Harry Potter RPG

Liste des messages de Sasha Shevchen

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

A l'Est rien de nouveau

Message publié le 27/11/2024 à 17:01

Sasha bouscula un élève, puis un autre, tenant la pochette serré contre sa poitrine. Le souffle court, il détalait à toute allure. Ses jambes avalèrent, quatre à quatre, les escaliers qui conduisaient au rez-de-chaussée, puis ses baskets crissèrent au sol tandis qu'il dérapait vers la sortie.

Un grand saut pour passer les dernières marches qui amenaient au parc, et il atterrit dans les gravillons en faisant peur à une nuée de pigeons ainsi qu'un autre groupe d'élèves. Dehors, un vent désagréable cingla son visage, mais Sasha ne ralentit pas pour autant. Il changeait irrégulièrement de direction, pour éviter un sort qui aurait pu le mettre à terre - car cette garce l'avait poursuivi jusqu'ici.

 

Sur le moment, il avait cru qu'elle abandonnerait, mais les insultes pleuvant dans son dos lui avaient indiqué le contraire, à sa grande surprise. Après tout, ce n'étaient que de simples numéros d'un journal dont les autres Russes avaient certainement la copie, qu'il avait volé. Pourquoi s'acharnait-elle autant, sinon pour le plaisir de se faire la peau d'un Ukrainien ? Il ne pouvait pas lui en vouloir ; si un Russe lui en avait fait autant, il se serait peut-être battu avec la même hargne.

 

Sasha emprunta un sentier entre deux bosquets - il se rapprochait dangereusement de la Forêt Interdite, mais il en avait bien moins peur que les autres élèves. Anya Nikitovna oserait-elle le suivre dans un environnement si imprévisible ? Ils en étaient encore à une cinquantaine de mètres toutefois, au moins.

Sur un tronc à sa gauche éclata soudain un morceau d'écorce percuté par un sortilège, et Sasha eut un hoquet de stupeur. Par réflexe, il fit un détour dans la direction opposée. Ses jambes le portaient par cette espèce de réflexe automatique de la fuite, l'adrénaline faisant battre à ses tempes un flot de sang ravageur - et étrangement, c'était à la fois terrassant et bon.

 

Mais il ne pouvait pas se permettre de perdre les documents qu'il gardait désormais jalousement contre lui. Il ne voulait pas faire de mal à Anya, au fond : elle n'avait pas elle-même participé à la guerre, elle en était bien trop loin, comme une bonne petite fille Russe tenue loin du combat. Elle l'avait dit elle-même. En revanche, ce qu'elle détenait était beaucoup trop important pour lui - et si son pays lui envoyait de l'argent, elle n'aurait qu'à se payer une deuxième édition du dernier numéro si elle y tenait tant.

Alors, dès qu'il passa devant le gros tas de bûches de bois que conservait près du bosquet le garde-chasse, Sasha osa un instant ralentir et se retourner.

 

- Padasno ! s'écria Sasha - la version slave du sortilège de Descente.

 

De sa baguette jaillit un rapide trait bleu qui vint percuter la montagne de bois. Celle-ci s'écroula à moitié, les bûches roulant subitement entre Sasha et Anya pour entraver la course de cette dernière. Ce n'était certes pas suffisant pour blesser la Russe, mais cela faisait gagner quelques précieuses secondes à Sasha maintenant qu'elle devait ralentir et contourner cet obstacle.

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Sortilège de Descente
Difficulté
Résultat D20
6
Interprétation
Réussite
XP gagnée
3

- Padasno ! s'écria Sasha - la version slave du sortilège de Descente.

 

De sa baguette jaillit un rapide trait bleu qui vint percuter la montagne de bois. Celle-ci s'écroula à moitié, les bûches roulant subitement entre Sasha et Anya pour entraver la course de cette dernière. Ce n'était certes pas suffisant pour blesser la Russe, mais cela faisait gagner quelques précieuses secondes à Sasha maintenant qu'elle devait ralentir et contourner cet obstacle.

Autres résultats possibles

- Padasno ! s'écria Sasha - la version slave du sortilège de Descente.

 

De sa baguette jaillit un rapide trait bleu qui vint percuter la montagne de bois. Celle-ci s'éboula de façon spectaculaire, avec un bruit tapageur tandis que les bûches se mirent toutes à rouler et débouler... entravant directement les pas d'Anya qui arrivait précisément à cet endroit-là, la déséquilibrant catastrophiquement. Cette distraction était bien suffisante pour offrir toute latitude à Sasha de poursuivre sa course pour enfin disparaître dans la Forêt...

- Padasno ! s'écria Sasha - la version slave du sortilège de Descente.

 

De sa baguette jaillit un rapide trait bleu qui passa de près du tas de bois sans malheureusement le toucher. Le sortilège alla frapper un arbre non loin qui ne perdit que quelques morceaux d'écorce, pitoyablement.

Sasha n'attendit pas et se remit à courir. 

- Padas... avait commencé à s'écrier Sasha, esquissant deux pas en arrière. 

 

Mais il ne put terminer. Sa chaussure s'était accrochée à la racine mouvante d'un tronc facétieux aux abords de la Forêt, et au lieu de lancer un sortilège, le garçon s'écroula sur le dos avec un hoquet de douleur... Un contre-temps qui permettait bien sûr à Anya de le rattraper.


A l'Est rien de nouveau

Message publié le 27/11/2024 à 15:32

Quand bien même le visage de Sasha était déjà fermé, il parut à peine perceptiblement se décomposer. Les condoléances d'Anya étaient un coup de poing dans les entrailles dont il se serait bien passé. Il avait blêmi légèrement.

 

- Он... Ничего нет? Совсем ? (Il... Il n'y a rien ? Du tout ?)

 

Elle n'avait aucun intérêt à mentir, jugeait-il. Alors comment savoir si l'Unificateur avait pu tout simplement passer sous silence l'assaut en question ? Il y avait peut-être quelques lignes qui avait échappé à la Russe. Deux, tout au plus, qui ne lui aurait pas échappé à lui. Quelque chose du genre. Des bâtiments écroulés dans telle ville, malheureusement quelques morts. Et lui saurait, avec le nom de la ville, que c'était un assaut réussi de la part des Veilleurs.

Ou bien il n'y avait vraiment rien parce que les Veilleurs en question avaient été arrêtés. Et là...

Ses entrailles se tordaient désagréablement. Anya n'avait pas l'air d'accepter de négocier pour quoi que ce soit. Lorsqu'elle bougea, il avait instinctivement saisi sa baguette, lui aussi, prêt à riposter - prêt surtout à invoquer un quelconque sortilège pour pouvoir faire diversion et se tirer de ce mauvais pas. Il jeta un oeil sur la pochette, tenté un instant de la lui prendre par la force, mais il renonça. A la place, il s'était levé comme elle.

 

- Зачем ты это принес, если уже знал ? grogna-t-il en désignant la pochette d'un mouvement du menton. (Pourquoi avoir amené ça si tu savais déjà ?)

 

Il encaissa en silence les décisions qu'elle avait prise à leur sujet : ne plus jamais se parler, ne plus jamais se regarder, même. Sasha soutint pourtant son regard, plusieurs longues secondes. On aurait pu croire que c'était pour la défier, mais non : il voulait être sûr qu'elle ne changerait pas d'avis. S'il y avait le moindre espoir, la moindre faille, Sasha l'exploiterait.

Mais le second crachat et les cheveux qui s'enflammaient étrangement, bien que fascinants, lui faisaient comprendre qu'il ne pouvait y avoir de retour en arrière.

 

Il recula lui aussi, d'un pas, vers la porte. A mesure qu'ils s'éloignaient l'un de l'autre, la tension semblait s'amenuiser à peine perceptiblement, donnant à Sasha de quoi retrouver un peu de respiration.

 

Il était prêt à partir. Dans deux pas, il serait sorti du cachot, et ils ne se reparleraient plus jamais, ne se regarderaient plus jamais. Alors, peut-être qu'il en profitait un peu, malgré lui.

 

Du couloir émanait le simple chuintement d'un courant d'air, trahissant la solitude dans laquelle ils se trouvaient tous les deux : au pire, qui saurait ce qui s'était passé, s'ils se battaient ici ? Il aurait l'avantage, jugea-t-il. Il lui suffisait d'un ou deux sorts. Mais c'était idiot et il le savait très bien : Blondasse l'avait vu, et d'autres gens, les autres jours, les avaient vus s'isoler ici. Il serait désigné coupable très rapidement.

 

Mais Sasha était impulsif. C'était sur un impulsion qu'il avait fait son sac et avait couru attraper un Portoloin avec les autres. C'était sur une impulsion qu'il s'était lancé dans un immeuble à demi-écroulé pour essayer de fuir. C'était sur une impulsion qu'il avait décidé de passer sous silence qu'il était ukrainien avec Anya.

 

Alors, au moment où il allait déguerpir pour de bon, son poignet agita subtilement sa baguette.

 

- Tyanì obladanie, incanta-t-il en un seul souffle léger.

 

Le sortilège d'attraction, semblable à un Accio! anglais, arracha instantanément la pochette qu'Anya serrait contre elle. Le journal fondit sur Sasha qui l'attrapa sans réfléchir. 

 

L'instant suivant, il détalait dans le couloir, au pas de course.

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Sortilège d'Attraction
Difficulté
Résultat D20
12
Interprétation
Réussite
XP gagnée
3

Le sortilège d'attraction, semblable à un Accio! anglais, arracha instantanément la pochette qu'Anya serrait contre elle. Le journal fondit sur Sasha qui l'attrapa sans réfléchir. 

 

L'instant suivant, il détalait dans le couloir, au pas de course.

