Homme
17 ans
Sang-mêlé
Ukrainien






Identité
-
- Sixième année
- Surnoms : Sashou
- Nationalité : Ukrainien
Capacités & Statuts

Groupes

Message publié le 21/06/2025 à 16:24
- Ah ouais.
Beckett n'était donc pas un Poufsouffle mais un Serdaigle. Il était vrai que cela faisait sens : un bibliothécaire qui parlait plusieurs langues, ce devait forcément être quelqu'un d'assez versé dans l'érudition, maintenant qu'il y pensait. Sam avait l'air de bien les connaître, et Sasha envia quelques instants cette intimité qu'elle pouvait avoir avec l'environnement qui était le leur, et au sein duquel il se sentait toujours étranger. Les remarques de la jeune fille, d'ailleurs, le rappelaient à l'ordre sur ce qu'elle tolérait ou non : en croyant faire un compliment sur les Poufsouffles, il indiquait clairement moins apprécier les autres maisons, ce que Sam désapprouvait. Sasha baissa le nez sur ses propres affaires, qu'il installait, tout à sa réflexion.
En quelques minutes, cela faisait deux fois que Sam lui montrait qu'il rejetait des gens par défaut. Il eut envie de se justifier à lui-même que c'était parce que ces personnes en question étaient coupables de quelque chose qui lui permît une telle hostilité, comme le fait que Ferguson eût proféré des provocations envers Alison pendant un cours ou ses expériences déplorables avec plusieurs Serpentards, mais la vérité était que les Serdaigle ne lui avaient rien fait et que les Gryffondors, même s'il n'avait noué aucune amitié particulière, l'avait accueilli sans jugement dans leur propre maison.
Sasha installa son propre parchemin, tout à ses pensées, mais il ne déboucha pas son propre encrier. Avant d'écrire, il lui fallait rassembler des informations et donc chercher des ouvrages. La question de Sam le tira de ses réflexions, et il haussa les épaules.
Sa première impulsion aurait été de critiquer l'école qui l'avait accueillie. Effectivement, c'était un réflexe. Il chercha un instant ses mots.
- J'ai été dans un genre d'école alternative pour les sorciers, pendant deux ans. On n'était pas assez nombreux pour être séparés en maison. Mais je pouvais rentrer chez moi souvent.
Comme pour s'occuper les mains, il se saisit de sa plume - un peu semblable à celle de Sam, elle avait un peu vécu, sans être trop abimée. C'était une plume toute simple, dont il caressa pensivement le crin entre son index et son pouce.
- C'était tellement petit qu'on se connaissait vraiment tous, mais on n'avait pas beaucoup de professeurs différents comme ici. Du coup, le niveau était... pas aussi élevé qu'ici. Mais les gens étaient solidaires.
Les grands aidaient les petits, c'était prioritairement ce dont il se souvenait. C'était aussi là qu'il avait commencé à entendre plus sérieusement parler des Veilleurs de l'Aube, mais il mit soigneusement cette information de côté, essayant de se remémorer des souvenirs plus anodins de ce début de scolarité sorcière. Il sourit.
- S'ils voyaient que vous avez une telle bibliothèque ici, ils en tomberaient par terre.
Peut-être qu'il y avait un peu de cela dans le fait qu'il était si irrité par les gens qu'il rencontrait à Poudlard : ils ne mesuraient pas leurs chances d'avoir accès à une telle école. Il supposa que ce devait être la plus belle académie de sorcellerie du monde.
Ses yeux tombèrent sur le parchemin de Sam. Il le désigna du menton.
- Pense à organiser vite une zone de repli qui restera sûre, dit-il. T'as déjà des idées ?
Message publié le 21/06/2025 à 15:09
Sasha avait remarqué le ton défensif concernant Ferguson, mais il ne dit rien. Sam faisait seulement preuve de la loyauté qui était la sienne envers son groupe d'amis, et il respectait ça. Il la suivit dans les escaliers, sans savoir vraiment où ils se dirigeaient - mais avoir une compagnie bienveillante le changeait de son quotidien. Il répondit d'un grognement.
- Ouais, ça pourrait être cool.
Les escaliers semblèrent se mouvoir sous eux, mais c'était une illusion de cette partie du château à laquelle les deux élèves étaient habitués, et ils s'orientèrent relativement aisément. Cette petite distraction donna à Sasha quelques instants pour réfléchir à quoi répondre.
T'es pas... forcé d'rester tout seul tout le temps.
Il avait ressenti un léger malaise, habilement dissimulé derrière une attitude nonchalante. Comme il l'avait dit à Fenella, c'était juste plus simple de ne pas nouer d'amitié. C'étaient autant de relations dont il n'aurait pas à subir la rupture, d'une manière ou d'une autre. Mais il avait envie de faire durer l'échange, pour une fois. Après tout, Sam avait l'air d'être le genre de personne qui ne se formaliserait pas. On pouvait discuter avec elle sans qu'il y eût de sous-entendu sur ce à quoi cela l'engagerait plus tard. Il ne prenait finalement pas de grand risque en allant réviser avec elle.
- Ouais, admit-il, j'vais venir avec toi.
Et puis, la bibliothèque était peu à peu devenu un endroit plus familier, maintenant qu'il s'était habitué à l'enthousiasme bienveillant de monsieur Beckett, et qui était le seul adulte avec qui il avait pu échanger quelques mots en russe.
- J'ai des devoirs en sortilèges aussi, je suis censé faire trente centimètres de parchemin sur l'influence de la phase lunaire sur l'efficacité des maléfices... Pour demain, maugréa-t-il.
Le professeur leur avait donné deux semaines entières pour faire ce travail, histoire de leur donner le temps de consulter différents ouvrages et de réfléchir au plan de leur dissertation. Mais Sasha avait bien sûr attendu jusqu'au dernier moment pour s'y mettre, et s'il n'avait pas croisé la route de Sam, il aurait sûrement repoussé encore de quelques heures cette échéance. Il fronça le nez tandis qu'ils s'engageaient dans un nouveau couloir au bout duquel les portes de la bibliothèque étaient ouvertes, invitant quiconque souhaitait venir passer un morceau de son dimanche entre les rayonnages chargés de livres.
- La théorie c'est pas trop mon rayon, mais si j'peux aider sur la pratique, hésite pas.
Ils purent s'installer facilement dans la bibliothèque : elle était plutôt désertée, à l'exception de quelques élèves zélés qui voulaient réviser davantage ou de quelques amoureux des livres qui s'étaient installés dans des poufs. On reconnaissait, sur la disposition du mobilier, la patte de Beckett lui-même, mais Sasha ne le trouva pas après avoir fouillé les lieux du regard. Il alla s'installer à une table pour sortir plume et parchemin de son sac, animé de cette étrange effervescence intérieure que provoquait la situation de ne pas être seul, pour une fois. A quel moment Sam se lasserait-elle ?
- Beckett est sympa, commenta-t-il à voix basse. Et avec le concierge, ils organisent toujours des trucs détendus. J'suis sûr ça devait être des Poufsouffles. Vous êtes carrément les moins chiants de l'école.
Message publié le 21/06/2025 à 14:32
Il ne s'était pas attendu à être retenu, mais la main d'Alison le força à rester là, et à écouter, effectivement, ce qu'Anya avait à dire. Sa vision de leurs échanges. C'est à dire, un mélange d'insultes et d'une version des faits qui ne pouvaient être que teintée de la propre rancoeur de la russe à son égard. Il aurait dû se sentir énervé, se défendre - mais c'était tellement plus facile quand Anya insultait les autres que lui.
La voix d'Anya remplissait l'espace et certainement qu'Alison absorberait cette vision-là. A quoi servait-il de rétorquer ? Il ne rétablirait pas une vérité qui n'était visiblement que la sienne. Et comme disait Alison, il n'était jamais sans défense. Et par conséquent, coupable par défaut.
- J'ai pas joué avec toi, s'entendit-il dire malgré tout, amer. J'voulais juste des informations sur ce qui se passait là-bas parce que - et il jeta un rapide coup d'oeil à Alison malgré lui (t'as de l'argent au moins ?) avant de se rappeler qu'il ne servait plus à rien de sauver les apparences - j'avais pas une noise pour acheter le journal. Toi t'as un gouvernement qui t'envoie de quoi vivre, moi y'a même plus de gouvernement pour s'inquiéter de si je suis vivant ou non.
