Lorsque les premiers élèves franchissent la grille du stade, je ne dis rien. Je les observe. Il y a parfois plus à apprendre en silence qu’en discours.
Charlie Carter est la première à se présenter. Fidèle à elle-même. Le pas est vif, discipliné, comme si avancer droit l’aidait à tenir debout. Malgré les cernes, ses yeux brillent d’une lumière tenace. Elle me salue d’un ton clair, trop clair peut-être, et je lui rends un bref signe de tête. Pas de commentaire.
– Mademoiselle Carter.
Viennent ensuite Flora et Amanda. La première scrute le terrain comme si elle redoutait qu’il ne se mette soudain à lui parler. L’autre jauge les obstacles sans poser de questions : elle cherche déjà à comprendre un système qui ne lui a pas encore été expliqué. Une prudence différente chez chacune. Je note leurs regards vers le mur, la boue, l’eau. J’entends leurs murmures sans les écouter.
– Mesdemoiselles.
Wendy arrive comme une bourrasque contenue, vite rejointe par Tansy – l’une salue à voix haute, l’autre se contente d’un souffle poli. L’une s’élance, l’autre jauge. Elles se complètent sans doute sans le savoir, ou peut-être trop bien.
– Miss McPhee. Miss Graves.
Nikolaï se présente droit comme un soldat, silhouette rigide, parfaitement ajustée. Il ne salue pas : il s’annonce. Sa posture ne laisse pas place au hasard. Un peu derrière lui, Basil. Moins assuré, mais observateur. Il salue doucement, puis cherche tout de suite un repère familier.
– Messieurs Polyanski, Banks.
Et puis il y a Mabel. Une entrée sonore, bancale, probablement improvisée. Elle déclame plus qu’elle ne parle et se plante au milieu des autres comme un drapeau planté sur un monticule. Tout en elle est dérision et sincérité. Je l’observe sans sourire.
– Mademoiselle Sinclair.
Ils sont tous là. Je croise les mains dans mon dos. L’herbe est encore fraîche, le silence instable. Je laisse le vent effleurer les manches de ma robe, j’attends encore quelques secondes. Puis je parle.
– Merci d’être venus.
Ma voix est calme, mais elle porte. Je laisse chaque mot prendre sa place.
– J’ai noté chacune de vos arrivées. Le silence. Le rire. Le doute. L’enthousiasme. Rien de cela ne me gêne. Ce qui me gênerait, en revanche, c’est que vous quittiez ce terrain dans le même état d’esprit qu’en y entrant.
Je laisse planer un silence plus lourd. Il faut parfois laisser l’air se charger de sens avant de continuer.
– Aujourd’hui, vous n’êtes pas ici pour faire des tours de terrain. Ni pour transformer des boutons en bougies. Vous êtes ici pour apprendre à transformer vous-mêmes. Dans un premier temps, nous allons vous répartir en binômes... ce sera indispensable. Disons... Mademoiselle Howcraft avec Sieur Banks ; Miss McPhee et Miss Graves ; Monsieur Polyanski avec Miss Brightfield ; et enfin, Miss Sinclair avec Mademoiselle Carter.
Je laisse un instant aux élèves pour assimiler l’information. Déjà, les regards se croisent, les épaules se rapprochent ou s’éloignent. Les binômes prennent forme, lentement. Certains hésitent, d’autres s’installent naturellement.
– Vous l’aurez sans doute compris, nous allons travailler aujourd’hui en nous servant d’un parcours d’obstacles. Le premier d’entre eux est le bassin que vous voyez là-bas. Enchanté pour une immersion complète. Un par un, vous devrez vous plonger dans l’eau et le traverser sans jamais remonter pour reprendre votre souffle.
Je fais quelques pas vers le bassin, sans les quitter des yeux.
– Pour ce faire, vous devrez compter sur votre binôme et sur sa maîtrise du sortilège des branchies. Peut-être avez-vous entendu parler de la branchiflore… L’effet est similaire. Sauf qu’ici, le sort doit être maintenu pour être efficace. Et en cas d’échec, il vous faudra retrouver la surface au plus vite.
Je me retourne, ma baguette en main, que je fais lentement tournoyer.
– La formule est : Branchia Ventosa .
Le sort doit être lancé sur votre binôme, pas sur vous-même. Vous devrez maintenir votre concentration pendant toute la traversée. Sans cela, l’effet cessera. Et l’eau, elle, n’attend pas.
– Une fois que le premier élève aura atteint l’autre rive, les rôles seront inversés.
Je laisse mes mots se poser. Je n’ajoute pas d’avertissements inutiles. Ils ont compris. Je vois dans certains regards une étincelle d’envie, dans d’autres une ombre d’appréhension.
– Une fois que tous auront traversé, nous passerons à la deuxième épreuve.
Je marque une dernière pause.
– En place. Les démonstrations commenceront quand vous serez prêts. Pas avant.
----- Instructions pour l’exercice du bassin -----
La personne qui lance le sortilège doit utiliser la fonction associée (lancer de sort).
En cas d’échec du sort, les rôles sont immédiatement inversés afin de ne pas perdre de temps.
Une fois le sortilège lancé avec succès, le binôme qui doit traverser le bassin doit lancer un dé à 6 faces à la fin de chaque message.
L’objectif est d’atteindre un total cumulé de 10 points pour franchir l’intégralité du bassin.
Entre chaque lancé de dé du nageur, le binôme qui maintient le sort doit lui aussi lancer un dé à 6 faces, pour simuler le maintien de la magie :
Résultat de 1 ou 2 : le sort échoue
Résultat de 3 à 6 : le sort est maintenu avec succès
Exception : pour Nikolaï, les probabilités sont inversées :
Résultat de 1 à 4 : le sort échoue
Résultat de 5 ou 6 : le sort est maintenu avec succès
Si le sort échoue à un moment, la traversée est annulée : retour au point de départ, et on recommence.
N’hésitez pas à écrire des messages plus courts pendant l'exercice pour permettre un bon enchaînement narratif et dynamique.