur décocha un regard noir tandis qu'Alison le questionnait.

 

- Rien-rien, s'empressa Sasha - vite, trouver un autre sujet de conversation. Bon, c'est quoi un... un su-sson ?

 

Ca avait l'air important pour elle, ce truc dont il n'avait jamais entendu parler. Sûrement qu'elle aurait une grande et belle leçon à faire là-dessus.

Pendant ce temps, certes la potion était devenue rose, mais Sasha tenait toujours le flacon qu'elle lui avait collée dans la main, à hauteur d'épaule, comme un automate. Devant lui, les trois garçons ricanaient encore en chuchotant entre eux, et il les gardait à l'oeil.

Alison parla peut-être, mais il ne l'entendit pas. Merde. C'était encore un de ces moments où il n'arrivait plus à se concentrer sur l'anglais. Il cligna des yeux, réussit à se tourner vers Alison.

 

- J'fais quoi avec la fleur ? demanda-t-il avec son accent rustique.

 

Devant, le plus grand des trois Serpentards fit semblant de dégager de son visage des cheveux longs qu'il n'avait pas avec une gestuelle faussement apprêtée.

 

- "Ben tu m'la bouffes comme d'hab !" il couina d'une voix suraiguë.

 

Les deux autres garçons autour de lui se mirent à s'esclaffer bruyamment, incapables de contenir leur hilarité, attirant immédiatement l'attention des tables voisines. Cette fois, Sasha laissa tomber la cuillère en bois dans la marmite. Il contourna la paillasse pour aller rejoindre le grand Serpentard : le roux le dépassait d'une tête, mais le Gryffondor paraissait être deux fois plus épais.

 

- Tu fermes ta gueule ou je te fais manger ton chaudron, il déclara comme un grondement fauve.

- Oooh ça va...

- On se calme le russe, intervint l'un des autres avec un rire pour apaiser la situation.

 

Sasha fit volte-face vers lui, le regard embrasé.

 

- Ta gueule, j'suis pas russe.

- Ah ? Mais aussi, vous êtes tous pareils avec votre patois, là...

 

La remarque prononcée comme une blague ne fit rire personne - probablement parce que même les tables voisines pressentaient que ce n'était pas la bonne réponse : Sasha le toisa en silence une seconde ; la seconde suivante, il envoya brusquement son buste en avant et son front percuta le nez du Serpentard avec brutalité, lui arrachant un couinement de surprise et de souffrance. Le Serpentard recula, les mains sur le visage. Ses oreilles étaient devenues toutes rouges, mais Sasha supposa qu'il entendait quand même.

 

- On n'est pas pareils, asséna-t-il froidement, avant de revenir à grands pas vers Alison.

 

Il leva sa main au-dessus du chaudron, avant de froncer les sourcils en regardant le contenu de ce qu'il avait gardé entre les doigts : la poudre de l'ellébore était à moitié étalée sur sa paume, et le flacon brisé dans sa main. Il tâcha de se débarrasser de l'éllebore, à peu près, en s'aidant de son autre main.

 

- Bon ben y'aura un peu des bouts de verre dedans mais j'suis sûr ça changera rien, il décréta sans regarder Alison.

 

Devant eux, le garçon qui s'était pris le coup de tête s'était accroupi derrière sa paillasse pour se cacher du professeur, probablement. On entendait de petits couinements qui inquiétaient les deux autres garçons.

 

 


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 06/11/2024 à 15:30

Sasha sursauta quand le dossier fut abattu sur la table. Il jeta un coup d'oeil à Anya, supposant qu'elle était énervé par un quelconque mauvais geste de sa part, mais elle lui donna accès au dossier sans rechigner. Alors, avec des doigts qu'il ne put empêcher de trembler, il saisit la première page et la dévora des yeux.

 

Cela dura un long moment. Le papier vibrait avec ses propres mains tremblantes, et il retourna la première page, pour lire la suite.

 

Il lui semblait que son coeur tombait en lambeaux. Etait-ce l'effet de la propagande russe ou les faits réels, il n'en savait rien : le journal mettait en avant de nombreuses victoires, saluait l'héroïsme d'un général qui avait fait une percée ici, encensait l'exécution d'un traître découvert parmi les sorciers d'une milice, qui avait été exécuté. Bref, toutes les bonnes nouvelles annoncées fièrement par le journal étaient autant de lames enfoncées dans ses entrailles. Et pourtant, il ne pouvait cesser de lire : parfois, tout au bout d'un paragraphe, en tout petit, on s'affligeait de la perte de tel village aux mains des indépendantistes. Ces faits minuscules étaient les seuls auxquels il pouvait se raccrocher, fébrile.

En silence, il lut l'intégralité du numéro, sautant les passages qui ne concernaient pas le conflit de près ou de loin. Il lisait avec lenteur, parfois un index posé sur chaque ligne pour être sûr de ne rien manquer, si bien que cela prit du temps. Le silence des cachots leur conférait l'impression d'être dissimulé des regards et des oreilles du reste de Poudlard, quand bien même ils percevaient parfois la rumeur d'un groupe d'élèves qui se pressaient dans un couloir non loin d'eux. Le château se vidait de sa substance qui fuyait massivement vers Pré-au-Lard.

 

Au bout d'un moment, Sasha reposa l'exemplaire du journal, pour le poser avec délicatesse - une fois n'était pas coutume - à côté du numéro suivant. Il y en avait tout un tas, et il se figura qu'il lui faudrait la journée entière pour tout éplucher. Il ne pouvait décemment pas lire tout ça avec Anya à ses côtés. Elle avait du mal à se concentrer. Et puis, ça paraitrait bizarre. Non ?

 

Sasha tourna un instant vers elle un regard incertain. Elle était restée étrangement patiente, mue par des raisons qu'il ne pouvait pas saisir. Pourquoi s'y intéressait-elle, maintenant qu'elle y avait perdu son frère, à cette guerre ?

 

- Est-ce que... Est-ce que je pourrai venir lire, une fois par semaine ?

 

Il s'humecta les lèvres, sans la regarder, à la recherche d'une aide quelconque. Il rempilait les numéros pour cacher le tremblement de ses mains.

 

- J'ai... J'ai pas encore ma pension, c'est compliqué, donna-t-il comme explication vague. Alors en attendant... J'aimerais bien, tu vois ?

 

Elle ne voyait sûrement pas. Il décida d'enchaîner pour couper court à une conversation risquée.

 

- Tu vas y aller, toi ? Après ta dernière année d'études. Pourquoi tu irais pas ? demanda-t-il un peu sèchement - à la façon d'un interrogatoire.

 

Anya avait l'air si studieuse. Si elle était talentueuse. Elle serait fort malheureusement précieuse pour les forces russes. Or les indépendantistes perdaient. Du point de vue de ce journal, en tous les cas. 

 

- Tu devrais pas. C'est infini. Tout le monde y meurt. Je suis sûr que ton frère il aurait pas voulu, fit-il, bravache.


Le Philtre de Paix

Message publié le 06/11/2024 à 13:31

A l'autre bout de la salle, avec un air morne, Sasha renversa le petit flacon de poudre bleue dans le chaudron, qui se mit à fumer doucement, l'eau bouillonnant. Une odeur âcre s'en échappait, qui n'avait pas l'air d'incommoder le Gryffondor qui renfonça aussitôt ses mains dans ses poches, tout à ses ruminations intérieures.