Il se rendit compte de ce qu'il s'enfonçait dans une posture de victime qu'il n'appréciait pas, incapable de ne pas ramener leur altercation au conflit entre leurs deux pays. Il balaya d'un geste ses propres propos, de la main qu'Alison n'immobilisait pas, pour signaler que ça n'avait pas d'importance - mais ça en avait pour lui, qu'elles fussent capables de le comprendre ou non.
- J'ai jamais voulu te voler tes photos personnelles, je me doutais que ça devait compter pour toi parce que si j'en avais eu elles auraient compté pour moi. C'est pour ça que je te les ai ramenées, pas parce que j'avais peur de qui que ce soit. Et quand ils m'ont...
Sasha tendit un doigt vers le château mais les mots ne suivirent pas. Que lui avaient-ils fait, ces gosses, au juste ? Ils l'avaient tabassé, s'étaient amusés avec lui après avoir amoindri ses facultés. Ce n'était pas grand chose, ou bien ça ne devait pas être considéré comme tel : c'étaient des gosses qui avaient dérapé, terrassés par les récits qu'ils entendaient et qui concernaient leurs familles et leur pays, et Sasha était une cible idéale et isolée pour soulager cet imaginaire qui dévorait leurs nuits. Mais dans l'instant, il avait eu l'impression, dans ce cachot, d'être propulsé dans des situations antérieures, et bien plus morbides. Mais comment Anya ou Alison auraient pu comprendre ? Elles ne savaient pas ce que les sorciers se faisaient entre eux, à quelques milliers de kilomètres de la vie paisible de Poudlard. Comment la cruauté remplissait les sous-sols des prisons qu'ils improvisaient dans chaque camp, jusqu'à déborder à en vomir dans les campements où l'on entraînait des gosses comme lui.
Freya avait raison, se rappela-t-il à l'ordre : il fallait laisser la guerre là-bas. Mais personne ne prenait en compte une chose : la guerre ne se laissait pas faire, et elle était résolument assise dans le même wagon que lui sans qu'il pût rien y faire.
Sasha déglutit, s'efforça de reprendre, mais sa voix tremblait - il ne savait plus quelle émotion l'animait. Un mélange de tout, probablement. Son corps en était tout entier secoué, faisant frémir ses membres.
- Quand ils m'ont piégé, tu m'as pas soigné, tu m'as lancé une décharge ou je sais pas quoi. Si c'était pas pour m'humilier, c'était pour quoi ? Tu croyais que j'allais juste oublier et me laisser faire ?
Il se dégagea de l'emprise d'Alison, pour mieux se passer les mains dans les cheveux, à la recherche de quelque chose de mieux à dire, mais il savait que tous ces arguments ne pouvaient être contrés. Il pinça de nouveau les lèvres.
- J'voulais pas changer, éclata sa voix, comme un hoquet fataliste.
C'était vrai. Il avait paniqué, certes. Mais si elles savaient, elles auraient compris pourquoi il avait eu ce réflexe. Sauf qu'elles ne pouvaient pas savoir. Ne le pourraient jamais.
Esprits clairs, gestes sûrs [Cours SACM]
Message publié le 21/06/2025 à 12:25
C'était bientôt la fin d'une longue année. Poudlard prenait des couleurs plus estivales, le parc regorgeant de fleurs aux pastels douces, d'odeurs de bois séché, de chants d'oiseaux plus affirmés que les silences de l'hiver. Sasha s'était habitué rapidement à ces changements - à défaut de s'être jamais tout à fait acclimaté à la vie du château, il appréciait ces signes annonciateurs d'une saison plus douce. L'ambiance lui donnait l'impression d'être un peu engourdi en ce début de journée, où il s'était, comme d'autres, orienté vers la lisière de la Forêt Interdite à l'instar de ceux qui, comme lui, voulait perfectionner encore un peu leurs savoirs pour se préparer au Tournoi.
La clairière était accueillante ; Bowers était l'un des professeurs que Sasha avait apprécié durant l'année, principalement parce que s'occuper de ces animaux magiques le plongeaient dans une douce torpeur qui lui faisait momentanément oublier ses propres soucis, et que l'enseignant leur avait proposé des activités variées dans lesquelles Sasha s'était senti naturellement à l'aise : nettoyer des enclos ou brosser des Sombrals était le genre de tâches auxquels il était habitué depuis l'enfance et il n'avait pas hésité à passer quelques minutes supplémentaires à la fin des cours de Bowers pour l'aider à remettre en ordre ce qui était destiné aux animaux.
Pourtant, certains animaux restaient nerveux en sa présence, surtout les plus petits ; mais il les apaisait en étant patient, si bien qu'il avait fini par obtenir de bonnes notes.
Est-ce qu'il se présenterait au Tournoi ?
Est-ce qu'il serait là à la rentrée, était la véritable question. Il avait continué à suivre les cours destinés au Tournoi, pour s'entraîner. Mais ce matin-là, il venait presque plus par fidélité pour le professeur Bowers, qui leur proposait cet entraînement exceptionnel.
Sasha salua l'enseignant d'un geste de la tête en arrivant, les mains dans les poches. Il se positionna un peu à l'écart des autres, mais plutôt proche du groupe des Poufsouffles, et appuya son épaule contre un tronc, le temps que le cours débutât.
Message publié le 21/06/2025 à 11:52
Sasha ouvrit la bouche, éberlué, avant de suivre Alison à l'extérieur.
- Mais... !
La Serpentard l'entraînait dehors, visiblement fâchée. Est-ce que personne ne comprenait donc jamais qu'il avait de bonnes intentions ?!
- Je voulais pas dire ma copine dans ce sens-là ! Comment j'suis censé dire alors !
Il parlait avec les mains écartées, tâchant malgré tout de maîtriser sa voix - la dernière chose qu'il souhaitait était que ces adultes refissent leur apparition. Sasha suivit les enjambées fâchées d'Alison à l'extérieur, et les cheveux raides et roux qui se balançaient devant lui ne lui avaient jamais semblé aussi lointains et hostiles.
- C'est elle qui s'en est pris à toi et moi j'voulais juste te défendre !
Pourquoi est-ce qu'Alison pensait toujours qu'il était mal intentionné ? Pourquoi est-ce que tout le monde partait du principe qu'il était violent quand c'étaient les autres qui commençaient les hostilités ? Anya lui avait lancé un sortilège alors qu'il était au sol, terrassé par une bande de gamins. Et quand dans les sous-sols il l'avait plaqué à terre sous sa forme animale, c'était parce qu'elle lui avait sauté dessus la première. Mais une drôle de tournure des évènements, c'était lui qui était considéré coupable.
Il n'avait toutefois plus d'autres arguments : il voyait bien que tout ce qu'il disait se retournait contre lui, et la mention de Charlie le rappela brutalement à l'ordre : c'était peut-être la seule personne qui l'acceptait tel qu'il était, et aller dans cette direction ne ferait qu'aggraver les barrières qu'il y avait déjà entre elle et lui.
Dehors, le parc lui sembla odieux de beauté claire et verdoyante, comme si le contraste avec ce qu'il avait à l'intérieur n'était qu'une preuve supplémentaire que l'Ecosse, depuis le début, se moquait de lui.
Ils se retrouvèrent face à la Russe. La jolie Russe par laquelle il s'était senti si attiré. Acculé par les questions d'Alison. La jolie Alison dont il avait cru pouvoir remplir un petit coin de vie. Sasha encaissa le coup d'Alison sans broncher, se laissant repousser. Ses lèvres se déformèrent en une moue blessée, et aux propos d'Anya, il se contenta de secouer négativement la tête. Pourtant elle avait raison, d'une certaine manière. Il les regarda tour à tour, et il lui sembla qu'elles étaient liguées contre lui, et qu'il ne pourrait rien faire contre ça. Mais que pouvait-il faire ? Mentir ? Sûrement pas. Il avait déjà essayé ça, et ça n'avait fait qu'empirer la situation. Après tout, s'il était un monstre, autant assumer.
- J'l'ai blessée, il s'entendit dire subitement, la voix aigre, mais sans hausser le ton. J'voulais pas, mais elle m'a attaqué, et comme elle m'avait déjà attaqué auparavant un jour que j'étais sans défense, j'ai réagi par réflexe et j'l'ai griffée. Mais j'voulais pas. Alors j'l'ai ramenée à son dortoir, et on a croisé Gwen et Lucian, et voilà, ça s'est arrêté là.