Autres résultats possibles

Le sortilège d'attraction, semblable à un Accio! anglais, arracha instantanément la pochette qu'Anya serrait contre elle, d'une brutalité si soudaine qu'avec la pochette fut emportée l'amulette dont le fil se cassa sous le choc. Le tout fondit sur Sasha qui l'attrapa sans réfléchir. 

 

L'instant suivant, il détalait dans le couloir, au pas de course.

Le sortilège d'attraction, semblable à un Accio! anglais, confina à la pochette qu'Anya détenait dans ses bras une force soudaine - mais la Russe avait eu le réflexe de retenir l'objet contre elle. Le sortilège n'était tout simplement pas assez fort. 

 

- Chuma ! feula Sasha dans la direction d'Anya. 

 

L'expression typiquement ukrainienne la désignait comme une peste, maudite. Sasha, le visage déformé par la colère, cracha à son tour avant de disparaître au pas de course. 

Le sortilège d'attraction, semblable à un Accio! anglais, aurait dû décrocher la pochette des bras d'Anya pour qu'il pût s'enfuir avec. C'était sans compter la maladresse avec laquelle il avait formulé sa requête : le sortilège n'avait pas agi sur la pochette mais sur l'ensemble de ce qu'Anya avait sur elle. Bien sûr, ce n'était pas assez fort pour qu'elle se retrouvât démunie de quoi que ce fut, mais suffisamment pour qu'une partie de son haut fusse arrachée et qu'une boucle d'oreille tombât au sol avec un tintement. 

 

Un instant pétrifié par l'attaque malgré lui qu'il avait lancé, Sasha resta le souffle court à observer Anya et sa gorge dénudée. 

 

Puis il referma subitement la bouche pour s'enfuir.


A l'Est rien de nouveau

Message publié le 27/11/2024 à 14:31

Sasha recula sur le banc, malgré lui.

 

Quel évènement ?

 

Il ne s'était pas attendu à cette question. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle pût négocier sa réponse. Sasha s'humecta les lèvres, comme pour se donner le temps de réfléchir. Que risquait-il à lui donner cette information ? Anya n'était qu'une jeune élève qui n'était certainement pas en contact avec les armées Russes. Et pourtant. Il lui suffisait d'écrire une lettre vers la Russie, et la Russie saurait la trouver, elle. Saurait envoyer ses émissaires pour venir le questionnaire.

Sasha déglutit, avant de secours la tête, en un non qui signifiait qu'il ne dirait rien.

 

Un moment, il imagina tout ce qu'il aurait pu obtenir, comme informations, s'il s'était fait passer pour un Russe depuis le début. S'il avait su ravaler son ego pour se mêler aux autres, il aurait pu collecter tout un tas de rumeurs, découper des journaux pour en envoyer des petits morceaux vers l'Ukraine. Il y avait tant de choses qu'il aurait pu faire à distance, pour aider les siens. Et à la place, il n'avait su que foncer dans le tas en rugissant qu'il n'était pas Russe.

Il serra les dents, espérant faire reflouer cette émotion qui voulait lui envahir le visage alors qu'il devait rester le plus impassible possible. Ses sourcils froncés, ses yeux attaquant car c'était la meilleure défense, il n'en était pas moins que le remord lui rongeait les tripes.

 

Et maintenant ?

 

Et maintenant, il était pris à son propre piège. Il avait voulu clamer haut et fort qu'il était Ukrainien, il était désormais identifié. Et qu'est-ce que cela lui apportait ?

Au fond de lui, pourtant, il savait que c'était mieux ainsi. Il avait secrètement désiré ces petits instants passés à lire le journal à ses côtés, cette ennemie au visage si supérieur. Avec le temps, qui savait s'il ne se serait pas laissé bêtement séduire ? Au moins, il ne risquait plus rien désormais : il voyait tout le dégoût qu'il provoquait en elle, et cela aussi ajoutait à tout ce qui se nouait en lui à cet instant.

 

Et pourtant, il lui fallait être pragmatique : si elle était la seule à pouvoir lui donner quelques informations, que ferait-il alors ? Il fallait qu'il tentât.

 

Alors il croassa, à voix basse :

 

- Un assaut.

 

Peut-être que ce n'était pas ses chances d'obtenir ce qu'il voulait, qui le faisait parler. C'était peut-être tout simplement la posture impénétrable, sévère d'Anya. Elle était entre lui et la porte, et cela en soi était une menace, mais il ne bougea pas. Si elle savait, si elle voulait lui faire du mal, alors il lui aurait suffit de demander à d'autres Serpentards russes de venir les rejoindre. Alors son compte était bon.

 

- Ca s'est déjà passé, alors tu peux rien faire pour l'empêcher, c'est même plus un secret. C'était prévu depuis longtemps. Ca a dû avoir lieu vendredi. Ca doit être dans le numéro d'aujourd'hui.


Les Orchidées Explosives

Message publié le 27/11/2024 à 10:49

Lorsqu'il avait ouvert les yeux, le matin suivant, Sasha avait été assailli par les images troubles d'une nuit à demi-passée dans la forêt, non dans l'état tranquille qui était le sien habituellement lorsqu'il se transformait pour goûter un peu la liberté d'être animal, mais dans une course folle où il traînait sous lui une petite fille qui n'avait rien demandé mais avait chuté dans l'herbe noyée de brume.

Un moment, il tâcha de repousser ses souvenirs comme un mauvais rêve, mais quand sa conscience s'éveilla totalement, il fut forcé de constater que ce n'était guère le fruit de son imagination, mais quelque chose qui s'était réellement produit. Blyad, avait-il juré en sortant de son lit, sautant à toute vitesse dans un jean parce que les cours reprenaient ce matin et que les autres élèves n'avaient pas jugé bon de le réveiller : il était seul dans la chambre de son dortoir. Ses compagnons de chambrée ne le trahissaient pas pour ses absences nocturnes, mais ils n'en faisaient guère plus pour lui. Non sans d'abord passer ses mains dans ses cheveux pour les épousseter - histoire de les débarrasser sommairement de quelques traces de la forêt restée dans ses mèches - Sasha se mit à chercher frénétiquement de quoi se mettre quelque chose sur le dos. Ses pensées étaient tout aussi désorganisées que son sac plein de vêtements roulés en boule. Avec un pull et une chemise en moins. Avec la soeur d'Alison et sa promesse à tenir à la place. Avec ses yeux noyés de larmes et la paume de sa main sur le front.

 

Le geste avait été si doux qu'il en avait fermé les yeux, accroupi sur les marches. Il aurait voulu être léopard à ce moment-là : il savait qu'alors son état d'esprit aurait pu être suffisamment détaché de tous les tracas du monde pour être concentré sur l'instant. Mais il avait été parfaitement conscient, et peut-être suffisamment conscient pour avoir l'impression de ressentir encore la chaleur de la main de Charlie entre ses yeux, de longues heures de sommeil plus tard.

 

En-dehors de cette rencontre nocturne qui avait clos le week-end, Sasha avait passé la moitié de ces derniers jours à explorer le château et ses environs, curieux au fond de cet environnement nouveau ; et l'autre moitié à maugréer dans sa barbe qu'il avait sûrement pas peur des Russes, que les Russes il en faisait qu'une bouchée, même qu'il mettrait sur leur carcasse du coulis de framboise comme sur les côtes de porc qu'ils servaient à Poudlard pour leur croquer les os et les broyer entre ses dents comme de vulgaires rats des champs tombés entre les crocs d'un chat sauvage, et que s'il avait voulu il aurait déjà cassé les gueules de ceux qui se tapissaient bien au chaud autour d'elle.

Et autres joyeusetés de ce genre.

 

Il fallait donc au moins cette rencontre avec Charlie, son crapaud et la promesse qu'elle lui avait demandé pour qu'il cessât enfin d'en vouloir à Alison et de ruminer comme un bovin dépité de son sort.

 

Le matin, il put se présenter à temps avec les sixième années en cours de métamorphose, où il se débrouillait plutôt correctement - si tant était qu'on le laissait formuler ses sorts dans sa langue d'origine, ce à quoi rechignaient un peu certains professeurs. D’aucuns répétaient à Sasha que les formules latines étaient plus subtiles et plus puissantes. Sasha y mettait du sien en formulant ses versions slaves dans les variations les plus puissantes possibles, histoire de leur donner tort devant les autres élèves de la classe. Et ainsi, s'il y avait des Russes, qu'ils fussent tous bien informés qu'il les transformerait avec aisance en bûche de Noël si l'envie lui prenait. (Parce que, rappelons, il n'avait sûrement pas peur d'eux.)

 

Au déjeuner, Sasha n'avait pas cherché Alison, mais plus la journée passait, plus il sentait son estomac se rappeler à lui dans des contorsions étranges. Ce n'était pas vraiment lié à l'excitation de revoir sa fausse petite amie, non : il s'agissait d'encaisser ses récriminations. Car cette fois, il avait vraiment quelque chose à se reprocher. Si Charlie n'avait pas tenu sa promesse, elle se fâcherait parce qu'il avait emmené sa petite soeur promener plutôt que de la ramener au château, risquant littéralement sa vie. Aussi avait-il l'impression que la journée passait trop vite et que ce cours de botanique de l'après-midi courait vers lui sans qu'il pût y échapper. Par précaution, n'ayant aucune envie de risquer de nouveau une privation de repas pour les caprices, Sasha prit soin de dévorer tout ce qu'il pouvait avant de prendre la direction des serres. 

 

Dehors, le temps était exceptionnellement clément : un soleil radieux se montrait régulièrement entre deux colonnes de nuages qui soutenait un ciel frais mais engageant. Sur le chemin, il décida donc d'un plan ingénieux : il ferait comme si de rien n'était et avec un peu de chance, tout irait bien.