 

Comment ça, les hommes avaient toujours quelque chose à se faire pardonner ? Il n'avait rien répondu à la leçon n°2 (de toutes façons, quelle était la leçon n°1, il ne savait déjà plus) et encore moins aux questions en lien avec ses finances. Il s'était contenté de se concentrer sur sa feuille effaçable, le teint légèrement rouge de nouveau.

 

Maintenant que la partie pratique avait commencé, la classe ressemblait plus ou moins à un essaim d'abeilles qui flânaient ça et là, allant chercher des ingrédients d'un côté, papotant de l'autre. Certaines élèves se pressaient près du professeur pour lui poser des questions, tandis que des groupes d'amis se réunissaient pour chuchoter à voix basse. Un groupe de trois serpentards, qui occupaient la paillasse devant celle d'Alison et Sasha, se rabattirent vers le Gryffondor.

 

- Vas-y, pourquoi tu t'laisses faire comme ça ? demanda l'un d'eux.

- Huh ? répondit d'abord Sasha, étonné qu'on lui adressât la parole malgré tous ses efforts pour paraître le plus dissuasif possible. Quoi ?

- Pourquoi tu la laisses faire, Alison, tu fais tout c'qu'elle dit mec !

 

Sasha décocha un regard vers la fille en question, qui continuait de cancaner à voix basse avec l'une de ses copines. Merde. Tout le monde s'en rendait compte ? Il haussa les épaules en reportant ses yeux courroucés vers les Serpentards.

 

- Ben j'la saute, vous croyez quoi ? Qu'c'est pour le plaisir de faire le bon toutou ?

 

Les Serpentards échangèrent des regards entre eux. Ils tâchèrent de rester neutres, mais ils voyaient bien qu'ils étaient vaguement impressionnés. Curieux, même. Ils s'approchèrent en essayant tous de rester nonchalants, si bien qu'ils avaient l'air de trois rapaces posés sur la même branche qui feraient mine de ne pas se connaître vraiment.

 

- Genre. Souvent ? ne put s'empêcher de demander le plus petit des trois.

 

Il avait des cheveux frisés et une bouille de garçon de 8 ans, comme si l'adolescence peinait à trouver chez lui le chemin que les autres avaient déjà débuté. Sasha prit le temps de réfléchir à la réponse. Crédible. Rester crédible. Et en même temps, Alison aurait dû être discrète, comme il l'avait demandé, et elle ne l'était pas du tout. Il se mordit la langue.

 

- Allez raconte, fit l'un des Serpentards en lui donnant un léger coup d'épaule à épaule, comme s'ils étaient amis.

 

Sasha lui décocha un regard circonspect.

 

- Ben ouais, souvent, grommela-t-il.

 

Puis, comme ils avaient l'air avide d'en savoir plus, il se sentit obligé d'élaborer.

 

- Elle en demande tout l'temps. Dès qu'on a un moment, un p'tit coup dans les toilettes, dans un placard à balai, peu importe, elle est trop chaude c'est fou.

 

Cette fois, les yeux des garçons s'agrandirent, ronds comme des billes. Ils auraient presque bavé d'envie, avec leurs hormones en pleine explosion, de pouvoir avoir l'aisance de se taper tous les jours une fille bien rangée comme Alison. Sasha se dit qu'il en avait peut-être fait un peu trop, mais au moins, il sentait que les trois Serpentards ne le regardaient plus comme le pauvre réfugié, soudain.

 

- Alors moi, ajouter de la poudre bleue ou lui tenir sa chaise hein, ça m'va.

- Ah ouais.

- Ouais...

- Carrément.

- Qu'est-ce que vous glandez là-bas ? Elles vont pas se touiller toutes seules ces potions !

 

La voix du professeur les dispersa rapidement, et Sasha se retrouva de nouveau seul avec leur chaudron. Alison revenait avec le sirop d'ellébore, de sa démarche empruntée, et le Gryffondor préféra ne pas trop la regarder quand il se rendit compte que son mensonge collait parfaitement avec les apparences qu'Alison avait l'air de vouloir afficher : sa jupette courte, sa bouche travaillée dans une moue aguicheuse, n'avait-elle pas l'air de vouloir se faire remarquer ?

Il s'occupa en saisissant la spatule et se mit à faire tournoyer le liquide. Il fumait étrangement plus que les autres chaudrons, des volutes bleues épaisses s'échappant devant eux.

 

- Ca fume trop, c'est trop chaud non ?

 

En effet, les flammes sous leurs chaudrons avaient grandi. Avec vivacité, Sasha sortit sa baguette de sa poche.

 

- Fría, marmonna-t-il à voix basse, en espérant ne pas être entendu du professeur.

 

 

De la baguette de Sasha s'échappa un trait lumineux, vert vif, qui vint réduire assez brusquement les flammes. Des crépitements se firent entendre, qui attirèrent l'attention du professeur. Mais comme la fumée se régulait tranquillement, il finit par acquiescer, non sans une oeillade d'avertissement à leur encontre. 

Sasha soupira. 

 

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Enchantement Rafraîchissant
Difficulté
Résultat D20
21
Interprétation
Réussite
XP gagnée
10

De la baguette de Sasha s'échappa un trait lumineux, vert vif, qui vint réduire assez brusquement les flammes. Des crépitements se firent entendre, qui attirèrent l'attention du professeur. Mais comme la fumée se régulait tranquillement, il finit par acquiescer, non sans une oeillade d'avertissement à leur encontre. 

Sasha soupira. 

Autres résultats possibles

De la baguette de Sasha s'échappa un discret trait lumineux d'un vert translucide, élégant, qui vint baisser le feu à la parfaite température. La fumée se régula presque aussitôt, et Sasha rangea sa baguette, l'air de rien. 

 

Le professeur n'avait rien remarqué.

De la baguette de Sasha s'échappa un trait lumineux, vert vif, qui vint frapper la base du chaudron, mais il n'y eut aucun effet : les flammes furent à peine soufflée l'espace d'une demi-seconde, avant de reprendre de plus belle. Alors, la fumée, s'épaissit, s'épaissit encore jusqu'à ce qu'Alison et Sasha disparussent presque derrière. 

 

- Mais qu'est-ce qu'il nous fait là-bas, Mister Brooks junior !

De la baguette de Sasha s'échappa un trait lumineux, bleu vif, qui vint percuter la base du chaudron. Mal orienté et beaucoup trop fort, le sortilège glaça complètement la base du chaudron et le liquide de la potion se transforma en une gelée bleue... irrécupérable.

 

Et le pire, c'était que le professeur s'approchait. Sasha cacha son visage dans ses mains en attendant le pire. Il faudrait tout recommencer avec en prime un sermon humiliant devant tout le monde.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 05/11/2024 à 20:12

Sasha avait froncé les sourcils vite fait.

 

- Подписка ? На какие деньги ? Откуда у вас деньги ? (Un abonnement ? Avec quel argent ? Tu tires d'où, l'argent ?)

 

Soudain, il posait toutes les questions qu'il pouvait, avant que ce ne fût trop tard : il avait cette intuition sourde qu'une telle opportunité ne durerait pas. Comme Anya se levait, il l'imita, oubliant complètement la saleté et l'humidité accumulée de ses vêtements : plus rien ne comptait que les informations qu'il pouvait tirer d'elle, et ses yeux alternaient entre la dévorer, plein d'avidité curieuse, et s'égarer ailleurs, quand il se rendait compte que cette attention soutenue pouvait le trahir.