Il se sentait subitement étrangement calme, dans cet espace boisé. C'était finalement si simple, de s'en remettre au destin. Qu'est-ce qui pouvait de toute façon lui arriver de pire que d'être rejeté par tous ? Il l'était déjà. Il se rendait compte, soudain, comme il était épuisé de protéger son secret, en vain. La violence qui l'avait animé un peu plus tôt s'était soudain évanouie, comme un ballon dans laquelle on aurait planté une aiguille. A quoi servait-il de se battre si fort, et si longtemps ? Sa vie était devenue un enchaînement d'absurdités solitaires.
- Vous avez qu'à me dénoncer, il annonça, et ses yeux s'attardèrent sur les baguettes de l'une et de l'autre.
Voilà à quel point elles se sentaient en sécurité lorsqu'il était là. Il serra les dents.
- Ou m'attaquer quand j'aurais le dos tourné.
Il secoua la tête, pinça les lèvres, et ses yeux allèrent, cette fois, d'Anya à Alison, affrontant une dernière fois leurs regards accusateurs.
- J'vous ennuierai plus, dit-il à voix basse. Ni l'une ni l'autre. J'ai compris.
Il enfonça ses mains dans ses poches avant de tourner les talons pour s'en aller. Il tâcha de garder le dos droit et le pas raide, mais il devait serrer les dents très fort pour empêcher des larmes idiotes d'inonder son visage.
Message publié le 19/06/2025 à 12:16
La surprise l'avait raidi, mais Sasha avait vite accepté l'étreinte de Charlie, l'enveloppant à son tour de ses bras sûrs - et le malaise étrange fit place à la même sensation de soulagement intense et profond : finalement, on n'oubliait jamais comment serrer quelqu'un dans ses bras, même quand on ne le faisait pas pendant longtemps. Après un moment d'inadéquation, les gestes revenaient avec un certain naturel, comme si le corps avait sa propre mémoire, son propre instinct tribal qui lui donnait cette capacité à se pelotonner contre les autres humains quand l'insécurité venait. Alors il serra Charlie bien fort, comme pour lui montrer que c'était pas grave de pleurer soudain, parce que c'étaient ce que faisaient les petites filles et peut-être même des femmes plus grandes, et alors on les prenait dans nos bras et on les serrait contre soi et au bout d'un moment, ça allait mieux.
Il le savait parce qu'on lui avait collé Kalina très tôt dans les mains : la famille n'était pas nombreuse, mais ses deux parents devaient travailler beaucoup pour faire subsister la famille, alors on responsabilisait vite les enfants. Berezhy svoyu sestru, "occupe-toi de ta soeur", était l'une des premières choses que Sasha avait dû apprendre pour aider sa mère lorsqu'elle s'était retrouvée débordée avec un deuxième enfant qu'il faudrait nourrir et habiller.
Mais tout cela était loin, maintenant.
C'était Charlie qui avait un gros chagrin aujourd'hui, et ses larmes chaudes qui tâchaient la chemise de Sasha devaient prendre source depuis un sacré paquet d'années passées à se poser des questions. Sasha se demanda ce que ça pouvait faire de se dire que ses propres parents n'étaient plus dans sa vie depuis ses deux ans, sans pouvoir se souvenir exactement des circonstances de leur départ. On devait se dire qu'on n'avait pas tant d'importance, puisque les deux avaient disparu sans vraiment prendre de nouvelles et s'intéresser à elle tout au long de sa vie. Si on pouvait mettre l'absence de Kate sur un accident ou un malheur, en rassurant Charlie sur le fait qu'elle comptait toujours autant, Freya et Alison n'avaient certainement pu en dire autant d'Owen. Sasha sentit de nouveau cette colère qu'il avait contre ce père absent - ce père qui n'était pourtant pas le sien. Si ç'avait été son père à lui qui avait abandonné Kalina, il lui aurait cassé la figure, parenté ou pas.
- T'as raison qu'il y a pas grand chose qui tourne rond, dit-il à voix basse, repensant à tout ce que Charlie avait pu écrire dans son journal. Mais si on se serre les coudes ça va aller, tu vas voir.
Si on se serre tout court, presque. La peur intense qu'il avait pu ressentir dans certaines situations passées n'avait été surmontée parce qu'ils s'étaient serrés les uns contre les autres, très littéralement. C'était absurde et il le savait : ce n'était pas ça qui l'avait sauvé. Mais ça avait sûrement sauvé son âme, ou du moins c'était comme ça qu'il s'en souvenait.
Parfois, de drôles de bruits émanaient du souterrain. Des cliquetis, des gouttes, des bruissements. Autant d'insectes et de petits rongeurs ou reptiles qui, après avoir été en alerte parce que dérangés par de grosses créatures indélicates, se remettaient à vivre leur vie, avec des instincts peut-être similaires aux leurs. Au-dessus d'eux, le vent bruissait dans les branches du Saule Cogneur, et Sasha avait l'impression qu'ils étaient isolés du reste d'un monde hostile. Si ce monde lui semblait regorger de dangers prêts à les engloutir chaque nuit, comment Kalina et Charlie étaient-elles censées ne pas avoir peur ?
Il resserra son étreinte.
- Ca va aller, il répéta.
Peut-être pour se rassurer lui-même.
Message publié le 18/06/2025 à 17:34
Sam était vraiment masculine. Même ses blagues l'étaient. Sasha eut un sourire en coin, lui décocha un regard curieux. Sam n'avait pas besoin de beaucoup pour se mettre à parler, le contact lui semblait facile, tant et si bien que le Gryffondor avait l'impression que c'était pour elle complètement naturel d'échanger avec le premier venu, quand lui percevait toujours chaque conversation comme un défi désagréable et risqué. Elle faisait déjà la conversation, enchaînant sur le Quidditch, l'annulation de la coupe et les évènements qui y avaient conduits, tandis que Sasha haussait les sourcils.
- J'étais pas au courant de tout ça, fit-il.
Dans sa tête, son esprit avait sauté en conclusion : un sabotage ? C'étaient les russes ! Mais il tâcha de se raisonner lui-même. Quel intérêt avait ce pays à saboter le Quidditch dans un pays voisin ? Quoique dans la diplomatie, on ne savait jamais. Lui, il n'y comprenait goutte, mais d'autres auraient parlé de stratagèmes alambiqués visant à les incriminer. Ces automatismes étaient évidemment plus rares en Angleterre, si bien qu'ils se demandaient s'ils avaient aucun fondement. Ils en avaient sûrement. Peut-être que les russes n'y étaient pour rien dans ce sabotage, mais comme ils auraient pu en être capables, autant les considérer coupables.
Sasha se passa une main sur le visage, comme si le soleil était trop fort pour lui, et reprit sa route. Il haussa les épaules.
- Si j'suis encore là, sûrement que j'y participerai.
S'il avait bien appris quelque chose à la guerre, c'était qu'on ne se battait pas toujours pour gagner - sinon, la moindre défaite et on était complètement démotivé - mais qu'il était important de montrer qu'on avait un certain honneur, et que donc on se battrait pour sa cause, quitte à affronter la défaite. Ou pire. Et s'il n'y avait personne d'autre pour défendre l'honneur de son pays à Poudlard, il le ferait lui-même.
- Je sais que j'ai pas vraiment mes chances, en vrai. Y'en a qui s'entraînent depuis qu'ils sont arrivés à Poudlard, on dirait. Et certains qui ont des très bonnes notes.
Ce qui n'était certes pas son cas.
- Et toi, tu vas participer ? Toi et tes copains, vous donnez l'impression de venir aux cours de soutien pour vous amuser. Mais Ambrose et toi, vous pourriez vraiment concourir, j'suis sûr.
Inutile d'expliquer pourquoi Ferguson ne faisait pas vraiment figure de candidat idéal pour les Poufsouffles. Les arches des fenêtres dessinaient sur le sol des arcs de lumière qui illuminaient leur silhouette avant de les replonger dans l'ombre, successivement.
- Si je peux pas retourner me battre pour chez moi l'année prochaine, je m'entraînerai dur pour au moins montrer qu'on n'est pas vaincus partout, grommela-t-il à voix basse.
Ces derniers temps, les journaux rapportaient de plus en plus de mauvaises nouvelles de son pays. Avec le temps, et des décennies de conflit plus ou moins actifs, le reste du monde s'était peu à peu désintéressé du sujet : c'était normal, de savoir que des gens, si loin, se battaient continuellement. Sasha avait l'impression d'être dans un pays ankylosé. S'il avait rêvé de le réveiller lorsqu'il avait rejoint Poudlard, désormais il savait qu'il ne pourrait plus que montrer qu'il avait la tête haute, même en venant de là où il venait, et ce serait le souvenir qu'il voudrait laisser avant de repartir. Sasha secoua la tête.