 

Lorsque Sasha se présenta à l'entrée des serres, la plupart des élèves étaient déjà là. Les cinquième année étaient rudement ponctuels, trouvait-il, tandis qu'il se présentait à l'entrée - les mains dans les poches de sa robe de sorcier et bien sûr, son noeud de cravate de travers.

La brochette bien évidemment était entièrement constituée, dans les premiers rangs de ceux qui attendaient de pouvoir entrer, lorsque la professeure leur ouvrirait la petite porte qui leur permettrait de se réfugier à l'intérieur. Sasha doubla la longue file, déclenchant sur son passage quelque silence, puis quelques murmures parmi les Serpentards. Evidemment, puisque leur dernière rencontre s'était soldée par l'envoi de l'un d'entre eux à l'infirmerie. Sasha ne se cacherait certainement pas pour cela. Il passa devant eux avec indifférence - sa seule intention étant de reprendre son poste aux côtés de la petite rousse qui lui servait de patte blanche à montrer aux professeurs. Sasha la rejoignit et, ignorant la brochette du mieux qu'il savait le faire, se pencha sur Alison. Lui colla un baiser un peu plus lent que celui de leur dernier cours, histoire de s'appliquer un peu même s'il avait le naturel d'un automate, puis il lui prit la main pour la mettre dans sa poche à lui, d'une manière un peu brusque, un peu autoritaire - le coeur battant à tout rompre, s'attendant à ce qu'à tout instant la jeune fille lui collât une gifle bien méritée. 

 

Mais rien de cela n'arrivât.

 

Une bouffée d'espoir l'inonda : Alison n'avait pas l'air au courant (ou alors elle cachait parfaitement son courroux), mister Brooks avait trouvé qu'ils avaient fait du bon travail. Encore une ou deux séances de Potions sur ce registre-là, puis la même chose en Botanique, et il pourrait bientôt demander à retourner être à plein temps avec les sixième année. (Pour la Divination, les cours n'avaient pas encore commencé, mais il suffirait de prouver à la première séance qu'il était un voyant de premier ordre, ce qu'il n'était pas, bien sûr, pour faire en sorte que le professeur de Divination approuvât qu'il fusse au plus vite auprès des 6ème année). Car quitte à perdre tant de mois à Poudlard, au moins qu'ils fussent les plus productifs possibles. Il avait davantage d'espoir d'apprendre des choses utiles à la guerre en sixième année qu'en cinquième. Par exemple, les sixième année travaillaient de vraies potions médicinales, comme la potion de régénération sanguine, et manipulaient des plantes dangereuses comme les Baies d'Epine Mortelle, avec lesquelles on pouvait fabriquer des pièges et de petites armes létales. Des sujets bien plus intéressants que...

 

- ... les magnifiques Orchidées Explosives ! claironnait la professeur, qui avait surgi avec une bonne humeur qui donna instantanément à Sasha l'envie d'aller dormir au soleil - alors il ferma les yeux. Ces magnifiques fleurs - je suis sûre que vous en avez déjà vu, on en décore la Grande Salle à Noël pour ceux qui voudront m'accompagner en décembre !

 

Quelques exclamations enthousiastes d'un petit duo de filles se firent entendre, vantant la beauté de ces fleurs multicolores et exotiques, qui hypnotisaient ceux qui en voyaient pour la première fois. Sasha se demanda juste si ces plantes mangeaient les mouches. (Auquel cas, ce serait pratique.)

 

- Pour l'instant, reprit la professeure, celles-ci sont à une étape de développement de leurs premiers boutons, que nous allons devoir faire grossir à l'aide d'un sort de chaleur dé-li-cat pour qu'elles puissent être prêtes exactement quand nous le souhaiterons. Il nous en faudra une première fournée pour Halloween, et nous garderons les fleurs les plus tardives pour les décorations de Noël. Evidemment, comme leur nom l'indique, tout le défi est de les faire grandir sans les brusquer. Sinon, elles explosent. Et que se passe-t-il si elles explosent ?

 

L'une des deux enthousiastes leva la main en se dandinant comme si elle avait très envie de faire pipi.
 

- Oui Jenny ?

- Les Orchidées Explosives rejettent des spores irritants dans un nuage coloré, et ces spores au contact de la peau créent des plaques irritantes !

- C'est exact. 2 points pour Serpentard pour ce bon travail de préparation. Les spores déclenchent une réaction d'allergomagie majeure, à laquelle la peau réagit en formant une couche d'écailles très urticantes et vertes qui mettent des jours à s'en aller. Bien sûr, nous pouvons concocter des baumes pour soulager l'inconfort, mais la tâche ne disparaît que par elle-même au bout de plusieurs semaines. Aussi, pour éviter qu'elle n'explose, vous allez devoir redoubler de douceur. Certains d'entre vous ont sûrement déjà vus leurs mères chanter des berceuses à leurs orchidées explosives quand elles font chauffer la cheminée, n'est-ce pas ? Hé bien c'est parce que les orchidées grandissent avec cette chaleur mais que trop d'un coup risque de déclencher l'explosion des boutons, alors il convient d'être apaisant avec eux. Aussi vous demanderai-je d'entrer dans le calme, histoire de ne pas commencer à les stresser inutilement. Vous êtes prêts ?
 

Au lieu d'une réponse uniforme, les élèves se lancèrent dans des discussions désordonnées, certains s'inquiétant de ce qu'ils pouvaient rater leur sort de chaleur tandis que d'autres inventaient déjà des versions égrillardes des chansons pour enfant qu'ils connaissaient.


 


A l'Est rien de nouveau

Message publié le 26/11/2024 à 13:54

Sasha s'était pétrifié. Les yeux alertes, fixés sur le visage d'Anya - des traits doux devenus durs comme de la pierre - et les mains sur ses genoux, les doigts sertis dans son jean comme l'adrénaline était brusquement monté en lui, ses lèvres seules bougèrent, tentant le tout pour le tout.

 

- О чем ты говоришь ? il dit. (De quoi tu parles ?)

 

Il aurait voulu que le ton fût comme si de rien n'était, mais sa voix était blanche, même légèrement hostile malgré lui.

De toute façon, le crachat ne laissa aucune place à l'interprétation : il n'était pas des leurs, et elle l'avait découvert.

 

Sasha resta tranquillement assis. Ses yeux se posèrent seulement brièvement sur la tache sombre de salive qui avait percuté le sol. Elle avait eu l'élégance de ne pas lui cracher directement dessus. Le silence était de plomb, pesait sur le cachot comme si le château au-dessus soudain pesait plus lourd, menaçait de les ensevelir là, dans ce mutisme. Pour une fois, Sasha souhaita qu'ils fussent interrompus.

 

Lorsqu'il avait lu les numéros précédents, seul avec elle, il avait maintes fois tourné la tête vers la porte. Pas seulement parce que c'était la seule sortie ; mais aussi parce qu'il ne souhaitait pas qu'on découvrît l'instant suspendu - et interdit - auquel il se donnait accès. Il n'était pas question de partager les journaux d'Anya avec les autres élèves. Ce n'était pas pour Alison qu'il s'inquiétait, mais bien pour cet étrange sentiment jaloux, qu'il ne s'expliquait pas à lui-même.

 

Sauf qu'un tel cirque ne pouvait pas continuer, et Sasha le savait très bien.

 

Toujours immobile, il pinça les lèvres. Finit par hausser brièvement les épaules.

 

- Да. Я солгал. Но мне нужно знать. (Oui. J'ai menti. Mais j'ai besoin de savoir.)

 

Sasha serra les dents. Maintenant, la balle était dans son camp et elle le savait. Il ne se mettrait pas à genoux devant une Russe pour la supplier. Mais pourtant il était resté là plutôt que de partir immédiatement après avoir été découvert. C'était pourtant ce qu'il s'était dit : quand elle saurait, il disparaîtrait, se ferait oublier. Il n'y avait pas beaucoup - voire pas du tout - d'ukrainiens à Poudlard. S'il se faisait trop remarquer, il était assez certain qu'un petit groupe de russes avec un peu de ressentiment ne serait que trop heureux de le passer à tabac en bonne et due forme.

Mais donc, il était encore là. Il s'humecta les lèvres au terme d'une inspiration censée lui donner du courage.

 

- Только сегодня. Это последний номер. (Juste aujourd'hui. Ce dernier numéro.)

 

Il ne supplierait pas, se répétait-il en son for intérieur. Mais par Mokosh, que donnerait-il pour savoir ?

 

- В эти дни должно было произойти важное событие. Я просто хочу знать, говорят ли они об этом. Это для... Чтобы получать новости от меня. И после сегодняшнего дня я больше никогда не приду. Хорошо ? (Il aurait dû y avoir un évènement important ces jours-ci. Je veux juste savoir s'ils en parlent. C'est pour.. Pour avoir des nouvelles des miens. Et après aujourd'hui, je viens plus jamais. Ok ?)

 

Sasha serra un peu plus les doigts sur son jean. Il en avait mal à la peau en dessous, mais il fallait au moins ça pour l'empêcher de s'énerver.


Templum Maledictum

Message publié le 25/11/2024 à 21:50

Avec Mister Brooks, Sasha avait cru s'en tirer à bon compte en terminant avec succès le philtre de paix, sous les directives précautionneuses d'Alison ; mais c'était sans compter sur la fourberie d'un professeur qui savait garder dans ses poches quelques cartes joker. Aussi, quand à la fin du cours la Serpentard s'en était allée, plutôt satisfaite, le Gryffondor s'était éloigné, bougon, avec la promesse d'une retenue supplémentaire.

Car c'était là le cadeau qui lui avait été fait par Mister Brooks : une retenue avec un certain Mister Bartholomew Beckett (avait-on idée d'être affublé d'un tel prénom ?), avec lequel il avait rendez-vous l'après-midi suivant, dans la bibliothèque.