 

- Oh, wahou.

 

C'était tout ce qu'il pouvait prononcer. Les Kazakhs étaient venus, Syzran avait été prise. Sasha sentait son coeur battre à tout rompre tandis qu'il suivait Anya en direction du château. Il avait enfoncé ses mains dans ses poches, histoire de garder une posture nonchalante. Il lui semblait sentir encore la main qu'elle avait posé sur son épaule - preuve ultime qu'elle avait confiance en lui, mais pour combien de temps ? Sasha repoussa le sentiment désagréable quand il pensait à la possibilité quelqu'un put savoir, que ce fut d'un camp ou d'un autre, qu'il s'accommodait si bien d'un silence protecteur quant à sa propre contribution dans cette guerre.

 

- Ладно, ладно, без проблем. (Ok, ok, pas de problème.)

 

Plus rien n'était un problème, subitement. Sasha et Anya grimpèrent les marches assez rapidement, ne partageant plus rien le temps qu'ils croisaient plusieurs autres élèves qui, bien sûr, faisant le chemin en sens inverse pour aller profiter du soleil. A l'intérieur, ils bifurquèrent dans un couloir à droite, pour prendre la direction des cachots.

 

Sasha n'était jamais allé plus loin que la salle de cours de Potions, mais la perspective de s'approcher de la salle commune des Serpentards l'ennuyait vaguement - et s'ils croisaient Alison ? Il faudrait qu'il s'en débarrassât le plus vite possible, et il n'était pas sûr qu'un bisou suffirait. De plus, il espérait bien qu'elle ne le verrait pas en compagnie d'Anya - il entendait déjà Alison lui faire la leçon sur le comportement qu'il devrait avoir avec les autres filles le temps qu'ils faisaient comme si ils sortaient ensemble.

Sasha rasa donc les murs mais il n'était pas si simple de passer inaperçu : plus ils s'enfonçaient dans les cachots, plus ils croisaient majoritairement des Serpentards, plus sa présence faisait tâche. Il hâta le pas, pressant Anya d'une grimace.

 

- Я подожду тебя в комнате, так лучше, il indiqua quand ils furent devant la gargouille qui gardait l'entrée du cachot des Serpentards - et presque au pas de course, il se volatilisa dans la fameuse salle. (J'vais t'attendre dans la salle, c'est mieux.)

 

C'était un cachot ordinaire, avec des tables alignées, gravées de mille messages des élèves qui avaient peuplé les bancs de Poudlard avant eux - ça n'avait aucune importance. La salle était plongée dans le noir et Sasha se garda d'allumer les appliques et les chandeliers pour être sûr que personne ne soupçonnerait sa présence. Il alla s'asseoir dans le fond, sur un banc. Il se passa la tête entre les mains avec un soupir, partagé entre l'excitation et la consternation concernant ce qu'il était en train de faire. Il se répéta que ça n'avait aucune importance : il utilisait juste une opportunité, c'était tout. Anya saurait, et quoi ? Elle lui parlerait ensuite comme au début. Il s'en fichait.

Sa chemise était toujours trempée, collée à son dos, amenant avec elle l'odeur de l'herbe fraîchement écrasée.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 05/11/2024 à 17:41

Samara.

 

Sasha n’était pas allé jusque-là. Il aurait dû ; il s’était fait choper sur le versant nord-ouest d’une montagne, à quelques dizaines de kilomètres de là. L’amertume le fit déglutir, ses yeux braqués sur le lac en face. Les enfants qui jouaient, il ne les voyait même plus : il se souvenait d’avancer dans un village, persuadé d’arriver à rejoindre sa brigade, quelques heures avant le sortilège qui l’avait immobilisé et qui avait déclenché la série idiote d’évènements jusqu’à se retrouver dans un parc d’attractions pour enfants en Angleterre. Pourtant, indirectement, il avait participé à la bataille de Samara.

 

Quand Anya enchaîna, toutefois, Sasha sentit son corps se tendre. Il retint son souffle. Il resta parfaitement immobile, les yeux fixant toujours devant lui, s’humectant une nouvelle fois les lèvres comme un tic qu’il ne maîtrisait pas – encore moins maintenant.

 

Son frère s’était battu dans le camp adverse.

 

Ce qui signifiait qu’elle aussi était dans le camp adverse.

 

Sasha resta parfaitement silencieux un long moment. Il clignait seulement des yeux, exhortant son cerveau à fonctionner plus rapidement, le plus rapidement possible. Mais il n’arrivait pas à prendre de décision. Il aurait dû se lever immédiatement, cracher à la figure d’Anya et lui ordonner de ne plus jamais lui adresser la parole. Les copains auraient dit qu’il aurait dû l’emmener dans la forêt et la supprimer, ne serait-ce que pour la vengeance. Mais son corps refusait d’agir dans un sens ou dans l’autre. Il était retenu par il ne savait quoi ; le fait qu’elle parut si humaine, le fait qu’elle croyait qu’il était dans son propre camp, et il avait cette envie absurde d’entretenir le mensonge.

 

Sasha finit par déglutir en prenant une inspiration, puis il tourna la tête lentement vers elle.

 

Et il acquiesça, sagement.

 

L’accès à des informations changeait tout.

 

Как вы это получите ? (Comment tu fais pour l’avoir ?)

 

Il aurait payé cher. Mais de là à payer l’ennemi ? Il voulait savoir, lui aussi. Quand il avait quitté le territoire, ses amis défendaient Brovary. En pure perte. Il se demanda ce qui était arrivé à Andriy, Dmytro et Bohdan. Est-ce que des frères d’Anya les avaient abattus ? Ou pire… ?

 

-  Я... я бы не поверил, il dit, pour meubler le silence. (Je… j’aurais pas cru.)

 

Il ne pouvait pas se résoudre à paraître joyeux quand il lui semblait qu’un boulet de plomb lui était tombé dans l’estomac. Et puis, mille questions se bousculèrent à ses lèvres, et il s’anima soudain, basculant sur ses genoux.

 

-    Знаете ли вы, чем закончилась Сызранская битва ? Они переправились через реку ? А волшебники Казахстана ? Они наконец пришли ? Обещали... То есть, кажется, обещали приехать ! (Est-ce que tu sais comment s’est terminée la bataille de Syzran ? Est-ce qu’ils ont traversé le fleuve ? Et les sorciers du Kazakhstan ? Ils sont venus finalement ? Ils avaient promis… Je veux dire, il paraît qu’ils leur avaient promis de venir !)

 

Sasha s’exhorta à ralentir le rythme, ne serait-ce que pour éviter de commettre une erreur avec des mots qui trahiraient sa propre affiliation.

 

-   Я хочу прочитать это сам, il exigea subitement. (Je veux lire moi-même.)

 

C’avait l’air d’être pour lui une question de vie ou de mort – les nouvelles en Angleterre étaient toujours floues, anecdotiques, surtout concernant le volet magique de cette guerre. 


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 05/11/2024 à 16:31

Il n'avait rien répondu au sujet du frère présumé mort. Présumé mort, pour Sasha, ça voulait dire mort. Mais pour elle ? Il aurait peut-être dû présenter ses condoléances. Mais ne devait-on pas avoir une forme d'empathie, quand on transmettait ses condoléances ? Il ne ressentait rien du tout. La réponse d'Anya n'était que pure logique. Il préféra respecter le silence que perturbaient quelques voix, à bonne distance d'eux. Des élèves qui riaient, comme dans un autre monde. Inconscients.