- Désolé, c'est pas un sujet. J'sais qu'il faut qu'j'arrête d'évoquer ça.
Laisser la guerre là-bas, avait dit Freya.
- Si vous avez envie de participer, on pourrait s'entraîner ensemble. On s'rait plus forts si on travaille... Genre en collectif, même si à la fin la compétition sera individuelle.
Message publié le 17/06/2025 à 20:12
Les mots d'Alison n'arrangeaient rien. Sasha eut un bref regard dépité vers elle, mais la haine qu'il ressentait envers Anya était plus forte, et il revint à la fusiller du regard avec toute la méticulosité dont il était capable - le souffle court, les dents serrés, prêt à intervenir de nouveau s'il le fallait. La chaleur avait empourpré ses joues et sa nuque, et il serrait toujours les poings.
Son aspect intimidant était suffisamment dissuasif - comme c'était généralement le cas face à ces couards de russes de Poudlard, et Anya ne faisait pas exception : déjà, elle battait en retraite sous sa menace devenue silencieuse.
Comme deux adultes étaient apparus un peu plus loin, cette fois la plupart des élèves se hâtèrent de se disperser, ne souhaitant surtout pas être associés à l'altercation qui avait lieu, mais Sasha n'y prenait garde. Il regardait la russe s'éloigner et à ses derniers mots, bien que déjà plusieurs mètres les séparaient, il fit quelques pas dans sa direction.
- - Заткнись, Никитовна! Не забудь заткнуться! (Ta gueule Nikitovna ! N'oublie pas de la fermer !) cria-t-il, rageur, mais tout à fait conscient de profiter de la terreur qu'il avait vu dans les yeux et l'attitude d'Anya pour lui rappeler le bon comportement qu'elle devait avoir.
Il s'était toutefois immobilisé, la laissant s'enfuir, avec l'envie de cracher derrière elle, mais il se retint. Sasha fit volte-face : Alison était toujours là, près du mur, avec son éternel air offusqué. Il secoua la tête - dans son champ de vision les deux adultes s'approchaient de la scène avec un air blasé. Il se hâta de s'adresser à Alison avant qu'il ne fut trop tard.
- - C'est des conneries, dit-il avec aplomb, comme si on lui avait demandé des comptes. Jamais je toucherai une fille de son espèce et tu le sais très bien.
La colère faisait encore vibrer sa voix, même s'il s'était efforcé de baisser largement d'un ton, à cause des adultes qui cette fois, étaient à portée de les entendre. C'était une femme vêtue d'une blouse blanche, avec des grosses lunettes et une queue de cheval châtain qui atteindrait certainement l'âge de la retraite - l'homme qui l'accompagnait, grand aux cheveux blancs posa sur Alison un regard que Sasha jugea condescendant.
- - Jeune fille, est-ce que ça va ? demanda-t-il, et sa collègue s'adressait déjà à Sasha avec les poings sur les hanches.
- - Monsieur, vous devriez vous expliquer calmement si vous avez un problème à résoudre.
- - Je sais, rétorqua Sasha. Mais c'est cette fille qui a commencé !
Il avait pointé un index en direction de l'escalier par lequel Anya avait disparu, mais la femme - probablement un personnel temporaire, comme une examinatrice de transplanage - fit claquer plusieurs fois sa langue sur son palais en guise de désapprobation.
- - Allons, c'est une attitude très immature, répliqua-t-elle avec un petit air supérieur en rajustant ses lunettes.
- - Elle a insulté ma copine en russe ! se justifia Sasha en élevant la voix de nouveau. J'étais censé la laisser faire ?!
- - Monsieur, je suis au regret de vous dire que je vais demander à ce qu'un professeur enlève 10 points à Gryffondor pour comportement inapproprié.
- - Mais -
- - Faites en sorte que je n'aggrave pas cette décision, trancha la femme.
Sasha s'humecta les lèvres. Serra les dents, regarda ailleurs. C'était sûr, il avait suffisamment eu de retenues comme ça pour des violences au sein de Poudlard. Il devait la fermer.
Son silence parut satisfaire la professeure, qui sourit.
- - Allez, retournez vaquer à vos occupations. Il fait un beau soleil dehors, profitez-en ! claironna-t-elle avant de s'éloigner tranquillement.
Sasha resta planté là, raide. Il regarda les carreaux qui pavaient le couloir, puis Alison.
Message publié le 16/06/2025 à 21:56
Dimanche 4 mars.
Sasha n'avait rien trouvé à la volière qui indiquât que son hibou était arrivé à destination. Il était monté vérifié deux fois par jour depuis deux semaines. Une fois le matin, et une fois le soir.
Puis il s'était dit que c'était ridicule : s'il avait du courrier, le hibou devrait le lui apporter directement sans passer par la volière - et puis, il effrayait systématiquement la nuée d'oiseaux qui vivaient là et qui arrêtaient de piailler dès qu'il entrait dans la volière. Certains le regardaient de haut, méfiants, et d'autres s'envolaient. A croire que ces bestioles avaient un sixième sens. Il n'avait jamais aimé les piafs de toute façon.
Donc, il avait décidé que désormais il résisterait à l'envie d'aller vérifier. Sa journée de travail chez OCQ l'avait suffisamment occupé pour y parvenir. Mais depuis ce matin, il avait lutté : il s'était levé, était allé prendre son petit déjeuner, puis était passé par la bibliothèque pour essayer de faire ses devoirs, sans grand succès. Puis c'était l'heure du déjeuner. Et après quoi ?
Après, il était monté à la volière.
Il en redescendait les mains dans les poches, la mine renfrognée, se maudissant de n'avoir pas su résister à la tentation. Il avait peut-être assez de courage pour être un Gryffondor, mais jamais assez de volonté, se morigénait-il, quand une voix l'interpela, comme sortie de nulle part.
Sasha se retourna pour voir arriver la Poufsouffle qu'il avait déjà rencontré dans les cours de préparation au Tournoi - le vague souvenir de l'épisode de la coupe de cheveux lui revint en mémoire, mais Chadwick n'était pas du genre à revenir se moquer de lui. Elle avait même été plutôt une chouette camarade pendant le cours d'astronomie.
- - Salut, croassa-t-il en réponse, enfonçant ses mains dans les poches de son jean, avisant les mèches humides de Sam avant de se remettre en marche, une fois qu'elle l'eût rejoint pour cheminer à ses côtés. Ca va. Et toi ?
Simple formule de politesse : il n'avait même pas réfléchi à sa réponse. Sasha avait des cernes sous les yeux, mais à part ça, il avait le même air que d'habitude. Un peu boudeur, un peu rustre. C'était peut-être juste son visage au repos. L'allure décontractée de Sam, toutefois, le mettait suffisamment à l'aise pour déambuler à ses côtés. Un beau soleil illuminait les premiers jours de mars, et beaucoup d'élèves en avaient profité pour aller dans le parc. Lui traînait comme on aurait fait une ronde dans un château insuffisamment gardé. : sans destination, seul le chemin semblait compter.
Soudain il eut un mouvement pour regarder derrière eux, mais il n'y avait personne.
- - T'es toute seule ?
C'était plus une exclamation surprise, en réalité, qu'une véritable question. C'était juste qu'il ne voyait jamais Sam sans le reste de la bande. En réalité, surtout à partir de la cinquième année, les élèves se déplaçaient majoritairement par groupes à Poudlard - comme la Brochette - ou au moins par deux. Les rares qui comme lui déambulaient seuls entre les classes avaient tendance à raser les murs, comme s'ils étaient fautifs de quelque chose de fondamental. Lui semblait moins s'inquiéter de ce qu'on le jugeât d'être seul : il ne faisait pas d'efforts pour disparaître, se contentait simplement de jeter des regards hostiles les élèves qui semblaient remarquer sa solitude, comme pour les défier de faire un commentaire. Les garçons l'ignoraient, sauf quelques Serpentards. Les filles se tenaient distantes, en particulier les Serpentards.
Mais avec Sam, c'était différent. Peut-être parce qu'il n'avait pas ce sentiment de rivalité, puisque ce n'était pas un garçon. Peut-être parce qu'il n'avait pas non plus ce sentiment d'être jugé, puisque ce... n'était pas non plus tout à fait une fille.
Sam était juste Sam.
C'était bien comme ça.