 

 

 

Lieu maudit.

 

Ce fut ce qu'il pensa en premier lieu. Sasha n'avait jamais mis les pieds dans la bibliothèque auparavant.

Ou plutôt : Sasha n'avait jamais mis les pieds dans une bibliothèque, aussi incroyable que cela pusse paraître. Et il avait repoussé le plus longtemps possible l'idée d'entrer dans celle-ci.

 

Il resta planté, d'abord, au milieu de l'entrée de celle-ci. C'était une grande allée intimidante, bordée de tables flanquées chacune d'une lampe à la lueur douce et bleutée. De chaque côté se dressaient de très hautes étagères alignées en rayonnages sombres et surchargés d'ouvrages : des vieux, des récents, flambants de couleurs ou taciturnes. Dans un angle, de grands casiers contenaient une multitude de gros parchemins soigneusement entassés, triés et annotés avec de petites étiquettes qui pendaient au-dessus du bureau de l'entrée comme les mobiles au-dessus d'un berceau. Quelques élèves parcouraient les rayonnages, d'autres grattaient sur un parchemin, assis à une table. Un silence respectueux n'était perturbé que par quelques discussions à voix basse, de temps à autre, tant et si bien que Sasha avait l'impression d'être dans une cathédrale peuplée de meubles venus prier. Une fille pouffa non loin de Sasha, et cela l'arracha à sa contemplation interdite. Sac sur l'épaule, il se décida à se rendre vers le bureau de l'entrée. Déjà, quelques groupes d'élèves commençaient à sortir car l'heure du dîner approchait. Sasha devrait se retenir, à son grand désespoir, d'aller dévorer les beignets de crevette que l'on servirait ce soir.

 

L'homme derrière le bureau avait un visage avenant. Un peu trop pour être innocent du goût de Sasha. De toute façon, un type qui vivait au milieu des livres ne pouvaient qu'être empli d'un savoir dont il ne pouvait qu'abuser, non ? Le Gryffondor tâcha de prendre une inspiration, comme pour chasser ses inquiétudes, et se remémora les recommandations d'Alison.

 

- Bonjour, mister Beckett, il dit soigneusement malgré son accent qui trahissait fortement ses origines slaves. Je suis Sasha Shevchen, sixième année à Gryffondor, sir.

 

Le soin de cette annonce tranchait dlleurs avec son apparence : sa cravate était nouée de travers, le bas de pantalon était tâché de poussière et ses cheveux en bataille comme ses cernes lui donnaient l'air de venir de sortir du lit. Mais avec une assurance rigide, il tendit un morceau de parchemin à l'homme aux cheveux gris.

 

- C'est un mot de Mister Brooks. Il m'a envoyé en retenue, hum...

 

Sasha jeta un coup d'oeil autour de lui, comme s'il avait oublié où il se trouvait et qu'il se rappelait soudain l'étrangeté de cet endroit où tout le monde s'efforçait de faire silence.

 

- ... ici, sir.

 


L'Ombrelangue

Message publié le 25/11/2024 à 18:50

Plus le jour se couchait tôt, plus vite la Forêt Interdite paraissait menaçante. Les voix des grillons qui chantaient dans la douceur de l'été s'éteignaient peu à peu, laissant place à de sinistres craquements et crépitements. Chaque bourrasque de vent décrochait par dizaines des feuilles qui après de longs jours avaient cessé de lutter pour survivre. Alors elles cédaient enfin, acceptaient d'être vouées à rejoindre le poussière. Elles frôlaient les troncs d'un chuintement léger avant de tomber au sol - alors chacune d'elle tapotait une fois la terre, comme si un animal avait fait un pas à cet endroit-là, et tout voyageur aventureux était pris d'un frisson, se retournant en craignant une présence inaperçue, sous l'oeil attentif de quelque rapace dont on devinait, vers les cimes, la forme distincte : une silhouette au bec sévère et aux yeux perçants, dont le plumage sombre se fondrait bientôt avec la nuit, une fois que celle-ci serait complète. Pour l'heure, on distinguait encore les buissons ardents qui bordaient de petits sentiers formés par la mousse, là où la végétation rampante n'avait pas parfaitement recouvert les sols humides. Dans cette jungle bucolique, quelques pattes avaient formé là des traces boueuses : l'empreinte ici d'un cerf, là, celle d'un félin aux dimensions inquiétantes...

 

Des gouttes, enfin. Irrégulières. L'Ecosse était toujours humide à cette période de l'année ; et les arbres semblaient n'en avoir jamais fini de s'ébrouer pour laisser tomber des perles qui s'accrochaient aux feuillages bas.

 

Dans l'horizon, emporté par la brume, Poudlard avait disparu. A mesure que celui-ci s'épaississait, la Forêt en tous sens paraissait la même ; comme un labyrinthe aux miroirs infinis.

 

 

 

Entre deux troncs dénudés, une fouine avait commencé à sortir le bout de son nez ratatiné. Son petit minois gris s'éleva vers le ciel, la truffe frémissante tandis qu'elle humait l'air - à la recherche d'indices quant à son dîner prochain, peut-être. D'un pas léger, elle emprunta le pont formé par une grosse racine au-dessus d'un petit cours d'eau, s'apprêta à sauter de l'autre côté - quand soudain elle s'immobilisa, figée comme la pierre.

Un coup d'oeil d'un côté, puis d'un autre.

 

Prédateur, semblait crier ses yeux silencieux, comme deux billes alertes qui peinaient à trouver, dans leur environnement, celui dont elle sentait la présence sans l'avoir vu.

 

Et puis, soudain, un vrai bruit. Un craquement grossier, si indiscret que la fouine avait déjà disparu. Sasha eut un grognement de dépit.

 

 

 

Au bout du chemin, une petite tête rousse : un instant, il avait cru qu'il s'agissait d'Alison. Mais la fille avait tourné sa tête un instant et il avait vu un autre profil. Plus jeune. Elle reprit son chemin. Le froid commençait à l'envelopper.

 

Sasha la suivit.

 

Sans un bruit. Comme une ombre. Il avait cette expérience-là : celle de disparaître presque tout à fait. Généralement, seuls les animaux sentaient sa présence, à cause de leur flair, mais il arrivait parfois à se camoufler suffisamment pour rester tapi sans qu'aucun d'eux ne le détectât plusieurs minutes durant.

 

Suivre une gamine était un bon exercice.

 

Parfois, l'enfant se retournait, prise d'un frisson. Il savait que c'était son instinct qui parlait, et son instinct avait raison. Elle n'avait rien à faire ici, elle était suivie, et nul ne savait les intentions des créatures qui observaient sa marche timide. Pas même lui : où le conduirait-elle ? Ca n'avait pas beaucoup d'importance.

 

Ici, d'ailleurs, rien n'avait beaucoup d'importance.

 

Ce n'était ni bien ni mal, c'était ainsi.

 

 

 

Tsssss... Tssss...

 

 

Sasha et la jeune fille eurent le même réflexe : l'immobilité totale, le temps d'un instant. Elle tourna la tête la première vers le lit de la rivière - il préféra détourner lentement les yeux vers la créature qui avait émis un bruit, un mouvement brusque étant trop perceptible.

 

Alors, ils virent le serpent.

 

Il avait une tête énorme, plus gros que le poing de Sasha, et ses deux yeux étaient brillants d'un vert fluorescent dans la nuit. Son corps était couvert d'écailles noire qui luisaient d'humidité - on en devinait les reflets suintants à mesure que son corps se dressait en ondulant en sortant de la rivière.

 

Trois mètres au moins.

 

Le serpent s'éleva, fort de ce tronc musculeux qui le soutenait. Il se dressa tant qu'il était à la hauteur d'une petite fille et avec lenteur, ouvrit sa gueule. Ses mâchoires se désolidarisèrent, laissant apparaître une langue noire fendue : comme prise d'une vie propre, celle-ci ne cessait de gesticuler, vive et légère. Elle brassait l'air, ses pointes frémissantes.

 

Et puis le serpent fondit sur elle. 

 

Ses crocs se plantèrent dans le tronc juste derrière. Il se redressa, émettant des sifflements furieux. Le serpent se retourna sur lui-même, son corps battant la rivière - mais nulle part, nulle part l'enfant n'était.

 

 

 

 

Chut, il dit avec ses doigts.

 

Ils étaient perchés. A près de cinq ou six mètres du sol. L'enfant n'avait pas dû apprécier le voyage : elle avait été happée par ses vêtements, par derrière, comme si la main de Sasha avait été la gueule d'un animal qui avait mordu ses vêtements et l'avait tractée avec brutalité. Secouée, les cheveux devant les yeux, elle avait fini par atterrir assise sur une branche.

Heureusement, la violence avec laquelle il l'avait emportée lui avait momentanément coupé le souffle ; Sasha tira sur sa capuche - dans l'autre sens, cette fois, et le visage de la petite rousse fut découvert : alors elle se découvrit assise sur une branche à califourchon. En face d'elle, pieds repliés sous lui et en équilibre contre le tronc, il y avait Sasha : son jean plein de boue, sa chemise mouillée, des feuilles emberlificotés dans la tignasse blonde qui faisait office de chevelure.

Et l'un de ses doigts marqués par une griffure noire était posé sur sa bouche.

 

Chut.

 

Il baissa les yeux avec lenteur. En bas, le serpent cherchait sa proie, encore. Il tournait entre les buissons. Et la nuit gagnait du terrain : le brouillard blanc devenait de plus en plus gris. Bientôt, il serait d'un noir aussi épais que le flot de la rivière, dans laquelle le Serpent disparaissait parfois.


A l'Est rien de nouveau

Message publié le 25/11/2024 à 13:39

C'était vite devenu un rituel.