 

Le regard soudain d'Anya lui fit avoir un mouvement de recul.

 

- Evidemment qu'j'irai !

 

Il avait presque craché en s'exclamant, comme si la question était en soi une insulte. Finalement, il comprenait peut-être la frustration d'Anya de ne pas avoir été autorisée à aller se battre. En même temps, paradoxalement, il trouvait mieux qu'une fille comme elle n'y fut pas allée.

Il s'humecta les lèvres avant d'ajouter en parlant plus lentement, comme pour se donner le temps de retrouver une contenance plus apaisée.

 

- Et dans les rangs, des fois, y'a des filles. Elles sont venues même qu'elles avaient pas le droit.

 

Il n'y en avait pas beaucoup en réalité, et elles ne duraient pas longtemps, de son expérience. Non pas qu'elles fussent moins fortes ; la réalité était que pour elles, la guerre était dure parce qu'en plus du combat, il fallait supporter des armées de camarades qui bavaient devant la perspective de se rapprocher de l'unique fille disponible dans les parages. De l'expérience de Sasha, ces filles s'échappaient vite. Enfin, il espérait que celles qu'il n'avait pas revu avait bien disparu de leur propre volonté.

Cette pensée l'incommoda et il la repoussa - il n'y avait jamais pensé avant. Sûrement que ce n'était que l'effet de l'endroit où lui avait combattu, se rassura-t-il. On disait que les sorcières s'étaient très bien mêlées à d'autres batailles magiques, au point d'en être les principales artisanes, dans d'autres régions du continent. Et tant d'entre elles pouvaient aussi être de très bonnes espionnes. Cela, il en était tellement sûr qu'il décocha un regard suspect vers Anya. Mais il n'y avait sur le visage de la jeune fille que cette expression de femme indépendante et rebelle.

Sasha déglutit, bougea comme pour s'asseoir plus confortablement, essayant de ne pas paraître perturbé par la proximité de la russe.

 

- Il s'est battu où, ton frère ? il dit sur le ton de la conversation.

 

Sous-entendu : il était dans quoi ? Il se battait pour qui ? Sasha n'arrivait pas à poser la question franchement : se battait-il pour la Division Obscuro ? Il avait ce mauvais pressentiment, qu'Anya et lui ne faisaient pas partis du même monde, même s'ils étaient tous les deux des réfugiés pour les autres élèves de Poudlard. Comme les faces d'une même pièce, ils étaient forgés dans la même matière mais ne pourraient jamais se rencontrer.

Ou peut-être qu'il se faisait des idées.


Le Philtre de Paix

Message publié le 05/11/2024 à 15:48

Sasha aurait voulu transplaner instantanément sur un autre continent. Pourquoi Alison avait-elle besoin de se glisser sous son bras ?! Il était tellement tendu qu’il crût avoir bientôt une crampe – mais ça, c’était avant d’entendre Alison raconter qu’il devait se faire pardonner. Il l’écouta les dents serrées et les yeux ronds, si bien qu’on eût l’impression qu’il était en train de souffrir d’une indigestion. L’une des filles donna un coup d’œil dégoûté à la main qui reposait sur l’épaule d’Alison, et Sasha eut une grimace qui mimait un grognement silencieux, histoire de la dissuader de faire un commentaire sur ses cicatrices.

 

Lorsqu’il crut que la torture était enfin terminée, que les vipères se dispersèrent vers la salle de cours, Alison n’en avait pas fini avec lui : quand elle resserra son nœud, avant de poser doucement ses lèvres sur les siennes, il se sentit minuscule d’ignorance, et paradoxalement beaucoup trop engoncé dans ses vêtements par la situation : il se figurait qu’il avait l’air d’un ours en chemise et cravate, avec des griffes qui disparaissaient dans les poches de son pantalon, et qu’une petite fille s’était perchée sur la pointe de ses pieds pour lui coller un bisou sans s’apercevoir qu’il avait la truffe humide et des poils blonds épais plein le museau.
Par acquis de conscience, quand elle le libéra, il passa vite une main sur sa bouche – non pour s’essuyer, même si Alison l’interpréterait peut-être ainsi, mais pour vérifier s’il n’était pas tout velu : mais non, il était rasé fraîchement du matin, fort heureusement.

 

Et puis, toutes les instructions tombèrent en même temps et il paniqua vaguement : comment est-ce qu’il allait se présenter au professeur ET tirer la chaise d’Alison en même temps ? Et retirer sa robe ? Pourquoi diable se déshabillerait-elle devant tout le monde ?!
Un peu trop pressé de ne rien oublier dans ce fatras d’indications, il entra certes un peu brusquement – sans anticiper qu’Alison s’arrêterait juste là, devant. Ils se coincèrent stupidement, et Sasha ne connaissait qu’une seule manière de se sortir de là : il s’arracha avec un pas en avant, manquant d’emporter avec lui Alison et probablement le mur du cachot. D’autres rires, plus ouverts, se déclenchèrent subitement, et ils avaient bien sûr attiré l’attention du professeur.

 

Ce dernier avait un visage plein de bonhommie, mais sur lequel passa à cet instant une expression d’ennui profond.

 

-    Bonjour, articula Sasha. 
-   … Et vous êtes ? questionna le professeur en haussant les sourcils. 
-    Mister Brooks ! se rappela le Gryffondor.

 

Le professeur battit des cils, circonspect.

 

-    Non, Mister Brooks, c’est moi.

 

Cette fois, ce fut l’hilarité générale dans la classe. Sasha avait écarquillé les yeux, plein d’incompréhension, tandis que le professeur gardait parfaitement son calme malgré le bruit ambiant. Puis Sasha comprit. Il pinça les lèvres avant de se redresser, rigide.

 

-    Sasha Shevchen, Gryffondor, 6ème année. Je suis affecté au cours de 5ème année pour un rattrapage en potions, sir.
-    Aaah, oui, c’est vrai. Bon, fit le professeur avec une moue dans laquelle Sasha crut lire : encore un.

 

Les rires se dissipaient enfin. Monsieur Brooks fit mine de se retourner vers la classe, fit un pas, puis revint vers Sasha en écartant les bras.

 

-    Bon restez pas planté là, allez vous asseoir !

 

Sasha fit un demi-tour sec pour s’éloigner du professeur et du tableau – zone devenue maudite. Alison avait ralenti près d’une paillasse dans les premiers rangs, mais il l’attrapa par le coude pour l’emmener vers le fond, suivi à son grand désarroi d’une bonne vingtaine de paires d’yeux. Alors, le regard noir, il jeta son sac à terre, avant de s’occuper d’Alison. Avec autorité, il lui retira son sac pour le poser sur la paillasse, tira un tabouret pour la faire asseoir en la maintenant par les épaules.

 

Il s’immobilisa soudain en la regardant : elle gardait sa robe ou pas ? Un signe. Il faudrait qu’ils convinssent d’un signal clair. Deux battements d’yeux, peut-être, ou quelque chose comme ça. Sasha se pencha vers elle, ayant déjà la solution en tête.

 

-    Dans les cachots il fait froid, tu restes habillée.

 

Voilà.