Il haussa les épaules, poursuivit sa route. Ce n'était pas à lui que Ferguson et Ambrose allaient manquer. On entendit au loin un coup de sifflet - une équipe profitait du week-end pour s'entraîner sur le terrain de Quidditch. Sasha porta un instant son regard dans cette direction, vers la fenêtre, comme on flânerait devant une vitrine, vaguement intéressé mais sans aucune intention d'acheter quoique ce soit.
- - J'ai entendu que t'étais une sacrée batteuse. C'est dommage qu'il n'y ait plus de Tournoi de Quidditch, j'aurais bien aimé voir quelques cognards se perdre dans l'équipe des Serpentards.
Rien que pour la perspective d'avoir le droit d'envoyer des projectiles sur cette maison hostile, il aurait été prêt à apprendre vraiment à jouer au Quidditch.
Message publié le 16/06/2025 à 18:02
La vie à Poudlard était une spirale qui ne cessait de vouloir plonger vers les méandres d'une réalité dure à laquelle il se sentait toujours plus étranger. Depuis sa conversation avec Freya, Sasha s'était appliqué à prendre ses distances avec les Carter : éviter Charlie dans les couloirs ou le parc, rester le plus professionnel et détaché possible à la boutique avec Freya, se concentrer sur ses potions et ses rempotages pendant les cours qu'il partageait avec les cinquième années de Serpentard. Non seulement c'était pénible, mais en plus il vivait désormais dans la crainte constante d'être soudain convoqué par la Direction de Poudlard.
Mais Anya Nikitovna n'avait pas parlé.
Il ne savait s'il devait cette chance à la crainte qu'il inspirait à la russe, à une forme de compassion ou si elle gardait tout simplement cette carte pour le faire chanter un peu plus tard. Sasha avait découvert que ce qu'il pensait savoir à son égard, à savoir ses transformations étranges et non contrôlées, n'étaient pas tout à fait inconnues des autres : il avait entendu dire qu'elle était métamorphe, et c'était probablement ce qu'il avait vu d'elle le mois dernier. Donc, il ne disposait même pas d'une information avec laquelle il pouvait la faire chanter en retour.
Il n'y avait plus une nuit où Sasha ne pensait pas à cette possibilité.
Que lui arriverait-il si la Direction savait ?
Les autorités seraient informées. Il s'imaginait toutes sortes de scénarios : d'un enfermement à Azkaban pour avoir menti sur sa nature dangereuse, au renvoi de Poudlard vers une institution spécialisée, en passant par un sceau ou autre dispositif magique qui l'empêcherait de se transformer à nouveau. Et il ne savait pas quel scénario était le pire.
Il ne lui restait donc qu'une option : serrer les dents jusqu'à la fin de l'année, renvoyer à Anya ses regards noirs sans davantage l'intimider, s'obstiner à s'isoler pour éviter d'être considéré comme une menace.
Le cours de transplanage était toutefois une opportunité qu'il ne pouvait ignorer. S'il parvenait à repartir de Poudlard un jour, avoir cette capacité serait un grand avantage. Il avait beau ne pas être le meilleur des étudiants, Sasha s'attachait à s'investir là où il voyait des opportunités pratiques de s'en sortir.
La première séance n'avait pas exactement été facile. Par chance, il ne s'était pas désartibulé, mais il n'atterrissait jamais à l'endroit où il l'avait prévu. Pire : il s'était retrouvé nez à nez avec Anya, qui l'avait sèchement remis à sa place, alors même qu'elle n'aurait pas dû se trouver là non plus. Impossible de rien rétorquer : l'intervenante mettait fin au cours et Sasha se contenta d'un soupir méprisant avant d'aller chercher ses affaires déposées au fond de la classe.
Celle-ci s'était rapidement vidée, avec un flot de conversations enthousiastes, et il ferma la marche, traînant derrière les autres pour ne pas avoir à se mélanger à eux.
A la sortie, bouchon.
La première chose qu'il vit fut qu'Alison était encore accompagnée d'un nouveau garçon, avec qui elle semblait plaisanter, passant un bon moment. Il eut envie de prendre la direction opposée du couloir, mais il n'avait vraiment rien à faire dans l'aile ouest. Il faudrait réellement passer devant ce nouvel amant potentiel.
Il avait serré les dents, braqué ses yeux sur le fond du couloir, bien décidé à ne pas prêter la moindre attention à...
- De quoi tu parles ?
L'altercation eut lieu si rapidement qu'elle surprit plusieurs élèves autour d'eux, dont Sasha, qui s'immobilisèrent. Le sang du Gryffondor ne fit qu'un tour. Il attrapa Anya par l'épaule pour la repousser un peu plus loin.
- Кем вы себя возомнили ?! (Pour qui tu te prends ?!) cracha-t-il, le regard brûlant, en lui faisant face. Не трогай ее, ты же знаешь, мне не составит труда за нее отомстить, маленькая девочка! (Ne la touche pas, tu sais qu'j'aurais aucun mal à la venger, pauvre fillette !)
Sasha sentait un feu intérieur lui embraser la poitrine et les poings qu'il serra contre ses hanches pour éviter de s'en servir. Il ne savait pas ce qui avait déclenché cette rage soudaine : qu'elle eût brutalisé Alison, l'insulte odieuse qu'elle avait prononcé à son égard en russe ou tout simplement le mépris avec lequel elle l'avait balayé du tableau comme s'il n'existait pas.
Il savait pourtant qu'il faisait une erreur. Sa voix tonnante risquait d'attirer un professeur, ou un préfet qui passait par là. Comme plusieurs élèves se tenaient coi à les observer, Sasha jeta un coup d'oeil circulaire autour de lui - évitant soigneusement Alison, mais s'arrêtant sur le plus proche des observateurs, dont la mine interdite fixait le Gryffondor avec circonspection.
- Tu m'étudies pour tes ASPIC toi ? Dégage ! Les autres aussi !
Quelques élèves s'éparpillèrent et s'éloignèrent, non sans commentaire méprisant sur le manque de tact avec lesquels on les virait de la scène, mais ils jetaient malgré tout des coups d'oeil par-dessus leur épaule, curieux.
Message publié le 14/06/2025 à 21:36
- Ok ok ok, assura Sasha de l'autre côté du gouffre. C'était p't'être trop ambitieux comme idée !
Charli était trop jeune pour maîtriser ce genre de sortilège, effectivement. Probablement que l'objectif de l'épreuve était vraiment de les faire marcher façon funambule. Maintenant qu'il était de l'autre côté, l'épreuve ne lui semblait pas si difficile : on pouvait sûrement bien se suspendre au câble pour traverser, ce n'était pas trop compliqué. Mais pas vraiment du goût de son binôme.
Sasha se remit sur ses pieds en pouffant.
- On va bien trouver une solution, t'inquiète.
Une fois debout, ses yeux parcoururent leur environnement : mais rien n'avait été laissé dans la pièce, à part quelques tableaux ici et là...
- Ah, j'ai une idée !
Sasha alla décrocher un gros cadre. Au milieu, une femme qui versait du lait dans une marmite, habillée comme une domestique d'une époque datant d'au moins deux siècles avant la leur, se mit à pester à voix haute face à un tel traitement. Mais le vent qui remontait du gouffre étouffait suffisamment sa voix pour que l'élève put tranquillement l'ignorer, et il posa le tableau à ses pieds, bien à plat, avant de se redresser.
- J'vais te l'envoyer comme une plateforme, tu montes dessus, et je le fais revenir. Ok ?
Finalement, cette course d'obstacles était plutôt drôle : Sasha n'avait pas prévu de vraiment s'amuser ce soir, mais c'était une bonne surprise. Et puis, un peu d'entraînement ne faisait jamais de mal.
Il leva sa baguette une nouvelle fois, visant le tableau, effectuant un nouveau geste du poignet.
- Locomotor ! s'exclama Sasha.
Aussitôt, le tableau se souleva de quelques centimètres au-dessus du parquet vieilli et, suivant la direction indiquée par la baguette du garçon, traversa le gouffre en flottant tel un radeau instable vers Charli.
- Voilà, ça devrait être assez solide, monte !
- Vous allez me marcher dessus, maintenant ? Petits sauvages ! Incultes !
- Mets tes pieds et tes mains sur le cadre.
- C'est la moindre des choses !
Sasha haussa les épaules. Il disait ça pour la solidité, pas vraiment pour préserver la peinture.
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Sortilège de Locomotion
- Difficulté
- 4
- Résultat D20
- 6
- Interprétation
- Réussite
- XP gagnée
- 3
- Locomotor ! s'exclama Sasha.