 

Pour la troisième fois, depuis la rentrée, Sasha profitait de ce que la plupart des élèves fissent la grasse matinée pour se glisser dans les cachots après sa sortie matinale, et attendre qu'Anya Nikitovna sortît à son tour pour lui montrer les journaux qu'elle faisait venir de Russie. Il était encore trop tôt - en tout cas il l'espérait - pour qu'elle s'inquiétât de ce qu'il ne fût toujours pas en mesure de prendre lui-même un abonnement. Tant qu'il le pourrait, il profiterait de la situation pour avoir ces informations gratuitement, même si elles étaient tronquées, lui semblait-il.

Il trouvait bien sûr porte close en arrivant devant l'entrée de la salle commune des Serpentards. Ce matin-là, ses chaussures étaient encore mouillées ainsi que le bas de son pantalon, mais il n'en avait cure. A la place de la tenue réglementaire qu'il devait mettre la semaine, il avait enfilé un sweatshirt dont la capuche grise reposait en partie sur l'arrière de son crâne, laissant juste apparaître ses tempes presque rousses.

 

Il n'eut à attendre que quelques minutes, les mains dans les poches, adossés à la pierre, pour qu'enfin quelqu'un sortît. Il se détacha du mur aussitôt pour se retrouver face à...

 

... une grande blonde dont la bouche semblait indéfiniment faire une moue de dégoût.

 

Merde, un bout de brochette.

 

- Sasha ? Qu'est-ce tu fais là ?

- Tu veux pas aller chercher quelqu'un pour moi ? Please, ajouta-t-il avec lenteur, ainsi qu'une autre élève de cinquième année le lui avait appris.

 

Please Alison, il fallait dire quand il demandait un ustensile. Dans le cas de ce dimanche matin, l'astuce aurait mieux fonctionné s'il s'était souvenu du prénom de la fille ; malheureusement, si Alison l'avait prononcé devant lui, il n'en avait fichtrement aucun souvenir. Peut-être Maddie ? Ou Carolina. Ou aucune des deux. Dans le doute, s'abstenir.

 

- Tu veux voir Alison ?

- Nan, pas elle. Anya.

 

Blondasse ouvrit de grands yeux, appliqua une main sur sa poitrine. Quoi, au'est-ce qu'il avait dit, encore ?

 

- Anya Nikitovna. Tu la connais pas ? il la pressa avec un soupir agacé.

- Tu sors avec Anya ?! dit-elle, et sa bouche parut encore plus dégoûtée maintenant qu'elle s'était ouverte en un "O" de protestation.

- Hein ?! Mais nan ! J'ai besoin qu'elle m'apporte un truc, c'est tout !

 

Blondasse croisa les bras sur sa poitrine, l'air suspicieux.

 

- Qu'elle t'apporte quoi ?

 

Sasha pencha doucement la tête de côté, les lèvres pincées. Il s'efforça de ne pas répondre une obscénité.

 

- Des... De la lecture.

- De la lecture.

- C'est ça. En cyrillique, tu vois.

- En russe, quoi.

 

Sasha souffla par le nez un soupir dépité.

 

- Oui, si tu veux.

- Mais j'croyais que t'étais pas Russe.

- Oui, ben non, mais...

 

Blondasse haussa les sourcils, croyant enfin avoir coincé Sasha la main dans le sac. Ce dernier s'humecta les lèvres, et puis contre toute attente il déclara.

 

- Bon tu vas m'la chercher ou j'te plaque contre le mur et je gueule dans l'escalier qu't'essaies de m'embrasser dans le dos d'Alison ?

 

Cette fois, l'argument fit mouche. Blondasse recula d'un pas, interloquée, avant de faire demi-tour vers la porte de la salle commune, le nez froissé.

 

- C'serait même pas crédible, moi j'sortirai jamais avec une brute comme toi, elle rétorqua - mais, comme si elle avait pu avoir peur des conséquences d'avoir avoué une telle chose, elle descendit les escaliers quatre à quatre pour disparaître.

 

 

 

 

Au bout d'un moment qui parut interminable, la porte se rouvrit. Et cette fois, il vit immédiatement la silhouette d'Anya. Ses longs cheveux bouclés et sauvages, sa démarche chaloupée. Instinctivement, il carra les épaules, histoire de se tenir droit ; mais son visage resta fermé.

 

- J'espère je te réveille pas, il dit comme préambule.

 

Ce n'était pas comme s'il venait prendre des nouvelles d'elle, de toute façon. Elle savait parfaitement pourquoi il venait. Sasha se hâta de longer le couloir pour aller dans l'un des cachots voisins - celui où par deux fois déjà, ils s'étaient retrouvés pour qu'il pusse consulter le journal auquel elle était abonnée.

 

- Tu as le dernier numéro ? il demanda par dessus son épaule en entrant dans la salle d'un pas pressé.

 

Son impatience était visible : malgré ses mains dans ses poches, il se hâta de passer entre les tables pour aller s'asseoir au même endroit que la dernière fois, le souffle court. Et même assis, il ne cessait de gigoter. Seulement alors il fit apparaître ses mains, se les passa sur le visage. Ses lèvres, ses joues et son cou avaient rougi d'une drôle de façon.

 


Le Philtre de Paix

Message publié le 23/11/2024 à 14:48

Passée la surprise et le léger sursaut dû à l'assaut d'Alison dans sa poche, Sasha avait eu l'impression que la main de la Serpentard était minuscule dans la sienne. Il n'osait plus vraiment bouger. Avait-il toujours les doigts aussi moites ? Est-ce qu'elle tremblait ou il se faisait des films ? Tant d'émotion pour une simple retenue, vraiment, Sasha se demandait dans quel genre d'univers enchanté Alison avait pu grandir pour être autant bousculée pour si peu.

Devant les filles, il resta aussi silencieux et morne qu'une bûche de bois devant la cheminée, comme s'il n'avait d'autre possibilité que d'attendre son destin fatal. Sa seule réaction fut de décocher lentement un regard vers Alison après le mot sauvage.

 

Heureusement, cette dernière emporta le Gryffondor avant qu'il n'eût le temps de dire quoique ce fut, parce qu'enfin une émotion pouvait se lire sur son visage : malgré le baiser (hypocrite) qu'il venait de recevoir, une surprise catastrophée, ou quelque chose de ce goût, avait agrandi ses yeux et entrouvert ses lèvres. Comment ça, on n'a pas faim ?!

Bougon, Sasha suivit néanmoins la jeune fille, le coeur déchiré à chaque mètre qui s'ajoutait inéluctablement entre lui et les tranches de jambon grillé qu'il comptait empiler dans son assiette.

 

- Ben j'espère qu'il va en rester, maugréa-t-il.

 

Alison gardait sa main dans la sienne, un peu bizarrement. Et le silence qu'ils se traînèrent jusqu'à l'angle du couloir lui sembla inconfortable - tandis que son cerveau, lui, traitait avec lenteur les informations qu'Alison avait donné à ses amies. Quand elle lâcha sa main subitement, il fit disparaître la sienne rapidement pour la remettre à sa place : dans sa poche, où on ne pourrait plus la voir. Il haussa les épaules.

 

- Ben maintenant tu sais, il grommela, renfrogné. Pourquoi, ça change quelque chose ?

 

C'était correct de faire semblant de sortir avec un Russe, mais pas un Ukrainien ? semblèrent brûler d'ajouter ses prunelles susceptibles ; mais en face, Sasha rencontra surtout une parfaite indifférence. Savait-elle au moins ce qui existait en dehors de son Royaume ? Autant laisser tomber.

Elle était prête à partir, de toute façon. Pour sa part, il resta planté là, interdit.

 

Silence.

 

- Que vingt minutes ? Ca fait pas un peu...

 

Ses yeux allèrent de droite à gauche, comme si c'était évident. Visiblement, ça ne l'était pas. Il baissa la voix pour poursuivre.

 

- ... Un peu bâclé, quoi ?

 

Le crépitement des torches qui bordaient le couloir meublèrent le silence suivant. Une série de cavaliers et leurs cheveux trottaient dans un tableau au-dessus de leurs têtes, passant et repassant entre des champs jaunis par les blés, le cliquetis des armures lointaines couvrant ici la rumeur des élèves qui s'entassaient dans la Grande Salle pour dévorer les plats.

Le visage de Sasha s'illumina.

 

- Je vais aller directement aux cuisines, il dit comme s'il avait eu une révélation. On n'a qu'à manger là-bas, comme ça on peut prendre le temps, ça les laissera s'imaginer quelque chose d'un peu moins... un peu moins...

 

Merde, le mot lui venait pas. Le seul mot qui lui venait était celui qu'elle avait prononcé elle-même : sauvage. Mais ce n'était pas ça qu'il cherchait.

 

- Un peu moins... Tu vois quoi.

 

De toute évidence elle ne voyait pas, parce qu'Alison voyait des choses qui n'existaient pas dans son monde à lui, et inversement. Comme par exemple des choses pour lesquelles il était perpétuellement coupable et dont lui n'avait jamais entendu parler. Il perdit patience.

 

- Ben sale, quoi !

 

Le cliquetis des armures s'apaisa : le commandant en chef des armées avait décidé d'une halte. Les soldats attendaient dans le silence, leurs drapeaux flottant au vent, et le silence sembla incongru au Gryffondor qui fit claquer sa langue sur son palais. Leurs conversations de sourd ne lui semblaient qu'être une preuve supplémentaire, s'il en fallait une, qu'ils ne pouvaient pas se comprendre.

 

- Enfin moi j'm'en fous après tout, puis au pire ça entretiendra ta réputation exotique de te taper un sauvage, hein. Donc tu fais comme tu veux, moi j'vais chercher quelque chose à me mettre sous la dent.