 

Lorsqu’il s’assit à son tour, il s’aperçut qu’il conserverait lui aussi sa robe sur sa chemise, pour une raison simple : il était en nage. Sa chemise lui collait à la peau, et lui semblait que de son col désormais trop serré s’échappait un mince filet de vapeur brûlante, qui lui réchauffait le cou et ses joues devenues toutes rouges.

 

Heureusement, le professeur avait commencé son long monologue d’entrée en matière. Il expliquait sûrement des choses importantes, mais Sasha était trop occupée à garder les mains sur la paillasse en tâchant de réguler sa respiration, et il ne comprenait soudain plus rien à l’anglais. Au bout d’un moment, il aperçut le regard exigeant d’Alison, et il se rendit compte qu’elle avait sorti plumes et parchemin : alors il en fit autant. Mais comme il n’arrivait pas très bien à reprendre le fil du cours, il ne savait pas quoi écrire : Sasha jeta un coup d’œil par-dessus la manche de sa voisine. 
Alison avait une écriture ronde et féminine, sans tâche aucune. Elle prenait un soin particulier à souligner des mots avec des couleurs différentes, manipulant entre ses doigts parfaitement lisses une plume aux reflets élégants, si bien qu’il semblait que son parchemin était une œuvre d’art. Il baissa les yeux sur son propre parchemin : c’était écrit « Potions 1 » et seulement ces caractères étaient déjà illisibles : on aurait dit qu’une souris avait marché dans un pot d’encre et était passée par là. Il se pencha en avant pour essayer de s’appliquer à son tour. Sa plume de pigeon crissa grossièrement sur le parchemin.

 

- Pourquoi t'as dit qu'il fallait que je me fasse pardonner, grommela-t-il à voix basse. J'avais rien à me faire pardonner. 

 

Le cours théorique ne fut pas trop long, Mister Brooks souhaitant ne pas perdre de temps sur le travail pratique qu’ils avaient à faire ce jour : préparer un philtre de paix, et la première étape était très simple puisqu’il suffisait d’allumer le chaudron qui se trouvait devant eux, sur la paillasse. Les autres élèves sortaient déjà leur baguette. Sasha avait retrouvé des couleurs plus claires, même si la perspective d'allumer un feu le faisait déjà trop transpirer d'avance. Il soupira, exténué déjà par ce cours qui ne faisait que débuter.

 

-    Tu veux l’allumer, ou je le fais ? demanda-t-il, morne.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 04/11/2024 à 21:00

Il avait enfoncé un peu plus la tête entre ses épaules, si c'était encore possible, en détournant le regard. Il sentait une drôle de brûlure au fond de l'estomac, un truc qui tordit sa bouche quelques instants, lui donnait un goût amer tandis qu'il s'obstinait à rester silencieux.

La vérité, c'était que Sasha n'en savait rien, de ce qui se disait en dehors des grottes que lui avait traversé. Il venait d'un petit village, et ce qui se disait là-bas et sur le front n'était sûrement pas ce qui se disait de là où venait Anya. Il voyait bien, qu'elle était plus cultivée que lui, et que ce ne devait sûrement pas être seulement parce qu'elle était restée plus longtemps que lui sur les bancs de l'école.

 

Alors il resta silencieux de nouveau. Décidément, leurs conversations étaient comme ça : remplies de silence.

 

Ce fut elle qui parla de nouveau, et Sasha dut se concentrer pour ne rien laisser transparaître de sa surprise sur son visage. Il risqua néanmoins un regard, parce qu'elle s'était accroupie de lui, et de nouveau son coeur se mit à battre avec sa suspicion habituelle. Est-ce que ce frère qu'elle évoquait, c'était un prétexte pour percer ses défenses ? On lui en avait tant dit sur les femmes russes que l'on utilisait comme espionnes. Autant que sur les métamorphomages, mais soudain il se demandait si tout cela était vrai, ou si c'étaient des choses que les sorciers se racontaient entre eux pour s'occuper pendant les nuits trop longues et trop noires.

Pourtant, la confession de la jeune femme sonnait vrai. Il avait envie d'y croire. C'était peut-être à cause de son visage si harmonieux, de son mouvement souple lorsqu'elle s'était accroupie. Tu es faible, tu es faible, tu es faible, se répéta-t-il intérieurement, mais cela ne changeait rien. C'était trop tard.

Il s'humecta les lèvres. La millième fois depuis qu'elle était arrivée. C'était comme un tic qu'il ne pouvait empêcher.

 

- Ты ничего не пропустил, il finit par croasser à voix basse, tâchant de dire cela avec suffisamment d'assurance, mais il ne savait pas s'il donnait le change. (T'as rien manqué.)

 

Est-ce qu'il devait lui dire, pour les créatures ? Que risquait-il ? Il ne donnait aucune information capitale. Il baissa les yeux, pour regarder ses mains, mais elles n'apparurent pas. A peine le bout de ses phalanges se montraient-elles, mais pour mieux verrouiller l'entrée de ses manches à la manière de griffes refermées sur un tissu trop tendre.

 

- Инферис, ты знаешь, что они такое ? (Les inferis, tu sais ce que c'est ?)

 

Est-ce qu'on étudiait cela, à Poudlard ? Est-ce qu'on parlait de ce genre de créatures aux enfants qui étaient si inquiets pour leurs coiffures et leurs chaussures ?

Sasha s'obstina à contempler l'espace entre lui et ses manches, comme s'il s'y était trouvé quelque chose d'invisible. Il déglutit avant de prendre une inspiration, comme pour mieux tasser des choses au fond de lui, être sûr qu'elles ne sortiraient pas avec les mots qui s'échapperaient de ses lèvres.

 

- Это мертвецы на поле боя. Есть колдуны, которые их завораживают, а потом нападают, с... деформированными руками. Как когти. (C'est les morts du champ de bataille. Il y a des sorciers qui les ensorcèlent, et après ils attaquent, avec des... des mains déformées. Comme des griffes.)

 

C'était l'un des milles cadeaux de la Magie Noire apportée dans la guerre par les sorciers de cette partie du monde. Sasha serra les dents, osa un regard prudent vers le visage d'Anya.

 

- Твой брат еще здесь ? (Il y est encore ton frère ?)

 

Il se doutait bien que c'était la question à ne pas poser. Mais c'était mieux qu'il sût.

 

- Колдуют в основном маглы, il se hâta d'ajouter. (C'est surtout des moldus, qu'ils ensorcèlent.)

 

Il préférait préciser. Parce que si son frère n'était pas revenu de là-bas, ou si elle n'avait plus de nouvelles, elle savait ce qu'elle s'imaginerait.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 04/11/2024 à 18:31

- Pourquoi, t'es intéressée ?

 

Sasha avait répondu du tac au tac à la première question d'Anya, comme pour la défier. Et pourquoi pas, si elle disait oui, il dirait pas non. Mais ce n'étaient que des pensées en l'air, qui s'envolèrent avec les feuilles mortes repoussées par le petit vent frais qui se levait. Il frissonna, se contenta de scruter de nouveau les brins d'herbe qu'il déchiquetait en morceaux minuscules entre ses doigts abîmés.

 

Il n'empêchait, il écoutait attentivement Anya. Sa tirade lui déplut au début, parce qu'elle l'accusait plus ou moins directement de ne rien comprendre, mais bientôt, il sentit son coeur battre plus fort, plus vite. Elle avait raison. Les anglais parlaient sur eux tout le temps, et pas dans les termes les plus tendres. Du moins c'était ce que Sasha s'imaginait, parce qu'il n'entendait que rarement ces propos échangés à voix basse. Mais il croyait Anya sur parole. Et leur manie des apparences l'agaçait aussi - Alison en était l'exemple parfait. Ils pensaient tous, comme Alison, qu'ils étaient des rustres, bons qu'à arracher des têtes et massacrer des plantes.