Aussitôt, le tableau se souleva de quelques centimètres au-dessus du parquet vieilli et, suivant la direction indiquée par la baguette du garçon, traversa le gouffre en flottant tel un radeau instable vers Charli.
- Voilà, ça devrait être assez solide, monte !
- Vous allez me marcher dessus, maintenant ? Petits sauvages ! Incultes !
- Mets tes pieds et tes mains sur le cadre.
- C'est la moindre des choses !
Sasha haussa les épaules. Il disait ça pour la solidité, pas vraiment pour préserver la peinture.
Autres résultats possibles
Aussitôt, le tableau se souleva de quelques centimètres au-dessus du parquet vieilli et, suivant la direction indiquée par la baguette du garçon, traversa le gouffre avec une stabilité telle qu'on eût cru à un mécanisme rigide.
- Tu vois ? C'est solide, monte !
- Vous allez me marcher dessus, maintenant ? Petits sauvages ! Incultes !
- Mets tes pieds et tes mains sur le cadre.
- C'est la moindre des choses !
Sasha haussa les épaules. Il disait ça pour la solidité, pas vraiment pour préserver la peinture.
Aussitôt, le tableau se souleva de quelques centimètres au-dessus du parquet vieilli et, suivant la direction indiquée par la baguette du garçon, alla en direction du gouffre pour rejoindre Charli, flottant avec fébrilité...
... mais le sortilège n'était pas assez puissant et le tableau, trop lourd, tomba subitement dans le vide. Charli et Sasha le regardèrent chuter, la laitière poussant un hurlement d'horreur qui s'effaça quand le tableau s'écrasa au sol avec fracas, plusieurs étages plus bas.
- Oups, fit Sasha. Elle est vachement réaliste, cette illusion...
Le tableau ne bougea pas d'un pouce : de la pointe de la baguette du Gryffondor avait jailli une nuée d'étincelles qui, en s'abattant sur la toile, la fit s'embraser brusquement.
- Dermo ! jura Sasha dans sa langue d'origine.
Sans réfléchir, il se mit à piétiner le tableau pour essayer d'éteindre le feu, détruisant plus encore la toile dans le processus.
Si avec ça Gryffondor ne perdait pas de points...
Locomotor
Sortilège de Locomotion
Message publié le 14/06/2025 à 14:42
Sasha avait cessé de martyriser ces pauvres morceaux de bois au contact de Charlie. C'était un contact fugace, suffisant pour lui donner un frisson malgré tout - un mélange de malaise et de surprise, d'une soif ardente et de pudeur. Au moins, les paroles de la petite fille le maintenaient à l'instant présent, plutôt que de se remettre à penser, pour la millième fois, à ce qu'on devait penser de lui là-bas. Mais il peinait à donner du sens à tout ce que disait Charlie. On pouvait aimer quelqu'un et savoir que cette personne était mieux sans soi. Freya avait confirmé ça, et Charlie était peut-être tout simplement trop jeune pour comprendre. Mais il n'allait pas la contredire : il savait qu'elle parlait de son père, et lui non plus n'approuvait pas cette absence, qui le mettait dans une colère envers le célèbre Owen qu'il ne s'expliquait guère. Pendant qu'il était par monts et par vaux, il ne les protégeait pas.
Leurs yeux se rencontrèrent : malgré ses larmes qui avaient rendu ses joues humides, Charlie avait le regard déterminé, probablement bien plus que lui. On avait beau dire que c'étaient les hommes qui partaient prioritairement à la guerre, il avait toujours trouvé les filles plus courageuses. D'ailleurs, les quelques femmes qu'il avait vu se battre avaient quelque chose en elle d'inflexible, une abnégation capable de laisser l'émotion de côté qu'il ne s'expliquait pas. Sasha la contempla longuement, le visage interdit, essayant de mettre du sens sur les propos qui venaient de la psychomage - mais si c'était utile à Charlie, Sasha lui ne les comprenait pas beaucoup. Est-ce que sa tête à lui posait des questions pour combler les vides ? Il avait l'impression que c'étaient plutôt des réponses à des questions qu'il aurait préféré ignorer qui ne cessait de l'assaillir.
Il s'humecta les lèvres, baissa les yeux sur le morceau de bois que Charlie avait rassemblé tel un puzzle bien organisé, et qu'il n'osait plus briser désormais.
Que dire, que ne pas dire ? Il avait encore en tête le regard dur de Freya, bien campée sur ses deux pieds, quand elle l'avait mis en garde.
- Evidemment que je m'en rappelle. Et est-ce que je voulais, c'est plus compliqué que ça.
Des fois il voulait pas, des fois il voulait pour faire comme les autres, faire partie de l'équipe, qu'on soit fier d'avoir Sasha pardus amurskyi à ses côtés. Des fois il avait regretté d'avoir voulu. Des fois il avait regretté d'avoir fui pour ne pas avoir à faire face. Il secoua la tête avec un soupir, perdu lui-même pour répondre à cette question.
- Des fois y'a des choses que t'aimes pas faire mais que t'es obligé de faire, résuma-t-il avec un haussement d'épaules.
Il pinça ses lèvres pour la regarder de nouveau. Charlie avait changé depuis le début de l'année : son visage devenait moins rond même s'il était toujours enfantin. La lueur de la lanterne faisait briller ses joues humides parsemées de tâches de rousseur - semblable à celles qu'Alison essayait toujours de dissimuler.
- Tes soeurs voudraient pas que je te parle de ça, il finit par dire, serrant les dents. Si tu veux savoir si je suis coupable de très mauvaises choses, la réponse est sûrement oui.
Car il devinait bien où allaient les questions de Charlie. Elle essayait, comme les autres, de savoir si ce qu'on pouvait dire de lui était vrai. Alors que depuis le début de l'année, il mettait tout sur le dos des russes et de leur propagande, à mesure que les semaines passaient sa confiance en la justesse de ses actes s'amenuisait. Il avait ensuite essayé de se convaincre que c'était seulement l'approche pudique et naïve de Poudlard qui dérivait vers lui ce jugement négatif, mais sa conversation avec Freya l'avait brutalement mis face à cette réalité : coupable, il l'était. Peut-être pas autant que les russes. Sûrement pas autant que les russes. Il fallait que les russes fussent plus coupables que lui. Il avait l'impression que sinon, il se désintègrerait.
- Mais je peux pas en dire plus. Tout ce que je peux te dire, c'est que quoi que j'aie fait là-bas, à toi je ferai jamais de mal. C'est promis. Ni à toi ni à Alison ni à Freya. Ici c'est pas la guerre, et ça je le sais. Et...
Il s'interrompit pour détourner le regard. Ses yeux se perdirent dans la direction où le tunnel s'enfonçait vers Pré-au-Lard. Les parois de terre et de racines entremêlées disparaissaient dans l'obscurité. La suite n'était pas raisonnable et il le savait parfaitement. Il fit un effort pour garder un visage neutre, malgré la chaleur qui envahissaient sa poitrine, ses joues, qui lui picotait les yeux.
- J'm'étais juste dit que j'pouvais p't'être un peu combler les vides, il laissa tomber à voix basse, comme une confidence déçue, avant de regarder Charlie de nouveau. Que si ton père pouvait pas défendre Freya et la boutique, j'pourrais l'faire. Que si ton père pouvait pas emmener Alison danser, j'pourrais l'faire. Que si ton père pouvait pas te serrer dans ses bras quand t'as du chagrin... J'pourrais l'faire.
Il eut un sourire triste, un peu amer.
- Faire des trucs de gens qui ont une famille, quoi. Mais j'crois qu'tes soeurs sont vraiment pas fan de mes idées.
Message publié le 14/06/2025 à 12:56
Les couloirs n'avaient jamais paru si longs à parcourir à Sasha. Il avait pourtant déjà porté un être humain - et peut-être, même, sous le choc, un corps plus lourd que celui d'Anya, sans s'en rendre compte. Mais à cet instant, il avait une conscience aiguë de tout ce qui n'allait pas : il était hors du dortoir à des heures interdites, à transporter une jeune femme russe inconsciente, le chemisier ouvert même s'il avait rabattu sur elle ce qui restait de sa veste. Si on le surprenait ainsi, qui pourrait croire qu'il ne voulait que la ramener saine et sauve ?
Les rixes entre ukrainiens et russes, ou tout simplement les bagarres déclenchées autour des réfugiés de Poudlard n'étaient pas tout à fait inconnues du personnel de l'Ecole. Et d'intuition, Sasha se doutait que peu de professeurs avaient eu quoique ce fut à redire du comportement d'Anya, alors que ce n'était pas son cas. Il serait jugé coupable avant même d'avoir pu ouvrir la bouche.