 

Sans autre forme de procès, Sasha tourna les talons et s'éloigna dans une autre de ces longues galeries de Poudlard, au décor enchanteur. Poudlard était un drôle de labyrinthe dont il avait fini par comprendre le plan principal, mais où il subsistait tout un tas de recoins qui n'attendaient que d'être explorés. Il avait d'ailleurs entendu dire qu'on pouvait atteindre les cuisines par les deux entrées des cachots, de part et d'autre des couloirs qui encerclaient la Grande Salle. Même s'il ne trouvait pas de quoi manger tranquillement, cette exploration ne lui apporterait que des informations importantes pour le reste de l'année ici, et il n'aurait pas perdu son temps à risquer l'inanition pour la réputation d'une fille qui le traitait de sauvage.

Sasha s'enfonça dans le couloir d'un pas étrangement léger et rapide malgré sa carrure trapue. On aurait dit un chasseur longeant les murs, espérant être le seul à capter la proie qui se tapirait à l'angle du corridor suivant.


Le Philtre de Paix

Message publié le 20/11/2024 à 20:39

Devant le professeur, Sasha était plutôt serein. Les enseignants de Poudlard avaient les punitions légères à son goût. Certes, il n'aimait pas le regard des autres et les humiliations ; mais cette fois-ci, avoir emporté avec lui le nez d'un autre garçon compensait suffisamment pour qu'il se sentît plutôt tranquille face à Mister Brooks. Il jetait de temps à autre un coup d'oeil vers Alison. Elle avait le nez et le blanc des yeux rouges. Est-ce qu'elle avait vraiment pleuré pour une simple punition ?

Sasha évita de lever les yeux au ciel et se reconcentra sur le professeur. Il avait mis ses mains dans ses poches. Lui aussi avait mal aux bras, aux épaules en particulier, mais Veles irait tondre les nuages le jour où il l'admettrait.

 

- Ok, Sir, fut le seul commentaire de Sasha à l'attention de Brooks - et lorsque ce dernier leur indiqua la porte, il en prit la direction à la suite d'Alison d'un pas tranquille.

 

Le couloir froid qui courait entre les cachots les accueillit d'un silence lugubre. Les flammes qui ornaient régulièrement la pierre pour maintenir une luminosité tamisée ne parvenaient pas à chasser l'humidité et l'austérité des lieux. Alison avait le pas vif - à cause du froid ou d'autre chose, qu'en savait-il ?

Sasha pressa le pas pour ne pas se laisser distancer. Accéléra même jusqu'à la dépasser un peu, histoire de pouvoir lui parler tout en jetant des coups d'oeil vers son visage fermé - si c'était possible. Il ne savait pas pourquoi, mais ces rougeurs autour des traits juvéniles d'Alison attiraient son regard d'une manière insolite. Comme lorsqu'on voit, pour la première fois, une chenille aux couleurs fluorescentes : anormale, repoussant et fascinant à la fois. Sauf qu'il ne pouvait décemment pas la scruter de façon trop évidente. De toutes façons, les lueurs vacillantes des cachots ne lui permettaient pas, comme dans la salle de classe, d'apercevoir les détails qu'il avait entrevus plus tôt.

 

- T'as dit qu'il fallait que je m'assois pour manger avec toi des fois. Je fais ça maintenant ou il faut pas ?

 

Il avait toujours ses mains dans ses poches. Sasha ralentit soudain l'allure, fronçant le nez à la vue de ce qui les attendaient en haut d'une volée d'escaliers censée les ramener dans le hall : la brochette était là, attendant patiemment le dernier petit morceau au caramel qui la complèterait.

 

(Il faisait faim. Il fallait dire qu'au bout des cachots, à droite avant l'escalier, il y avait le chemin qui conduisait aux cuisines, et il remontait par le couloir une odeur de jambon grillé qui lui tordit l'estomac. Il en aurait jappé d'envie, mais ça n'aurait pas été correct.)

 

Sasha avait ralenti plus encore : les morceaux de viande s'étaient toutes retournées pour scruter leur arrivée avec force de chuchotements scandalisés, qu'elles cachaient mal derrière leurs petites mains délicates. Le Gryffondor ne put s'empêcher de glisser plus près d'Alison pour parler à voix basse.

 

- Tu devrais pas leur montrer que t'as pleuré, il gronda doucement, comme s'il n'avait pas eu besoin de bouger les lèvres pour s'exprimer, comme un ronronnement à peine perceptible dans l'allée des cachots.

 

Puis, comme on aurait refermé la visière d'une armure pour être mieux protégé, Sasha enfonça ses mains encore plus profondément dans ses poches et carra les épaules, y rentrant légèrement la tête, le visage fermé. La grande blonde le regardait avec une lèvre légèrement soulevée par la répugnance et pour lui signaler qu'il avait remarqué cette déformation disgracieuse de son visage, Sasha la fusilla du regard en s'arrêtant au bas des marches.

Il attendrait qu'Alison débutât l'ascension avant de suivre. Hors de question de s'approcher de ce chapelet-là de bonne volonté.

 

 


Le Philtre de Paix

Message publié le 09/11/2024 à 16:00

Sasha ouvrit grand les yeux, fixant l'emplacement vide où s'était tenu, l'instant précédent, un chaudron plein d'un liquide rose. Alison n'eut pas l'air tant affolée que ça, passant déjà à l'étape suivante qui consistait... A remplacer le chaudron par un autre. Il la regarda faire, hébété, jusqu'à être interrompu par le professeur.

 

Ca, il s'y était attendu. Sasha fronça le nez, se consolant de la vision tout de même satisfaisante de voir le Serpentard qui couinait toujours s'échapper vers l'infirmerie avec, même, une aide pour trouver son chemin. Ces anglais, c'étaient de vraies fillettes. Certes, c'était un cours raté, il en avait bien conscience, mais ce serait aussi désormais clair pour les cinquième années qu'il n'était pas de bon ton de venir se frotter à lui - et encore moins de le désigner comme un Russe.

 

Pendant le petit tour que le professeur fit réaliser à Alison, Sasha resta silencieux, la regardant exécuter le petit numéro, non sans une pointe de peine pour elle : probablement qu'il y était pour quelque chose dans le sort qu'elle était en train de subir. En ce qui le concernait, il ne se sentait pas plus que cela humilié : des sanctions idiotes, il en avait vécues d'autres, et des bien pires que celles-ci. Alors il s'exécuta, non sans un dernier coup d'oeil d'avertissement aux deux Serpentards devant lui qui avaient le bon goût, cette fois, de rester silencieux.

 

 

 

 

Regarder la pierre sombre et froide des cachots, les mains sur la tête et pendant près d'une heure, c'était certes long. Mais Sasha prenait l'exercice plutôt tranquillement : il avait glissé ses doigts les uns dans les autres, pour maintenir sans efforts ses paumes sur ses cheveux, et par moments ses yeux se fermaient, presque somnolent, et il était obligé régulièrement de prendre une grande inspiration pour se réveiller, histoire de ne pas risquer de faiblir et s'endormir sur place. C'était le genre d'exercice qui lui rappelait un peu ceux, stupides, qu'on lui faisait parfois faire pendant son entraînement, quand il s'était engagé auprès des Veilleurs : attendre immobile dans un bain d'eau froide, tenir suspendu par les mains à une échelle le plus longtemps possible, et toutes ces joyeusetés qu'ils avaient tant critiqué avec les camarades qui avaient eu la même idée folle que lui : s'engager beaucoup trop tôt dans leur vie. Il lui venait de ces souvenirs une drôle de nostalgie. Aussi, même s'il glissait de temps à autre un regard vers Alison, le temps passa pour lui visiblement plus vite que pour elle : il devinait dans ses traits la consternation et la rougeur, si bien qu'à un moment, il crut même qu'elle allait abandonner. Pourrait-elle faire une chose stupide et faible, comme se retourner et se mettre à pleurer que ce n'était pas elle, mais lui qui était à l'origine de tous leurs problèmes ?

 

Sasha regarda le mur, avant de jeter de nouveau un coup d'oeil vers Alison. Cette fois-ci, il la regarda longtemps, attendant patiemment le moment où elle jetterait elle aussi un regard vers lui. Au bout d'un moment, cela arriva effectivement. Leurs regards se croisèrent, et Sasha se rendit compte qu'il ne savait pas comment l'encourager : l'expression de son visage resta figé. Il se contenta de soutenir le regard de la jeune fille, de la façon la plus neutre possible, pour qu'elle ne détournât pas immédiatement ses propres yeux. Alors, il bougea lentement le poignet : le reflet de sa montre dessina une tâche qui courut vers Alison, qui s'éloigna aussitôt. Il recommença en suivant la tâche du regard, pour qu'elle en fît autant. Est-ce qu'elle l'avait enfin vue ? Il haussa les sourcils en une question.

 

Puis, comme elle fronçait les siens mais qu'elle avait suivi des yeux la tâche dorée qui courait sur la pierre, il actionna de nouveau son poignet. Une longue fois, puis deux fois plus rapidement. Trois fois rapidement. Une fois rapidement, une fois longue, deux fois rapidement.

 

Il savait bien qu'il n'avait aucune chance qu'elle comprît ce qu'il était en train de faire. Mais enfin, ça l'occupait. L'heure d'attente était presque terminée.

 

 

 

 


Le Philtre de Paix

Message publié le 08/11/2024 à 20:07

- Ben non, j'ai pas b'soin de potions pour tuer des...

 

Sasha se ravisa subitement, avala les derniers mots autant qu'il put, comme pour les rattraper, avant de se mordre la langue pour détourner le regard, braquer ses yeux devant lui, vers les garçons qu'il ne voyait même pas. Quel imbécile il faisait de vouloir parler à voix haute comme elle, raconter en quoi il était bon lui aussi, alors qu'il était censé la boucler, se morigéna-t-il les poings serrés. Sasha prit une bouffée d'air pour passer à autre chose, tâcher malgré l'ennui profond que lui inspiraient ces cours de se concentrer à la fois sur leurs potions et sur les propos de la jeune fille. Le cachot était animé, rempli d'un brouhaha enthousiaste qui tranchait avec son air contenu. Les fumées des chaudrons peinaient pourtant à réchauffer l'atmosphère qui restait humide et froid.