Alors Sasha resta silencieux, les lèvres pincées. C'était sa manière d'acquiescer. Une mine pas bien différente de lorsqu'il n'était pas d'accord. Mais son absence de grognement devait peut-être se comprendre. Ce n'était peut-̂etre pas encourageant, mais pas décourageant non plus.

Il s'humecta les lèvres, releva le nez pour attraper le regard d'Anya, méfiant.

 

Elle l'enhardissait avec ses beaux discours, puis elle posait une question personnelle. A quel point devait-il considérer ça suspect ? Il baissa les yeux sur ses mains.

 

Ses cicatrices étaient des entailles noires, plus ou moins profondes, qui lui zébraient les doigts, les paumes et le dos de chaque main, de façon désordonnée. Elles boursouflaient sa peau, conféraient à ses mains des allures de pattes animales, griffues. Pourtant, il les avait mille fois lavées, avait taillé ses ongles le plus court possible, avait jeté des sortilèges de retrouver l'apparence de sa peau d'origine : rien n'avait fonctionné. Elles restaient ainsi, marbrées.

Il les fit rentrer dans son pull comme un chat aurait rétracté ses griffes. Il sembla réfléchir.

 

- Des griffures de... de créatures ennemies.

 

Assez précis pour la contenter, jugeait-il. Assez flou pour ne pas la laisser imaginer quoi que ce fut. Il déglutit, la mine fermée, adressant de nouveau à Anya un regard en coin. Elle n'était toujours pas partie. Pourquoi ?

 

- T'es méta, il dit comme une constatation.

 

Evidemment, il ne lui apprenait rien. Lui l'avait soupçonné, mais c'était plus clair maintenant qu'il avait vu ses cheveux changer de couleur au niveau des pointes. Sasha s'humecta les lèvres en continuant de la scruter, comme avec hésitation, ou prudence. Comme s'il n'avait pas voulu la faire fuir, quand bien même il avait lui-même rentré la tête dans les épaules, vigilant.

 

- C'est... très utile, sur le terrain, souffla-t-il lentement.

 

Sur le terrain, c'était évidemment à la guerre. Prendre l'apparence de l'ennemi était un avantage extrêmement recherché. Pour pouvoir collecter des informations, pour pouvoir en disséminer de fausses. Pour aller déposer une bombe.

Sasha s'ébroua, bien conscient que ce n'était probablement pas des choses qu'elle envisageait. Mais lui avait entendu parler des métamorphomages, quand il était engagé. Tout le monde les admirait. Les copains racontaient des histoires folles à leur sujet. Le camp qui en avait le plus pouvait complètement désorienter l'autre. Certains disaient que les gouvernements locaux pratiquaient de drôles de rituels pour augmenter la probabilité que la conception entre sorciers donnassent lieu à des enfants métamorphomages. Il frissonna à cette idée, et son regard s'en retourna fixer le lac loin devant eux.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 04/11/2024 à 15:44

L'instant moelleux s'était soudain déchiré, et brusquement la réalité froide s'était imposée : l'humidité lui glaçait le dos, le soleil lui brûlait la rétine. Il n'était pas une créature inaperçue comme un lézard, à contempler, distant, le monde. Le monde l'avait rattrapé de ses crochets sinistres.

 

Sasha avait émit un long grognement, encaissant malgré tout les remarques acides d'Anya. Il roula sur le côté pour échapper aux branches qui le dissimulaient, peut-être aussi pour décrocher son regard de celui, chargé d'un jugement implacable, de la Serpentard. Décidément, les filles de cette maison aimaient piétiner sa dignité. En même temps, il se rappela qu'il n'en avait pas vraiment.

Quand il se redressa, basculant à genoux puis sur ses fesses, cette fois libéré de tout artifice qui aurait pu le dissimuler, le soleil éclaira sa chemise détrempée collée à son dos, tâchée d'herbe et de boue. Il essuya ses mains, elles aussi mouillées, sur le devant de son jean, avant de les passer vigoureusement sur son visage comme dans l'espoir de se réveiller.

 

- J'étais si bien fondu dans le décor que tu t'es mise là sans m'avoir vu, rétorqua-t-il avec amertume. C'est toi qui est aveugle.

 

Sasha n'avait pas su quoi répondre à ce qu'elle avait dit plus tôt. Comment savait-elle déjà, pour Carter ? Ce n'était pas le premier commentaire qu'on lui glissait à ce sujet, alors même qu'il avait dû l'embrasser pour la première fois quelques jours plus tôt. La moitié de l'école semblait déjà au courant. N'avaient-ils rien d'autre à discuter ? S'il y avait bien une chose qui le surprenait, c'était qu'un tel fait eût pu intéresser autant de monde : même des plus jeunes de Gryffondor l'avaient regardé bizarrement, entre désapprobation et admiration. Il aurait juré que c'était parce qu'ils l'imaginaient passer son temps à chasser la Femelle Serpent.

Sasha avait plié ses genoux écartés pour y déposer ses coudes, faire disparaître sa tête au milieu de ses membres avec un gros soupir. Sa bouille féroce réapparut quand il se redressa subitement.

 

- J'suis pas un chien-chien pour Carter, c'était juste comme ça pour lui rendre un service, mais en vrai y'a rien entre nous. C'est pas sérieux, же ! (hein !)

 

Ca lui avait semblé important à préciser, si important qu'il n'avait pas pu empêcher ces paroles de s'échapper de ses lèvres. Il ne savait pas bien pourquoi, mais c'était pressant qu'Anya sût.

 

A la réflexion : si, il savait pourquoi, et c'était peut-être évident pour elle. Sasha scella ses lèvres, un peu piqué au vif d'avoir eu cette réaction subite, qui trahissait trop de lui-même. Pour s'occuper, il se mit à triturer entre ses doigts humides des brins d'herbe arrachés entre ses pieds, le regard tourné vers le lac. La surface parfaite de l'étendue d'eau reflétait le soleil matinal, l'obligeant à plisser les yeux, sa pupille rétractée au maximum. Encore une journée à endurer.

 

Il coula un regard à côté, comme pour vérifier qu'Anya était restée.

 

- Pourquoi ça t'importe autant qu'on s'fasse pas remarquer ? Si t'en as autant rien à foutre des autres, pourquoi tu veux tous qu'on soient invisibles pour eux ?

 

On aurait dit un petit frère accusant sa grande soeur. Ils étaient liés malgré eux, par une histoire invisible et pourtant qui semblait gravée sur leur front à tous.

 


Le Philtre de Paix

Message publié le 04/11/2024 à 13:25

Il l'avait bien aperçue, la petite Alison aux longs cheveux roux qui dansaient sur ses épaules. Au détour d'un couloir. Ou à la table des Serpentards. Ou de l'autre côté du parc. Mais en courageux soldat qu'il était... Sasha s'était systématiquement débiné, regardant vivement ailleurs, prenant un autre chemin, ou faisant carrément demi-tour. Ce n'était pourtant pas la tâche la plus compliquée qu'on lui eût donné depuis qu'il était arrivé à Poudlard, mais pour une étrange raison, il n'arrivait pas à trouver la résolution nécessaire à ce projet stupide. Le pire était qu'il n'était pas certain que cela portât ses fruits : quand elle avait dit "ne fais plus jamais ça", il n'était pas sûr de ce dont elle parlait. Quoi ? Cracher dans sa main, ça ne se faisait pas en Angleterre ? Il s'était essuyé sur son jean, la mine interdite.