Il avait beau accélérer le pas, il avait l'impression que les couloirs s'étiraient devant lui à mesure qu'il les parcourait. Sous sa forme animale, les distances paraissaient beaucoup plus courtes.
Sasha espérait arriver au bout de ses peines, mais c'était sans compter le réveil brutal de la jeune fille. Elle lui échappa des mains, et il ne put même pas accompagner sa chute : Anya s'était dégagée brusquement pour le rejeter, et malgré l'impact au sol, elle s'écartait déjà en le fusillant du regard. L'ukrainien déglutit en jetant quelques coups d'oeil autour de lui.
- Shht ! lui intima-t-il alors qu'elle jurait.
Ils étaient dans une partie du château fréquentée : pas si loin de la salle commune des Serpentards.
Sasha jeta un regard à ses pieds : la veste gisait à côté de la baguette. Le Gryffondor se hâta de se baisser pour les ramasser et se rapprocher d'Anya pour les lui tendre - il se pencha en avant pour lui parler d'un peu plus près, en un chuchotement qu'il espérait, nul ne pourrait entendre, comme s'il commettait un crime.
- Si tu t'sens mieux rentre vite, ordonna-t-il. Et si...
Des gloussements retentirent à l'angle du couloir. Sasha tourna la tête avec vivacité - il capta instantanément une odeur alcoolisée tandis que deux silhouettes apparaissaient et s'immobilisèrent quand ils se rendirent compte, eux aussi, qu'ils n'étaient pas seuls. C'était une jeune fille aux cheveux blonds dont les jambes semblaient flageoler comme des spaghettis - elle se retenait heureusement au bras d'un garçon à la moue défensive et qui toisait déjà Sasha.
- Qu'est-ce que vous faites là, siffla le Gryffondor, qui avait reconnu le duo - la blonde avait plaqué une main sur sa bouche, comme si elle venait de retenir une exclamation, mais ses yeux écarquillés riaient encore d'une ivresse légère.
- Et toi, t'as encore réussi à attirer une Serpentard dehors, fit Lucian, goguenard.
Sasha émit un sifflement mécontent entre ses lèvres.
- Si vous rentrez à votre salle commune, raccompagnez-la, elle se sent pas bien, gronda-t-il, non sans pousser doucement, d'une pression de l'épaule, Anya vers les deux plus jeunes Serpentards.
Le visage de Lucian se troubla.
- Attends, tu veux dire qu'une autre fille t'est bizarrement tombée inconsciente dans les bras ?
- Oh. My. God.
- Mais tu les drogues ou quoi ?
- C'est un hasard, protesta Sasha.
Ses yeux furibonds allèrent de Gwen et Lucian à Anya.
- Dis-leur, je t'ai juste ramenée !
Message publié le 02/06/2025 à 20:24
Le nez à demi dans la terre, Sasha écoutait la lecture qu'elle lui faisait. Il aurait aimé qu'elle lui contât une histoire, ou tout autre chose : sa voix enfantine était berçante, et mêlée aux odeurs qu'elle dégageait, il trouvait dans cette proximité avec la petite fille une forme de sérénité, douce et tranquille.
Mais son esprit humain interprétait bien les mots qui tombaient dans ses oreilles les yeux fermés.
La voix était tremblante, et racontait les terribles angoisses d'une petite fille, qui dégoulinaient dans son sommeil - maintenant, elle rêvait de lui sous la forme de cauchemars sanglants. Il s'y mélangeait la guerre et l'absence du père, les informations sensationnelles des journaux qui cherchaient à vendre et les injonctions d'une soeur qui voulait la protéger.
Ça va pas du tout Sasha.
Je sais, il aurait voulu répondre.
La panthère roula sur le dos en rouvrant les yeux. Son torse se gonfla et un souffle puissant s'échappa de sa gueule - malgré toute l'animalité détendue de la posture, le souffle avait eu l'air d'un gros soupir.
Et puis, les poils changèrent de couleur, la tête prit un peu moins de place, et à la place des oreilles, une tignasse emmêlée se retrouva au sol.
Sasha avait repris forme humaine, mais il resta étendu, les mains sur le ventre, à regarder la voûte qui leur servait de plafond protecteur.
Il resta un moment silencieux, parce qu'il savait qu'il fallait dire quelque chose, mais il ne savait toujours pas quoi.
Sasha s'était toujours dit qu'il devrait réfléchir à ce qu'il raconterait, notamment à sa petite soeur. Qu'il devrait anticiper quels mots emprunter, quelles anecdotes raconter et lesquelles passer sous silence. Qu'il devrait être le plus honnête possible, parce que Kalina n'était pas idiote, et qu'il devait être le plus précautionneux aussi, parce que Kalina ne méritait pas de faire des cauchemars la nuit en rêvant que son frère déchiquetait des gens.
A cet instant, il se rendait compte de la difficulté d'une telle tâche.
Il déglutit.
- Charlie, il dit soudain.
Et il se redressa. Son dos et ses cheveux étaient parsemés de débris de feuilles et de branches mortes, mais il n'y fit pas attention. Il s'assit à côté de la Serdaigle, et s'humecta les lèvres le temps de se lancer.
- Quand je suis parti, je savais pas ce que c'était la guerre. Je croyais partir pour le bien, parce que je savais pas ce qui allait se passer.
Ou plutôt, il en avait une vision déformée. Il savait sans l'avoir vu que lorsqu'il avait quitté son foyer, Kalina avait dû pleurer des nuits entières, parce que c'était dans son lit qu'elle venait se réfugier quand ils entendaient trop d'histoires qui faisaient peur ou le bruit des bombes dans le lointain. Il savait aussi que sa mère et son père avaient dû violemment se disputer. Il entendait presque la voix de sa mère crier que c'était son père qui lui avait mis ces idées d'honneur dans la tête, à cause de toutes les fois où il parlait des russes à table en commentant l'actualité alors que ça n'aurait pas dû être évoqué devant les enfants - et son père aurait rétorqué qu'on ne pouvait pas leur cacher une vérité aussi brutale parce qu'ils en entendraient de toute façon parler par d'autres familles, à l'école, chez les copains, dans les gazettes.
Mais il était là, maintenant, auprès d'une jeune fille que son histoire avait contaminé jusque dans son sommeil, et il n'était plus possible de revenir en arrière.
- L'Angleterre va pas faire la guerre. T'es dans un pays sûr, Charlie. Ici tout va bien, tu as beaucoup de chance d'être née ici. L'Ukraine et la guerre, c'est très, très, très loin.
Sa gorge s'était noué un peu, et il ramena ses jambes pour se mettre en tailleur et se pencher en avant, absent quelques secondes, ses doigts cherchant quelque brin d'herbe à triturer. Il contempla, ce faisant, le dos de ses mains striées de cicatrices noires et épaisses, disgracieuses.
- J'ai pas eu le choix de devenir Animagus, et surtout, j'ai pas eu le choix de cet animal-là, précisa-t-il, avant de secouer la tête. Mais c'est pas vrai que les Veilleurs torturent des enfants. Les journaux écrivent des trucs pour vendre.
Enfin, je crois pas. De drôles de doutes s'étaient parfois insinués en lui depuis qu'il avait consulté les journaux d'Anya, dans lesquels des faits odieux étaient relatés. Il s'était convaincu que ce n'était qu'un tissu de mensonges. Mais il savait aussi que certaines brigades avaient dérapé, comme il avait entendu quelques grands discuter. Il n'avait pas vraiment compris, alors. Il avait cru que c'étaient des sorciers qui avaient raté des missions. Maintenant, avec l'âge, il se demandait à quel genre de dérapage les aînés faisaient à l'époque référence. Ce qu'il avait vu de ses propres yeux lui suffisait déjà largement, et il s'efforça de mettre cela de côté. Il soupira - un soupir semblable à celle de la panthère - avant de relever les yeux vers Charlie.
- Je suis désolé de t'avoir évitée. J'en ai pas envie, pas envie du tout, mais regarde : à peine tu connais un peu mon histoire que ça t'empêche de dormir. Si je suis pas la panthère qui te protège de tes cauchemars, il vaut probablement mieux que je sois pas là du tout, tu crois pas ? En tout cas moi, je veux pas t'en apporter de nouveaux.