 

- Evidemment que j'connais des moldus, grommela-t-il rapidement, trop heureux de changer de conversation. Mon village était plein de moldus. On n'était que deux familles de sorciers, alors, on n'allait pas rester qu'entre nous. Pourquoi, t'en as jamais vu ?

 

C'était l'évidence. Est-ce que les sorciers vivaient à part, en Angleterre ? Il paraissait qu'en Russie, ils faisaient des villes entières de sorciers. Mais il n'y avait probablement pas assez de sorciers en Ukraine pour en faire autant. En fait ; il n'en savait rien. Ses souvenirs de l'école étaient flous. Sasha se souvenait que sa mère lui disait bien de ne pas faire de magie à l'école, mais qu'il avait quand même mis le feu aux cheveux d'un garçon, une fois, sans faire exprès. Il se demanda vaguement si ces copains de l'époque le reconnaitraient. Il n'avait pas tant envie de s'en souvenir, finalement, et il soupira en se concentrant sur sa tâche.

Sasha avait saisi la grande cuillère en bois, et il remuait avec lenteur, non sans continuer de jeter régulièrement autour d'eux quelque regard alerte - au cas où.

 

Etrangement, la menace vint du devant. Lui qui pensait s'être débarrassé de ces trois idiots. Sasha leur décocha un regard noir tandis qu'Alison le questionnait.

 

- Rien-rien, s'empressa Sasha - vite, trouver un autre sujet de conversation. Bon, c'est quoi un... un su-sson ?

 

Ca avait l'air important pour elle, ce truc dont il n'avait jamais entendu parler. Sûrement qu'elle aurait une grande et belle leçon à faire là-dessus.

Pendant ce temps, certes la potion était devenue rose, mais Sasha tenait toujours le flacon qu'elle lui avait collée dans la main, à hauteur d'épaule, comme un automate. Devant lui, les trois garçons ricanaient encore en chuchotant entre eux, et il les gardait à l'oeil.

Alison parla peut-être, mais il ne l'entendit pas. Merde. C'était encore un de ces moments où il n'arrivait plus à se concentrer sur l'anglais. Il cligna des yeux, réussit à se tourner vers Alison.

 

- J'fais quoi avec la fleur ? demanda-t-il avec son accent rustique.

 

Devant, le plus grand des trois Serpentards fit semblant de dégager de son visage des cheveux longs qu'il n'avait pas avec une gestuelle faussement apprêtée.

 

- "Ben tu m'la bouffes comme d'hab !" il couina d'une voix suraiguë.

 

Les deux autres garçons autour de lui se mirent à s'esclaffer bruyamment, incapables de contenir leur hilarité, attirant immédiatement l'attention des tables voisines. Cette fois, Sasha laissa tomber la cuillère en bois dans la marmite. Il contourna la paillasse pour aller rejoindre le grand Serpentard : le roux le dépassait d'une tête, mais le Gryffondor paraissait être deux fois plus épais.

 

- Tu fermes ta gueule ou je te fais manger ton chaudron, il déclara comme un grondement fauve.

- Oooh ça va...

- On se calme le russe, intervint l'un des autres avec un rire pour apaiser la situation.

 

Sasha fit volte-face vers lui, le regard embrasé.

 

- Ta gueule, j'suis pas russe.

- Ah ? Mais aussi, vous êtes tous pareils avec votre patois, là...

 

La remarque prononcée comme une blague ne fit rire personne - probablement parce que même les tables voisines pressentaient que ce n'était pas la bonne réponse : Sasha le toisa en silence une seconde ; la seconde suivante, il envoya brusquement son buste en avant et son front percuta le nez du Serpentard avec brutalité, lui arrachant un couinement de surprise et de souffrance. Le Serpentard recula, les mains sur le visage. Ses oreilles étaient devenues toutes rouges, mais Sasha supposa qu'il entendait quand même.

 

- On n'est pas pareils, asséna-t-il froidement, avant de revenir à grands pas vers Alison.

 

Il leva sa main au-dessus du chaudron, avant de froncer les sourcils en regardant le contenu de ce qu'il avait gardé entre les doigts : la poudre de l'ellébore était à moitié étalée sur sa paume, et le flacon brisé dans sa main. Il tâcha de se débarrasser de l'éllebore, à peu près, en s'aidant de son autre main.

 

- Bon ben y'aura un peu des bouts de verre dedans mais j'suis sûr ça changera rien, il décréta sans regarder Alison.

 

Devant eux, le garçon qui s'était pris le coup de tête s'était accroupi derrière sa paillasse pour se cacher du professeur, probablement. On entendait de petits couinements qui inquiétaient les deux autres garçons.

 

 


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 06/11/2024 à 15:30

Sasha sursauta quand le dossier fut abattu sur la table. Il jeta un coup d'oeil à Anya, supposant qu'elle était énervé par un quelconque mauvais geste de sa part, mais elle lui donna accès au dossier sans rechigner. Alors, avec des doigts qu'il ne put empêcher de trembler, il saisit la première page et la dévora des yeux.

 

Cela dura un long moment. Le papier vibrait avec ses propres mains tremblantes, et il retourna la première page, pour lire la suite.

 

Il lui semblait que son coeur tombait en lambeaux. Etait-ce l'effet de la propagande russe ou les faits réels, il n'en savait rien : le journal mettait en avant de nombreuses victoires, saluait l'héroïsme d'un général qui avait fait une percée ici, encensait l'exécution d'un traître découvert parmi les sorciers d'une milice, qui avait été exécuté. Bref, toutes les bonnes nouvelles annoncées fièrement par le journal étaient autant de lames enfoncées dans ses entrailles. Et pourtant, il ne pouvait cesser de lire : parfois, tout au bout d'un paragraphe, en tout petit, on s'affligeait de la perte de tel village aux mains des indépendantistes. Ces faits minuscules étaient les seuls auxquels il pouvait se raccrocher, fébrile.

En silence, il lut l'intégralité du numéro, sautant les passages qui ne concernaient pas le conflit de près ou de loin. Il lisait avec lenteur, parfois un index posé sur chaque ligne pour être sûr de ne rien manquer, si bien que cela prit du temps. Le silence des cachots leur conférait l'impression d'être dissimulé des regards et des oreilles du reste de Poudlard, quand bien même ils percevaient parfois la rumeur d'un groupe d'élèves qui se pressaient dans un couloir non loin d'eux. Le château se vidait de sa substance qui fuyait massivement vers Pré-au-Lard.

 

Au bout d'un moment, Sasha reposa l'exemplaire du journal, pour le poser avec délicatesse - une fois n'était pas coutume - à côté du numéro suivant. Il y en avait tout un tas, et il se figura qu'il lui faudrait la journée entière pour tout éplucher. Il ne pouvait décemment pas lire tout ça avec Anya à ses côtés. Elle avait du mal à se concentrer. Et puis, ça paraitrait bizarre. Non ?

 

Sasha tourna un instant vers elle un regard incertain. Elle était restée étrangement patiente, mue par des raisons qu'il ne pouvait pas saisir. Pourquoi s'y intéressait-elle, maintenant qu'elle y avait perdu son frère, à cette guerre ?

 

- Est-ce que... Est-ce que je pourrai venir lire, une fois par semaine ?

 

Il s'humecta les lèvres, sans la regarder, à la recherche d'une aide quelconque. Il rempilait les numéros pour cacher le tremblement de ses mains.

 

- J'ai... J'ai pas encore ma pension, c'est compliqué, donna-t-il comme explication vague. Alors en attendant... J'aimerais bien, tu vois ?

 

Elle ne voyait sûrement pas. Il décida d'enchaîner pour couper court à une conversation risquée.

 

- Tu vas y aller, toi ? Après ta dernière année d'études. Pourquoi tu irais pas ? demanda-t-il un peu sèchement - à la façon d'un interrogatoire.

 

Anya avait l'air si studieuse. Si elle était talentueuse. Elle serait fort malheureusement précieuse pour les forces russes. Or les indépendantistes perdaient. Du point de vue de ce journal, en tous les cas. 

 

- Tu devrais pas. C'est infini. Tout le monde y meurt. Je suis sûr que ton frère il aurait pas voulu, fit-il, bravache.


Le Philtre de Paix

Message publié le 06/11/2024 à 13:31

A l'autre bout de la salle, avec un air morne, Sasha renversa le petit flacon de poudre bleue dans le chaudron, qui se mit à fumer doucement, l'eau bouillonnant. Une odeur âcre s'en échappait, qui n'avait pas l'air d'incommoder le Gryffondor qui renfonça aussitôt ses mains dans ses poches, tout à ses ruminations intérieures.

 

Comment ça, les hommes avaient toujours quelque chose à se faire pardonner ? Il n'avait rien répondu à la leçon n°2 (de toutes façons, quelle était la leçon n°1, il ne savait déjà plus) et encore moins aux questions en lien avec ses finances. Il s'était contenté de se concentrer sur sa feuille effaçable, le teint légèrement rouge de nouveau.

 

Maintenant que la partie pratique avait commencé, la classe ressemblait plus ou moins à un essaim d'abeilles qui flânaient ça et là, allant chercher des ingrédients d'un côté, papotant de l'autre. Certaines élèves se pressaient près du professeur pour lui poser des questions, tandis que des groupes d'amis se réunissaient pour chuchoter à voix basse. Un groupe de trois serpentards, qui occupaient la paillasse devant celle d'Alison et Sasha, se rabattirent vers le Gryffondor.