 

Toujours était-il qu'il avait beau eu repousser l'échéance, l'épreuve finirait par arriver.

 

Et elle arrivait aujourd'hui.

Sasha se maudit de ne pas avoir profité, pour leur première fois, d'un moment où Alison était peu entourée. Avec la grande brochette dans laquelle elle était coincée comme un morceau de poulet au caramel agglutiné contre les autres (les brochettes de poulet au caramel, nouvelle grande découverte de mets de Poudlard pour Sasha), il sentait toutes ses bonnes résolutions fondre comme neige au soleil. Mais le cours de Potions était noté, et s'il voulait pouvoir prouver qu'au moins dans cette matière il avait le niveau pour rejoindre rapidement les sixième années, il était bel et bien forcé de jouer le jeu. Alors, il fit ce qu'il fallait faire. Selon lui.

 

Il prit une grande inspiration, puis il fonça dans le tas.

 

Littéralement. 

A grands pas il s'avança vers le groupe, écarta une grande blonde dégingandée, n'eut pas besoin d'en faire autant pour la petite brune aux cheveux bouclés qui fit un bond de côté pour éviter la charge, et il traversa le cercle sacré des filles qui complotaient pour fondre sur Alison. Agir avant de réfléchir, c'était sa règle pour toutes les situations où l'incertitude du résultat était trop grande, comme quand il fallait attaquer l'ennemi ou ne pas laisser échapper une proie. Sasha attrapa Alison par les épaules et écrasa ses lèvres contre celle de la jeune fille. Probablement avec la délicatesse d'un boxeur qui dit bonjour à son sac de frappe, mais probablement pas au point de lui faire mal.

 

Il sentit la peau fraîche de son minois délicat et l'odeur d'un parfum chic, sûrement trop cher - et ce fut tout ce qu'il emporta d'elle, car c'était fini la seconde suivante. Cette seconde suivante fut horriblement longue : le groupe de filles faisaient rouler leurs yeux dans leurs orbites dans une expression qu'il n'était pas capable de déchiffrer - sauf la grande blonde qui avait croisé les bras en mâchant son chewing gum, visiblement agacée de s'être faite dégager si brusquement. Alors Sasha leur décocha à toutes un regard clairement dissuasif - juste au cas où. Après tout, il avait un deal avec Alison, mais pas avec les autres. Il ne leur devait rien, et sûrement pas la moindre sympathie.

 

Sasha sentit un truc bouger entre ses mains, se rendit compte qu'il tenait toujours Alison. Alors il la libéra et renfonça ses mains dans ses poches pour aller se poster à côté d'elle, le regard terne. Il n'y avait plus qu'à attendre que le cours commençât. A cet instant précis, d'autres élèves entraient dans la classe, et notamment des Serpentards qui le regardaient étrangement, partagés entre la surprise et le doute, probablement. Sasha les ignora royalement, et reporta son regard sur les filles qui étaient devenues muettes comme des botrucs.

 

- Quoi ? Vous avez plus rien à vous dire ? il gronda.


Les choux mordeurs de Chine

Message publié le 04/11/2024 à 06:47

Ifjzoiejzfpei fziejf epscdslf ?

 

C'était probablement que ce qu'Alison avait pu lire dans les yeux de Sasha si elle avait décidé de le regarder à l'instant où elle faisait sa demande. Il resta longuement ahuri, les yeux ronds, à essayer de mettre bout à bout ses connaissances sur les expressions anglaises et sa compréhension du genre féminin.

Tout d'abord, il crut tout simplement que son niveau de langue n'était pas très bon et qu'il ne comprenait pas l'expression "sortir avec moi". Peut-être qu'elle voulait dire par exemple, qu'elle avait peur d'aller dehors la nuit toute seule et qu'elle avait besoin d'être accompagnée. A une telle demande, il aurait dit oui sans hésiter : c'était une mission facile et compréhensible.

Malheureusement, Alison donna des détails et il comprit qu'il s'agissait réellement de jouer la comédie.

 

Sasha eut un mouvement de recul. Par automatisme, il jeta un regard par-dessus son épaule, comme si quelqu'un avait pu être caché dans un buisson, à proximité, pour les épier pendant qu'ils avaient cette discussion saugrenue, mais ils étaient bien sûr parfaitement seuls et quand il se retourna vers elle, Sasha ne trouvait toujours pas ce qu'il devait dire.

 

Il pesait intérieurement le pour et le contre. Il y avait mille petits contres pour un seul pour : personne d'autre ne lui apprendrait les manières attendues ici. Mais avait-il pour autant besoin de se ridiculiser, d'autant plus si elle voulait même pas coucher pour de vrai ? (Parce que ça aussi, ç'aurait été une mission facile et compréhensible, mais elle, elle parlait de bisous sur la bouche dans les couloirs comme des enfants de maternelle.)

Il finit par secouer la tête, dans une expression entre la consternation et la stupéfaction.

 

- Deaaal... prononça-t-il lentement comme si quelqu'un avait forcé hors de sa bouche un mot qui ne voulait vraiment pas sortir.

 

Mais qu'avait-il à perdre, après tout ? Sa réputation ? Il était déjà regardé comme un animal de foire. Autant que ça leur fisse les pieds, à toutes ces marionettes anglaises et leurs manières, que les filles de Poudlard eussent l'air de se presser pour coucher avec lui. (En apparence, tout du moins.)

 

- Mais tu m'aides pour de vrai pendant les cours, il précisa en articulant lentement, comme si elle avait été capable de ne pas comprendre son anglais, subitement. Sinon j'arrête ton truc de Roméo et Juliette et je dis que t'étais pas un bon coup. Ok ?

 

Nouveau regard en arrière, pour vérifier que personne ne l'avait vu passer ce deal odieux. Mais comme ils étaient toujours seuls, le vent glacé d'automne faisant son office pour enfermer tous les élèves à l'intérieur, Sasha se retourna de nouveau vers la jeune fille. Il cracha dans sa main droite et la lui tendit.


Les choux mordeurs de Chine

Message publié le 03/11/2024 à 18:43

Sasha était resté coi, à la fixer bêtement. Bientôt il scella ses lèvres et serra les dents, faisant saillir les angles de sa mâchoire comme il détournait le regard, ses yeux se perdant vers la forêt interdite pour mieux éviter de continuer à la fusiller du regard.

 

Suka. (Chienne.)

 

Il ne l'aurait pas dit à haute voix, ne serait-ce que parce qu'il avait cet instinct : les pestes pouvaient vous en faire baver pendant de longs mois, c'était bien connu, alors autant ne pas commencer à se créer des problèmes inutilement. Et puis, des méchancetés, il en avait encaissé suffisamment et d'une autre trempe pour pouvoir simplement balayer l'insulte qu'elle lui faisait dans sa réponse.

Mais la proposition suivante d'Alison lui arracha immédiatement un rictus et finalement, il la fustigea bel et bien du regard.

 

- Tu m'as pris pour un chien à dresser ou quoi ? il grogna, certes, comme un molosse menacé.