Il y eut un silence qui le fit se sentir misérable. Est-ce qu'il y arriverait ? Il ne songeait pas à reprocher à Charlie son escapade à l'extérieur - ç'aurait été Sainte-Mangouste qui se moquerait de la charité - mais si elle se promenait dehors la nuit, il aurait dû mal à ne pas la suivre. Sasha haussa les épaules, reporta son attention sur la petite branche qu'il réduisait petit à petit en morceaux, avec application.
Freya avait raison : il pouvait profondément affecter Charlie, et pas vraiment dans un sens positif.
Sa respiration s'accéléra subitement, et il dût cligner des yeux plusieurs fois pour digérer l'émotion étrange qui l'envahissait. Soudain il comprenait pourquoi il s'était évertué à se rapprocher d'elles. Alison, Charlie, puis Freya : elles étaient des tests. Avec systématiquement le même résultat. Elles étaient la preuve. Il déglutit de nouveau.
- Tu sais, il dit subitement au bout de longues secondes, et sa voix comme ses mains tremblaient un peu, peut-être que si ton père rentre pas, c'est parce qu'il veut vous protéger. Peut-être qu'il vous aime très, très fort, mais qu'il pense que c'est mieux pour vous s'il rentre pas.
Message publié le 02/06/2025 à 18:49
Assis sur la pierre fraîche, aussi immobile que les tableaux encore endormis, Sasha avait l'air de s'être fondu dans le décor du couloir. Il était pâle et il lui semblait qu'une brique du château avait été déposée au fond de son estomac.
Après des mois d'efforts pour se protéger, il avait dévoilé son animagie par pure imprudence. Anya n'était qu'une fille ; et une fille qui avait peur de lui, qui plus était. Il aurait facilement pu se défendre sans se transformer. Il ne comprenait pas ce qui lui avait pris, sinon que de vieux réflexes avaient pris le dessus : sous l'adrénaline du danger, il était redevenu un bref instant le combattant qui devait se défendre, crocs et griffes, face à l'ennemi. Son coeur en avait longuement battu la chamade avant de se calmer, et il se sentait désormais vidé de toute énergie, à contempler devant lui le rideau épais qui protégeait une fenêtre d'où traversait déjà des lueurs grises du matin.
La pièce où Anya se trouvait restait silencieuse.
Il tourna la tête dans cette direction. Elle aurait dû sortir au bout de quelques minutes. Quand il l'avait quittée, elle avait l'air si chancelante et si blême qu'il avait cru qu'elle allait tourner de l'oeil : c'était bien l'une des raisons pour lesquelles il n'était pas parti. Il avait appris ça de sa propre expérience : sous l'effet d'un choc, quand on se blessait, on avait l'impression qu'on allait juste pouvoir se relever et poursuivre le fil de nos activités, avant que nos jambes se dérobassent sous nos pieds.
Avec précaution, pour ne faire aucun bruit, Sasha se releva. Arrivé à la porte, il l'entrouvrit avec lenteur, juste pour pouvoir passer un oeil... Et la voir au sol.
- Blin, chuchota-t-il pour lui-même avant de se faufiler à l'intérieur.
Il se hâta de venir s'accroupir à côté d'elle - vérifia pouls et respiration. Elle s'était seulement évanouie, un bras serré par un garrot. Il se hâta de le défaire en marmonnant - est-ce qu'elle voulait perdre un bras ?! - et aussitôt un filet de sang apparut, gouttant lentement. Sasha récupéra le tissu pour le rouler en boule et appuyer sur la plaie. De sa main libre, et il tira sur les vêtements pour dévoiler l'autre épaule - blyad, cela faisait deux fois qu'il déshabillait une Serpentard inconsciente. Ne le laissait-on jamais déshabiller des filles pour des raisons plus excitantes ? - mais heureusement, de l'autre côté les griffes s'étaient plantées moins profondément, et les plaies avaient déjà cessé de couler.
Au bout de quelques minutes, il put retirer le tissu ensanglanté : la plaie avait cessé de couleur. Il se demanda s'il devait cautériser la plaie, mais la douleur aurait pu brutalement éveiller Anya, et ça ne lui paraissait pas très pertinent. Il se décida de se contenter d'un soin léger - au moins, il serait à peu près sûr de le réussir, même la main tremblante. Avant de s'exécuter, il essuya l'épaule d'Anya du mieux qu'il pût.
- Episkey, prononça-t-il dans un chuchotement en levant sa baguette. Sous ses yeux, la peau autour de la plaie sembla se mouvoir, s'étirer pour se refermer. La cicatrice formée était plutôt disgracieuse : elle tiraillait la peau, épaisse et boursouflée, mais au moins Anya ne risquait-elle plus rien à cet endroit. Pour le reste, Sasha ne savait pas si l'évanouissement d'Anya était dû au choc de la chute, à l'émotion, ou à ce qui se passait en elle juste avant qu'il entrât la toute première fois dans la pièce. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne pouvait décemment pas la laisser ici. Alors il rangea sa baguette et glissa un bras sous les genoux d'Anya, et l'autre sous ses épaules pour la soulever. Il songea à la déposer devant l'infirmerie, mais c'était trop risqué. On lui poserait des questions. Non, tant pis : il la déposerait devant l'entrée des quartiers des Serpentards, où il essaierait de l'éveiller. Que pouvait-il faire de mieux ?
Sasha Shevchen a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Sortilège du Bisou Magique
- Difficulté
- 7
- Résultat D20
- 13
- Interprétation
- Réussite
- XP gagnée
- 3
- Episkey, prononça-t-il dans un chuchotement en levant sa baguette.
Sous ses yeux, la peau autour de la plaie sembla se mouvoir, s'étirer pour se refermer. La cicatrice formée était plutôt disgracieuse : elle tiraillait la peau, épaisse et boursouflée, mais au moins Anya ne risquait-elle plus rien à cet endroit.
Pour le reste, Sasha ne savait pas si l'évanouissement d'Anya était dû au choc de la chute, à l'émotion, ou à ce qui se passait en elle juste avant qu'il entrât la toute première fois dans la pièce. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne pouvait décemment pas la laisser ici. Alors il rangea sa baguette et glissa un bras sous les genoux d'Anya, et l'autre sous ses épaules pour la soulever.
Il songea à la déposer devant l'infirmerie, mais c'était trop risqué. On lui poserait des questions. Non, tant pis : il la déposerait devant l'entrée des quartiers des Serpentards, où il essaierait de l'éveiller. Que pouvait-il faire de mieux ?
Autres résultats possibles
La plaie se mût sous ses yeux, se refermant proprement. Elle en garderait une cicatrice, bien sûr - ses compétences étaient celles des premiers soins, sûrement pas d'un médicomage. Mais au moins ne risquait-elle plus rien.
Pour le reste, Sasha ne savait pas si l'évanouissement d'Anya était dû au choc de la chute, à l'émotion, ou à ce qui se passait en elle juste avant qu'il entrât la toute première fois dans la pièce. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne pouvait décemment pas la laisser ici. Alors il rangea sa baguette et glissa un bras sous les genoux d'Anya, et l'autre sous ses épaules pour la soulever.
Il songea à la déposer devant l'infirmerie, mais c'était trop risqué. On lui poserait des questions. Non, tant pis : il la déposerait devant l'entrée des quartiers des Serpentards, où il essaierait de l'éveiller. Que pouvait-il faire de mieux ?
Sous ses yeux, la peau se mût doucement, mais la plaie ne se referma pas. Il jura de nouveau à voix haute, dans sa langue. A la hâte, il retira sa chemise et l'étendit au mieux, puis il tacha d'en faire un bandage bien serré autour de l'épaule d'Anya.
Pour le reste, Sasha ne savait pas si l'évanouissement de la jeune fille était dû au choc de la chute, à l'émotion, ou à ce qui se passait en elle juste avant qu'il entrât la toute première fois dans la pièce. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne pouvait décemment pas la laisser ici. Alors il rangea sa baguette et glissa un bras sous les genoux d'Anya, et l'autre sous ses épaules pour la soulever.
Il songea à la déposer devant l'infirmerie, mais c'était trop risqué. On lui poserait des questions. Non, tant pis : il la déposerait devant l'entrée des quartiers des Serpentards, où il essaierait de l'éveiller. Que pouvait-il faire de mieux ?
Sous ses yeux, la peau se mût doucement, mais la plaie ne se referma pas. Pire, le sang se remit à couler en gouttes lentes et régulières, et Sasha jura entre ses dents. A la hâte, il jeta le tissu imbibé de sang pour retirer sa chemise et la rouler en boule. Il appuya de nouveau sur la plaie.
Episkey
Sortilège du Bisou Magique