 

- Vas-y, pourquoi tu t'laisses faire comme ça ? demanda l'un d'eux.

- Huh ? répondit d'abord Sasha, étonné qu'on lui adressât la parole malgré tous ses efforts pour paraître le plus dissuasif possible. Quoi ?

- Pourquoi tu la laisses faire, Alison, tu fais tout c'qu'elle dit mec !

 

Sasha décocha un regard vers la fille en question, qui continuait de cancaner à voix basse avec l'une de ses copines. Merde. Tout le monde s'en rendait compte ? Il haussa les épaules en reportant ses yeux courroucés vers les Serpentards.

 

- Ben j'la saute, vous croyez quoi ? Qu'c'est pour le plaisir de faire le bon toutou ?

 

Les Serpentards échangèrent des regards entre eux. Ils tâchèrent de rester neutres, mais ils voyaient bien qu'ils étaient vaguement impressionnés. Curieux, même. Ils s'approchèrent en essayant tous de rester nonchalants, si bien qu'ils avaient l'air de trois rapaces posés sur la même branche qui feraient mine de ne pas se connaître vraiment.

 

- Genre. Souvent ? ne put s'empêcher de demander le plus petit des trois.

 

Il avait des cheveux frisés et une bouille de garçon de 8 ans, comme si l'adolescence peinait à trouver chez lui le chemin que les autres avaient déjà débuté. Sasha prit le temps de réfléchir à la réponse. Crédible. Rester crédible. Et en même temps, Alison aurait dû être discrète, comme il l'avait demandé, et elle ne l'était pas du tout. Il se mordit la langue.

 

- Allez raconte, fit l'un des Serpentards en lui donnant un léger coup d'épaule à épaule, comme s'ils étaient amis.

 

Sasha lui décocha un regard circonspect.

 

- Ben ouais, souvent, grommela-t-il.

 

Puis, comme ils avaient l'air avide d'en savoir plus, il se sentit obligé d'élaborer.

 

- Elle en demande tout l'temps. Dès qu'on a un moment, un p'tit coup dans les toilettes, dans un placard à balai, peu importe, elle est trop chaude c'est fou.

 

Cette fois, les yeux des garçons s'agrandirent, ronds comme des billes. Ils auraient presque bavé d'envie, avec leurs hormones en pleine explosion, de pouvoir avoir l'aisance de se taper tous les jours une fille bien rangée comme Alison. Sasha se dit qu'il en avait peut-être fait un peu trop, mais au moins, il sentait que les trois Serpentards ne le regardaient plus comme le pauvre réfugié, soudain.

 

- Alors moi, ajouter de la poudre bleue ou lui tenir sa chaise hein, ça m'va.

- Ah ouais.

- Ouais...

- Carrément.

- Qu'est-ce que vous glandez là-bas ? Elles vont pas se touiller toutes seules ces potions !

 

La voix du professeur les dispersa rapidement, et Sasha se retrouva de nouveau seul avec leur chaudron. Alison revenait avec le sirop d'ellébore, de sa démarche empruntée, et le Gryffondor préféra ne pas trop la regarder quand il se rendit compte que son mensonge collait parfaitement avec les apparences qu'Alison avait l'air de vouloir afficher : sa jupette courte, sa bouche travaillée dans une moue aguicheuse, n'avait-elle pas l'air de vouloir se faire remarquer ?

Il s'occupa en saisissant la spatule et se mit à faire tournoyer le liquide. Il fumait étrangement plus que les autres chaudrons, des volutes bleues épaisses s'échappant devant eux.

 

- Ca fume trop, c'est trop chaud non ?

 

En effet, les flammes sous leurs chaudrons avaient grandi. Avec vivacité, Sasha sortit sa baguette de sa poche.

 

- Fría, marmonna-t-il à voix basse, en espérant ne pas être entendu du professeur.

 

 

De la baguette de Sasha s'échappa un trait lumineux, vert vif, qui vint réduire assez brusquement les flammes. Des crépitements se firent entendre, qui attirèrent l'attention du professeur. Mais comme la fumée se régulait tranquillement, il finit par acquiescer, non sans une oeillade d'avertissement à leur encontre. 

Sasha soupira. 

 

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège
Enchantement Rafraîchissant
Difficulté
Résultat D20
21
Interprétation
Réussite
XP gagnée
10

De la baguette de Sasha s'échappa un trait lumineux, vert vif, qui vint réduire assez brusquement les flammes. Des crépitements se firent entendre, qui attirèrent l'attention du professeur. Mais comme la fumée se régulait tranquillement, il finit par acquiescer, non sans une oeillade d'avertissement à leur encontre. 

Sasha soupira. 

Autres résultats possibles

De la baguette de Sasha s'échappa un discret trait lumineux d'un vert translucide, élégant, qui vint baisser le feu à la parfaite température. La fumée se régula presque aussitôt, et Sasha rangea sa baguette, l'air de rien. 

 

Le professeur n'avait rien remarqué.

De la baguette de Sasha s'échappa un trait lumineux, vert vif, qui vint frapper la base du chaudron, mais il n'y eut aucun effet : les flammes furent à peine soufflée l'espace d'une demi-seconde, avant de reprendre de plus belle. Alors, la fumée, s'épaissit, s'épaissit encore jusqu'à ce qu'Alison et Sasha disparussent presque derrière. 

 

- Mais qu'est-ce qu'il nous fait là-bas, Mister Brooks junior !

De la baguette de Sasha s'échappa un trait lumineux, bleu vif, qui vint percuter la base du chaudron. Mal orienté et beaucoup trop fort, le sortilège glaça complètement la base du chaudron et le liquide de la potion se transforma en une gelée bleue... irrécupérable.

 

Et le pire, c'était que le professeur s'approchait. Sasha cacha son visage dans ses mains en attendant le pire. Il faudrait tout recommencer avec en prime un sermon humiliant devant tout le monde.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 05/11/2024 à 20:12

Sasha avait froncé les sourcils vite fait.

 

- Подписка ? На какие деньги ? Откуда у вас деньги ? (Un abonnement ? Avec quel argent ? Tu tires d'où, l'argent ?)

 

Soudain, il posait toutes les questions qu'il pouvait, avant que ce ne fût trop tard : il avait cette intuition sourde qu'une telle opportunité ne durerait pas. Comme Anya se levait, il l'imita, oubliant complètement la saleté et l'humidité accumulée de ses vêtements : plus rien ne comptait que les informations qu'il pouvait tirer d'elle, et ses yeux alternaient entre la dévorer, plein d'avidité curieuse, et s'égarer ailleurs, quand il se rendait compte que cette attention soutenue pouvait le trahir.

 

- Oh, wahou.

 

C'était tout ce qu'il pouvait prononcer. Les Kazakhs étaient venus, Syzran avait été prise. Sasha sentait son coeur battre à tout rompre tandis qu'il suivait Anya en direction du château. Il avait enfoncé ses mains dans ses poches, histoire de garder une posture nonchalante. Il lui semblait sentir encore la main qu'elle avait posé sur son épaule - preuve ultime qu'elle avait confiance en lui, mais pour combien de temps ? Sasha repoussa le sentiment désagréable quand il pensait à la possibilité quelqu'un put savoir, que ce fut d'un camp ou d'un autre, qu'il s'accommodait si bien d'un silence protecteur quant à sa propre contribution dans cette guerre.

 

- Ладно, ладно, без проблем. (Ok, ok, pas de problème.)

 

Plus rien n'était un problème, subitement. Sasha et Anya grimpèrent les marches assez rapidement, ne partageant plus rien le temps qu'ils croisaient plusieurs autres élèves qui, bien sûr, faisant le chemin en sens inverse pour aller profiter du soleil. A l'intérieur, ils bifurquèrent dans un couloir à droite, pour prendre la direction des cachots.

 

Sasha n'était jamais allé plus loin que la salle de cours de Potions, mais la perspective de s'approcher de la salle commune des Serpentards l'ennuyait vaguement - et s'ils croisaient Alison ? Il faudrait qu'il s'en débarrassât le plus vite possible, et il n'était pas sûr qu'un bisou suffirait. De plus, il espérait bien qu'elle ne le verrait pas en compagnie d'Anya - il entendait déjà Alison lui faire la leçon sur le comportement qu'il devrait avoir avec les autres filles le temps qu'ils faisaient comme si ils sortaient ensemble.

Sasha rasa donc les murs mais il n'était pas si simple de passer inaperçu : plus ils s'enfonçaient dans les cachots, plus ils croisaient majoritairement des Serpentards, plus sa présence faisait tâche. Il hâta le pas, pressant Anya d'une grimace.

 

- Я подожду тебя в комнате, так лучше, il indiqua quand ils furent devant la gargouille qui gardait l'entrée du cachot des Serpentards - et presque au pas de course, il se volatilisa dans la fameuse salle. (J'vais t'attendre dans la salle, c'est mieux.)

 

C'était un cachot ordinaire, avec des tables alignées, gravées de mille messages des élèves qui avaient peuplé les bancs de Poudlard avant eux - ça n'avait aucune importance. La salle était plongée dans le noir et Sasha se garda d'allumer les appliques et les chandeliers pour être sûr que personne ne soupçonnerait sa présence. Il alla s'asseoir dans le fond, sur un banc. Il se passa la tête entre les mains avec un soupir, partagé entre l'excitation et la consternation concernant ce qu'il était en train de faire. Il se répéta que ça n'avait aucune importance : il utilisait juste une opportunité, c'était tout. Anya saurait, et quoi ? Elle lui parlerait ensuite comme au début. Il s'en fichait.

Sa chemise était toujours trempée, collée à son dos, amenant avec elle l'odeur de l'herbe fraîchement écrasée.

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