 

Il la scruta un moment, le visage exprimant la défiance. Avec son petit sac plié au coude, ses petites chaussures vernies, ses cheveux parfaitement lisses et son langage ampoulé, il était clair qu'elle représentait le summum de la société distinguée quand il était... un garçon avec des cheveux en bataille, les mains sales - qu'il n'avait pas nettoyé de la terre par un sortilège, comme les autres - et abimées, des vêtements de récupération qu'on avait bien voulu lui offrir et qu'il portait froissés. En d'autres termes, un rustre.

 

Sasha gonfla la poitrine, comme pour se rappeler à lui-même lequel des deux ici était le plus fort, qui pouvait dans l'instant ne faire qu'une bouchée de l'autre. Il émit soudain un sifflement méprisant en guise d'au revoir. Il fit volte-face pour s'éloigner d'un pas vif.

 

 

 

 

Pas assez doux. N'importe quoi. Et puis de là à arracher une tête, cette pauvre fille n'avait sûrement jamais vu une tête arrachée. Il aurait juste regardé, lui aussi savait lancer un Episkey !

 

 

 

 

Un pas, deux pas, trois pas, quatre pas.

 

Demi-tour.

 

Un, deux, trois et quatre pas sur le chemin du retour.

 

Sasha s'était planté de nouveau devant Alison et vissa devant elle un index qui avait tout d'une accusation.

 

- Tu m'apprends que pendant les cours, pour que je peux retourner en sixième année le plus vite possible. Je dois aussi faire les Potions et la Divination avec les cinquième. Tu me dis quand je fais pas bien, tu le dis pas fort, tu le dis doucement, pas devant tout le monde, et tu me montres comment on fait.

 

Il avait les joues qui s'étaient embrasées au point d'être plus rouges que ses lèvres, et cette inflammation s'étendait jusqu'à son cou qui disparaissait dans son col maladroitement serré par la cravate des Gryffondors qui n'était pas nouée correctement. Son index resta suspendu un moment entre eux, puis il décida de le baisser subitement pour le cacher dans sa poche, comme s'il s'était souvenu de l'inélégance de sa main et de la façon dont Alison avait regardé ses cicatrices un peu plus tôt. Il déglutit, une moue de dépit sur le visage.

 

- Tu veux quoi en échange ? gronda-t-il, un peu à la manière d'un aboiement autoritaire.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 03/11/2024 à 12:01

Les nuits étaient fraîches en automne en Ecosse, mais certainement pas autant que les hivers russes et continentaux que Sasha avait connu. Là-bas, bien que tout fût plus sec qu'ici, le froid était si mordant que des moldus trouvaient régulièrement la mort, seulement surpris par la nuit, englué dans la toundra. On disait que c'était une mort douce : on s'endormait dans la neige ou dans la terre comme si ç'avait été un matelas de plume, et bientôt on ne sentait plus sa peau glacée, on sentait seulement l'univers devenir tout blanc, et c'était paisible.

Sasha ne savait pas très bien pourquoi on racontait cela : les nuits dans le froid, il y avait survécu grâce à ses talents magiques, et il n'y avait jamais trouvé une quelconque douceur.

 

Toujours était-il que les nuits écossaises, bien que fraîches, étaient loin d'être insurmontables.

Et au matin, il arrivait parfois ce qui se produisait à cet instant : le soleil avait décidé de se montrer. Il écartait les nuages pour cracher des rayons invisibles mais chauds, séchant les brins d'herbes gorgées de la pluie des jours précédents. Aussi, comme c'était dimanche, un certain nombre d'élèves étaient déjà dehors, en route pour rejoindre le village proche de Pré-au-Lard que Sasha n'avait encore jamais visité. Un bon nombre faisaient bien évidemment la grasse matinée, moins sensibles que d'autres à la rareté du phénomène de cet astre qui réchauffait le parc, et une poignée d'autres étudiants avaient décidé d'une promenade matinale dans le parc.

 

Ce devait être le cas de l'élève dont il avait entendu le pas léger à proximité : là une branche cassée sous une bottine, puis un peu plus proche, une feuille morte écrasée qui crissait sous la semelle. Sasha n'avait pas bougé. Il avait gardé les yeux fermés. A travers les branches et les feuilles attachées à l'arbuste qui le dissimulait, il sentait les tâches de lumière dispensée par le soleil lui réchauffer doucement le visage, les mains posées sur son torse, et sur son ventre à demi-nu à cause de sa chemise qui était sortie de son pantalon. De la boue maculait ce dernier - et en réalité l'intégralité des faces arrières de ses vêtements étaient détrempés vu le temps qu'il avait passé ici. Mais il n'était pas sensible à ce froid que d'autres auraient trouvé désagréable. C'était comme si sa peau était plus épaisse, comme si l'odeur d'humus de la forêt suffisait à rendre cet inconfort agréable, protecteur. De l'extérieur de l'arbuste, on aurait presque rien vu dépasser : peut-être à peine le bout d'une basket, pour quelqu'un de particulièrement observateur.

 

Il serait bien resté là plusieurs heures. Juste à rester les yeux fermés, somnolent, rêvant à toute la chair crue ou cuite que l'on servait sur les tables de Poudlard - cela était un luxe qui, il devait l'admettre, n'avait jamais connu en Ukraine : de la viande à tous les repas.

Mais il n'était plus tout à fait tranquille : la présence était toujours à proximité. Il n'avait pas ouvert les yeux qu'il la sentait tout de même : à cause d'un léger parfum, de légers mouvements de lumière, de ces sons minuscules qui chatouillaient ses oreilles ; des craquements et des froissements à peine audibles.

Bien que ce ne fut pas assez proche pour être menaçant, il consentit malgré tout à ouvrir les yeux, au bout d'un moment, malgré lui.

 

D'abord, juste des tâches noires et blanches, mouvantes, qui devinrent marrons et or, qui se précisèrent en les branches et feuilles qui se découpaient dans le soleil au-dessus de lui. Dans la périphérie de sa vision, une silhouette.

Avec lenteur, pour n'engendrer lui-même aucun bruit, il tourna la tête dans sa direction : une fille.

 

Une fille enveloppée dans une cape épaisse, à la chevelure sauvage, faites de boucles marrons. Il la regarda longuement, l'esprit vide, ou bien plein de cette seule contemplation : une silhouette élégante au soleil. La fille bougea : il aperçut son profil ; un petit nez discret, des lèvres dessinées, le pourtour du visage tout fin comme...

 

Anya Nikitovna.

 

Le nom lui était revenu rapidement. Il ne bougea pas néanmoins. Peu importait son nom, il n'était qu'une créature étendue et dissimulée qui en observait une autre. C'était juste agréable, d'être ainsi, de ne pas exister, de ne penser qu'à ce film qui se déroulait sous ses yeux - les boucles soulevées dans le vent, la main rapide de la jeune fille qui tournait une page du livre qu'elle avait sur les genoux, la courbe de son dos qui s'animait parfois, se creusait au niveau des reins comme une vague se cambrerait à l'approche de la rive.

 

Malgré lui, le bout de son index bougea.

 

Coïncidence, ou alertée par ce mouvement pourtant d'une discrétion suprême, Anya tourna la tête dans sa direction.

 

Il retint son souffle, s'imposa une immobilité parfaite.

 

Mais un moment il en fût sûr malgré le contre-jour : les yeux d'Anya s'étaient accrochés aux siens, au travers des branches.

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